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443. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

On lit trois romans, Manon Lescaut, Gil Blas, Paul et Virginie, et aussi les contes de Voltaire, qui sont courts et très alléchants. […] Le théâtre de Voltaire et celui de Corneille ont leurs scènes choisies, leurs beautés séparables : le théâtre de Racine n’en a point. […] Il est probable que Voltaire et Gœthe ont définitivement clos la liste des génies universels. […] Le malheur de Voltaire, et ce sera aussi celui de Victor Hugo, est qu’il lui est impossible de « s’arranger de façon à faire croire à la postérité qu’il n’a pas vécu ». […] ou, pour user d’une pittoresque image des Grecs, quel bœuf un Pierre l’Hermite aurait eu sur la langue au siècle de Voltaire !

444. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Voltaire ou Nisard n’auraient pas mieux dit. […] On n’ignore pas que Voltaire ne fut pas un saint mais M.  […] Dans la fameuse querelle de Voltaire et de Rousseau, M.  […] Voltaire n’a jamais vu la France en danger. […] C’est Voltaire qui avait raison contre Jean-Jacques.

445. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Voltaire, dont chaque mot compte quand il s’agit de peindre les hommes qu’il a connus et qu’il définit avec son heureuse précision, a dit de lui dans son Siècle de Louis XIV, en le rencontrant pour la première fois sous sa plume à l’assaut de Prague (1741) : « Le comte Maurice de Saxe, frère naturel du roi de Pologne, attaqua la ville. […] Voici un passage où le maréchal parle de Voltaire, et avec esprit certainement. […] La race poétique ne prend pas la chose si fort à cœur. — Voltaire a donné deux tragédies depuis la mort de Mme du Châtelet : on le disait mort aussi, parce qu'on le croyait fort attaché à cette dame.

446. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

On était au lendemain du jour où l’Assemblée avait décerné des honneurs suprêmes à la mémoire de Voltaire et décrété la translation de ses restes au Panthéon. […] En voici le début qui donne le ton ; « L’Assemblée nationale venait de décerner des honneurs à la mémoire de Voltaire : c’est le lendemain de ce jour qu’on lui annonce une lettre de vous. […] Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Mably sont morts avant d’avoir vu fructifier les germes qu’ils avaient semés dans les esprits : vous vivez, vous qui avez avec eux préparé les voies de la liberté ; et, comme dans ces associations ingénieuses où les vieillards qui survivent héritent de toute la fortune de leurs confrères morts, on se plaisait à voir accumuler sur votre tête le tribut de reconnaissance et d’hommages que l’on ne peut plus offrir qu’à leur cendre… » L’abbé Raynal, devenu homme de génie à l’ancienneté, en héritant successivement des morts, et par le mouvement naturel de la tontine des réputations, un homme de génie par survivance, c’était bien cela !

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