Brizeux, une sorte d’aspiration philosophique que le commerce récent de Dante n’a pu que fortifier127, lui a fait considérer ces chants de sa maturité comme un troisième temps dans sa vie.
Lui-même, en des vers philosophiques, nous a confessé avec grâce le faible de son inconstance : Mais le temps même à qui tout cède Dans les plus doux abris n’a pu fixer mes pas !
Par cette analyse, on voit que la source de l’esprit de parti est tout à fait étrangère au sentiment du crime ; mais si cet examen philosophique inspire un moment d’indulgence, combien les effets affreux de cette passion ne ramènent-ils pas à l’effroi qu’elle doit inspirer !
A travers les romans chevaleresques et pastoraux, les élégies et les tragédies, la conception des troubadours s’étalera, s’épanouira, jusqu’à ce qu’elle rencontre ses formules définitives, philosophique dans Descartes et poétique dans Corneille, qui en feront saillir un élément de vérité.
Ailleurs la fable s’agrandit en poème philosophique : comme lorsqu’il démontre la vanité de l’astrologie judiciaire, ou lorsque, dans un long discours, il discute la théorie cartésienne des animaux machines.
Et ce collationneur de vieux textes a l’esprit éminemment philosophique.
La Poésie n’est ni la musique, ni la sculpture, ni la peinture, ni l’architecture, ni la morale ; mais qu’elle soit philosophique par son idéale portée, que l’ordonnance la montre architecturale, que ses images la colorent et la dessinent, que par ses rythmes et ses harmonies elle atteigne la musique — et que, musique, philosophie, peinture et dessin, elle soit en même temps tout cela, car elle se nourrit de tous les arts et de toute la pensée, comme elle les pénètre elle-même de son vivant effluve.
Il n’y a là rien à apprendre en fait de vues et d’idées philosophiques et je ne conçois guère, je l’avoue, que le résultat d’une éducation complète soit de savoir par cœur La Bruyère, Massillon, Jean-Baptiste Rousseau, Boileau, qui n’ont plus grand-chose à faire avec nous, et qu’un jeune homme puisse avoir terminé ses classes sans connaître Villemain, Guizot, Thiers, Cousin, Quinet, Michelet, Lamartine, Sainte-Beuve.
Le manque, total de prosélytisme religieux et philosophique chez les Romains de cette époque leur faisait regarder le dévouement à la vérité comme une chimère.
Franck excelle à développer de larges pensées musicales — qui sont parfois de vraies pensées philosophiques et de sublimes élans religieux — dans ces dialogues d’un petit nombre d’instruments, qui peuvent ainsi traduire, avec la plénitude de leurs ressources individuelles, tout ce qui s’y trouve de poésie intime.
Jamais une jeune femme, vers 1817 ou 1818, fût-elle à la hauteur philosophique de Mme de Condorcet, n’a causé ainsi ; c’est le panthéisme (le mot n’était pas inventé alors), le panthéisme, disons-nous, de quelque femme, esprit fort et bel esprit de 1848, que l’auteur de Raphaël aura mis après coup dans la bouche de la pauvre Elvire, qui n’en peut mais.
Dom Hennezon, abbé de Saint-Mihiel, à trois lieues de là, ne goûtait pas ces prétendues rectifications de dom Desgabets : de là, une dispute philosophique en règle, dans laquelle on prit pour arbitre le bon cardinal.
Le vieux dicton philosophique sur le désir, nihil appetimus uni sub specie boni , n’est applicable qu’au désir produit par l’anticipation d’un plaisir dans notre pensée ; mais ce désir né de l’idée n’est pas le désir primitif, le penchant.
Il représente l’obligation de confondre l’incrédulité & l’esprit philosophique du siècle, de ne plus supposer les auditeurs instruits ou persuadés.
Sait-on d’où vient le nom de la partie des sciences philosophiques qu’on appelle la métaphysique ?
Ce livre et celui de Stendhal se font suite, dans l’ordre du développement philosophique, de façon curieuse, et nous donnent la sensation très nette de ce que la philosophie de la vie a ajouté à la philosophie analytique du XVIIIe siècle.
Vous voyez d’avance les tirades philosophiques, sociales et humanitaires que nous ne manquerions pas de lâcher en pareilles circonstances. […] L’esprit philosophique qui apprend à grouper les idées apprend aussi à les manier. […] Le dernier effet de l’esprit philosophique est la grandeur. […] Mais il est politique et philosophe, et, dans une histoire politique et philosophique, on ne peut rien souhaiter de mieux. […] Les sciences naturelles renouvelées ont reçu des lois philosophiques et se sont formées en système.
Mettez donc la largeur philosophique de Shakespeare à côté du catéchisme d’honnêteté que nos auteurs dramatiques les plus célèbres se piquent d’enseigner à la foule. […] Notre littérature soulève toutes sortes de points sociaux, philosophiques, scientifiques ; de là, le bruit qu’un de nos livres ou qu’une de nos pièces fait à l’étranger. […] Tel est le point de départ, le point religieux dans les Mystères, le point philosophique plus tard dans la tragédie. […] Le reste est une pure dissertation philosophique, parfaitement inutile. […] Sans doute l’auteur avait mis là-dessous le sens philosophique de son œuvre.
» n’est-ce pas gentillesse philosophique ? […] Il a l’esprit philosophique. […] Paul Bourget pose le problème : Certaines doctrines philosophiques, le déterminisme, par exemple, et le fatalisme scientifique, sont-elles par elles-mêmes dangereuses et funestes ? […] Il faut bien lui accorder que les idées agissent sur les mœurs et il en prend avantage pour subordonner tous les systèmes philosophiques à la morale. […] Moi-même je me permis de défendre non telle ou telle théorie scientifique ou philosophique, mais les droits même de l’esprit humain, dont la grandeur est d’oser tout penser et tout dire.
Si vous cherchez à la disparition de ce reste de déclinaison latine une raison philosophique, on vous dit que vous la trouverez dans la tendance générale des langues romanes à devenir analytiques : ce n’est pas une explication, c’est une échappatoire. […] Il écrit son Dictionnaire philosophique et lance le célèbre mot d’ordre. […] — Enfin, quand il apprend qu’on a brûlé le Dictionnaire philosophique sur le bûcher du malheureux enfant, ses terreurs éclatent sans mesure : « Mon cher frère, mon cœur est flétri. […] Merlet a conçu l’ouvrage dont il vient de publier le premier volume, avec ce titre général : Tableau de la littérature française, 1800-1813, et ce sous-titre : Mouvement religieux, philosophique et poétique. […] La Harpe, si j’en crois une anecdote que raconte Chateaubriand, dînant chez les ministres, quand le menu ne lui convient pas, commande à voix haute une omelette philosophique.
Ainsi l’esprit conservateur de l’Angleterre s’explique par ce sentiment de la réalité ; les institutions n’y sont pas estimées pour leur valeur philosophique, mais comme mesure, méthode et moyen d’activité. […] Bien mieux, s’il a des préférences littéraires, philosophiques ou politiques, ces préférences sont pour les doctrines les plus ennemies de la race et du génie purement saxons. […] Il en est à peu près de lui comme de lord Bacon, qui, tout en renversant les fausses méthodes philosophiques, est plein de secrets merveilleux. […] Le pauvre roi Jacques ne faisait pas autre chose que tirer la conclusion philosophique des faits existants et formuler la théorie du pouvoir que l’Angleterre avait subi. […] Charles Lamb prétendait qu’à la scène toute la poésie et toute la profonde psychologie de Shakespeare disparaissaient, qu’on ne voyait plus que l’action vulgaire, matérielle, la terre et l’argile du drame dont l’âme poétique et philosophique s’était envolée.
Pour y avoir voulu « faire marcher de front, — ce sont les propres expressions du rédacteur de la préface, — l’histoire philosophique et l’histoire positive des mots », on a encore ici tout mêlé et tout confondu. […] Je ne sais d’ailleurs si, dans une langue telle que la nôtre, qui n’est pas née d’elle-même, si l’on peut ainsi dire mais du concours de plusieurs autres, l’histoire philosophique des mots doit être l’objet d’un Dictionnaire, et, particulièrement, d’un Dictionnaire historique. […] Les grammairiens du xviiie siècle, préoccupés avant tout des besoins de la propagande philosophique, avaient non seulement appauvri le vocabulaire, mais encore énervé la syntaxe, et réduit le langage à n’être plus que l’équation de la pensée pure. […] Pellissier veut dire qu’aux environs de 1840, — avec Mérimée, et quelques autres, — Stendhal, en sa qualité d’idéologue, formé aux leçons des Cabanis et des Tracy, semble avoir conservé, pour nous les transmettre, le dépôt, la tradition philosophique du siècle précédent, il a raison ; — et c’est bien ici le signal à la fois de la réaction contre le romantisme, et d’une évolution nouvelle de la littérature du xixe siècle. […] Cette affectation de pessimisme que je reproche à nos naturalistes, — et je l’appelle une affectation, parce que le véritable pessimisme, bien loin d’être mépris, n’est au contraire qu’indulgence, et non pas ironie, mais pitié, — je ne crois pas qu’elle procède chez eux d’aucune vue profonde et vraiment philosophique de la vie.
Il est philosophique de dire que le but de l’homme est le plaisir, à condition que l’on sache qu’en cherchant le plaisir c’est au malheur qu’il tend. […] L’idée du bien nous est donnée, non pas précisément par la conscience, mais par la science, par la méditation philosophique. […] La rhétorique est donc philosophique par son point de départ, par sa base, par sa méthode, comme elle l’est par son but. […] Tous les arts sont donc comme contraints d’être philosophiques en soi, autant qu’ils le sont ou qu’ils doivent l’être par leur fin dernière. […] Ils sont si philosophiques que ce sont des « maïeutiques », différentes de la nôtre, mais très analogues.
Je songe parfois que Racine nous en aurait pu donner un bien beau — et Voltaire lui-même, au siècle suivant, n’écrira Candide et ses autres contes que pour divertir Mme du Châtelet, en l’éclaircissant sur « l’optimisme » ou d’autres questions philosophiques. […] Mais pour le reste, sous la poussée de l’intellectualisme, du rationalisme philosophique, et aussi du sentiment profond du véritable génie de la langue, le xviiie siècle fait ordinairement retour au style analytique. […] Et pourtant, si les uns penchent vers le christianisme littéraire ou même politique, d’autres demeurent imbus des doctrines philosophiques du xviiie siècle ; et, tout aussi aristocratiques de goût que leurs confrères, sont comme ces bourgeois d’alors, qu’ils abominent pourtant, « anticléricaux ». […] Aucune indulgence, et, sinon la condamnation en forme, du moins une sorte de méfiance dédaigneuse à l’égard de tout ce qui n’est pas la tradition philosophique de l’antiquité et du xviiie siècle. […] Mais observez que Candide est une petite machine de guerre contre la thèse philosophique de l’optimisme, et qu’il n’a composé ce chef-d’œuvre qu’en se jouant, on pourrait dire « par-dessus le marché », pour amuser Mme du Châtelet ; car on ne persuade pas les femmes de la même manière que les hommes.
On y proscrit, disoit-il, les opinions philosophiques de Descartes. « Par quel endroit, & pourquoi m’engagerois-je à renoncer à ma raison, à l’évidence, à ma liberté, si je trouve ses opinions philosophiques meilleures que les autres » ? […] Il vouloit que la branche philosophique fût de leur seule invention. […] Enfin, il disputa tout aux encyclopédistes, jusqu’à leur branche philosophique. […] Dans la seconde, on expose la manière nouvelle & philosophique dont les encyclopédistes traitent de toutes les sciences, de tous les arts & de tous les métiers.
Aussi, nulle part, j’ose le dire, la partie philosophique et supérieure de la science n’est plus avancée. […] De cette façon, deux propriétés communes aux éléments de l’ensemble expliquent presque tous les caractères de l’ensemble, et l’anatomie philosophique fournit la raison des lois que l’anatomie descriptive avait constatées. […] Grâce aux documents conservés et par des procédés exacts de reconstruction méthodique, nous pouvons aujourd’hui supprimer la distance du temps, nous représenter en spécimens plus ou moins nombreux le Français ou l’Anglais du dix-septième siècle ou du moyen âge, l’ancien Romain, et même l’Indou de l’époque bouddhique, nous figurer sa vie privée, publique, industrielle, agricole, politique, religieuse, philosophique, littéraire, bref, faire la psychologie descriptive de son état moral et mental et l’analyse circonstanciée de son milieu physique et social, puis de ces éléments passer à des éléments plus simples encore, démêler les aptitudes et les tendances qui se retrouvent efficaces et prépondérantes dans toutes les démarches de son esprit et de son cœur, noter les conceptions d’ensemble qui déterminent tout le détail de ses idées, marquer les inclinations générales qui déterminent le sens de toutes ses actions, bref, distinguer les forces primordiales qui, présentes et agissantes à chaque moment de la vie de chaque individu, impriment au groupe total, c’est-à-dire à la société et au siècle, les caractères que l’observation lui a reconnus115.
Il est question de l’amusant « Dialogue des Vivants » entre Sarah Bernhardt et Renan, du distingué morceau sur le monde, par Hervieu, du philosophique morceau de Geffroy, intitulé : Les Deux Calendriers, etc., etc. […] Il y a dans ce que Drumont nous a lu, une hauteur philosophique qui ne se trouvait pas dans La France juive, puis la documentation concernant les personnes, mises en scène, me semble plus sévèrement contrôlée, et vraiment l’on éprouve une satisfaction à voir imprimées avec cette bravoure, en ce temps de lâcheté littéraire, des choses que tout le monde pense, et que lui seul a le courage d’écrire. […] Moi. — Certes une jolie imagination… quelque chose comme un Decameron philosophique… mais, vous avez d’autres livres à faire avant… ça, c’est un bouquin d’arrière-saison !
Et le voyageur parle de ces populations de Samarcande, de ces populations calomniées par les Persans, de ces populations lettrées, amoureuses de discussions littéraires, et où il a vu un individu soudainement poser une fiche en terre, portant l’annonce d’une thèse philosophique qu’il allait soutenir, et les passants et les vendeurs du marché, abandonnant leurs choses à vendre, pour se mêler à la discussion. […] Et parlant du dessin, qu’il a publié ce matin, dans L’Écho de Paris, il me dit qu’il avait voulu exprimer, à propos de l’adultère, l’espèce de remords qu’une femme de la société éprouve devant le dégoût inspiré, dans une chambre d’hôtel, par la serviette posée sur le pot à l’eau, pour le bidet… Et en effet, il me montre un dessin, où la femme est douloureusement hypnotisée par ce pot à l’eau ; mais il n’avait pas trouvé la légende philosophique, montant de ce pot à l’eau. […] » De Couture, il saute à un amphitryon belge, à un célèbre gourmand de Bruxelles, qui a inventé dans sa salle à manger, un courant d’air, faisant uniquement le service d’enlever l’odeur des mets, et qui veut des conversations à l’instar du plat qu’on sert, du plat qu’il baptise de plat grivois ou de plat philosophique.
Comme ce religieux Ecrivain est favorable au Christianisme, l’auteur du Dictionnaire philosophique n’a pas manqué de traiter son histoire de déclamation ; mais souhaitons qu’on nous en donne souvent de semblables. […] On y entre dans un détail ennuyeux de quantité de minuties, & on raconte les grands événemens avec un ton d’indifférence philosophique qui leur fait perdre tout leur éclat. […] Ce n’est pas une histoire de Christine, mais c’est un recueil d’anecdotes piquantes & de réfléxions philosophiques sur les principaux traits de sa vie.
Vous voyez qu’à force d’attention et d’imagination le poëte, sans le vouloir, fait entrer dans son sujet les questions philosophiques. […] Cela allait si loin que, dans le plus simple et le plus rude de tous, Corneille, le personnage disparaissait souvent, ne laissant à sa place qu’une idée abstraite et morte, sans âme ni figure d’homme, et qu’en changeant les pronoms on pouvait faire de ses plus belles scènes des dissertations philosophiques.
Le général Bonaparte controversait volontiers sur les questions philosophiques et religieuses avec Monge, Lagrange, Laplace, savants qu’il honorait et qu’il aimait, et les embarrassait souvent, dans leur incrédulité, par la netteté, la vigueur originale de ses arguments. […] VII On voit percer dès ce temps-là l’opposition civile dans quelques sénateurs restés fidèles, malgré ses excès et ses revers, à l’esprit philosophique qui avait couvé la révolution de 1789 ; ceux-là voulaient au moins en sauver les vérités du naufrage de tant d’illusions et du sang de 1793.
Aussi quoique plusieurs causes aient concouru à la stérilité littéraire et philosophique dont elle a été frappée, faut-il, pour une grosse part, en faire remonter la responsabilité à l’action désastreuse d’un despotisme tracassier et trop averti par une expérience récente de la puissance de l’idée pour n’en pas entraver l’expansion. […] Voir dans les Dialogues philosophiques de Chamfort (dialogue 39e) une prédiction analogue.
Revue philosophique, t. […] Lachelier, Revue philosophique.
Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale : domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose. […] XXII Après la poésie qui chante, ou lyrique, après la poésie qui pense, ou philosophique, la poésie qui raconte, ou la poésie épique, est le chef-d’œuvre de l’esprit humain.
Dom Rivet n’était pas, on peut le conjecturer d’avance, un esprit de ceux qu’on appelle philosophiques ; il n’était même pas de ceux qu’on peut appeler éclairés dans le sens le plus chrétien du mot : il avait ses préventions, son coin de secte.
Discussion peut-être est beaucoup dire ; il ne faut pas l’entendre du moins dans un sens historique ou philosophique ; il est évident, sur une foule de points qui y prêteraient, que M.
Au xviiie siècle, nous avons par Voltaire l’opinion de ceux qui daignaient avoir une opinion sur Dante ; dans tout ce qu’il dit du grand Florentin, l’irrévérence perce par tous les pores : Vous voulez connaître Dante, dit-il dans le Dictionnaire philosophique.
Morvonnais) devait écrire quelques pages sur Maurice3, elle le suppliait de ne pas omettre ce trait final essentiel, mais absent des écrits, et sur lequel la notice de la Revue des deux mondes n’avait pu que se taire : « Mais vous tous, ses amis, qui l’avez connu, faites mieux, et écartez, s’il vous plaît, de cette figure chrétienne, tout nuage philosophique et irréligieux. » Sollicitude touchante, et qui tenait aux plus profondes racines de l’âme !
Il n’était point tourmenté d’un reste de levain philosophique, venu du siècle dernier.
J’avais seulement une vingtaine de bons livres que je relisais sans cesse, comme Le Spectacle de la nature (de Pluche), Batteux, quelques poètes allemands, latins et français, surtout les œuvres philosophiques de Cicéron.
Quand vous voudrez nous donner du Joseph de Maistre, donnez-nous-en, nous vous en remercierons, mais ne vous mettez pas en travers et devant nous en guise d’écran avec votre opacité philosophique.
Buffon, dans un admirable récit philosophique, a supposé le premier homme s’éveillant à la vie et rendant compte de ses premiers mouvements, de ses premières sensations, de ses premiers jugements.
Animé d’une telle pensée en effet, qui était d’avance une pensée de réaction, il avait nécessairement à étouffer ce siècle d’émancipation philosophique ou à être étouffé par lui.
… Ce sont là des pages élevées, fermes, vigoureuses de ton, philosophiques de fond, irréprochables, à offrir aux amis comme aux ennemis ; je n’en sais pas en français de plus belles.
A-t-il entièrement évité toute morale convenue, toute déclamation philosophique ?
La forme philosophique et raisonneuse est aussi l’une des siennes, et je ne saurais la proscrire.
Mais la critique philosophique, l’esthétique allemande ou génevoise n’a pu s’en tenir à l’impression légère et riante qui résulte de Don Quichotte, et elle a cherché à y voir tout autre chose encore.
Il se résigna à cette inactivité et s’en accommoda même, en se consacrant dès lors tout entier dans le silence et la retraite à l’étude approfondie, passionnée et à la fois philosophique, du drame émouvant « qui commence dans les plaines de Marengo et finit sur le rocher de Sainte-Hélène. » En 1848, à la suite de l’effondrement général qu’occasionna la Révolution de février, le personnel de la diplomatie se trouva désorganisé, les rangs furent soudainement éclaircis.
On ne saurait assez insister sur ce néant du comte de Clermont et sur ce sans-gêne plus que philosophique qu’il apportait dans de si graves conjonctures.
Pendant les dix ou quinze années de révolution qui suivirent, le parti philosophique était le maître à l’Institut, dans les diverses sections ; je ne sais s’il y fut aussi intolérant qu’on l’a dit quelquefois ; les autres, en petit nombre, s’y montraient certainement assez hargneux.
Et l’autre lui répond : Ce monde, il est créé ; rends-le meilleur, plus pur… Je ne connais rien, dans l’ordre de poésie morale, dans ce genre philosophique de l’Essai sur l’Homme de Pope, de plus beau que cet endroit, et ici il est de plus en scène, il a son effet d’action.
C’est à quoi travaillèrent tous ceux qui eurent le culte de l’antiquité ; et ainsi de Ronsard, par Malherbe, Balzac et même par Chapelain (malgré l’inintelligence artistique de celui-ci) se prolongea, jusqu’à Boileau et jusqu’aux grands écrivains, la tradition antique d’un art littéraire, qui neutralisa ou restreignit pendant le cours du siècle les effets du rationalisme dont la doctrine cartésienne est l’expression philosophique.
Ce moment s’est marqué dans Madame Bovary, dans les Faux bonshommes, le Demi-Monde, le Fils naturel, les écrits philosophiques et historiques de M.
Le dix-huitième siècle philosophique n’admettait même pas la sincérité des fondateurs de religions, et les regardait tous comme des jongleurs.
Maupertuis, dans ses Réflexions philosophiques sur l’origine des langues, parlait de l’utilité d’étudier les langues des sauvages « qui sont conçues sur un plan d’idées si différent du nôtre. » On l’a fait, et l’on peut bien croire que la philologie comparée nous révélera sur le mécanisme de l’âme et ses variations, des choses bien autrement intimes et délicates que la physiologie.
Au sortir de là, il se mit à écrire le récit de cette visite où le philosophe, sans le connaître, sans l’avoir vu encore, n’eut pas même l’idée de lui demander son nom, lui parla d’abord de tout, comme à un vieil ami, s’ouvrit à lui de mille plans politiques, philosophiques et autres, faisant à la fois les questions et les réponses, et ne le quitta qu’après l’avoir serré avec effusion dans ses bras.
Voltaire, malheureux pour la première fois, s’exila en Angleterre ; il y étudia le gouvernement, les mœurs publiques, l’esprit philosophique, la littérature, et il revint de là tout entier formé et avec sa trempe dernière.
Ses remarques, à ce sujet, portent le cachet, a-t-on dit, de cette « ingénieuse simplicité de pensée qui est le signe d’un esprit véritablement philosophique ».
Figurez-vous un homme sans instruction, sans culture historique, philosophique et littéraire, ignorant des classiques français et des littératures étrangères, lisant les romantiques de 1830 sous le règne de Louis-Philippe.
Comme tous ceux que le froid plaisir de connaître les choses ne distrait pas de s’en émouvoir, incapable d’arriver à la paix philosophique des idées, il s’est troublé, il s’est désolé, et a produit des œuvres qui sont plus des traités d’éthique et d’humanité, que d’intéressants romans.
Le développement de cette idée n’est point de mon sujet : mais si jamais elle est traitée avec quelque profondeur, la sagesse humaine sera obligée de reculer devant une telle lumière ; et la science philosophique sera tout étonnée de n’avoir pas du moins entrevu les voies de la Providence.
Vous avez tous cru — même vous, Monsieur Sainte-Beuve, qui voulez que mes opinions en morale soient la religion de l’avenir, — que j’étais un écrivain d’ordre philosophique, ayant des idées sociales à faire triompher, écrivant des romans comme Rousseau pour prêcher et enseigner quelque chose ; espérant arriver à soulever par l’imagination, cette grande force, tous les sentiments de la vie contre la Loi et l’Opinion, — ces choses mal faites.
… Et cependant, s’il y avait un sujet sur lequel les idées philosophiques de l’auteur pouvaient porter et déteindre, c’était le fond de ces nouvelles, qui n’est pas d’invention chez Babou, et sur lequel il a détaché des combinaisons et des personnages.
Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique Mémoire lu au Congrès de Philosophie de Genève en 1904 et publié dans la Revue de métaphysique et de morale sous ce titre : « Le paralogisme psychophysiologique ».
« N’ayons pas ce dédain qui, chez un particulier comme chez un peuple, marque ordinairement peu de lumière », a dit excellemment Raynal dans son Histoire philosophique.
Cousin à La Rochefoucauld, ce n’est pas pour plaire à Mme de Longueville que vous vous êtes engagé dans la Fronde ; vous vous y êtes jeté de vous-même par la passion du mouvement et de l’intrigue. » — Voulez-vous des rentrées d’éloquence philosophique et de l’indignation vertueuse ?
C’est de là qu’il part, toutes les fois qu’il commence une expédition philosophique.
L’article Patrie dans le Dictionnaire philosophique est consacré à obscurcir l’idée de patrie ; à demander s’il est quelqu’un qui puisse être bien sûr qu’il ait une patrie, et conclut qu’on ne peut pas être patriote sans être méchant homme. […] Il faut relire à ce point de vue l’article Patrie dans le Dictionnaire philosophique et suivre avec attention ce qu’il dit du partage de la Pologne. […] Il est dans l’article Gouvernement du Dictionnaire philosophique.En voici les lignes essentielles : « De cet établissement, en comparaison duquel la République de Platon n’est qu’un rêve ridicule, et qui semblerait inventé par Locke, par Newton, par Halley ou par Archimède, il est né des abus affreux et qui font frémir la nature humaine… Le fanatisme absurde s’était introduit dans ce grand édifice comme un feu dévorant qui consume un beau bâtiment qui n’est que de bois. […] Les Lettres anglaises ou Lettres philosophiques avaient été condamnées par le Parlement de Paris et brûlées par la main du bourreau. […] Telle est, à mon avis, l’histoire philosophique, comme on disait au XVIIIe siècle, de l’antiquité païenne en face du christianisme.
Mais toujours la note philosophique intervient. […] Cela est inférieur aux vers philosophiques de Sully-Prudhomme, aux pages épiques de Victor Hugo, aux « intimités » de Coppée, aux chansons de Musset, cela vaut mieux que la fade langueur des imitateurs de Lamartine et des faiseurs de romances… Ce que je reproche à M. de Montesquiou, plus encore que l’excessive chinoiserie de ses contorsions, c’est sa sécheresse, son manque absolu d’émotion et de sensibilité. […] Si ces banalités philosophiques étaient développées en style vulgaire, la lecture en serait purement insoutenable. […] Le sens philosophique de cet épisode est rudimentaire : la nature emploie de tout petits moyens pour réaliser ses œuvres les plus colossales.
Ce sont là des œuvres d’imagination, mais qui ont été composées, sinon à froid, du moins en pleine lucidité, avec un souci d’art et des intentions philosophiques. […] Il est des vers, tels ceux de la poésie philosophique au XVIIIe siècle, qui n’évoquent que l’idée des choses et ne s’adressent qu’à l’entendement. […] — Alors n’écrivez pas de vers ; ou faites de la poésie pittoresque, descriptive, didactique, philosophique. […] Revue philosophique, 1902, t. […] Paulhan, Revue philosophique, XXVII, p. 176.
Superposée à l’entraînement, d’ailleurs avantageux, de deux années de rhétorique, l’éducation philosophique dont le jeune logicien fit provision dans sa dernière année du collège Bourbon, pendant les trois années d’École Normale et pendant une année d’enseignement au lycée de Nevers, avait gardé trop exclusivement le caractère d’un humanisme supérieur, ou tout au moins, comme l’a très bien indiqué dans un article de critique, intitulé Taine et la Science, M. […] Giraud analysait l’Histoire de la Littérature anglaise, il était, surtout préoccupé — et cela même est singulièrement intéressant — d’y démêler les passages où s’annoncent déjà les futurs ouvrages de Taine, ceux qui témoignent d’un acquis philosophique nouveau, ceux qui peuvent faire prévoir le livre de l’Intelligence. […] Il serait presque plus exact de déclarer qu’en quittant les vers pour la critique, le roman et le théâtre — quelque succès qui l’ait payé, d’ailleurs de cette désertion, — Paul Bourget a fait le sacrifice du poème philosophique de ce temps-ci. […] À l’orgueil intellectuel de la vingtième année, à l’ivresse de l’affranchissement, succède, chez Taine, une crise, non pas religieuse, mais philosophique. […] Les airs de métaphysicien ou de psychologue profond que se donna l’humoriste Jules Laforgue en divulguant, dans des milieux plus littéraires que philosophiques, les théories de Hartmann, en remuant les mots d’Inconscient, d’Évolution, d’Introspection, d’Instinct, par un grand I, et quelques autres, semblent l’avoir impressionné.
Là-dessus, certaine critique disserte avec plus ou moins de bonne foi ; ou se perd en objections psychologiques, on en appelle à tout ce que le fouillis philosophique a de plus embrouillé, on va rechercher, pour mieux étourdir son public, le pathos du jargon scolastique, on l’accable en Barbara, en Baroco, en Camestres, etc. […] Le drame, très simple, qui nous conduit au dénouement, sert de cadre à de hauts aperçus philosophiques, sans que le côté sentimental, la note dominante du roman en devienne amoindrie. […] » eût-on dit de Victor Hugo, si, de son vivant, il eut publié le livre qui paraîtra demain ; livre qui renferme tout ce que les spéculations philosophiques et religieuses, tous les désirs, toutes les aspirations de l’âme humaine ont résumé d’utopies et de suppositions, tournées toutes vers un but unique : Dieu. […] Leur réunion n’en forme pas moins un livre de tout intérêt, renfermant, en même temps que de hautes spéculations philosophiques, un grand nombre de ces récits charmants, où l’esprit, la sincérité et le scepticisme nous parlent ensemble dans une langue exquise. […] Je m’arrête à regret, signalant pourtant encore un chapitre, le plus important du livre : l’Examen de conscience philosophique.
Montaigne, c’est toute « l’espèce philosophique et littéraire ». […] Il n’a pas l’air d’imaginer que le roman moderne puisse traiter les grands problèmes sociaux et philosophiques sans patauger. […] La littérature a besoin de réalité ; elle a besoin d’idées, et d’idées pures ou philosophiques, et d’idées incarnées ou politiques. […] n’est-ce pas gentillesse philosophique ? […] Certains romans, on en dégage l’idée philosophique ou morale, on en montre le témoignage de réalité.
Pour appliquer plus sûrement la méthode philosophique à laquelle je me suis arrêté, je la dégagerai pourtant des rares accessoires qui compliquent l’effet scénique. […] Derrière l’idéalisation d’un siècle traduit et résumé en une action réelle ou possible il doit toujours y avoir une idée philosophique ; la beauté du rythme et des images ne sera que l’enveloppe plus ou moins éclatante où se cache ce dessein, qui, pour être voilé, n’en est pas moins réel. […] Et s’il est vrai, comme je ne peux pas le nier, que Voltaire, en faisant de la poésie un organe assidu de ses pensées philosophiques, ait méconnu une des lois primordiales de l’imagination, celle qui lui commande de se suffire à elle-même, n’est-il pas également vrai que M. […] Hugo fait, au nom de son caprice, ce que Voltaire faisait au nom de la polémique philosophique. […] Les remarques littéraires, en ce qui concerne le théâtre, ne manquent pas de justesse ; mais toute la partie historique et philosophique est vague, commune, insuffisante, et ne témoigne pas d’une réflexion assez mûre et assez lente.
Aussi, un moine savant du douzième siècle, sous son costume qui aurait si fort étonné Cicéron, avait cependant un grand nombre d’idées philosophiques, morales, littéraires, en commun avec Cicéron. […] Quelle idée s’en fait-on, soit que l’esprit monacal, soit que l’esprit philosophique retrace seul ces grands souvenirs ? […] Puis le récit des inquisiteurs fut commenté plus tard uniquement par l’esprit philosophique. […] Il serait aisé, comme l’a fait un écrivain célèbre, d’en détacher même des témérités philosophiques. […] Elle n’est pas une hardiesse d’hier, dans notre Europe moderne ; les idées de justice et de tolérance ne sont pas une création de l’esprit philosophique.
Lamothe, qu’on a tant loué dans quelques livres, & tant de fois couronné dans quelques Académies, parut aussi tenant à la main le recueil de ses Odes Philosophiques & Métaphysiques. […] On fit passer en revue quelques Poésies morales & philosophiques des deux siecles. […] Horace fit aussi quelques Odes Philosophiques & raisonnées. […] Un siecle tout philosophe & qui par-tout veut de la morale, était pour un spectacle moral & philosophique.
Le genre d’Hésiode, de Lucrèce, et de Virgile dans les Géorgiques, a chez eux sa simplicité, sa grandeur philosophique, sa beauté pittoresque. […] Bientôt la Décade cessant, le parti philosophique perdit son organe habituel en littérature et son droit public de contradiction : le champ libre resta aux éloges.
Paul Mais notez que l’opposition entre ces grands hommes reste superficielle et n’égare que les esprits peu philosophiques, noyés dans les apparences. […] Je reconnais du reste que si tous les Alsaciens et tous les Lorrains en étaient partisans, on pourrait le regretter à un point de vue philosophique, mais la solution décentralisatrice et autonomiste répondrait aux données du problème.
La littérature politique de la Chine a peu de témoignages plus frappants et plus authentiques de la nature toute intellectuelle, toute philosophique et toute littéraire de ce gouvernement. […] Les trente-deux livres suivants sont comme le tableau et le précis philosophique des lois fondamentales de l’État, des principes invariables du gouvernement et des règles générales de l’administration et de la justice.
