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19. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Le tableau est étroit, la peinture est sobre de couleurs, et l’impression est éternelle. […] Beaucoup de commentateurs des dogmes chrétiens ont cherché par des définitions et par des distinctions atténuantes à réduire les enfers à une privation douloureuse de la présence et de la lumière de Dieu dans des climats éternels toujours chargés de nuages ; beaucoup d’autres écrivains ou prédicateurs religieux ont déclaré ne comprendre le mot éternel appliqué à ce supplice que comme expression d’une longue durée ; mais ils n’ont pas interdit au rayon de la miséricorde infinie de traverser une fois ces cachots des mondes surnaturels, et d’apporter aux crimes expiés le pardon divin. […] déjà fatigués de vos misères, vous qui, à demi privés de la vue de l’intelligence, n’avez foi que dans les pas en arrière, — ne savez-vous donc pas que nous ne sommes que des vers de terre nés pour devenir l’angélique papillon qui vole invincible au-devant de l’éternelle justice ? […] « La perle éternelle nous reçut dans son sein, comme l’eau reçoit, sans se rider, le rayon de lumière !  […] Ces vers seront l’éternelle complainte et l’éternelle consolation des exilés.

20. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

C’est la péninsule tout entière qui s’appelle Italie, ce n’est pas la maison de Savoie, éternelle alliée de la maison d’Autriche. […] On voit que ce problème éternel de la toute-puissance de la providence divine et de la liberté morale de l’homme agitait, dès cette époque, l’esprit humain, comme il l’agite encore de nos jours. […] Mais, si tu veux porter tes regards en haut, et les fixer sur ton séjour naturel et ton éternelle patrie, ne donne aucun empire sur toi aux discours du vulgaire. […] Semblable à ce Dieu éternel qui meut l’univers en partie corruptible, l’âme immortelle meut le corps périssable. […] « Est-ce que par hasard votre Athènes aurait pu conserver dans la citadelle un éternel olivier ?

21. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Vous aurez inséré une pierre de prix dans les assises de l’édifice éternel de la vérité. […] Hésitation qui implique un culte mille fois plus délicat de l’éternel idéal que les téméraires solutions qui satisfont tout d’abord les esprits superficiels ! […] Si je vois la vertu songer trop à ses placements sur une vie éternelle, je suis tenté de lui insinuer discrètement la possibilité d’un mécompte. […] Mais sa haute vie l’a mis en rapport avec l’esprit éternel qui agit et se continue à travers les siècles ; il est immortel. […] La patrie, qu’il a tant aimée, la science, qu’il a préférée à lui-même, la vertu, dont il fit la règle de sa conduite, sont des choses éternelles.

22. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Gasquet nous montrent ce que sera ce théâtre historique, idéaliste, idéologique, vivant conflit de sentiments éternels, différent néanmoins du théâtre classique. […] III. — Théâtre satirique et philosophique C’est le théâtre dit injouable, parce qu’il paraît trop plein de pensées ou de paroles neuves et éternelles aux frivolités de notre public. […] Satire des éternels retours de l’appétit populaire, satire des vices, des désirs de la foule, satire des meneurs d’homme, le Roi Bombance grouille d’une vie innombrable et puissante. […] Il débuta par Ton Sang qui qui posait un problème éternel et moderne et la Lépreuse, évocation de légende et de sentiment. […] Roger Le Brun, dans Le Bonheur des Hommes essayait le drame moderne le plus simple et le plus émouvant, parce qu’éternel, la révolte du sang et l’orgueil du sacrifice.

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