De la sorte, la critique, se sentant comme en pure perte, sans appui au dehors et sans limite, s’est évanouie. […] Mais il arriva assez vite par la réflexion à la seconde phase de l’esprit, à la critique, son vrai talent. Quelle place était alors à prendre dans la critique ? […] adressé à son livre, ou plutôt au critique des âges futurs, m’aurait été au cœur (à la place de M. […] Mais cette Zénobie donna sa mesure comme poëte, et ce fut un échec au critique.
Je n’oserais affirmer le contraire, et pourtant, du moment qu’on en veut juger en toute connaissance de cause, comme c’est la prétention de la critique, voilà l’interminable voyage qui recommence. […] La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens. […] Moi, critique, qui la fourre dans mes jugements et sentences, je fais comme un pauvre chirurgien qui soigne ses malades, panse, saigne et tranche avec une sensibilité qui s’y dépense douloureusement et stérilement. […] ne me blâmez pas de ma critique active ! […] Le critique qui, pour les attendre à son aise, s’assoit sur quelque pierre milliaire de la voie romaine, pourra bien attendre longtemps.
Le jour où viendrait un critique qui aurait le profond sentiment historique et vital des lettres comme l’a M. […] Nul exemple ne nous prouve mieux que le sien combien la faculté de critique émue, délicate, est une faculté active. […] Quand on est critique à ce degré, c’est qu’on est poète22. […] » Cela est d’avance une réponse a ces artistes orgueilleux et vains, impatients de toute observation, comme nous en avons connu, et qui, confondant tout, ne savaient donner qu’une seule définition du critique : « Qu’est-ce qu’un critique ? […] Très juste dans ce qu’il dit sur les principaux noms de poètes qu’il rencontre, le critique préoccupé de l’unité de son plan semble trop pressé d’arriver et de conclure.
On se fait critique par impuissance. […] J’étudierai séparément les impuissants parqués dans la critique et les écrivains qui font aussi de la critique : les juges et les jurés. […] Henry Barbusse, gendre de Mendès, est, comme il convient, critique à Femina. […] Et non plus aucun des critiques patentés. […] Oui, vraiment, le prétendu critique ose dire que les bavardages élégants de M.
Quand la critique n’aiderait pas à ce triomphe du poëte contemporain, il s’accomplirait également, je n’en doute pas, mais avec plus de lenteur et dans de plus rudes traverses. Il est donc bon pour le génie, il est méritoire pour la critique qu’elle ne tarde pas trop à le discerner entre ses rivaux et à le prédire à tous, dès qu’elle l’a reconnu. […] Après cela, il y aurait du ridicule à cette bonne critique de se trop exagérer sa part dans le triomphe de ses plus chers poëtes ; elle doit se bien garder de prendre les airs de la nourrice des anciennes tragédies. […] La critique ne doit pas ressembler à cet éditeur. […] La critique, en effet, cette espèce de critique surtout, ne crée rien, ne produit rien qui lui soit propre ; elle convie au festin, elle force d’entrer.
Sainte-Beuve, l’entomologiste des riens, comme le plus grand critique qui ait jamais existé, parce qu’il n’a pas un principe de morale dans la tête et que sa critique, c’est de la description d’histoire naturelle. Mais j’admettais très largement qu’il avait de hautes facultés critiques et qu’il savait pénétrer profondément dans la pensée, la vie et les hommes. […] A table, en voiture, au coin du feu, sous les lilas, en feuilletant sa collection de gravures, Gœthe était critique, et critique en exercice perpétuel. C’est donc au critique qu’eut affaire Eckermann durant cette période dernière de la vie de Gœthe. […] Parce qu’il n’avait pas de principes moraux, on a dit qu’il était un critique impartial et désintéressé.
Que Babou envoie promener la critique et, de la satire qui l’entraîne, ne se retourne pas et ne se raccroche pas à elle ! D’ailleurs, il n’est pas fait pour la critique. […] La première obligation du critique, qui peut être froid, mais à qui il n’est pas défendu d’être ardent, c’est une forte possession de soi-même. […] La clarté de Babou a trop de pétillement pour être jamais la fixe lumière nécessaire au critique. […] Les fameux paient pour les obscurs… Mais voilà une seconde raison pour que Babou, le sceptique, exclusivement, de nature, ne fasse pas de critique dans les meilleures pages de ses Lettres » — car critique, c’est justice étroite, et vengeance, c’est large justice, disait lord Bacon, cet homme ample de toutes façons.
Alors elles transcendent la critique. […] S’il est un professeur devenu critique, La Harpe est un critique, un journaliste, un polygraphe devenu professeur, et grand professeur. […] Critique de la chaire, disons-nous. […] Mme de Staël dans la critique d’idées, Chateaubriand dans la critique de goût, ce sont les deux livres créateurs avec cette « partie divine » de la critique, qui manque totalement aux deux autres. […] Jamais, peut-être la critique sérieuse n’a plus parlé de décadence.
La critique que M. […] Nettement devait tirer de la théologie, qui est la véritable philosophie catholique, tout un système d’idées qui aurait été le criterium de sa critique, la législation même d’après laquelle, comme critique et comme historien, il allait juger. […] La critique catholique attend toujours le Kant qui dégagera la sienne ; mais il est bien probable que ce ne sera pas M. […] … Et s’il n’y en a pas, cependant, le but de la critique est manqué, manqué misérablement et sans excuse. […] La Critique ne pouvait pas refaire, dans un seul chapitre, un livre en deux volumes comme le livre de M.
Mais, critique impersonnel pour lui, Édelestand du Méril est aussi impersonnel pour les autres. Sa critique, moins sympathique et moins passionnée que celle de Macaulay, est une critique, une pure critique d’idées. […] d’une critique d’idées qui ne va pas jusqu’à la personne et ne menace pas leur vanité. […] La Critique est plus qu’une justesse : elle est une justice. […] Or, les hommes qui écrivent n’ont, littérairement, que leur vanité pour répondre de leurs erreurs, et voilà comme nous arrivons forcément à la critique personnelle.
C’est là ce que Guizot a essayé de faire aujourd’hui dans ce grand morceau de biographie et de critique qu’il a intitulé : Vie de Shakespeare, et qu’il a placé à la tête de la traduction de ses Œuvres. […] Guizot n’a point eu un de ces hasards d’érudition qui met en possession d’un texte ignoré, et il n’a pas non plus, à l’aide d’une critique supérieure, arraché aux chroniques des détails inaperçus. […] Il nous le montre comme nous l’avions vu en d’autres récits démentis plus d’une fois, mais certains, et que la critique de Guizot affermit encore. […] Il en a beaucoup, et il y a dans son livre d’aujourd’hui telle et telle page de critique non sur Shakespeare, mais à côté de Shakespeare, qui lui font le plus grand honneur. […] Quoique Guizot y ait montré un sens critique sur lequel nous reviendrons plus tard, quand nous ferons la revue de tous les critiques de Shakespeare, cependant le critique n’a pas plus triomphé que l’historien de la difficulté de ce sujet, que l’esprit humain n’a pas rejeté et ne veut pas rejeter comme impossible.
Le livre très distingué d’Alcide Dusolier : Nos gens de lettres, leur caractère et leurs œuvres 25, promet un critique de plus à cette fin de siècle, dont le caractère intellectuel, qui se précise de plus en plus, tend à devenir éminemment critique. […] Avec de pareilles qualités, le critique existe déjà, — mais il ne sera tout à fait venu que quand Dusolier y ajoutera ces principes sans lesquels la critique n’est jamais que les préférences de l’esprit d’un monsieur quelconque, plus ou moins bien doué… Le critique qui doit juger les autres ne peut avoir de scepticisme, car la première qualité du juge, c’est la plus inébranlable certitude qu’il est dans le droit. […] Il y a le critique littéraire, le moraliste et le romancier. J’ai dit ce que je pensais du critique littéraire en Dusolier, qui a débuté par un ouvrage intitulé Nos gens de lettres, un peu trop aimable pour nous tous, mais où l’œil trop bleu de l’auteur et trop noyé de bienveillance avait cependant des justesses et des pénétrations singulières. […] Demandez-le plutôt aux Impassibles (voir le volume des Propos), aux Impassibles, qui, depuis ce chapitre de critique, ne le sont plus !
La Critique scientifique, par Émile Hennequin Émile Hennequin. — La Critique scientifique. […] Exposons-la tout de suite : notre critique en sera plus claire. […] La vieille critique devient donc, avec M. […] Elle implique la critique littéraire ; mais celle-ci n’y est pas définie expressément, et la question vise surtout l’étude psychologique du poète. […] Il y trouvera le développement des idées sur lesquelles cette critique est établie.
Ne mettons pas une sottise de critique par-dessus… Ce n’est pas Manon qui est un Sphinx, c’est son succès ! […] Et ce fut justement ce mot-là que les critiques employèrent. […] Mais sa critique, puisque critique il a voulu faire, n’est pas plus de la critique que la leur. […] Livre matérialiste, critique matérialiste. […] Et, d’ailleurs, il ne s’agit ici ni de guérison ni de description : il s’agit uniquement et exclusivement de critique, — et d’une critique qui, pour être complète, pour mériter ce nom de critique, doit être tout à la fois esthétique et morale, parce que toute œuvre de littérature ou d’art s’adresse nécessairement, et du même coup, à l’intelligence et au cœur.
La critique littéraire. — La critique philosophique. — § V. […] Mais les critiques malveillants n’ont pas de mérite à avoir raison. […] La critique littéraire. — La critique appliquée aux beaux-arts. — La critique philosophique. […] J’éprouve quelque embarras à définir la quatrième sorte de critique. […] La critique est la faculté générale et dominante du dix-neuvième siècle.
Le mot « aux étoiles » n’est donc pas l’hyperbole d’un écrivain isolé ; il est dans le style ordinaire de la critique et l’expression exacte d’une situation. […] Le public et la critique les y mettent également ; mais c’est la critique qui crée dans le public enivré cette prodigieuse idolâtrie. […] C’est l’image de la critique moderne s’inclinant sous le comédien. […] Pour eux, en effet, — le comédien et la comédienne, — la critique retrouve de la conscience. […] Si le comédien a été intelligent, la critique l’intitule sublime !
Œuvre de la critique moderne. […] Quoi qu’il en soit, les critiques ont raison. […] La critique n’est possible que par la comparaison. […] Manière d’inoculer le sens critique. […] Ce qu’il faut, c’est la critique.
Commençons par la Critique de la Raison, pure. […] Pourquoi donc n’appliquerait-on pas aussi la critique à la métaphysique ? Par là il ne faudrait pas entendre une critique de tel ou tel système. […] Encore une fois cette science est la critique de la raison pure. […] Cette critique est un canon de ce nouvel organum.
La vraie critique. — La lecture et la critique. — Les divergences d’opinions. — Lamartine critique. — Dante et Tolstoï. — La morale et Id critique. — Les parti pris de la critique. — L’influence de la littérature. — Les lois littéraires. — La mauvaise critique. — La critique-cliché. […] Il y a quelques critiques qui ont beaucoup de talent ; mais une école de critique, il n’y en a pas. […] On fait de la critique au nom de la littérature. […] On nous trouvera peut-être un peu sévère pour la Critique et messieurs les critiques. […] Œuvres critiques.
C’est là tout un côté de la critique actuelle, de la mauvaise critique ; mais hors de celle-là, en face ou pêle-mêle, il y a la bonne, il y a celle des esprits justes, fins, peu enthousiastes, nourris d’études comparées, doués de plus ou moins de verve ou d’âme, et consentant à écrire leurs jugements à peu près dans la mesure où ils les sentent. […] Chasles qui, dans une publication récente, sous le titre de Caractères et Paysages, vient de recueillir des morceaux de critique, d’érudition, et quelques souvenirs animés et touchants ; nous reviendrons plus particulièrement à lui un autre jour. […] Sur Molière et sur Corneille, je ne saurais qu’adopter tout ce que dit d’admiratif, d’explicatif et de profondément senti, l’excellent critique. […] Dans le même moment un autre critique très spirituel, parlant de Racine, avançait que le vrai, le spécial et principal talent de ce poëte était pour le comique, témoin les Plaideurs, et que Racine, en abordant la tragédie, avait fait fausse route. […] C’est par cette critique que je veux finir avec M.
Ozanam a fait sur le Dante un travail extrêmement, et, selon nous, trop vanté, si on se détourne des babioles de l’érudition qui y abondent pour y chercher le grand côté de la Critique qui n’y est pas. […] il faut que la Critique réclame enfin pour l’individualité beaucoup trop sacrifiée des grand poètes. […] Dans un sujet comme celui-ci, où des phrases brillantes à faire étinceler devaient tenter sa pensée, il n’a pas succombé à cette tentation vulgaire, et il s’est plus préoccupé d’être critique que de se montrer écrivain. […] Du moins, si le critique était chétif en proportion de son poète, il n’a pas été terrassé par l’aspect de la tête superbe et terrible qui, à l’opposé de celle de la fable, ne terrasse jamais qui s’obstine à la regarder. […] Devenir de plus en plus solide, se caler et à la solidité par la masse ajouter le pénétrant, l’affiné, l’aigu, voilà ce à quoi le critique doit viser ; car la Critique est particulièrement en ces deux choses : la pénétration et le poids.
Dans un grand nombre de cas, pourtant, Diderot a de ces remarques justes et frappantes de vérité, et qu’il exprime encore moins en critique qu’en peintre. […] Sa critique a de l’effusion. […] s’écrie en la considérant le critique enivré, la belle main ! […] Voilà le Diderot critique et peintre pris sur le fait dans ses vives ébauches. […] Il y a dans un tel mode de critique toute une création.
. — Critique dramatique. — Romans : le Capitaine Fracasse. […] Il ne fut appliqué qu’un peu plus tard à la critique du théâtre. […] que disons-nous, et quel critique peut se vanter de l’être ? […] Les poètes, lorsqu’on fait d’eux des critiques (car, on ne saurait se le dissimuler, la poésie de nos jours, c’est le luxe et l’ornement ; la critique, c’est le gagne-pain), les poètes ont une difficulté particulière à vaincre : ils ont un goût personnel très-prononcé. […] On lui a reproché comme critique, surtout vers la fin, une souveraine indulgence et indifférence.
Mais la critique est, d’après M. […] Le fait est fréquent parmi les critiques. […] Brunetière croit fermement à l’action de la critique. […] Les principes de la critique de M. […] Mais ceci est particulier à notre époque, à savoir : que les critiques eux-mêmes avaient cessé de croire à la critique.
Rien de moins philosophique que d’appliquer une demi-critique aux récits conçus en dehors de toute critique. […] Auguste Comte, ni la critique irréligieuse de M. […] La critique n’a guère été conçue jusqu’ici que comme une épreuve dissolvante, une analyse détruisant la vie ; d’un point de vue plus avancé on comprendra que la haute critique n’est possible qu’à la condition du jeu complet de la nature humaine et que, réciproquement, le haut amour et la grande admiration ne sont possibles qu’à la condition de la critique. […] Est-ce trop de critique qui a desséché les vaisseaux qui lui portaient la vie ? […] Descartes était un esprit absolu, tout à fait dépourvu de critique ; il a bien pu croire à plein au christianisme.
Ainsi point de conclusion ; nous aimons notre métier de critique et de portraitiste, nous le continuerons selon l’occasion et le moment, suivant que le cœur et la fantaisie nous le diront, et en tâchant de ménager de notre mieux les convenances diverses. […] Si donc quelques-uns de nos confrères les critiques croient trouver qu’il serait de meilleur goût à nous de leur laisser le champ libre désormais et de nous taire, nous continuerons (ne leur en déplaise, et qu’ils nous le pardonnent !) […] Il se trouve de la sorte que les poëtes, certains poëtes, et de ceux qui avaient le plus enlevé nos premières amours, peuvent sembler moins bien traités en définitive que des critiques, des historiens, des hommes que nous estimons et que nous admirons sans doute, mais dont tous pourtant ne sont pas à beaucoup près placés au même degré que les premiers dans notre évaluation des talents. […] la critique elle même tout entière peut-être, pour savoir rouvrir la source de quelques élégies adorées. […] Si critique et si rassis que nous devenions par le cours des choses, qu’il ne nous soit jamais interdit de nous écrier avec le poëte : Me juvat in prima coluisse Helicona juventa !
A coup sûr, la critique dramatique existait avant lui. […] La critique de Voltaire, c’est l’apologie du théâtre de Voltaire. La critique de Diderot, c’est le système de Diderot. Avec Grimm, la critique est surtout du reportage. […] Ceux qui affectent de traiter de haut la critique de M.
Les géomètres sont de très mauvais critiques, et les fous ne valent pas mieux. […] La critique vulgaire divise autrement la comédie. […] Voilà mon entrée en campagne, et le premier acte d’hostilité de ma critique. […] Pourquoi Legrand n’a-t-il pas gardé le sceptre qu’un tel critique lui avait rendu ? […] Le critique Aristophane.
Victor Giraud comme le seul critique de notre temps. […] Sa conquête essentielle, en critique et en histoire ? […] Le vrai critique, qui a la critique dans le sang, ne peut pas faire l’éloge d’un sot livre. […] L’esprit critique n’est pas une chimère. […] La critique s’exerce quasi sur les petits papiers.
Mais en dehors de cela, comme critique et journaliste, quand je le redeviens, je suis entraîné à m’inquiéter avant tout des intérêts du talent. […] Qu’est-il arrivé, au grand scandale de certains critiques de profession ? […] Et à propos des Fleurs du mal sur lesquelles l’austère critique me reproche étrangement d’avoir gardé le silence, vous savez, mon cher directeur, les raisons impérieuses qui (sans compter qu’Édouard Thierry en avait très bien parlé d’abord) nous interdisaient d’en raisonner. […] Feydeau, et je ne pense pas en cela me montrer un critique courtisan de la fortune (autre aménité qui m’a été dite et qui, de la part dont elle vient, a tout son prix à mes yeux et toute son honnêteté). […] Après la bourrasque de Daniel, le public, et même le public des critiques, qui n’est pas inflexible, reviendra.
Villemain et Cousin comme critiques littéraires, les deux plus éloquents critiques de ce temps-ci, et comme venant de rassembler leurs titres à cet égard aux yeux du public dans des œuvres corrigées et revues avec soin. […] Le propre des critiques en général, comme l’indique assez leur nom, est de juger, et au besoin de trancher, de décider. […] Depuis lors, les choses ont bien changé ; la critique est devenue plutôt historique et comme éclectique dans ses jugements. […] Cousin, et cela importe d’autant plus que, depuis quelque temps, ce puissant esprit a fait toute une révolution dans la critique. […] Le danger serait, si l’on y abondait sans réserve, de trop dispenser le critique de vues et d’idées, et surtout de talent.
la critique dramatique, pour Auguste Vacquerie, est ce qu’il y a de plus important dans la réflexion de l’humanité, comme le drame est ce qu’il y a de plus sublime dans son inspiration. […] Faire de la critique dramatique, c’est donc critiquer Dieu. […] Ainsi la critique, pour Auguste Vacquerie, est tout simplement de l’admiration, ce qui nous simplifie, nous autres, et probablement nous embarrassera quelquefois. […] Écoutons-le un peu, ce gracioso de la critique : « La tragédie est le jambage de l’art. […] Jusqu’ici, nous l’avons vu poète, critique, moraliste surtout.
As-tu inventé la moindre méthode en critique littéraire ? […] Le déclin du nom, du nom d’un pur critique surtout, suit rapidement le déchet de l’œuvre. […] Faguet est une autorité de la critique française. […] N’écris point de lettres aux critiques puissants et ne leur fais pas de visites. […] Faut-il donc ne faire ni esthétique ni critique ?
. — Critique dramatique. […] C’était le cas surtout pour les critiques d’art qui écrivaient sous la Restauration. […] Les critiques même, s’il en vient après quelqu’une, sont des plus légères. […] Cela s’appelle de nos jours de la critique. […] Cela dit, il est évident qu’il est un critique unique et sans pareil en son genre, le critique patient, imitatif et à toute épreuve, nullement irritable et sans colère.
. — retour de la critique aux chefs-d’œuvre du xviie siècle. […] — Depuis quelque temps, et surtout depuis les deux dernières années, il se fait dans la littérature française et dans la critique un mouvement curieux qui semble annoncer qu’on entre dans une phase et dans une vogue nouvelle. […] C'est en petit et avec plus de facilité le travail que les critiques et grammairiens d’Alexandrie exécutèrent sur les classiques grecs. […] La critique française entre décidément dans son époque alexandrine. […] Après tant d’essais fastueux plus ou moins avortés et tant de théories vaines, on conçoit que la littérature du xixe siècle suscite cette critique tout historique et positive.
» De ces changements divers dans la comédie et dans le drame, la critique aura grand soin de tenir compte et d’en signaler les effets. […] reprit-il, tu ne me comprends donc pas, malheureux critique ? […] Mais je ne vous en veux pas de votre sécheresse, ceci est la faute de la critique et non pas la vôtre, mon pauvre ami. […] Molière le savait mieux que personne ; et, tantôt, comme s’il eût rougi de s’être oublié un instant, écoutez-le poser les bases de la critique. […] » Et la manière de les raconter ; quelle admirable place il laisse en fin de compte, à la critique et à l’histoire !
Ce pourrait être de la critique très profonde, doublée de biographie très éclairée, mais pour qu’il en fût ainsi, il faudrait une indépendance d’esprit absolue, presque aussi rare que ce diamant bien, — l’originalité ! […] Jules Girard l’a bien senti, mais il ne pouvait pas, étant ce qu’il est et voulant ce qu’il a voulu, et obtenu aussi, nous donner l’essai ou l’étude de critique que, nous, nous attendons encore ! […] Je ne prétends pas que les explications données par la critique de M. […] Girard à la critique d’Athènes ? […] Certes, la Critique d’Athènes, si elle croyait dans la sublimité de toute faculté en Thucydide, comme M.
Cette critique est à la fois l’ouvrage de l’esprit & du goût, & celui d’un mouvement de vengeance contre les jésuites. […] Il en donna une critique sous le titre de Sentimens de Cléanthe sur les entretiens d’Ariste, &c. […] La critique fut jugée parfaite. […] Il fit ce qu’il put pour faire supprimer la critique, sans néanmoins vouloir compromettre sa réputation. […] Quelque inférieure qu’elle soit à la critique, Bouhours fut au comble de sa joie de se voir soutenu.
C’est donc, je le maintiens, indépendamment des résultats particuliers auxquels il a pu arriver dans son examen critique, c’est par nature un esprit religieux que M. […] Renan n’est pas seulement un critique, c’est un artiste : on ne saurait assez soigneusement démêler en lui cette association délicate ou ce mélange. […] Renan le rôle du critique, et qui nous attestent en même temps l’exquise et rare qualité de son esprit. […] C’est ainsi, j’imagine, que Platon aurait fait un essai de littérature critique religieuse, s’il était venu de nos jours. […] Le critique chez lui prépare les voies à l’artiste.
La vieille foi est impossible : reste donc la foi par la science, la foi critique. […] La critique est fine et délicate, subtile et ailée, sans être frivole. […] L’enthousiasme et la critique sont loin de s’exclure. […] Et c’est pour cela que le critique est peu fait pour le prosélytisme. […] Le critique voit trop bien les nuances pour être énergique dans l’action.
Je n’entends rien, selon lui, à la littérature, ni à la critique, ni au roman ; mes œuvres sont nulles et mes théories ridicules. […] La production est un art, la critique en est un autre. […] Critiques ou producteurs, nous écrivons tous pour proposer nos idées, nos convictions ou nos images. […] Nous relevons du public et de la critique, et ni M. X… ni moi ne sommes tout le public et toute la critique.
Ampère un personnage littéraire très-caractérisé, un maître très à part en critique, et, pour ainsi dire, une méthode en action. […] Ampère s’est classé dans l’opinion uniquement à titre de critique. […] Qu’est-ce, par exemple, que cet esprit de poésie appliqué en dessous à la critique, à l’histoire littéraire ? […] N’était-il qu’un Childe-Harold de la critique ? […] Ces religieux estimables ont la critique des textes, celle des dates et des noms ; mais la critique des idées ou du goût, ils ne s’en doutent que peu ou s’en abstiennent.
Le tribun breton fut très-sensible à l’abandon du critique normand, dont les premières hostilités éclatèrent, je crois, contre les Affaires de Rome. « Je l’ai rencontré depuis, disait-il, dans le quartier de l’Odéon, il a d’abord balbutié je ne sais quoi, puis, tout interloqué, il a baissé la tête. Sa critique n’est que du marivaudage. » Je pourrais répondre à M. […] Peyrat n’est donc pas la véritable ; mais un critique ne peut, sans s’abdiquer tout à fait lui-même, se prêter du jour au lendemain à des renversements de rôles tels que ceux dont La Mennais nous rendait témoins, et dont il ne lui aurait pas déplu de nous rendre complices. […] La vérité aussi, c’est que M. de La Mennais, avec ses jugements absolus, devait assez peu goûter ma forme de critique d’alors et même celle où, de tout temps, ma curiosité n’a cessé de se complaire. […] Quand je me séparai et que je me hasardai à le contredire (sans y mettre jamais de l’hostilité), il ne vit plus dans ma critique que du « marivaudage. » C’était encore, de sa part, de l’indulgence.
Amiel nous indique l’emplacement d’un grand critique européen. […] Tous trois peuvent être définis, littérairement, comme des esprits profondément critiques, que leur génie détourne de la critique extérieure, de la critique des œuvres, où il est prouvé qu’ils eussent pu être maîtres, et concentre, en dominateur exigeant, sur une critique d’eux-mêmes. […] La comparaison entre la peinture de Fromentin et le roman ou la poésie de Sainte-Beuve, entre la critique de Fromentin et la critique de Sainte-Beuve paraît s’imposer. […] Enfin il répugne à la technique, au métier de la critique. […] La critique est une pratique, et Amiel écrit : « La vie théorique a seule assez d’élasticité, d’immensité, de réparabilité ; la vie pratique me fait reculer. » Aussi la critique a-t-elle été stérilisée chez lui par l’hypercritique, la critique d’autrui par la critique de lui-même.
Cette filiation est reconnue par tous les critiques » — « Tous les critiques, réplique-t-on, cela veut dire un critique copié par un autre. » J’admire ce dédain, M. de Gourmont pense-t-il qu’une opinion soit moins bonne parce que des gens compétents la partagent, et qu’on a plus de chance d’avoir raison lorsqu’on n’est d’accord avec personne ? […] Il est toujours facile de contredire, et c’est vraiment abuser du paradoxe que de suspecter la sincérité d’un critique sous prétexte qu’il pense ce que pensent d’autres critiques. […] On leur pardonnerait ces boutades de mauvais goût, s’ils étaient bons critiques : le talent excuse tout ; mais il suffit de les lire pour voir qu’ils sont sans excuse. […] Voilà ce qu’on appelle « mettre à néant mes critiques ». […] Mais en voilà assez sur la critique de la Revue belge.
Paul Bourget est sans doute poète et romancier, mais est peut-être avant tout un critique — et non pas un critique qui juge et qui raconte, mais un critique qui comprend et qui sent, qui s’est particulièrement appliqué à se représenter des états d’âme, à les faire siens. […] Paul Bourget a imaginé un genre de critique presque nouveau. La critique devient, pour M. […] C’est comme qui dirait de la critique égotiste. […] C’est un beau scrupule de critique.
Mais la critique, demandera-t-on ? — La critique ? […] Janin se disait critique à toute force ; on voulait le prendre pour tel. […] En somme, la critique de M. […] En demander tant même aux critiques serait bien dur, quoique les critiques se fassent un jeu de l’exiger tous les jours des écrivains.
» L’autre critique ? […] le critique demeure le même ! […] Est-ce là de la critique ? […] puis un critique ? […] Les critiques, dit M.
Caro L’Idée de Dieu et ses nouveaux critiques. […] Or, ce Triumvirat de la philosophie et de la critique du quart d’heure, il faut bien aussi que moi, comme Caro, je le nomme par ses trois noms propres : c’est Renan, Taine et Vacherot. […] Il est bien évident que le spirituel critique des trois philosophes ses confrères, y voit très clair, malgré les yeux qu’il baisse devant leurs splendeurs ! […] On rend plus difficilement compte d’un livre de critique que d’un autre livre… C’est alors de la critique sur de la critique, une pulvérisation infinie ! Il faut une idée en soi, une construction appropriée à cette idée, une architecture, enfin, pour que la critique puisse se prendre vigoureusement à un livre.
Un critique, poète et romancier par surcroît, s’expose à être pris pour un quart de poète, un quart de romancier et une moitié de critique. […] Un critique italien, M. […] C’est l’incontestable droit du critique. […] Heureux ceux que la légende soustrait ainsi à la critique ! […] Pas plus l’une que l’autre, ces deux formules banales ne résistent à la critique.
Tous les critiques et tous les connaisseurs étaient d’accord. […] Un bon livre de critique est un traité sur les dangers de la boisson. […] Sur tous ces points, la critique sacristaine fraternise avec la critique doctrinaire. […] Ces deux critiques sœurs, la doctrinaire et la sacristaine, font des éducations. […] Il y a donc un art officiel, fils de la critique officielle.
Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs Quoiqu’il en soit de ces fautes que les critiques passez ont trouvées, et que les critiques à venir découvriront dans les écrits des anciens, elles n’en feront point abandonner la lecture. […] Ce ne furent point des critiques géometriques qui dégoûterent nos ayeux des poësies de Ronsard, et qui leur en firent abandonner la lecture, mais bien des poesies plus interessantes que celles de Ronsard. […] Lorsqu’il paroît des poësies meilleures que celles qui peuvent être déja entre les mains du public, il n’est pas necessaire que les critiques le viennent avertir de quitter le bon pour prendre le meilleur. […] Il fait le discernement et il juge des poëmes à l’aide du sentiment bien mieux que les critiques ne le peuvent faire avec leurs regles.
Le zèle de la vérité fut l’apport de l’aimable, du discret Fontenelle : la méthode critique fut l’apport du savant et solide Bayle. […] Ce procédé de critique fut peut-être le plus efficace et le plus fatal à l’Eglise : et ce furent les théologiens qui l’enseignèrent aux philosophes. […] Son Dictionnaire historique et critique est un amas d’observations faites sur les erreurs ou les omissions d’un dictionnaire, celui de Moréri. […] Ainsi des trois courants, scepticisme mondain, rationalisme scientifique, et critique érudite, se forma un courant unique, qui fut irrésistible. […] Brunetière, Études critiques, t.
Guizot que de placer à l’Institut le savant abbé, son critique, car M. […] Ce dut être quelque publication d’alors qui lui montra, comme un éclair, latente au fond de son esprit, sa vocation de critique historique, car il le devint, malgré sa position isolée, éloignée des villes, de toute source intellectuelle, de tout renseignement ; impuissant en tout ! […] Les hommes qu’il a surfaits tout en vannant leurs œuvres, n’ont pas, eux, vu la moquerie, mais ils ont pris l’admiration, et cela les a consolés de la critique. […] Cette critique, qui s’en prend aux textes et qui s’est faite aussi fine aussi déliée, aussi imperceptible à l’œil nu ou inattentif, que ce tas d’erreurs, qui, pour peu qu’on les voie, nous aveuglent bien souvent comme la poussière, cette critique aiguë, suraiguë, à mille coups d’aiguille qui percent et déchiquètent à force de percer, l’Histoire contemporaine n’en a soufflé mot. […] La Critique reste sur les ruines qu’elle fait, et c’est un bon endroit pour attendre.
C’est là une grande tentation et une périlleuse épreuve pour l’artiste qui se fait critique, s’il est artiste distingué mais incomplet. […] Je suis dans le vrai du faible et du travers de M. de Laprade critique, dans le plein de sa théorie favorite, en la dégageant des précautions de forme. […] La critique de Socrate a tué le vieux paganisme d’Aristophane ; la comédie d’Aristophane a tué Socrate. » Ce sont de pures phrases. […] Il n’appartient à la critique ni de la deviner, ni de l’interdire. […] Le volume de prose qu’il vient de publier n’indique pas qu’il y ait en lui l’étoffe d’un critique : tout au contraire.
C’est tout l’objet de la critique. […] La critique seule a fait cet ouvrage. […] Singulière critique ! […] Le théologien a ici égaré le critique. […] J’en pourrais dire autant de l’œuvre critique de M.
Je voudrais qu’on distinguât nettement l’histoire de la littérature de la critique proprement dite. […] Le critique, en jugeant les œuvres littéraires, a l’intention, avouée ou tacite, d’influer sur ses contemporains. […] Le critique s’occupe parfois des morts, mais toujours en vue des vivants. […] La critique est surtout un art ; l’histoire tend à être de plus en plus une science. […] Voir le développement de cette idée dans la préface de mon volume ; Les princes de la jeune critique, pp.
Voyons les raisons de nos critiques. […] — Critique stérile et critique féconde. — MM. […] C’est un critique en arrière, un critique sans initiative, un critique après coup, — et, malgré tout son talent, un critique stérile ! […] Paul Féval un travail critique. […] les bons et consciencieux critiques !
Nous le voyons en 1711 publier une Lettre critique sur la tragédie de Crébillon, Rhadamiste et Zénobie, qui était alors dans tout son succès. En juin 1715 il écrit une autre Lettre critique, qui fut insérée dans Le Mercure et qu’il adressait à Du Fresny sur sa comédie nouvelle, Le Lot supposé ou la coquette de village. […] C’était un poète d’humeur bizarre que Crébillon : il avait promis à Du Fresny, pour son Mercure, une critique, faite par lui, de sa propre tragédie, et il l’avait en effet commencée de bonne foi sans se ménager. […] L’abbé de Pons est donc un critique brave, et qui, au besoin, ose approuver tout haut et le premier ; il a, comme nous dirions aujourd’hui, le courage de son opinion et de ses admirations. Il ne croit point aux ouvrages parfaits, surtout au théâtre ; il lui suffit que les beautés rachètent libéralement les défauts : C’est, dit-il, l’équitable appréciation de ces beautés et de ces défauts qui est l’objet de la bonne critique.
C’est là un progrès auquel il faut prendre garde, et que la Critique, pour que la Spéculation n’en abuse pas, doit attentivement surveiller. […] Or, c’était cette page de critique souveraine, qui manque toujours sur La Bruyère, que nous attendions à la tête d’une nouvelle édition de ses œuvres. […] Quand, au xixe siècle, on réédite et l’on commente les Caractères de La Bruyère, après les gens de goût, cette race de lilliputiens littéraires, après Coste, Suard, Auger, madame de Genlis, il est exigé par la Critique du xixe siècle, cette Critique qui s’élève jusqu’aux idées par l’expression et jusqu’à l’homme par les idées, de creuser plus avant que des remarques grammaticales et des appréciations de Le Batteux. […] L’embryogénie littéraire est une des branches de la Critique, lorsque la Critique est profonde. […] , nous donnerons des explications et des éclaircissements… » Et, de fait, il en donne alors, mais encore, selon nous, d’une façon beaucoup trop rapide ; car, en n’appuyant pas sur cette partie de son sujet, il manque la critique et il manque l’histoire, et, comme dit l’expression pittoresque et vulgaire, il reste assis par terre entre deux selles, le commentateur !
Mais, sur toutes ces questions épuisées, il y a l’homme qui les remua, il y a la force du critique, la personnalité d’un esprit comme celui de Lessing et sa juste mesure. Il y a, enfin, la curiosité de savoir comment un critique dramatique, un peu plus solidement arc-bouté sur ses facultés et sur ses connaissances que les feuilletonistes d’à présent, troussait ses feuilletons en 1767 ! […] Lessing, toutes les fois qu’il y avait une représentation au théâtre de Hambourg, faisait son feuilleton comme nous faisons le nôtre maintenant, et hersait la pièce ; car je ne puis donner une idée de sa critique que par cette image. […] Comme les véritables critiques, il avait des idées générales qu’il écoutait un peu plus que ses sensations. […] « C’est — dit Henri Heine — le plus grand critique et surtout le plus grand polémiste qui ait jamais existé.
L’esprit critique est l’homme sobre, ou, si l’on veut, délicat ; il s’assure avant tout de la qualité. […] Quelque destructive que paraisse une critique, il faut la laisser faire, pourvu qu’elle soit réellement scientifique ; le salut n’est jamais en arrière. […] On se rappelle toujours avoir été critique, et on se prend parfois à rire, ne fût-ce que de ses adversaires. […] Conservez une bibliothèque, une école, un monument tant soit peu significatif, vous conservez la critique ou du moins le souvenir d’un âge critique. Or, je le répète, il n’y a qu’un moyen de guérir de la critique comme du scepticisme, c’est d’oublier radicalement tout son développement antérieur et de recommencer sur un autre pied.
Corneille et Molière avaient pour habitude de répondre en détail aux critiques que leurs ouvrages suscitaient, et ce n’est pas une chose peu curieuse aujourd’hui de voir ces géants du théâtre se débattre dans des avant-propos et des avis au lecteur sous l’inextricable réseau d’objections que la critique contemporaine ourdissait sans relâche autour d’eux. […] Il se taira, lui, devant la critique. […] La critique, à quelques rares exceptions près, a été en générale loyale et bienveillante pour lui. […] Il pourrait pousser le détail de ces explications beaucoup plus loin, et examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire ; et, après tout, les réponses qu’il pourrait faire aux objections de la critique, il aime mieux que le lecteur les trouve dans le drame, si elles y sont, que dans la préface.