La fréquentation de Herder mûrit de bonne heure le génie aussi philosophique que poétique de Goethe. […] C’est là qu’il partagea son temps, comme l’horloge partage les heures, entre des sociétés douces, des promenades philosophiques, des études variées et universelles, telles que la peinture, la chimie, la philosophie, la poésie, la prose.
La révolution française, en poussant la réaction philosophique au-delà de la liberté, favorisa, sans le savoir, la double autorité spirituelle et temporelle des papes. […] Plus heureux que Louis XVI, il trouva dans la nation qu’il voulait régénérer autant de raison que d’élan vers les améliorations philosophiques dont il était l’initiateur couronné.
Sainte-Beuve, un de ces esprits tout à la fois philosophiques, poétiques et critiques, qui creusent un sujet ou un homme avec une seule note, en parle ainsi : Il n’avait rien en lui de supérieur. […] Son succès fut à la fois philosophique et populaire.
Le plus doux des chrétiens du dix-septième siècle, Nicole, qui recommandait de ne point dédaigner les preuves philosophiques de l’existence de Dieu, eût absous la première partie de la profession de foi du vicaire savoyard. […] Il n’est rien pourtant où il ait été plus singulier, à une époque où l’on préférait les salons aux champs, la clarté des bougies à la lumière du soleil ; où l’on allait à la campagne pour travailler plus à l’aise à l’œuvre philosophique ou pour jouer la comédie.
Il me semble avoir rencontré, sur des programmes destinés à commenter des symphonies, des considérations philosophiques ou historiques que l’auteur prétendait traduire par des sons. […] » Diderot paraît ainsi avoir encouragé une peinture théâtrale, philosophique, morale, littéraire.
Pour les partisans de l’explication psychologique, au contraire, le plaisir et la douleur sont en quelque sorte l’âme même du mécanisme, les vrais moteurs de la machine vivante, tout au moins des « facteurs » impossibles à négliger dans le calcul philosophique des forces internes et ayant leur efficacité dans l’évolution de la vie25. […] Le calcul algébrique des forces (mV2) n’est alors qu’un symbole abstrait du calcul philosophique des forces réelles, des causes.
Je passerai des journées devant un bas-relief… Mais cela est d’un âge… Plus tard, il faut la vision philosophique des choses, c’est la seconde phase… Plus tard encore, et en dernier, il faut entrer dans la vie mystérieuse des choses, ce que les anciens appelaient arcana : les mystères des avenirs des êtres et des individus. » Et il me serre la main en me disant : « Réfléchissez à ce que je vous dis ? […] À propos des tendances actuelles de l’Allemagne, il cite un curieux symptôme : la représentation, coup sur coup, de trois pièces de théâtre, montrant la progression du mouvement philosophique, qui dans la première pièce, seulement anticatholique, devient dans la troisième, complètement antireligieux, — et met en scène et ridiculise un prêtre catholique, un ministre protestant, un rabbin.
Il ne manque qu’une chose à Ymbert Galloix pour nous laisser une émotion durable, ce sont des idées générales et philosophiques, des sentiments dépassant la sphère du moi. […] » La souffrance vraiment philosophique impliquerait en effet une volonté stoïque, maîtresse de soi, saine, prête à aller jusqu’au fond du mal subi pour en sentir la réalité triste et pour en reconnaître aussi la nécessité, c’est-à-dire les liens qui rattachent cet accident au tout, les points par lesquels cette laideur vient se suspendre à toutes les beautés de l’univers.
Cette dissociation des éléments constitutifs de l’idée, qui aboutit à l’abstraction, est trop commode pour que nous nous en passions dans la vie ordinaire et même dans la discussion philosophique. […] Notre travail était entièrement terminé quand nous avons lu dans la Critique philosophique (années 1883 et 1884) une bien remarquable réfutation, par M.
Le prince de Ligne était de cette race ; au moment de la prise de Belgrade, il écrivait à M. de Ségur, combinant avec art toutes ses sensations : « Je voyais avec un grand plaisir militaire et une grande peine philosophique s’élever dans l’air douze mille bombes que j’ai fait lancer sur ces pauvres infidèles… » Et après l’entrée dans la place : « On sentait à la fois le mort, le brûlé et l’essence de rose ; car il est extraordinaire d’unir à ce point les goûts voluptueux à la barbarie. » Il se plaît lui-même à se jouer à ces antithèses.
Il accordait à l’Académie française la gloire un peu exagérée d’avoir la première institué la discussion littéraire dans ces termes philosophiques, et d’avoir conclu de l’admiration mal fondée que l’on avait eue pour les vieux philosophes, qu’il fallait examiner de plus près celle que l’on avait encore pour les anciens poètes : « L’ouverture de cette dispute, disait-il un peu magnifiquement, a achevé de rendre à l’esprit humain toute sa dignité, en l’affranchissant aussi sur les belles-lettres du joug ridicule de la prévention. » C’était par là que Terrasson croyait qu’il nous appartenait de devenir littérairement supérieurs aux Latins, lesquels, supérieurs de fait aux Grecs, n’avaient jamais osé en secouer le joug.
Bailly n’appartenait pas au parti philosophique, en tant que celui-ci était organisé et poursuivait un plan d’attaque ou un but de conquête.
Les Observations faites dans les Pyrénées, en paraissant en 1789, portaient bien d’ailleurs l’empreinte de cette date ; c’est un livre jeune, en ce sens que l’auteur y déborde encore et exprime volontiers, chemin faisant, ses opinions sur tout sujet civil ou politique, philosophique ou philanthropique.
Il a exprimé son sentiment d’indifférence philosophique autant qu’orthodoxe pour toutes ces divisions et variations des sectes : L’un se dit zwinglien, l’autre luthérien, Et fait de l’habile homme au sens de l’Écriture.
Ce sont les vers improvisés à la reine Anne d’Autriche dans une promenade à Ruel : Je pensais que la destinée Après tant d’injustes malheurs… C’est surtout l’épître à M. le prince, après son retour d’Allemagne où il avait failli mourir de maladie (1645), pièce charmante, philosophique et de la plus douce veine.
Dans une lettre à Mme de Bellocq, veuve de son ami, il a tracé un tableau assez riant de la vie tranquille, à la fois philosophique et chrétienne, qu’il menait durant les dernières années (1726-1737) : Ayant fait réflexion, disait-il, que j’étais dans un âge trop avancé pour me donner le soin d’économer (de régir) des biens de campagne, j’ai pris le parti de mettre ma terre en ferme et de me retirer entièrement à la ville.
Une femme d’esprit, Mmede Lambert, a bien écrit quelque chose pour elles et à leur intention ; mais ce n’est que sage et d’une sagesse un peu triste, qui n’est que philosophique et humaine.
Mais un Charles Nodier verrait la chose autrement, avec fantaisie, boutade et poésie ; il n’aurait pas tant cherché « le sens philosophique de la poupée » ni « le progrès moral des joujoux », et Polichinelle, avec sa double bosse, aurait trouvé grâce devant lui.
La majorité de l’Académie, en ce temps-là, était plutôt voltairienne et philosophique que religieuse ; on fit une élection littéraire quelconque, et M.
Croit-on mettre la charité à couvert en ajoutant d’un air contenu : « Le secret de ses convictions intimes est resté entre Dieu et lui. » Non, c’était le cas de citer, si l’on voulait être complet, une autre lettre très explicite de Schlegel, qui ne saurait se séparer de la précédente, une lettre fort belle qu’il adressa plus de vingt-cinq ans après (le 13 août 1838) à la duchesse de Broglie qui ne cessait de le presser sur l’article de la foi, et dans laquelle il expose ses variations de sentiments, ses aspirations, sa crise morale et sa solution philosophique, ou, comme il le dit poétiquement, « ses erreurs d’Ulysse et son Ithaque ».
Renan est de cette race des hautes intelligences ; c’est une intelligence aristocratique, royale au sens de Platon, et même qui est restée un peu sacerdotale et sacrée de tour et d’intention jusque dans son entière émancipation philosophique.
Il sent vivre et s’éveiller en lui des pensées poétiques et philosophiques ; il les a bues avec l’air qui l’entoure, mais il s’imagine qu’elles lui appartiennent, et il les exprime comme siennes.
Voir la Notice sur la vie et les ouvrages de Deleyre, par Joachim Le Breton, secrétaire de la seconde classe de l’Institut, dans le recueil des Mémoires de cette seconde classe, tome II, page 9 ; et dans la Décade philosophique du 30 mars 1797, page 44, une courte note nécrologique, assez curieuse. — Il faut tout dire, et un moraliste de ma connaissance, qui aime marquer le plus qu’il peut les contradictions de la nature morale, me souffle à l’oreille ce dernier mot : « Allons, convenez-en, ce tendre et mélancolique Deleyre était athée en toute sécurité de conscience, et à la Convention, dans le jugement de Louis XVI, il vota la mort sans biaiser et sans sourciller. » L’aveu qui me coûtait le plus à faire est sorti.
Mais cette vue toute philosophique mènerait trop loin ; rentrons vite dans notre analyse.
Pour que rien ne manquât au contraste et à l’antagonisme, il y avait quelques élèves catholiques fervents qui sont entrés depuis à l’Oratoire ; c’était donc une lutte de chaque jour, une dispute acharnée, le pêle-mêle politique, esthétique, philosophique, le plus violent.
Il est satisfait, il se dit prêt à partir pour le ténébreux empire, et cette disposition philosophique se reproduit et se trahira plus d’une fois sous sa plume.
Et sur ce climat qui n’est pas fait, et sur ce caractère américain, qui ne l’est pas davantage, quel plus frappant et plus philosophique tableau que celui-ci, trop pris sur nature, trop bien tracé et de main de maître pour n’être pas rappelé ici, quand sur d’autres points nous devons être si sévères !
A cette époque de croyances régnantes et traditionnelles, c’étaient les sens d’ordinaire, et non la raison, qui égaraient ; on avait été libertin, on se faisait dévot ; on n’avait point passé par l’orgueil philosophique ni par l’impiété sèche ; on ne s’était pas attardé longuement dans les régions du doute ; on ne s’était pas senti maintes fois défaillir à la poursuite de la vérité.
C’est une émotion religieuse et philosophique à la fois, comme Lucrèce et Buffon pouvaient en avoir, comme son ami Le Brun était capable d’en ressentir.
Un mot du divin Platon, cité en grec, revient dans le refrain d’une chanson philosophique qui explique que « nous sommes des animaux » et que la suprême sagesse est de vivre comme un porc.
René Ghil en profite pour partir en guerre contre l’école symboliste de laquelle il voulait se distinguer et entend démontrer que son symbolisme à lui, d’ordre philosophique, n’a rien à voir avec ce prétendu symbole qui n’est qu’un déroulement d’images successives.
« Depuis l’aurore de la spéculation philosophique, la nature du beau a été un sujet de discussions.
[NdA] La plupart de ces morceaux déjà anciens sont tirés ou des Annales de l’éducation, ou des Archives philosophiques, politiques et littéraires, ou de la Revue française, ou d’autres recueils auxquels M.
J’ai hâte d’en venir à son rôle philosophique et social, ce qui nous intéresse surtout aujourd’hui.
Les deux crânes se heurtèrent ; une étincelle, point faite pour être vue par ces hommes, s’échangea sans doute de la tête qui avait fait le Dictionnaire philosophique à la tête qui avait fait le Contrat social et les réconcilia.
Le panthéisme politique cède du terrain en attendant qu’il en soit de même du panthéisme philosophique.
J’y trouve le protestantisme politique et philosophique, sans l’affreux cant, il est vrai, du protestantisme religieux.
Le mythe ne lui importe en rien, étant du domaine religieux et philosophique.
Comme Hartmann, mais par instinct et non plus par préconception philosophique, Alfred de Vigny se fiait au subconscient du soin de mûrir ses idées ; mûres, il les retrouvait ; elles venaient d’elles-mêmes s’offrir, riches de toutes leurs conséquences. […] Il y a un état intermédiaire entre la glace et l’eau fluide, c’est quand l’eau commence à se façonner en aiguilles, quand elle craque et cède encore sous la main qui s’y plonge : peut-être ne faut-il pas demander même aux mots du manuel philosophique d’abdiquer toute prétention à l’ambiguïté ? […] L’excommunication n’est pas un geste philosophique. […] Elle est matière à expériences, mais non à démonstrations historiques ou philosophiques. […] Or, sans être pourtant le disciple de la prudence philosophique qui, arrivée au croisement de deux routes, s’assied et se demande : vers quel point cardinal reprendrai-je ma promenade, quand je me serai bien reposée ?
Stuart Mill me fit l’honneur de m’écrire « qu’on ne pouvait donner en peu de pages une idée plus exacte et plus complète du contenu de son livre, comme corps de doctrine philosophique. […] Regardez ce petit recueil tout nouveau, Essays and Reviews ; vos libertés philosophiques du dernier siècle, les conclusions récentes de la géologie et de la cosmogonie, les hardiesses de l’exégèse allemande y sont en raccourci. […] VI Reste une sorte de forteresse philosophique où se réfugient les idéalistes.
Grâce à cette absence de grande préoccupation morale, philosophique ou religieuse, chaque fait, quelle qu’en soit la valeur, est étudié d’une manière plus désintéressée, avec une froide curiosité, en lui-même et pour lui-même. […] Rivière une moralité philosophique vraiment élevée. […] Feuillet reste vraie, qu’elle soit transportée de l’Église catholique à l’Église protestante, ou même, ce qui est bien plus fort, au simple rationalisme philosophique. […] J’ai dû me borner à expliquer et à justifier la donnée qui fait l’intérêt moral et philosophique de ce joli roman, et j’ai nécessairement négligé les beaux détails dont il est rempli. […] Aucune sympathie ne s’attache à lui, cependant nous le suivons jusqu’au bout dans sa carrière criminelle avec une curiosité ardente que j’oserai qualifier de philosophique.
Ce mélange inattendu d’analyse philosophique et de jeu poétique nous ramène à nouveau vers Diderot, vers la surprenante rencontre du surréalisme et des Lumières. […] Et voilà comment toute grosse molle république prend pour maquereau un pseudo philosophique. […] Les prétentions à l’objectivité de tant d’intellectuels, les soi-disant neutralités littéraire, poétique, philosophique et autres ne sont, au bout du compte, que de sournoises mais solides alliances entre qui fait profession de penser et un état des faits, qui, justement, donne à penser, que la pensée devrait commencer par renoncer aux habitudes de petit confort et d’assoupissement, qui, lui ont permis de tolérer l’intolérable. […] Les appels du libéralisme au sentiment du pittoresque, les pétitions en faveur des monuments historiques, les lois pour la conservation desdits monuments — pour la conservation tout court, sans plus, faudrait-il dire — on sait ce qui se cache sous ces précautions oratoires, et, comment, dans la tanière préservée, reviendront rôder ces êtres en dehors du temps et de l’espace créés par les clergés et nourris par l’imagination des foules ignorantes et opprimées, dont, Engels déclare qu’ils ne sont que les produits d’une fantaisie maladive, les subterfuges de l’idéalisme philosophique, les mauvais produits d’un mauvais régime social af.
Je suis même tenté de croire que la froideur des dissertations philosophiques et des récits barbares ou antiques, la tiédeur surtout de beaucoup de poésies amoureuses, sont des crimes de l’amant autant que de Leconte de Lisle. […] Je rencontre « une certaine école philosophique » qui « a voulu infirmer des sentiments religieux de Mme de Lafayette ». […] *** Mme Olga de Bézobrazow exprime de nobles idées obscures en des vers rocailleux ou dans un roman sans vie, tout en dialogues philosophiques. […] Mme Clémence Royer, écrivain pénible, a un vrai talent philosophique, mais un talent de disciple. […] Elle ne créera jamais ni un poème large, ni un drame puissant, ni un caractère autre que le sien, ni un roman qui ne soit pas son roman, ni surtout une doctrine philosophique.
Durant les saisons qu’il passait à Buriton, résidence de campagne de son père, il dérobait le plus d’heures qu’il pouvait aux devoirs de la société et aux obligations du voisinage : « Je ne touchais jamais un fusil, je montais rarement à cheval ; et mes promenades philosophiques aboutissaient bientôt à un banc à l’ombre, où je m’arrêtais longtemps dans la tranquille occupation de lire ou de méditer. » Le sentiment de la nature champêtre n’est pas étranger à Gibbon ; il y a dans ses Mémoires deux ou trois endroits qui prêtent à la rêverie : le passage que je viens de citer, par exemple, toute cette page qui nous rend un joli tableau de la vie anglaise, posée, réglée, studieuse.
Pour être complet, je me contenterai d’indiquer du doigt un troisième groupe encore, celui qui se rattachait plus particulièrement à la société d’Auteuil et au monde philosophique, les littérateurs plus ou moins républicains de l’époque du Directoire, les Ginguené, les Chénier, les Daunou, les Tracy.
Il est évident qu’il ne croit pas à la liberté dans le sens philosophique du mot ; il explique toute la diversité qu’on voit dans les pensées et par conséquent dans la vie des hommes, indépendamment des divers âges du monde et des états ou degrés de civilisation où ils naissent, par le tempérament, la fortune et l’habitude ; et il en vient ainsi, d’une manière un peu couverte, à exposer ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire.
