Ce sont les mots qui leur servent de sentiments ou d’âme. […] L’auteur veut analyser l’âme, et tracer des règles de conduite. […] Le cynisme et la bonté ne se rencontrent pas habituellement dans les mêmes âmes. […] L’âme ardente des personnages de M. […] C’est une âme complexe qui prend le masque de la simplicité.
Et la poésie, la beauté sous toutes les formes, il la sentait : « Naturellement, l’âme se chante à elle-même tout ce qui est beau ou tout ce qui semble tel. […] Mon âme chasse aux papillons, et cette chasse me tuera. […] Il se récite donc en détail à son ami ; il se plaint de son esprit qui le maîtrise par accès, qui le surmène : madame Victorine de Chastenay disait, en effet, de lui qu’il avait l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. Mais aussi il désarçonne parfois cette âme, cet esprit, ce cavalier intraitable, et alors il vit des mois entiers en bête (il nous l’assure), sans penser, couché sur sa litière : « Vous voyez, poursuit-il, que mon existence ne ressemble pas tout à fait à la béatitude et aux ravissements où vous me supposez plongé. […] Je renvoie au livre ; ceux qui en seront avides et dignes sauront bien se le procurer ; ils forceront d’ailleurs par leur clameur à ce qu’on le leur donne : il est impossible que de tels élixirs d’âme restent scellés.
Il clarifia, affina, allégea le vieil esprit de Renart et de Rutebeuf ; il l’enrichit de finesse, de mesure, de grâce, pour le mettre d’accord avec la forme nouvelle des âmes, et même avec l’aspect des choses. […] Littérairement, le sentiment n’est caractéristique qu’à condition d’être, d’abord, une disposition habituelle de l’âme et comme le verre à travers lequel elle regarde les choses, en second lieu, un plaisir de l’âme, qui savoure l’amertume. […] Cette âme légère a fait sa poésie avec ses idées et ses impressions, légères comme elle. […] Il était tout français, imperceptiblement italianisé, et n’ayant pris à l’antiquité latine que ce qui mettait en valeur les vieux dons de sa race : par lui, La Fontaine et les autres reprenaient le contact du pur génie de la France, se remettaient en communion avec l’âme héréditaire de notre peuple. […] Éditions : le Miroir de l’âme pécheresse, Alençon, Simon du Bois, in-4, gothique, 1531, ibid.
Conformément à cette tournure d’esprit, il définit l’homme un être qui pense — c’est-à-dire qu’il sacrifie en lui le corps à l’âme, et, disons plus, à une âme incomplète, mutilée. […] Descartes, à force d’abstraction, n’est pas loin de réduire l’homme à n’être plus qu’une intelligence servie par des organes, une âme qui a rencontré un corps par hasard, qui se trouve accouplée avec lui on ne sait comment et qui, en attendant d’en être délivrée, peut et doit raisonner comme si elle était seule. […] Et comme les animaux, placés entre les deux extrêmes, l’embarrassent fort, il leur ôte l’intelligence et même la sensibilité ; il ne veut pas qu’ils aient une âme, fût-ce un embryon d’âme ; il les assimile à des horloges ; il en fait de purs automates qui n’ont que l’apparence de la vie. […] Faut-il rappeler que la philosophie du temps s’occupe surtout de l’âme, abstrait de la complexe réalité la pensée pure, se fie en aveugle à la puissance du raisonnement, use de la méthode mathématique ? […] Parmi eux, ceux-ci sont des moralistes moralisants, comme Nicole ; ceux-là se contentent de représenter les mœurs comme ils les voient, sans prétention à les corriger, tel La Rochefoucauld, qui concentre dans son petit livre des Maximes l’amertume et le désenchantement de son âme.