Et qu’on ne dise pas que, si la critique avait un point de vue central, si elle jugeait en vertu d’un principe et d’une vérité absolus, elle s’épargnerait en grande partie la fatigue de ce mouvement, de ce déplacement forcé, et que, du haut de la colline où elle serait assise, pareille à un roi d’épopée ou au juge Minos, elle dénombrerait à l’aise et prononcerait avec une véritable unité ses oracles. […] D’estimables journaux et recueils, qui, comme le Semeur ou la Revue européenne, échappent, autant qu’ils le peuvent, à l’empirisme de la critique, n’y parviennent qu’en restreignant souvent par là même, beaucoup plus qu’il ne faudrait, le champ pratique de leur observation. […] Je n’oserais affirmer le contraire, et pourtant, du moment qu’on en veut juger en toute connaissance de cause, comme c’est la prétention de la critique, voilà l’interminable voyage qui recommence. […] La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens. De plus, en poursuivant l’image, en supposant le fleuve détourné, brisé, fatigué à travers les canaux, les usines, saigné à droite et à gauche, comme le Rhin dans les sables et la vase hollandaise, on retrouve la critique telle exactement que la font les besoins de chaque jour, dans sa marche sans cesse coupée et reprise.
La forme de la critique se ressent des difficultés dont j’ai eu à triompher : je débute le plus souvent par la louange, par la pleine louange tellement que la critique proprement dite semble parfois bien près de disparaître. […] Je me disais comme Pline le Jeune, lorsqu’il décrit et développe les mérites de tant d’illustres amis : « At hoc pravum malignumque est non admirari hominem admiratione dignissimum, quia videre, alloqui, audire, complecti, nec laudare tantum, verum etiam amare contingit. » Je me disais cela en commençant, et les circonstances extérieures se prêtaient elles-mêmes à cette vue et y inclinaient en quelque sorte la critique, afin que celle-ci pût remplir tout son rôle à ce moment. […] On peut par là marquer les deux temps de ma manière critique, si j’ose bien en parler ainsi : dans le premier, j’interprète, j’explique, je professe les poëtes devant le public, et suis tout occupé à les faire valoir. […] Pourtant il n’est pas si malaisé d’entendre ce qu’il n’a été permis que d’indiquer ; et même dans cette manière, que je nomme ma première, et qui a un faux air de panégyrique, la louange (prenez-y garde) n’est souvent que superficielle, la critique se retrouverait dessous, une critique à fleur d’eau : enfoncez tant soit peu, et déjà vous y touchez.
Egalement, ils sont doués du sens critique. […] Il contribue à de nombreuses revues, dont Comœdia, Le Carnet critique et Action dont il signe des notes critiques dans le n° 11. […] Revue d’histoire critique, n° 93, 2004, p. 117-128. […] André Billy (1882-1971), romancier et critique littéraire. […] La sixième partie du Miroir des lettres est consacrée à la critique.
… Aurait-il l’aperçu, l’aperçu qui est de rigueur en critique et en histoire, sous peine de tomber dans le gros ou dans le menu des faits ? […] La Critique s’exerce en vertu d’une théorie morale plus haute quelle. […] Tout le monde le pense, personne ne l’a dit ; mais la Critique est tenue de l’écrire. […] Son esprit, sans unité et sans métaphysique, était radicalement incapable de la moindre synthèse et de la moindre critique vue de haut. […] Voilà le critique dans Villemain, — qu’on pourrait appeler le Ménalque de la Critique !
Notre époque compte bien des formes de la critique littéraire, et M. […] Voilà pourquoi il est toujours très délicat à un critique qui a des procédés et des habitudes marquées de venir se prononcer sur la valeur absolue du procédé d’un autre critique, son contemporain et son confrère, si ce dernier a de son côté, une vue ferme, complexe mais arrêtée, et qui, s’appliquant à chaque point d’un vaste sujet, l’embrasse, le serre, le transpose même au besoin, et prétend à en tirer non seulement une impression et une image, mais une preuve et une conclusion. […] Il est des critiques qui disent : « Le vrai est ce qu’il peut », et qui prennent les choses et les gens comme ils les rencontrent. […] Critique, pourquoi n’avoir qu’un seul patron ? […] Même critique exquise et même délicatesse de goût, si ce n’est que les erreurs de Cicéron sur les choses de l’esprit viennent de sa faiblesse pour la rhétorique, et celles de Voltaire de sa faiblesse pour lui-même.
Aujourd’hui, je vais parler du moraliste et du critique, mais d’un moraliste et d’un critique dont on n’a plus actuellement la moindre idée, — car voilà le caractère du talent de M. […] cela seul, cette visée, fût-elle chimérique, d’élever la Critique assez haut pour qu’elle cesse d’être une irritation et, comme dit encore le mystique écrivain dans sa langue mystique, pour que l’œuvre du Désir et de la Justice conduise à la Paix, cette visée inattendue établit d’emblée une différence des plus tranchées, — une différence absolue entre l’auteur des Plateaux de la balance et les autres critiques et moralistes connus. […] Hello, qui voit tout à travers le sien, le chrétien enflammé du livre des Paroles de Dieu et qui, pour la première fois, dans la Critique, s’efforce d’introduire l’onction, l’apaisement et le ciel de sa mysticité. Et ne croyez pas que la sagacité de sa critique en soit diminuée ! […] Qu’elle soit humaine, sociale ou littéraire, la critique de M.
Augustin Thierry n’avait pas, il est vrai, ajouté à sa coupante critique la démonstration d’un grand exemple. […] alors la Critique qui, au désert, si elle l’y rencontrait, laisserait peut-être M. Martin tranquille, la Critique n’aurait vraiment d’autre moyen, pour l’empêcher de le planter sur la tête de la foule, que de lui prendre et de lui retourner son bonnet ! […] Les esprits sains comme les esprits d’élite l’ont bien senti et des Critiques se sont levés de partout autour de ce terrible M. […] Il en est un autre que je signalerai, c’est l’Étude critique de M.
… J’ai souvent cité un mot magnifique de Mme de Staël, et je l’ai répété parce que, selon moi, c’est le mot suprême de la Critique : « Quand on me conduirait à la mort, — disait-elle, — pendant le trajet , je crois que je jugerais mon bourreau. » Un auteur ennuyeux, n’est-ce pas un bourreau que la Critique juge ? […] Voilà le mot terrible et doux qui va planer sur cette critique que je vais risquer aujourd’hui de M. […] Féval pour lequel la Critique du temps fut sans grandeur. […] La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied, et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary… Et comment ne se détournerait-elle pas ? […] Féval, comme tout le monde, et qui n’est plus un mérite, pour que la Critique vienne à lui en attendant la gloire !
Avec les modernes, c’est tout différent ; et la critique, qui règle sa méthode sur les moyens, a ici d’autres devoirs. […] Être en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. Une très-large part appartiendra toujours à la critique de première lecture et de première vue, à la critique mondaine, aux formes démonstratives, académiques. […] Il est des genres modérés auxquels la vieillesse est surtout propre, les mémoires, les souvenirs, la critique, une poésie qui côtoie la prose ; si la vieillesse est sage, elle s’y tiendra. […] « La connaissance des esprits est le charme de la critique ; le maintien des bonnes règles n’en est que le métier et la dernière utilité. » Joubert.
Je me suis donc borné à parler de maint auteur ancien et moderne à tort et à travers, sans m’attaquer aux critiques mêmes de ma plus étroite connaissance. […] D’ailleurs, M. de Sacy ne s’est jamais donné comme un critique de profession, un critique complet, aspirant à tracer un tableau littéraire de son temps : il se borne à traduire avec feu et à nous livrer avec candeur une image de ses goûts intègres, de ses prédilections restées toutes sérieuses et probes. […] Mais il y a jusque dans sa solidité un certain montant qui était étranger à l’ancienne critique, et qui est bien du journaliste moderne. […] D’autres critiques brillent par l’invention, d’autres par l’érudition curieuse, d’autres par l’imprévu du tour ou le fini du détail : lui, il est surtout recommandable comme l’aimable et modeste Nicole, par les mœurs. […] On peut dire, en effet, de sa critique, en y appliquant une expression que Cicéron emploie pour l’éloquence, qu’elle a commencé à blanchir de bonne heure.
Un travail de critique qui date seulement de nos jours a été entrepris et est en voie d’exécution sur Bossuet. […] Le jeune abbé Vaillant essaye de cette critique moderne et d’après M. […] Lachat nous paraît toutefois s’exagérer un peu trop des critiques secondaires. […] Tout grammairien n’est pas un critique. […] Bossuet meurt en combattant en écrasant Richard Simon, c’est-à-dire en repoussant la critique exacte, consciencieuse, qui se présentait sous la forme théologique, et il se flatte d’avoir fermé la porte à l’ennemi : la critique élude la difficulté, elle tourne la position ; elle s’élance à la légère, à la française, à la zouave, sous forme persane et voltairienne, et elle couronne du premier jour les hauteurs du xviiie siècle.
Dans un excellent livre de critique (Les Idées en marche, p. 86), M. […] À la fin du siècle l’esprit critique l’a souvent emporté sur l’admiration qui peut-être est la seule originalité créatrice de l’homme : mais dans la critique de cette époque quelle poésie se recèle, quelle ferveur ! […] La critique est, généralement, comme dans le cas qui vous intéresse, tendancieuse. […] René Boylesve, que revient d’en avoir fait la critique avec infiniment de mesure et de finesse. […] Rappelé par Pierre Gilbert, La Forêt des cippes, essais critiques, t.
Rigault a été critique dans ces divers genres, mais, selon moi, inégalement. […] Il en est de l’analyse critique comme de l’analvse chimique : on est exact ou on ne l’est pas. […] Dans cet article de Rigault, le polémiste, (à mon égard) était spirituel et piquant, le critique est faible et à côté. Et, en général, c’est le polémiste en lui qui vaut mieux encore que le critique. […] Rigault, en abordant la critique, avait à respecter tout ce monde, tous ceux que, de près ou de loin, il saluait ses maîtres.
La critique surtout (hélas ! c’est le radeau après le navire), la critique, par épuration graduelle et contradiction commune des erreurs, tend à se reformer et à fournir un lieu naturel de rendez-vous. La critique est la seconde face et le second temps nécessaire de la plupart des esprits. […] N’en médisons pas trop, même quand elle brise l’art : on peut dire de ce dernier, même lorsqu’il est brisé en critique, que les morceaux en sont bons. […] Le premier caractère de cette critique serait précisément d’être revenue des programmes.
Non seulement il a su, quoique jeune, se garantir de la contagion des travers littéraires de notre siecle, mais encore il a eu le courage de se déclarer pour le bon goût ; & les différentes critiques qu’il a publiées, prouvent qu’il en connoît les principes, & qu’il est capable de les rappeler avec succès. […] D’ailleurs, l’exposition des beaux morceaux ne contribue pas moins aux progrès de l’Art, que la critique des endroits défectueux. […] Ces défauts doivent-ils empêcher de rendre justice aux vraies beautés qui y brillent souvent, & auxquelles le Critique semble n’avoir pas assez fait d’attention ? […] Ce sera toujours en vain qu’un Auteur médiocre prétendra se mettre à l’abri de la critique. […] Il eût donc été plus utile à ceux qui ont éprouvé la critique de M.
Le public ne critique pas de cette façon. […] Encore une critique. […] Le critique, même approuvé du public, qu’empêche-t-il ? […] Oui, la critique avait gravement failli ! […] Les mal-pensants insinuent que c’en est la critique.
Critique, qu’il me soit permis d’invoquer l’exemple du plus grand des critiques, Goethe, de celui de qui l’on peut dire qu’il n’est pas seulement la tradition, mais qu’il est toutes les traditions réunies : laquelle donc en lui, littérairement, domine ? […] Le professeur n’est pas le critique. Le critique, s’il fait ce qu’il doit (et où sont ces critiques-là aujourd’hui ?) […] La critique et l’érudition, guidés par l’esprit historique, se sont livrés depuis quelques années à un grand travail qui a son prix, et dont je me garderai bien de diminuer l’importance et l’utilité incontestable. […] [NdA] Je choisis, entre mes leçons à l’École normale où j’ai eu l’honneur d’être maître de conférences pendant quatre années (1857-1861), celle dont le sujet est le plus général, et qui est la plus propre, en effet, à montrer comment j’entendais mon devoir de professeur, très distinct du rôle de critique ; le critique s’inquiétant avant tout, comme je l’ai dit, de chercher le nouveau et de découvrir le talent, le professeur de maintenir la tradition et de conserver le goût.
Cela me fait juger, monsieur, qu’un Dictionnaire historique et critique que vous voudriez faire serait l’ouvrage le plus curieux qui se pût voir. […] Que de soins et de bonheur, en effet, il faut au critique même le plus attentif pour ne pas être dupe quelquefois des livres et des imprimés ! […] Bayle qui, le premier, a rendu dans notre langue les livres d’érudition agréables et la critique lisible. […] Cela me fera peut-être lire des endroits que je n’ai jamais lus. » Voilà l’effet ordinaire des critiques contre Bayle et des critiques aussi contre Voltaire : elles vous renvoient à l’auteur critiqué, et vous voilà débauché par lui de plus belle. […] L’intelligence du critique y gagnera.
Beyle deux personnes distinctes, le critique et le romancier ; le romancier n’est venu que plus tard et à la suite du critique : celui-ci a commencé dès 1814. […] Ce génie, qu’il n’appartenait point à la critique de créer, a manqué à l’appel ; des talents se sont présentés en second ordre et ont marché assez au hasard. […] Ce qu’il a fait en musique pour la cause de Mozart, de Cimarosa, de Rossini, contre les Paër, les Berton et les maîtres jurés de la critique musicale d’alors, il l’a fait en littérature contre les Dussault, les Duvicquet, les Auger, les critiques de l’ancien Journal des débats, de l’ancien Constitutionnel, et les oracles de l’ancienne Académie. […] C’est qu’à tel jeu la recette de la critique ne suffit pas, et il n’est que le génie qui trouve son art. […] Il nous a tous sollicités, enfin, de sortir du cercle académique et trop étroitement français, et de nous mettre plus ou moins au fait du dehors ; il a été un critique, non pour le public, mais pour les artistes, mais pour les critiques eux-mêmes : Cosaque encore une fois, Cosaque qui pique en courant avec sa lance, mais Cosaque ami et auxiliaire, dans son rôle de critique, voilà Beyle.
A vrai dire, si j’oublie tout ce que la critique a fait de raisonnements et de théories à ce sujet, si je me laisse tout simplement aller à l’impression de ma lecture, je n’aperçois rien de si mystérieux ni de si profond. […] G. de Lavigne, qu’il me permette de le lui dire, s’est trompé dans le plaidoyer qu’il a joint à sa traduction estimable ; il a trop présumé de l’effort de sa docte critique après deux siècles et demi de possession. […] Que serait la critique si elle ne raisonnait pas ? […] « Démontrer que Gœthe s’est inspiré de Cervantes serait déjà un sujet de critique assez piquant, mais c’est une raison plus forte qui me pousse à insister sur la filiation des deux caractères. […] Certes je suis trop critique pour nier les droits de la critique.
. — La critique après l’art. — Singuliers débuts de Jomini […] La raison, après tout, en est simple : la haute critique, en quelque genre que ce soit, ne précède pas les chefs-d’œuvre de l’art ; elle les suit. […] Et avant tout, il faut bien se rendre compte de l’état de la science critique militaire en France pour apprécier ce qu’il y introduisit de tout à fait neuf, et qui mérita de faire événement. […] La critique de détail, chez lui, paraît donc des plus avancées ; mais, malgré tout, la science proprement dite était comme dans l’enfance au commencement du xviiie siècle. […] Ce Traité n’est, à le bien prendre, qu’une histoire critique et un examen des campagnes de Frédéric ; les principes s’y déduisent chemin faisant à l’occasion des faits.
Critique : M. […] Depuis que Taine a disparu, les maîtres de la critique n’ont été et n’ont voulu être que des littérateurs, limitant leur activité pour la rendre plus efficace. […] Venant après Taine, il a ouvert et rempli un chapitre nouveau de l’histoire de la critique. […] La résistance aussi a son critique : et un terrible critique, M. […] (Évol. de la critique) ; les Époques du théâtre français ; l’Évolution de la poésie lyrique, Hachette, 8 vol. in-18.
On remarquait malignement que Larroumet avait beaucoup cité les critiques vivants, des journalistes souvent sans autorité ni mérite littéraires. […] La critique doit assortir jusqu’au format de son livre à la couleur esthétique de son auteur. […] Et ce qui, dans le Marivaux, disparaissait un peu par l’effort critique et sous, l’amoncellement des matériaux, se dégageait ici avec puissance : la couleur et le mouvement de la vie. […] Mais, en lui, la prudence critique s’affermit par le sens aigu de la vie, par la connaissance désabusée et sans amertume de l’humanité, par la disposition avisée à ne voir la nature ni en noir ni en bleu. […] Brunetière ; mais son ambition n’était pas là, et, eût-il écrit vingt volumes de plus, il n’eût pas ajouté un système aux systèmes de la critique constructive.
Je ne mets ici en ligne de compte que le sentiment des critiques, car on doit compter pour rien les analyses et les discussions en une matiere qui ne doit pas être décidée par voïe de raisonnement. […] Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes. On feroit en deux lignes le catalogue de ces critiques, et des volumes entiers suffiroient à peine pour faire le catalogue des critiques du goût opposé. […] Juger d’un poëme sur la traduction et sur les critiques, c’est donc juger d’une chose destinée à tomber sous un sens sans la connoître par ce sens-là. […] On diroit au critique d’aller voir le tableau, et l’on s’en tiendroit au rapport uniforme de tous ceux qui l’ont vû et qui assurent qu’il les a charmez malgré ses défauts.
ou l’histoire de ce Visionnaire prodigieux, né en pleine époque rationaliste et rationaliste lui-même, quoique visionnaire, cette histoire, difficile à écrire et plus difficile à comprendre, soulève-t-elle trop de questions pour que la Critique, ce feu follet du feuilleton, s’attache à ces questions et les éclaire de son phosphore de passage ? […] Mais on a trop abusé, en Critique, de ce galimatias facile. […] Balzac, qui était tellement créateur que son génie de créateur a fait souvent tort à ses hautes aptitudes d’historien et de critique quand il toucha à la Critique ou à l’Histoire, Balzac nous avait inventé un Swedenborg comme il nous inventa plus tard un Stendhal, — non pas un Stendhal du Rouge et Noir, qui s’était fait tout seul et très bien, mais un Stendhal de la Chartreuse de Parme, auquel beaucoup de nous ont été pris. […] Mais lui, l’historien et le critique (et j’ai dit déjà combien je lui trouve de qualités comme historien et comme critique), lui dont la grande mémoire n’a oublié personne parmi les plus obscurs, les plus imperceptibles de ceux-là qui ont parlé en quelque manière que ce soit de Swedenborg, pourquoi donc a-t-il oublié Balzac ? […] Swedenborg va dans les cieux s’entretenir avec qui il vent. » Malgré l’impassibilité du critique et de l’historien, la faculté d’itinération de Swedenborg finit par arracher à M.
Vauvenargues critique. […] Pourquoi Boileau est-il un critique de premier ordre ? […] Critique n’est peut-être pas le mot juste ; spéculatif littéraire conviendrait mieux. […] Sa critique est toute de sentiment. […] Le critique supérieur est celui que touchent les unes comme les autres.
Taine est ici un très fin critique de métier. […] sa critique ressemble à son œuvre artiste. […] C’est ce qui nous oblige à distinguer dans Sainte-Beuve deux sortes de critiques : sa critique relative aux producteurs de son temps, et sa critique relative aux auteurs passés. […] L’artiste de talent est peut-être l’idéal du vrai critique. […] La critique n’ose, éclaircir l’énigme ; la vérité lui fait peur.
Au contraire de la Critique de la raison pure, les œuvres de M. […] Il est généralement écrit par des esprits doués pour la critique qui transportent leur don critique dans le roman parce qu’ils jugent plus agréable de faire du roman. […] Ne parlons pas de l’éloquence ni des grands genres spéculatifs ou critiques. […] La décadence de la critique suivrait probablement celle du plaisir. […] Il n’en va pas de même du romancier, ni surtout du critique.
Et d’abord quel contingent apportaient eux-mêmes les autres collaborateurs et les fondateurs de ce recueil critique ? […] Aucun critique, dans cette ligne, ne put se vanter d’être plus conséquent avec lui-même. […] Dans ce genre de critique pratique et contemporaine, M. […] Le premier il a introduit dans ces matières d’apparence ingrate le sentiment du goût et une critique déliée, avisée, exacte et légère. […] La critique n’a rien à faire avec ces secrets mobiles et ces déterminations suprêmes des mourants.
Henry Ghéon, Critique des livres. […] — Revue Critique. […] Retté, Aspects, critique, La Plume, in-18, 1897. — L. […] Silvestre : Critique littéraire, Journal, 16 novembre 1896 […] 1902. — Prétextes (critique), id.
Que doit donc faire le critique ? […] Le critique ignorant n’en doute jamais. […] Mais autant que le critique supérieur est au-dessus du critique subalterne, autant celui-ci l’emporte sur le critique ignorant. […] nous avons prévenu cette critique. […] Que penseroit-on d’un critique qui, pour donner une idée du S.
voilà l’argument de la critique. […] Le pis est que la critique se fâche. […] Aucune mesure, ni dans les éloges, ni dans la critique. […] Voilà qui est d’un critique de haut vol. […] Tout mon terrain de critique est là.
En un mot, dans ces volumes de critique qu’on multiplie de nos jours, je goûte certes le talent et ce qui donne la mesure d’un esprit, mais j’aime surtout l’information, l’accident, le détail et la circonstance, ce qui en restera de piquant et d’imprévu pour ceux qui les liront plus tard. […] Et c’est ainsi que la critique littéraire se rajeunit et se renouvelle par l’accession de ces esprits français qui se sont retrempés à d’autres sources et qui, au retour, naturalisent chez nous le goût des beautés neuves et des comparaisons éclairées. […] Le critique s’est montré tout à fait absolutiste dans son jugement sur lui : envers cet homme d’une forte et amère ironie, la plus amère peut-être dont un esprit humain se soit montré capable, il a tenu à être violent aussi et sans rien qui adoucisse ou qui tempère. […] Le critique s’est livré à toute son antipathie ; il avait besoin d’un monstre, d’un grotesque dans un coin de son tableau comme le Véronèse avait besoin d’un nègre dans ses Noces, et Swift lui en a servi. […] Le critique, cette, fois trop artiste et de parti pris, n’a pas daigné entrer pas à pas dans l’œuvre et dans l’existence de ce grand et triste esprit, l’un des plus pénétrants qui aient jamais été.
Rossignol, qui se pose cette question et plusieurs autres encore, est ainsi amené de point en point à douter de l’authenticité du discours attribué à l’Empereur, et, rassemblant tous les indices qu’une critique sagace lui fournit, il n’hésite pas à conclure que c’est Eusèbe lui-même qui l’a fabriqué. […] Les anciens grammairiens avaient déjà fait en partie ces remarques, et l’illustre critique Valckenaer les avait confirmées. […] Rossignol nous a rappelé un critique bien délicat aussi d’oreille et de goût, feu M. […] Il serait curieux de suivre en détail avec le critique cette traduction habilement infidèle et toute calculée, dans laquelle l’églogue païenne de Virgile est devenue un poëme chrétien, et qui transforme définitivement le dieu épiphane de la Sibylle en la personne même du Rédempteur. […] J’ai oublié de dire que le volume est dédié à M. le comte Arthur Beugnot ; il y a des noms qui portent avec eux des garanties de bon esprit, de critique exacte et saine, exempte de toute déclamation.
Vous vous donnez le plaisir facile et puéril (en soulignant naïvement les phrases flatteuses) de dresser une liste des contradictions de la critique touchant Frédégonde. […] On n’a peut-être jamais vu de pièce sur laquelle les critiques ne se soient contredits entre eux, même quand d’aventure tous en faisaient l’éloge. — Vous nous appelez tous en bloc, fort poliment, les « maîtres de la critique. » Cela en ferait beaucoup. […] J’ai donc beau faire, je ne puis deviner à quoi sert, à quoi tend votre tableau synoptique des contradictions de la critique à votre endroit. […] Mais tout cela ne fera pas ni que j’aie outrepassé mon droit de critique, ni que Frédégonde soit autre qu’elle n’est, ni qu’elle me paraisse autre qu’elle ne me paraît. […] Je suis comme vous : je n’ai presque jamais trouvé que la critique comprît entièrement mes pièces, ni même qu’elle les racontât comme elles étaient, ni qu’elle leur fût pleinement équitable.
Avouez que ceci mérite une tout autre critique que des râclures de Manzoni ! […] On le sait, j’ai toujours regardé Philarète Chasles et Sainte-Beuve plutôt comme des fragments de critiques que comme des critiques complets. Ils ont tous les deux des qualités critiques, mais l’un et l’autre manquent de ces principes qui sont la force du critique et son autorité. […] Mais le critique humouristique et esthétique qui se fit un nom de critique si charmant à porter, il faut l’appeler maintenant le ci-devant Philarète Chasles ! […] Les Critiques ou les Juges jugés (Les Œuvres et les Hommes, t.
Parmi les écrivains et critiques du jour les plus faits pour rendre courage aux amis un peu timides de l’antiquité et pour contre-balancer leurs craintes, je distingue M. […] Il n’est aucun critique français aussi bien informé de l’état des questions que M. […] Les curieux et ceux qui aiment à vérifier les trouveront dans le volume intitulé : Thèses de Critique, et Poésies, par M. […] Essais de Critique et d’Histoire, par M. […] Matthew Arnold, précédemment cité dans le courant de cet article, est le fils du célèbre docteur, et s’est placé lui-même au premier rang parmi les critiques littéraires de son pays.
Le siècle où la critique est le plus avancée n’est nullement le plus apte à réaliser le beau. L’Allemagne est le seul pays où la littérature se laisse influencer par les théories préconçues de la critique. […] La critique ne sait pas assimiler. […] Ils savaient moins exactement que nous, et ils avaient moins de critique ; ces éléments qu’ils mêlaient, ils ne savaient d’où ils venaient. […] La critique, au contraire, ne sait pas digérer ; les morceaux restent entiers ; on voit trop bien les différences.
— Un homme d’esprit classique, mais qui l’est véritablement, et comme on l’était dans l’ancienne littérature, ayant lu la tragédie de Lucrèce, m’en faisait hier de grandes critiques ; il s’étonnait qu’on eût fait à cette pièce la réputation d’être classique comme on l’entendait de son temps ; il m’en citait des vers étranges selon lui, et d’autres qui sentent leur latinisme comme si l’auteur fût resté à moitié chemin en traduisant. […] A toutes ces critiques je répondais peu ; il y avait du vrai dans ces objections ; ce que j’aurais pu surtout répondre à l’avantage de ce classique moderne, de ce néoclassique opposé à l’ancien classique tout francisé et plus effacé, je ne l’osais trop par condescendance, et parce qu’il aurait fallu dire qu’il y avait là derrière un nouveau Malherbe nommé André Chénier. […] L'ensemble de ces jugements anecdotiques recueillis serait peut-être la meilleure critique de toute œuvre qui a réussi : presque toute l’habileté du critique en titre consiste à savoir bien aller au scrutin secret, à savoir bien dépouiller ce scrutin. […] C'est moi qui ajoute ce vers irrévérent. — Le critique anonyme adresse à M.
Voici une de ces remarques qui porte sur l’ensemble de mon œuvre critique : « J’ai beaucoup écrit, on écrira sur moi, on fera ma biographie, et les critiques chercheront à se rendre compte de mes ouvrages fort différents ; je veux leur épargner une partie de la peine et leur abréger la besogne, en expliquant ma vie littéraire telle que je l’ai entendue et pratiquée. J’ai mené assez volontiers ma vie littéraire avec ensemble et activité, selon le terrain et l’heure, avec tactique en un mot, comme on fait pour la guerre, et je la divise en campagnes. — Je ne parle ici que de ma critique. […] En 1829, je fais ma campagne critique à la Revue de Paris ; toute romantique également. En 1831, et pendant près de dix-sept ans, je fais ma critique de Revue des Deux Mondes, une longue campagne, avec de la polémique de temps en temps et beaucoup de portraits analytiques et descriptifs ; — une guerre savante, manœuvrière, mais un peu neutre, encore plus défensive et conservatrice qu’agressive. […] Cette longue suite d’opérations critiques est coupée par mon expédition de Lausanne en 1837-1838, où je fais Port-Royal et le bâtis entièrement, sauf à ne le publier qu’avec lenteur.
C’est un fatras d’histoire & de mythologie, compilé par un homme sans goût, sans esprit, sans critique. […] Ce n’est pas que l’auteur ne se fût donné beaucoup de peine pour compiler tout ce qui pouvoit avoir rapport à son but ; mais il manquoit d’ordre & de critique. […] On peut y placer encore le Dictionnaire historique, ou Mémoires littéraires & critiques de Prosper Marchand, publié en 1758. […] On donna un Dictionnaire historique littéraire & critique, en six gros vol. […] M. de Bonnegarde a publié cette même année, 1771., un Dictionnaire critique, ou recherches sur la vie & les opinions de plusieurs hommes célébres, tirées des Dictionnaires de M.
Ses articles de critique littéraire recueillis et publiés par M. […] Nous autres critiques, qui le sommes le plus souvent par pis aller et parce que nous n’avons pas su faire autre chose, nous ne nous doutons pas de tout ce qu’exige de soins et de préparation le métier de critique, entendu ainsi en son sens exact et primitif. […] « Le champ de la critique est toujours ouvert », disait Boissonade. […] L’illustre critique Wolf avait institué le débat sur l’existence d’Homère et sur la formation des poèmes qui portent son nom ; M. […] M. de Feletz, esprit critique dans son genre et qui ne pouvait supporter en silence ce qui lui paraissait faux ou exagéré, me dit : « Vous l’appelez savant, c’est bien ; mais pourquoi vénérable ?
II Mais la Critique l’avertira. […] On accuse la Critique d’être injuste, et on est plus injuste qu’elle. La Critique (qu’on ne s’y trompe point !) […] Or, pour juger cette inspiration, ne faut-il pas que la Critique ait un terme de comparaison et de jugement, et qu’elle indique une inspiration supérieure, si, dans ses convictions à elle, il y a une inspiration supérieure ? […] Il n’y a donc pas moyen pour la Critique de se cantonner, comme on semble l’exiger, dans l’inspiration même du poète, et de le juger dans l’isolement abstrait de cette inspiration.
Telle est également l’opinion des critiques ou des érudits. […] Mais c’est la méthode surtout qui a changé, et avec la méthode, c’est l’objet de la critique. […] Car la critique, une certaine critique, académique et universitaire, — Sainte-Beuve en tête, et derrière lui J. […] Brunetière, Questions de critique, 1887 ; et L’Évolution de la poésie lyrique, t. […] Enfin son œuvre de critique d’art.
Fréron, successeur et héritier de l’abbé Desfontaines, peut-il être dit de la bonne et droite lignée, et l’un de ceux qui ont institué chez nous la critique littéraire judicieuse et intègre ? […] En réduisant autant qu’on le voudra la gravité de cette remarque, il s’ensuit toujours que sa critique baisse d’un cran ; la dignité des lettres ne brillait ni dans ses écrits ni dans sa personne. […] Qu’on allègue tant qu’on le voudra ses convictions : il fut mal avec les meilleurs de son siècle, il se prononça contre les hommes qui avaient le plus de distinction et de mérite en son temps, et s’acquit leur mésestime : c’est toujours une mauvaise marque pour un critique. […] C’est encore dans Voltaire qu’il faut chercher la vraie et vive critique littéraire de ce temps-là ; c’est dans Grimm, c’est dans La Harpe lui-même. […] La Harpe a eu bien des querelles fâcheuses, il a eu des ridicules : il n’a pas fait de choses basses ; il est honnête, il est respectable, et le petit homme, quand il a parlé de ce qu’il savait, a été un maître. — Notre lignée, à nous critiques français, c’est Bayle, Despréaux ; au besoin j’y mettrais cent fois La Harpe plutôt que Fréron : celui-ci jamais.
Poésies d’André Chénier Édition critique Lundi 20 octobre 1862 Par M. […] L’André Chénier et le Malherbe, dans leurs deux éditions critiques, paraissent à la fois : les deux chefs d’école ont les mêmes honneurs. […] Il dira, en parlant de l’illustre critique hollandais : « le grand Valckenaer », mais en même temps il applaudira le grand Mirabeau ; il palpite pour la liberté qu’il ne sépare point, une fois gagnée et reconquise, de l’ordre et du respect pour les lois. […] Laissons cette littérature d’aigreur et de parti, ces fausses allusions qui se glissent partout, aux critiques que mord une idée fixe. […] Par exemple, la critique de cette expression du poëte « une blanche aux yeux noirs. » Pour moi, je ne vois pas en quoi pèche l’expression, ni par où elle serait moins admissible qu’une brune aux yeux bleus, qui est très-reçue.
La critique, pendant tout ce temps-là (je parle de la critique qui compte) ; faisait son office avec zèle et courage ; elle s’attachait à réfuter les sottes querelles des adversaires, à démontrer qu’il y avait quelque chose de possible en dehors de l’ancien système, que le siècle devait avoir son drame à la scène comme il l’avait eu dans l’histoire. Je ne puis mieux comparer la critique d’alors qu’à ces ingénieurs et à ces officiers du génie qu’on envoie d’avance pour frayer le chemin, établir une chaussée à une armée qui les suit et qui fait une halte forcée. Les ingénieurs étaient donc à l’œuvre ; on essayait de tracer à la moderne bande des novateurs dramatiques une route qui tournât les temples de Racine et de Corneille et qui n’en fût pas écrasée ; car les vieux critiques, logés dans ces temples, en faisaient des espèces de forteresses d’où ils tiraient sur les nouveaux venus et croyaient leur barrer le passage. […] Il arriva même, je pense, que pour élargir un peu cette route disputée, il y eut quelques jeunes critiques plus osés qui n’hésitèrent pas à faire sauter (surtout du côté de Racine) quelque portion du marbre sacré, quelque coin des degrés de ces temples augustes.
A la vérité l’ouvrage est en général plus critique que démonstratif. […] Cousin, dans sa critique de Locke, dans sa critique de Kant, dans les arguments de Platon, dans ses fragments, a prouvé que l’intérêt scientifique l’a préoccupé au moins autant que l’intérêt pratique. […] Je concevrais aisément une critique qui, accordant ce qu’il y a de vrai dans ces théories, essayerait d’aller plus loin, de voir plus clair, de préciser davantage, en un mot une critique qui aurait pour but de marcher en avant et non de rétrograder. […] Les Essais de philosophie critique de M. Vacherot contiennent une critique profonde et étendue des idées de M.
Le critique se figurerait peut-être qu’on lui donne gain de cause, si on ne le réfutait pas : et puis l’appareil scientifique qu’il affecte pourrait faire illusion à quelques-uns. […] Tous les critiques français jusqu’ici, ceux même qui ne sont pas des critiques de parti (c’est sous ce dernier titre que M. […] Et c’est là le critique qui accusera tout à l’heure Chénier d’un peu de pédanterie ! […] Cette fois, c’est un soufflet à Properce que le critique imprudent a donné, et ce n’est pas notre faute si Chénier d’avance l’a rendu. […] » Les critiques difficultueux peuvent se demander si, en procédant ainsi, en se livrant à ces délices de poésie qui d’ordinaire suivent les grands siècles, il se montrait rigoureusement fidèle à l’esprit de ces grands siècles eux-mêmes.
La critique de Boileau (Fin). […] Par là encore, sa critique est adéquate à l’inspiration des grands écrivains. […] Je n’ai pas à raconter ici la querelle des anciens et des modernes : on en trouvera le détail dans l’ouvrage bien connu de Rigault, comme l’Histoire de la Critique de M. […] Singulière idée, d’abord, quand on veut se faire lire des femmes, d’aller donner pour titre à son ouvrage : Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin ! […] On loue Boileau, pour les Satires, d’avoir substitué la critique judicieuse des œuvres à la diffamation aigre des personnes.