Après quelques idées et souvenirs personnels relatifs aux études mathématiques de l’empereur Napoléon : « Permettez-moi de terminer par un dernier aperçu philosophique, dit le prince.
Ce qui est singulier, ce n’est pas qu’on ait fait une telle déclaration, qui a dû ressembler à beaucoup d’autres, et qui roule sur un éternel lieu commun de morale facile ; mais c’est que trente ans après on prenne la peine de se la rappeler en propres termes, et de l’enregistrer comme mémorable au milieu des remarques philosophiques ou politiques qu’on tire de ses lectures.
C’est bien plutôt de ses études, de ses vers, de sa musique, de ses concertos, de la métaphysique de Wolff, que Frédéric, en ces années de loisir et d’attente, aime à entretenir sa sœur, et dans les combinaisons idéales de vie philosophique et dévouée aux muses dont il se berçait volontiers dans ses retraites de Ruppin et de Rheinsberg, il se plaît toujours à la considérer comme un protecteur et un guide, comme son génie heureux et son bon démon.
Mme du Deffand, au reste, était tout à fait de cet avis ; depuis surtout que Mlle de Lespinasse avait fait défection et s’était retirée d’auprès d’elle, emmenant à sa suite quelques-uns des coryphées de l’école encyclopédiste, elle était très opposée à tout ce qui ressemblait à des intérêts de parti philosophique ou littéraire : et comme Voltaire, dont c’était le malin plaisir, essayait de provoquer Walpole, de l’amener, par pique et par agacerie, à une discussion en règle sur le mérite de Racine et de Shakespeare, comme de plus il paraissait d’humeur à chicaner les deux dames au sujet de La Bletterie qu’elles protégeaient et qu’il n’aimait pas, Mme de Choiseul écrivait encore à sa vieille amie : Je crois que nous ferons bien de le laisser tranquille ; car, pour moi, je ne veux pas entrer dans une dispute littéraire : je ne me sens pas en état de tenir tête à Voltaire.
Montaigne, retiré vers l’âge de trente-huit ans dans son château et dans sa tour seigneuriale, s’était amusé à tracer ou à faire tracer sur les poutres et chevrons supérieurs de la pièce qu’il appelait sa librairie ou bibliothèque quelques inscriptions morales et philosophiques, reproduisant les maximes ordinaires de sagesse qu’il tenait à avoir constamment devant les yeux.
Quelle moralité philosophique prétendrez-vous tirer d’histoires comme celle-ci ?
Delécluze lui adresse en terminant une apostrophe philosophique, sensible et un peu solennelle, qui rappelle en bourgeois le Songe, de Scipion.
I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !
Il est curieux, en le lisant, de voir à quel point la pensée de s’enquérir du fond, l’idée de critique et d’examen est loin de son esprit ; il ne se pose pas un seul instant cette question philosophique et morale de la vérité, de la certitude, la question de Pascal ; Louis Legendre est un rhétoricien ecclésiastique ; il veut faire son chemin par son talent, et il le fera : « Quand je vins à Paris, dit-il, j’avais beaucoup de pièces faites, néanmoins j’étais résolu non seulement d’y retoucher, mais de les refaire entièrement quand j’aurais entendu ceux des prédicateurs qui avaient le plus de réputation.
Vous êtes capable de parler affaires, je ne le nie pas ; mais si la question devient philosophique, vous n’y êtes plus ; et, par exemple, de ce que M. de La Rochefoucauld mourut avec bienséance, comme on sait, et après avoir reçu les sacrements, vous terminez votre Notice par cette conclusion inattendue et un peu étrange.
Rêvez, rêvez alors… » Mais voici un dernier passage qui sort du ton sentimental et tendre, et qui, ce me semble, est éloquent, élevé, poétique à la fois et philosophique, tout un jet brillant de hardiesse et de libre fantaisie.
Saint-Évremond, qui est avec La Rochefoucauld l’esprit le plus philosophique de son temps, en faisait ses délices.
La figure du maréchal de Catinat, même en la dégageant de l’espèce de légende philosophique dont on l’avait un peu obscurcie, en ne se gardant pas moins de l’admiration routinière qui arrondit les traits et ôte à la physionomie son accent, est et restera une des plus belles, des plus pures et des plus originales du xviie siècle.
J’ai bien envie de me récuser sur le reste de l’historiette ; je ne me sens pas bon juge ; je ne suis pas de ceux qui regrettent que la France ne se soit pas faite protestante à de certains jours : chaque nation a son tempérament à elle : j’aime mieux, je l’avoue, une France catholique ou philosophique.
J’emprunte cette conclusion à la Décade Philosophique du 30 germinal an v (19 avril 1797), où je lis un fort judicieux article sur ces Six Matinées du roi de Prusse.
Saint-Simon n’était fait, à aucun degré, pour être ni ministre, ni général, ni homme de finance et de budget ; il est, pour un homme d’esprit, singulièrement court, j’allais dire inepte, sur tous ces divers objets qui font les branches principales du gouvernement des États ; il n’est pas, même dans l’ordre philosophique, un esprit supérieur ; il reste soumis et astreint aux croyances les plus étroites de son temps ; s’il lui arrive de varier en religion, c’est pour passer par les préventions des sectes et des opinions particulières, plus porté dans le principe qu’il ne l’a dit pour les Jésuites et leurs adhérents, puis tournant plus tard et avec une sorte d’âpreté au Jansénisme et à l’anti-Constitutionnalisme.
A relire plus froidement aujourd’hui cette première moitié de son théâtre, on pourrait remarquer que, s’il se montre évidemment de la postérité de Racine par les soins achevés du style, il tiendrait plutôt de l’école dramatique de Voltaire par certaines préoccupations philosophiques et certaines allusions aux circonstances.
La conversation, d’ailleurs, n’était pas encore devenue, comme au dix-huitième siècle, dans les salons ouverts sous la présidence de Fontenelle, une occupation, une affaire, une prétention ; on n’y visait pas nécessairement au trait ; l’étalage géométrique, philosophique et sentimental n’y était pas de rigueur ; mais on y causait de soi, des autres, de peu ou de rien.
A les entendre, nul n’eût supposé que cette femme allait se mettre hors la loi, que tous deux allaient se mettre hors l’honneur Que pèsent, à ces heures-là, les systèmes complets de morale à l’usage des esprits philosophiques ?
On a dit, ou à peu près : — Voilà qui est, en vérité, bien outré et bien peu philosophique ; et l’Académie inspire à M.
— Sans doute, en un certain sens, les grands courants d’idées philosophiques, religieuses et sociales peuvent avoir sur l’individu une influence libératrice, en ruinant ou en affaiblissant les disciplines anciennes et en opposant à l’idéal étroit des sociétés existantes un idéal d’affranchissement relatif.
La pensée de Voltaire est toute philosophique et humaine ; il veut inspirer l’horreur des guerres civiles.
Ses connaissances théologiques et philosophiques le rendaient capable aussi d’aborder, à l’occasion, des sujets sérieux.
malgré toutes les justes remarques qui peuvent s’opposer à cette fausse vue philosophique qu’on a voulu donner de Fénelon, il y avait un instinct qui ne trompait pas entièrement ceux qui le traitaient avec cette faveur toute particulière ; car si ce n’est pas la doctrine de Fénelon qu’on peut dire tolérante, c’est sa personne et son caractère qui l’était, et il savait mettre en chaque chose un ton, un tour de grâce, une onction qui faisait tout passer, même les prescriptions rigoureuses.
Quelques sarcasmes jetés en passant, quelques sorties philosophiques dénotent l’élève de Voltaire ; mais ces plaisanteries sont rapides et ne dérogent pas ici au ton général.
Ce cœur de géomètre, si sensible à l’amitié, ne craint pas de s’épancher dans l’âme de Frédéric, d’y verser son affliction et presque ses sanglots, et le roi lui répond en ami et en sage, par deux ou trois lettres de consolation philosophique, qu’il faudrait citer tout entières.
Je sais, à l’heure qu’il est, tel érudit qui compare plus curieusement que jamais les diverses éditions premières de Rabelais, des éditions (notez-le bien) dont il ne reste qu’un exemplaire unique, et dont un second exemplaire serait introuvable : de cette collation attentive des textes jaillira quelque conséquence littéraire assurément, et philosophique peut-être, sur le génie de notre Lucien-Aristophane.
Cette guerre qu’il déclarait aux oppresseurs politiques de la veille, il ne la poursuivit pas moins dans l’ordre littéraire contre les propagateurs des idées philosophiques, qu’il en était venu à considérer comme les premiers auteurs du mal.
Il y exprimait pourtant une idée très philosophique, c’est qu’il n’y a pas de raison pour que la nature ne crée pas aujourd’hui d’aussi grands hommes qu’autrefois, et qu’il y a place, dans sa fertilité inépuisable, à un éternel renouvellement des talents.
Carrel commence en rappelant les vers de Virgile sur le groupe sinistre des suicides : tout ce début de l’article est triste et morne, méditatif, un peu austère, et d’une morale qui, en restant purement philosophique, n’incline pourtant pas trop à l’indulgence.
. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant.
« Jugements de valeur et jugements de réalité » En soumettant au Congrès ce thème de discussion, je me suis proposé un double but : d’abord, montrer sur un exemple particulier comment la sociologie peut aider à résoudre un problème philosophique ; ensuite, dissiper certains préjugés dont la sociologie, dite positive, est trop souvent l’objet.
Voilà les principales idées littéraires, philosophiques et sociales que préconisent les apôtres du Romanisme.
Plus tard, — et vous n’attendrez pas longtemps, — vous verrez dans Les Ternaires et une foule d’autres poèmes se produire la prétention philosophique, platonique, anaxagorique, pythagorique, dans la plus insupportable poésie géométrique où Dieu est appelé « Beau triangle équilatéral !
Avant ce livre des Blasphèmes, il n’avait que madame Ackermann et ses Poésies philosophiques, madame Ackermann que j’eus l’insolence, un jour, de traiter de monstre (il devait y avoir mieux !)
Si la philosophie ne doit pas être philosophique, mais morale, la science ne doit pas être scientifique, mais morale.
Royer-Collard, inspirait le brillant jeune homme qui, la trompette à la main, parcourant la contrée philosophique déployait la variété, l’agrément et l’agilité de ses fanfares, pour attirer la foule autour des nouveaux dogmes.
Logicien sévère, par nécessité et pour sortir du doute, il trouvait, en cherchant les dépendances mutuelles des questions philosophiques, qu’elles dépendent toutes de la psychologie, et que pour définir le beau, le bien, le vrai, pour conjecturer la cause, l’avenir, le passé, les devoirs et les espérances de l’homme, il faut d’abord observer l’homme.
Mais ce poëte, si puissant de sève natale et de génie, s’est formé sous l’influence de l’âge philosophique des Grecs.
Réginald Héber n’a pas moins d’élévation philosophique et de douceur chrétienne que Synésius.
J’arrive au présent volume que je croyais pouvoir continuer sur le plan de ses aînés, me contentant de mes grandes divisions : Réalistes et Naturalistes, Spiritualistes et Romantiques, Littérature historique, philosophique et documentaire. […] Les amis qui, avec un soin pieux, ont mis en ordre les pièces qui composent ces deux volumes ont divisé les sept cordes en sept chapitres, contenant chacun les morceaux qui chantent la nature, l’humanité, la pensée philosophique, l’art, la pensée intime, l’amour, la fantaisie. […] Hector Malot prend un fils de paysans assez près encore de la nature pour subir le besoin du crime, mais assez cultivé aussi par son éducation scientifique et philosophique pour être certain que s’il commet ce crime habilement il n’aura rien à craindre : ni de la loi, dont il se jouera ; ni de lui-même, puisqu’il sait que la conscience n’existe pas. […] J’ai dit que, pendant la publication de Conscience, cette donnée avait soulevé beaucoup de discussions parmi les gens les plus considérables en France et à l’étranger, au point de vue philosophique et sentimental. […] Une pareille donnée semblerait ne pouvoir être développée que dans un sens mystique ou philosophique ; elle l’est en effet, mais sans l’aridité qu’on pourrait croire inévitable, et c’est là qu’éclate l’éloquence poétique de M.
Jules Lemaître vient de publier un petit conte philosophique, Serenus 77, qui ne fut qu’un jeu pour son esprit facile et charmant, mais qui pourra bien un jour marquer dans l’histoire de la pensée du xixe siècle, comme Candide ou Zadig marque aujourd’hui dans celle du xviiie . […] Mais je recommanderai surtout de lui Les Mériahs, où j’ai trouvé sous la fantasmagorie du sujet un sens philosophique très profond. […] La Revue bleue a publié, depuis que ceci est écrit, un Conte philosophique de M. […] Mais si la petite Marie était morte, je vois distinctement à quelles récriminations blasphématoires l’aventure “paternelle” aurait pu tourner ; et j’en dirai autant de l’aventure “mariage”, car la naissance de Marie aurait pu être indéfiniment retardée par l’un quelconque des scrupules philosophiques de l’homme, l’une quelconque des appréhensions très modernes de la femme, ou par les précautions malthusiennes de tous les deux. […] Il laisse seulement un livre de vers, La Cité intérieure, que ses amis publieront bientôt et qui le classera en un haut rang, et, avec ses contes philosophiques et ses poèmes en prose, la matière d’un livre de mélanges.
C’est que c’était un causeur charmant, d’une très grande et très exquise érudition littéraire et philosophique, enjoué comme faut, sérieux sans nul ennui et passionné, ainsi du reste que votre serviteur, jusqu’à la frénésie, pour la poésie, tant antique que moderne, dans toutes ses manifestations depuis David et Orphée jusqu’aux plus récents poètes, majores et minores. […] Il laisse aussi un considérable recueil de vers, la Cité intérieure, qui va paraître dans quelques mois où presque tout, sinon tout, est de premier ordre et ce sera l’avis du monde lettré, j’en réponds, — et des Contes philosophiques, dont quelques-uns insérés dans différentes revues, nous promettent une belle œuvre sévère. Tellier était un esprit philosophique servi par une nature ardente, enthousiaste, mais concentrée et un peu sombre. […] Pour ce qui est de ses idées politiques et philosophiques et même littéraires en majeure partie, je dois avouer en dépit de toute mon admiration et de tout mon respect, beaucoup d’entre elles n’ont jamais été ou ne sont plus les miennes. […] Aussi c’est le fait d’être un conte, tragique, grotesque, philosophique ou fantastique, attribut particulier au drame Shakespearien, qui le rend perpétuellement amusant, d’autant plus que, bien entendu, la grille du maître s’y retrouve toujours.
Comparez les Souvenirs à Étienne Mayran, les Drames philosophiques à Graindorge ! […] Chadourne, appartient à la lignée des contes philosophiques du xviiie siècle. […] Autant Spencer paraît un mécaniste pur, mécaniste de la pensée et de la matière, sorte d’ingénieur philosophique et moral, portant de la nébuleuse primitive à l’État et à l’individu de demain un point de vue, une méthode, des manies d’ingénieur civil (les polytechniciens venus à la philosophie et à la littérature sont peut-être en France ses analogues les plus ressemblants), — autant Eliot paraît douée uniquement et exclusivement du génie de sentir et de créer la vie : l’un et l’autre se connaissaient, se fréquentaient, s’estimaient beaucoup, et la nature de Spencer était pour Eliot un sujet d’étonnements et d’épigrammes sans fiel qu’elle ne lui ménageait pas. […] Et dans l’incident philosophique auquel je me suis référé, il n’y a sans doute qu’un accident ; sans doute la philosophie de l’évolution créatrice n’est qu’une étape sur une belle route que nous entrevoyons, sur une route que l’art entoure d’un paysage et dont Silas Marner nous fait à la façon d’un mythe platonicien entrevoir le raccourci idéal. […] (Une fusion de l’amour et de l’intelligence apparaîtrait bien dans les dialogues de Platon, mais on trouvera bon que je ne complique pas ces raisons en discutant la façon dont on entendait l’amour dans les écoles philosophiques d’Athènes.)
Et le philosophe ne peut pas se refuser à admettre avec le sens commun l’existence de pensées successives et distinctes ; il doit reconnaître que la pensée discursive n’est un signe que pour l’esprit du philosophe, et encore quand l’esprit du philosophe s’attache à certains problèmes philosophiques, ce qui n’est pas son occupation constante. […] La spéculation philosophique elle-même emploie parfois la métaphore, mais seulement comme un auxiliaire de l’expression directe et simple qu’elle poursuit avant tout. […] Le thème a la même vertu, mais à un moindre degré ; faire un thème est sans doute une occasion d’approfondir les idées du texte, et, la traduction faite, ces idées doivent être mieux comprises qu’après la première lecture ; mais elles étaient déjà données en gros avec le texte ; l’esprit de l’élève n’a pas été obligé de les deviner, mais seulement invité à en étudier tel détail, telle nuance, pour les rendre exactement dans un autre idiome ; aussi le thème est-il principalement, dans la pratique, un exercice verbal, un moyen d’apprendre les langues au point de vue du vocabulaire et de la grammaire. — De Bonald (Dissertation sur la pensée de l’homme et sur son expression, et Recherches philosophiques, chap.
