Si la foi avait pu s’accroître dans cette intelligence, qui, dès l’extrême jeunesse, ayant à choisir entre Homère et la Bible, préféra la Bible, elle se serait accrue sans doute par cette étude de chaque jour, soit des dogmes, pour en défendre l’interprétation, soit du gouvernement de l’Eglise, pour en établir la suite et l’unité. […] Outre que les bons effets du protestantisme, partout où il s’est établi, n’étaient pas aussi manifestes de son temps qu’aujourd’hui, les protestants eux-mêmes, et je le dis des plus célèbres, ne faisaient que se croire meilleurs théologiens que les catholiques. […] Ce qui lui importe, c’est d’établir qu’aucune souveraineté, en ce monde, n’est dispensée d’avoir raison. […] Il établit subtilement qu’il n’a pas pu mentir, parce qu’il y aurait moins gagné qu’à rester vrai, comme s’il eût plus craint de passer pour maladroit que pour menteur. […] Ce fut peut-être le fruit le plus réel de sa victoire ; car je doute que le quiétisme de Molinos se fût établi en France, et qu’à défaut même des bulles du pape, il n’eût pas suffi du ridicule pour détruire une secte de cyniques de dévotion.
L’intérêt est suffisamment établi ; et il n’étoit gueres possible d’en imaginer un plus considérable. […] C’est encore sur la nature de l’homme, plutôt que sur l’ouvrage d’Homere, qu’il faut établir quel doit être dans un poëme le tempéramment du vraisemblable et du merveilleux, et prescrire les véritables bornes de l’un et de l’autre. […] Sur les opinions établies en matiere d’ouvrages d’esprit, les hommes forment d’ordinaire deux sortes de jugemens ; l’un public, l’autre secret ; l’un de parade et de cérémonie, l’autre de réserve et à leur usage particulier. […] Il choisit entre les chefs, plusieurs héros, pour être le principal ornement de son poëme, et c’est de ceux-là qu’il établit d’abord le caractere, et qu’il décrit les actions par préférence à d’autres. […] On ne les justifie pas toujours en prouvant que ce qu’ils ont dit, est naturel, si on ne prouve en même tems qu’ils ont bien choisi ; et malgré le parallele établi entre la poësie et la peinture, il n’en est pas tout-à-fait là dessus de l’une comme de l’autre.
Notre voix, au contraire, a un pouvoir d’imitation très borné ; le larynx et la bouche ne possèdent qu’une puissance productrice de certains sons déterminés ; leur constitution physique en établit la liste et la ferme. […] Par exemple, les organes vocaux d’un homme ne parvenant pas à se plier à la prononciation de la langue russe, l’imagination du même homme peut être, en même temps, capable de reproduire exactement toutes ces articulations si difficiles : un Français établi en Russie aura de l’accent en parlant ; mais sa parole intérieure sera correcte, s’il a le ferme désir de corriger les défauts de sa parole audible, si son attention se porte toujours quand il parle et quand il étudie, vers la prononciation normale. […] Il me semble que, tout au contraire, les lois psychiques les mieux établies confirment les résultats négatifs de mes observations. […] En définitive, rien n’est changé à nos premières déclarations : il reste établi que la parole intérieure est essentiellement une image simple, une image sonore ; l’image tactile qui, théoriquement, devrait l’accompagner toujours, est d’ordinaire réduite à une intensité minimum ; par suite, elle est inobservable ; certains faits très généraux semblent pourtant dénoter sa présence, parce qu’ils trouvent en elle la condition qui peut servir à les expliquer. […] De ces deux erreurs, la première est très fréquente, et ce qui, en pareil cas, séduit l’esprit à juger à faux, c’est évidemment la perturbation des lois que nous venons d’établir.
On a de Fléchier d’autres vers français que ceux qui ont été recueillis dans ses œuvres complètes, et ils justifient encore mieux, s’il est possible, la filiation que j’établis. […] La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc. M. de Novion, président à mortier, était établi président de ce tribunal composé de seize conseillers pour commissaires et assesseurs.