A mesure que les faits s’amassaient et se discernaient sous l’œil de la critique, les couleurs dont ils se teignaient et à travers lesquelles on les envisageait n’ont pas laissé de subir des influences presque contraires. […] Depuis ce jour les critiques ingénieux et fins, ou même éloquents, n’ont pas manqué qui, par leurs écrits ou du haut des chaires, ont maintenu en honneur et divulgué de plus en plus l’esprit véritable de l’antiquité. […] Rappelons toutefois que si, pour certains aspects de Sophocle et d’Eschyle, nous avons été redevables au critique allemand, nous avions pris de nous-mêmes les devants pour ce qui regarde Homère : la méthode simple de le comprendre et de le traduire était déjà trouvée ; elle l’était, je le répète, par Fénelon et par M. […] Entre tant de richesses étrangères et modernes dont on est tour à tour tenté et séduit, elle seule donne au critique la vraie loi du goût, à l’écrivain les vrais secrets du style, les procédés sûrs et sévères qui servent de garantie à l’innovation même et à l’audace. […] Les Anciens, qui, si dénués de critique qu’on veuille les faire, comptaient pourtant parmi les éditeurs d’Homère les Aristote et les Aristarque, n’ont jamais attribué à la Commission de Pisistrate d’autre honneur que celui d’avoir rassemblé les membres du grand poëte dispersé.
L’insistance de la critique est toujours flatteuse. […] C’est que la besogne est rude, et il n’est pas bien commode à un critique de railler le travail, quand tous les grands écrivains l’ont pris au sérieux. […] Ne pouvant nier les ratures, notre critique les suspecte. […] Cette « illusion naturelle à un esprit nourri de rhétorique », notre critique avoue, d’ailleurs, « qu’il la partage jusqu’à un certain point ». […] Ce critique s’indigne que l’on discute Stendhal, mais il ne trouve pas mauvais que l’on critique Racine.
Le programme du baccalauréat ès lettres comprend une composition française sur un sujet de critique, de morale ou d’histoire. […] Déjà, peut-être, il glisse à d’hospitalières revues de jeunes quelque nouvelle brutale, quelque poème en prose ; il songe à un petit acte « pour Lugné », et à un bouquin contre la critique. […] On constaterait, en, second lieu, que, au même titre que l’économie politique ou la psychologie, l’histoire et la critique sont des sciences, posant les faits et cherchant les lois des manifestations réelles ou fictives de l’activité des hommes. […] Sous prétexte de littérature indépendante et de dédain des genres tout classés, on composera les mixtures troubles, roman scientifique, drame philosophique, critique anecdotique, histoire artistique. […] On méconnut que le critique doit faire effort et œuvre de science, sous peine de rester un amuseur plus ou moins spirituel.
Et par contre et encontre les antiromanciers, les critiques veulent que ce soit la critique, comme telle, qui soit, elle-même, en son essence, claire. […] Et les critiques voudraient n’avoir qu’à être des critiques pour être clairs. […] Il faut, en outre, être des critiques clairs. […] Et il ne suffit pas de s’habiller en critique pour être clair. […] Par contre rien n’est plus profond qu’une analyse et une critique platonicienne, rien n’est plus profond qu’une analyse et une critique de Pascal.
Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme [Le Pays, 24 octobre 1860.] […] En France, vous trouvez, pour peu que vous soyez étranger, aussi facilement des critiques que des commissionnaires pour porter vos paquets. […] … Pour mon compte, je n’en parlerais pas, je n’aurais jamais songé à en parler, s’il n’était pas d’obligation, pour toute critique qui se sent, de réagir contre les importances ridicules faites à des livres qui, véritablement, n’en ont pas. […] Et, en effet, prenez la critique de M. […] Caro, qui ne fait point préface, qui se hâte moins dans l’expression de ses sympathies, et qui même se permet une pointe de critique contre l’idéalisme crépusculaire du docteur allemand, l’usage des anecdotes qu’il lui emprunte est moins frappant et visible que celui de M.
mais rusé comme un maquignon quoique poète et qui essaierait de blesser à vif la Critique pour l’intéresser à parler de lui, — fût-ce en mal, — ou bien donc une vanité truculente, comme celles des Scudéry et des Cyrano de Bergerac, ces fameux Gascons littéraires. […] De poésie forte et dans un autre accent, nous n’avons vu surgir, et bien récemment encore, que le livre qui a monté tout à coup dans la renommée comme un faucon décapuchonné, écrit par cette femme étrange, par ce sphinx de génie terrible qui a proposé l’énigme de son sexe à la Critique, presque épouvantée de tant de virilité… Gustave Rousselot vient après madame Ackermann. […] Les deux seuls ouvrages, en résumé, qui, dans l’ordre poétique, méritent de tirer la Critique de son abîme d’indifférence réfléchie, et d’être mis par elle l’un à côté de l’autre, comme on y mettrait deux cariatides de marbre ou d’airain différents. […] C’est un incorrect, — comme Alfred de Musset, qui avait aussi des rayures dans son marbre, et à qui la Critique, avec juste raison, l’a tant reproché. […] La Critique, qu’il brave, et qui voudrait le voir sorti de ce fatras d’idées fausses dans lesquelles il galvaude un bel enthousiasme, peut lui dire avec mansuétude : Vous seriez un fameux Jocrisse si vous n’étiez pas un poète.
I Je voudrais pouvoir tenir droite et ferme la plume avec laquelle je vais écrire et faire simplement ici de la critique littéraire sur les œuvres et le talent d’un homme le plus digne d’inspirer la Critique et de s’en faire respecter. […] La Critique de son temps n’a pas toujours été pour lui ce qu’elle aurait dû être, et les raisons de cette injustice, je les dirai. […] Dans ce temps-là, Sainte-Beuve, cette femme de lettres qui passe encore pour un homme aux yeux de cette génération d’eunuques, Sainte-Beuve n’était pas dans l’opinion seulement un critique, mais la Critique elle-même. […] Et les lâches moutons de Panurge de la Critique imitèrent tous le silence du bouc qui menait leur troupeau. […] Croyez-vous qu’il en voulût à la Critique de son temps d’une si choquante injustice ?
En nous tenant surtout ici au critique et à l’historien, nous avons à toucher plus d’un point délicat et compliqué, assez lointain déjà pour qu’il y ait plaisir et profit à y revenir. […] Impartialité, ce fut de bonne heure sa devise, son inspiration originale en critique, comme par la suite en histoire. […] Le caractère de ce premier écrit de M. de Barante a donc été d’introduire une vue moderne dans la critique. […] Littérairement, on trouverait des objections, on voudrait du moins des amendements à quelques sentences dans lesquelles le critique, en abrégeant, a trop tranché. […] A voir combien il y a peu à mettre pour tirer cette conclusion et la faire sentir, on se demande avec le critique pourquoi cette discrétion extrême.
Les meilleurs critiques avouent qu’il n’y a rien dans les anciens Grammairiens, ni dans les nouveaux, où il y ait tant de jugement & de solidité. […] Le Jésuite qui fait cette critique a lui-même écrit beaucoup sur la langue. […] La critique qui regne dans les Remarques est moins vive que dans le livre des Doutes. […] Mais il y en a d’autres qui sentent trop la chicane, & d’autres où le critique prend autant le change que l’auteur censuré. […] C’est, selon l’éditeur, un Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial.
Tel a été le sort de l’histoire de la philosophie, si populaire il y a trente ans, un peu oubliée aujourd’hui, et qui a vu l’archéologie, l’histoire des langues ou la critique religieuse prendre sa place dans l’opinion. […] Sans doute il ne lui suffit pas de raconter, il faut encore qu’il interprète et qu’il juge, et le critique doit s’unir en lui à l’érudit ; mais c’est là le propre de tout historien en tout genre. […] Aujourd’hui la critique religieuse a pris un intérêt supérieur et jouit d’une très-grande faveur ; mais l’histoire religieuse a été préparée et facilitée par l’histoire de la philosophie. […] En outre, si l’on a soin de distinguer d’une part l’exposition et l’interprétation des doctrines, de l’autre la discussion et la critique, toutes les écoles pourraient à la rigueur avoir une même histoire de la philosophie. […] Ce que l’on ne peut contester, c’est que par les nombreux travaux critiques qui ont été faits en ce siècle, soit en Allemagne, soit en France, l’histoire de la philosophie est de plus en plus en voie de devenir une science positive.
C’est donc une œuvre critique, avant tout, que M. Paul Stapfer a publiée ; c’est une œuvre de critique, même avant d’être une biographie. La biographie n’est ici que pour préparer la critique, par laquelle l’auteur la termine. […] Stapfer, en faisant cela, a démontré aussi qu’il avait de rares aptitudes de critique. […] On verrait qu’il y a là-dedans une valeur d’analyse qui est la moitié d’un critique.
Et pour emprunter encore à l’ordre politique une comparaison frappante, je dirai que, grâce à Heyne, à sa docte et sage critique compréhensive, progressive et conciliatrice, on a eu la réforme de Virgile sans en avoir la révolution. […] Le fait est, me disent de bons juges, que l’exemple de Philippe Wagner a complètement renouvelé la critique de Virgile. […] Après l’introduction fort instructive où il a amplement exposé l’état de la critique virgilienne, M. […] Toutes les leçons nouvelles ne me satisfont pas ; ou du moins il en est une à laquelle, malgré toutes les autorités critiques, je me refuse à adhérer. […] J’aimerais donc que, dans une édition de Virgile comme celle-ci, indépendamment de la partie philologique et critique proprement dite, il y eût et un peu de rhétorique (j’entends de la bonne, la seule dont M.
Je distinguerai différentes manières, différents temps très-marqués dans la critique littéraire s’appliquant aux chefs-d’œuvre de notre xviie siècle. […] Durant cette phase, qui est la seconde de la critique française, et qui se produit par madame de Staël, Benjamin Constant et leur école, le caractère de la critique, tout en gardant son but de théorie et son idée, devient déjà historique, elle s’enquiert et tient compte des circonstances dans lesquelles sont nées les œuvres. Le plus célèbre critique littéraire de notre temps, M. […] Le devoir d’une critique saine, agissant à l’aise et à loisir, serait certes de moins se permettre ; le devoir d’une critique convenable et prudente était alors de transiger60. […] En un mot, le témoignage ici n’est plus valable en bonne critique ; il faut recourir à d’autres preuves.
En lisant ces vers, si magnifiques au dire de Saint-Simon, le Régent, si indifférent d’ordinaire, retrouva et versa des larmes, et plus tard Fréron, l’âpre critique, moins explicite que Saint-Simon, parla lui-même, dans son Année littéraire, de cette poésie avec respect ! […] Il s’en distingue par du bon sens, de la critique et la volonté ferme d’être impartial. […] assez encore à la charge du Régent et de son époque pour justifier la satire de La Grange-Chancel, s’il avait eu du génie, et pour résister à la critique allégeante de de Lescure, aurait-il eu, lui, dix fois plus de talent qu’il n’en a montré ! […] Qu’il ait été un satirique effréné, à outrance, qu’il ait exagéré, qu’il en ait trop dit, que les objets se soient grossis, se soient défigurés sous la dilatation de son regard épouvanté ou indigné, qu’il ait calomnié même par le fait, mais à ses risques et périls, et en mettant sa tête au jeu sans la réclamer, la Critique, qui sait bien qu’un jour il parla la pensée de la France, et que l’homme qu’il accusait avait lui-même, par sa conduite et ses maximes, épaissi sur sa tête la nuée livide de si effroyables soupçons, la Critique l’innocenterait sans peine, si seulement il avait eu la bonne foi de sa colère, le vulgaire mouvement de sang de son indignation ! […] C’est un critique d’histoire renseigné, qui discute et compare des textes avec la pénétration de la droiture, mais ce n’est point un critique dans un autre sens, et, dans l’acception élevée et connaisseuse du mot, un écrivain.
Taillandier, s’agenouille encore devant elle… Critique doux, simple professeur de littérature en province, il n’a pas l’ambition du sacerdoce philosophique. […] Taillandier, qui est un professeur et un lettré, n’a pu rester en de si profondes ignorances ou tomber dans des oublis si légers, et je sais bien quel mot la Critique pourrait lui infliger, si elle ne savait aussi la triste faculté de se faire illusion qu’ont les hommes, et ceux-là même dont la tête a le moins de fécondité ! […] Saint-René Taillandier, de cet homme qui, par la médiocrité de son talent, mériterait bien la miséricorde de la Critique, mais qui, par le dogmatisme de ses affirmations erronées mérite sa sévérité. […] Taillandier son train-train de critique ordinaire, et cette partie du livre n’a plus pour noué le même intérêt. […] Taillandier nous étant assez indifférente, à nous qui avons aussi notre opinion sur ces Messieurs, nous ne ferons pas aujourd’hui de la critique sur de la critique, et nous laisserons M.
Quelques-uns ont coulé tout doucement leurs remarques personnelles, leurs conceptions de l’homme et de la vie, dans les formes de l’histoire ou de la critique. […] Parmi tant de remarquables travaux qui font concourir la philologie, l’histoire et la critique à l’explication des œuvres grecques ou romaines, il faut nous arrêter aux études diverses de M. […] Je ne suis pas sûr, après toutes les critiques des gens du métier, que la même science, sans aucun soutien de talent littéraire, n’eût pas obtenu davantage leur estime. […] On hésitait à prendre au sérieux un savant qui tirait tant de révérences à l’idéalisme, un critique qui ne semblait occupé qu’à donner de l’eau bénite. […] Renouvier (né en 1815) : Essais de critique générale, 4 vol. in-8, 1854-64. — Th.
Mais, dans le livre, je ne fais pas de polémique ; je m’efforce d’être ceci qu’on ne trouve plus nulle part : un critique littéraire. […] Voici, assez curieux et assez original, un roman de critique littéraire. […] Delfour cesse de conter ou de sermonner et essaie de juger comme un critique qui ne serait ni un simple informateur, ni un catéchiste. […] ce n’est pas grand-chose, la « critique catholique », telle que l’entend le chanoine Delfour. […] Dans la partie critique, M.
Enfin il est facile de voir que la critique classique s’est réconciliée avec la critique romantique dans ce que celle-ci avait de judicieux et de conforme au bon goût, lorsqu’on lit ce jugement si délicat et si juste de M. […] Nisard critique finement ce grand livre en paraissant le louer. […] De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde de devoirs dont il s’exempte. » Voilà une critique spirituelle d’un travers que nous connaissons : mais est-ce bien là une critique de l’Esprit des Lois ? […] Nisard sur la littérature contemporaine depuis Chateaubriand jusqu’à nos jours, que l’on voit la différence de la nouvelle critique classique avec la critique de l’école impériale, fermée à toutes les beautés nouvelles et aussi injuste qu’aveugle pour les hardiesses heureuses de la littérature de notre temps. […] La critique novatrice elle-même, devenue sceptique avec le temps, serait à peine plus sensible que la sienne à toutes ces nouvelles beautés.
Chacun sait que l’esprit du dix-huitième siècle eut pour fond la défiance et pour œuvre la critique. […] On était allé jusqu’au bout de l’analyse, de la défiance et de la critique. […] Les hommes du dix-huitième siècle avaient joui de la défiance comme d’un progrès, et de la critique comme d’une découverte ; après eux, la critique cessa d’être une découverte, et la défiance d’être un progrès. […] La critique, inconnue à Montesquieu, a paru, et l’exégèse allemande a fouillé les labyrinthes de l’antiquité connue et de deux ou trois antiquités inconnues. […] On oublia d’autres paroles très-expressives, trop expressives, qu’on avait autrefois jetées contre le christianisme, que les critiques n’osent citer, et dont tous les contemporains se souviennent.
Grimm n’est point pour cette critique pesante, routinière, et qui tient du procès-verbal. […] En cela Grimm est novateur dans une certaine mesure, et il met véritablement la critique du journal où elle doit être. […] Grimm, par l’inspiration, peut se rapporter hardiment à l’école des maîtres en critique, à celle des Horace, des Pope, des Despréaux ; il en a la susceptibilité vive, passionnée, irritable, en matière de goût. […] Qu’on lise tout ce morceau : ce sont là des pages de critique littéraire fermes, senties, d’un goût incorruptible, de cœur et de main de maître. […] En général, disait le critique anglais Jeffrey en rendant compte d’une partie de cette Correspondance de Grimm, « tout ce qu’on y lit sur Rousseau est candide et judicieux ».
Cependant on peut tout au moins attendre de ces tentatives de mensuration l’utilité de fixer, une fois pour toutes, dans le langage critique, le sens des adjectifs : médiocre, faible, moyen, fort, intense, extrême, qui s’emploient aujourd’hui au hasard. […] Pour le moment, cela est impossible, et le critique est obligé à s’en tenir à d’imparfaits qualificatifs, d’un sens extrêmement variable. Ces difficultés qu’il fallait expliquer en détail semblent devoir rendre illusoire la partie de l’analyse critique que nous étudions maintenant. […] De la sorte ; des œuvres de critique littéraire, portant elles-mêmes sur des œuvres de critiques antérieurs, servent, sans absurdité, de sujet à des analyses. Car il ne s’agit pas ici accomplir cette besogne byzantine, de juger la façon dont un auteur a jugé une œuvre enfin originale, mais de dégager de cet écrit critique au deuxième degré, les raisons pour lesquelles il frappe ou émeut.
Molière, soutenu de ces autorités, donna bientôt La Critique de l’École des femmes, c’est-à-dire mit en scène et livra au ridicule les censures qui avaient été faites de sa pièce, dont il aggrava les indécences, se targuant de l’approbation de la cour. […] La Critique de l’École des femmes, qui avait été plus justement intitulée Apologie de l’École des femmes contre la critique, porte sur une étrange doctrine. […] On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses. […] Le 1er juin 1663, jour où La Critique de l’École des femmes fut jouée à Paris, n’était pas loin du 14 octobre, jour de la grande fête projetée pour Versailles, et où devait être joué L’Impromptu de Versailles, pièce où les marquis sont l’objet du plus sanglant outrage et du plus direct qu’on puisse imaginer. […] Uranie, La Critique de l’École des Femmes, scène iii.
En critique, les incompatibilités se produisaient à chaque pas. […] Au fond, il ne lui manqua que ce qui l’eût fait cesser d’être catholique, la critique. […] Certes, la critique elle-même veut que, dans certains cas, on admette une réponse subtile comme valable. […] Chaque pas dans ma carrière critique m’éloigne de mon point de départ. […] Qui fondera parmi nous le christianisme rationnel et critique ?
Qui veut la liberté de l’art doit vouloir la liberté de la critique ; et les luttes sont toujours bonnes. […] L’auteur, selon son habitude, s’abstiendra de répondre ici aux critiques dont son livre a été l’objet. Ce n’est pas que plusieurs de ces critiques ne soient dignes d’attention et de réponse ; mais c’est qu’il a toujours répugné aux plaidoyers et aux apologies. Et puis, confirmer ou réfuter des critiques, c’est la besogne du temps.
L’exil est un argument récemment découvert contre la Critique, en littérature. […] Nous ne sommes que critique. […] De vraie critique non plus ! […] En somme, nulle Critique vraie, car la Critique vraie, c’est la justice, et la justice se compose également de sévérité dans la sympathie et de sympathie dans la sévérité. […] Oui, toute la question, la seule question que la Critique doive poser à M.
c’est le critique qui doit rentrer dans le petit texte ! […] Victor Hugo, poète et non pas critique, quoiqu’il ait voulu faire de la critique en ces derniers temps, ne s’est nullement inquiété de savoir si les Borgia étaient réellement bien les scélérats dans lesquels on les avait costumés. […] La Critique est-elle donc ennuyée à la fin d’entendre appeler depuis si longtemps Victor Hugo « le grand homme ? […] Or, si c’est beau de lasser la langue de la Renommée, lasser celle de la Critique est un peu moins beau. […] Je n’ai pas voulu descendre, dans l’examen de ce livre, jusqu’aux chicanes d’une critique de détail avec un homme qui, comme l’auteur, est assez haut placé pour qu’on lui fasse l’honneur d’une critique qui relève plus de la synthèse que de l’analyse.
Le bon temps pour la critique ! […] La critique biographique ne juge pas assez. […] Pourquoi la vieille critique est-elle morte ? […] Quant à cette sorte de critique que j’ai cru pouvoir nommer la critique de fantaisie, ce n’est pas une critique à proprement parler. […] Un critique très compétent, M.
Critique I Toutes les pièces de Shakespeare, deux exceptées, Macbeth et Roméo et Juliette, trente-quatre pièces sur trente-six, offrent à l’observation une particularité qui semble avoir échappé jusqu’à ce jour aux commentateurs et aux critiques les plus considérables, que les Schlegel, et M. […] pas de critiques ? […] Il y a des gens qui font la critique de l’Himalaya caillou par caillou. […] La mystérieuse intimité des deux poëtes éclate, à propos de ce même Prométhée, plus étrangement encore, et sur un point qui, jusqu’ici, a échappé aux observateurs et aux critiques. […] Un critique distingué, mort depuis peu, M.
Il y a du roman, des voyages, presque de l’histoire, de la biographie, de la critique, de la correspondance… C’est assez de sujets et d’espace pour mettre beaucoup de talent, si véritablement on en a. […] ce qui vaut le mieux en ces cinq volumes, c’est encore le Voyage d’Orient, c’est-à-dire un livre de faits et d’observation, tout simplement, et une étude assez étendue sur Rétif de la Bretonne, où le critique double le biographe. […] Dans le Rétif de la Bretonne, même clarté d’expression et d’exposition, même santé de style, même intérêt de notions acquises ; et si le critique ne vaut pas là le voyageur, c’est que le critique doit avoir des principes au nom desquels il juge et les œuvres et les hommes, et que Gérard de Nerval, romantique en ceci, n’en a pas… Telle est, en ses œuvres, la supériorité relative de Gérard de Nerval. […] Ce n’est point là de la critique, c’est de la poésie dans les mots. Ce sont des sornettes de sonnet… La critique qui vient tard, mais qui vient, et qui doit dire sur un homme des choses justes et définitives, ne se paie point de ces mièvreries.
La Critique doit-elle s’associer à l’attendrissement général ? […] un malheur si rare, parce qu’il avait, comme homme, les qualités que Boileau reconnaissait en Chapelain, est-ce une raison pour que la Critique ne porte pas un regard calme sur les œuvres qu’il a laissées, et ne demande pas à ces œuvres la justification des regrets exprimés par ceux-là qui ne disaient pas grand’chose de M. […] Il faudra que la Critique sérieuse de l’avenir compte avec ce Mauvais Garçon… Mort à l’âge où le talent n’est que le bouton entr’ouvert d’une rose qui aurait été délicieuse, si elle se fût épanouie, l’auteur du Myosotis aurait pu être pleuré par un Virgile, et ce n’est pas cependant une simple espérance que Virgile eût pleurée. […] Car, enfant par la balbutie, il l’est encore par l’imitation, cet enfant incorrigible à lui-même et incorrigé par la Critique qui le gâta, dès qu’elle le vit, et qui, pour cette raison, ne lui donna jamais l’âpre envie de devenir un homme. […] Pour ma part, je le dis hautement, je n’ai jamais compris que la Critique, quelque émoustillée qu’elle puisse être par le souvenir des aimables sottises de ses vingt ans, pût traiter ces pochades de M.
En effet, un livre, par exemple, est d’abord ce qu’il est ; mais il est ensuite l’œuvre d’un homme et la lecture de plusieurs ; c’est à remonter du livre à son auteur, à ses admirateurs, que consiste proprement la critique scientifique. […] On a vu par l’exposé historique du début que la plupart des critiques n’ont essayé de montrer la nature des écrivains dont ils s’occupaient que pour mieux apprécier leurs œuvres. […] De pareilles vérifications, si elles sont favorables, donneront à nos analyses critiques une valeur absolue. […] — Dans les pages qui précèdent, nous avons admis à chaque instant que la critique scientifique reçoit de précieux secours de la psychologie générale. […] Or, la critique scientifique doue la science mentale d’un nouveau procédé de vérification et d’investigation en permettant d’étudier le jeu des lois psychologiques chez toute une classe de personnes extrêmement intéressantes, les géniaux.
Le véritable critique, en ce temps-là, c’était le roi. […] Et tu voudrais te plaindre, ô critique ! […] Scribe acceptera volontiers votre critique loyale et sympathique. […] En ceci consiste la tâche heureuse et difficile de la critique. […] répondait Marivaux à ses critiques, je parie pour l’esprit !
Destiné à être un critique et un professeur de littérature, il aspirait à être poète. […] La Harpe, comme tous les vrais critiques destinés à agir en leur temps, tels que Malherbe, Boileau, Samuel Johnson, a eu le courage de ses jugements, il en a eu l’intrépidité et jusqu’à la témérité imprudente, en face de la cohue des petits auteurs offensés. […] La Harpe faisait son métier de critique dans le Mercure, et à la fois il poursuivait péniblement sa carrière dramatique. […] Il était évident que, dans ce cas comme dans bien d’autres, l’instinct du critique, de l’homme qui se sent une idée juste et qui ne résiste pas à la dire, l’avait emporté chez lui sur les considérations secondaires. […] Ce n’est pas un critique curieux et studieusement investigateur que La Harpe, c’est un professeur pur, lucide, animé.
Cela dut être, et toute la méthode du critique est là. […] À la page 92 de son ouvrage, on trouve ces mots, qui auraient dû soulever la Critique d’indignation : « Concevoir le bien ne suffit pas, il faut le faire réussir parmi les hommes. […] La Critique a accepté ou discuté gravement le personnage, ce qui est une manière de l’accepter ! […] Voilà tout ce que la Critique vient de dire à Renan, en se taisant sur la nouvelle introduction qu’il a mise à sa fameuse Vie de Jésus, éditée pour la treizième fois… Certes ! […] Et, pour cette raison qu’il est protestant, il ne fait jamais que de la critique protestante, contre des prétentions protestantes.
Le talent tourne sur lui-même au lieu de s’élever au-dessus de lui-même, et c’est ce que je voudrais empêcher· Je voudrais que la Critique sauvât le talent en péril d’un jeune homme qui me semble fait pour aller aux astres, comme disaient magnifiquement nos pères, mais à la condition de purifier ses ailes de l’imitation, cette glu qu’il prend peut-être pour une gomme d’or. […] IV Enfin, me voilà au bout de ma critique sur le livre de M. […] Si la Critique était une chose de sensibilité, il serait absous… mais la Critique relève de plus haut que de l’émotion du critique. […] Je dis que la Critique — la Critique littéraire, bien entendu, et non la Critique morale, qui n’a que faire ici, — peut prendre ce livre et l’écailler comme on écaille un poisson, et le racler du fil de son couteau et en retrancher, couche par couche, tout ce qui déshonore littérairement une telle œuvre, c’est-à-dire le gongorisme effréné, l’atroce mauvais goût, les bassesses ignobles et malheureusement volontaires d’expression, l’haleine des pires bouches, enfin tous les défauts dont l’auteur a fait comme à plaisir d’immondes vices, il restera et on trouvera, sous tout cela et malgré tout cela, un énorme noyau de poésie, résistant et indestructible, qui brillera de sa propre lueur dans l’histoire littéraire d’un siècle qui a des poètes comme Hugo, Vigny, Musset, Baudelaire et Lamartine, le plus grand de tous ! […] Je sais bien que dans le cas particulier de l’auteur des Névroses et de l’auteur des Blasphèmes, la Critique avait une espèce de mauvaise raison pour les accuser ou les soupçonner d’histrionisme dans leurs vers, et c’était, pour tous les deux, l’exhibition de leurs personnes, l’un dans les salons de Paris, et l’autre, résolument acteur, sur un théâtre, devant le public des théâtres.
La critique hostile flatte si sûrement nos petites passions ! […] D’accord avec plus d’un représentant de la critique britannique et notamment avec M. […] D’autres critiques de ce temps ont poursuivi d’autres desseins. […] C’est, en critique, un moraliste : le moraliste religieux. […] Critique par métier, André Beaunier est romancier par vocation.
Essai de critique naturelle, par M. […] De là l’idée qui est graduellement venue de ne plus s’en tenir exclusivement à ce qu’on appelait la critique du goût, de creuser plus avant qu’on n’avait fait encore dans le sens de la critique historique, et aussi d’y joindre tout ce que pourrait fournir d’éléments ou d’inductions la critique dite naturelle ou physiologique. […] Dans son livre de la méthode physiologique ou naturelle appliquée à la critique littéraire, M. […] La critique littéraire ne saurait devenir une science toute positive ; elle restera un art, et un art très délicat dans la main de ceux qui sauront s’en servir ; mais cet art profitera et a déjà profité de toutes les inductions de la science et de toutes les acquisitions de l’histoire. […] Le critique dont je voulais parler, et que j’opposais dans ma pensée à M.
C’est un beau moment pour le critique comme pour le poëte que celui où l’un et l’autre peuvent, chacun dans un juste sens, s’écrier avec cet ancien : Je l’ai trouvé ! Le poëte trouve la région où son génie peut vivre et se déployer désormais ; le critique trouve l’instinct et la loi de ce génie. […] Or, ce que le statuaire ferait s’il le pouvait, le critique biographe, qui a sous la main toute la vie et tous les instants de son auteur, doit à plus forte raison le faire ; il doit réaliser par son analyse sagace et pénétrante ce que l’artiste figurerait divinement sous forme de symbole. […] L’effet que produisit sur le poëte ce déchaînement de la critique fut tel qu’on peut le conclure d’après le caractère de son talent et de son esprit. […] Il s’effaroucha, il s’indigna d’abord des chicanes de la critique ; mais il réfléchit beaucoup intérieurement aux règles et préceptes qu’on lui imposait, et il finit par s’y accommoder et par y croire.
Ce qu’il faut penser des critiques qu’on a faites du plan. — De nos prétentions et de nos besoins en matière d’histoire. — § III. […] De la partie de critique littéraire. — § IX. […] Une nouvelle théorie de l’histoire a mis sa critique en crédit. […] De la critique littéraire dans la Correspondance. […] Il critique Montesquieu, Buffon, J.
Je ne suis pas un critique d’art. […] Comptez combien il y a de grands peintres, et en face mettez ce qu’il y a de critiques d’art ! Ce que je dirai donc de la Bible de Gustave Doré n’a pas la prétention d’être de la Critique d’art, cette chose savante et difficile. […] Pour moi, Gustave Doré a été traité par la Critique comme s’il avait absolument réussi, et justement là est la question tout entière : a-t-il absolument réussi ? […] Seulement je n’ai pas à entrer dans une critique de détail, impossible d’ailleurs en un seul chapitre.
Et d’abord, qu’entendons-nous par examen critique ? Gardez-vous de penser que par le mot critique nous comprenions uniquement l’art de trouver des défauts. […] Plaignons-les de tout sacrifier à leur vanité de critique, et surtout gardons-nous de les imiter. […] C’est à une critique morale autant que littéraire que nous aurons recours pour nous conduire et nous éclairer. […] Comment procèdent la plupart des cours ou traités de critique littéraire ?
Il avait déjà abordé dans ses essais un grand nombre de problèmes religieux et de questions de critique et d’exégèse sacrées, mais il ne voulait pas se borner à l’analyse et à la critique. […] L’esprit critique domine. […] Il procédait en histoire et en critique littéraire ou artistique comme en philosophie. […] Taine et la critique scientifique », 1858. […] Taine et la critique positiviste ».
Maintenant, j’ai observé une certaine gêne chez les critiques de Barrès, ou un certain sans-gêne. […] Car son tour d’esprit est critique, contestateur et démolisseur, et des sceptiques d’un tempérament moins vigoureux se complaisent à de plus dégagées, à de plus sourieuses jérémiades. […] Et voici, de Paul Adam toujours, les Cœurs nouveaux où s’allient à merveille la bravoure critique et la maëstria du peintre. […] Les Cœurs nouveaux seraient un excellent prétexte à cette nécessaire étude critique de l’écrivain qui est, avec M. […] (Ce critique dogmatique pourrait poser à l’historien et faire son petit Taine en notant, avec le sourire dont il serait capable, que M.
Ici comme partout, la critique est la condition de la grande esthétique. […] Certes, la bonne critique doit faire aux grands hommes une large part. […] Heureux ceux que la légende soustrait ainsi à la critique ! […] En général, la bonne critique doit se défier des individus et se garder de leur faire un trop grande part. […] La grande critique devrait consister ainsi à saisir la physionomie de chaque portion de l’humanité.
Les critiques essentielles, sans qu’on y vise, se trouveront toutes chemin faisant, et plus piquantes dans la bouche même des personnages ses contemporains. […] Saint-Lambert eut le crédit et le tort d’obtenir un ordre pour faire conduire Clément au For-l’Évêque, et pour faire saisir l’édition (encore sous presse) de sa critique. […] Ginguené a jugé l’Homme des Champs avec un mélange de sévérité et de bienveillance qui fait honneur à son esprit et à la critique de son temps. […] Les critiques avaient cessé ; du moins elles se faisaient en conversation et ne s’imprimaient plus. […] Voir au Discours sur la Critique, premiers Mélanges, une des plus jolies papes qu’on ait écrites sur Delille.
La référence à Paul Valéry ne sert pas seulement de tremplin au texte ; la critique de « La Crise de l’esprit » est le fil conducteur de la réflexion de Crevel. […] La critique de l’imagination se trouve dans le Livre II, mais Crevel peut aussi s’appuyer sur Pascal pour qui « l’imagination est maîtresse d’erreur et de fausseté ». […] », illustrée d’un dessin représentant Napoléon et d’une liste de noms de critiques, écrivains, peintres, cinéastes qui « s’en donnent à cœur-joie ». […] Une polémique entre Marcel Noll et l’épouse du critique, Anne-Michel Fumet, est publiée partiellement dans le n°8 du 1er décembre 1926, p. 26-27. […] La citation de Dostoïevsky à laquelle Crevel fait allusion introduisait dans le Manifeste une critique en règle du roman, notamment de « l’inanité des descriptions ».
Le critique finirait-il par pousser dans le traducteur ? Et l’œil du critique — car tout critique est un voyant — s’accoutumerait-il assez à la clarté intense ou à la dense profondeur de Shakespeare, pour le voir et pour le juger ? […] De même les critiques de Shakespeare ! […] La Critique doit lui en tenir compte, et d’autant plus que, franchement, elle n’y comptait pas. […] Mais ne pas dire l’effet d’un drame de Shakespeare sur la pensée, c’est nier la Critique et la tuer d’un mot.
Mais la fumée littéraire si subtile lui a évidemment monté au cerveau et l’a légèrement enivré ; bien traité et plus que poliment par des critiques en renom, il s’est dit qu’il était un critique littéraire lui-même, et voici en quels termes il parle ou fait parler de lui dans un Prospectus, destiné, dit-il, à la province, mais que les gens de Paris ont pu lire au passage : « M. […] La critique contemporaine tout entière a applaudi à ses efforts, à ses travaux. […] Mais il est des choses qu’un critique qui se respecte ne peut laisser dire impunément devant lui. […] Ce genre de critique de détail me plaît peu ; mais comment admettre, je vous en prie, que M. […] Là où l’on a cru voir de l’amertume chez Collé critique, il n’y a que de l’antipathie, ce qui est fort différent.
Ô le bon temps de l’ancienne critique ! […] Sur leurs ruines on proclama l’avènement de ce que je pourrais appeler la critique anarchique. Elle a fleuri en France, pendant ces dernières années, sous le nom de critique impressionniste. […] J’emprunte cette remarque à un critique italien très pénétrant, M. […] La Critique de l’École des femmes.
Seulement, lorsque la Critique a dit cela, elle n’a pas tout dit ; elle n’est pas consolée. Elle sait qu’elle a un deuil à porter… La Critique, — qui voit le ravage fait par les idées fausses et les négations infécondes dans une de ces merveilleuses organisations, une de ces lyres humaines accordées pour vibrer sous l’Affirmation infinie, comme dit M. de Schelling, — la Critique a le droit de demander compte à Heine des dons exquis d’originalité profonde et souveraine qu’il a sacrifiés à des idées, des théories et des passions parfaitement indignes de son génie. […] Essai de critique, écrit par un poète, on y chercherait en vain la fermeté de jugement et la profondeur d’aperçu qui doivent, avant tout, distinguer un livre d’appréciation philosophique ou littéraire. […] il n’est pas vrai que la Critique de la raison par Kant, qui a anéanti les preuves de l’existence de Dieu telles que nous les connaissions depuis Anselme de Cantorbéry, ait anéanti en même temps l’idée même de l’existence de Dieu. […] Ici, en sa qualité de poète, c’est-à-dire de voyant, il a vu et senti des choses qu’aucun critique n’avait jusqu’ici vues ou senties.
Laus de Boissy a enfin donné une Critique des Trois Siecles, sous ce titre : « ADDITION à l’Ouvrage intitulé les Trois Siecles de notre Littérature ou LETTRE critique, adressée à M. […] Il sera toujours flatteur pour un Ecrivain quelconque de se voir ainsi critique ; & nous devons rendre cette justice aux Zélateurs de la Philosophie, qu’ils nous ont souvent procuré cette consolation. […] Laus de Boissy, que quand on veut faire des Critiques plaisantes, il faut d’abord être plaisant, puis instruit, puis véridique, puis honnête.