Dans ce livre, rempli d’aperçus philosophiques très neufs et très nets, un chapitre m’a surtout intéressé parce qu’il a trait à l’état d’une partie de notre littérature, et qu’il témoigne d’une tendance vers un charme morbide aujourd’hui, peut-être mortel demain ; il a pour titre : Prestige de l’obscur et du vague. […] C’est une idylle doublée d’une thèse philosophique et religieuse que le sujet de l’Apôtre ; la fable est touchante et la leçon qu’elle renferme a sa grandeur. […] L’Enthousiasme, qualifié roman par son auteur, madame Marie Gjertz, est bien plutôt une œuvre philosophique embrassant toutes les questions : art, politique, religion, réformes ; c’est un livre militant où l’auteur, défendant par toutes armes la patrie norvégienne, veut la voir devenir la première des nations, régénérée par l’art infusé dans tout son organisme social. […] Gabriel Séailles, bien qu’étant l’œuvre d’un philosophe, n’a rien de l’aridité infligée le plus souvent et à grand tort aux spéculations philosophiques, et l’auteur sait y parler des choses les plus abstraites d’une façon aussi claire que précise. […] Je trouve justement dans son livre une exquise méditation philosophique qui semble faite pour donner raison à ma définition.
Il a pu se tromper sur certains points, notamment, comme je l’indiquais tout à l’heure, dans ses hypothèses philosophiques. […] Ainsi s’est constituée la tradition philosophique et religieuse. […] À tous, il faisait entrevoir une création plus belle et plus vraie que l’œuvre littéraire et philosophique la plus accomplie : l’esprit lui-même, se donnant à la vérité et répandant autour de lui la vie supérieure dont il déborde. […] La tradition philosophique et religieuse, elle, attache un grand prix à la durée. […] De quel droit nous amputer, au nom des Sciences, de toute notre tradition philosophique et religieuse, alors que ces Sciences et cette tradition ne fonctionnent pas dans le même champ ?
Comment peindre la civilisation du moyen âge, sans en représenter l’activité philosophique ? […] Quant au Mariage, mélange unique de tous les genres et de toutes les sortes d’esprit, imbroglio larmoyant, satirique, sensuel, politique, bouffon, philosophique, poème et pamphlet à la fois, il ne peut vraiment se comparer et se rattacher qu’à la comédie d’Aristophane. […] À vrai dire, il n’y a point de philosophie dans ce théâtre d’un siècle philosophe, car piquer une maxime et plaquer un couplet sur l’égalité naturelle, sur l’injustice des lois ou sur les préjugés de la société, ce n’est point faire une pièce philosophique. […] Ainsi s’explique que la comédie du xviiie siècle soit, au fond, si peu philosophique. […] Aussi tous les historiens du théâtre qui veulent rehausser la valeur philosophique des comédies du xviiie siècle sont-ils obligés de nous montrer non les œuvres elles-mêmes, mais leur représentation.
On a quelque témoignage de cette veine de réflexions philosophiques et morales dans un Eloge de Vauvenargues, sujet qu’avait proposé l’Académie d’Aix, et pour lequel M. […] On lui a, plus d’une fois, reproché de n’avoir pas de principe théorique général, de ne pas croire assez au droit pris d’une manière abstraite ou philosophique, d’accorder beaucoup au fait.
» VII Le style, dans cette anecdote familière et dans cette réflexion philosophique, n’est pas à la hauteur de l’événement ; mais la réflexion est si sensée qu’on oublie l’insuffisance du style. […] Jamais, dans un temps d’anarchie et d’illusions philosophiques sur la constitution des sociétés civiles ; jamais le néant des systèmes et l’infaillibilité de la nature, en matière de pouvoir, ne s’étaient incarnés plus fortement que dans ce jeune homme.
Cosmopolite par la culture, avec de belles parties d’esprit philosophique, M. de Vogüé, ayant beaucoup vu, peut beaucoup comparer et, par suite, beaucoup abstraire. […] Le devoir de pitié, de charité, d’aide mutuelle et de renoncement peut être promulgué en dehors de tout dogme confessionnel ou philosophique.
Son entreprise est plus philosophique et plus systématique. […] Mais ces doctrines sont entrées bien avant lui dans le domaine philosophique. » Quant aux dissentiments de M.
Critique philosophique, 6 décembre 1877, p. 300. […] Ce que dit Kant, — qu’il n’y a pas plusieurs temps, mais un seul, — ne s’applique d’ailleurs qu’à la notion savante et philosophique du temps.
“Le Poëme philosophique de Lucréce, malgré la mauvaise physique qu’on y reconnoît depuis longtems, dit M. de Querlon, est sans contredit le plus beau monument de ce genre que nous ayent laissé les anciens. […] Il lui prête même quelquefois un langage un peu plus philosophique qu’il ne l’a dans la naïveté du texte, & ce n’est pas un mal.
Trop philosophe et trop libertin pour avoir le génie de la passion, cette source inépuisable du roman de grande nature humaine, le xviiie siècle, le siècle de l’abstraction littéraire comme de l’abstraction philosophique, qui n’eut ni la couleur locale ni aucune autre couleur, — qui ne peignit jamais rien en littérature, car Rousseau, dans ses Promenades, n’est qu’un lavis, et Buffon, dans ses plus belles pages, qu’un dessin grandiose, — ce siècle, qui ne comprenait pas qu’on pût être Persan, dut trouver, le fin connaisseur qu’il était en mœurs étrangères ! […] C’est Brucker, le prédicateur, avec ses impétuosités de converti, ses beaux mépris du monde, ses brusqueries tendres, sa bonhomie sublime ou plaisante, sa poignante sensibilité, sa mordante gaîté qui caressait encore lorsqu’elle mordait, son faste d’humilité, car parfois, Diogène chrétien, il affectait l’orgueil de l’humilité contre l’orgueil philosophique, et son inattendu dans le paradoxe qui terrassait l’idée connue et commune et vous rasait si près de terre un sot !
Je nomme M. de Tracy parce qu’il fut un des parrains intellectuels de Beyle, que celui-ci lui garda toujours de la reconnaissance et lui voua, jusqu’à la fin, de l’admiration ; parce que l’école philosophique de Cabanis et de Tracy fut la sienne, qu’il affichait au moment où l’on s’y attendait le moins.
[NdA] Dans son Histoire philosophique de l’Académie de Prusse (1851).
Mais après, et jusque vers le milieu du xviiie siècle, il lui fallut du temps et de l’effort pour se relever des choix faits sous l’influence stagnante de Fleury, et pour arriver à se mettre en accord et en parfaite alliance avec les puissances littéraires et philosophiques actives du dehors.
» Non, que M. de Pontmartin renonce à ces grands morceaux philosophiques : son genre de talent, son agrément n’est pas là.
Collé, de sa personne, était et reste, à nos yeux, le plus parfait exemple, et peut-être le dernier, de la pure race gauloise non mélangée ; c’est le dernier des Gaulois : ennemi de l’anglomanie, de la musique italienne, des innovations en tout genre, ennemi des dévots et des Jésuites, il ne pouvait non plus souffrir Voltaire, trop brillanté selon lui, trop philosophique, trop remuant, un Français du dernier ton et trop moderne, il l’appelait « ce vilain homme », et il abhorrait aussi Jean-Jacques à titre de charlatan.
La terre de La Chesnaie, à deux lieues de Dinan, leur étant échue à tous deux en héritage, ils s’y retirèrent vers la fin de 1805, et dans ce lieu sauvage, au milieu des bois, avec des landes, des champs à peine cultivés alentour, un étang encaissé entre des rochers et des arbres séculaires. dans une maison toute rustique, mais pourvue d’une bibliothèque nombreuse, la véritable éducation philosophique, théologique et littéraire de La Mennais commença.
Je voulais vous en parler longuement et, dans l’intention de profiter de vos conseils, vous adresser quelques questions littéraires et philosophiques ; mais je n’en ai pas pu trouver le temps, et je ne l’ai pas encore.
Le siècle dans l’intervalle avait changé ; les grandes œuvres philosophiques s’étaient produites, et la mode elle-même tournait au sérieux.
C’est que, s’il y a des mots secs, comme les termes philosophiques et les chiffres, il y en a de vivants comme les vibrations d’un violon ou les tons d’une peinture.
Ils le firent réimprimer et le répandirent avec profusion dans la foule pour faire contraster ses déclamations chrétiennes avec ses déclamations philosophiques.
Des œuvres que seuls quelques délicats pleinement pénètrent, et pour qui seuls elles sont écrites, n’appartiennent pas plus à cet art populaire et en plein air du théâtre, que les Dialogues philosophiques.
Des œuvres que seuls quelques délicats pleinement pénètrent, et pour qui seuls elles sont écrites n’appartiennent pas plus à cet art populaire et en plein air du théâtre, que les Dialogues philosophiques.
Mot indécis sous sa précision apparente, qui flotte de la religiosité philosophique à l’orthodoxie pratiquante, du club des femmes à la petite chapelle.
Je ne sais pas de spectacle plus philosophique, plus fécond en réflexions de tout genre, que celui de ces deux hommes accoudés durant des heures à une table, une carte déployée sous leurs yeux, et se partageant à eux deux le monde.
En un mot, elle continue de représenter l’esprit déjà philosophique, mais encore modérateur, de la première partie du siècle, tant qu’il n’avait pas cessé de reconnaître de certaines bornes.
Leontium, amie et disciple d’Épicure : c’était le surnom philosophique de Ninon.
Homme plein d’adresse et de finesse dans le détail et dans la pratique des mots, plein de force et de constance dans l’ensemble du labeur, Raynouard, bon grammairien et avec des éclairs du génie philologique, manquait, j’ose le dire, par l’idée philosophique élevée qui embrasse, qui lie naturellement tous les rapports d’un sujet, et que Fauriel et Guillaume de Schlegel, comme savants, entendaient bien autrement que lui.
Il avait fait avec Berton un opéra-comique, Les Rigueurs du cloître (août 1790), dans le goût philosophique du jour.
Ce vieux chevalier de Saint-Louis avait, en effet, des idées philosophiques et politiques ; il était de son siècle par les idées, sinon par les mœurs.
Les ouvrages de Montesquieu ne sont guère que le résumé philosophique et la reprise idéale de ses lectures : on ne raisonne pas mieux que lui de l’histoire, quand il a fermé le livre où en est le récit.
À quel point Montesquieu n’était-il pas imbu de l’ancien esprit parlementaire ou de l’idée philosophique moderne, le jour où il lui échappa une telle parole !
Pendant le régime de la Terreur, il écrivait des Réflexions philosophiques sur la fausse idée d’égalité ; il exprimait en quel sens, selon lui, on devait entendre que les hommes sont égaux devant Dieu ; et, là encore, on retrouve les traces de cette aristocratie d’esprit dont le chrétien même, en M.
Ce scientifique s’est aussi intéressé au xviiie siècle littéraire et philosophique (Sade, d’Alembert, Julie de l’Espinasse, etc.), auquel il a consacré quelques études, comme à l’œuvre de Pierre de Fermat.
Il connaît tout le ridicule des plans forgés d’avance et sans cesse déroulés, toute la futilité des passions crues éternelles, la vanité des spéculations philosophiques, les vacillations des plus belles volontés.
Le Pere Buffier, autre Jésuite, a donné une forme moins agréable, mais plus solide, à son Traité philosophique & pratique de l’Eloquence, à Paris chez le Clerc 1728.
Pour l’acquit probablement de sa conscience d’éditeur littéraire, M. de Lescure a recueilli, il est vrai, comme un double échantillon des aptitudes littéraires et philosophiques de Rivarol, le Discours (si connu du reste) sur l’universalité de la langue française, couronné par l’Académie de Berlin, et le Discours (moins apprécié) sur l’homme intellectuel et moral, d’un si mâle spiritualisme encore malgré les influences de toutes les philosophies du xviiie siècle, qui tendaient à l’anéantir.
Quant à son catholicisme, nous en avons donné l’explication la plus honorable en montrant qu’il consistait seulement dans le sentiment de respect qu’inspire à très bon droit un système aussi fort, aussi lié en toutes ses parties, que le système catholique au Moyen Âge ; mais de théorie, de démonstration tendant à prouver la valeur absolue, divine, éternelle de ce catholicisme du passé, il n’y en a pas dans Hurter, esprit trop peu philosophique pour s’inquiéter beaucoup d’une théorie quelconque.
J’ai réussi jusqu’à présent à me maintenir dans un état d’égalité et d’insouciance philosophique, de constante acceptation.
On peut la construire d’abord d’après une loi philosophique pure, ainsi que j’ai commencé à le faire, puis d’après la loi artistique de création.
Si l’on faisait le relevé, on verrait que la coïncidence est l’œuvre du hasard. » La conversation dévia dans je ne sais plus quelle direction ; il ne pouvait d’ailleurs être question d’entamer une discussion philosophique ; ce n’était ni le lieu ni le moment.
Le sentiment de la patrie chez Michelet n’est pas seulement abstrait et philosophique, il n’est pas seulement non plus historique ou politique ; il est sentimental et, si on peut dire, amoureux, et c’est justement ce qui fait sa force et sa grâce. […] Au fond, pour lui, le poète n’est pas seulement un solitaire créateur de beauté, c’est aussi un missionnaire d’idées, non seulement d’idées esthétiques, mais encore d’idées morales, religieuses et philosophiques. […] Dans la solitude, les songeries sociales, historiques, philosophiques ou religieuses qui le hantaient prirent leur forme la plus expressive. […] D’autant plus qu’elle n’a pas seulement un intérêt romanesque ; elle a un sens philosophique. […] Hugo est d’ailleurs la seule incursion en terre littéraire pour ce philosophe, qui fut directeur de la revue La Critique philosophique, traducteur de Berkeley et Hume, et auteur de nombreux traités de logique, de morale ou de métaphysique.
Tel est, bien écourté, le résumé de ce charmant conte philosophique qui, comme le dit très justement M. […] Essais de paléontologie philosophique Un savant dont le nom est grand dans le monde de la science, M. Albert Gaudry, l’éminent professeur de paléontologie au Muséum d’histoire naturelle, bien connu par ses travaux, nous donne un Essai de paléontologie philosophique, ouvrage faisant suite aux enchaînements du monde animal dans les temps géologiques, et orné de plus de deux cents gravures dans le texte. Je n’ai pas à m’occuper de la haute valeur scientifique de ce livre, je me contenterai d’en signaler les conclusions philosophiques, qui me semblent intéressantes à enregistrer en ce moment où l’athéisme est devenu une sorte de sport à l’usage de ceux qui ont entrepris la tâche de réformer la société, sans se demander ce qu’il en adviendrait du jour où ils auraient réussi à lui retirer l’axe autour duquel elle gravite, c’est-à-dire : l’idée de Dieu. […] D’ailleurs, on n’est pas très bien informé des idées personnelles que le primitif Seigneur avait sur les diverses questions dont se préoccupe la conscience humaine. » Il est évident que cette théorie ne satisfera pas les juifs ni les chrétiens catholiques ou protestants, ni ceux qui pratiquent une religion quelle qu’elle soit, mais elle est excellente comme point de départ d’un roman philosophique, et permet à l’auteur de promener sa fantaisie partout où il lui plaît.
Le problème de la liberté a presque disparu de notre horizon philosophique. […] Les méditations du Bergeret genevois pouvaient concorder génialement avec l’âme du monde, voguer puissamment par la haute mer intérieure ; le travail du professeur ne dépassait guère, aux yeux des élèves, les fiches d’un Virgilius Nauticus philosophique. […] On est surpris de posséder cette puissance dont on n’est pas digne, mais on veut du moins l’exercer avec recueillement. » Ce bien qu’il fait, c’est ce détachement religieux, cette « désappropriation » philosophique que Seriosa reconnaît chez lui et apprend avec lui. […] Nous nous trouverions dans la gare régulatrice où se croisent la voie Teste et la voie Amiel, si nous épousions le mouvement qui traverse ou dépose les sens divers du mot puissance, l’ordinaire, et le mathématique, et le philosophique.
Sans une réserve si légitime et si sage, la comédie eût dégénéré de son institution philosophique : ses portraits ne ressemblant qu’à tel ou tel homme seraient passés avec lui ; mais leurs traits généraux les rendent impérissables ; car notre La Harpe eut tort d’énoncer que les prétendues farces d’Aristophane, pleines d’allusions, n’avaient que l’intérêt des pièces de circonstances : celles du poète grec représentent les mœurs d’une démocratie, et l’on en reconnaîtra les caractères tant qu’il renaîtra des républiques. […] Sa probité lui dictait tout ce qu’il exprima de préceptes honnêtes et droits, dans ses rôles : sa justesse d’esprit, et sa justice de cœur, lui indiquaient partout le vrai et le bon, qui touchent les esprits et les cœurs de la multitude ; elles le préservaient d’exagérer rien dans ses peintures fidèles et animées : sa pénétration philosophique, dernier complément de ses qualités réunies, l’aidait enfin à percer tous les masques, à soulever le fard, à lire dans l’expression des visages, à fouiller jusque dans le fond des pensées, et à jeter la lumière sur toutes les singularités, sur tous les caprices disparates des passions humaines. […] Molière lui seul eût pu débrouiller un tel chaos d’extravagances mêlées de crimes, et le percer de ses lumières philosophiques ; mais si son zèle courageux eut prétendu tirer de là de principales physionomies, on l’eût puni de le tenter. […] Loin d’admettre pourtant cette opinion, je pense qu’aux trois unités, desquelles on ne doit guère se relâcher dans la comédie, il faut en ajouter une quatrième qui est l’unité de vue, c’est-à-dire la tendance vers une seule leçon morale, ou une seule vérité philosophique. […] Une seule vue philosophique brille en chacun de ces gais et charmants ouvrages.
