Et quel orgueil de porter l’habit de Racine ou de Corneille ! […] Joaillier vidant un écrin, il détaillait admirablement les vers de Racine et en indiquait les plus fines intentions, comme pour ce vers d’Athalie : Et du Temple déjà l’aube blanchit le faîte. […] … » Faire ainsi le tour de la littérature, c’était s’exposer à rencontrer tôt ou tard Racine et Lamartine, et c’est ce qui arriva. […] Grâce à cette éducation toute aristocratique, il finit par ne plus lire que les classiques, depuis Homère et Sophocle, jusqu’à Bossuet et Racine. […] Moréas commencera par une phrase dans ce genre : Messieurs, Sophocle, Racine et peut-être moi… » J’ai rarement entendu Moréas parler de la mort, de l’énigme humaine, de la vie future.
Racine et Fénelon plaçaient en Grèce et dans le Latium des personnages d’une réalité si générale qu’ils sont les types mêmes des vertus, des vices, des passions. […] C’est ce que fait Racine quand il affirme que son poème n’a pas d’autre objet que de plaire. […] Les principales vérités, La Fontaine et La Bruyère, Corneille et Racine les croyaient dites : ne les croirons-nous pas dites, après que La Fontaine et La Bruyère, Corneille et Racine ont ajouté leur mot ? […] Il y a là un Corneille, un Molière, un Racine, un La Fontaine et un Bossuet dignes des Contemporains et des Impressions de théâtre : un Corneille devenu le vieux poète mécontent et que la renommée de M. […] Il lut une bonne édition de Racine, espérant trouver là ses vacances ; mais, triste, sombre et aguiché, il disait : « Il y a des fautes !
Pour se calmer lui-même, il étudiait Racine ou même Delille ; il se façonnait à l’impartialité du portraitisme, au milieu même de la bataille qu’il livrait, avec ses amis, aux formes surannées du style et de la pensée. […] C’est sous l’influence de Stendhal qu’il explique et juge les tragédies de Racine… Le touriste dont Stendhal publia les Mémoires n’est-il pas l’ancêtre de Frédéric-Thomas Graindorge ? […] Maintenant peut-être que nous n’avons plus rien (ou presque rien) à craindre de Racine ; mais, en 1820, il fallait détester Racine. « Il est des morts qu’il faut qu’on tue. » Il fallait tuer Racine, parce que cela égorgeait en même temps le honteux troupeau des dégénérés classiques. Racine, quand il est venu, était une floraison ; sa tragédie était la perfection, donc la fin d’un genre. […] En 1822 (date de Racine et Shakespeare), le propos de Stendhal était naturel ; il fut fécond.
Ce que nous appelons notre romantisme, c’est-à-dire l’ensemble de notre littérature française de l’année 1820 à l’année 1840 environ, ne serait qu’une phase dans le développement de ce grand phénomène historique, la plus dramatique et la plus éclatante, il est vrai, celle où nous voyons une magnifique pléiade de beaux génies de chez nous, cruellement séparés des vives sources nationales où un Corneille, un Racine, un Molière, un Bossuet, un La Fontaine, avaient bu leur immortelle jeunesse, et en proie à mille démons nordiques sous l’inspiration desquels un Byron, un Schiller, le Goethe de Werther et du premier Faust purent s’épanouir dans toute la richesse et la plénitude de leur nature, mais ils ne pouvaient, eux, que grimacer, s’agiter et se convulser. […] Cette campagne se développa dans les brochures réunies par la suite sous ce titre commun : Racine et Shakespeare. […] Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo ont été à leur époque des hommes, je ne dirai pas plus célèbres, mais plus importants que Molière, Corneille et Racine ne l’avaient été à la leur, et sur qui le public avait les yeux beaucoup plus tournés, comme eux-mêmes provoquaient et retenaient sous plus de faces l’attention publique. […] C’est au XVIIe, la France de l’Ile-de-France, de la Champagne, de la Normandie et de la Bourgogne avec Corneille, Molière, Racine, La Fontaine, Bossuet. […] Des gamins, à qui on eût bien vainement fait entendre, non seulement de l’Eschyle ou du Racine, mais même du Michelet, les voilà saisis, enchantés par du Delteil et par du Rostand.