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1072. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mercredi 4 janvier Robert de Montesquiou, venu aujourd’hui chez moi, pour me remercier d’une lettre écrite à son sujet à la comtesse Greffulhe, devient bientôt expansif, me parle avec une horreur rétrospective de son enfance passée chez les jésuites de Vaugirard, me dit que ses premières années auraient eu besoin d’un bain-marie de jupes de femmes, au lieu des sales soutanes de ces prêtres, me conte qu’à l’âge de quatorze ans, faisant déjà des vers amoureux de la lune, un jour, en se rendant au réfectoire, où l’on mangeait de si mauvais veau, le gros jésuite qui les conduisait, lui avait jeté avec une ironie asthmatique, « lueur rêveuse et blême, le morceau d’un vers sur la lune, que l’espionnage de l’endroit avait surpris en fouillant dans son pupitre, et que le sifflement méprisant de l’ironie de ce gros jésuite, l’avait fait se recroqueviller sur lui-même, et soigneusement en cacher la tendresse et l’exaltation. […] Jeudi 20 avril Ce soir chez Daudet, Bauër nous parlait des neuf années, qu’il avait passées en Calédonie, de l’âge de dix-neuf ans à vingt-huit ans, à la suite de sa condamnation, après la Commune. […] Vendredi 26 mai Tristes les départs de son domicile à mon âge. […] Mardi 3 octobre Chez les Sémites, le cerveau ne se développe que jusqu’à vingt-cinq ans ; chez les Aryens, le développement dépasserait de beaucoup cet âge. […] Samedi 21 octobre Abordé par Stevens, qui me parle du travail incessant, effréné, de son vieil âge, me jetant dans l’oreille : « Je n’ose pas le dire, j’ai fait soixante-quinze tableaux, depuis le mois de janvier ! 

1073. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

C’est par là que Benserade se soutint jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans. […] Pour éviter cette tristesse de voir les générations neuves se retirer de lui, un grand écrivain n’a que que deux partis à prendre : mourir vers la soixantaine ou devenir, à cet âge, le plus détaché des philosophes. […] … De nos jours, cela eût paru tout simple, car il semble bien que la seule chose qui ait empêché la comédienne et le grand homme de s’entendre, ce soit l’âge de celui-ci. […] Toutes ces attitudes, ces allures, ces emphases, j’appelle cela « le genre Louis XIII », qui est, en littérature, l’expression attardée déjà et le prolongement de l’héroïsme du seizième siècle, de cet âge privilégié de l’orgueil et de l’énergie humaine, de cet âge où apparurent les merveilles les plus étonnantes du libre développement individuel. […] Peut-être, d’ailleurs, ces réapparitions à travers les âges m’apporteraient-elles moins de surprises — hélas !

1074. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

C’est tellement… que… enfin… moi, à mon âge, je n’ai pas compris. […] Peut-être avait-il des fils de mon âge. […] Lilia le suivit, d’un long regard de femme éprouvée, qui, aux trahisons du cœur, sent l’amour s’en aller et l’automne de l’âge venir. […] L’Âge de fer. — 1891. […] L’Âge de fer, que M. 

1075. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

À l’âge de soixante et cinq ans, Molé a joué L’Inconstant, et il était si léger ! […] Or, à l’âge de soixante-dix-huit ans que Brunet pouvait avoir, cela fait quatre générations entre lui et son persécuteur. […] âge heureux où tout s’épanouit. […] Je veux, moi, que chaque chose soit remise à sa place ; et, ce disant, il a fait la comédie que voici : Madame de Sturmer est une femme qui a passé l’âge d’avoir des vapeurs, l’âge heureux où la maladie même est jeune, fraîche et rebondie. […] C’est un nommé Moncade, un beau, d’un certain âge, qui n’a ni feu ni lieu, ni parents ; ni amis, ni état dans le monde.

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