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1211. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Quand ce but concentre tellement toutes nos forces intellectuelles et morales, qu’en dehors de lui nous n’avons ni sentiment, ni activité pour rien, alors le sérieux nous domine et nous possède exclusivement, et quand ce but est un objet infini, l’accomplissement d’un devoir sublime ou la satisfaction d’une passion profonde, alors l’état de notre âme est tragique. […] Je la définirais volontiers une sorte d’oubli de la vie, un état de bien-être et de vitalité plus haute où nous nous sentons enlever non seulement à toute idée triste, mais à toute idée sérieuse ; alors nous ne prenons rien qu’en jouant ; tout passe sans laisser de trace et glisse légèrement sur la surface de notre âme17. Le spectateur, qui est dans cet état, aime à promener ses regards vaguement, sans but et sans suite, sur une infinie diversité de choses, et si le poète ose lui faire violence, en exigeant de lui la disposition sérieuse qui ne convient qu’au spectateur de la tragédie, je veux dire en voulant arrêter jusqu’à la fin ses yeux sur un objet unique, sans incidents, sans interruptions et mélanges bizarres de toute nature pour le distraire, sans jeux d’esprit ou mots piquants pour réveiller à toute minute, sans inventions inattendues, hardies, pour le tenir sans cesse en haleine, la gaieté tombe, le sérieux reste et le comique s’évanouit. […] Si dans l’état d’innocence Adam a failli, que peut donc faire le pauvre Jack Falstaff dans ce siècle corrompu ? […] La paresse, la luxure, la gourmandise, surtout un certain degré d’ivresse, voilà ce qui met la nature humaine dans l’état de l’idéal comique65.

1212. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Mais du moins il n’était nullement fier de son état moral, et il souffrait de ne savoir où il allait. […] (Tout ce qu’on pourrait faire, ce serait de rechercher la formation historique des dogmes et quels états d’esprit ont pu les engendrer : mais cela est besogne d’incroyants.) […] Triomphante, souffrante, militante, l’Église est une en ces trois états. […] Tant il est vrai que notre société n’est plus chrétienne que d’étiquette, et tant l’éducation par les païens y pétrit le cerveau même de ceux qui sont préposés par état à la garde de la vérité religieuse ! […] Considérez que je suis justement dans l’état où fut, assez longtemps encore après votre conversion, votre frère Eugène que vous aimiez tant, et qui, je suis tenté de le croire, se convertit, d’abord, un peu pour vous faire plaisir et pour que vous le laissiez tranquille.

1213. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Dès les premières résistances du tiers état et les premières décisions de l’Assemblée constituante, nous voyons la cour s’effrayer, et, faible qu’elle est, recourir à la force, c’est-à-dire à l’armée, pour réduire au silence une tribune rivale du trône, quelle était donc celle armée sur laquelle la cour comptait si aveuglément ?

1214. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

La renaissance des Grecs est un fait à part, essentiellement isolé de tous les faits européens, ayant ses causes propres et distinctes dans l’état même de la nation depuis la conquête ottomane.

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