Aussi le sacerdoce ne méprisa pas l’art oratoire : cet art, qui soutint longtemps la politique républicaine, lui servit à propager les dogmes et la suprématie des états de l’église, en lui assujettissant les nations, les potentats, par l’empire de la parole, qui lui mit dans les mains leur or et leurs armées. […] Mais si les dogmes religieux, le ton des prophètes, et l’héritage des pères de l’église, ont prêté des trésors à cet éminent esprit, considérons, dans un autre écrivain, jusqu’où va le génie par ses propres forces, et soutenu par les contemplations de la nature seule. […] Les intérêts de l’église et des états n’entrent dans les discussions de littérature que relativement aux ouvrages dont ils sont le fondement, et ce qu’on en dit alors ne doit pas noyer, ensevelir la matière qu’on se propose de montrer.
Au dix-septième siècle, Bossuet reprochait, fort injustement suivant moi, aux protestants de manquer de tradition, oubliant que ceux-ci auraient pu lui rappeler cette longue suite des hérésies, marchant, depuis saint Pierre, parallèlement avec l’Église officielle. […] * * * J’ai vu avec plaisir qu’il gardait son chapeau sur sa tête, comme un évêque sa mitre dans son église.
Jean Moréas a, entre le commencement et la fin de mon Enquête, immolé ses maîtres et amis du symbolisme aux prémices de sa dernière-née, l’École Romane, tenue, m’assure-t-on, sur les fonts baptismaux d’un modeste concurrent du café Voltaire, l’église, jusqu’ici, de toutes les chapelles. […] Nous visitons, en causant un peu, le palais de justice, l’hôtel de ville, la cathédrale, aux grilles de cuivre ; nous nous arrêtons devant le fameux tryptique des frères Van Eyck ; nous croisons l’évêque, entouré de son chapitre, qui vient de dire les vêpres ; dans les églises flamandes il y a des offices du matin au soir. […] Il n’y avait pas d’églises, et par conséquent pas de chapelles dissidentes, et pas de cultes rivaux !
À partir de ce moment, l’enfant était admis dans cette sorte de société sainte et de petite église qu’on appelait la famille. […] Une ville était comme une petite Église complète, qui avait ses dieux, ses dogmes et son culte. […] Ni les Romains ni les Grecs n’ont connu ces tristes conflits qui ont été si communs dans d’autres sociétés entre l’Église et l’État.