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1554. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Entre deux portants de coulisse, dans les entr’actes du Vieux Caporal ou de la Grâce de Dieu, il étudiait gravement la grammaire de Lhomond. […] De toutes nos gloires, il en est une, grâce à Dieu, qui demeure inattaquée ; oui, inattaquée ! […] Il est, enfin, parmi les artistes, le Roi ; de même que parmi les hommes et les mots, le Verbe est Dieu ! […] Grâce à Dieu, plus d’entraves. […] Mais grâce à Dieu, nous comptons Armand Silvestre parmi nos premiers compagnons, et je puis vous parler de lui avec tout l’enthousiasme qu’il est digne d’inspirer.

1555. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Comme un Van Gogh affolé, il retourne à la nature n’y cherchant pas seulement le soleil et des couleurs, mais aussi un Dieu et des idées. […] Le murmure des ruisseaux, les voix des branches, l’orchestration impromptue des chants et du vent bruissant, mille enseignements qui, mieux que le rhéteur le plus affable ou le traité d’euphonie le moins rébarbatif, t’apprendront à parler des paroles de Dieu ! […] « Je voudrais rencontrer, dit-il, une brute, un être primitif et sensitif, frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris sans le savoir, de quelque Ève, apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules. […] Tout homme a un aspect de Dieu, nous dit encore l’exquis évangéliste païen qu’est M. de Bouhélier. […] Joachim Gasquet écrivait : « Goethe a dit : “L’homme est un entretien de la nature avec Dieu.”

1556. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

J’ai eu cette bonne fortune d’assister à une représentation de l’Abraham, devant la société protestante de Paris : à la scène le défaut essentiel apparaît beaucoup mieux qu’à la lecture ; il y a là une douleur poignante, mais pas de conflit dramatique ; la volonté de Dieu est indiscutable et insondable ; sans rapport, pour nous, avec les caractères ; Abraham s’y soumet aussitôt « avec obéissance » ; Isaac de même ; il n’y a qu’un court instant de lutte morale, et cette lutte est extériorisée, donc affaiblie, par le personnage de Satan. […] La raison d’État, qui s’impose avec une évidence aussi absolue, mène à l’héroïsme, qu’il ne faut pas confondre avec le tragique ; elle est aussi peu « dramatique » que la volonté de Dieu dans l’Abraham de Bèze. […] une solution se trouvera ; de même que le christianisme a mis deux mille ans pour aboutir à la religion individuelle, ainsi la Révolution mettra des siècles à se réaliser en harmonie. « L’homme aujourd’hui sème la cause, Demain Dieu fait mûrir l’effet. » L’esprit peut deviner, par intuition, une loi logique, dans l’absolu ; les formes innombrables de la relativité lui échappent. […] Chez ceux-là (et je citerais en particulier Verhaeren), le mot qui revient le plus souvent, comme un leit-motiv ou comme un idéal, ce n’est pas l’amour, ni Dieu, ni la science, c’est la vie. […] Cette clarté est déjà dans les idées et dans les actes des premiers rois de France. — Rome avait civilisé le monde ; le christianisme avait apporté la bonne nouvelle de la solidarité humaine devant un seul et même Dieu ; les Germains avaient donné la force de leur jeunesse ; une forme nouvelle de l’humanité devait en résulter à travers mille vicissitudes ; et c’est en France que naquit, nécessairement, la première nation européenne.

1557. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais, Dieu bon, comme il y en a de détestables ! […] Je la ramène à Dieu et à la vertu et au devoir… — Tu as tort, répond le docteur. […] A la duchesse il dit : « De ces religieuses-là Dieu n’a cure et il n’y tient pas du tout. […] Évangéliser, combattre pour la croix, être blessé, si Dieu veut, tué, s’il l’entend ainsi ; mais ne pas désirer la mort. […] Dieu sait si, il y a cinq ou six ans, je m’attendais que cette gracieuse jeune femme devint grande artiste.

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