Dans une famille de vielle richesse bourgeoise, et de hautes charges militaires, sous la galante et faible tutelle d’un grand-père épris, l’éveil d’âme d’une petite fille, sa vie de dignitaire minuscule dans l’hôtel du ministère de la guerre ; la naissance de son imagination par la musique, les lectures sentimentales, et cette précoce surexcitation que causent dans une cervelle à peine formée les exercices religieux préparatoires à la première communion l’esquisse de ses passionnettes et de ses amourettes puis le développement de la jeune fille fixé en ces moments capitaux : la puberté, le premier bal, la révélation des mystères sexuels enfin l’étude, en cette élégante, de tout le raffinement de la toilette, des parfums du corps et des façons mondaines son affolement de ne pas se marier, le léger hystérisme de sa chasteté, l’anémie, une lugubre lettre de faire part en ces phases se résume le récent roman de M. de Goncourt, le dernier si l’auteur maintient, pour notre regret, un engagement de sa préface. […] II Mais de même que parmi les faits multiples que présentent les choses et qui constituent les sciences, certains sont attirés à l’étude de la matière morte, certains autres à celle du monde organique, et parmi ces derniers certains par la matière vivante en ses éléments, certains par les ensembles que forment ces unités, il intervient chez les hommes de lettres réalistes un biais individuel, une prédisposition de l’œil à voir, une aptitude de la mémoire à retenir, un ordre de faits particulier, un caractère dans les phénomènes, un moment dans les physionomies, les gestes, les émotions, les âmes. […] Conduit par son réalisme à l’étude d’une basse prostituée, d’ailleurs rétive et passionnée, il n’a fait depuis que des créatures fantasques et charmantes, des clowns bohémiens, une actrice, une jeune fille jolie, coquette et gâtée, des êtres changeants comme un ciel de printemps, extrêmes, ondoyants, d’une nature atrocement difficile à décrire et à montrer. […] Mais où le sens du joli éclate, c’est dans son nouveau livre, dans cette charmante étude de l’éclosion féminine qui forme la première moitié de Chérie, dans le geste mutin d’une petite fille perchée sur sa chaise et éventant sa soupe de son éventail ; dans la gaie répartie du maréchal consolant Chérie de s’apitoyer sur la douleur des parents des perdreaux servis à table ; dans la scène du baptême de la poupée ; dans l’inquiet effarement d’une troupe d’enfants enfermés dans les combles ; dans la bienveillante et aimable idée qu’a la maréchale de greffer sur les églantiers de de la forêt de Saiut-Cloud les roses du jardin impérial. […] Ce penchant réagit sur le choix de ses documents humains, de ses sujets, de ses personnages ; ce souci de l’exactitude le pousse à donner des visions nettes de mouvements et de jolités ; l’habitude de l’observation, son ouverture d’esprit à tous les phénomènes de la vie, le garde de tomber dans la mièvrerie ou le pessimisme : la recherche d’émotions délicates le préserve habituellement de s’appliquer à l’étude des choses basses, des personnages laids ou nuls, limite sa vision des phénomènes psychologiques, l’éloigne de concevoir des caractères uns, individuels et constants, colore et énerve sa langue, atténue ses fabulations, rend ses livres excitants et fragmentaires.
Son Précis de l’Histoire universelle, plusieurs fois réimprimé, est très-propre à servir d’Introduction à l’étude de l’Histoire, & à guider les pas de ceux qui veulent parcourir avec fruit cette vaste carriere, où la vérité se trouve si souvent confondue avec le mensonge & l’erreur. […] Aussi M. l’Abbé Berardier n’a-t-il pas prétendu réparer une perte peut-être irréparable : content de suivre avec respect les traces de l’Evêque de Meaux, il s’est proposé seulement de faciliter l’étude de l’Histoire, en plaçant, pour ainsi dire, sous un seul point de vue, le grand spectacle de tous les principaux événemens qui se sont passés sur le théâtre de l’Univers ; ce qu’il a exécuté avec autant de précision, que de méthode & de clarté.
Son Traité des Etudes, plein de réflexions justes, délicates & solides, est le Livre le plus propre que nous connoissions à inspirer l'amour de la vertu & le goût des Lettres. […] Quand on a consacré ses travaux à l'instruction de la Jeunesse, formé des Disciples à l'amour de l'étude, de la Religion & de la Patrie, on a des droits assurés à la reconnoissance des Gens de Lettres & des bons Citoyens.
« Là il s’occupait du soin d’améliorer ses terres, dont il tirait un revenu considérable ; mais ses plus heureux moments étaient ceux qu’il consacrait à l’étude des lettres et de la philosophie, ou au commerce et à la conversation des savants. Quand il faisait un séjour de quelque temps à sa maison de Careggi, il se faisait ordinairement accompagner par Ficino, dont il était devenu le disciple dans l’étude de la philosophie platonicienne, après avoir été son protecteur. […] Comme il avait toujours vécu sous l’autorité de son père, son nom ne se montre que rarement dans les pages de l’histoire : mais les mémoires littéraires attestent que, par ses talents naturels et par ses connaissances acquises, il ne dérogeait pas à cette ardeur pour les études, à cet attachement pour les hommes d’un savoir éminent qui avaient été l’apanage constant de sa famille. […] « Il ne faut pas pourtant s’imaginer qu’au milieu de ses études et de ses occupations sérieuses, Laurent fût insensible à cette passion qui, dans tous les temps, a été l’âme de la poésie, et qu’il a représentée dans ses propres écrits avec tant de philosophie et sous des aspects si variés. […] Pour donner plus de stabilité à ces études, Laurent et ses amis formèrent le projet de renouveler avec un éclat solennel la fête annuelle qui avait été célébrée en l’honneur de la mémoire de Platon, après la mort de ce grand philosophe, jusqu’au temps de ses disciples Plotin et Porphyre, et qui depuis avait été interrompue pendant l’espace de douze cents ans.