Si Renan nous semble à ce point compliqué, c’est que, les éléments dont se compose son génie total étant nombreux, divers et quelquefois contradictoires, il les laisse transparaître dans son œuvre avec une parfaite sincérité. […] Et il proscrit aussi ce que j’appellerai les réalités trompeuses, celles que le théâtre fausse nécessairement du moment qu’il nous les expose, celles dont la transcription, concertée par quelque dramaturge moraliste en vue d’un axiome social à établir, risque d’induire le public dans les plus fâcheuses erreurs, quand, d’un cas forcément particulier et dont il a lui-même choisi et combiné les éléments, l’auteur prétend tirer des conclusions générales… Les pièces morosement réalistes, et les pièces à thèse, voilà ce que Weiss ne peut souffrir.
Beaucoup moins intimement et moins tendrement uni à M. de Tracy qu’à son cher Cabanis, Fauriel entretint pourtant avec l’éminent auteur des Éléments d’Idéologie de sérieux et fréquents rapports, très-cimentés de confiance et d’estime.
Deux courants successifs, une lente aventure, des contradictions qui sourdent timidement, tout cela sollicitait de la part d’un dramaturge jusque-là habitué à brutaliser ses personnages, et vivant de cette brutalité, les éléments les plus intimes d’un art auquel il n’avait encore rien demandé.
» « Eh bien, dit Renan, dérayant complètement de sa thèse, j’aime mieux les paysans à qui l’on donne des coups de pied dans le cul, que des paysans, comme les nôtres, dont le suffrage universel a fait nos maîtres, des paysans, quoi, l’élément inférieur de la civilisation, qui nous ont imposé, nous ont fait subir, vingt ans, ce gouvernement. » Berthelot continue ses révélations désolantes, au bout desquelles je m’écrie : — « Alors tout est fini, il ne nous reste plus qu’à élever une génération pour la vengeance !