Quant à Christian Matthias Theodor Mommsen (1817-1903) c’est un historien allemand, grand spécialiste de la Rome antique du xixe siècle, auteur d’une monumentale Histoire romaine et d’un Corpus inscriptionum latinarum toujours actualisé et mis à jour. Il reçut le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1902.Jacob Moleschott est un philosophe et un physiologiste néerlandais, né à Bois-le-Duc en 1822 et mort à Rome en 1893. Il enseigna la physiologie et l’anthropologie à l’Université d’Heidelberg puis, ses thèses matérialistes faisant scandale, à Zurich, Rome et Turin.
22 février Commencé à paperasser dans nos notes de Rome, à remuer l’embryon de notre roman (Madame Gervaisais). […] 23 février Accroché à notre porte le plan de Rome, pour continuer à y être, à nous y promener les yeux. […] Par une porte on entrevoit la bibliothèque, les rayons de bois blanc, le désordre de gros livres brochés, roulés et empilés à terre, des outils d’érudition moyenâgeuse et orientale, des in-quarto de toutes sortes, au milieu desquels un fascicule d’un lexique japonais, et sur une petite table les épreuves de Saint Paul qui dorment, et, par les deux fenêtres, une immensité de vue, une de ces forêts de verdure cachées dans les murs, et la pierre de Paris, le vaste parc Galliera, cette ondulation de têtes d’arbres que dominent des bouts de bâtisses religieuses, des dômes, des clochers, et qui mettent là un peu de l’horizon pieux de Rome.
Bacon a cru pouvoir formuler cette loi : « dans la jeunesse d’un état, c’est le métier des armes qui fleurit ; dans l’âge mûr, c’est encore pendant quelque temps le goût de la guerre, et aussi la science, qui devient peu à peu prépondérante ; au déclin, ce sont les arts mécaniques et le commerce. » Un penseur bavarois, Ernest de Lasaulx, a repris pour son compte cette vue du lord chancelier ; il en trouve la confirmation dans l’histoire de la Grèce et de Rome, et craint de la vérifier pour son propre pays. […] Plusieurs ont déjà disparu ; la Grèce et Rome ont moins succombé sous les coups de leurs vainqueurs que sous le poids de leur vieillesse. […] La Grèce a succombé surtout par ses dissensions intérieures ; Rome impériale fut vaincue par ses mœurs avant de l’être par les barbares.
C’est un retour du même mal qui jadis précipita la décadence romaine, lorsque les galles hermaphrodites de la déesse de Phrygie, les prêtres égyptiens, porteurs du sistre et de la barque sépulcrale d’Isis, les belles pleureuses d’Adonis, les équivoques adoratrices de l’Astarté phénicienne introduisirent dans Rome le funèbre cortège des mauvais dieux d’Orient. […] Car rien ne vaut dans son œuvre les magnifiques lamentations qu’il a élevées sur tous les lieux déserts où il a promené ses mélancolies et ses impuissances, depuis les ruines de la Rome antique jusqu’à celles d’Athènes, de Carthage et de Jérusalem. […] Affirmons-nous encore une fois en face de l’univers, car il est trop sûr que nous Latins, héritiers directs de Rome et d’Athènes, nous sommes la civilisation !