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885. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Pendant une de ces tournées qu’il fait depuis déjà seize ans dans le Midi, et qui sont une suite de récitations et d’ovations continuelles, un poète du département de l’Hérault, un poète en patois, appelé Peyrottes, potier de son état, et qui s’est fait une certaine réputation bien après Jasmin, lui envoya, par lettre, un défi. […] Durant quelque temps elle lutta encore et essaya de se maintenir à l’état littéraire ; mais, tout centre politique étant détruit dans le Midi, cette langue, la première née ou du moins la première formée des modernes, tomba décidément en déchéance et passa à l’état de patois.

886. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Probe et fin, il sentit qu’il n’y avait là rien à faire ; amoureux des lettres, mais amoureux à l’antique, il résolut, pour se mettre en état de les cultiver un jour avec indépendance, de retourner dans son pays pour y être avocat et homme d’affaires. […] En décembre 1813, nommé membre de la commission du Corps législatif pour prononcer sur l’état des négociations entamées auprès des puissances, il osa, avec MM.  […] Qu’on essaye de se représenter par la pensée l’état de l’ancienne France, de la Gaule, au moment où la domination romaine qui y régnait s’y brisa de toutes parts, et où les barbares, les Wisigoths, les Burgondes, les Francs, y firent invasion.

887. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Ce sage et juste milieu qui, en France, a toujours été plutôt à l’état de vœu, de regret ou d’espérance, qu’à l’état de pratique réelle, avait pourtant quelque ombre d’effet et de coutume dans le pouvoir attribué au Parlement, et Retz montre tous les rois sages, saint Louis, Charles V, Louis XII, Henri IV, empressés à se modérer eux-mêmes et à s’environner d’une limite de justice. […] Le cardinal de Retz, on le voit, en savait aussi long sur la force du tiers état que l’abbé Sieyès.

888. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

La réprobation qui, pendant de longues années, a pesé sur le nom du maréchal et qui a contristé son cœur, cette opinion de 1814, qui était venue se ranimer et se confirmer si fatalement en 1830, ne s’est conservée à l’état de préjugé populaire que chez ceux qui négligent tout examen : ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait encore quelque chose à faire pour porter une pleine lumière dans bien des esprits. […] Il avait fait une grande étude du cœur humain : cette science est d’ailleurs pour ainsi dire l’apanage des peuples demi-barbares, où les familles sont dans un état constant de guerre entre elles, et, à ces titres, tous les Corses la possèdent. […] En prenant ce commandement des mains de Masséna, il ne se fait aucune illusion sur les difficultés de la tâche et sur la nature des moyens ; après quelques considérations sur le pays, théâtre de la guerre, il en vient au moral et au matériel des troupes : De la misère, dit-il, de l’indiscipline, du mépris de l’autorité, un mécontentement universel, et un désir immodéré de rentrer en France de la part des généraux ; une artillerie détruite en entier, et point de munitions ; une cavalerie réduite à peu de chose, et ce peu dans le plus mauvais état ; l’infanterie diminuée de près de la moitié : tel était tout à la fois le pays dans lequel je devais agir, et l’instrument dont il m’était donné de me servir.

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