Ce sont en effet tous les grands problèmes de notre siècle que nous avons été amenés à traiter successivement sous forme d’examen critique. […] Dans notre étude sur la Littérature et la Critique littéraire au xixe siècle nous avons rencontré le problème si difficile, et d’un intérêt si général, de la conciliation de l’autorité et de la liberté, de la tradition et du changement, des lois du goût et des droits du génie ; et tout en restant fidèle à notre admiration pour les principes éternels de l’art classique, nous avons défendu la liberté de l’invention en littérature ; car ces lois éternelles elles-mêmes ne sont que l’expression des grandes inventions du génie. […] Dans la seconde, nous avons soumis à une respectueuse critique l’apologétique chrétienne de M. […] En un mot, sous des formes très-diverses, nous avons presque partout rencontré le même problème : comment l’esprit de critique et d’examen, l’esprit de nouveauté et de changement peut-il se concilier avec les principes de l’éternelle vérité ?
La vérité de la critique serait dans l’assemblage et la concordance de toutes ces fractions de jugements. […] J’interroge les témoins : la critique orale n’est pas toujours la critique écrite ; elle est parfois le contraire : je tâche de les rapprocher ou de les opposer. […] Je dis ce que tout le monde sait, que Johnson était un grand critique. […] la critique contemporaine serait trop facile autrement, et si l’on n’y mettait à chaque pas la perspective […] Victor Hugo allait se rapprocher encore de son critique et loger lui-même rue Notre-Dame-des-Champs.
Avant-propos De son origine à son état actuel, la critique des œuvres d’art accuse dans son développement deux tendances divergentes, dont on peut aujourd’hui constater l’antagonisme. […] Le premier de ces genres peut conserver son appellation primitive puisqu’il est tout d’appréciation ; quant au second, il serait bon qu’on se mît à le désigner par un vocable propre ; celui d’esthopsychologie by pourrait convenir à un ordre de recherches où les œuvres d’art sont considérées comme les indices de l’âme des artistes et de l’âme des peuples ; mais ce mot est incommode, disgracieux ; nous nous excusons de l’employer parfois et nous le remplacerons le plus souvent par le terme critique scientifique que nous opposons à critique littéraire dans un sens à préciser. […] Le critique suisse salue cet effort de classement des émotions, inscrit dans le sillage de Spencer et de Wundt, qui a contribué à faire passer l’étude des phénomènes de conscience du « dogmatisme » à « l’observation » ; il signale en outre que « l’auteur ne se sert que modérément de la doctrine de l’évolution, et s’abstient de toute métaphysique ».
Quand un livre qui a la prétention de raconter et d’expliquer les cent dernières années qui viennent de s’empreindre si profondément sur l’Europe ne renferme que les connaissances les plus superficielles, et les moins sûres encore dans leur superficialité, et, de plus, quand c’est l’inconséquence, non pas seulement d’une tête faible, mais d’un distrait, qui se sert de ces connaissances pour en tirer de ces jugements sans cesse contredits et abolis les uns par les autres, la Critique peut passer outre avec moins de dédain que de pitié. […] La Critique fait quelquefois avec un volume, et même avec quelques pages, ce que Cuvier faisait avec l’os d’un animal. […] Or, Renée, le continuateur de Sismondi et qui nous a donné cette solide et brillante Histoire de Louis XVI qu’aucun de ceux qui aiment l’Histoire n’a oubliée, Renée était d’une raison trop haute et trop sobre, il était d’une conscience historique trop pure, pour laisser passer sous sa plume le courant de faits sans critique et sans choix qui viennent s’entasser et se cahoter dans le récit diffus de Cantu. […] Quoique la critique de Renée ne se produise que sous la forme de notes, concentrées et rapides, elle n’en fait pas moins tomber, un à un, tous les préjugés que Cantu exprime sur le glorieux Empereur, et en cela on peut dire qu’il a bien mérité de son pays et de l’Histoire.
Nous ne nous occuperons que du critique. […] Ce point de vue quinquagénaire produit dans la critique de M. […] Barbey d’Aurevilly prépare un volume de critique sur les critiques qu’il intitule cavalièrement les Juges jugés. […] Le public et la critique lui furent indulgents, en somme. […] été en butte à bien des critiques, justes ou non, ou les deux à la fois.
Enfin, aucune critique sérieuse n’accusera M. […] Or, certains critiques se donnent une peine immense pour chercher des prototypes aux personnages de M. […] … Il se souvient, à la fin, de mon accueil confraternel quand il ne m’assomme qu’à moitié, et de mes critiques quand il me jette en dehors de la critique actuelle. […] Zola une bonne partie du public et presque toute la critique. […] M. de Saint-Victor est le seul critique qui refuse tout talent à M.
Il fait surtout la critique des divers publics actuels. […] Critique sérieuse de l’œuvre wagnérienne, par un admirateur de Wagner, non wagnériste. […] Long travail substantiel, historique, critique et philosophique. […] C’est un recueil d’articles de critique écrits par M. […] Il nie, notamment, que l’esprit allemand soit essentiellement critique.
Vinet, critique littéraire des plus éminents, moraliste des plus profonds ? […] En 1815, époque bien critique pour le pays de Vaud, que Berne devait chercher à reprendre, mais que M. […] Vinet à notre usage, écrivain complet, critique profond. […] J’a cru un instant rencontrer une critique à faire à propos de Saint-Évremond, dont le nom venait un peu tard dans la série, après Rollin ; mais à peine avais-je achevé de lire la phrase, que l’adresse de l’auteur l’avait déjà fait rentrer dans le tissu et ma critique était déjouée. […] Arnault : ce que fait notre critique dans une de ses préfaces. — (En étudiant plus tard et de près M.
Cousin) que la vraie critique sur Molière date de M. Bazin, et qu’elle a été instituée par lui ; mais incontestablement il a averti cette critique d’être désormais plus en éveil et en précaution sur tous les points. […] Soulié : elle sent moins l’antiquaire ; elle est surtout littéraire et critique. […] Enfin sa critique éclectique, au meilleur sens du mot, fait un choix dans tous les travaux antérieurs et y ajoute non-seulement par la liaison qu’il établit entre eux, mais par des considérations justes et des aperçus fins qui ne sont qu’à lui. À lui qui sait si bien son Molière, il me plaît pourtant de lui adresser non pas une critique, mais une question, de lui proposer une sorte d’énigme.
Plusieurs littérateurs et critiques s’étaient déjà adressé cette question. […] Le critique nous cite (t. […] On aime, indépendamment du jugement critique, à savoir avec précision ce qu’a écrit l’auteur qu’on juge, ce qu’il a laissé d’imprimé ou d’inédit, et même ce qui a été pensé par d’autres à son sujet. […] Voyons ce qu’elle a de fondé, ce qu’elle a de juste ; car je m’accoutumerais plutôt à voir de la poésie toute matérielle et entièrement dénuée de sensibilité, qu’à supporter de la critique tout entière en hors-d’œuvre et sans un fonds de justesse. […] Au défaut de ses vers, un ingénieux et savant critique, avec qui j’aime à me trouver d’accord (M.
Tous les moutons de Panurge de la Critique ont sauté et bêlé à la file. […] Gustave Planche, ce critique qui fut une momie, avant d’être mort, osa lui imputer jusqu’à du génie. […] , cet homme compliqué avait un cœur dont on ne se doutait pas, — disent les colleurs d’affiches de Michel Lévy et les critiques qui voient des cœurs dans les livres qu’ils ne lisent pas… Oui ! […] Mérimée voyait trop le défaut ; il était trop critique… Mais je dis, moi, très hardiment, qu’il ne l’a pas aimée du tout ! […] Gustave Planche, esprit exclusivement critique, qui ne pouvait être jamais un roi littéraire, tant sa tête manquait d’imagination par laquelle seule on est roi en littérature !
Mélanges de critique religieuse, par M. […] On ne saurait imaginer en effet combien ce voisinage gêne un écrivain critique qui se respecte. […] Je ne sais pas en notre langue d’article critique de pareille étendue qui soit mieux pensé, mieux frappé. […] Je n’examinerai point les autres morceaux critiques de M. […] Taine et Ernest Renan, de plus en plus goûtés du public, ils peuvent très bien, se passer de notre surcroît de critiques et d’éloges.
Essais de morale et de critique. — Études d’histoire religieuse. — Cantique des Cantiques. — Le livre de Job. — De l’origine du langage. — Histoire générale des langues sémitiques. — Averroës, etc. […] Renan fit ses dernières réflexions ; toutes les études historiques et critiques de l’année précédente avaient donné une forme précise et arrêtée aux objections qui flottaient auparavant dans son esprit. […] Il méditait de l’entreprendre, cette histoire critique et vivante à la fois, avec toutes les ressources de l’érudition moderne, « en dehors et bien au-dessus de toute intention de polémique comme d’apologétique » ; c’était son rêve constant, — le plus beau, le plus élevé, le plus compliqué des rêves. […] En général, le procédé de critique qu’il applique en toute branche d’étude, et qu’il a élevé jusqu’à l’art, est celui-ci : Il s’attache à tirer la formule, l’idée, l’image abrégée de chaque pays, de chaque race, de chaque groupe historique, de chaque individu marquant, pour l’admettre à son rang, à son point, dans cette représentation idéale que porte avec elle l’élite successive de l’humanité. […] La gloire n’est, pas un vain mot, et nous autres critiques et historiens, nous rendons, en un sens un vrai jugement de Dieu.
Mais le poëte, à son tour, pour vivre, pour arriver jusqu’à nous et continuer de régner dans toute sa splendeur, a besoin du critique, c’est-à-dire du serviteur fidèle et zélé qui le recueille même après des siècles, qui rassemble son héritage épars, qui recouse avec une piété diligente et discrète les plis de sa robe dispersée. […] L’enthousiasme, la muse du critique doit être là. […] On sait qu’Aristarque a quelquefois changé, qu’il a sans doute plutôt adouci ; qu’en cet endroit, par exemple, où Phœnix s’adressant à Achille dans l’espoir de le fléchir se reporte vers sa propre jeunesse et raconte comment lui-même il a failli un jour devenir parricide, le critique avait cru devoir retrancher cette parole terrible, pour ne pas faire tache à ce caractère vénérable qu’il craignait de voir profaner. […] L’Olympe d’Homère et ses dieux ont pu prêter à la critique des âges devenus moqueurs. […] ignan, qui a honorablement tenté l’entreprise, sans doute impossible, d’une traduction complète en vers, a joint à sa seconde édition de l’Iliade un Essai instructif dans lequel il a résumé avec agrément les travaux de la critique moderne.
Il est des livres qui entrent si naturellement dans le torrent des idées et la civilisation générale que, quels que soient le pays et la langue dans lesquels on les publie, ils tombent forcément sous le regard de toute Critique qui n’a pas seulement pour objet les questions de forme littéraire, mais les questions d’idées… et telle est l’Histoire d’Angleterre 9 de Macaulay. […] Sans être marquée de ce cosmopolitisme du génie qui rend les grandes œuvres justiciables de la critique de tous les pays et en fait une acquisition pour le monde, cette histoire, que Macaulay s’est engagé à continuer jusqu’à nos jours, est, dans la pensée du célèbre écrivain, le monument de sa gloire future, ce point central sur lequel, quand on a quelque renommée, on veut en ramener les rayons. […] À quoi la Critique doit-elle l’imputer ? […] … Ou bien, par un de ces empêchements qui, pour la Critique, restent toujours un peu des mystères, son talent, jusque-là si éclatant et si large, aurait-il trouvé en lui-même ses propres causes d’appauvrissement ? […] N’est-ce pas lui, Macaulay, qui, dans un de ses plus beaux travaux de critique historique, en nous parlant de Machiavel11, le vieux calomnié de Florence, ce vieux bronze oxydé par les crachats de toutes les générations, lança ce mot, qui est une vue, sur les décimés de l’Histoire, sur ces grands Sacrifiés à qui la renommée fait payer les vices de leur siècle.
Le vieux Villon, quand il est poète, est aussi jeune que Lamartine ; et s’il n’y a pas succès quand il y a poète, c’est une raison pour que la Critique soit plus méprisante contre l’opinion qui ne pense pas comme elle, et qui en jugeant usurpe sa place, et pour que le poète soit plus fier. Achille du Clésieux n’est pas un jouvenceau poétique, et la Critique ne doit pas avoir pour lui des sentiments de jouvencelle attristée. […] Il a glorifié Pope, dans sa critique de Bowles, d’être un poète moral. […] il en est si près, que le critique, très bienveillant pour l’auteur, dont j’ai parlé en commençant, Armand de Pontmartin, estime que l’amant d’Armelle, ce héros de la vie privée, qui a ses héros comme la vie publique, diminue, dans l’intérêt que lui porte le lecteur, précisément de ce qui fait son héroïsme… Oui ! […] Le critique de la Gazette de France pose, il est vrai, à l’amant d’Armelle, l’alternative de l’épouser, — elle, — ou de se taire, — lui, — ce qui serait, du coup, la suppression du poème ; mais l’âme ne se prend pas si vite et si facilement que cela dans le petit étau d’un dilemme.
justement parce qu’ils n’étaient pas si étroitement attachés à l’intérêt le plus grossier de leur négoce, parce qu’ils n’étaient pas si marchands au pied raccourci de la lettre, ils faisaient naturellement de plus grandes affaires dans un commerce où l’appréciation de la chose mise en circulation exige presque l’intelligence du critique, qui voit les deux bouts de la chaîne : le mérite d’un livre et son effet probable sur le public. […] Et voilà pourquoi la Critique qui s’occupe de l’un a aussi droit de regard sur l’autre. Voilà pourquoi la littérature et la librairie étant jointes par la nature des choses, la Critique, pour être complète, doit les embrasser toutes les deux. […] La critique de La Chartreuse de Parme, l’un des plus grands morceaux de critique qui aient jamais été écrits dans la langue consommée d’une vieille civilisation, fut la flamme d’une torchère portée tout à coup au visage de ce porteur de masque pris dans son masque, et nous montra ce qu’il était. […] Du reste, pour qu’on ait bien toute notre pensée sur cette notice critique et biographique de Paulin Limayrac, à laquelle nous ne retrancherions rien, mais à laquelle nous aurions voulu qu’il eût ajouté quelque chose, nous ferons pourtant une seule réserve.
Critiques curieux, imprévus, infatigables, prompts à tous sujets, soyons à notre manière comme ce tyran qui, dans son palais, avait trente chambres ; et on ne savait jamais dans laquelle il couchait. […] Le critique ne devrait pas être envieux. […] Tel doit être l’esprit du critique par rapport au jugement du public. […] Dans le champ de la critique il n’y a guère lieu à l’aigle de Jupiter, et des perroquets bien appris finissent par répéter d’assez bonnes choses. […] Ou encore, comme un poëte devenu critique le disait : Jeune, on se passe très-aisément d’esprit dans la beauté qu’on aime et dé bon sens dans les talents qu’on admire.
Qui doute que le Cid, à certains égards, ne fût susceptible de critique ? […] Ce poëte au-dessus de la critique, comme au-dessus de son siècle & de ses rivaux, donna son consentement. […] De toutes les critiques, c’est peut-être la seule bonne & qu’on puisse lire avec fruit. Des Fontaines dit que qui voudroit s’instruire compareroit cette critique avec l’examen qu’a fait Corneille lui-même de sa pièce. […] A l’égard du reproche de plagiat, la critique étoit mieux fondée.
C’est un critique peu banal que M. de Gourmont. […] Je leur dois beaucoup. » Tout le monde, certes, a le droit d’attaquer mes œuvres, mais on oublie peut-être trop que j’ai moi-même réfléchi beaucoup plus longtemps pour les écrire que certains critiques pour les réfuter. […] Pierre Brun exposait le débat survenu entre nous et M. de Gourmont : M. de Gourmont m’a donc fait l’honneur de me consacrer presque tout un volume de critique. […] Je leur dois beaucoup. » Tout le monde, certes, a le droit d’attaquer mes œuvres, mais on oublie peut-être trop que j’ai moi-même réfléchi beaucoup plus longtemps pour les écrire que certains critiques pour les réfuter. […] Revue critique, 15 juin 1903 (NdA)
Enfin, cette suggestion que les conducteurs des esprits et, si vous voulez, les critiques dignes de ce nom exercent sur le vulgaire, ils l’exercent souvent aussi sur eux-mêmes. Oui, il y a dans la critique une grande part d’auto-suggestion et, je dirai presque, d’auto-snobisme. […] Par là, le critique même le plus loyal est conduit à s’exagérer ce qu’il sent de beauté dans un écrivain, et presque à l’inventer. […] Tout critique est, plus ou moins, sa propre dupe, la dupe de ses théories et de ses idées générales, qui faussent à son insu ses jugements particuliers. Tout critique affecte de voir à certains moments et finit par voir dans un ouvrage ce que les autres n’y voient pas, et pourrait dire comme Philaminte : Je ne sais pas, pour moi, si chacun me ressemble, Mais j’entends là-dessous un million de mots.
L’auteur de ce recueil n’est pas de ceux qui reconnaissent à la critique le droit de questionner le poëte sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. […] Voilà tout le domaine de la critique. […] Hors de là, la critique n’a pas de raison à demander, le poëte pas de compte à rendre. […] Lui-même, si peu de place qu’il tienne dans la littérature contemporaine, il a été plus d’une fois l’objet de ces méprises de la critique. […] Il ne se dissimule pas, pour le dire en passant, que bien des critiques le trouveront hardi et insensé de souhaiter pour la France une littérature qu’on puisse comparer à une ville du moyen-âge.
Cela est vrai pour tout homme, plus vrai peut-être pour le critique. […] Il voulait être en même temps un critique et un créateur. […] Les difficultés sont grandes pour le critique. […] C’est tout ce qu’il a jamais prétendu mettre de « scientifique » dans sa critique. […] C’est avec cette demi-faculté créatrice que se font les vrais critiques.
L’esprit de critique Distinguons d’abord l’esprit de critique du sens critique. […] Pour un métier pareil, le sens critique ne sert de rien ; il faut payer d’aplomb, et la seule qualité nécessaire est alors l’esprit de critique. […] Un second article signé par un jeune critique qui ne manque pas de talent, M. […] C’est niais, vraiment, cette manie d’injurier la critique. […] Edmond About pense qu’il n’y a que deux critiques : MM.
Nous connaissons, vraiment, trop de critiques d’occasion. […] Je pourrais insister sur des critiques de détail, mais cela est si secondaire. […] Il poursuit les critiques et les chroniqueurs d’une obséquiosité continue. […] Un critique a le droit de tout dénoncer. […] Le Blond a succédé ici même comme critique littéraire à M.
XVIII Je pense sur la critique deux choses qui semblent contradictoires et qui ne le sont pas : 1° Le critique n’est qu’un homme qui sait lire, et qui apprend à lire aux autres ; 2° La critique, telle que je l’entends et telle que je voudrais la pratiquer, est une invention, une création perpétuelle. XIX Ce que j’ai voulu en critique, ç’a été d’y introduire une sorte de charme et en même temps plus de réalité qu’on n’en mettait auparavant, en un mot, de la poésie à la fois et quelque physiologie. […] sur tous les points on est à l’œuvre ; en physique, en chimie, en zoologie, en botanique, dans toutes les branches de l’histoire naturelle, en critique historique, philosophique, en études orientales, en archéologie, tout insensiblement change de face ; et le jour où le siècle prendra la peine de tirer ses conclusions, on verra qu’il est à cent lieues, à mille lieues de son point de départ. […] XXXI En critique, j’ai assez fait l’avocat, faisons maintenant le juge.
Le commencement de la critique étoit un éloge de la personne qu’on attaquoit ; mais on n’avoit débuté par la louange que pour mieux faire passer la critique. […] Rollin les croit compatibles ; mais son antagoniste & son critique soutient le contraire. […] Son critique ne trouvoit pas ce raisonnement juste. […] Tels furent les principaux points relevés dans la critique de Gibert. […] Quelque jaloux que fût Rollin de sa réputation & de celle de ses ouvrages, il ne fut point éffrayé d’une critique ; il n’interrompit pas même un moment, pour la réfuter, le cours de ses occupations ordinaires.
Il a le regain d’imagination, qui fut suffisant pour produire cette ineffable plaisanterie du druidisme, guy d’un ridicule fabuleux, que la Critique doit couper, avec une serpette d’or, sur les chênes de son histoire. […] Ils ne tuèrent sous eux aucun système, et ils passèrent leur temps et leur jeunesse à faire sur la pensée et les systèmes des autres le petit travail critique que fait sur lui-même le pauvre enfant de Murillo dont je veux leur épargner le nom ! […] Il doit suffire à la Critique de la signaler. […] La Bibliographie peut enregistrer une curiosité de plus, mais la Critique littéraire doit se taire et faire place à une autre Critique, — la Critique des mœurs.
… Ce Corneille qu’il nous exhibe, ne l’avons-nous pas déjà vu passer dans les pénombres des notices, des commentaires, des critiques, des biographies, de tout ce qui, en définitive, est l’Histoire avant qu’elle soit épurée et condensée en ce noyau lumineux auquel nul autre rayon ne peut plus s’ajouter ? […] Le critique rompu à la Critique l’a emporté ici sur le poète, dans un écrivain qui est, je le sais, poète à ses heures. L’auteur du Corneille inconnu a écrit son livre avec cette critique patiente, exacte, microscopique, contractée peut-être chez Sainte-Beuve, à laquelle il a mêlé pourtant une raison plus large et un ton plus grave et plus froid. […] Les injustices de la Renommée, cette tête de femme qui est si souvent une tête perdue, les injustices de la Critique, parfois aussi tête perdue que la Renommée, y sont signalées avec un discernement supérieur. […] Après le livre biographique et critique de M.
Il fournit ensuite des exemples de critique expérimentale physiologique. […] Cela est très vrai, la critique ne fait que constater un fait. […] Du coup, un critique saute d’enthousiasme. […] Suis-je plus sot que le critique ? […] Taine vint à son tour et fit de la critique une science.
George Sand fit donc appel en cette heure critique à ses amis. […] Déjà l’on a pu voir, dans les précédents morceaux de critique, à quel point, même après m’être engagé d’abord par une admiration sincère, je ne craignais pas de revenir et de poser mes réserves quand il y avait lieu. […] Ici l’on va voir comment, dans l’intimité, George Sand allait au-devant des critiques, les acceptait ou les discutait avec une entière bonne foi et une absence complète d’amour-propre. […] Non, mon ami, vos critiques ne m’ont pas fâchée contre vous, mais bien contre moi qui les mérite. […] Moi, je ne vous rendrai jamais la pareille en avis judicieux et en critiques sages, mais au moins j’aurai la même affection et le même dévouement à votre service.
Ce serait un pauvre critique que celui qui se déclarerait un critique national et qui arrêterait les chefs-d’œuvre de l’intelligence étrangère à ces mesquines douanes de la pensée, en leur demandant leurs certificats d’origine. Nous n’avons eu que trop de ces critiques prohibitifs en France et ailleurs. […] La satire qu’il adresse ironiquement à son esprit, pour le gourmander sur sa manie de médire, est l’apogée de son talent de critique. […] Jusqu’à cette œuvre il avait été critique et modèle ; critique toujours spirituel, modèle quelquefois accompli, mais là il fut véritablement poète, toujours dans l’acception ingénieuse et tempérée du mot. […] Nous ne voulons pas exagérer ici la valeur de ce qu’on appelle la critique.
Il ne s’agit pas de querelle d’Allemand, quoi que vous en disiez : dans les trois quarts des questions de textes ou de critique proprement dite, les Allemands ont raison contre nous. […] Gaston Paris, dans la Revue critique du 6 octobre 1866 ; il s’agit de ces découvertes à la fois imprévues et trop prévues, qui viennent satisfaire si agréablement à un vœu secret du lecteur ; le jeune et savant critique disait à ce propos : « Quand des documents, de quelque nature qu’ils soient, se présentant sans garanties absolues, sont justement ceux que, dans l’état de nos connaissances, nous aurions pu fabriquer ou que nous aurions simplement attendus, ces documents sont presque toujours faux. […] C’est la même règle de critique qui fait que des lettres, des mémoires, etc., où se trouvent rapportées les anecdotes, les scènes que, d’après d’autres sources, devait raconter l’auteur, sont au moins suspects. […] Les preuves intrinsèques du faux ont été recherchées et administrées par M. de Sybel avec la sagacité critique et la fermeté d’esprit qui lui appartient.
La critique moqueuse de notre époque s’est égayée là-dessus ; cette critique pousse de toutes ses forces à l’individualisme, croyant produire ainsi l’originalité, et elle ne peut apercevoir la moindre apparence d’association et de bien sans tâcher malicieusement de les ronger, de les dissoudre. […] Mais pouvons-nous subir en silence, et comme critiques littéraires, ces attaques que certains journaux ne se lassent pas de renouveler, ces inconvenantes parodies, ces citations tronquées, ces images malignement séparées du cadre où elles peuvent recevoir la lumière ? […] On s’étonnera, à la fin, de cette persévérance à ternir une belle réputation, dont les titres, incontestés jusqu’ici, sont l’élévation du sentiment, le culte fervent de l’art, une haute probité critique, une pureté de goût littéraire que les ménagements d’une bienveillance instinctive ne peuvent altérer, et surtout ce désintéressement, cette indépendance qui s’effarouchent, à tort selon nous, des distinctions les plus méritées* [* Voir à ce sujet, dans Souvenirs et Indiscrétions, pages 198 et 203, ce qui se rapporte à cette année même et aux années suivantes dans une Note confidentielle de M. […] Sainte-Beuve, qui ne parle ordinairement que des œuvres importantes, n’a pas souvent occasion de blesser personnellement les écrivains qui l’attaquent aujourd’hui, le public en sera réduit à se demander si la sympathie acquise à notre collaborateur ne serait pas, pour ceux qui ne se servent du feuilleton que dans l’intérêt de leurs passions, une critique permanente dont ils ont besoin de se venger. »
« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie. […] « Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu… « Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis. […] Oter aux jeunes gens la permission de s’inspirer, c’est refuser au génie la plus belle feuille de sa couronne, l’enthousiasme ; c’est ôter à la chanson du pâtre des montagnes le plus doux charme de son refrain, l’écho de la vallée… « Il m’a toujours semblé qu’il y avait autant de noblesse à encourager un jeune homme, qu’il y a quelquefois de lâcheté et de bassesse à étouffer l’herbe qui pousse, surtout quand les attaques partent de gens à qui la conscience de leur talent devrait, du moins, inspirer quelque dignité et le mépris de la jalousie. » Nous avons tenu à donner ces fragments dont la finesse et la vérité sont aujourd’hui trop oubliés des critiques et des auteurs. […] Si l’on personnifie, en Voltaire, la Raison critique, indépendante, saine, la logique et l’ironie, l’esprit de réforme contenu dans le culte du goût, de tradition légitime et de nécessité, le respect de la langue, il deviendra facile d’identifier Rousseau à cet esprit de révolte, d’instinct brutal, de mépris pour la forme, de lyrisme hors de propos, d’orgueil maladroit qui semble nous dominer aujourd’hui. […] Les tendances générales nous semblent être : Le retour à la simplicité, à la tradition française qui compte autant avec l’avenir qu’avec le passé, au respect des formes syntaxiques ; l’abandon presque complet du vers-libre qui a pourtant donné de beaux poèmes ; le dédain des émotions factices ; le souci du fait social sans toutefois lui laisser la prédominance ; la Renaissance de la critique.
Voilà sa critique ! […] Uzanne a chiffonné les Belles-Lettres, bibeloté l’histoire, taquiné la Psychologie, coquetté avec la Critique. […] Uzanne est obligé, pour me combattre, de me faire dire ce que je n’ai point dit, et cette intrépidité finit par donner à sa critique une rare saveur. […] Nous le remercions infiniment, cet excellent critique, de vouloir bien nous révéler que l’art d’écrire exige un labeur effroyable, après que nous avons consacré 300 pages à indiquer cet effroyable labeur, ce qui, par parenthèse, ne me semble pas le meilleur moyen de démontrer qu’« un grimaud peut devenir un Chateaubriand ». […] Buffon consultait Bexon, Gueneau et ses collaborateurs ; il demandait leur avis ; ils refondaient ensemble leur prose ; quant à Chateaubriand, nul ne fut plus docile à la critique.
Cuvillier-Fleury se recommande, au contraire, par la différence des titres et même leur contraste : c’est un critique et rien qu’un critique. […] Un de ses amis l’a classé parmi les critiques raisonneurs. […] Camille Doucet, à la différence du candidat précédent, est un auteur et rien qu’un auteur, en ce sens qu’il n’est pas du tout un critique. […] Critique littéraire. […] Scribe, que l’embarras du choix parmi les auteurs dramatiques, sans aller y mêler des écrivains purement critiques ; l’Académie regorge déjà de critiques.
Mme de La Fayette avait dans ce monde une sorte de rôle d’autorité, et exerçait pour le ton une critique sage. […] Même sans cela, à force d’entendre unir son nom à la louange ou à la critique de l’œuvre, on l’adopte plus étroitement. […] Valincour écrivit très-incognito un petit volume de critique qu’on attribua au Père Bouhours, et un abbé de Charnes riposta par un autre petit volume qu’on supposa de Barbier d’Aucourt, critique célèbre d’alors et adversaire ordinaire du spirituel jésuite. […] Elle avait, nous l’avons dit, avec Boileau plus d’un rapport de droiture d’esprit et de critique irréfragable, et était à sa manière un oracle de bon sens dans son beau monde. […] On peut voir au tome II, page 304, des OEuvres diverses de Bayle, une critique très-agréable de la Princesse de Clèves, qui s’est allée loger dans les Nouvelles Lettres critiques sur l’Histoire du Calvinisme : cette critique de Bayle est l’antipode de l’idéal, et tout au point de vue de ce qu’on a appelé la bonne grossièreté naturelle.
Quelques rares critiques ont reproché à M. […] Telle est la critique, notre bien-aimée mère. […] Les critiques décidèrent que c’était la fin du monde. […] Et si les opinions préalables n’existent point, alors la critique se tait. […] Paul Hervieu occupe une place bien à part dans la critique contemporaine.
Il y a de la critique et de la bonne critique de nos jours pour les ouvrages de prose : il y en a peu et très peu pour les ouvrages de poésie. […] Essayons une fois, et par un exemple, de revenir à la vraie critique des poètes, à la critique qui tient compte de l’ensemble, mais qui ne craint pas d’entrer dans le détail. […] Aujourd’hui, cependant, qu’il entre dans la vie littéraire plus franchement, et non pas en simple et riche amateur ; aujourd’hui qu’il se fait à la fois critique, historien littéraire et un peu prophète, il nous permettra de compter de plus près avec lui et de peser ses paroles. […] J’ai souvent admiré, pendant la lecture des pièces de poésie, avec quelle attention, avec quel désir de trouver le bien, sans acception de genre ni d’école, on écoutait jusqu’au bout des choses qui, à nous autres critiques de profession, eussent paru dès l’abord impossibles à admettre et dignes d’un prompt rejet. […] La critique a beau gourmander, frapper comme ici du pied et du poing, le dieu souffle où il lui plaît.
Mais s’ensuit-il de là que ma critique ait été personnelle ou injuste ? […] Nous ne sommes pas les seuls Critiques, mon cher Ami, qui jugions ainsi. […] Vous n'aurez jamais de plus grand Philosophe, de plus fin Critique, de Raisonneur plus agréable. […] Après les Epigrammes, ou plutôt en même temps, ont paru les Critiques : & quelles Critiques ! […] Les Libelles ont succédé aux Critiques.
. — Critique du Cid par l’Académie française. — Opinion de l’hôtel de Rambouillet sur Le Cid. […] Georges de Scudéry en fit une critique offensante et provoqua celle de l’Académie naissante dont Corneille n’était pas membre. Le cardinal, jaloux du poète qui lui échappait, et envieux en même temps de sa gloire, imposa à l’Académie la critique du Cid. L’Académie s’honora par la sagesse de ses remarques et par une équitable distribution d’éloges et de critique.
La poésie est proprement le génie de la jeunesse ; la critique est le produit de l’âge mûr. […] Mais un critique, un érudit, mourir à vingt-neuf ans ! […] Mais c’était la critique qui le partageait déjà et qui allait l’enlever tout entier. […] Il avait à cette heure renoncé définitivement aux vers, et sa voie de curiosité critique était trouvée. […] Le critique supérieur se fait sentir dans ce simple tracé où les détails ne masquent rien.
Il renouvelait ainsi dans ses fondements la critique que d’autres s’occupaient à orner et à embellir par les dehors. […] Le volume s’est peu relevé de cette critique aux yeux des gens du métier. […] Nisard et Rigault laissent voir tout aussitôt dans leur critique. […] Ampère n’était pas pour ses amis un critique très-sûr ; l’affection le fascinait. […] Des critiques comme celles de M.
Mais tandis que le vieux Parnasse, ainsi qu’une ombre flasque se traînait, roi pompeux d’un royaume d’ombres, le Réalisme alors magnifié par vingt romanciers, prôné par autant de critiques, semblait vivre de la plus authentique des vies, de la plus saine, de la plus riche, de la plus organique, — et on l’eût pris pour l’Art, s’il n’eut été si près de la Science, et si semblable à la Critique. […] Bourget, qui fut assurément un des esprits les plus conscients de son époque, transcrit à ce sujet une page de Taine, bien significative : « Du roman à la critique et de la critique au roman, la distance aujourd’hui n’est pas grande. Si le roman s’emploie à nous montrer ce que nous sommes, la critique s’emploie à nous montrer ce que nous avons été. […] La production effrénée de Balzac, empêcha nombre de critiques de considérer son œuvre sous le point de vue de l’art. […] Empiriste, l’abstrait roman de Paul Bourget, qui entassa, qui compila les petits faits de la vie intérieure, et fut artiste d’autant moins qu’il se montrait meilleur critique.
Critique théâtral, un des jeux préférés de M. […] Sa critique, si elle peut s’accommoder d’une définition, doit s’appeler une critique d’idées. […] Emile Faguet apportait dans la critique. […] Bourget n’a pas manqué d’en faire la critique. […] Ces conséquences, un autre critique, M.
Des défauts de Balzac et de ses critiques. — Le père Goulu. — Les traités de Balzac. — § V. […] Au reste, critiques et apologistes, tout le monde attisait comme à l’envi la vanité de Balzac. […] Des défauts de Balzac et de ses critiques. — Le Père Goulu. — Les Traités de Balzac. […] Ses critiques n’avaient pas manqué de s’en apercevoir. […] De toutes les critiques du père Goulu, la plus sensible avait été ce défi de produire une œuvre de longue haleine.
Nous sommes historien et non critique. […] » Et, par une logique faite exprès, chacune de ces deux formules est une critique. […] Il l’opprime notamment dans la critique. […] Voilà ce qu’établira bientôt une autre critique, une critique forte, franche, savante, une critique du siècle qui commence à pousser des jets vigoureux sous les vieilles branches desséchées de l’ancienne école. […] On quittera, et c’est M. de Chateaubriand qui parle ici, la critique mesquine des défauts pour la grande et féconde critique des beautés.
I Combien — s’il n’était pas mort — nous en aurait-il fait d’Essais de critique et de littérature ?… Nouveaux essais de critique et de littérature fut le titre peu original, mais modeste, sous lequel Prévost-Paradol a publié ses premières œuvres. […] II En effet, ceci, c’est mon métier, c’est de la critique littéraire… Dans ces deux volumes de Prévost-Paradol, intitulés : Essais de littérature et de politique, j’ai cherché vainement le soubassement nécessaire à tout livre de littérature et de critique un peu forte, je veux dire le symbole quelconque — religieux ou philosophique, s’il n’est pas religieux, — sur lequel doivent s’appuyer les œuvres intellectuelles des hommes, et je n’en ai trouvé aucun, même à l’état d’essai. […] Taine et Renan ne sont, d’ailleurs, que des spécialistes de critique au Journal des Débats. Prévost-Paradol y était le critique de l’idée politique ; et, comme la femme dont Dieu a béni le ventre fécond, il y portait le grand ministre et le grand orateur dont il se croyait triplé.
Mais elles doivent l’être comme l’expression d’un homme qui a une âme charmante, capable de faire oublier, en lisant ses lettres, les erreurs et les débilités de son esprit, — et c’est ici que la Critique va prendre son cœur à deux mains pour dire toute la vérité sur un livre qui lui a donné tant de plaisir… Doudan est, en effet, sur bien des points, un débile et un erroné. […] Il était un critique, et sans la voluptueuse paresse de son esprit, il aurait pu être un grand critique. Il tire de l’ensemble de ses notions des certitudes nécessaires au critique, et que le mobile Doudan, moelleux comme son nom, ne connaissait pas. […] Tel est le discernement de cet homme littéraire, dont Cuvillier-Fleury, le critique, voulait faire un critique comme lui.
La manière des poètes importe plus à la Critique que le menu ou le gros des œuvres, car c’est par la manière qu’elle classe les poètes et qu’elle peut les caractériser. […] Autran nous a fait le petit ménage de son esprit. « Quand, il y a dix-huit mois, dit-il, je publiai Les Poèmes de la mer, quelques-uns de mes bienveillants critiques exprimèrent le désir (oh ! […] L’auteur de Milianah et de Laboureurs et Soldats a-t-il l’importance qui justifie l’examen détaillé de la Critique ? […] Dernièrement, un Critique optimiste, un de ces Critiques bienveillants dont M. […] En voyant tous ces trésors, le Critique optimiste pantelait d’admiration.