On est, on le croit du moins, à la source des renseignements, et l’on serait mal venu ensuite à se plaindre de l’inexactitude ordinaire des biographes. « Connais-toi toi-même » est un bon conseil philosophique, mais plus difficile à suivre qu’on ne pense, et je découvre à mon embarras que je ne suis pas aussi informé sur mon propre compte que je me l’imaginais. […] Relevez le feuillage de la main, et vous verrez la branche qui s’attache solidement au tronc ; toute action, si elle a réellement une portée philosophique, fait lever une moisson de pensées sous lesquelles il lui arrive quelquefois de disparaître comme la terre aride du sillon sous le manteau d’or des épis Lequel vaut mieux de l’épi ou du sillon, de la feuille ou de la branche ? […] Ces éléments nouveaux introduits dans le roman ne plurent pas tout d’abord les analyses philosophiques, les peintures détaillées de caractères, les descriptions d’une minutie qui semble avoir en vue l’avenir, étaient regardées comme des longueurs fâcheuses, et le plus souvent on les passait pour courir à la fable. […] Voulait-il changer le gouvernement, poser une religion nouvelle, fonder une école philosophique, dominer les hommes, séduire les femmes ? […] L’édition compacte de la Comédie humaine, en rassemblant toutes ses œuvres éparses, mit en relief l’intention philosophique de l’écrivain.
Il est l’œuvre d’un esprit éminemment philosophique, c’est-à-dire passionné pour les idées générales, habile à les enchaîner, à les ordonner en système, à suivre leurs conséquences jusque dans le détail minutieux et toute la technique d’un sujet. […] Bien mieux, il a l’esprit philosophique. […] Il est vrai qu’un pareil procédé philosophique a des inconvénients. […] Un autre mérite soutiendra son œuvre : c’est que tous ses livres ont pour fond une idée générale, une thèse philosophique, religieuse ou morale, un problème de cœur, de conscience ou d’éducation. […] Quand ce thème philosophique rencontre un personnage capable de le porter jusqu’au bout et de l’exprimer tout entier, le roman est de premier ordre ; c’est ainsi que M.
Lorsque Taine croit expliquer l’énigme de la création littéraire par la race, le milieu et le moment, nous voyons là un signe de la passion philosophique dont cette forte intelligence était dévorée. […] Il donne ainsi une preuve bien remarquable de son esprit philosophique. […] Taine de la pensée philosophique. […] Ni la raison philosophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l’honneur féodal, militaire et chevaleresque, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à le suppléer dans ce service. […] Qu’il y ait dans cet état lyrique une part singulièrement forte d’animalisme, — au sens le plus philosophique de ce mot, — on en aurait la preuve dans ce fait d’observation courante que le don poétique diminua avec l’âge.
Le docteur Lélut, jadis, dans un livre assez mal fait et d’une grande prétention philosophique : l’Amulette de Pascal, avait abordé la question. […] Quelques œuvres, quelques noms en sont venus jusqu’à nous, le bruit aussi de quelques querelles, philosophiques ou littéraires : anciens contre modernes, Bossuet contre Fénelon, gallicans contre ultramontains. […] Élargie, pour ainsi dire, par la préoccupation philosophique, la préoccupation littéraire, elle aussi, dans l’intervalle qui sépare le commencement de l’un et l’autre siècle, avait changé d’objet. […] Quand ils revendiqueront les droits du simple « citoyen » à remplacer désormais les tyrans sur la scène et les princesses dans le roman, ils n’en donneront pas des raisons aussi philosophiques. […] En y ajoutant les sept volumes du Dictionnaire philosophique, dont la première édition ne parut qu’en 1764, cela fait dix-sept volumes ou un peu plus, qui renferment l’œuvre polémique du patriarche à peu près tout entière.
Il y a des fêtes pareilles pour les entrées d’Élisabeth, et vous n’avez qu’à regarder les estampes des Sadler, de Martin de Vos et de Goltzius pour y trouver ce mélange de beautés sensibles et d’énigmes philosophiques. […] Ils ne sont point préoccupés, comme nous, de théories ; ils ne se travaillent point pour exprimer des idées philosophiques ou morales. […] En vain il manie le poëme épique, la strophe pindarique, toutes les sortes de stances, d’odes, de petits vers, de grands vers ; en vain il appelle à l’aide toutes les comparaisons botaniques et philosophiques, toute l’érudition de l’Université, tous les souvenirs de l’antiquité, toutes les idées de la science nouvelle ; on bâille en le lisant. […] Avec lord Herbert apparaît le déisme systématique ; avec Milton et Algernon Sidney apparaîtra la religion philosophique ; Clarendon ira jusqu’à comparer les jardins de lord Falkland à ceux der l’Académie. […] Vingt vers d’un poëte, douze lignes d’un traité sur l’agriculture, une colonne d’in-folio sur les armoiries, la description des poissons rares, un paragraphe d’un sermon sur la patience, le compte des accès de fièvre dans l’hypocondrie, l’histoire de la particule que, un morceau de métaphysique, voilà ce qui a passé dans son cerveau en un quart d’heure : c’est un carnaval d’idées et de phrases grecques, latines, allemandes, françaises, italiennes, philosophiques, géométriques, médicales, poétiques, astrologiques, musicales, pédagogiques, entassées les unes sur les autres, pêle-mêle énorme, prodigieux fouillis de citations entre-croisées, de pensées heurtées, avec la vivacité et l’entrain d’une fête de fous. « J’apprends, dit-il, de nouvelles nouvelles tous les jours, — et les rumeurs ordinaires de guerre, pestes, incendies, inondations, vols, meurtres, massacres, météores, comètes, spectres, prodiges, apparitions, villes prises, cités assiégées en France, en Germanie, en Turquie, en Perse, en Pologne, etc. ; les levées et préparatifs journaliers de guerre et autres choses semblables qu’amène notre temps orageux, batailles livrées, tant d’hommes tués, monomachies, naufrages, pirateries, combats sur mer, paix, ligues, stratagèmes et nouvelles alarmes, — une vaste confusion de vœux, désirs, actions, édits, pétitions, procès, défenses, proclamations, plaintes, griefs, — sont chaque jour apportés à nos oreilles. — De nouveaux livres chaque jour, pamphlets, nouvelles, histoires, catalogues entiers de volumes de toute sorte, paradoxes nouveaux, opinions, schismes, hérésies, controverses en philosophie, en religion, etc.
Voltaire en est un exemple singulier : la Henriade, les tragédies, le Dictionnaire philosophique, l’Essai sur les mœurs ne sont plus guère que des noms, tandis que le romancier de ce Candide improvisé en quelques jours durant sa vieillesse demeure aussi actuel que si le livre datait d’hier. […] Il quitta Slough pour Canterbury et Jersey, où il devait, pendant trois ans, faire ses études philosophiques. […] La société devient un coupe-gorge ou un mauvais lieu… » Et à ces pages en succèdent d’autres, proclamant que « ni la raison philosophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l’honneur, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à suppléer le vieil Évangile. » Mais sur quoi est-il fondé, cet Évangile ? […] Sur cette carte, les siens ont transcrit cette phrase mise par elle à la première page de son paroissien : « Béni soit celui qui posa l’espérance sur les tombes. » Excusez, mon cher Pierre Brisson, le caractère bien philosophique et bien abstrait de cette lettre. […] Permettez-moi d’ajouter encore quelques mots pour vous dire qu’un autre sentiment, d’ordre général et philosophique celui-là, me saisit devant votre assemblée, celui de me trouver en présence des représentants d’une des plus hautes éthiques intellectuelles que nous possédions.
CXVI Une petite iniquité philosophique s’est introduite et s’est consacrée depuis 1817 et dans les années suivantes. […] Une probité philosophique plus scrupuleuse que celle de M. […] Il croit avoir renfermé dans son poème soi-disant philosophique, La Sauvage, toute la quintessenee de la philosophie de l’histoire et le produit net de la pensée politique de ce siècle et de tous les siècles.
Il ne regrette point le ministère aux conditions où il l’a laissé, et il résume lui-même sa situation politique par un de ces mots décisifs qui sont à la fois un jugement très vrai, et un aveu honorable pour celui qui les prononce : « Je sens avec vous combien il est heureux pour moi de n’être plus en place ; je n’ai pas la capacité nécessaire pour tout rétablir, et je serais trop sensible aux malheurs de mon pays. » Et il essaye de se consoler de son mieux, de se recomposer, dans cette oisiveté, quoi qu’il en dise, un peu languissante, un idéal de vie philosophique et suffisamment heureuse : « La lecture, des réflexions sur le passé et sur l’avenir, un oubli volontaire du présent, des promenades, un peu de conversation, une vie frugale : voilà tout ce qui entre dans le plan de ma vie ; vos lettres en feront l’agrément. » Ce dernier point n’est pas de pure politesse : on ne peut mieux sentir que Bernis tout l’esprit et la supériorité de Voltaire là où il fait bien : « Écrivez-moi de temps en temps ; une lettre de vous embellit toute la journée, et je connais le prix d’un jour. » La manière dont Voltaire reçoit ses critiques littéraires et en tient compte enlève son applaudissement : « Vous avez tous les caractères d’un homme supérieur : vous faites bien, vous faites vite, et vous êtes docile. » Bernis n’a pas, en littérature, le goût si timide et si amolli qu’on le croirait d’après ses vers.
Duclos se dit qu’il pouvait se permettre d’en user de même avec l’abbé Le Grand, en appliquant le genre philosophique à l’histoire.
Poirson n’a point été entamé par les innovations de plus d’un genre qui se sont succédé sous nos yeux ; tant de brillants météores qui ont traversé l’horizon historique ne l’ont pas ébloui ; il est resté fidèle à la méthode essentiellement raisonnable, philosophique, à celle de Robertson.
Deux ou trois scènes, qui ont le tort de parler trop complaisamment aux sens, ont masqué la pensée philosophique de ce livre qui est fait pour déconcerter plus d’un lecteur vulgaire.
Une très belle épigramme de Léonidas, et qui tranche par le ton avec les précédentes, est celle qu’il fit pour un certain Phidon qui s’était donné la mort à lui-même, et qui paraît y avoir été poussé par pur dégoût de la vie, par une sorte de mélancolie méditative et philosophique : « Infini, ô Homme, était le temps avant que tu vinsses au rivage de l’Aurore ; infini aussi sera le temps après que tu auras disparu dans l’Érèbe.
Pour moi, et là où je suis plus à même d’en juger, c’est avant tout un esprit bien fait, net, délié, philosophique, au courant de toute science et de toute branche d’étude ; un écrivain facile, alerte, spirituel.
Il y a vingt-cinq ans environ, il mourait dans le canton de Vaud un homme du premier mérite comme intelligence religieuse, philosophique et littéraire, et aussi comme talent et grâce de parole, dans la conversation surtout.
. — Mon cher Pangloss, j’ai reçu votre aimable et philosophique épître du 8/20 février, et après l’avoir lue et savourée, je me suis bien demandé lequel de nous deux était le coupable du silence de 900 jours… Vous broyez donc décidément du noir sur les bords de la Newa, et, à vous entendre, il ne faut s’occuper ni du passé, ni du présent, ni de l’avenir.
La brochure politique, ou plutôt philosophique, qu’il a publiée sur l’état présent de la société, indépendamment de ce vif désir du bien qui respire à chaque ligne, révèle en lui un coup d’œil bien ferme et bien serein au milieu des ruines récentes d’où tant de vaincus et de vainqueurs ne se sont pas relevés.
Quelque hauts services que puissent penser avoir rendus à leur cause les anciens écrivains du Globe devenus députés, conseillers d’État et ministres, je suis persuadé qu’en y réfléchissant, quelques-uns au moins d’entre eux se représentent dans un regret tacite les autres services croissants qu’ils auraient pu rendre, avec non moins d’éclat, à une cause qui est celle de la société aussi : il leur suffisait d’oser durer sous leur première forme, de maintenir leur tribune philosophique et littéraire, en continuant, par quelques-unes de leurs plumes, d’y pratiquer leur mission de critique élevée et vigilante ; aux temps de calme, l’autorité se serait retrouvée.
Revenons au Voyage : les divorces, querelles et raccommodements de l’âme et de l’autre fournissent à l’aimable humoriste une quantité de réflexions philosophiques aussi fines et aussi profondes34 que le fauteuil psychologique en a jamais pu inspirer dans tout son méthodique appareil aux analyseurs de profession.
Quand on aura parcouru la longue série qui va de Desfontaines, par Fréron à Geoffroy, on saura sur toute la littérature voltairienne et philosophique un complet revers qu’on ne devine pas, à moins d’en traverser l’étendue.
M. de Ségur réussit volontiers de même dans quelques-uns de ces petits sujets qui feraient aussi bien le refrain d’un couplet philosophique et qui lui fournissent un Essai : — Rien de trop !
L’Épître sur l’Amour de Dieu est un beau morceau de raison philosophique et de théologie parfois éloquente, où il n’y a pas un grain de poésie religieuse.
On peut ne pas tenir compte de la rude guerre d’épigrammes qu’il fit aux « sorbonistes », aux moines, aux abus de l’Eglise : c’était la tradition du moyen âge, et ce pourrait être aussi liberté philosophique.
Anatole France a rendu après d’autres, après Victor Hugo, après Mme Alphonse Daudet, quelques-uns de ces aspects de l’enfance, cet éveil progressif à la vie de la pensée et à la vie des passions mais à sa façon, dans un esprit plus philosophique et par une analyse plus pénétrante.
Mais ce voyage philosophique à travers les compartiments de la société humaine n’est possible, comme j’ai dit, que si l’on part du plus bas.
On reconnaît là la théorie philosophique connue sous le nom de nominalisme ; tout n’est pas faux dans cette théorie ; il faut lui réserver son légitime domaine, mais il ne faudrait pas non plus l’en laisser sortir.
De 1715 à 1760, la prose méritera de passer avant la poésie et la littérature à visées philosophiques sera sans doute celle qu’il faudra mettre au premier plan.
Tu m’as conduit, à travers un charmant labyrinthe d’opinions philosophiques, historiques et musicales, au temple de Mars, et dans tout et toujours tu conserves ta saine énergie… » Voilà bien le naturaliste contemplateur qui apprécie et réfléchit les impressions d’alentour, mais ne les partage pas.
Au milieu de ces distractions d’esprit et des jeux avec sa chatte qui lui fournit mille sujets d’observations philosophiques et folâtres, Galiani remplit exactement ses devoirs d’homme public et ceux de chef de famille.
Mais les idées philosophiques du siècle l’avaient peu à peu refroidi de cette ardeur de la guerre ; voyant son père d’ailleurs ne songer qu’à lui fermer toutes les carrières régulièrement tracées, il s’était replié sur lui-même, et son esprit « affamé de toutes sortes de connaissances » s’était jeté sur d’autres études qu’il avait approfondies.
Et il y répond comme on pouvait le faire en 1771, en parlant devant une Académie plus qu’à demi composée de philosophes ou de gens du monde imbus des idées philosophiques.
De là un déluge de plaisanteries sur la religion ; l’un citait une tirade de La Pucelle ; l’autre rappelait ces vers philosophiques de Diderot… La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la Révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’est là le premier titre de sa gloire : « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. » Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, que son coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre.
Après quelques premières politesses et quelques réflexions philosophiques sur le bonheur d’être jeune et de courir le monde avec insouciance, comme la lettre du cardinal annonçait Casanova pour homme de lettres, Bonneval se leva en disant qu’il voulait lui faire voir sa bibliothèque : Je le suivis au travers du jardin, et nous entrâmes dans une chambre garnie d’armoires grillées, et derrière le treillis de fil de fer on voyait des rideaux : derrière ces rideaux devaient se trouver les livres.
L’auteur, en introduisant pour cette première fois Figaro, n’avait pas encore prétendu en faire ce personnage à réflexion et à monologue, ce raisonneur satirique, politique et philosophique qu’il est devenu plus tard entre ses mains : Me livrant à mon gai caractère, dit-il, j’ai tenté dans Le Barbier de Séville de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais, comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie.
Par ces côtés positifs, Volney était un membre utile de l’émancipation de 1789 ; mais il y mêlait une passion philosophique singulière, et, entre toutes celles du même genre qui éclataient alors, la sienne se distinguait par un caractère aigu et ardent.
