Toutes celles qu’il a recueillies dans son commerce avec les classiques grecs et latins, avec les voyageurs et les poëtes du jour, avec les oiseleurs, les chasseurs au renard, les pâtres et les braconniers de ses romans, il les entasse pêle-mêle dans cette production de détresse, à peu près comme au moment du naufrage on jette à l’eau bagages et trésors : Médée, Minerve, Prospero, Robin-Hood, des magiciens, des meutes, des lévriers, des corbeaux, des tigres, l’énorme serpent Anaconda, l'Oύτις 9 d’Homère, le Lope d’Aguirre, le Thalaba de Southey, et cela en présence de pareils événements et de pareils hommes !
Le progrès se fait d’ailleurs ; la politique et l’art n’ont pas chômé depuis quinze jours ; trois mémorables événements se sont succédé : un recueil de chansons de Béranger, l’affaire d’Armand Carrel, le drame de Victor Hugo.
En général, Tacite, qui pénètre si avant dans le cœur humain, n’a pas la même portée pour sonder (quoiqu’il en ait la prétention) lesplus hautes causes des événements.
On croit assurer davantage l’indépendance d’un peuple, en s’efforçant de l’intéresser uniquement à des principes abstraits ; mais la multitude ne saisit les idées que par les événements ; elle exerce sa justice par des haines et des affections : il faut la dépraver pour l’empêcher d’aimer ; et c’est par l’estime de ses magistrats qu’elle arrive à l’amour de son gouvernement.