Les Dialogues sur l’Éloquence et la Lettre à l’Académie : la critique d’impression. […] Avec la Lettre à l’Académie, la relativité du goût devient secrètement le principe de la critique. […] Contre la critique dogmatique, contre l’application mécanique des règles, il fonde la critique de sentiment. […] Il est le plus charmant, le plus fin, le plus sûr des critiques, partout où sa nature se trouve conforme à l’œuvre dont il parle. […] Servois, Coll. des Grands Écrivains, Hachette, 3 vol. in-8, 1865-68. — A consulter : Taine, Nouveaux Essais de critique et d’histoire.
Jamais écrivain n’a plus vérifié par son exemple ce mot de Montesquieu, que « la critique peut être considérée comme une ostentation de sa supériorité sur les autres. […] Et quant à Charlet, si spirituel, mais qu’on grandit à plaisir, une remarque est à faire, qui touche à cette clé du jugement de certains critiques. […] En vérité, quand on y pense, la critique est bien difficile : chercher partout ce qui n’y est pas, au lieu de voir ce qui doit vôtre ! […] L’amant retourne tous les défauts de sa maîtresse et les traduit en louanges : la critique et l’envie humaine font tout le contraire avec les talents. […] » C’était à la fois, de sa part, une légère critique.
Il y a beaucoup plus de vivacité que de goût parmi les hommes ; ou pour mieux dire, il y a peu d’hommes dont l’esprit soit accompagné d’un goût sûr et d’une critique judicieuse. […] Il avoue que les anciens, quelque inégaux et peu corrects qu’ils soient, ont de beaux traits ; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa critique. […] Il faut qu’un auteur reçoive avec une égale modestie les éloges et la critique que l’ont fait de ses ouvrages. […] Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses. […] Le Cid enfin est l’un des plus beaux poèmes que l’on puisse faire ; et l’une des meilleurs critiques qui aient été faites sur aucun sujet est celle du Cid.
Le critique lui-même, un critique, un sans-cœur par métier, une bête féroce, remué par cette douleur si naturelle, si vive, si bien rendue, était sur le point de pleurer, lui aussi ! […] Ainsi mademoiselle Mars était une de nos forces, ainsi elle qui était un texte inépuisable à toutes sortes de beaux et faciles discours qui donnaient à la critique de ce temps-ci un aspect tout nouveau, une forme inattendue, une grâce inespérée. — Elle a fait, mademoiselle Mars, de la critique une force bienveillante ; elle a appris à la critique le dévouement et la louange ; elle a donné à la critique cet accent nouveau et qui lui va si bien, l’accent même de la sympathie et du respect ! […] Enfin la critique moderne est revenue, et vaillamment aux maîtres de l’antiquité, leur empruntant tout ce qu’elle pouvait leur prendre ! […] — Elle avait donné à la critique un peu de sa vie et de son accent, un peu de son vif regard et de sa parole au beau timbre. […] Heureusement la critique est plus humaine que le public.
Passemant, Ingénieur du Roi, une Lettre critique sur l'état de la Médecine, des Essais historiques, littéraires & critiques sur l'Art des Accouchemens chez les Anciens, une Lettre sur les Hôpitaux militaires, adressée à un Militaire* Littérateur ; tel est encore son Ouvrage qui a pour titre, Singularités historiques, littéraires & critiques en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, disposées par ordre alphabétique, avec des Anecdotes sur plusieurs Médecins, Chirurgiens & Chimistes, tant anciens que modernes.
Ce sont pourtant (si l’on y ajoute deux anciens et tout premiers articles sur les Odes et Ballades insérés dans le Globe à la date des 2 et 9 janvier 1827), ce sont les seuls morceaux critiques que j’aie écrits expressément à l’occasion de ses œuvres. […] Ce procédé, qui n’est point celui du critique impartial et tout à fait naturaliste, tenait à la fois, sans doute, à l’affection tendre que j’avais mise dès l’abord au succès et au triomphe de ce talent, et aussi à ma tournure d’esprit personnelle. […] … Ce qui est certain, c’est que quand je considère aujourd’hui tout l’ensemble de l’œuvre étonnante de Victor Hugo, dans laquelle il a mis de plus en plus hardiment et fait sortir tout ce qu’il avait en lui de force, de qualités et de défauts, en les poussant jusqu’au bout et à outrance, je sens combien je suis demeuré timide à son égard et insuffisant comme critique : j’en suis resté avec lui très en arrière, à l’autre versant de la montagne, sans doubler le sommet et sans redescendre les dernières pentes si déchirées et si rapides. […] Victor Hugo allait se rapprocher encore de son critique et loger lui-même rue Notre-Dame des Champs. » Dans ces récits faits en courant et à si longue distance, la mémoire, si on ne la contrôle de près, a bien de la peine à ne pas être involontairement infidèle. […] Je n’y allais pas non plus pour m’offrir d’en parler, ni pour faire des avances : j’étais trop critique, même dans ma jeunesse, pour aller d’emblée me jeter à la tête des auteurs dont je pouvais avoir à parler.
Faugère par son Édition nouvelle, d’autres encore, ont ouvert une controverse à laquelle ont pris part les critiques étrangers les plus compétents : Néander à Berlin, la Revue d’Édimbourg par un remarquable article de janvier 1847277, sont entrés dans la lice : il n’a pas fallu moins que la Révolution de Février pour mettre fin au tournoi. […] Vinet ; il serait difficile d’analyser ici une série de leçons et d’articles critiques qui sont déjà des analyses. […] Les moralistes français y sont l’objet d’un examen approfondi, et l’on pourra reconnaître dans le critique qui les juge le coup d’œil de leur égal et de leur pareil. […] Elle servira en même temps à bien fixer le point de départ de nos rapports, sur lesquels des critiques estimables (M. […] C’en est un encore, dût-il en coûter à l’amour-propre (et certes vous avez trop ménagé le mien), que de se voir étudié avec un soin si attentif ; tant d’attention ressemble un peu a de l’affection ; et quel profit d’ailleurs n’y a-t-il pas à être l’objet d’une si pénétrante critique ?
La raison domine dans toute cette production versifiée, et la raison d’un siècle analyseur, abstracteur, argumenteur et critique ; on ne rencontre pas un éclat de passion, pas une impression, pas une image : aucune trace fraîche enfin de la nature ou de la vie. […] La satire lyrique du xvie siècle ou du xixe ne saurait se rencontrer ; mais on trouvera la satire analytique, critique, épigrammatique, le pamphlet en vers, amusant ou virulent, qui dissout les doctrines ou diffame les hommes. […] Il a une âpreté qui donne du sérieux à l’épigramme et par la sûreté des applications, par la nerveuse perfection de la forme, il a su agrandir ce jeu d’esprit : il en a fait un appareil de condensation de la critique littéraire ; ses meilleures pièces sont comme des extraits concentrés et mortels. […] Il publia ses Odes en 1707, ses Fables en 1719 ; en 1714, son Iliade, qu’il soutint dans ses Réflexions sur la critique (1716). […] Jullien, Hachette, in-8, 1859 (réimpression des discours et préfaces critiques de La Motte).
De tous les moyens recommandés pour former son originalité et son style, l’imitation est un si profitable exercice, d’un usage si universellement admis par les classiques, que je suis ébahi de voir des critiques nous blâmer de la conseiller. […] Mais écoutons notre critique enfler le ton et énoncer des théories. […] Il faut le voir se démêler de tout cela, et la prétention scientifique qu’il donne à sa fantaisie, car ce critique littéraire, qui déclare que la science ne découvre rien, a la superstition de la science ! […] Hæckel ou Le Dantec suffisent à la critique, et l’on enseignera quelque jour la littérature par la physiologie cellulaire. […] Comme on n’apporte aucune preuve de ce démenti, on ne peut qu’admirer cette intrépidité ; et, comme nous n’avons pas attendu les lumières de certains critiques pour savoir ce que c’est qu’un style abstrait, nous répondions tout simplement que « la plupart des styles qu’on appelle concrets sont réellement abstraits ».
Jules Levallois — tout le monde le sait — est un critique qui débuta — et qui, comme un acier très pur ou une glace très polie, fît lueur dès qu’il parut pour la première fois, — dans le journalisme contemporain. […] Libre-penseur comme Sainte-Beuve, mais sans avoir les idées de Sainte-Beuve, ni une manière d’exprimer les siennes qui ressemblât à la manière de Sainte-Beuve, il fit de la critique militante (et même un de ses livres porte ce nom-là) au lieu de faire de la critique anecdotique, microscopique et subtilement recherchée, comme celle de Sainte-Beuve. […] Très apprécié de Guéroult, qui aima le talent comme les gens qui en ont, Jules Levallois fit régulièrement des articles ; mais le critique militant devint un jour un irrégulier et ce n’était pas étonnant : il se produisit en lui un grand changement, ou du moins une modification profonde… Il devenait ermite, et, au lieu de chercher les petites bêtes dans les œuvres littéraires où il y en a souvent beaucoup, il chercha dans les bois et il étudia les fourmis. […] Jules Levallois, l’homme de la critique militante, n’entend pas ainsi les ermites, et sous sa robe d’ermite, à lui, il a gardé encore une main très prête et très propre au combat.
« L’idylle hébélienne — disait en 1847 un critique distingué, le professeur Rapp de Tübingen, — est dans la littérature allemande quelque chose de si complètement à part, que nous ne la comprenons pas nous-mêmes dans le cercle ordinaire de la littérature, À nous, Allemands du sud, à qui Hebel tient si fortement au cœur, cela fait déjà mal quand on nous dit que quelqu’un a cherché à traduire ces poésies en haut allemand ; car il y a pour nous comme une profanation de l’intimité avec laquelle nous honorons ces produits. » Et le mot produits est bien dit, il marque mieux qu’un autre l’autochtonie du talent de Hebel. D’autres critiques, aussi Allemands du sud que Rapp, ont prétendu que, pour cette raison d’origine et de terroir, Hebel ne pourrait avoir ailleurs que dans son pays le succès et la sympathie qu’il mérite. […] Quant à Hebel, ce frère cadet de La Fontaine, il aura produit un de ces petits livres qui suffisent peut-être à la gloire d’un homme et d’un pays, mais derrière lequel la Critique voit l’idéal encore, l’idéal qu’elle ne voit plus derrière le livre de Burns, tant il est complet et tant il est exquis ! Quand les poésies de Hebel parurent, Goethe et Jean-Paul, qui tenaient le sceptre de la Critique en Allemagne, firent entendre de ces paroles qui étaient le jugement antidaté de la postérité, la question de toute supériorité intellectuelle n’étant jamais rien de plus qu’une avance de la Pensée sur le Temps : « Je viens de lire pour la sixième fois — s’écriait Jean-Paul — ce recueil de chants populaires qui pourrait trouver place dans celui de Herder, si on osait faire un bouquet au moyen d’un autre. […] « Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand.
C’est en vérité de l’excellente critique. […] On pourrait continuer sans fin ces agaçantes critiques. […] Aucun critique ne s’en garde. […] C’est ce qui induisit plusieurs judicieux critiques à avancer que M. […] Montfort critique est celle-là même que nous avons précédemment montrée.
André Gide une de ces intelligences critiques que leur délicatesse scrupuleuse paralyse. […] André Gide quand il expose ses opinions critiques et j’aime à lire par-dessus son épaule ses souriantes Lettres à Angèle. […] Les Lettres à Angèle sont ornées de bien jolis jugements critiques. […] Inconsciemment encore, il se défend lui-même et dénigre ce qui lui manque quand il critique la force qui est souvent stabilité. […] De la critique à plat ventre devant les puissances d’aujourd’hui ; de la critique diplomatique qui, devant les puissances possibles de demain, sourit, s’incline et se réserve.
A quoi sert donc de faire des Préfaces, si les Critiques s’obstinent à susciter des griefs auxquels on avoit répondu d’avance ? […] Il en étoit enfin dont les Articles fournissoient matiere à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations indispensables. […] Il faut néanmoins convenir que ces deux derniers Ouvrages, accompagnés de notes historiques & critiques, annoncent un Littérateur érudit, qui, malgré la froideur de son style, écrit beaucoup mieux que la plupart de ses confreres de l’une & l’autre Académie.
Delécluze est surtout un critique de beaux-arts, qui depuis 1822, depuis quarante ans ! […] Critique d’art, M. […] Ces critiques classiques, qui donnent de si grands préceptes sur l’unité d’intérêt et de composition, ne les suivent pas toujours dans l’ordonnance de leurs livres. […] Étienne, tu seras un critique. » On sent de quelle espèce de critique entendait parler le maître : artiste manqué, critique par pis aller. […] Delécluze a été Pitomme de la critique musicale aux Débats pendant trente ans, et il n’a cessé de prêcher la mélodie.
Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant La destinée des écrits de Ronsard ne me paroît pas à craindre pour les ouvrages de nos poetes françois. […] M. l’abbé Gravina dans sa dissertation sur la tragédie qu’il fit imprimer il y a dix-sept ans, dit que ses compatriotes adoptent sans discernement des pieces dramatiques françoises, dont les défauts sont blâmez de notre nation, qui s’en est expliquée par la bouche de deux de ses plus fins critiques. […] Mais, dira-t-on, ne pourra-t-il pas arriver que les critiques à venir fassent remarquer dans les écrits que vous admirez des fautes si grossieres, que ces écrits deviennent des ouvrages méprisez par la posterité ? […] Si les fautes que ces critiques reprendront sont des fautes contre l’art de la poësie, ils apprendront seulement à connoître la cause d’un effet qu’on sentoit déja. Ceux qui avoient vû le Cid avant que la critique de l’académie françoise parut, avoient senti des défauts dans ce poeme, même sans pouvoir dire distinctement en quoi consistoient ces défauts.
Les raisons que l’éminent et fin critique donne à l’appui de son opinion, sont de plus d’une sorte. […] Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon. […] Sainte-Beuve, le critique littéraire et le poète, a bien montré le côté intime et curieux de cette vie, mais la beauté morale qu’elle révèle plus que tout l’a-t-elle assez frappé ? […] Le critique qui va, tout à l’heure, tuer la Critique sous une indulgence que ne connaissait pas Madame de Créqui, admirable critique d’instinct sur place et dans la causerie, n’ajoute-t-il pas cet incroyable précepte : « Le mieux est de ne pas désespérer, même en causant, les talents incomplets qui ont un coin d’infirmité ?
I Voici deux déplorables livres que la Critique ne peut séparer et qui soulèvent, hélas ! […] Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur. […] seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit, de sa plume titubante de femme littéraire : « L’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même ! […] Les critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant peuvent la traiter de tête d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais, pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, madame Sand n’est qu’une femme littéraire, ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire. C’est ce que la Critique de la postérité aura à mesurer.
Deux romans scandaleux I Voici deux déplorables livres que la Critique ne peut séparer et qui soulèvent, hélas ! […] La Critique même, qui a le triste devoir de juger les autres, et qui, pour cette raison, est tenue à plus de décence que ceux-là qui n’ont qu’à parler, voudrait taire ce que personne ne lait, qu’elle n’en serait pas moins, sans risquer de noms, très-bien comprise… Sa réserve, si elle en avait, serait donc inutile, mais elle n’est pas assez Jocrisse pour garder le secret d’une comédie dont tout le monde se passe le mot. […] Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur ! […] Les Critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant, peuvent la traiter de têtu d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, Mme Sand n’est qu’une femme littéraire ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire. C’est ce que la Critique de la postérité aura à mesurer.
Ce sera pour la Critique une occasion, cela ! […] Bien des critiques l’écarteraient peut-être du haut d’un spiritualisme dédaigneux, mais moi, non ! […] La Critique, qui doit tout comprendre et tout embrasser, excepté le faux, la Critique, qui doit même se réjouir de ce que la science ait investi l’art d’une force nouvelle, devait non-seulement applaudir à l’influence physiologique dans le roman, et dans le roman de la moralité la plus spirituelle, mais elle devait même encourager, sous toute réserve, le genre spécial du roman, qui allait fatalement tendre à se constituer, et qu’on peut appeler le roman purement physiologique. […] Mais, il faut bien le dire, il n’y a pas encore, en ce moment, de pareille œuvre dans la littérature du dix-neuvième siècle, et, quand la Critique se pose cette question-là, elle se fait l’effet de se pencher sur le bord d’un gouffre… Seulement, disons que, quoi qu’il en puisse être et quoi qu’on puisse penser du génie, qui n’a pourtant jamais dit, et qui ne dira jamais le mot de ce fat de Calonne à une femme, et qu’il trompait encore ! […] alors la Critique, qui a commencé par poser un cas littéraire, s’interrompt, ne voulant pas être plus dupe que le simple lecteur, et dit à l’oripeau couleur de sang : — Passe donc !
. — La critique des ratures. — Apologie de l’inspiration. […] Léon Blum, dont j’aime, d’ailleurs, le talent très clair, est du nombre de ces critiques qui font vraiment trop d’honneur à mon invention. […] De très bons critiques ne se sont pas mépris sur la portée de notre dernier livre et la part que nous faisons à l’inspiration : « C’est aux écrivains, eux-mêmes, dit M. […] Chaumeix est le critique qui a le plus clairement et le plus impartialement exposé notre doctrine (NdA)
L’intérêt d’une mort prématurée — et même poétique — ne doit pas faire oublier à la Critique impartiale et sévère qu’elle s’adresse à ceux qui survivent, et que la seule question qu’il y ait pour elle n’est jamais qu’une question de littérature. […] Cette trempe qui étonne et qu’on admire comme un luxe dans un écrivain, Ferry l’avait comme ses héros, et voilà ce qu’une critique qui voit plus que l’épiderme de la pensée doit noter. […] Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature. […] C’est la seule chose des deux volumes de Gabriel Ferry qui mérite l’éloge de la Critique, et ses regrets.
Il estimait que la critique ne devait pas être personnelle ; il affirmait que le critique devait constituer en lui, conserver et consommer l’impersonnalité de la critique. […] Brunetière entend par la critique impersonnelle. […] Brunetière débuta dans la critique. […] Certaines nouveautés, en art critique, lui déplaisaient assez, comme, par exemple, « la critique des beautés substituée à la critique des défauts ». […] Les critiques du temps étaient très célèbres.
Qu’il a de quoi dérouter la critique, et surprendre son église ! […] La critique romantique positiviste, historique, se détermine. […] (Cela n’est point de la critique littéraire). […] Ce qu’il faut sauver de la civilisation occidentale, c’est l’esprit critique. […] Romain Rolland défendait l’indépendance, l’esprit critique.
Dargaud doit être distingué par la Critique, car voilà dix ans qu’il a paru et il n’a pas vieilli d’une heure ! […] Puisque la réimpression entraîne pour la Critique l’obligation de rejuger son propre jugement, nous rappellerons que nous aussi nous nous inscrivîmes en faux contre les affirmations religieuses et beaucoup de déductions politiques du livre de M. […] Pourquoi ce retard dans la publicité et dans la critique ? En présence des œuvres fortes, des œuvres suées par les hommes de labeur et d’étude, la Critique a parfois de singulières mollesses ! […] Contre un intérêt de cet ordre, rien ne peut prévaloir de la part de ceux dont le métier est déjuger, ni superficialité, ni engourdissement, ni ignorance, puisque, avant d’être des critiques, ils sont des hommes !
C’était cette vie que la Critique a pu consulter pour expliquer un talent bizarre souvent, mais incontestable, trop grand pour n’être pas compté dans la littérature contemporaine. […] Quoi qu’il ait été par les opinions et par les principes, intellectuellement Stendhal fut un homme, et c’est assez pour que la Critique s’en occupe dans un intérêt littéraire, et même dans un intérêt de moralité. […] Non seulement Stendhal a un de ces mérites positifs qui forcent la main de la Critique, mais il a, de plus, une fascination singulière, qui a obligé à le regarder. […] Un critique très fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là que toute la terre appelle le bonhomme avait naturellement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons, et qu’importe, du reste, pour le résultat ! […] Mais nous disons que ces défauts, qui gênent et qui dégoûtent, ne détruisent pas l’empire exercé par Stendhal sur les esprits un peu fortement organisés, signe certain qu’il y a ici une puissance — une réalité de puissance — dont la Critique est tenue de trouver le secret.
C’était cette vie que la critique a pu consulter pour expliquer un talent bizarre souvent, mais incontestable, trop grand pour n’être pas compté dans la littérature contemporaine. […] Quoi qu’il ait été par les opinions et par les principes, intellectuellement Stendhal fut un homme, et c’est assez pour que la Critique s’en occupe dans un intérêt littéraire, et même dans un intérêt de moralité. […] Non-seulement Stendhal a un de ces mérites positifs qui forcent la main à la Critique, mais il a, de plus, une fascination singulière qui oblige à le regarder. […] Un critique très-fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très-piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là, que toute la terre appelle le bonhomme, avait littérairement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons ; et qu’importe, du reste, pour le résultat ! […] Mais nous disons que ces défauts, qui choquent et qui dégoûtent, ne détruisent point l’empire exercé par Stendhal sur les esprits un peu fortement organisés, signe certain qu’il y a ici une puissance, une réalité de puissance, — dont la Critique est tenue de trouver le secret.
Et cela ne lui était pas défendu, mais encore fallait-il procéder avec critique. […] La conclusion, sur le bilan du symbolisme, est écrite avec un effort louable sinon de critique, du moins d’impartialité. […] À moins qu’en bon voltairien, il ne considère ce qui se comprend mal comme un équivalent de la métaphysique… disons, à sa décharge, que des critiques se sont unis à ces poètes pour nous duper. […] Le symbolisme ne comportera, pour la critique, un ordre et un sens que lorsqu’un nouveau mouvement poétique (je n’ose dire une école) lui aura succédé, lorsqu’il sera possible de le définir comme il faut, par ce qu’il précède et par ce qui le suit. […] C’est pourtant votre métier de critique.
Section 36, des erreurs où tombent ceux qui jugent d’un poëme sur une traduction et sur les remarques des critiques Que penserions-nous d’un anglois, supposé qu’il en fut un assez leger pour cela, que penserions-nous, dis-je, d’un anglois qui sans entendre un mot de françois, feroit le procès au Cid sur la traduction de Rutter, et qui le termineroit en prononçant qu’il faut attribuer l’affection des françois pour l’original aux préventions de l’enfance ? […] Tous les jugemens et tous les paralelles qu’on peut faire des poëmes qu’on ne connoît que par les traductions et par les dissertations des critiques, conduisent infailliblement à des conclusions fausses. […] Si nous supposons encore que ce polonois raisonneur, vienne à bout de persuader à ses compatriotes qu’on est capable de juger d’un poëme dont on n’entend point la langue, après en avoir lû la traduction et la critique, ils ne manqueront pas de prononcer que Chapelain est meilleur poëte que le grand Corneille.
Est-ce que je vais me mêler, moi critique littéraire, de la manière d’assembler les prochains conciles ? […] laissez-nous de grâce, à nous autres critiques, l’histoire littéraire et ce qui en dépend. […] Sur chaque point, cet esprit nourri aux sources, ce professeur appartenant à l’école exacte et sévère de notre Université, résume avec précision les idées, les vues les plus saines comme les plus avancées de la critique moderne. On a là sur l’Iliade, sur la question homérique, sur le degré et la nuance d’originalité de l’Énéide, sur cette autre originalité un peu rude et barbare, mais puissante et pleine de sève, qui se révèle dans la chanson de Roland à Roncevaux, on a le dernier mot de la critique sous forme rapide et sobrement élégante. […] Paul Albert est une date ; c’est le premier d’une série, le premier jalon d’une route, d’une œuvre collective nouvelle que je définirai ainsi : la vulgarisation élégante et élevée des notions acquises par la critique littéraire la plus saine et la plus avancée ; le renversement ou plutôt l’annulation des vieilles rhétoriques ; une méthode vivante et naturelle substituée aux formules didactiques, — je dis une méthode et non pas de simples séances d’Athénée agréables et décousues, mais tout un mode d’enseignement suivi, et cela à l’usage spécial d’un sexe qu’on avait trop accoutumé jusqu’ici au décousu et à l’amusant.
Clément, dont les Critiques sont ordinairement si justes, a été beaucoup trop sévere, ou, pour mieux dire, injuste, dans le jugement qu’il a porté sur le dernier de ces Ouvrages. […] Le Critique de l’Abbé de Marsy lui fait encore un crime d’avoir imité quelques endroits de l’Art poétique de Despréaux, tandis qu’il ne reproche point à du Fresnoy d’avoir imité Horace, sur lequel il s’appuie presque toujours. […] Nous ne pousserons pas plus loin cet Article, quoique nous nous fussions proposé d’y prouver encore, contre l’Auteur des Observations critiques, non seulement que le Poëme de l’Abbé Marsy est très-didactique, mais encore qu’il n’est pas impossible d’en faire un sur le même sujet, dans notre Langue, dont la lecture soit intéressante. […] Observations critiques sur différens Poëmes de la Peinture, pag. […] Observations critiques, pag.
Il ne s’étoit jusques là fait connoître que par une critique du livre de la religion prouvée par les faits, & par une autre de la tragédie d’Inès de Castro, sous ce titre : Paradoxes littéraires. […] On ne connoissoit guères avant lui ce genre de critique qui, sans donner dans la sécheresse de la froide analyse ni dans le dégoût de l’érudition, ne prend de celle-ci que ce qu’elle a d’agréable. […] C’est dans ces écrits périodiques que Desfontaines a paru aux yeux de ses partisans l’Aristarque de nos jours : c’étoit à leur gré un critique judicieux, qui avoit le tact sûr, avec un talent singulier pour saisir les beautés & les endroits foibles d’un ouvrage ; pour les présenter au public dans leur vrai point de vue, pour les lui présenter d’une manière élégante & enjouée ; un observateur qui mettoit de l’intérêt dans les moindres choses, qui sçavoit l’art d’amuser & d’instruire, de fondre habilement, dans l’occasion, toute cette érudition qu’il avoit puisée dans les meilleurs écrivains anciens & modernes. […] L’équité demande qu’on fasse cet aveu ; l’avantage des lettres ne l’exige pas moins : mais s’il n’a pas toujours été injuste dans ses critiques, peut-on excuser le motif qui les lui dicta ? […] Cet excès de vengeance ne fut, dit-on, qu’une réponse au Préservatif ou Critique des Observations sur les écrits modernes.
Il y a dans le titre seul de cette histoire quelque chose de fastueux, d’étalé, de gonflé, qui sent son petit Tuffière historique en herbe, et qui dispose mal la critique en faveur d’un livre annonçant plus qu’il ne peut tenir. La critique a le respect des choses difficiles. […] , la critique n’en parlerait pas. […] ce n’est pas une loi de la nature et de notre misère qu’une grande gloire morte ait ses vers qu’elle engraisse de sa lumière comme les cadavres ont les leurs, et il est bien temps, pour l’honneur de l’esprit en France, que la critique enfin proteste contre toutes ces profanations ! […] Cette fausse conception de la réalité ne pouvait-elle pas passer de l’opinion dans l’Histoire, et la critique, qui en garde les avenues, ne devait-elle pas signaler un ouvrage qui rend maintenant impossible à une telle erreur d’y pénétrer ?
pourquoi… Faites dire ses petits secrets à la Gloire, et vous aurez éclairé le côté le plus profond de la Critique. […] Pour celles de Pascal, la Haine se chargeait de leur gloire, et elle leur en coulait une dans un tel bronze qu’aujourd’hui même nous ne conseillerions point à la Critique, si elle ne voulait pas se voir jeter dans sa propre fournaise, de toucher à ce livre accepté comme un chef-d’œuvre, quoiqu’il soit vrai pourtant de dire que le comique en a vieilli et qu’on n’y trouve jamais que la même ironie, ramenée et répétée… le croira-t-on ? […] Si donc le talent n’explique rien et n’existe pas réellement dans les lettres de la Religieuse portugaise, le piquant problème que nous signalions plus haut à la Critique n’est-il pas le seul qui lui reste aujourd’hui à poser ? […] Nous portons le défi à la critique la plus amoureuse de la Religieuse portugaise de citer une seule phrase de ces lettres où la passion vraie, la passion presque sainte de vérité, même quand elle est coupable, halète et frissonne ! […] Seulement, puisque aujourd’hui on la réimprime, comme on réimprimait hier aussi les Lettres d’Héloïse et d’Abailard, — une production du même ordre pour la fétidité de l’inspiration et la nullité du talent, — il faut bien que la Critique littéraire, indignée d’un tel choix de publications, y fasse barre avec son mépris !
I Je ne crois pas que par ce livre, d’un titre écrasant : De l’Intelligence, Taine, ce Paradol de la philosophie, à qui la renommée a été tout de suite facile, comme à Paradol, force l’attention et la prenne… Ce n’est plus ici que la critique, animée, superficielle, mais épigrammatique, des Philosophes classiques du xixe siècle en France. […] Tout cela, trouvé soit charmant, soit superbe, par la moyenne des esprits et des critiques à qui tout cela s’adressait, est remplacé ici par quelque chose qui, à cette moyenne d’esprits et de critiques, va paraître cruellement rude à avaler ! […] … Quelle critique se donnera la peine d’éventrer ce livre effrayant, pour lui regarder aux entrailles et finir par montrer qu’elles manquent ? […] C’est lui-même, Taine, le critique littéraire qui s’était si agréablement balancé entre Tite-Live et La Fontaine ; lui, les lunettes professorales du palais des Beaux-Arts et le binocle des Musées d’Italie ; lui, le poète fantaisiste des petits cochons roses, c’est lui-même qui a renoncé à la littérature, au binocle, aux petits cochons, à la fantaisie, qui s’est changé en philosophe ardu et qui a pris pour nourrice la philosophie au lait d’ânesse !
avant l’épreuve et le jugement du public et de la critique ? […] Encore nous autres, critiques naïfs, dont M. […] La critique ne consiste pas à formuler des jugements, ainsi que M. […] A qui profitera cette indifférence critique ? […] Oui, je le sais, « à la critique stérile des défauts », ce siècle a substitué « la critique féconde des beautés ».
Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières. […] Vinet un critique littéraire du premier ordre, et c’est à ce titre qu’il nous touche particulièrement. […] Oui, il y avait en ce temps-ci un critique sagace, précis, clairvoyant, et, quand il le fallait, sévère, qui obéissait en tous ses mouvements à un esprit chrétien de charité. […] Vinet réservait l’application de sa haute faculté critique.
Il se donna pour la lumière qui devoit éclairer ses contemporains & dissiper leurs prestiges, réduisit Voiture à sa juste valeur, & fit une critique de ses œuvres. […] Cette critique étoit encore plus raisonnable qu’on n’avoit lieu de l’attendre de son siècle Elle courut manuscrite en 1650. […] Celui-ci voit la critique un des premiers, & la communique à d’autres. […] Ce dernier, fanatique sur le compte de Voiture, ne voyant rien de comparable à sa prose & à ses vers, se glorifiant des liaisons qu’il avoit eues avec lui, & voulant montrer qu’il en étoit digne, quoiqu’il n’eut encore rien donné au public, réfute la critique, & fait également parvenir son ouvrage à Balzac.
Mais à quoi bon s’arrêter à ces critiques de détail ? […] Certainement, quand on voit ce qu’est devenue la critique entre les mains de M. […] Mais, quoi qu’il en soit, Herder a bien vu la haute importance des monuments de critique que la Grèce nous a légués. […] Depuis Thalès jusqu’à Timée, Platon, Xénocrate, il étudie et critique ses prédécesseurs, ses maîtres, ses condisciples. […] La Physique n’est pas davantage à l’abri de toute critique.
Voilà le mot terrible et doux qui va planer sur cette critique que je vais risquer de Paul Féval et de ses œuvres. […] La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary. […] Je ne suis pas de ceux qui lui diraient, comme un critique chrétien le lui disait l’autre jour (drôle de christianisme !) […] Je ne serais pas un critique de fonction obligatoire, qu’à propos du livre de Féval sur le Mont Saint-Michel je serais un critique volontaire. […] La critique moderne n’en conviendra pas.
Les critiques dramatiques de M. […] René Boylesve grand compliment des trois ou quatre pages de préface qu’il a mises à son nouveau volume, car il s’y montre critique, et critique éminent, quoique critique d’occasion. […] Tant de perspicacité, et cette divination des lois de la pensée m’enchantent, mais c’est de la critique, n’est-ce pas, et la critique est un genre inférieur. […] Un Critique. […] Nous critiquons les livres ; il critique les mœurs.
Ce n’est point d’ailleurs le rôle de la critique de prédire sans cesse le lendemain, d’outrepasser les horizons ; elle l’a voulu trop faire jusqu’ici. […] La critique ne peut guère prétendre à plus pour éclairer et pour avertir. […] Leur absence dans la critique littéraire n’a pas peu contribué à rompre toute tradition, à laisser le champ libre à l’industrialisme et à tous les genres de cupidités et de prétentions. […] La critique, en causant de ces choses, ne peut avoir d’autre prétention que de proposer ses doutes et de faire naître dans les esprits élevés de généreux désirs. En attendant, jalouse d’entamer du moins ce qui est possible immédiatement, la critique n’a qu’à s’appliquer de plus près et avec plus de rigueur à ce qui est, pour en tirer enseignement et lumière.
Pour moi, sortant de cet odieux dédale, je voudrais, une bonne fois, être reconnaissant envers Grimm comme envers un des plus distingués de nos critiques, et tâcher de le présenter dans sa vraie physionomie, sans enthousiasme (il en excite peu), sans faveur, mais sans dénigrement. […] Né à Ratisbonne, en décembre 1723, d’un père qui occupait un rang respectable dans les Églises luthériennes, il fit ses études à l’université de Leipzig ; il y eut pour professeur le célèbre critique Ernesti et profita de ses leçons approfondies sur Cicéron et sur les classiques. […] Grimm, vivant dans le monde, échappa à cette difficulté moyennant le secret de sa Correspondance ; mais, si la publicité est un écueil presque insurmontable pour la critique franche des contemporains, le secret est un piège qui tente à bien des témérités et à bien des médisances. […] Dans sa relation avec Mme d’Épinay, Grimm se présente bientôt, et avant tout, comme un guide critique et un conseiller judicieux : ce caractère chez lui, si essentiel jusque dans l’amitié, est très remarquable. […] Quoi qu’il en soit, il va devenir de plus en plus le critique ordinaire intérieur et le chroniqueur littéraire du siècle.
Le génie est revêtu d’une sorte d’inviolabilité qui commande le respect, même dans ses écarts et ses chutes ; il serait quelquefois cruel et presque impie de lui appliquer à la rigueur les sentences d’une critique trop austère. […] Et qu’une critique même équitable et modérée de cette triste pièce, si elle eût paru le lendemain de la représentation, eût à bon droit été jugée chétive, misérable, et digne à peine d’un Fréron ou d’un Clément ! […] Il n’y aurait qu’un cas où toutes ces distinctions, qu’on trouvera peut-être subtiles, mais qui se rattachent, selon nous, à la partie morale de la critique, deviendraient aussi funestes que ridicules, et où la vérité seule devrait parler, dure, amère, inexorable. […] Faire, à propos d’un pareil livre, une critique d’ensemble serait perdre sa peine : il suffit pour le ruiner d’en extraire quelques passages. […] Nous ne pousserons pas davantage aujourd’hui cette facile et dégoûtante critique.
La variété des caractères, la critique plaisante des mœurs en sont une lecture aussi instructive qu’amusante. […] C’est à quoi n’ont pas fait assez d’attention les critiques de M. de Marivaux, homme infiniment aimable, homme estimable qui ne méritoit que des amis. […] Il parodia dans son Roman de Tanzai le langage de M. de Marivaux, qui fut très-sensible à cette critique. […] C’est suivant les critiques de M. de V. […] En un mot, on s’est épuisé en critiques ; mais on ne fçauroit trop aussi donner des éloges au génie qui perce même dans les moins bonnes lettres de ce Roman unique en son genre.
La première, — par la date et par le talent — de ce temps, avant lequel il y eut bien des femmes qui écrivirent, mais où ce qu’on appelle le Bas-Bleuisme n’existait pas encore… Aussi, quand ce livre de Weymar et Coppet, qui n’a, d’ailleurs, de supériorité d’aucun genre, parut, il y a quelques années, il n’en attira pas moins l’attention de la Critique parce qu’il parlait de Mme de Staël. […] mais en métaphysique et dans la critique littéraire, elle manque de principes arrêtés, du haut desquels on regarde les choses ; elle ne sait juger définitivement ni les œuvres, ni les systèmes. […] Mme Sand, qui n’est pas plus un homme que Mme de Staël, qui n’a pas plus de principes premiers, pas plus de métaphysique prépondérante que Mme de Staël, n’a pas l’esprit critique, même dans la mesure où il est en Mme de Staël. […] Ce don merveilleux de fascination critique, Mme Sand ne s’en doute même pas ! […] Mme de Staël, à qui des critiques aveugles ont voulu imposer cette monstruosité et fait croire, par là, à toute les femmes bas-bleus qui se sont coupé un jupon dans la queue de sa robe, qu’elles pourraient à volonté être des hommes par le cerveau, aussi bien que nous, Mme de Staël, uniquement femme en ses facultés intellectuelles, le fut encore dans l’emploi qu’elle en fit et les sujets auxquels elle les appliqua.
