/ 1986
484. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Elle n’avait pas attendu 89 pour s’établir, grâce à Malesherbes et à Louis XVI. […] Une singulière disposition de la haute société française est venue prêter à ce parti un surcroît de puissance ou de hardiesse : je veux parler de la connivence qui s’est établie, au vu et au su de tous, entre les moins croyants, les moins pieux et les moins édifiants des hommes et ceux qui poussent avec une ferveur plus convaincue au triomphe et à la suprématie prédominante de l’intérêt religieux. […] — Je sais qu’on établit des distinctions entre doctrine et doctrine, et qu’il s’est élevé, depuis une quarantaine d’années, une sorte de philosophie dont j’ai déjà indiqué le caractère, philosophie à double fin, en quelque sorte bâtarde et amphibie, tantôt dénoncée elle-même par le clergé, tantôt, selon les circonstances, accueillie par lui comme alliée et auxiliaire, laquelle prétend établir un moyen terme entre le symbole religieux et la recherche rigoureusement philosophique et scientifique, avec ses résultats quels qu’ils puissent être.

485. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il y a reconnu le signe même de l’évidence ; or, l’évidence étant le caractère du vrai, et notre raison seule pouvant recevoir et juger l’évidence, voilà la raison établie juge suprême du vrai et du faux. […] Cette croyance ne dépend ni du pays, ni du temps, ni des religions établies, ni de la forme des sociétés, bien qu’elle puisse s’accommoder de toutes ces circonstances. […] On se réglera par le respect des coutumes, par la religion établie, par les opinions modérées ; on tâchera d’être ferme dans ses actions, de se vaincre plutôt que sa fortune, « à cause, dit-il, qu’on n’est maître que de ses pensées », de ne rien désirer qu’on ne puisse avoir. […] Descartes trouve le doute établi ; mais au lieu d’en faire un but, il en fait un moyen.

486. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Fénelona, dans deux immortels opuscules, établit les principes de l’art d’écrire sur des fondements aussi larges que solides ; mais à peine en fit-il à quelques glorieux anciens de rapides applications. […] Des théories littéraires au XIXe siècle On n’étudie les faits que pour en comprendre les causes, et, s’il se peut, en établir les lois. […] « Montrer avec clarté comment le beau dérive des idées primitives de notre esprit ; déterminer avec plus de précision les rapports qui l’unissent au vrai et au bon ; établir avec solidité en quoi consiste le beau dans la nature, et chercher avec plus de profondeur le lien intime qui existe entre la nature et l’art15. » Il semble que ce soit là le programme qu’à la même époque, dans la même année, s’était tracé à lui-même le jeune et brillant professeur de la Sorbonne. […] Les Allemands établissent dans l’esthétique la même distinction que nous avons faite dans les mathématiques ; ils reconnaissent l’esthétique pure et l’esthétique appliquée.

487. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Quant à Richelieu, c’était autre chose : « Il ressemblait à Tibère ; c’était un atrabilaire qui voulait régner, un Jupiter massacreur. » C’est la seule différence qu’il établisse entre eux. […] Il l’envoyait chercher souvent ; il lui fit part tout d’abord de son dessein d’établir dans sa maison une petite Académie qui s’assemblerait au moins une fois par semaine. […] C’est un trait de plus dans le portrait de Gui Patin que ce dédain pour les personnes du sexe au moment où elles s’établissaient plus généralement dans la société, et où elles allaient y introduire ce qui surtout lui manquait, à lui et aux autres savants cantonnés dans les corps, je veux dire la politesse.

/ 1986