J’en distingue une intitulée Soirée perdue, où il a entrecroisé assez gracieusement un motif d’André Chénier avec une pensée de Molière, une satire Sur la paresse, où le poète s’est excité d’une lecture de Régnier ; un joli conte, Simone, où il s’est souvenu de Boccace et de La Fontaine ; mais surtout un Souvenir plein de charme et de passion encore, où il ne s’est inspiré que de lui-même.
Il y a presque du pensif Molière dans ce regard.
Molière obtint à peine la sépulture.
Molière et Boileau mettaient sans façon Mignard au-dessus de Raphaël. […] Nous ne faisons pas ici le procès à cette époque tant discutée ; mais il est évident qu’au point de vue de la littérature et des arts, après Corneille, Molière, Racine et La Fontaine, après Poussin et Le Sueur, le siècle de Watteau, de Boucher, de Dorat, de Crébillon, de Marivaux, de Voltaire lui-même, est loin d’être un siècle de progrès. […] Les grandes lois de l’art n’ont jamais été mieux observées que par les écrivains du dix-septième siècle, et cependant chacun y a son style à soi parfaitement distinct et original, Descartes, Pascal, Balzac, Molière, Racine, La Fontaine, La Rochefoucauld, Bossuet, Fénelon, Boileau, La Bruyère, Bourdaloue, madame de Sévigné, les Mémoires, les Correspondances : autant de génies, autant de styles différents ; et toutes ces manières d’écrire, si diverses, possèdent toutes ce qui constitue le style dans son acception la plus générale et la plus élevée, c’est-à-dire la fermeté, la simplicité et l’élégance du dessin, des contours arrêtés et solides, de la noblesse, toutes ces qualités enfin qu’on retrouve dans les écrits comme dans la peinture et la statuaire des époques dont le style est proposé pour modèle. […] Tout homme cultivé distingue à première vue un passage de Corneille, de Racine, de Molière ou de Boileau ; mais tous ceux qui ont fait des vers au dix-huitième siècle les ont faits les uns comme les autres, les ont faits comme Voltaire, et Voltaire lui-même les a faits comme tout le monde.