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258. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Dante fut envoyé par eux à Rome pour tâcher d’écarter ce péril. […] Mais passons… Nous avons laissé Dante partant pour Rome. […] On aurait voulu à Rome arrêter l’essor de la langue italienne ! […] On le sentait instinctivement à Rome. […] Dans Rome, enfin, dans sa Rome, comme il ose le dire en amant passionné, son génie s’épanouit en pleine lumière.

259. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

M. de Mareste est un homme qui rit souvent, mais chez qui le rire bienveillant ne va jamais jusqu’au cœur et laisse des larmes pour toutes les blessures, un homme qui, comme l’ami de Cicéron, se serait retiré au fond de la Grèce pendant les guerres civiles de Rome, pour éviter de haïr personne ; magister elegantium, un Saint-Évremond français suivant Hortense Mancini à Londres, afin d’aimer le beau jusque dans sa vieillesse ! […] « Au retour de la victoire de Philippes remportée sur Brutus et Cassius, Octave, rentré à Rome, livra, pour ainsi dire, l’Italie entière en partage et en proie à ses vétérans. […] La première églogue, qui n’est guère que la troisième dans l’ordre chronologique, nous a dit dès l’enfance comment Tityre, qui n’est ici que Virgile lui-même, dut aller dans la grande ville, à Rome ; comment, présenté, par l’intervention de Mécène probablement, au maître déjà suprême, à celui qu’il appelle un Dieu, à Auguste, il fut remis en possession de son héritage, et put célébrer avec reconnaissance son bonheur, rendu plus sensible par la calamité universelle. […] « Virgile aimait trop la gloire pour ne pas aimer la louange, mais il l’aimait de loin et non en face ; il la fuyait au théâtre ou dans les rues de Rome ; il n’aimait pas être montré au doigt et à ce qu’on dît : C’est lui ! […] Virgile le sentait, et il y pensait déjà ; le triomphe d’Auguste pendant son retour de Brindes à Rome, la vingtième année avant la naissance du Christ, paraît lui avoir donné l’idée première de l’Énéide, poème légendaire de Rome.

260. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Renverser le Capitole ou le temple de Jupiter Stateur eût été renverser Rome. […] Les hommes sérieux concevaient comme idéal de la vertu des caractères grossiers et incultes, et comme idéal de la société un développement tourné exclusivement vers le dévouement à la patrie et le bien faire (Sparte, l’ancienne Rome, etc.). […] À notre point de vue, en effet, Sparte et l’ancienne Rome représentent un des états les plus imparfaits de l’humanité, puisqu’un des éléments essentiels de notre nature, la pensée, la perfection intellectuelle, y était complètement négligé. […] Où commence la décadence de Rome ? […] Cette décadence peut-elle être mieux placée au IVe siècle, alors que l’œuvre de l’assimilation romaine est dans toute sa force, ou au Ve, alors que Rome impose sa civilisation aux barbares qui l’envahissent ?

261. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Peut-être est-ce la cause la plus puissante qui a maintenu dans notre littérature, durant un si long espace de temps, l’imitation de l’antiquité, l’emploi de la mythologie, le respect des règles formulées par Aristote et par Horace, la survivance des genres cultivés à Rome et en Grèce. […] Rousseau propose Sparte et la Rome primitive à l’admiration de ses contemporains. […] Le nom de tyran descend de la scène tragique dans la rue et est appliqué tout bas au roi régnant ; Ce sont là des réminiscences de la Grèce et de Rome. […] Mais « comment exagérer, quand on parle de Rome ?  […] N’est-ce pas lui qui s’avisa le premier de composer pour les écoliers une histoire ancienne, de leur mettre sous les yeux un tableau complet des guerres, des révolutions, des conquêtes de la Grèce et de Rome ?

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