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1083. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Freycinet lui-même avoue que les ministres étrangers lui disent : « Oui, très bien, parfaitement, nous serions tout prêts à prendre des engagements avec vous, mais qui nous assure que vous y serez demain ?  […] Et il parle des gens de finance, à éclipse dans les prisons, nous en citant un, sans le nommer, qu’il faisait mettre à Mazas, et qu’il retrouvait, quelque temps après, à un dîner du ministère, à la droite du ministre, et de là lui envoyant un petit signe bienveillant de protection ; nous citant un autre, qui, dans ses passages à travers deux ou trois prisons, avait fait décorer de décorations étrangères, tous les directeurs et gros employés. […] C’est particulier comme les étrangers, ainsi que les provinciaux, sont intimidés par ce don tout parisien, et comme ils sont volontiers pris d’antipathie pour les gens, dont la parole recèle pour eux, de secrètes et mystérieuses moqueries, dont ils n’ont pas la clef.

1084. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Il le comprend vaguement lui-même, il souffre de souffrir d’une manière si pauvre, et il aspire à élargir sa blessure, sans y parvenir. « Quelquefois, il semble qu’une harmonie étrangère au tourbillon des hommes vibre de sphère en sphère jusqu’à moi ; il semble qu’une possibilité de douleurs tranquilles et majestueuses s’offre à l’horizon de ma pensée comme les fleuves des pays lointains à l’horizon de l’imagination. […] L’orgueil pose l’individu dans son moi intellectuel ou volontaire en face des autres, qui lui deviennent étrangers. […] Au reste, le bon sens français proteste vite contre un parti pris de bâtir avec des nuages, lesquels s’arrangent et se dérangent, changent de formes sans autre raison que le vent qui passe, — le vent d’une fantaisie de poète qui nous demeure étrangère par système.

1085. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Commerce de fleurs et d’emblèmes mortuaires ; commerce de journaux, de gravures, de lyres en zinc bronzé, doré, argenté, de médailles en galvano, d’effigies montées en épingle ; commerce de crêpe noir et de brassards, d’écharpes, de rubans tricolores et multicolores ; commerce de bière, de vin, de charcuterie ; les gens affamés mangeaient et buvaient debout dans la rue, devant les comptoirs, n’importe quoi et à n’importe quel prix ; commerce d’amour, — les provinciaux et les étrangers, venus des quatre coins de l’horizon, honoraient le mort en festoyant avec les horizontales. […] Les organisations socialistes révolutionnaires de France et de l’Étranger, qui sont la partie consciente du prolétariat, ne s’étaient pas fait représenter aux obsèques de Victor Hugo. […] Mais que son héros, battu à Waterloo, soit emprisonné à Sainte-Hélène, que son père, pour avoir refusé de rendre à l’étranger la forteresse de Thionville soit accusé de trahison, que Louis XVIII, fasse son entrée triomphale dans Paris, escorté de « cosaques énormes, roulant des yeux féroces sous des bonnets poilus, brandissant des lances rouges de sang et portant au cou des colliers d’oreilles humaines, mêlées de chaînes de montres11 » ; et le jeune poète, pare « sa boutonnière d’un lys d’argent », choisit pour sujet de sa première tragédie, une restauration, et injurie Bonaparte « ce tyran qui ravageait la terre12 ».

1086. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Étranger depuis ce jour au gouvernement, j’ignore quelles furent, à l’égard de l’Italie, les pensées et les nécessités des gouvernements successifs de la république. […] XXXII Je n’éprouvais dans mon isolement complet sur une terre étrangère aucun besoin de société. […] Après le dîner, on rentra dans le cabinet de conversation, où un cercle d’hommes éminents de Florence et d’étrangers des différentes capitales d’Italie se forma autour de la comtesse.

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