Sa vie n’est plus qu’un prodigieux labeur d’écrivain. […] Elle ne se pique pas d’observation scientifique : Mme Sand a su éviter toutes les poses littéraires ; elle a fait simplement, avec bonhomie, son œuvre d’écrivain, sans plus d’embarras que si elle eût raccommodé du linge. […] Elle est aussi un des rares écrivains qui aient su peindre le grand monde : elle en était, elle en avait la tradition par sa grand’mère Mme Dupin. […] Il fait effort pour n’avoir pas l’air d’un écrivain de profession.
En France, elle est mortelle à l’écrivain. […] On ne songe pas assez qu’à la fortune de l’écrit est attaché le repos de l’écrivain, et que, dans la carrière des lettres, les revers de réputation sont plus douloureux que dans toute autre. […] Des hommes du plus grand savoir, un cardinal Duperron, fort bon écrivain lui-même dans les matières de théologie, le louaient, mort, « d’avoir annoncé et exposé aux hommes de sa nation les mystères de la poésie ; d’avoir fait parler le premier la muse en françois, et le premier estendu la gloire de nos paroles et les limites de notre langue109. » Ôtez la double exagération de l’oraison funèbre, et de l’éloge dans la bouche d’un contemporain, c’est avoir au moins du bonheur que de donner cette idée à sa nation, et de la laisser, en mourant, pleine de cette estime et de cette ambition pour sa langue110. […] En effet un écrivain protestant, Buchanan, en fit pour ses coreligionnaires une traduction en distiques latins.
Mérimée, à faire applaudir à l’Académie l’Éloge de Rabelais, de ce grand écrivain dont on ne peut lire tout haut une seule page.
Une profondeur mêlée de bonté fait l’autorité de cet écrivain.