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252. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.

253. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Voltaire disait à une dame étonnée de le voir lisant toujours, lui qui savait tant ! […] Voltaire n’en fut pas l’inventeur, il n’en fut qu’un ardent interprète : pourquoi la détacher de son art auquel toujours elle fut inhérente ? Il attaquait donc Voltaire tout entier en attaquant sa raison, fondement de ses talents, et sans laquelle il n’eut été qu’un futile versificateur. […] Les pièces de Crébillon et de Voltaire sur ce dernier sujet sont mal combinées ; car les moyens qui concourent à l’énormité de la catastrophe manquent de vérité. Dans Voltaire, l’offense est trop affaiblie et trop récente pour nécessiter une si noire vengeance.

254. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mettons, si vous voulez, que Prévost et Voltaire ont découvert Shakspeare exactement dans le même temps. […] Et, pour ne pas revenir à Voltaire deux fois dans cet article, passons tout de suite à la palinodie de Voltaire relativement à Shakspeare, c’est-à-dire à sa campagne de 1776, à propos de la traduction de Letourneur. J’ai peu accoutumé de défendre Voltaire : mais ici il faut prendre fait et cause pour lui ; il faut dire qu’il n’y eut jamais de palinodie de Voltaire à propos de Shakspeare ; il faut dire que Voltaire eut et exprima en 1776 les mêmes idées sur Shakspeare qu’en 1734. […] Voltaire aussi a fait des mélodrames et n’a guère fait que cela. […] Je ne rappellerai ni le propos célèbre de la Dauphine, ni les propos, plus célèbres encore, de Voltaire.

255. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Le voisinage de Ferney, où la popularité universelle de Voltaire à Ferney aurait éclipsé et subalternisé la renommée du Génevois, l’en éloigne. […] Cette haine rejaillit jusque sur Voltaire, qu’il confondit injustement avec ces athées radicaux de l’impiété. Voltaire, moins emphatique, mais toutefois plus réellement sensible, plaignit la démence de Rousseau, lui pardonna ses hostilités contre lui, et lui offrit, quand il fut persécuté, une hospitalité courageuse. […] Il communie à Motiers-Travers, comme Voltaire à Ferney, mais moins dérisoirement. […] Voltaire avait vécu dans les intrigues de la régence, dans la diplomatie du cardinal de Fleury, dans la cour du grand Frédéric, dans la familiarité des rois et des ministres qui jouaient au jeu des batailles avec la fortune.

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