La Critique voudra-t-elle bien y toucher de ses mains prudentes ?… Il y a dans le Musée d’armes de la Critique embarrassée une vieille machine de précaution qui s’appelait autrefois : la conspiration du silence. […] C’est cette anecdote, désavouée dans le temps par une critique superficielle et amie de Voltaire, qui a été l’occasion du livre nouveau que M. […] Dans le livre d’une si effroyable accusation d’improbité et de lésinerie qu’il lance aujourd’hui contre Voltaire, chaque fait, trié par l’examen, porte l’indication des sources où il a été puisé, et, si l’auteur se trompe, on pourra du moins compulser ses erreurs et la Critique est avertie. […] Ces renseignements, ces anecdotes, ces rapprochements, ces témoignages, qui ne vont à rien moins qu’au déshonneur complet de Voltaire et dont l’auteur du Ménage et finances prend intrépidement la responsabilité vis-à-vis de la Critique, essaiera-t-on de les diminuer ?
Les critiques le jugeront, et c’est une occasion que je leur offre de dire un dernier mot, s’ils en ont un à dire, sur cet homme grandement classé et déjà classique. Pour ma part, je ne fais que mon simple métier d’éditeur en éditant Le Sage et en donnant à la Critique une belle occasion de faire le sien. » Et elle le fera ; et ce sera probablement inutile qu’elle le fasse ; mais, n’importe ! il sera fait… La Critique sait trop bien la force des choses acquises et acceptées par l’opinion pour croire les arracher, en deux temps, à l’opinion, et les reprendre. […] Boileau, qu’il appelle « un vieux critique » qui ne comprenait rien aux talents de la belle jeunesse, jeta le livre par la fenêtre et menaça son valet de le mettre à la porte. […] Je ne reproche point à Henri Monnier d’avoir fait Le Roman chez la portière, le meilleur coup que la Critique ait jamais porté à Alexandre Dumas, étant, moi, de ceux-là qui se défient des génies capables d’enthousiasmer les laquais !
En quelques années, elle a touché à tous les sujets : roman, critique, histoire, histoire littéraire, hagiologie, critique scientifique. […] Lire la critique du Romantisme faite par un Classique, c’est lire la critique du Réalisme par un Idéaliste. […] Les critiques, la prenant pour un enfant du Romantisme, la censurèrent avec amertume. […] Pour comble de douleur, la critique l’attaquait avec acharnement. […] Aujourd’hui la critique se règle sur les grands écrivains passés et présents.
Cela fait une notable divergence entre ce que j’appelais la critique préalable et ce que je permets qu’on appelle la critique retardataire. […] L’opinion de la critique était faite. […] Ici le critique n’a rien à reprendre. […] Il aurait pu être, il a été à peu près le prince de la critique ; il a voulu être un dictateur de la critique. […] Que de critiques et de contre-critiques, seigneur, et quelle époque critique !
Si la critique s’est montrée sévère pour l’Académie, ce n’est pas la faute de la critique. […] Dumas n’avait aucun compte à régler avec la critique. […] Hugo n’en sont plus à traiter la critique de retardataire. […] Hugo ce qui m’a paru le plus digne d’attention et de critique. […] Et quoique l’auteur soit mort, les critiques pleuvent.
Une admiration outrée lui a prodigué autant de louanges, que le zele & la bonne critique ont enfanté de censures contre lui. […] Dans la Prose : Historien, Philosophe, Dissertateur, Politique, Moraliste, Commentateur, Critique, Romancier, sa plume s'est exercée sur tout. […] ce qui a fait croire, avec assez de raison, à plusieurs Critiques, qu'il n'est alternativement que leur Copiste, sans avoir de genre qui lui soit véritablement particulier. […] Cet Essai sur l’Histoire générale a été foudroyé par des critiques, qui n’ont été réfutées que par des injures. […] Lambert, les Delaharpe, les Condorcet, &c. il a décrié également ses éloges & ses critiques.
Il publia des observations qui renferment une critique vive, des peintures choquantes dont cet ouvrage est rempli. […] Il en a retranché les dissertations, les discussions & les notes de critique. […] L’histoire critique de Manichée & du Manichéisme, par M. de Beausobre, in-4°. […] On imprime à Villefranche de Rouergue des Vies des Saints, traduites de l’Anglois, qui brillent par l’érudition & la critique. […] Le quinziéme tome est terminé par une justification sommaire, mais suffisamment étendue de cet abrégé historique contre quelques critiques injustes.
Charpentier, toute particulière personnalité, poète scientifique, critique d’unique valeur en la génération montante. D’éducation littéraire et scientifique, son idéal : s’est constitué par examen critique de l’histoire poétique. […] Valère Brussov, qui a derrière lui une douzaine de volumes, poèmes, critiques, romans, traductions est des plus avertis sur le mouvement d’hier. […] Il est intéressant d’annoter ceci, seulement de la constatation de cette action sur le « Symbolisme » par deux critiques autorisés tenant plus spécialement de cet art. […] « Si la critique se croit le droit d’admirer le talent d’Emile Verhaeren et parfois de Mallarmé, de G.
Corneille a été, dans ces dernières années, et il est plus que jamais, en ce moment, l’objet d’une quantité de travaux qui convergent et qui fixeront définitivement la critique et les jugements qu’elle doit porter sur ce père de notre théâtre. […] Lorsqu’on aura rabattu, çà et là, de quelques assertions hasardées et de quelques interprétations trop subtiles du critique, il restera en définitive, dans le souvenir du lecteur qui l’aura suivi dans son excursion, une plus haute idée de la faculté historique instinctive du grand Corneille. […] Vinet53, une suite de leçons professées à l’Académie de Lausanne en 1844-1845 par cet homme si distingué qui, placé à Paris, eût pris son rang dans la haute critique éloquente tout aussitôt après MM. […] Ainsi sur Corneille : certes il mérite pour nous le nom de grand ; mais, lorsqu’il arrive, couronné de ce titre, aux yeux des Allemands, par exemple, lorsqu’un éminent critique, Lessing, s’attendant à trouver en lui, sur la foi de sa renommée, quelqu’un de rude, mais de sublime et de simple, vient à l’ouvrir à une page d’avance indiquée, que trouve-t-il ? […] Louis Passy dans le Journal des Débats du 23 avril 1862, une autre critique due à la plume ferme et acérée de M.
Aussi doit-on peu s'étonner que M. de Saint-Lambert ait répondu à cette critique en vrai Militaire. […] Sans doute quelque subalterne a cru lui témoigner son zele, en surprenant l'autorité pour faire emprisonner son Critique, ou quelque ennemi a voulu le déshonorer en faisant retomber sur lui le blâme d'un procédé aussi peu philosophique. […] Il ne reste donc plus d'autre ressource au désir que nous aurions de l'excuser, que de solliciter, en faveur de sa Critique, la même indulgence que nous avons réclamée en faveur de sa Poésie.
. — Critique de cet individualisme. — L’individualisme aristocratique. — Critique de cet individualisme. — Comment l’individualisme aristocratique se convertit en pessimisme et en individualisme spectaculaire. — Résumé des antinomies intellectuelles. […] Subordonner la critique, la philosophie et la science aux exigences de la sociabilité est évidemment une attitude de moindre pensée. […] On peut se demander en effet si le développement de l’esprit critique aboutit forcément à supprimer tout acte de foi. […] L’intelligence critique n’est pas forcément antisociale. […] L’intelligence critique n’est donc que relativement antisociale, tandis que l’intelligence spectaculaire est irréductiblement asociale.
La critique suppose, développe, révèle cet ordre. […] Quand je parle de poème métaphysique, je parle en lecteur, et surtout en critique, et même en critique atteint de l’équation personnelle, du pli professionnel qui consiste à chercher les « idées » des livres. […] Cet ensemble n’existe même réellement que dans l’idée, à la fois logique et esthétique, construite par la critique. […] Mais il faut tenir compte aussi d’une critique beaucoup plus égoïste, d’une critique qui se soucie peu de servir aux écrivains, mais beaucoup de se servir d’eux. Le monde des écrivains est à la critique ce que le monde des personnages de la vie réelle est au romancier.
Maintenant, de tout l’œuvre considéré à vol d’oiseau, se dégage un dernier enseignement à l’adresse des critiques de nos jours. Ils ont là un exemple de ce que doit être la critique : le discernement du Beau. […] Mais comment nos critiques à tant la ligne pourraient-ils suivre cet exemple, eux, qui manquent de goût pour discerner le beau et qui adorent la réclame au point de s’intéresser plutôt aux œuvres bruyantes qu’aux œuvres vraiment belles ? […] Quel profit nos critiques boulevardiers retireraient-ils d’en parler ? […] C’est pourquoi ce livre de Verlaine arrive à son heure pour cingler comme d’un coup de fouet la critique incompétente et vénale.
Sans doute, il sait se déguiser de toutes les ambitions et il lui arrive de représenter le poète ou le critique comme un cabotin, aux lumières, est le roi ou l’honnête conseiller. […] Les innombrables critiques qui saluèrent en Mendès un poète firent, presque tous, une cour intéressée à cette puissance des bureaux de rédaction. […] Il sait cuisiner un discours, un article de journal, un roman, un volume de critique ou presque et Mme Comédie-Française ne l’accuse pas tous les jours de faire danser l’anse du panier. […] Une admiration inepte, sans critique, déshonorante à qui l’éprouve et presque à qui la produit. […] S’il se hasarde, il se manifeste le plus amusant des critiques.
Gautier a toujours été, depuis vingt-cinq ans, en progrès sur lui-même, et ce que la Critique doit voir dans l’appréciation des œuvres d’un homme et surtout d’un poète, c’est bien moins le point de départ que le progrès. […] Romancier, critique, écrivain de théâtre, il a éparpillé quelquefois magnifiquement un talent poétique, fait essentiellement pour le vers, ce despote heureux de sa pensée ; puis, dans un effort suprême, lui, le poète de l’effort, il s’est ramassé en un volume, d’une condensation souveraine, qui résume son genre de talent avec une incroyable énergie, mais qui n’en est pas peut-être l’expression dernière et l’infranchissable limite. […] Ce progrès, évident à toute Critique attentive et profonde, ne consiste pas seulement dans cette ciselure de l’expression qui frappe facilement tous les yeux, même les faibles, et qui a introduit dans toutes les appréciations de la Critique contemporaine cette idée commune, qui a l’ubiquité des idées communes : M. […] Vous y rencontrez dans une mesure qui ne peut plus s’étendre les qualités dont la Critique superficielle a fait des lieux communs, quand elle parle de M.
Les professeurs envahissent la critique. […] — Et pourquoi tous les critiques ? […] Études critiques, t. […] Études critiques, t. […] II ; Études critiques, t.
Ses pièces portent, comme l’a remarqué un critique moderne, M. […] La critique elle-même le releva, et MM. […] On pourrait dire de la critique de M. […] Victor Hugo n’avait pas de bonheur dans sa critique. […] Un critique, A.
La critique de détail des textes évangéliques, en particulier, a été faite par M. […] Entre les deux autorités, aucun critique n’a hésité, ni n’hésitera. […] Serait-il d’une bonne critique, en écrivant la biographie de ce dernier, de négliger les « Dialogues ? […] Il eût été aussi peu critique de le négliger que de l’employer sans discernement. […] Première partie : Examen critique et comparatif des trois premiers évangiles.
L’éducation intellectualiste se présente sous deux formes : la forme dogmatique et la forme critique. […] L’éducation intellectualiste peut aussi revêtir la forme critique. Au lieu d’inculquer des notions toutes faites, elle peut s’efforcer d’éveiller et de développer l’esprit critique. Soit ; mais il ne faut pas perdre de vue que l’esprit critique se convertit vite en esprit dogmatique et même cette conversion est inévitable quand il s’agit d’un esprit critique enseigné. Car l’esprit critique s’enseigne suivant certaines formes, certaines méthodes, et dans un certain plan de pensée.
Les critiques ont affecté de prendre ce fanatisme pour fanfaronade : mais ils se trompent beaucoup. […] Le critique taxera cette conduite d’imprudence et de sentiment romanesque. […] Si les critiques outrées des ouvrages qui réussissent, ne paroissent pas aussi ridicules, ce n’est pas leur faute. […] Les critiques m’ont reproché une contradiction dans ma tragedie. […] Cette critique est encore une méprise grossiere.
Il savoit le Grec, l’Hébreu, le Latin, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand, l’Anglois, & les Langues Orientales ; il étoit tout à la fois Géometre, Physicien, Littérateur, Théologien, versé dans l’Histoire, Philosophe, & excellent Critique. […] Les réflexions ; la critique, les discussions, l’art d’analyser les matieres, s’y montrent tour-à-tour, jamais hors de propos, & répandent la lumiere sur les objets les plus abstraits. […] Sa critique n’eut plus d’autres entraves que celle de l’honnêteté, indispensable à tout homme qui écrit, & encore plus à celui qui juge.
Dans ce chapitre, l’auteur jette en passant les fondements d’une critique nouvelle : 1º La civilisation de chaque peuple a été son propre ouvrage, sans communication du dehors ; 2º On a exagéré la sagesse ou la puissance des premiers peuples ; 3º On a pris pour des individus des êtres allégoriques ou collectifs (Hercule, Hermès.) […] Elle s’appuie sur une critique nouvelle, dont le criterium est le sens commun du genre humain. Cette critique est le fondement d’un nouveau système du droit des gens.
Chaque détail de la scène en est une critique précise. […] Malherbe les avait pressenties, et il paraît bien, par ses critiques de détail, que ce qu’il avait en vue, c’est la raison sous la forme du vrai. […] Ni la chose ni le mot ne s’en trouvent dans ses notes critiques. […] Ce dialogue paraît faible aujourd’hui ; il a perdu le sel de la critique personnelle et de l’à-propos. […] Celle-ci naquit du souvenir d’une équivoque de mots, qui l’avait arrêté au début d’un poème projeté contre les critiques de son temps.
L’alliance offensive et défensive de tous les gens de lettres, la société en commandite de tous les talents, idéal que certaines gens poursuivent, ne me paraîtrait pas même un immense progrès, ni précisément le triomphe de la saine critique. […] Tel qui se pose en critique fringant et de grand ton, en juge irréfragable de la fine fleur de poésie, se serait élevé pour toute littérature (car celui-là eût été littérateur, je le crois bien) à raconter dans le Mercure galant ce qui se serait dit en voyage au dessert des princes. […] Joubert le marquaient entre les esprits de son siècle et en vont faire un critique à part. […] Il portait dans la critique non écrite, mais parlée, à cette fin du xviiie siècle, quelque chose de l’école première d’Athènes ; l’abbé Arnaud ne lui suffisait pas et lui semblait malgré tout son esprit et son savoir en contre-sens perpétuel avec les anciens. […] A tel romancier qui réussit une fois sur cent, je dirai avec lui : « Il ne faut pas seulement qu’un ouvrage soit bon, mais qu’il soit fait par un bon auteur. » A tel critique hérissé et coupe-jarret, à tel autre aisément fatrassier et sans grâce : « Des belles-lettres.
Hardiesse de la critique religieuse de Voltaire. […] De là la misérable étroitesse de sa critique religieuse : il ne sut comprendre ni l’essence du christianisme, ni son rôle consolateur et civilisateur. […] Personne n’a plus contribué que Voltaire à mettre au cœur des particuliers l’incurable défiance du gouvernement, à leur donner l’esprit de critique et d’opposition quand même. […] De là son manque de gravité dans la critique religieuse. […] Une critique plus large, plus profonde, plus juste, qui comprend les religions en dissolvant les dogmes, qui admire la fonction, l’efficacité, la beauté des croyances auxquelles elle retire la réalité de leur objet, une critique non moins rationnelle, plus scientifique et plus savante, plus respectueuse et plus bienveillante précisément à cause de cela, a remplacé la critique voltairienne.
III La critique. — On aura puisé dans les pages qui précèdent une représentation de la critique qui diffère dans une large mesure de la façon dont on la conçoit d’habitude. […] La critique scientifique des œuvres d’art par un système d’interprétation de signes que nous avons exposé, dresse en pleine lumière des hommes formant l’une des deux phalanges qui résument en elles toute l’humanité et la représentent. […] Comparée de même à l’histoire des héros, la critique scientifique des œuvres d’art procure également des connaissances plus importantes et plus sûres. […] L’image des « cercles concentriques » proposée par le critique suisse appartient à ce même paradigme psychosocial.
Cette page de publicité, qui reprend les sommaires des numéros précédents de la revue, renseigne également sur les recensions critiques qui réapparaissent au numéro suivant sous le nom, justement d’« ouvrages reçus » : seront recensés les ouvrages envoyés en double à la revue. […] Le contraste dans la revue entre un discours très critique sur le groupe et des recensions élogieuses de ses productions se confirme, et prend aussi son sens dans le refus des écoles et la valorisation des créateurs affirmés par le programme-manifeste d’Action. […] André Germain (1882-1971), écrivain français, critique d’art et critique littéraire. […] Le point de départ en est le compte rendu du Salon des indépendants qu’Arthur Cravan publie dans sa revue Maintenant, où il écrit à propos de La Frenaye : « J’ignore si la critique du juif Apollinaire — je n’ai aucun préjugé contre les juifs, préférant, la plupart du temps, un juif à un protestant — lui donna de l’incertitude, quand cet [sic] espèce de Catulle Mendès déclara dans une de ses critiques qu’il était le disciple de Delaunay. », Arthur Cravan, « L’exposition des Indépendants », Maintenant, 3e année, n° 4, mars-avril 1914, p. 10. […] Kurt Pinthus [et non Pinthuis] (1886-1975) est l’un des critiques les plus perspicaces de l’expressionnisme.
Le petit provincial n’apprend pas grand-chose en dehors de ce que lui disent ses professeurs, le critique autorisé du journal de Paris qu’affectionnent son père ou son petit café, et le critique du journal local, habituellement moins lumineux qu’un phare. […] Charles Morice dont un bon livre de critique (sauf divergences) présenta un bon tableau de la littérature de cette heure. […] Anatole France, le critique des faits, l’historien de la vie contemporaine, selon la belle méthode neuve qu’il s’est instaurée et l’écrivain original sont plus importants que le critique littéraire. […] Je pense que l’incompréhension des critiques, devant cette œuvre, prouve suffisamment que nous sommes dans l’exceptionnel. […] Négligence dure surtout pour le critique.
Pour qui se prononcera la critique ? […] Ici l’école critique intervient. […] Voilà comment Kant retrouve par la raison pratique les vérités métaphysiques que la Critique de la raison pure avait fait évanouir. […] Toute la question se réduit à savoir si vraiment ce témoignage peut être infirmé par la critique de Kant et de son école. […] Ce point est d’une importance capitale dans l’histoire critique des écoles mystiques.
Ces fatalités, disons-le tout de suite, un mot les résume : l’esprit critique. […] Ce n’est pas tant de trop raisonner qu’on reproche au poète doué d’esprit critique. […] Alors, l’esprit critique dormait. […] Pendant ce temps l’esprit critique a grandi. […] En elles l’esprit poétique et l’esprit critique font alliance.
Chaque publication de ces volumes de critique est une manière pour moi de liquider, en quelque sorte, le passé, de mettre ordre à mes affaires littéraires. […] Ces volumes de Critiques et Portraits renferment du moins tout ce que j’ai fourni d’un peu complet dans ma collaboration à la Revue de Paris d’abord, et ensuite à la Revue des Deux Mondes, ma patrie depuis déjà longtemps. […] Je reproduis ici ces anciens extraits qui avaient trouvé place dans édition de mes Critiques et Portraits, en 5 vol. in-8°, ainsi que l’avertissement qui les accompagnait à la fin du tome V.
Pour moi, je me suis laissé conduire à ma matiere ; il m’a paru qu’elle me donnoit lieu à des reflexions judicieuses sur la critique. […] de la maniere de critiquer les auteurs. la critique est sans doute permise dans la république des lettres. […] Pourquoi du moins ne s’en pas tenir aux critiques honnêtes avec nos écrivains ? […] On se méprendroit fort ; voici à peu près la liste de ceux qui m’ont fourni la matiere de mon tableau critique. […] du discours. les loüanges exagérées et les critiques injustes sont également honteuses à la raison.
Il est bon, en effet, que chaque critique qui s’applique de près à l’un de ces maîtres-génies et qui aspire à l’étreindre dise son mot en toute franchise, se juge lui-même en jugeant, et que toute explication sorte et s’épanouisse. […] Taine : le critique nous fait bien comprendre cette vie mélangée, besogneuse, et ce talent qui va un peu au hasard comme la vie, mais ample, abondant, imaginatif, et qu’une sève vigoureuse anime, qu’une veine de copieuse poésie nourrit et arrose. […] En même temps que les poètes, il lisait les meilleurs d’entre les critiques et se préparait à dire son mot après eux. […] Quoi qu’on ait pu dire de son irritabilité de critique et des excès regrettables où elle le porta, il avait une âme humaine et faite pour l’amitié. […] Ce livre d’une critique originale et hardie est comme un arbre venu en pleine terre et qui pousse tous ses rameaux dans le sens et au profit de la sève anglo-saxonne.
La meilleure, la plus fine critique à faire sur les premiers et grands ouvrages littéraires de M. de Chateaubriand, se trouverait encore dans les Lettres et les Pensées de M. […] Ce n’est pas ici le lieu d’approfondir cette critique et de la dégager ; j’en toucherai pourtant tout à l’heure quelque chose. […] Souvent, quand il m’est arrivé de hasarder quelque remarque critique sur un talent du jour, on m’a répondu : « Qu’importe ! […] Joubert sur la critique et sur le style, de ses jugements sur les divers écrivains : il y paraît neuf, hardi, vrai presque toujours. […] Par ce côté, il est un critique essentiellement moderne.
S’il m’est permis de parler pour moi-même, Boileau est un des hommes qui m’ont le plus occupé depuis que je fais de la critique, et avec qui j’ai le plus vécu en idée. […] On l’appelait le grammairien Boileau, Boileau le critique. […] Sa passion (car en ce sens il en avait) était toute critique, et s’exhalait par ses jugements. […] Il faudrait relire ici en entier l’Épître à Racine après Phèdre (1677), qui est le triomphe le plus magnifique et le plus inaltéré de ce sentiment de justice, chef-d’œuvre de la poésie critique, où elle sait être tour à tour et à la fois étincelante, échauffante, harmonieuse, attendrissante et fraternelle. […] Boileau, c’est-à-dire le bon sens du poète critique, autorisé et doublé de celui d’un grand roi, les contint tous et les contraignit, par sa présence respectée, à leurs meilleures et à leurs plus graves œuvres.
Il a eu son rayonnement dans quelques esprits trop peu nombreux qu’il a frappés par les qualités transcendantes dont il brille ; mais parmi les Critiques d’état, les journalistes, doseurs de gloire, on en a très peu parlé. […] III Ainsi, un grand livre après un grand livre, sur une question inépuisable au génie lui-même, voilà ce qu’une Critique purement littéraire comme la nôtre était tenue à signaler. […] Mais si l’on entend par ce mot de marguillier, mal choisi pour tout le monde, ce que je ne veux pas comprendre, je dirai, moi, à son critique, qu’il est marguillier comme Platon — lequel, du reste, avait vendu de l’huile — était épicier. […] Saint-Bonnet — l’auteur de ce livre — fait le plus frappant, le plus intéressant et le plus lumineux contraste avec Schopenhauer et Hartmann, et ils s’éclairent trop bien tous trois pour que, dans ces élucubrations critiques, je ne les fasse pas se suivre et, en se suivant, s’opposer… Ils sont tous trois, en effet, des philosophes et des métaphysiciens. […] VII J’ai donné le germe du livre, — mais nulle exposition critique ne peut se substituer au livre même… et c’est au livre qu’il faut aller.
Un bon roman n’est pas chose si commune que la critique ait le droit de le dédaigner ; et puisque M. […] Dans ces occasions, qui se représentent fréquemment, le critique ne demande au poète aucune reconnaissance. […] Le critique, en abandonnant le poète, accomplit un acte de bon sens et de dignité. […] Dans chacune des réflexions présentées par le critique initié, n’apercevra-t-il pas le germe d’une trahison ? […] De la critique française.
C’est un auteur qui fait un procès au critique et à la Revue dont son chef-d’œuvre n’a pas reçu une admiration suffisante. […] C’est un critique nationaliste qui s’effare, au nom de la patrie, que nos grands Français aient été des hommes et soient peints comme tels, avec leurs travers et leurs petitesses, et qui nous somme de sacrifier l’histoire vraie au mensonge religieux que sa naïveté lui figure essentiel à l’honneur de son pays. […] La critique et l’histoire littéraire souffrent moins des restrictions de la liberté que des excès de la liberté. […] En dépit des critiques à l’ancienne mode, qui, de théorie ou de pratique, nient la possibilité d’une étude scientifique, c’est-à-dire exacte et patiente, de la littérature, il est incontestable qu’en ces vingt ou trente dernières années, même pour les quatre siècles modernes, qui sont comme le champ de bataille de tous les dogmatismes ou la foire de toutes les fantaisies, la masse de la connaissance solide s’est considérablement accrue : et cela dans deux directions. […] La critique, dogmatique, fantaisiste ou passionnée, divise ; l’histoire littéraire réunit, comme la science dont l’esprit s’inspire ; elle devient ainsi un moyen de rapprochement entre des compatriotes que tout le reste sépare et oppose, et c’est pourquoi j’oserais dire que nous ne travaillons pas seulement pour l’érudition, ni pour l’humanité ; nous travaillons pour nos patries.
Les critiques peuvent donc donner atteinte à cette réputation en sappant le fondement des préjugez qui nous exagerent le mérite de l’éneïde de Virgile, et qui nous font paroître ses églogues si supérieures à d’autres, qui dans la verité ne leur cedent de gueres. […] Ces hommes répondront aux critiques sans entrer en discussion de leurs remarques, qu’ils reconnoissent déja des fautes dans les poemes qu’ils admirent, et qu’ils ne changeront pas de sentiment, parce qu’ils y verront quelques fautes de plus. […] Ces ouvrages étoient écrits en langue vulgaire, et ces compatriotes sçavoient une infinité de choses dont la memoire s’est perduë, et qui devoient donner lieu à plusieurs critiques bien fondées. […] Que nos critiques se bornent donc à écrire contre ceux des commentateurs qui voudroient ériger en beautez ces fautes, dont il est toujours un grand nombre dans les meilleurs ouvrages. […] Je reviens aux critiques.
Tous les critiques de notre temps, qui nous disent avec des variantes que Joseph de Maistre n’est qu’un sublime brise-raison, et Bonald un antiquaire d’idées, ont vanté M. l’abbé Mitraud et en ont fait un colosse, portable encore, il est vrai, mais un de ces jours trop lourd, même pour le triomphe. […] La Critique a été pour l’heureux auteur une dame Mécène, — au lieu d’être une dame Xantippe, comme elle l’est, hélas ! […] Ce que nous disons aujourd’hui est au-dessus de toute critique littéraire. Mais, quand il s’agit d’un livre sur la Nature des sociétés humaines, la Critique, sous peine de n’être pas au niveau de sa tâche, a plus que des considérations de littérature à faire valoir. […] La Critique, cette dissection sur le vif, comme disait Rivarol, nous a trop appris la physiologie littéraire pour que nous ne voyions pas très bien, sous les lignes de la composition, quel a dû être le procédé de l’auteur.
La Plume s’annexe au grand complet la rédaction d’Art et critique qui cesse de paraître et, sortie de l’inévitable chaos primitif, organise une série de rubriques dont elle énumère avec satisfaction les titulaires, savoir : Critique littéraire. — Anatole France, Maurice Barrès, Charles Morice, Georges Lecomte, Camille Mauclair. Critique dramatique. — Jean Jullien, Marcel Baillot, Georges Roussel. Critique artistique. — Jules Antoine, Charles Saunier. […] L’opinion était si surexcitée qu’Anatole France, qui présidait alors aux destinées critiques du Temps, se voyait forcé de s’interrompre, soudain, des études archéologiques où il se confinait, au grand désespoir de Lucien Descaves, pour mettre ses lecteurs au courant.
Tant que le préjugé ou l’esprit de parti décideront des éloges & des critiques, les progrès de la décadence ne pourront que devenir plus rapides. […] S’il étoit question d’ajouter de nouvelles raisons, nous dirions encore : Est-il nécessaire d’avoir composé d’excellens tableaux, pour acquérir le droit de juger des fautes ou des habiletés du Peintre, qui soumet les siens à la critique ? […] Il seroit également injuste de se récrier contre certains traits de critique, où la plaisanterie nous échappe comme d’elle-même, à la vue du ridicule : si nous savions d’autres moyens plus propres à le faire sentir, nous les aurions employés. […] Il seroit inutile de leur dire, qu’en Littérateurs zélés & en bon Citoyens, nous préférons l’intérêt des Lettres & du Public, à celui de leur vanité ; qu’avec les mêmes sentimens, ils devroient être plus dociles, & ne pas s’offenser ; que tant de penchant à se révolter contre la censure, est la preuve la plus certaine d’un talent médiocre & d’une gloire usurpée ; que rien ne nous assujettit ni ne peut nous assujettir à louer ce qui ne nous paroît pas louable ; que nous leur permettons la critique de nos jugemens, sauf à y répondre, s’ils n’apportent pas de bonnes raisons : nous nous contenterons de les assurer que l’impartialité a été notre premiere regle. […] Tout ce qui a pu donner lieu à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations nécessaires, à des discussions de morale ou de littérature ; en un mot, tout ce qui a été une occasion de rappeler aux vrais principes & de répandre de la variété, n’a pas été regardé comme étranger à notre Ouvrage.
Elle devrait être de la critique en dernier ressort, appliquée intrépidement aux œuvres consacrées contre lesquelles l’inscription en faux, quand elle se prouve, peut toujours venir. […] Livet n’est ni un historien, ni un critique, ni même un annotateur en son propre et privé nom. […] Il Rien de plus insignifiant, en effet, que les histoires superstitieusement réimprimées par Livet ; rien qui ressemble moins à ce que nous autres gens du xixe siècle nous sommes accoutumés d’entendre par de la critique et de l’histoire. […] Ce n’est pas au xixe siècle, quand l’analyse des œuvres, des esprits et des caractères, a été poussée aussi loin que l’analyse scientifique, ce n’est pas quand la critique a joué aussi inexorablement du scalpel que la chirurgie elle-même, que les petites notices de Pélisson, gazées par la réserve et entrecoupées de silences, pourront intéresser la curiosité et la satisfaire. Du temps de Pélisson, dans cette société où l’on vivait sous le despotisme d’une politesse plus absolue que Louis XIV, toute critique franche, directe et à fond de train, ressemblait à une grossièreté, et personne ne se la permettait.
I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder. […] Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] l’historien ne peut pas plus oublier sa personnalité morale quand il écrit l’Histoire, que le critique lui-même qui va le juger. […] Historiquement et religieusement, trop de choses nous séparent de l’historien allemand pour que nous puissions mêler une critique historique ou religieuse à notre critique littéraire, sans en diminuer la largeur.
La Critique n’a jamais dit nettement, et assez nettement pour n’y pas revenir, ce qu’elle entend par ce majestueux mot d’épique qui renferme la suprême qualité pour le poème, l’éloge suprême pour son auteur. […] cela dit au préalable et accepté, l’auteur de Mirèio, de ce poëme que je viens d’appeler plus haut une épopée, est-il un poète épique surgissant tout à coup parmi nous, et la Critique la plus généreusement intrépide prendrait-elle sur soi de le revêtir de cette épithète lumineuse ? […] Pour mon compte, et ce n’était pas une vaine fantaisie de critique qui se fait poète sur un poète, j’aurais aimé à rencontrer dans M. […] J’en aurais fait un de ces courlieux du rivage dont la Critique n’aurait pas pu dire : « Est-il ignorant ou cultivé ? […] Je sais bien que ce sont là des noms qui brûlent et que la Critique doit manier comme elle manierait la foudre !
, de critiques, il ne sort que des mots. » Vous pensez que M. Champfleury, satisfait d’avoir convaincu la critique d’impuissance, et finalement de critique, va de lui-même arrêter enfin ses foudres vengeresses ? […] Sand ce que c’est que la critique. […] … — Souvent la critique varie, bien fol est qui s’y fie. […] Il pourra juger de la bonne foi du critique.
. — Aspects, critiques (1897). — idylles diaboliques (1898). — Œuvres complètes, tome I. […] Adolphe Retté présente cette anomalie, d’être à la fois un poète qui a vraiment le don et un critique qui a vraiment le sens critique ; il a de plus la qualité rare de dire beaucoup, sinon tout, en très peu de place, et cependant sans sécheresse. […] Il n’est pas resté, digne d’être lu, un seul écrit saint-simonien ; voici un écrit anarchiste auquel je souhaite d’être durablement représentatif, car, après toutes mes critiques, je l’avoue, sa lecture m’enchanta.
Plusieurs Critiques respectables & éclairés nous ont reproché d’avoir traité avec trop d’indulgence ses Mélanges de Littérature : de n’avoir pas assez insisté sur les défauts de sa métaphysique souvent obscure, imperceptible, entortillée ; sur les inégalités de son style, tantôt foible, tantôt plein de morgue, & presque toujours froid & bourgeois ; de n’avoir pas mis sous les yeux du Lecteur le contraste qui résulte de la médiocrité de ses productions, & du ton de mépris qu’il affecte, dans toutes les occasions, pour ce qu’il appelle le bas peuple des Poëtes, des Orateurs, des Historiens. C’est à ces Critiques à développer leurs sentimens sur cet Ecrivain. […] d’Alembert n’attribuera pas à un abus de critique le jugement que nous portons sur ce qui nous paroît répréhensible dans ses Ouvrages. […] Il paroît, sur-tout dans son Abus de la critique en matiere de Religion, qu’il s’attache plus aux raisons, ou, pour mieux dire, à couvrir ses raisons, qu’aux graces de style.
Toujours est-il que ce reproche que la critique est en droit d’adresser à Feugère, et qu’elle ne lui ménagera pas, implique la condamnation d’un livre qui pouvait, avec les connaissances multipliées de l’auteur, être une œuvre historique, importante et forte, et qui, dédoublée des doctrines qui sont l’âme orageuse de la littérature au xvie siècle, tombe à n’être plus qu’une critique de lexicographe et un maigre travail de grammairien ! […] Choses du métier, bibliographie, critique aiguisée d’érudition, vies des hommes illustres ou considérables dans l’art dont il raconte les développements et les découvertes, tout se trouve donc dans cette forte brochure, qui n’est pas seulement l’histoire des faits, mais, de plus, l’exposé fidèle des diverses législations qui ont, principalement en France, régi l’imprimerie, ce grand domaine matériel et intellectuel de l’État. […] La forme de son livre, — et c’est la seule critique que nous nous permettrons, — la forme de son livre ne popularisera pas beaucoup les rares connaissances qu’il révèle.
Il est très difficile à la Critique, qui a toujours la main un peu rude, de toucher à ce livre, si peu livre, et qui n’a de livre que le petit arrangement (lequel n’a pas dû infiniment coûter) de ce monsieur Paria Korigan, à qui on feint de s’adresser pour offrir au public cette enfilade de récits, et pour qu’entre eux il y eût un lien dont ils auraient pu très bien se passer. […] Or, quand la Critique a dit qu’il y en a ici dix-neuf de l’orient le plus nuancé, la Critique a tout dit. […] La Critique, qui regarde, scrute et analyse, est vaincue par ces sensitives de talent qui se rétracteraient ou tomberaient en poussière sous sa pointe.
J’avais fait simplement un peu de critique des textes. […] Dans la critique aussi, il y a les risques du métier. […] Qu’on ne dise pas que la critique ne sert à rien ! […] Je vous ai dit que Taine était un critique romantique. […] Un critique impartial et indépendant ?
Au fond même, tout critique est un combattant. […] En un mot, la critique a été conservatrice. […] On comprend ses critiques contre leurs idées. […] me répondit-il, mes critiques ne peuvent faire grand mal à l’auteur. […] C’est dans votre vie un moment critique.
Et c’est par ce manque d’équilibre que la Critique peut le mieux expliquer synthétiquement le genre de génie de Victor Hugo. […] Ils croient tous, ces diables de poètes, qu’en jetant à la Critique le nom de Zoïle, ils s’appliquent à eux-mêmes sur l’estomac le génie d’Homère. […] Un jour, ma critique lui donna le conseil de préférer une grande Épopée à toutes ses petites Épopées. […] On signala, dans le nouveau livre de Victor Hugo, alors qu’il parut, comme des modèles de ridicule inattendu, des défauts qui n’avaient de nouveau que la critique qu’on en faisait. […] Il est arrivé au point juste où l’instrumentiste et l’instrument se confondent, et la supériorité qu’il atteste est si grande que la Critique ne saurait croire qu’il put faire un progrès de plus, et que, pourtant, elle n’oserait l’affirmer !
