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1052. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Il a écrit des voyages. […] L’auteur, qui n’écrit pas l’histoire d’un siècle, quoiqu’il en traverse plusieurs, mais qui, comme on dit maintenant, écrit celle d’une, idée, s’arrête à cet édit de Nantes qui forme une histoire de cette idée, en réalisant par Henri IV, que du moins il ne grandit pas, la politique de ce Michel de l’Hôpital, grandi outre mesure et qui doit éprouver de grands malaises de modestie, dans le fond de sa tombe, s’il peut s’y douter d’avoir sur terre un tel historien. […] Tel est cependant le fruit que les catholiques peuvent retirer encore de cette leçon d’une Histoire de la Liberté religieuse, écrite pour glorifier le protestantisme, par un philosophe du dix-neuvième siècle ! […] Quoiqu’il eût déjà, quand il l’écrivait, des qualités éclatantes et fortes, il n’avait pas l’ampleur, la virilité enflammée et la solidité puissante qui disent maintenant qu’il a trouvé une forme adéquate à sa pensée, et qu’il a, littérairement, vocation d’histoire. […] Depuis que ces lignes sont écrites, le gros des Libres Penseurs n’a pas bougé.

1053. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Rareté charmante, du reste, dans un homme qui s’est mêlé d’écrire, — dont le talent n’a pas fait la vie, mais dont la vie, au contraire, a fait le talent ! […] Il écrivait un jour cette phrase calme et amère : « La bonne compagnie de l’époque actuelle a une âme de soixante-dix ans. Elle hait l’énergie sous toutes les formes. » Et certainement, en écrivant cela, il pensait à lui et à ses écrits. […] Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique et privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion. […] Car on se demande, en lisant ces lettres, dont quelques-unes valent en critique ce que leur auteur a jamais écrit de plus profond et de plus piquant dans ses livres, on se demande ce qu’il eût été, ce Stendhal-Beyle, s’il avait été spiritualiste et chrétien, c’est-à-dire ce qu’aucune intelligence moderne, ce qu’aucun esprit de ce côté du temps ne peut se dispenser d’être sans à l’instant même se rompre, en plus ou en moins, se dessécher, se rabougrir.

1054. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Encore à cette dernière époque qui est celle de la plus haute civilisation des Perses, les Scythes se trouvent-ils si barbares que leur roi ne peut répondre à Darius qu’en lui envoyant des signes matériels sans pouvoir même écrire sa pensée en hiéroglyphes. […] Quant aux trépieds consacrés par ce dernier en mémoire de sa victoire sur Homère, ce sont des monuments tels qu’en fabriquent de nos jours les faiseurs de médailles, qui vivent de la simplicité des curieux. — Si nous considérons, d’un côté, que la vie d’Hippocrate est toute fabuleuse, et que, de l’autre, il est l’auteur incontestable d’ouvrages écrits en prose et en caractères vulgaires, nous rapporterons son existence au temps d’Hérodote qui écrivit de même en prose et dont l’histoire est pleine de fables. […] Thucydide vécut à l’époque la mieux connue de l’histoire grecque, celle de la guerre du Péloponnèse ; et c’est afin de n’écrire que des choses certaines qu’il a choisi cette guerre pour sujet. […] C’est en commençant le récit de cette guerre que Tite-Live déclare qu’ il va écrire désormais l’histoire romaine avec plus de certitude, parce que cette guerre est la plus mémorable de toutes celles que firent les Romains . […] == Quant à l’introduction simultanée des lois et des lettres, les difficultés sont plus grandes encore. — D’abord le mot νόμος ne se trouve nulle part dans Homère. — Ensuite, est-il indispensable que des lois soient écrites ?

1055. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIX » pp. 193-194

— Il y a un nouvel écrit, une brochure du cardinal de Bonald, à propos de la loi sur l’enseignement secondaire ; il paraît que c’est violent. Les écrits ecclésiastiques pleuvent, mais on ne les lit plus. […] — Sous le titre de dernier roman de Charles Nodier, on a fait un tout petit volume d’une dernière nouvelle qu’il avait écrite récemment ; c’est intitulé Franciscus Columna.

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