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1105. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Il est bon de savoir (et j’en parle d’après les statisticiens militaires les plus autorisés) que l’état moyen de la taille en France est de cinq pieds, ou du moins quand on a cinq pieds, on est pour le mieux, on est l’homme normal, celui qui a chance d’être le mieux constitué : on n’a pas de quoi se vanter, mais pas non plus de quoi se plaindre. […] Beugnot passa donc presque tout le temps de la seconde Restauration, et en dépit des services qu’il avait rendus dans les premiers jours, à l’état d’homme mis de côté et de demi-mécontent ; quand il se lassa d’être député, il eut à attendre pendant des années son siège à la Chambre des pairs.

1106. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Disgracié dès lors, jugé impropre au service militaire et à la vie active, sa famille le traita en cadet, le destitua formellement de son droit de primogéniture, et le condamna à l’état ecclésiastique. […] Membre lui-même du haut clergé, il faisait bon marché de son Ordre et donnait résolument la main au tiers état.

1107. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

La plupart de nos poëtes agréables du xviiie  siècle se trouvent aujourd’hui dans ce cas ; ils ne sont pas encore passés à l’état de poëtes du xvie . […] Fauriel, dans les ingénieuses Réflexions qui précèdent sa traduction de la Parthénéide de Baggesen, établit que ce n’est point la condition des personnages représentés dans la poésie idyllique qui en constitue l’essence, mais que c’est proprement l’accord de leurs actions avec leurs sentiments, la conformité de la situation avec les désirs humains, en un mot la rencontre harmonieuse d’un certain état de calme, d’innocence et de bonheur, que la nature comporte peut-être, bien qu’il soit surtout réservé au rêve.

1108. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

., si, pour passer ma vie avec elle, il avait fallu me résigner à cet état, j’aurais mendié depuis trente ans, et nous aurions encore été bien heureux ! […] Si l’on savait mourir, on pourrait encore se risquer à l’espérance d’une si heureuse destinée, mais l’on abandonne son âme à des sentiments, qui décolorent le reste de l’existence ; on éprouve, pendant quelques instants, un bonheur sans aucun rapport avec l’état habituel de la vie, et l’on veut survivre à sa perte ; l’instinct de la conservation l’emporte sur le mouvement du désespoir, et l’on existe, sans qu’il puisse s’offrir dans l’avenir une chance de retrouver le passé, une raison même de ne pas cesser de souffrir, dans la carrière des passions, dans celle surtout d’un sentiment qui, prenant sa source dans tout ce qui est vrai, ne peut être consolé par la réflexion même : il n’y a que les hommes capables de la résolution de se tuer3, qui puissent, avec quelque ombre de sagesse, tenter cette grande route de bonheur : mais qui veut vivre et s’expose à rétrograder ; mais qui veut vivre et renonce, d’une manière quelconque à l’empire de soi-même, se voue comme un insensé au plus cruel des malheurs.

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