Sainte-Beuve, c’est la critique morale. L’autre, la critique littéraire, ne doit venir qu’après. […] devant la critique morale, M. […] Un critique célèbre, M. […] Critique idiote, si elle n’était pas menteuse !
Les meilleurs ouvrages de critique qui aient été publiés, ces dernières années, ont pris pour méthode l’étude des manuscrits et des ratures. L’avenir, non seulement de la critique d’enseignement, mais de la critique d’appréciation, est là, et il n’est que là.
Mais le critique, en Reverdy, se défend fort bien. […] Il incarne l’artiste raté devenu critique. […] Cette véhémence dans la critique lui attire nombre d’ennemis. […] Émile Faguet (1847-1916), critique français. […] Ce livre marque ses débuts dans la critique d’art.
La Critique de ce moment du siècle a procédé avec M. […] La Critique est plus haute et plus simple que cela. […] Et toute la question est là, pour la Critique. […] C’est là une raison pour que, encore une fois, la Critique ne doive jamais poser, quand il s’agit de poètes, que la question de puissance, laquelle implique toujours la question de sincérité. […] Je conçois très bien que toute cette littérature cadavérique, qui n’est pas une ironie, donne au cadavre vivant de tel vieux critique la peur désagréable d’être tout à fait un cadavre demain, et que cela influe légèrement sur son impartialité.
Moment critique du développement de M. […] Aussi les jeunes critiques qui parlent de M. […] Sa situation de critique. […] Quelques personnes s’étonneront sans doute que des articles qui se rapprochent peut-être de la critique littéraire choisissent précisément pour objet des écrivains qui font eux-mêmes profession de critique : car enfin, la critique de la critique, cela ressemble un peu aux dilutions de l’homéopathie, et finirait par paraître par trop inoffensif. […] Son activité de moraliste : sa critique de la société et des mœurs ; caractère de cette critique.
Cette épître atteignit du premier coup le diapason du ton auquel furent montées la plupart des critiques venues dans la suite. […] Dès les premières lignes, Fontanes fait preuve d’une critique méticuleuse, peu bienveillante. […] Des critiques (et elles sont imprimées) accusaient Boileau de ne pas écrire en français ! […] Lorsque Delphine parut, la critique ne put se contenir : elle avait trouvé un riche sujet. […] qu’importe dorénavant à Mme de Staël cette critique à la suite ?
Tandis que, pendant le second empire, le public courait entendre les opéras de Meyerbeer, d’Auber et de Gounod, des critiques, de jeunes écrivains et même des musiciens cherchaient du nouveau, et, comme Wagner leur en offrait une ample provision, ils se firent ses adeptes. […] Mais il existe une science, la critique des textes, qui détermine la provenance des œuvres littéraires, les conditions au milieu desquelles elles ont été produites : c’est le cas ou jamais de l’utiliser, et de ne pas se priver, par paresse, d’une source importante de renseignements. […] Quelques rares Wagnériens, en Allemagne, travaillent d’après ces principes et leurs recherches critiques donneront certes des résultats plus utiles que toutes les admirations et tous les emballements de nos wagnériens de France. […] Le critique marque les oscillations de la mode entre le public et les auteurs, et ne juge sévèrement les derniers que pour plaire au public, n’ayant ni le courage, ni la sagesse de comprendre que le légitime objet de la préoccupation incessante du critique, ce doit être le public. […] Georges Servières, musicologue et critique musical français (de son vrai nom Georges Serrurier) est né le 13 octobre 1858 à Fréjus et mort le 25 juillet 1937 à Paris.
À n’en juger que par deux œuvres qu’un succès bruyant plutôt que sérieux désigne à l’attention de la critique, entre le réalisme de Goethe et le nôtre, il y a plus qu’un contraste, il y a un abîme. […] Ce n’est qu’un travers d’esprit où l’honnêteté du cœur n’est point engagée ; mais, la question de moralité une fois écartée, reste la question d’art, et ici la critique peut à bon droit se montrer sévère. […] Flaubert, en écrivant Salammbô, a voulu dépister ses admirateurs et ses élèves, tout autant pour le moins qu’il a espéré déconcerter ses critiques. […] Il y avait bien d’autres dieux que Tanit et Moloch dans la Babel phénicienne, puisque d’après les critiques sémitisants Eschmoûn signifie le huitième, le huitième des grands dieux de Carthage. […] Si elle n’était pas justiciable de la critique médicale autant et plus que de la critique littéraire, comment juger l’intérêt qu’elle prend aux tortures de son amant, la curiosité qui l’enivre, la révélation qui se produit en elle, l’amour enfin, l’amour qui éclate dans sa conscience réveillée, à la vue de ce malheureux écorché, de cette longue forme rouge, qui marche toujours, toujours, les yeux attachés sur les siens ?
À côté de l’artiste, il avait senti en lui dès sa jeunesse un critique et un théoricien. […] C’est le métier de la critique de prendre au sérieux tout ce qui autour d’elle est pris sérieusement. […] Études littéraires, volumes de critique, journal, supplément de journal, brochure, tout sert également à M. […] Zola, en dehors de ses critiques contre le romantisme, on n’y trouve guère qu’une recommandation : l’étude de la nature et du « document humain ». […] Mais ce n’est pas aux critiques littéraires à faire cette besogne.
Ce qu’il y a d’outré dans le rationalisme de la Critique de la raison pure et surtout de la Critique de la raison pratique est généralement reconnu et difficile à contester aujourd’hui. […] Le mal que Sainte-Beuve a dit de Balzac forme une sorte de poème critique très brillant. […] Il vaut comme signe de l’idéal que le critique oppose à l’œuvre balzacienne. […] Je suis un des critiques de Renan. […] Il avait cependant l’esprit fort net et un très bon jugement critique.
Cet excellent Discours qui présente les révolutions de notre Littérature depuis son origine jusqu'à présent, est tout à la fois un Tableau historique des Productions du génie, un Code abrégé des regles du bon goût, & une habile Critique des travers de nos Littérateurs actuels. […] L'Introduction qu'il a mise à la tête de la Bibliographie de du Verdier, & qui paroît une suite naturelle du Discours sur les progrès des Lettres, est un morceau de critique qui ne fait pas moins d'honneur à son discernement & à sa plume. […] Ses Remarques Littéraires & Critiques sur les Bibliotheques de la Croix du Maine & du Verdier, ses Mémoires historiques sur la vie & les Ouvrages de la Monnoye, offrent des traits fréquens de zele & de réclamation contre les attentats de la Philosophie.
Les critiques un peu retardataires, comme nous sommes, avaient tout juste achevé d’introduire l’un, que c’était déjà le tour de l’autre. […] Quelque saillant en effet que fût ce mérite sous le rapport de l’exécution et du drame, il semblait facile à la critique (la critique aujourd’hui s’étant raffinée à proportion du reste) de discerner dans Indiana la portion des souvenirs et celle de l’invention, de conjecturer jusqu’à quelle page l’auteur était allé avec sa part d’émotions propres et de confidences plus ou moins déguisées. […] Dès les premières pages de Valentine, je me hâte de le dire, ces théories laborieuses de la critique avaient fait place à d’autres pensées plus légères ; mes préventions chagrines ne tinrent pas ; le charme me saisit. […] Après l’intérieur de la ferme et le bal champêtre qu’un critique très-spirituel, dans la Revue des deux Mondes, a comparés à quelque tableau malicieux et tendre de Wilkie, on a, au retour, cette nature si fleurie et si odorante, sur laquelle la nuit jette ses ombres grandioses et que la lune éclaire avec beauté ; on a, dans ces solitudes suaves, un chant mélodieux de jeune homme qui arrive tout d’abord au cœur d’une amazone égarée comme Herminie.
Le dix-huitième siècle Comment le xviiie siècle, antichrétien, cosmopolite, destructeur de toutes les croyances, négateur de la tradition, révolté contre l’autorité, violemment critique et faiblement artiste, sociologue et point du tout psychologue, est-il sorti de là ? […] Elle n’interroge pas l’histoire, et critique la tradition. […] On fait la critique de toutes les institutions, de toutes les croyances. […] La première période, où dominent Montesquieu et Voltaire, où les purs littérateurs, à peine marqués ou imprégnés à leur insu de l’esprit du siècle, brillent assez nombreux, cette période nous présente une critique encore modérée des institutions établies et des croyances du passé. […] V des Études critiques ; Faguet, xviiie siècle, Lecène et Oudin, 1890, in-12 (avant-propos).
La critique scientifique — La synthèse I La synthèse esthétique. […] Et l’on remarquera qu’en exigeant cette addition à l’analyse, en demandant qu’on s’accoutume à considérer l’œuvre dans l’acte même de révolution de sentiments qu’elle est destinée à opérer, nous adjoignons à notre méthode, l’un des procédés dont la critique purement littéraire use, depuis l’avènement surtout de l’école romantique et réaliste. […] — Ce sera de même, en recourant à îles procédés usités déjà, mais dont l’insuffisance, s’ils demeurent isolés, a été montrée plus haut, que l’on résumera des analyses psychologiques, l’image îles êtres vivants qui y auront été disséqués Le critique concevra que le mécanisme mental exsangue et incolore, qu’il aura lentement et pièce par pièce déduit des données esthétiques, n’est point une entité idéale, une force flottante et sans point d’application, mais qu’animé, existant, nourri d’un sang pourpre, concentré en des cellules sans cesse vibrantes et rénovées, il se situe en un encéphale particulier, un système nerveux, un corps, un être humain, qui fut debout, marchant et agissant dans notre air, sur notre terre. […] Taine, les critiques historiens anglais tels que M. […] Cette époque se perçoit comme un « âge critique », et non plus « créateur ».
L’Envie et la Malveillance, ces deux retorses qui se croient tant d’esprit, avaient la bonté d’insinuer qu’il n’était capable que de critique. L’administration ne le crut pas, et le travail de la cathédrale d’Albi, accompli avec une si grande aisance dans la puissance de l’exécution, fit la preuve de ce que pourrait être Daly en dehors de ses travaux d’érudition et de critique, en dehors de cette supériorité que des génies en maçonnerie lui reconnaissent, pour n’avoir pas à lui reconnaître l’autre. […] Il avait son idée et son plan, dont il répondait devant la critique de son temps et dont il répond encore devant la postérité. […] Or, ce mérite absolu, qui appartient en propre au continuateur du chef-d’œuvre, la critique doit d’autant plus le reconnaître et le signaler dans Daly que c’était le seul des mérites qu’il pouvait avoir sur lequel elle n’avait pas complètement sa sécurité… Pourquoi ne dirions-nous pas ce que nous pensons ? […] À qui peut la juger il est évident que cette œuvre, qui a demandé tant d’années, ce hardi et magnifique travail exécuté sur la cathédrale de France la plus effrayante de beauté et la plus désespérante pour qui oserait se charger d’y porter la main, peuvent faire pressentir à la critique un architecte créateur pour plus tard, un architecte, enfin, pour le propre compte de son génie !
I Ce livre n’est pas, comme on pourrait le croire, une nouvelle édition des œuvres de François Villon, mais tout simplement un mélange de critique et de biographie, entrepris dans le dessein de tirer de l’obscurité, dont elle n’est jamais suffisamment sortie, la figure originale de cet ancien poète à qui pourtant la gloire n’a pas manqué, mais une gloire coupée d’oubli, à interruptions ou à ressauts. […] Campaux a prouvé, selon moi, qu’il avait le sens du critique. […] Au milieu de tant d’autres critiques qui n’auraient vu dans François Villon que l’art des vers, — naturalistes, épingliers, babiolistes, — M. […] III Ainsi, de la critique bien faite, de la critique qui se préoccupe avant tout de la moralité, — je ne dis pas de l’écrivain qu’elle examine, lequel n’en avait pas (il faut bien en convenir), mais de la moralité de son inspiration, plus importante que celle de sa vie, car un homme meurt et son scandale avec lui, mais son livre reste, scandale et danger éternels !
On se rappelle qu’il n’y a pas encore bien longtemps, l’Allemagne s’éprit de l’Inde avec cette candeur de passion, cette facilité d’abusement, cette bonne volonté d’être trompée qui distingue aussi bien ses critiques et ses savants que l’âme charmante prêtée si généreusement à ses jeunes filles. […] À cette époque, un homme qui cachait parfois la critique de son temps sous de la critique littéraire, un homme qui en contait souvent aux autres, mais qui ne s’en laissait jamais conter, écrivait, de sa plume la plus moqueuse, de ces choses inouïes sur les. […] Ses opinions sur le poème qu’il a traduit sont naturellement empreintes de cet enthousiasme nécessaire sans lequel nul homme, nul Sisyphe, n’aurait la force ni l’envie de rouler jusqu’au sommet de l’Himalaya cette pierre énorme d’une traduction d’un poème sanscrit ; mais cet enthousiasme ne peut pas beaucoup influer sur la Critique, qui prend les idées et les sentiments pour ce qu’ils valent, et non pour ce qu’ils ont coûté de peines à ceux qui les ont exprimés. […] Parisot ne nous donne aucun détail, ce qui est regrettable, — car si le poème n’est rien moins qu’un chef-d’œuvre, s’il intéresse assez peu la Critique littéraire, qui cherche des émotions et des modèles, il intéresse au moins l’Archéologie et l’Histoire, il est une date, un jalon, et il pourrait être un phare dans les brillantes ténèbres de la civilisation asiatique ; — le Ramayâna est un poème mythologique vaste et confus, très digne enfin de la société tour à tour hallucinée et endormie dont il est l’expression à la fois ivre et rêveuse.
Verlaine, la critique, de M. […] Cette critique du déterminisme tainien n’est pas nouvelle ; elle remonte au moins à Sainte-Beuve, qui ne manqua pas d’émettre des réserves en 1864, lors sa recension de l’Histoire de la littérature anglaise : « vous avez tort, selon moi, de ne voir absolument, dans les délicatesses que vous admirez et que vous semblez si bien goûter, qu’un résultat et un produit des circonstances » (Pour la critique, éd. […] Critique conservateur, hostile à la modernité d’un Ibsen ou d’un Maeterlinck, mais très attentif à la structure dramatique des œuvres, il fut la cible aussi bien des naturalistes que des symbolistes. […] Nordmann, La Critique littéraire française au XIXe siècle (1800-1914), op. cit. […] Brunetière, dans son compte rendu de La Critique scientifique (Revue des Deux Mondes, juillet-août 1888) ne manquera pas de contester un tel point de vue.
Envisagée ainsi la critique littéraire n’est plus cet insipide exercice de rhétorique, où l’on distribue le blâme et l’éloge, où l’on donne des prix de composition et où l’on paraphrase sur le Beau en soi, cette splendeur du Vrai, mais une étude de critique matérialiste de l’histoire : dans les pages mortes l’analyste recherche non les beautés du style, mais les émotions des hommes qui les ont écrites et qui les ont lues. […] Dans cet essai de critique, j’ai dû remonter aux sources et lire la plume à la main les publications parues de l’an III à l’an XII (romans, poèmes, pièces de théâtre, ouvrages de philosophie, revues, journaux). […] Goncourt, si riche en recherches originales, mais si dépourvu d’esprit critique, et l’Étude sur Chateaubriand et son époque, de Sainte-Beuve, le fin et malicieux critique. […] Un romantique qui fut un « prince de la critique », Jules Janin, sans être hué et tué par le ridicule, devait donner une contrepartie morale et sentimentale au Neveu de Rameau. […] Morellet, Observations critiques sur le roman intitulé Atala, Paris, an IX.
Tout en en faisant le plus grand cas, il conçut l’idée de provoquer autour de lui quelques remarques et quelques critiques. […] Balzac espéra qu’en provoquant Costar à répondre à Girac il s’ensuivrait un démêlé assez agréable, que par là les critiques que Girac avait faites sur les lettres de Voiture serait connues, et que, pendant ce temps-là, lui Balzac, sur sa chaise de malade, serait juge du camp, et se bercerait encore une fois, avant de mourir, aux bruits des louanges qui lui viendraient des deux côtés. […] Et, de l’autre côté, voilà Costar, cet esprit peu loyal, mais subtil et fin, qui va insinuer sur Balzac et ses enflures, sur ses procédés de style et ses moules de phrase qu’il ira même jusqu’à contrefaire, toutes sortes de critiques ironiques et sensées. […] Dans la critique qu’il faisait de ces lettres qui lui plaisaient moins, il remarquait certaines manières de dire nouvelles, tout à côté d’autres locutions trop usées et trop communes, quelque chose qui n’était pas assez poli ni assez soigné, et qui, pour tout dire, n’était pas assez à la Balzac : « Et aliquid non satis politum et accuratum, et, ut ita dicam, non satis Balzacianum. […] C’est, en effet, la meilleure critique et la plus décisive : on ne contrefait dans les écrivains que la manière, on ne contrefait pas la pensée, et chez tous deux, pour qu’on les pût imiter si bien et à s’y méprendre, c’était évidemment la pensée qui faisait faute.
Le sage classement qu’un critique proposait, un jour, pour les artistes de lettres, va nous suggérer une solution. […] Lefranc, la critique. […] Nous allons à ce résultat fatal avec une si étonnante vitesse, que je ne conçois pas qu’elle échappe au critique officiel de l’ancien théâtre : il laissait l’autre jour couler ces plaintes d’une touchante mélancolie : « Je me dis quelquefois : quel malheur que les critiques de théâtre ne vivent pas comme les corbeaux deux ou trois siècles… Encore un peu plus outre, comme dit Corneille, et notre heure sera venue. […] Brisson, sera l’héritier tout désigné pour tenir le sceptre rouillé de la critique en enfance sous ces théâtres désagrégés. […] La ruine du théâtre ne hâtera pas celle de la critique, elle a ses rez-de-chaussée à bail, on ne l’en expropriera point.
La méthode scientifique, en cet ordre, est ce qu’on appelle la critique. […] sa critique, je vous assure, était excellente. […] Les problèmes moraux exigent ce qu’on peut appeler la critique générale. […] Celui-ci tombe sous le coup de la critique. […] Croyez-moi, Monsieur, la critique historique a ses bonnes parties.
Le livre d’Ernest Hello a pu résister à ces admirations dangereuses d’esprits sans critique, entraînés pas leurs sentiments. […] On peut signaler le genre d’esprit qu’ils eurent, leur manière, la moralité plus ou moins élevée, plus ou moins profonde de leur œuvre ; mais quand on a fait cela, tout est fini de la critique qu’on leur doit. […] — mais ni lui ni les autres ne sont inspirés dans le sens qu’une Critique profonde donne à ce mot, et c’est au contraire le caractère particulier de Hello que cette inspiration qui est Dieu en nous, le mens divinior ! […] … Je ne dis pas les raisonnables. — Et, parmi les critiques de fonction, qui, moi excepté, s’occupera de ce livre d’histoire religieuse, trop haut, diront-ils, du côté des chimères, pour que personne prenne la peine de s’élever jusque-là ? […] Il a la critique, et non pas seulement la critique historique, qui perce la brume des textes emmêlés et contradictoires avec une sagacité puissante, mais jusqu’à la critique littéraire, qui suit dans toutes les nuances du style les nuances de l’âme, de l’écrivain.
1 qui prend la carrière littéraire de l’illustre critique à ses débuts, et l’embrasse tout entière. […] Il faut prévoir les objections et les critiques que font naître toujours des publications comme celle-ci : on ne manquera pas de trouver que nous en avons « trop mis », que nous ne nous sommes pas assez souvenu de l’esprit général de cet Avertissement, auquel nous avons pris en commençant une note justificative. […] En un mot, quand on a souci de l’avenir, quand, sans avoir la vanité de croire à rien de glorieux, on se sent du moins le désir permis d’être en un rang quelconque un témoin honorable de son temps, on a toutes les précautions à prendre. on ne saurait trop faire navire et clore les flancs, pour traverser, sans sombrer, les détroits funestes. » Et comme pour mieux détourner dans l’avenir du dessein de rechercher ses anciens articles, le critique disait encore : « Après le Globe saint-simonien, que je n’avais pourtant pas tout aussitôt déserté, je suis entré au National par suite d’obligeantes ouvertures de Carrel. […] Ce sont des éphémérides de la critique : elles doivent une double valeur littéraire à la Revuec d’où elles sont extraites et à la plume qui les a écrites.
Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie Ayant exposé la méthode et le but de la critique scientifique avec le plus d’exemples et le plus de faits probants que nous avons pu, il reste à l’appliquer et à l’atteindre. […] — Parmi les lettrés : tous les romantiques, tous les parnassiens, quelques naturalistes ; peu de romanciers idéalistes, aucun critique notable, journalistes. […] Parmi les lettrés : les romantiques, moins de parnassiens, point de naturalistes, quelques romanciers idéalistes ; point de critiques ; la plupart des feuilletonistes théâtrals et des journalistes. […] Parmi les lettrés : les romantiques ; les parnassiens, quelques naturalistes, la plupart des romanciers idéalistes, tous les feuilletonistes romanciers, quelques critiques ; les journalistes.
Ils sont le complément des études critiques que nous avons entreprises sur le matérialisme contemporain, et pourraient avoir leur place dans le livre que nous avons publié sous ce titre, il y a quelques années, et qui a été accueilli avec bienveillance par les esprits de bonne foi dans tous les partis. […] N’est-il pas légitime de soumettre à la critique cette assertion de Cabanis que « le moral n’est que le physique retourné » ? […] Mais la mineure n’a jamais été soumise à une critique précise et rigoureuse. C’est cette critique que nous avons essayée.
Ce silence des critiques est sans doute quelque chose de remarquable à l’égard de la publication des jugements du critique le plus redoutable et le plus renommé que nous ayons eu jusqu’à ce jour. […] Renfermés dans les bornes d’une critique raisonnable et juste, auraient-ils excité la curiosité de ses lecteurs ? […] Si Geoffroy ne fut pas toujours exempt d’une critique un peu passionnée envers les illustres morts dont il examinait les ouvrages, on peut lui reprocher quelquefois une critique acerbe envers quelques-uns de ses contemporains. […] Les bonnes critiques ne sont redoutables que pour les mauvais ouvrages : quant aux critiques fausses, ineptes et passionnées, elles ne nuisent qu’à ceux qui les font. […] Mais sa critique, qui semble choquer le bon sens, s’excuse par les mêmes motifs que la conduite de Cléopâtre.
Ce sont là des critiques bien faibles. […] La critique fut dure. […] On a oublié, comme il était assez naturel, George Sand critique littéraire et critique dramatique. […] voilà de la bonne critique, de la très bonne critique. […] Ensuite, oui, George Sand critique et même critique dramatique est loin d’être à dédaigner.
C’était avant tout un critique, et un styliste. […] Il déclare les critiques de Bayle excessives. […] La critique que M. […] Je deviens critique ». […] La critique a parfois du bon.
La critique littéraire, avec ses respects et ses réserves, s’arrête étonnée devant de tels élans enthousiastes ; elle y regarde à deux fois avant de les contrarier. […] Et pourtant il faut bien dire un mot de ce que nous pensons : c’est le propre et, si l’on veut, le faible de l’esprit critique, quand il a quelque chose (ne fût-ce qu’un petit mot) à dire, de ne pouvoir le garder ni sur le cœur ni sur la langue : il faut absolument que le grain de sel sorte, si grain de sel il y a. […] Tradition ou légende, tout lui est bon, pourvu que le tour d’imagination qui lui est cher y trouve son compte ; il n’admet à aucun degré la critique historique, appliquée aux choses sacrées : elle l’incommode. […] Et de plus, la venue de l’une de ces Maries en Provence ne repose que sur des rapprochements puérils, faits à une fort basse époque. » Voilà le dernier mot de la critique impartiale. Mais le peintre, le poète, le légendaire, l’auteur de mystères se soucient bien de la critique !
Dans le critique de Villers, il nous a été possible de reconnaître l’ami de Cabanis. […] L’introduction pourtant mérite de compter dans l’histoire de la critique littéraire en France. […] C’est, on le sent, un critique littéraire né d’une école philosophique, d’une école déjà plus psychologique qu’idéologique, c’est une critique au vrai sens d’Aristote, qui parle chez nous pour la première fois. […] La critique, évidemment, avait préexisté ici, et, jusqu’à un certain point, présidé à la tentative de l’art, mais une critique sage, ramenée aux notions premières du bon sens, y dirigeant et y réduisant sa réforme. […] Fauriel, dans son article, tint compte de ces deux observations et retira les critiques qui s’y rapportaient.
Freron, annoncent un Littérateur formé sur l’étude réfléchie des bons modeles, un Critique doué de l’esprit d’analyse, & d’une sagacité merveilleuse pour saisir les beautés & les défauts d’un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d’y ramener les esprits qui s’en écartent. […] Ne vaudroit-il pas mieux s’attacher aux vrais modeles, ne point pervertir les genres, profiter de la critique, que de crier à l’injustice, pour soutenir des Productions dont le succès dangereux n’est appuyé que sur les suffrages de l’ignorance, de la séduction ou de l’esprit de parti ? […] Ne seroit-il donc pas plus digne du zele des Protecteurs de la Littérature, & de ceux à qui la police en est confiée, d’encourager les bons Critiques, & de n’autoriser que ceux qui, comme l’Abbé Grosier, ont fait preuve d’attachement pour les vrais principes, de courage & de talent pour les défendre, plutôt que de prêter l’oreille aux clameurs de quelques petits Auteurs qui emploieroient plus utilement leur temps à se corriger, qu’à se plaindre ?
Mais à quoi bon multiplier les critiques ? […] viennent absorber l’attention de la critique. […] Des critiques émus. […] Un critique enflammé. […] Si ce n’est pas par la critique que M.
Un homme de génie, & qu’on a vu remplir une des premières places du ministère, dans la préface de sa traduction en prose des essais de Pope sur la critique & sur l’homme, blâme la liberté qu’on avoit prise d’ôter quelque chose au Gulliver. […] Sa traduction des Essais sur la critique est rendue presque mot pour mot de l’original, & par-là directement opposée à la traduction de ce même ouvrage, donnée en vers par M. l’abbé Duresnel. […] Il est certain pourtant qu’il y a des vers de génie, & d’une vérité frappante dans cette traduction en vers de l’Essai sur la critique, ouvrage dont on parle en Angleterre, comme on parle en France de notre art poëtique. […] Le traducteur des voyages de Gulliver, attaqué par celui de l’Essai sur la critique, repoussa les traits lancés contre lui, & n’écouta que son dépit : on en voit la preuve dans ses feuilles. […] Le critique accompagne néanmoins ses observations de ménagement & de beaucoup de politesses ; mais il mit, dans la suite, plus de chaleur & de méthode dans un discours, sur la traduction des poëtes, placé à la tête de celle de Virgile.
Ainsi, en critique, depuis quelque temps et de plus en plus, le vent est aux femmes, et peut-être, ici, trouveront-elles qu’il n’est pas très doux… J’en suis désespéré pour ces dames, mais aussi pourquoi publient-elles… Pourquoi viennent-elles presque fièrement se placer sous le tranchant de la Critique, si c’est pour lui crier dès qu’elle les effleure : « On ne touche pas à la reine ! […] a des prix de pitié pour elles, qui font concurrence à ses prix de vertu… Mais lorsque des femmes du monde, et du plus grand, investies de tous les avantages de la vie, de la naissance, de la richesse et quelquefois de la beauté, qui ont des salons pour y être charmantes, des familles pour y être vertueuses, se détournent assez d’elles-mêmes et de leur véritable destinée pour vouloir être littéraires comme des hommes et prétendent ajouter la gloriole de la ponte des livres à l’honneur d’avoir des enfants, la Critique n’est-elle pas en droit de les traiter comme les hommes qu’elles veulent être, sans crainte de passer pour brutale, ainsi que le fut un jour l’empereur Napoléon avec Mme de Staël ? […] Dans l’impossibilité de créer des romans comme Delphine et Corinne, qui sont des études superbes de passion et de société, on se rabat sur l’histoire et sur la critique ; et parce que Mme de Staël a jugé Gœthe et Schiller, et toute l’Allemagne intellectuelle de son époque, en l’inventant, il est vrai, plus qu’en la voyant telle qu’elle fut, l’auteur de Robert Emmet, qui n’a pas une pareille envergure de plume, se croit de la plus pieuse modestie filiale, en condescendant à un sujet moins vaste et moins ambitieux et en nous racontant Lord Byron. […] Lord Byron, à lui seul, l’emporte, en intérêt littéraire et surtout en intérêt de nature humaine, sur tous ces Allemands sans passion ardente et profonde et qui n’ont de nature humaine que dans le cerveau… La vie de ce grand poëte, qui s’est élevé jusqu’au grand homme, est autre chose que celle de ces travailleurs en rêveries dont l’existence ressemble à une table des matières de leurs œuvres, dans laquelle elle tient… Pour tout homme, pour tout être si heureusement et si puissamment organisé qu’il soit, la vie de Byron est un sujet de critique et de biographie de la plus redoutable magnificence ; car Byron fut comme le plexus solaire du xixe siècle, et tous les nerfs de la société moderne, cette terrible nerveuse, aboutissent à lui… Toucher à cet homme central, magnétique et vibrant, qui mit en vibration son époque, c’est toucher à l’époque entière… Jusqu’ici, ceux qui y ont touché s’y sont morfondus.
Or, tous les livres qui doivent être des documents plus tard pour l’histoire littéraire méritent de la Critique une marque de considération et presque un témoignage de reconnaissance. […] Henri Heine, ce poète charmant et si digne d’être regretté, Henri Heine a pris acte de cette réaction en termes imposants que nous rappellerons, parce qu’allemand, poète et critique d’instinct, il est sur Hoffmann plus compétent que personne : « Les véritables penseurs — dit-il — et les natures poétiques, ne veulent plus entendre parler d’Hoffmann. […] On ne peut qu’applaudir à cette tentative ; mais ce que nous aurions désiré et ce qui nous manque encore, c’eût été la mesure prise d’Hoffmann — exactement et sans faiblesse — par un esprit entendu à ce genre de Critique qui va de l’homme à l’œuvre et de l’œuvre à l’homme. Champfleury, qui méprise la Critique et qui n’a de formes solennelles et superbes que quand il parle à Courbet (voir la lyrique préface de son volume : « À mon vaillant ami Courbet ! […] Malgré ce vaillant effort de la biographie contre la critique, il n’en demeure pas moins certain que les qualités élémentaires en littérature et les plus indispensables à tout homme qui écrit — fantaisiste ou non — manquaient à Hoffmann, et c’est de là, sans aucun doute, que vient le mépris exprimé si nettement par Walter Scott sur l’inventeur des Contes fantastiques, à l’époque où ce dernier jouissait de sa plus grande popularité.
Il y a des jours où la Critique, qui, le plus souvent, savonne des nègres et frotte du Ruolz avec sa manche pour bien s’attester que ce n’est pas de l’or, est, au contraire, obligée de dorer l’or vrai et de blanchir les lys ! […] Plus tard, si, sous la douleur de la vanité blessée au cœur, un peu plus de talent éclate dans les Bardes anglais et les Critiques écossais, c’est un cri et un coup de poing de boxeur, un cri et un coup de poing qui donnent raison à M. […] IV Et certainement je n’ai pas tout dit… Mais ces points singuliers à faire saillir dans la vie et le génie de Byron, la Critique les a toujours tenus dans l’ombre. […] Et c’est ce masque bien plus que la réalité, que la Critique et l’Histoire contemplent toujours. […] Mais la gloire de la Critique et de l’Histoire n’est pas seulement de soulever ce masque, c’est, une bonne fois, de l’arracher !
I Un des bonheurs de la Critique, qui n’en a pas immensément, la pauvre chère fille ! […] II C’est cet état de débilitation philosophique que le Dr Athanase Renard nous a mis à même de vérifier et de juger, dans l’histoire critique qu’il vient de faire de la Philosophie moderne. […] L’auteur des Philosophes, qui a mesuré le danger qu’elle court et l’abaissement dans lequel elle est tombée et où elle tombe chaque jour davantage, a donné dans son histoire critique la preuve de cette dégradation de la pensée par le Matérialisme, qui est à la fin de tout dans l’ordre philosophique : Finis Poloniæ ! […] Ces idées, le Dr Athanase Renard, qui les a discutées dans la partie critique de son livre, en a montré le creux et fait voler au loin la poussière. […] Mais n’allez pas croire, d’après ce que je vous dis là de ces biographies, que le Dr Athanase Renard ne soit qu’un critique en philosophie !
Il est peut-être, pour la Critique aux besognes routinières, plus piquant de tourner le dos à l’œuvre dernière, qui n’est bien souvent qu’une redite de ce qu’on avait mieux dit déjà, quand le génie, qui monte à chaque œuvre dans une assomption plus haute, n’y est pas, et de s’avancer à travers les succès équivoques et les œuvres laborieusement manquées, vers le premier instant du début heureux, cette fleur d’amandier qui n’a qu’un jour, la première fraîcheur de la source ! […] Et aux yeux de la Critique elle-même, aux yeux de la Critique qui vient trente ans après faire tomber de son doigt glacé la poudre rose, or et argent qui saupoudre encore ce que Delphine Gay a écrit, pour voir le vrai de ce qui est tracé sous cette poussière étincelante, ce moment est aussi le meilleur de sa pensée, et ce moment de Delphine Gay, Mme de Girardin a pu le regretter sans cesse, car elle ne le retrouva jamais ! […] Mais moi, par exemple, qui n’ai point de reconnaissance à garder envers la mémoire de Mme de Girardin, moi qui n’ai pas été reçu chez elle et qui n’ai pas bu dans les verres à champagne de ses soupers cette décoction de lotus qui fait oublier la Critique, j’oserai très bien écrire qu’en somme Mme de Girardin, cette Philaminte, mais sans le bourgeois, le cuistre et le grammatical de la Philaminte de Molière, Mme de Girardin, l’auteur des Deux amours, du Lorgnon, de La Canne de M. de Balzac, et dont les deux meilleures chosettes, La Joie fait peur et Le Chapeau d’un horloger, sont des comédies de paravent, ne fut guère qu’un talent de salon qui ne s’élevait pas beaucoup plus haut que les corniches. […] Tel est ici le dernier mot de la Critique sur Mme de Girardin.
Seulement, pourquoi, dans ces premiers volumes dont je dirai tout à l’heure les mérites, cherche-t-on vainement la notice biographique et critique annoncée sur la couverture, et qui, naturellement, devrait se trouver à la tête du premier volume ? […] Doué de cette faculté d’analyse que j’ai appelée la moitié du critique, il avait cette imagination à couleur vive qui fait l’écrivain. […] Jamais la Critique n’a été plus large, plus compréhensive, embrassant une œuvre et une personnalité de génie avec plus de force caressante et d’intelligence dans l’amour. […] Ce don exquis de la bonhomie dans l’Idéal, où elle n’est pas d’ordinaire, et sans que l’Idéal en soit diminué, est si frappant dans La Fontaine que tout le monde, et non pas seulement la Critique, lui a spontanément donné le nom de bonhomme, qui a remplacé son nom. À coup sûr, la Critique n’aurait pas mieux fait… C’est Le Bonhomme, en effet, que La Fontaine, dans le sens le plus général et le plus absolu ; ce n’est pas simplement Un Bonhomme.
À défaut d’invention, on fut trop heureux de trouver un sujet de critique qui, pendant deux ou trois ans, fournit matière à des quantités d’écrits et à toutes les conversations. […] Lorsque sa traduction parut, ils se dirent : « Voilà donc cet Homère dont on parle tant », et ils firent bientôt toutes les critiques qu’une première impression suggère quand on ne se met pas au point de vue de l’Antiquité ou qu’à défaut d’une connaissance véritable on n’est pas retenu par le respect de la tradition. […] Elle sent d’ailleurs très bien le faible de cette génération à laquelle elle s’adresse, génération de cafés et d’Opéra, qui s’en tient à une première connaissance superficielle et va ensuite porter ses découvertes dans les belles compagnies pour s’y faire applaudir : Mais par quelle fatalité, s’écriait-elle, faut-il que ce soit de l’Académie française, de ce corps si célèbre qui doit être le rempart de la langue, des lettres et du bon goût, que sont sorties depuis cinquante ans toutes les méchantes critiques qu’on a faites contre Homère ! […] » publia en deux volumes sa Dissertation critique sur l’Iliade (1715) ; il y a du mérite et de l’originalité. […] Sa femme passait pour en savoir plus que lui en ces deux langues, en antiquités, en critique, et a laissé quantité d’ouvrages fort estimés.
Il a eu présent à la pensée ce mot d’un grand révolutionnaire : « Il n’y a de détruit que ce qui est remplacé. » Il ne s’est donc pas contenté de défaire une vie de Jésus, ce qui n’est pas difficile à la critique en se tenant sur ce terrain de pure discussion ; il a prétendu la refaire. […] Le premier m’a dit : « Cette critique des Évangiles est faible autant que téméraire ; dès qu’elle prétend devenir positive de négative qu’elle était, elle se juge. […] Renan, on était très-peu au fait de l’état de la science et de la critique concernant les origines du christianisme. […] Il était réservé à la protestante Allemagne de faire, de ce qu’on appelle l’exégèse ou examen critique des Écritures, une science régulière, et de donner à sa marche la justesse, la précision, la certitude définitive qu’a le génie militaire dans l’attaque méthodique des places fortes. […] Renan qui, depuis des années, avait formé le dessein de donner une histoire critique des origines et des progrès du christianisme pendant les trois premiers siècles, crut devoir modifier un peu son plan de campagne : il pensa qu’il serait bon et opportun de détacher le premier volume et de le donner hardiment sous forme de récit, presque de cinquième Évangile ; il publia la Vie de Jésus, qui vient de mettre le feu aux poudres et de passionner le public.