Dureau de La Malle, et il y avait fait mettre cette inscription philosophique, qui semblait protester à demi contre ces honneurs que pourtant il ne répudiait pas : en 1802 le voyageur volney devenu sénateur, peu confiant dans la fortune, a bâti cette petite maison plus grande que ses désirs.
Il faut avouer que ses compliments sont à peu près dans ce goût : « Autrefois, je ne vous connaissais pas, je ne vous lisais pas, je ne rencontrais que des gens qui me disaient du mal de vos romans… Maintenant tout est changé… alors je vous lis, je vous lis avec un grand plaisir… et vous trouve vraiment beaucoup de talent… Mais au fait, on dit que vous avez aussi publié des livres d’histoire très curieux… moi je n’y croyais pas, quand j’ai commencé à lire vos romans… je les ai trouvés si bien, que ça me mettait en défiance contre vos autres livres… Je me disais : ils sont trop romanciers pour être des historiens… » * * * — Voltaire n’a que l’esprit, tout l’esprit d’une vieille femme du xviiie siècle ; mais jamais de son esprit ne jaillit une pensée, ayant la moindre parenté avec une pensée de Pascal, avec une pensée de Bacon, avec n’importe quelle pensée d’une grande cervelle philosophique.
Schopenhauer, Taine et Nietzsche ont fait de la métaphysique ou de la psychologie en un style plein d’images expressément créées par eux pour expliquer leurs visions ; tous les trois furent de grands visionnaires devant lesquels l’Abstraction elle-même, comme au regard d’un démiurge, se mettait à vivre et à remuer sous ses longs voiles gelés par les hivers philosophiques.
Pierre Janet, Revue philosophique, août 1886.
Aujourd’hui encore, on voit les joueurs croire à quelque divinité occulte de ce genre, qu’ils appellent la chance, et qui se joue de toutes les combinaisons, de tous les desseins ; c’est bien là en effet une sorte de fatalisme, mais ce n’est pas là le fatalisme philosophique.
Notre époque abonde en essais de tous genres, économiques, philosophiques et artistiques.
L’affectation du style, toujours pénible et choquante, l’est principalement dans les matières philosophiques, qui doivent briller de leur propre beauté, ou l’ornement est le sujet même, et qui rejettent comme indigne d’elles toute parure empruntée d’ailleurs : c’est principalement à ces matières qu’on doit appliquer le beau passage de Pétrone : Grandis, et ut ita dicam, pudica oratio, naturali pulchritudine exurgit.
L’esprit philosophique de Voltaire a frappé de stérilité une composition déjà aride par elle-même ; car il ne faut pas qu’un homme de talent s’imagine qu’il puisse créer la poésie, s’il ne la trouve pas toute faite.
Amédée Thierry est chrétien, coupe-t-il le récit des miracles de saint Séverin par de petites interrogations philosophiques et sceptiques ?
cette seconde partie, qui renferme dix-huit ans d’édifications et de renversements philosophiques et littéraires, cette période, la plus importante et la mieux remplie de celles que l’écrivain a entrepris de raconter, cette histoire enfin de la littérature sous le gouvernement de juillet, qui est l’histoire de la jeunesse et de la maturité du xixe siècle, est inférieure à l’Histoire de la Littérature sous la Restauration, qui l’a précédée.
Je l’ai dit, ce que j’y ai trouvé, c’est un philanthrope, un attendri, un coryza philosophique, un mélange heureux de Cabet et de Garnier-Pagès.
J’analyserai ensuite la valeur philosophique et artistique de ce singulier homme, et à la fin, avant de me séparer de lui je donnerai la liste des différentes séries et catégories de son œuvre ou du moins je ferai pour le mieux, car actuellement son œuvre est un labyrinthe, une forêt d’une abondance inextricable.
Ma querelle était plutôt de nature littéraire et tant soit peu philosophique, et laissait derrière elle, tout en l’impliquant, la question technique des résultats mentaux et animiques de la chasteté.
Le Droit nouveau est un Droit à principes philosophiques ; les auteurs des Pandectes, en juristes stoïciens, prétendent conformer les lois aux exigences de la Raison ; pour l’éducation de l’humanité ils inscrivent les maximes égalitaires au fronton du temple. — Et si l’on exagère lorsqu’on représente, à la fin de l’Empire romain, tout le peuple pénétré des idées nouvelles, on ne se tromperait pas moins en croyant qu’elles demeuraient cachées dans le cerveau des quelques juristes isolés.
Ce changement dans mes opinions religieuses s’était opéré par la lecture des livres philosophiques. » C’est donc un disciple et un admirateur de Rousseau et de Bernardin qui part pour l’Amérique. […] Peut-être que, la nuit où il s’abandonnait à ce désespoir philosophique, le pauvre garçon avait particulièrement froid dans sa mansarde. […] Et il ne vous échappera point que ce « retour à la nature », c’est, en un sens, le suprême désespoir philosophique, puisque c’est la négation de l’utilité de toute l’œuvre humaine. […] C’est l’œuvre d’un jeune disciple de Rousseau, qui a vu du pays ; c’est un poème épique ; c’est un roman historique et exotique ; c’est un conte philosophique ; c’est je ne sais quoi encore. […] Il la retrouve un peu plus tard ; elle est enceinte, elle va être condamnée à mort : mais il s’accuse lui-même, la défend et la sauve par l’éloquence de ses propos philosophiques et de ses invectives contre le fanatisme et l’intolérance.
On l’avait chargée d’un rôle qu’elle sait jouer, et pourtant qui n’est pas le sien : d’un rôle social, et philosophique, et politique. […] Il inventa une mélancolie philosophique et poétique vers le moment où le merveilleux chagrin de Chateaubriand commençait d’alarmer les imaginations. […] Ce qu’il invente, c’est, en quelque sorte, une dialectique de l’ineffable… Et Vauvenargues, si malheureux, ce qu’il invente, c’est la sérénité philosophique. […] Il y a du fatras, s’il faut l’avouer, dans ces brouillons ; du fatras et de belles pages : et des pages surtout qui éclairent d’un jour assez vif les idées philosophiques et littéraires de cet écrivain. Quant à ses idées philosophiques, Sainte-Beuve a publié une note de Chênedollé selon laquelle le poète d’Hermès se fût montré à ses contemporains « athée avec délices ».
S’il se tient au-dessus de la vie sensuelle, il reste au-dessous de la vie philosophique. […] La poésie des grandes inductions philosophiques est faible auprès de la persuasion intime enracinée par tant de descriptions positives et détaillées.
Royer-Collard en a enrichi la langue philosophique : Ceci est brutal comme un fait, nous dirions que le regard participe de la brutalité du fait quand il ne s’élève pas au-dessus du fait pour le sentir dans le cœur et pour le juger dans la conscience. […] Le premier rôle est à Bonaparte, jouant quelquefois l’indifférence philosophique et le dégoût des grandeurs pour menacer le monde d’une éclipse de génie et de force.
Tu auras été ivre de sécurité et de joie en voyant cette république, qui se craignait elle-même, abolir courageusement la peine de mort le lendemain de son avènement imprévu, de peur d’abuser jamais des armes que tous les régimes s’étaient transmises jusque-là les uns aux autres pour immoler leurs ennemis ; tu auras frémi d’espérance en voyant cette démocratie philosophique déclarer la paix au monde étonné ; tu auras eu le délire de l’admiration en voyant quelques citoyens obéis par le peuple et pressés par d’innombrables prétoriens de la multitude de perpétuer leur dictature ; tu les auras vus, au contraire, appeler la nation entière à se lever debout dans ses comices afin de remettre plus vite cette dictature à la nation représentant cette légitimité des interrègnes ; et quand la nation, relevée par la main de ces hommes de sauvetage, aura repris son aplomb et son sang-froid, tu n’auras eu pour ces citoyens, victimes émissaires de leur dévouement, que des calomnies, des mépris, des outrages, des abandons, pour décourager les abnégations futures, et pour montrer à l’avenir qu’on ne sauve sa patrie qu’à la condition de se perdre soi-même : mauvais exemple qui ne profitera pas à la nation. […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !
Il y a la scène où la grande comédienne est gamine et fait rire ; la scène où elle se déshabille, largement ; la scène où, les yeux chavirés, elle s’abandonne à des étreintes furibondes et colle sa bouche sur celle de son amant ; la scène attendrissante et généreuse où elle nous découvre la délicatesse de son cœur ; la scène de jalousie et la scène de rupture, où, parmi les sanglots et les hoquets, elle crie (du nez) sa souffrance, sa rage, son désespoir et, par surcroît, son mépris de l’humanité ; la scène philosophique où elle se révèle femme supérieure et experte aux ironies désenchantées… Et enfin il y a la scène non prévue, celle où elle fait ce qu’on ne l’avait pas encore vue faire. […] Bref, Zaza, c’est la sempiternelle histoire de la courtisane amoureuse, une variation de plus sur le thème de Manon Lescaut, de la Dame aux Camélias et de Sapho (avec un dénouement « philosophique », à l’instar d’Amants).
Dans la société, comme dans l’esprit de chacun, il s’est établi à cette époque, à la fois si philosophique et si chrétienne, une sorte d’équilibre entre l’imagination qui grossit le mal et provoque la résistance, et la raison qui reconnaît le bien et fait trouver dans l’obéissance de la douceur et de l’honneur. […] Qu’est-ce que le Télémaque, sinon le premier roman philosophique de notre langue ?
Dans la chambre d’Albert, la vue de deux pistolets lance Werther dans une discussion philosophique sur le suicide, discussion tout impersonnelle, bien éloignée encore de la résolution qu’il prendra un jour. […] Un troisième trait du système philosophique substitué par les réalistes à l’observation de la réalité, c’est le fatalisme.
Si les individus, ainsi que les sociétés qu’ils composent, ont besoin, pour alimenter leur vie, d’un mensonge religieux, philosophique ou sentimental, les poètes sont les êtres les plus vivants, parmi ces individus, puisqu’ils poussent leur faculté d’illusion jusqu’à la métamorphose, jusqu’à se vouloir tout à fait autres à leurs propres yeux, et à s’inventer des sentiments et des passions qui deviennent les principaux mobiles de leur activité cérébrale, et, par répercussion, physique. […] Je ris de voir les gens trouver l’ombre angoissante Et vouloir pénétrer ce qui n’existe pas… J’aime ce rire philosophique, jeune frère du rire de Zarathoustra ; j’aime ce sourire ironique qui se glisse sous les frondaisons de l’Automne. […] La beauté morale est une vertu tout artificielle et presque contre nature : on ne se doute pas de toutes les essences littéraires et philosophiques dont il fallut imbiber cette fragile églantine pour en créer cette rose pourpre et embaumée.
Le dialogue, tel qu’il l’entend, a donné naissance à la dialectique platonicienne et par suite à la méthode philosophique, essentiellement rationnelle, que nous pratiquons encore. […] Erreur qui explique l’échec des morales proprement intellectualistes, c’est-à-dire, en somme, de la plupart des théories philosophiques du devoir. […] L’illusion fait le fond de maint problème philosophique, dont la Dichotomie de Zénon a fourni le modèle.
Un jour, à Guernesey, après déjeuner, les deux hommes se prirent de discussion sur des matières philosophiques et religieuses, et comme Vacquerie poussait très avant sa pointe et rétorquait sans ménagement, à mesure qu’ils se produisaient, tous les arguments d’Hugo, celui-ci, tout rouge presque de colère, de se voir acculé de si près, s’écria : « Eh bien, je vous répondrai dans huit jours », et il monta s’enfermer dans le belvédère qui dominait sa maison et qui lui servait de cabinet de travail, y resta huit jours sans en descendre, y couchant, y mangeant. […] Mais quelque nerveusement gracieux, puissamment gentils, philosophiques aussi dans leur si poétique envol que soient ces affiches, ces en-tête de partition, ces couvertures de livres, la louange comme lyrique et toute vibrante, toute pénétrée également de belle, bonne, profonde esthétique qu’en fait le délicieux écrivain, d’ailleurs jamais dupe d’aucun emballement à côté, place Roger Marx, et ce sera le dernier mot de notre trop rapide travail, au nombre des rares juges dont la critique pénétrante, intuitive et sûre s’enveloppe d’un style approprié, poétique et artiste au suprême et ceci tenez-vous le dit et bien dit. […] Quoiqu’il en soit, le nom de Racine, jusque-là près de deux fois séculairement vénéré, mieux que cela, célébré, avait passé triomphal, à travers les générations et leurs vaines ou sérieuses préoccupations, vainqueur des rivalités de son temps, des préoccupations guerrières, diplomatiques, théologiques ou philosophiques, vainqueur des tumultes de la Révolution, des gloires de l’Empire.
Il faut observer, 6°. que comme les terminaisons introduites par la dérivation grammaticale forment ce qu’on appelle déclinaison & conjugaison, on peut regarder aussi les terminaisons de la dérivation philosophique comme la matiere d’une sorte de declinaison ou conjugaison philosophique. […] Il y a lieu de croire que ce dictionnaire philosophique, en apprenant des mots, apprendroit en même tems des choses, & d’une maniere d’autant plus utile, qu’elle seroit plus analogue aux procédés de l’esprit humain. […] Nous dirons simplement qu’il y a peu d’ouvrages de Grammaire dont on ne puisse tirer quelque avantage, mais aussi qu’il y en a peu, ou il n’y ait quelque chose à desirer pour le philosophique. […] Formation deux sortes de dérivation, l’une philosophique, & l’autre grammaticale. La dérivation philosophique sert à l’expression des idées accessoires propres à la nature d’une idée primitive.
Bloy n’est ni religieux, ni philosophique, ni humain, ni mystique ; le génie de M. […] René Ghil est un poète philosophique. […] Car, tandis que, dans la série des notions générales, positivisme prenait le sens, tout moderne, de réalisme philosophique, pour les adeptes, le mot gardait un sens religieux, sentimental et presque amoureux. […] Plus qu’une esquisse et moins qu’une œuvre achevée, ce petit roman philosophique est curieux : c’est un duel tragi-comique entre la Science et la Poésie, entre l’Idéalité et le Positivisme, conté en un style adéquat au sujet, tantôt bizarrement familier, tantôt mesuré et stellé de belles métaphores.
Lemaître d’avoir la logique serrée, la profondeur philosophique, les vastes généralisations ou la puissance d’analyse d’un Taine ou d’un Bourget. […] Son plaidoyer se termine en oraison funèbre, et sa conclusion est qu’après tout il ne serait pas philosophique de s’affliger outre mesure d’une disparition nécessaire. […] J’essaierais bien de lui prouver que la critique peut et doit être à la fois science et art, objective et subjective, comme on dit en jargon philosophique ; que la question de goût, matière à controverse, se complique d’une question de fait, matière à constatations scientifiques ; que, si l’appréciation d’un ouvrage varie nécessairement avec les individus, l’analyse bien faite du même ouvrage et des conditions où il est né aboutit à des résultats constants et vérifiables sur lesquels tout le monde peut et doit tomber d’accord : que les procédés d’un auteur, les qualités distinctives de sa langue et de son style, certains facteurs de son talent peuvent être déterminés d’une façon aussi nette et aussi précise que la structure d’une plante ou les propriétés d’un métal. […] Il le prend au sérieux, au tragique même, et voilà comme sa critique va être surtout explicative et philosophique. […] J’entends par là qu’il en est arrivé à s’occuper des conséquences que peut avoir pour la société une doctrine philosophique ou même un simple roman.
Il est généralement reconnu qu’Hamlet est la plus philosophique des tragédies de Shakespeare, la plus abstraite, si l’on peut se servir de ce mot. […] Ne croyez pas qu’il aime la vérité par curiosité passionnée, comme nous l’aimons trop souvent ; non, elle est pour lui une affaire de vie ou de mort ; il l’aime avec cette intrépidité philosophique qui pousse une grande âme à contempler son redoutable aspect, dût-elle mourir ensuite du secret pénétré, comme on mourait chez les Juifs, lorsque l’oreille avait reçu le son des syllabes du nom mystérieux d’Adonaï. […] Cet amour de la vérité pure et nue, cette ardeur à briser les enveloppes et les symboles, à chercher les réalités qu’ils cachent, cette haine de l’apparence ne sont pas seulement les qualités philosophiques et scientifiques des temps modernes. […] Les sources de la sagesse sont pour Goethe les mêmes que celles de l’art, ses opinions philosophiques sur la conduite de la vie ont la même solidité substantielle et concrète que ses opinions sur la poésie. […] Vous sentez votre éducation vous abandonner insensiblement et votre scepticisme philosophique s’écouler hors de vous comme le blessé sent la vie s’écouler hors de lui avec chaque goutte de son sang.