Guizot, le portrait d’un philosophe pur, d’un savant et d’un critique de bonne foi qui ne recule devant aucun problème, devant aucune solution, devant aucune absence de solution. Le portrait ne sera ni flatté ni noirci : je tâcherai seulement qu’il soit fidèle, et qu’il exprime la parfaite idée de l’esprit critique en ces matières, tel que je le conçois. […] Chimiste ou astronome, ou critique polyglotte, aimant à se poser toutes les questions, il agite surtout celle qui est la principale aujourd’hui et sur laquelle l’effort des esprits élevés est le plus grand, la question des origines. […] Quand on est meublé comme mon savant et mon critique, on n’invite pas les autres à venir chez soi ; on n’y laisse monter que les rares amis et les adeptes ; on n’aura rien, de bien longtemps, à offrir aux foules, aux auditoires, aux diverses sortes de publics. […] Il ne serait pas exact de penser, comme paraît l’avoir cru l’illustre écrivain, d’après une autre lettre de lui écrite à la même date et dont j’ai eu communication, que ce « philosophe critique, sans femme, sans enfants, sans affaires, spectateur curieux et douteur, ce soit moi-même », et que j’aie mis là mon portrait en regard du sien.
À tant de variations diverses, religieuses, philosophiques, politiques et poétiques, que nous notons, il en est une à ajouter encore, celle même que nous autres critiques, en les remarquant, nous subissons. […] Il s’ensuivrait formellement que la critique n’aurait plus rien désormais à faire avec lui ; c’est une manière complète de la récuser, de la déjouer. On avait déjà remarqué qu’un autre grand poëte l’enfermait, la pauvre critique, dans un cercle étroit, inflexible, et la sommait d’y demeurer ou d’y venir, avec menace autrement de la rejeter. […] Daunou, racontant les variations et les récriminations du critique La Harpe, lui souffle sagement à l’oreille ce mot de Cicéron plaidant pour Ligarius : Nimis urgeo,… ad me revertar, iisdem in armis fui ! […] La sagacité du critique se trouvait liée à leurs destinées de poëtes fidèles et d’écrivains révérés ; le meilleur de nos fonds était embarqué à bord de leurs renommées, et l’on se sent périr pour sa grande part dans leur naufrage.
C’est ce texte que tout critique, parlant de ce second comique de notre scène, a désormais à développer. […] Je n’ai pas à revenir ici sur des pièces qui sont dans toutes les mémoires, et qui ont été cent fois analysées par les critiques nos confrères. […] Le Légataire, représenté en janvier 1708, eut un succès complet, et si complet même que la critique sérieuse s’en émut. On imprima dans le Nouveau Mercure de Trévoux une lettre critique développée. […] Regnard se défendit en homme qui a pour lui le public ; il donna une petite pièce en prose qui a pour titre La Critique du Légataire.
Cinq-Mars, par son intérêt dramatique, par la grandeur ou la grâce des personnages, par ses vives et curieuses couleurs, eut un beau succès, contre lequel les critiques minutieuses ne purent rien. […] … ») — Cette prétendue citation de Reynolds n’était qu’une manière d’insinuer mes critiques. […] J’en puis parler sciemment, ayant lu moi-même certaines de ces observations critiques que De Vigny nous laissait voir à la rencontre ; mais il n’en est pas resté trace dans le Journal imprimé. […] Je regagnai vite le temps perdu, et j’avais hâte de réparer envers un homme de ce talent sinon l’injustice, du moins l’excessive sévérité de ma première critique. […] ou quelque chose de ce genre… » Et moi, en songeant que ceci s’adressait à moi-même et à un livre de critique assez neuf sur un point, mais d’un intérêt très-circonscrit, je suis tenté de m’écrier à mon tour : Assez !
Et quand nous avons entendu ainsi Marivaux s’exprimer avec esprit et calcul, dans un style perlé et distillé, faire des mines charmantes et caresser chaque syllabe en y mettant une intention, n’allez pas lui dire, avec la plupart des critiques d’alors, qu’il n’écrit pas assez simplement, qu’il court après l’esprit, et autres reproches qui, au milieu des éloges, viennent tout d’abord à la pensée. […] Je crois, pour moi, dit Marivaux, qu’à l’exception de quelques génies supérieurs qui n’ont pu être maîtrisés, et que leur propre force a préservés de toute mauvaise dépendance, je crois qu’en tout siècle la plupart des auteurs nous ont moins laissé leur propre façon d’imaginer que la pure imitation de certain goût d’esprit que quelques critiques de leurs amis avaient décidé le meilleur. […] Il se moque agréablement de ces critiques qui reprochent si vite à un auteur de courir après l’esprit. […] Il a pourtant raison sur un point : c’est que les critiques s’en prenaient uniquement à son style, quand c’était en réalité sa pensée qui était en cause. […] s’écrierait un critique ; pourquoi ne pas se contenter de dire : « L’esprit est souvent trompé par le cœur ?
La littérature industrielle est arrivée à supprimer la critique et à occuper la place à peu près sans contradiction et comme si elle existait seule. […] Afin d’avoir en caisse le profit de l’annonce, on eut de la complaisance pour les livres annoncés ; la critique y perdit son crédit. […] Maintenant, quand on lit dans un grand journal l’éloge d’un livre, et quand le nom du critique n’offre pas une garantie absolue, on n’est jamais très-sûr que le libraire ou même l’auteur (si par grand hasard l’auteur est riche) n’y trempe pas un peu. […] Que serait-ce qu’une Société qui, comprenant la presque totalité des littérateurs du jour à tous les degrés de l’échelle, deviendrait pour eux une espèce d’assurance mutuelle contre la critique et pour la louange ? […] On n’a pas hésité à glisser dans l’intervalle de ces portraits quelques articles de pure critique et même de polémique, tels que celui-ci, qui furent écrits dans la Revue des Deux Mondes, pour répondre à des besoins ou parer à des dangers du moment.
Il y aurait bonheur à la critique, dans un sujet aussi brillant et aussi populaire que M. […] Un célèbre critique, et dont l’inépuisable saillie, nourrie d’expérience, fait désormais autorité, M. […] Tout le reste, on l’a trop vu en effet, n’était que critique, système, étude préparatoire éternelle. […] Cet orateur exalte Bonaparte dont il a besoin aujourd’hui dans sa péroraison, ce critique vante fort le poëte défunt dont il se prévaut pour son système. […] Il y aurait toutes sortes de critiques à y adresser, et qui seraient justes, et on les a faites la plupart sans nous.
Évidemment la critique n’a plus rien à faire dans une telle quantité de débuts, et c’est au talent énergique et vrai à se déclarer lui-même. […] Ses poésies d’essai, dédiées à Louis XVIII, dont la critique auguste lui avait fait faire dans la dédicace une grave correction (faveurs au lieu de bienfaits !) […] Il serait injuste d’environner d’un trop grand appareil de critique l’œuvre posthume et véritablement aimable d’un poëte mort sans rien d’amer et qui a vécu si malheureux. […] Je me rappelle ces critiques que parce qu’elles font honneur aujourd’hui au goût, si hardi pour lors, de M. de Latouche. […] Outre les articles critiques de Loyson, le Lycée publia de lui des vers qui n’ont pas été recueillis ailleurs.
La critique de Boileau. […] Elle peut se considérer de deux points de vue, selon qu’on y cherche un poète ou un critique. […] Boileau fonda dans les Satires la critique littéraire, à peu près inconnue avant lui. […] On ne trouve d’examen impartial que chez Corneille, parlant de ses propres pièces, et chez D’Aubignac, qui mêla dans sa Pratique du théâtre la critique à la théorie. […] Brunetière, l’Esthétique de Boileau, Revue des Deux Mondes, 1er juin 1889 ; Histoire de l’évolution de la critique, Hachette, 1890, in-12.
Aussi aurais-je lieu de me sentir quelque peu inquiet de l’entreprise où je me hasarde, si je ne me trouvais rassuré par la liberté de parler davantage en poète qu’en critique. Le critique ou, plus abstraitement, la Critique, a, en effet, des façons qui lui sont propres. […] Notre critique fut âpre et outrancière, mais elle ne fut point exclusive. […] J’avais soin de me présenter à vous non point comme un critique, mais comme un poète. C’est pourquoi justement je sais le tort que l’on a fait à des poèmes en cherchant à en donner une idée critique, c’est-à-dire explicative.
Tel auteur tragique de cinq pieds six pouces pourrait être quelquefois tenté d’écraser un critique qui n’en aurait que cinq : mais il ne l’oserait. […] Les grands critiques complets, Horace, Despréaux, Pope, n’ont jamais laissé de si bons vers se faire en dehors d’eux ni contre eux. […] Il n’a pu à aucun moment, ou du moins ce n’est qu’à de rares moments qu’il a pu saisir toute l’autorité du rôle de critique, même en ce que ce rôle a de passager et de viager. […] J’en dirai ce que j’ai dit des vers de Gilbert et de Le Brun contre La Harpe : il est fâcheux à lui d’y avoir prêté, et jamais un grand critique ni un esprit judicieux du premier ordre ne s’arrangera de telle sorte d’avoir ainsi les rieurs, gens d’esprit, contre soi. […] Il y donna pêle-mêle au public ses erreurs mêmes, ses jugements sur le prochain, toutes ses médisances de libre critique, en y retranchant très peu de chose.
Amédée Thierry, et voilà, en un seul mot, la critique la plus profonde que nous puissions faire de son ouvrage. […] Augustin Thierry, puisque je la pose, mais la Critique l’a trop isolé dans cette supériorité. […] La Critique a été plus que juste envers lui, elle a été généreuse. […] — oui, devant cet épouvantable malheur, la Critique, touchée de pitié, ne marchanda plus rien à M. […] Comme toujours, quand ils sont remués dans les cœurs, les sentiments l’emportèrent, et ce qui entraîne les juges entraîna la Critique.
J’aurais voulu y joindre Eloa, mais elle n’existe plus, même chez moi. » Dans ce grand mouvement de propagande romantique de 1828-29, je travaillais à être utile à ces Poèmes de M. de Vigny et à les propager, non seulement en les célébrant dans mes vers, mais aussi en les faisant lire, en les commentant et les démontrant, pour ainsi dire, à d’autres critiques de bonne volonté qui furent des premiers à leur rendre justice. […] Je suis presque avec vous tous, bientôt j’y serai mieux encore. » Et il m’écrivait le 7 mai 1829 : « Adieu, mon ami, si vous n’avez pas embrassé mon Victor sur les deux joues, j’irai vous chercher querelle. » Je n’ai nullement dessein de publier les lettres de M. de Vigny toutes remplies de compliments et d’éloges pour moi : mais, puisqu’il niait en 4 835 le droit et la légitimité de ma méthode critique, je me contenterai de lui opposer ce passage d’une de ses lettres, du 29 décembre 1829 (je venais d’écrire dans la Revue de Paris un premier article sur Racine) : « Je suis distrait, et outre cela il m’arrive presque toujours d’être en présence de mes amis ce qu’est un amant devant sa maîtresse, si aise de la voir qu’il oublie tout ce qu’il avait à lui dire. […] J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes. » On peut rabattre tout ce qu’on voudra de l’éloge, mais M. de Vigny admettait évidemment cette méthode critique en 1829.
Il a eu beau représenter que les quatre ou cinq malencontreuses pages vides qui escortaient la première édition, et dont le libraire s’est obstiné à déparer celle-ci, lui avaient déjà attiré les anathèmes de l’un de nos écrivains les plus honorables et les plus distingués1, lequel l’avait accusé de prendre le ton aigre-doux de l’illustre Jedediah Cleishbotham, maître d’école et sacristain de la paroisse de Gandercleugh ; il a eu beau alléguer que ce brillant et judicieux critique, de sévère pour la faute, deviendrait sans doute impitoyable pour la récidive ; et présenter, en un mot, une foule d’autres raisons non moins bonnes pour se dispenser d’y tomber, il paraît qu’on lui en a opposé de meilleures, puisque le voici maintenant écrivant une seconde préface, après s’être tant repenti d’avoir écrit la première. […] Méditant ce petit traité littéraire et didactique, il était encore dans cette mystérieuse ivresse de la composition, instant bien court, où l’auteur, croyant saisir une idéale perfection qu’il n’atteindra pas, est intimement ravi de son ouvrage à faire ; il était, disons-nous, dans cette heure d’extase intérieure, où le travail est un délice, où la possession secrète de la muse semble bien plus douce que l’éclatante poursuite de la gloire, lorsqu’un de ses amis les plus sages est venu l’arracher brusquement à cette possession, à cette extase, à cette ivresse, en lui assurant que plusieurs hommes de lettres très hauts, très populaires et très puissants, trouvaient la dissertation qu’il préparait tout à fait méchante, insipide et fastidieuse ; que le douloureux apostolat de la critique dont ils se sont chargés dans diverses feuilles publiques, leur imposant le devoir pénible de poursuivre impitoyablement le monstre du romantisme et du mauvais goût, ils s’occupaient, dans le moment même, de rédiger pour certains journaux impartiaux et éclairés une critique consciencieuse, raisonnée et surtout piquante de la susdite dissertation future. À ce terrible avis, le pauvre auteur Obstupuit ; steteruntque comæ ; et vox faucibus hæsit ; c’est-à-dire qu’il n’a trouvé d’autre expédient que de laisser dans les limbes, d’où il se préparait à la tirer, cette dissertation, vierge non encor née 2, comme parle Jean-Baptiste Rousseau, sur laquelle grondait une si juste et si rude critique.
Il pose l’ongle là où la Critique doit enfoncer son scalpel… Eh bien, la Critique sera tout étonnée un jour de ne trouver dans le Caliban du socialisme, dans cette espèce de mastodonte dont les énormités n’épouvantent déjà plus, qu’un talent incontestable, mais facile à apprécier et qui n’étonnera et ne désespérera personne ! […] Voilà la vraie gloire de style qui lui restera, et dont se souviendra la Critique quand le mépris aura chassé de l’attention des hommes les chimères qu’il nous donne comme les réalités de l’avenir. […] Seulement il est moins abstrait et plus historique… deux bonnes raisons pour être dans la vérité plus que lui, quoiqu’une critique moins large que la nôtre puisse peut-être reprocher à ce puissant raisonneur historique de meurtrir quelquefois l’histoire dans l’étreinte de ses raisonnements.
Dès ma jeunesse, j’ai toujours compris la critique autrement : modeste, mais digne. […] J’avais pris position de critique dans la Revue des Deux Mondes. […] Voué et adonné à mon métier de critique, j’ai tâché d’être de plus en plus un bon et, s’il se peut, habile ouvrier. […] Buloz dès 1831, lui fournit un cadre commode à ses études critiques. […] Ces articles critiques de M.
A quelques lignes de distance le sagace critique ne se le rappelait plus. […] Je ne retrouve plus les noms, excepté, présent en toutes les mémoires, du critique artiste de l’Impressionnisme, Félix Fénéon. […] Nous savons que c’est un mot que le critique applique volontiers : il a déjà servi pour M. […] C’est « l’éminent critique musical Scudo », que nous n’avons pas pu digérer. […] Sarcey de nous avoir donné cette occasion de montrer ce que l’on doit penser des éminents critiques.
Son Discours sur la Poésie en général & sur l’Ode en particulier, ses Réflexions sur la critique, offrent un enchaînement de réflexions judicieuses, instructives, présentées avec grace & d’un ton séduisant dont il faut se défier dans quelques autres de ses Ouvrages, ceux, entre autres, où il veut prouver qu’on peut faire de bonnes Tragédies & de belles Odes en prose, ou détruire la supériorité des Anciens sur les Modernes. […] Il a su également traiter la critique d’une maniere intéressante, pleine de sel, d’agrémens, de politesse, & de modération ; ce qui le rend supérieur à ses Adversaires, du moins par la maniere de combattre, sur-tout à Madame Dacier, qui, dans la dispute sur les Anciens, employa quelquefois le ton du pédantisme & de l’âcreté. […] C’est dommage que le style du Panégyriste ne réponde pas à la sagesse de sa critique : il est communément froid & maniéré, par l’affectation puérile de l’Auteur à vouloir toujours donner à ses pensées une physionomie fine & spirituelle.
Nous avons de lui la vie de François I, jusqu’en 1539, sans compter des harangues, des traductions, beaucoup de critiques, quatre livres de poësies, intitulées Premier & second enfer, & des lettres dans un goût singulier. […] Il étoit extrême en tout, dans ses éloges & dans ses critiques, dans ses plaisirs & dans le travail. […] Floridus, outré d’une critique furieuse, se vengea, non en relevant des fautes de grammaire & de goût, mais en reprochant des crimes, en donnant une brochure qui contenoit la vie affreuse de Dolet.
Introduction Même réduit aux proportions qu’il présente ici, un ouvrage sur la nouvelle littérature, fait à la fois de critique, de documents et de prophétie, ne laisse point que d’être un travail difficile, considérable et dangereux. […] Ernest Gaubert a donné plus particulièrement ses soins aux chapitres des Écoles et Manifestes, à une partie de la Critique, à la Poésie, au Régionalisme, à la documentation bibliographique, M. Georges Casella à la Critique, au Roman et au Théâtre.
Vien Le triste et plat métier que celui de critique ! […] L’image la plus favorable sous laquelle on puisse envisager un critique, est celle de ces gueux qui s’en vont avec un bâtonnet à la main remuer les sables de nos rivières pour y découvrir une paillette d’or. […] Et puis, cette suivante qui d’un bras qui pend nonchalamment va de distraction ou d’instinct relever avec l’extrémité de ses jolis doigts le bord de sa tunique, à l’endroit… En vérité, les critiques sont de sottes gens !
Les théories de la critique moderne ne sont pas les miennes. […] La critique et le public sont des juges mal informés. […] Il est donc inévitable qu’il s’affirme et que le sens des objections puériles de la critique lui échappe. […] Mais ici, comme toujours, la critique courante parle de ce qu’elle ignore. […] Je n’en veux pour preuve que la sûreté de son goût critique en tout ce qui ne le concerne pas.
Elle est devenue la base de la critique naturiste, qui est la critique naturelle poussée à l’extrême. […] C’est donc bien vraiment un critique, et le critique par excellence, le critique naturaliste et moraliste en même temps ; mais, pour appliquer à lui-même ses procédés et sa méthode, est-ce que dans sa critique même vous n’apercevez pas les autres éléments que mentionne la notice du Dictionnaire de Vapereau ? […] la critique aussi est une science, et peut-être faut-il, pour être bon critique, avoir disséqué au moins un homme. […] Saisset, — s’éleva le génie critique d’Aristote. […] — Ainsi donc, la critique physiologiste n’est pas du tout incompatible avec la critique spiritualiste.
« Je me suis convaincu depuis longtemps », m’écrivait à ce sujet un étranger qui sait à merveille notre littérature, « que, pour presque tout le monde, la vérité dans la critique a quelque chose de fort déplaisant ; elle leur paraît ironique et désobligeante ; on veut une vérité accommodée aux vues et aux passions des partis et des coteries. » Et, pour me consoler, cet étranger, qui est Anglais, ajoutait qu’une telle disposition à se révolter contre une entière vérité et sincérité de critique appliquée à de certains hommes et à de certains noms consacrés, était poussée plus loin encore en Angleterre qu’en France, où l’amour des choses de l’esprit est plus vif et fait pardonner en définitive plus de hardiesse et de nouveauté, quand on y sait mettre quelque façon. […] J’ai souvent entendu reprocher à la critique moderne, à la mienne en particulier, de n’avoir point de théorie, d’être tout historique, tout individuelle. […] c’est cette méthode ou plutôt cette pratique qui m’a été de bonne heure comme naturelle et que j’ai instinctivement trouvée dès mes premiers essais de critique, que je n’ai cessé de suivre et de varier selon les sujets durant des années ; dont je n’ai jamais songé, d’ailleurs, à faire un secret ni une découverte ; qui se rapporte sans doute par quelques points à la méthode de M. Taine, mais qui en diffère à d’autres égards ; qui a été constamment méconnue dans mes écrits par des contradicteurs qui me traitaient comme le plus sceptique et le plus indécis des critiques et en simple amuseur ; que jamais ni les Génin ni les Rigault, ni aucun de ceux qui me faisaient l’honneur de me sacrifier à M.
« Représentant de la philologie allemande en Franco, appliquant et développant les principes sur lesquels repose la critique des textes, son exemple eut certainement de l’action sur ses contemporains immédiats, et aussi sur les plus jeunes qui ont succédé : il ne m’appartient pas de citer les noms. […] Il voulait l’accompagner d’un commentaire critique pour expliquer et justifier ses leçons et corrections. […] « Aux savants seuls il appartient de fixer le rang qu’occupera Dübner dans l’histoire des progrès de la philologie et de la critique au xixe siècle : on devra toutefois considérer, en appréciant ses mérites, qu’il ne lui fut jamais donné de les développer en pleine liberté dans un travail tout à fait original et individuel ; il était toujours plus ou moins commandé par les conditions matérielles des publications auxquelles il s’employait. […] D’un dévouement et d’une complaisance à toute épreuve, il mettait sans cesse à ma disposition le secours de sa saine critique et de sa profonde érudition. […] Il prodiguait généreusement les trésors de sa judicieuse et saine critique, et il fallait lutter avec lui pour obtenir la permission de le citer.
Ce second système expose beaucoup moins à la critique. […] Lorsque Bossuet dit cette superbe phrase : Averti par mes cheveux blancs de consacrer au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint , il s’est trouvé sûrement quelques malheureux critiques qui ont demandé ce que c’était que les restes d’une voix et d’une ardeur, ce que c’était que des cheveux qui avertissent. […] Lorsque Pascal a écrit : L’homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant , un critique séparant la première phrase de la seconde, aurait pu dire : Savez-vous que Pascal appelle l’homme un roseau pensant ? Le plus parfait de nos poètes, Racine, est celui dont les expressions hardies ont excité le plus de censures ; et le plus éloquent de nos écrivains, l’auteur d’Émile et d’Héloïse, est celui de tous sur lequel un esprit insensible au charme de l’éloquence pourrait exercer le plus facilement sa critique. […] J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.
Toute rectification, toute critique me seront des secours ou des guides précieux. […] Qu’il y ait toujours des curieux et des savants qui s’enferment dans le moyen âge, comme il y en a qui se cantonnent dans le xviiie siècle ou dans le xviie , rien de plus légitime, et rien de plus utile : mais il est temps que tombe le préjugé par lequel le professeur, le critique, qui prétend embrasser dans son étude et son goût toute notre littérature nationale, est autorisé à en ignorer, à en mépriser quatre ou cinq siècles. […] J’ai donc indiqué sur chaque écrivain de quelque importance les principaux ouvrages à consulter, m’attachant de préférence à signaler les recherches qui fournissent des renseignements positifs auxquels nulle finesse d’intelligence ne peut suppléer, et parmi les études des critiques, indiquant surtout les contemporains dont le jugement littéraire se trouve en relation avec toutes les idées et les besoins du temps présent. […] Au contraire, j’ai fait une large place aux ouvrages très récents, qui, en dépit de toutes les annonces de librairie et comptes rendus critiques, échappent souvent pendant longtemps à la foule des lecteurs. […] Je ne pouvais, en aucune partie de ce travail, perdre de vue ni laisser oublier que tous les secours de l’érudition et de la critique, toute l’écriture amassée autour des textes, celle des autres comme la mienne, ont pour fin dernière la lecture personnelle des textes.
Néanmoins, tant que ces variations et oppositions ne se manifestaient que dans les limites du dogme lui-même, c’est-à-dire sans mettre en question le fondement surnaturel du christianisme, il y avait dans l’Église protestante un fonds commun, une unité de foi, et en quelque sorte, un point fixe : la divinité du Christ, et la croyance à une révélation spéciale de Dieu ; mais le moment est arrivé où, la liberté d’examen venant à s’étendre jusqu’aux bases mêmes de la théologie dogmatique, s’est élevée la question de savoir si le christianisme est absolument lié à tel ou tel dogme, s’il lui est interdit de s’ouvrir aux lumières de la critique et de la philosophie moderne, et si rejeter le surnaturel, c’est abdiquer l’esprit chrétien. […] Ce grand mouvement critique auquel nous assistons ne prouve certainement pas que le spiritualisme ait tort ; mais il prouve, à n’en pas douter, que nos moyens de démonstration sont insuffisants, qu’il y a des lacunes dans nos doctrines, qu’elles ne sont pas complètement appropriées aux lumières de notre temps, qu’elles laissent en dehors d’elles un trop grand nombre de faits inexpliqués, qu’elles se sont montrées trop indifférentes à l’égard des sciences physiques et naturelles, qu’elles ont trop abandonné la nature aux savants, enfin qu’elles ont trop préféré en général l’analyse à la synthèse. […] En reconnaissant avec une haute impartialité les services rendus par les nouvelles écoles, il montre que toutes, même les plus hostiles, quand elles sortent de la critique, en reviennent toujours à des principes qui ne sont sous d’autres noms que les principes mêmes qu’elles avaient combattus. […] Ainsi, du sein même de la critique, mais d’une critique se rendant de plus en plus compte d’elle-même, reverdiront, refleuriront les principes si décriés.
Ce sera l’honneur de la critique d’avoir protégé et défendu, obstinément, cette illustre artiste ; tant sur la fin de sa vie elle avait peine à se défendre contre les impatients qui se fatiguent d’entendre dire : — « Aristide est juste », — ou bien : « Mademoiselle Mars est la plus grande artiste de son temps ! […] « Voilà ce que disent nos maîtres, les critiques qui ont vu, qui se souviennent et qui regardent, à la fois, dans le présent et dans le passé. […] Fleury lui-même, le dernier des marquis, depuis longtemps, était mort quand notre tour est arrivé de faire de la critique. Il faut donc que nous et notre critique nous nous contentions de Menjaud, de Firmin. […] Et puis l’on s’étonne que la critique protège jusqu’à la fin une pareille femme !
Eh bien, ce rapprochement, qu’il faudrait faire beaucoup pour voir juste, nous croyons utile de l’essayer à propos de deux livres que la Critique, qui reconnaît ceux qui les ont écrits pour des maîtres, a traités avec un silence par trop respectueux. […] Grâce à un sens critique et une sûreté d’érudition dont nous parlerons tout à l’heure, il nous aide merveilleusement à séparer l’art et l’artiste des réalités de l’Histoire. […] Du reste, n’est-ce pas à la critique à faire ressortir cette conséquence ? […] Une critique savante et profonde, enrichie de toutes les découvertes historiques de notre époque, une critique qui, après avoir fait la part du génie grec, ôte avec un tact souverain l’imagination des Allemands de leurs travaux pour s’appuyer sur ce que ces travaux ont de plus solide, voilà ce qui donne au livre de Lerminier un mérite et un poids qu’aucun ouvrage sur la Grèce ne pouvait avoir plus tôt.
Et, sous la forme d’un regret, c’est une critique que nous faisons à l’historien des Pyrénées, et une critique que nous ne voulons pas énerver. […] La Critique, qui est aussi une sentinelle, doit le dire à tous ceux qui s’occupent d’histoire : dans l’état présent des travaux historiques, qui sont réels, avancés, l’heure est sonnée pour les esprits robustes d’aller aux ensembles et aux résumantes individualités historiques, et de planter là les monographies et ce qu’on peut appeler la petite histoire, l’histoire oubliée. […] Le critique est quelquefois comme ce terrible juge qui ne demandait que dix lignes d’un homme pour l’envoyer au supplice, mais souvent, plus heureux et plus doux, pour sauver un écrivain fourvoyé et prévoir son avenir, le critique n’en demande pas davantage.
je consens très bien à ce que la Critique soit très large avec le génie. […] Mais le critique ne pouvait pas, lui, décemment toucher à son histoire ! […] Trompe-l’œil grossier, elle n’est guères qu’un kaléidoscope de citations que l’auteur fait tourner devant vous pour vous éblouir, et auxquelles citations la Critique, une critique informée et compétente, a péremptoirement et depuis longtemps répondu. […] Et Bayle lui-même, le fameux Bayle, le père de la critique dissolvante, affirma que d’hésiter devant la fausseté de la légende de la Papesse Jeanne serait d’un pyrrhonisme monstrueux !
II Il faut bien le dire : le livre des Sophistes grecs et des Sophistes contemporains est moins un livre de philosophie qu’un livre de critique, et encore de critique de sens commun, mais supériorisée par l’expression. […] Le livre boite… et de la jambe qu’on voudrait la plus solide, parce que les sophistes sur lesquels il faudrait mettre durement le pied sont du côté de cette jambe-là… Ainsi, critique suprême ! […] Ce n’est guères qu’un livre de critique d’impression et de tendance spiritualistes, mais qui a le bonheur que n’ont pas les spiritualistes, — d’être toujours spirituel. […] Voir la critique de Descartes, dans les superbes livres de Saint-Bonnet.
L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle. […] La critique, qui connaît son devoir et sa limite, n’a rien à opposer à la nature humaine et à l’individualité d’une œuvre. […] Mais il y tient surtout par des attaches que la critique, forcée d’être juste, ne peut pas s’empêcher de voir. […] la critique a le droit d’ajouter ici une seconde condamnation à la première. […] La critique écrit le mot du poète : les plaisirs perdus sont les mieux sentis.
… Toujours est-il que les éditeurs qui les ont retrouvés ont mis l’Histoire littéraire et la Critique à même de juger un homme seulement entrevu par la postérité, et sur lequel la Gloire, cette ignorante bâtarde de tout le monde, s’était tue longtemps — comme elle va parler — sans trop savoir pourquoi. […] Il ne s’agit plus que de savoir si le souffle de la Critique fera ce que fit le souffle du Prophète, et communiquera à ces ossements assez de vie dans la Gloire pour devenir une Immortalité, Toute la question est là maintenant. […] En ce troisième volume, c’est tout Agrippa d’Aubigné ressuscité et mis debout de pied en cap, c’est l’Agrippa dont la Critique peut prendre exactement la mesure, l’Agrippa hors de ces ombres propices qui allongent les hommes et les statues en des contours tremblants et incertains, et replacé dans la lumière, la stricte lumière qui les raccourcit mais qui les dessine, qui les étreint, comme un collant, de sa clarté. […] III Mais, il faut bien le dire aux éditeurs des Œuvres complètes, si c’est l’enthousiasme pour l’auteur des Tragiques qui les a poussés à publier cette masse de poésies inédites, leur publication servira plus à l’Histoire et à la Critique littéraires qu’à l’homme dont ils auront voulu augmenter la renommée et fixer incommutablement la gloire. […] La Critique, qui pèse la gloire au poids du chef-d’œuvre, ne voit que le chef-d’œuvre, et à ses inflexibles yeux les plus grandes puissances intellectuelles qui, pour une raison ou pour une autre, ont manqué le chef-d’œuvre, ne comptent pas !
Mérimée fut de la première levée romantique, et à dater de son théâtre de Clara Gazul, — une suite de romans dialogués plutôt que de drames, — il devint immédiatement un des esprits les plus en vue et dont la Critique espéra davantage. […] Prosper Mérimée mériterait d’en être le président, et même le fondateur… Est-ce pour cette raison que le plus sec des critiques, Gustave Planche, de la Revue des Deux-Mondes, Gustave Planche, au nom providentiel, qui, en fait d’esprit, en était une, écrivit sur M. […] Le bon moment pour naître, l’étonnant fanatisme, cela allait jusque-là, d’un critique célèbre, sans enthousiasme, mais, au contraire, habituellement difficile et hargneux, l’influence de la Revue des Deux-Mondes, aussi réelle alors qu’elle est nulle maintenant, tout, jusqu’à la rareté de ses publications, — rareté qui tenait même à la nature de son talent, — facilita la fortune littéraire de M. […] Mérimée qui tenaient partout la plume de la critique. […] Tous deux ont fait prendre pour de la richesse une pauvreté de leur esprit, et de petits critiques à la suite… de tout succès ont dégagé une poétique de ce qui n’était qu’une indigence.
On sait comment cette critique explique Homère, Hésiode et les vieux poëtes des temps primitifs. […] Il faut lire Quintilien sur Homère pour juger d’une pareille méthode critique. […] Ainsi a été refaite la critique des littératures de l’antiquité ; ainsi a été fondée la critique des littératures modernes : sous l’empire d’une pareille méthode, l’histoire littéraire est devenue une science, de même que l’histoire politique. […] Pour cette école d’historiens et de critiques, tout ce qui est doit être ainsi qu’il est. […] Un éminent critique de notre temps, M.
On presse la critique de dire son dernier mot. […] La critique personnelle a vraiment trop d’attraits pour nous. […] La critique des partis ne leur a pas été favorable. […] Ce n’est pas que les critiques aient manqué. […] Certes, ce n’est pas à la critique de dédaigner ce trop rare butin.
Hugo avait reçu du critique plus d’une épigramme : on voulait voir comment le poëte, directeur de l’Académie, répondrait dans un sujet si délicat où il se trouvait juge et partie. […] Dans nos écoles, messieurs, nous croyons à la gloire littéraire du xixe siècle, et nous en sommes fiers, nous admirons beaucoup et nous espérons beaucoup, mais nous faisons en sorte d’élever l’admiration par la critique et de féconder l’espérance par l’étude. » M. […] Bientôt, monsieur, appelé à leurs assemblées intérieures, vous les connaîtrez, vous les verrez tels qu’ils sont, affectueux, bienveillants, paisibles. » — On a cru voir dans certains de ces passages des admonitions tombées de haut sur la critique, cette tracassière des grands hommes.
Découverte du véritable Homère Ces observations philosophiques et philologiques nous portent à croire qu’il en est d’Homère comme de la guerre de Troie, qui fournit à l’histoire une fameuse époque chronologique, et dont cependant les plus sages critiques révoquent en doute la réalité. […] Le caractère individuel d’Homère, disparaissant ainsi dans la foule des peuples grecs, il se trouve justifié de tous les reproches que lui ont faits les critiques, et particulièrement de la bassesse des pensées, de la grossièreté des mœurs, de ses comparaisons sauvages, des idiotismes, des licences de versification, de la variété des dialectes qu’il emploie ; enfin d’avoir élevé les hommes à la grandeur des dieux, et fait descendre les dieux au caractère d’hommes. […] Aussi ni la philosophie, ni la poétique ou la critique, qui vinrent plus tard, n’ont pu jamais faire un poète qui approchât seulement d’Homère. — 6.
Ce n’était d’abord, comme on le voit, qu’une réunion d’amis à peu près intimes, déjeunant tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et se lisant leurs ouvrages entre eux, non pour être loués, mais pour recevoir des critiques et des conseils. […] Picard, à cette date, se trouvait à un moment critique et décisif pour son talent ; il était dans sa meilleure veine : par Monsieur Musard, un petit chef-d’œuvre, par Les Marionnettes, par Les Ricochets, il atteignait à toute la vérité de ce talent gai, vif, léger et naturel. […] Daru comme une critique hostile à l’œuvre et au talent de M. de Chateaubriand, mais il faut y voir plutôt une pièce d’analyse exacte, de modération et d’impartialité, un compromis judicieux destiné à ménager l’entrée de l’auteur au sein même de l’Institut. […] Fontanes, qui en est le coryphée comme critique et comme juge, lié d’ailleurs avec M. […] Littérairement, Fontanes fut le critique accepté et autorisé de l’Empire : c’était lui que l’Empereur aimait à faire causer et à entendre sur ces questions délicates et dans ces discussions animées où son actif génie se délassait.
Taine est un des jeunes critiques dont le début a le plus marqué dans ces derniers temps, ou, pour parler sans à-peu-près, son début a été le plus ferme et le moins tâtonné qui se soit vu depuis des années en littérature. […] On a beau dire, il y a là un désaccord trop criant entre le procédé critique et l’idée aimable que suggère le poète. […] Là (si on y réussissait) serait la gloire suprême du critique ; là, sa part légitime d’invention. […] Et c’est de la sorte que, par le seul mouvement de la critique, on maintiendrait la tradition, qu’on la conserverait sensible et vivante, en même temps qu’on la continuerait avec progrès. […] Il faut avant tout respecter les formes de l’esprit chez les critiques comme chez les poètes.
Un critique littéraire, homme de goût et qui d’ordinaire est sobre d’éloges (M. […] L’amour-propre est dans les Lettres, dans la critique ; il y est d’autant et plus encore, s’il est possible, que partout. […] Je parle en ce moment des plus sincères, des plus élevés et de ceux qui ont le droit de se croire le plus désintéressés dans la critique des choses de l’esprit. […] — La critique dès qu’elle est sincère, porte avec elle ses inconvénients. […] Il n’y apporte aucune critique : il a la superstition de l’inédit.