Vous trouvez ici la même vue générale de la société que dans les contes philosophiques de Voltaire, la même entente de la satire synthétique ; et c’est presque le même dédain du paysage et du détail minutieux, la même façon brusque d’introduire dans le récit des personnages imprévus. […] et je n’ignore pas que, grâce à leur impersonnalité même, Candide et l’Ingénu sont de tous les temps : ce qui, évidemment, constitue une supériorité, au point de vue philosophique ; mais, aussi, ne sont-ils d’aucun temps : ce qui, au point de vue artistique, constitue une infériorité grave. […] Pour tout dire en un mot, nous sentons Eusèbe à côté de nous ; dans cet homme, qui est l’homme, nous reconnaissons un contemporain : et voilà pourquoi l’on peut dire que la bêtise humaine est un roman de mœurs autant qu’un roman philosophique. […] Lacordaire, il les considère chacun sous le quintuple rapport : philosophique, religieux, politique, historique et littéraire, qui, nous y insistons, est un pour lui. […] On voudrait qu’elle se montrât ce qu’elle fut en 1830, mais d’une façon plus large, plus humaine, plus philosophique : l’initiatrice, le héraut de la littérature et de l’art nouveaux, que chacun appelle dans l’impatience de son esprit, et qui viendraient plus vite, sommés par elle !
C’est un poème philosophique. […] Le Pour et Contre est de 1733, les Lettres philosophiques sur l’Angleterre sont de 1734. Il est vrai que l’édition anglaise des Lettres philosophiques est de 1733 ; mais ce n’est qu’en français, en 1734, que les Français les ont lues. […] Il n’y a que nous qui n’ayons jamais de raisons personnelles dans nos démarches littéraires et philosophiques. […] On me le représenterait comme un Béranger supérieur, au point de vue philosophique, religieux et moral, que je ne protesterais pas avec véhémence.
Il ne croit guère aux indulgences, il croit aux prières : « Les prières des gens de bien servent merveilleusement. » Quand il est près d’être continué dans sa charge de doyen (novembre 1651), sentant le poids et les devoirs qu’elle lui impose, il écrit à un ami : « Je me recommande à vos grâces et à vos bonnes prières. » Il a sur la mort en toute rencontre des réflexions philosophiques dont il relève la banalité par un sentiment vif et un certain mordant d’expression : M. le comte de R. est mort comme il a vécu.
C’est là une grande prédisposition pour l’historien en tant que narrateur et peintre, et, s’il peut joindre à cette faculté première et indispensable une réflexion plus secrète, la recherche des causes, ce sera tant mieux, et il s’élèvera alors à toute la hauteur de sa mission, quoiqu’il y ait toujours un peu à craindre qu’avec cette qualité de plus, avec ce fonds philosophique, le tableau du premier plan ne perde quelque chose de sa sincérité et de sa fraîcheur, et que la représentation des événements qu’on est jaloux d’expliquer ne conserve pas la même netteté involontaire, la même franchise.
Moins de vingt-cinq ans après, Voltaire qui d’abord s’était annoncé si peu comme devant être le successeur de Bayle et celui qui le détrônerait, Voltaire qui inaugurait ce nouveau rôle philosophique par ses Lettres sur les Anglais (1733), disait vers le même temps dans ce charmant poème du Temple du Goût, à l’endroit où il se représente comme visitant la bibliothèque du dieu : « Presque tous les livres y sont de nouvelles éditions revues et retranchées.
Il y a de bonnes petites anecdotes, des traits philosophiques, en un mot de tout ce qu’il faut pour plaire, et j’ai bien regretté ma pauvre Mme de Mérigniac, qui en était folle.
Toutes les vertus que possède l’abbé Carron ravissent son cœur, et les qualités même qu’il n’a pas, ses limites du côté des idées du siècle et dans l’ordre de l’intelligence philosophique, lui semblent une vertu de plus, un signe de perfection et d’avancement dans la ligne évangélique.
Claude Turpault, esprit très élevé, mathématique et philosophique : « Le 7 mai (1869)… Je tiens à vous dire avec quelle vive satisfaction j’ai lu, dans les articles de Sainte-Beuve sur Mme Desbordes-Valmore, la touchante lettre par elle à vous adresser qu’il y cite, et qu’il contresigne en quelque sorte : c’est un bien précieux témoignage, et vous l’avez mérité !
En un mot, il y avait de la foi jusque sous le libertinage de ces temps-là, et il se glisse du scepticisme jusque dans nos croyances philosophiques d’aujourd’hui, et pourquoi ne pas ajouter : jusque dans nos professions chrétiennes ?
Otez de ses contes la Femme de trente ans, la Femme abandonnée, le Rèquisitionnaire, la Grenadière, les Célibataires ; ôtez de ses romans l’Histoire de Louis Lambert, et Eugénie Grandet, son chef-d’œuvre, quelle foule de volumes, quelle nuée de contes, de romans de toutes sortes, drolatiques, philosophiques, économiques, magnétiques et théosophiques, il reste encore !
Avait-il bien dessein en cela, comme il le déclare dans la préface de la Vigie, d’amener, d’induire, par les critiques mêmes qu’on lui ferait, le parti libéral et philosophique à reconnaître qu’il n’est pas de bonheur pour l’homme sur la terre si on lui arrache toute illusion ?
En 1753 (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Population ), le dénombrement des feux donne 3 550 499 feux, outre 700 000 âmes à Paris, ce qui fait de 16 à 17 millions d’habitants si l’on compte par feu 4 personnes 1/2 et de 18 à 19 millions si l’on en compte 5.
II La mort, cependant, s’approchait de Laurent ; il l’accueillait avec la même philosophique résignation qu’avait montrée Côme, son père.
Prenons bien garde que la critique historique est la dernière née, et que la critique philosophique pendant deux ou trois siècles a fait son œuvre sans elle et même parfois contre elle.
Le mauvais esprit philosophique y gâte les enseignements du bon.
La déclamation est tout le fond de ses œuvres philosophiques ou historiques, et la morale qui excuse Sénèque d’avoir écrit pour Néron l’apologie du meurtre de sa mère, ne se trouve pas dans les livres de ces jésuites qu’il contribua de sa personne à faire chasser.
Cet incurable ennui n’était pas soutenant une maladie patricienne et philosophique, elle était dans l’air.
Le marquis, homme supérieur, mais orgueilleux, féodal, antique à la fois et au coup d’œil prophétique, d’une de ces races sans mélange dont l’heure finale avait sonné, éprouvait pour ce fils, qui penchait vers les courants du siècle, vers ce qu’il appelait la canaille philosophique, encyclopédique, plumière, écrivassière et littéraire, une sorte d’étonnement, d’admiration même, antipathique et répulsive, et qui, par moments, ressemblait fort à de l’effroi et à du dégoût.
C’est peut-être pour n’avoir pas analysé d’abord notre représentation du temps qui coule, notre sentiment de la durée réelle, qu’on a eu tant de peine à déterminer la signification philosophique des théories d’Einstein, je veux dire leur rapport à la réalité.
Mais, au moment d’attaquer le problème, je n’ose trop compter sur l’appui des systèmes philosophiques.
Aucune doctrine philosophique, pourvu qu’elle s’entende avec elle-même, ne peut d’ailleurs échapper à cette conclusion.
Car ce poëte, ce musicien, est un sage, un disciple immédiat de l’école philosophique la plus pure avant Socrate et Platon, de cette école pythagoricienne qui, mêlant l’ardeur ascétique à la science, inspira les premiers martyrs de la vérité morale et forma plus tard le héros le plus honnête homme de l’antiquité, Épaminondas, élève du chanteur Olympiodore et du philosophe Lysis, en même temps que le plus agile coureur de la lice thébaine8, Épaminondas, grand homme, sans les vices trop fréquents des héros antiques et les défauts ordinaires des hommes.
Dans la perte de l’œuvre d’Eschyle, dans l’insuffisance des témoignages qui la rappellent, on ne peut attribuer au Prométhée délivré d’autre caractère que cette élévation philosophique, émanée de Pythagore, qui nous a frappé dans Pindare, et qui semblait une tentative de réforme du polythéisme.
ne nous parlez pas de ces poètes philosophes, qui pèsent les croyances à leur utilité sociale ou philosophique, et qui pensent presque honorer de leur protection les dogmes populaires qu’ils chantent. […] Son poème ressemble à ce que les anciens appelaient une déclamation philosophique, c’est-à-dire à quelque chose qui se fait sans nécessité et sans conviction. […] J’avoue que les héritiers ab intestat du mépris philosophique du xviiie siècle pour la confusion apparente du moyen âge et pour son art gigantesque, ont un trop grand sacrifice à faire pour s’accoutumer à cette cathédrale vivante, qui a d’étranges murmures et d’étranges silences, qui se plaint, qui se réjouit, écho animé du siècle qui gronde à ses pieds. […] Victor Hugo écrit dans un pays de littérature philosophique et applicable, et dans une langue qui excelle surtout à exprimer tous les ordres d’idées qui y répondent. […] Ce n’est pas la description que nous admirons dans les antiques épopées, cette description simple, sommaire, qui se compose de peu de traits, et qui s’attache bien plus à faire sentir la vie d’un objet qu’à en représenter l’aspect matériel ; cette description plus philosophique que physique, dont l’effet est bien plutôt de faire rêver l’âme que de déployer des panoramas devant l’imagination ; c’est la description des littératures en décadence, plus physique que philosophique, exacte et minutieuse comme un état de lieux, et rendant les choses non plus avec ces formes adoucies et fondues qu’elles ont dans la nature visible, mais avec ce luxe de couleurs, d’aspérités, d’angles, et ce grossissement des proportions que leur prête le microscope.
Gassendi et Condillac lui donnent sa formule philosophique. […] L’Encyclopédie fut une enquête philosophique et scientifique ; l’art, lui aussi, devint une enquête qui eut, comme l’autre, Diderot pour grand ouvrier. […] L’éclectisme philosophique fut si vite et si bien accueilli, qu’il crut être une doctrine originale. […] Pour les comparer, nous les examinerons successivement selon leur inspiration philosophique, selon leur matière, selon leurs procédés artistiques. […] Mazas, cette « conception architecturale digne de prendre place à côté des œuvres les plus philosophiques de l’école critique ».
Ce grand prophète disait, bien avant de commencer à écrire la Vie de Jésus : « Ce serait certes une œuvre qui aurait quelque importance philosophique, que celle ou un critique ferait, d’après les sources, l’histoire des origines du christianisme. […] On nous promettait une « histoire littéraire », c’est-à-dire, dans le sens habituel de ces mots, une occupation récréative, ou, en tout cas, inoffensive, et l’on nous apporte un système philosophique, le plus rigoureux, le plus implacable de tous les systèmes. […] Ni la raison philosophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l’honneur féodal, militaire et chevaleresque, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à le suppléer dans ce service. […] L’auteur de Balthazar a plutôt appris, dans sa longue familiarité avec les elzévirs qu’il estime et les incunables qu’il révère, une sagesse philosophique et souriante, une ironie doucement inactive. […] Ces dialogues philosophiques semblent être la déviation d’un instinct contrarié, vicieux et inassouvi.
Michelet, au commencement de son Histoire de France, a appelé d’une manière plus générale et plus philosophique, « la vive et rapide sympathie du génie gallique, son instinct social ? […] Sous ce ciel nuageux, voilé, l’homme intelligent et rêveur tourne aisément à la mélancolie ou à l’abstraction philosophique : il est Descartes ou Spinoza, s’il n’est pas Rembrandt ou Ruysdael. […] Il est curieux, alors, d’observer notre poète moraliste, muni de ses bonnes grosses maximes philosophiques traduites de l’Antiquité, essayant de les accommoder avec ses progrès à la cour et avec ses obligations de poète courtisan et d’historiographe. […] Rien entendu, ce procédé n’exclut nullement tous les autres : il ne rejette ni la critique des mots et du langage, qui va de la grammaire à la rhétorique, et de la rhétorique à la philologie ; ni la critique philosophique, qui, sous le nom particulier d’esthétique, remonte aux principes de l’art et se flatte de pénétrer l’essence même de la beauté ; ni la critique historique et morale, qui éclaire l’œuvre par la vie de l’auteur et la vie de l’auteur par l’œuvre, les replace dans leur siècle comme dans leur cadre et dans leur vrai jour, ou plutôt les reconstitue vivants, et ressuscite ensemble et l’œuvre et l’homme, et les contemporains, non d’un seul pays, mais de tous, par les littératures comparées et par l’histoire universelle. […] « L’école de Düsseldorf procède par des raisonnements abstraits et philosophiques ; l’école anglaise, par l’analyse physique poussée à la dernière extrémité ; l’école française, par la perception artiste et le sentiment… « J’ai voyagé avec des paysagistes de Düsseldorf, sur le bateau à vapeur du Rhin : — « Oh !
Pascal a montré dans le péché originel la solution unique des antinomies philosophiques. […] C’est exactement l’envers de l’esprit philosophique ou scientifique, lequel voit les choses par formules. […] Le fondement philosophique de l’ancienne critique comme de l’ancienne politique était le dogme cartésien de l’identité des esprits. […] Il manque d’idéalisme — au sens philosophique et intime de ce mot — à un incroyable degré. […] Ce sont des phrases inexplicables sinon par une altération du sens des mots, produite elle-même par une altération des idées philosophiques.
Avant lui, la fable n’était qu’une moralité ; tandis que Phèdre, par exemple, compose de dessein délibéré, avec des réflexions philosophiques, enfermé dans son cabinet, appliquant sa leçon à tous les hommes, disant en style sec que « le faible périt quand il veut imiter le puissant26 », La Fontaine vient de la cour ou de la ville, raconte sans songer ce qu’il a vu, et sa morale s’applique aux contemporains. […] Le voici qui trouve mieux encore : après l’argument aristocratique, l’argument philosophique ; le panégyriste improvise une théorie du droit et une réfutation de l’esclavage ; il attaque éloquemment le berger qui s’arroge sur les animaux « un chimérique empire. » Ainsi parle un orateur de la couronne : « Quand vous voudrez revendiquer une province, disait le grand Frédéric à son neveu, faites provision de troupes.
Le livre des Contemplations, d’autre part, grave, spirituel, philosophique, rêveur, d’une inspiration complexe, mêle les voix sans nombre de la nature aux douleurs et aux joies humaines ; car, si Victor Hugo sait faire vibrer toutes les cordes de l’âme, il sait, par surcroît, voir et entendre, ce qui est plus rare qu’on ne pense. […] On dirait qu’il veut nous donner la preuve de l’immortalité toujours féconde de son génie au-delà de ce monde, comme il aimait à l’affirmer d’après la conviction philosophique qu’il s’était faite.
C’est alors que, l’œil fixé sur des événements tout à la fois risibles et formidables, et sous l’influence de cet esprit de mélancolie chrétienne et de critique philosophique que nous observions tout à l’heure, la poésie fera un grand pas, un pas décisif, un pas qui, pareil à la secousse d’un tremblement de terre, changera toute la face du monde intellectuel. […] C’est, disons-le en passant, pour cette dernière raison que le drame, unissant les qualités les plus opposées, peut être tout à la fois plein de profondeur et plein de relief, philosophique et pittoresque.
XXXIV C’est dans le cours de ces dernières années de la restauration et de ces premières années du règne illettré de 1830 que je fus ébloui ou attiré tour à tour par cette foule de noms éclatants où s’égarent les souvenirs, tant l’esprit, le talent, le génie, y font foule : Casimir Delavigne ; Augustin Thierry ; Michelet, le Shakespeare du récit, qui introduit la comédie dans l’histoire ; Rémusat ; Mignet ; Alexandre Soumet ; Aimé-Martin, qui aurait mérité la gloire par sa passion des lettres ; Henri Martin, qui change les chroniques en histoire ; les deux Deschamps ; Ozanam, qui traduisait la métaphysique du Dante ; Boulay-Paty, qui traduisait l’amour et le platonisme de Pétrarque ; Musset, le Corrège du coloris sur les dessins trop voluptueux de l’Albane ; Alphonse Karr, le Sterne du bon sens et du bon cœur ; Méry et Barthélemy, deux improvisateurs en bronze qui ont fait faire à la langue des miracles de prosodie ; Laprade, qui donne à la poésie religieuse et philosophique la sérénité splendide des marbres de Phidias ; Autran, qui chante la mer comme un Phocéen et la campagne comme Hésiode ; Lacretelle l’historien, qui devint poète avec les années sous les arbres de son jardin voisin du mien, comme le bois de l’instrument à corde qui devient plus sonore et plus harmonieux en vieillissant ; Ségur, le poète épique de la campagne de Russie ; Dargaud, le second Ronsard de Marie Stuart ; Barbier, dont l’ïambe vengeur, en 1830, dépasse en virilité l’ïambe d’André Chénier à l’échafaud ; Saint-Marc Girardin, un de ces esprits délicats qui se trempent au feu des révolutions et qui passent de plain-pied d’une chaire à une tribune, transportant l’homme de lettres dans l’homme politique et l’homme politique dans l’homme de lettres en les grandissant tous les deux ; une foule d’autres, dont je n’ai pas le droit de parler parce que je ne les ai connus que par leurs noms, ou que j’ai trop aimés pour que j’en parle sans partialité ! […] Il y a dans cette sensation des frissons intérieurs d’isolement posthume et de plaisir philosophique que les hommes jeunes et avides de regards ne peuvent comprendre.
Sans doute, Diderot, esprit philosophique, esprit de science, préfère encore la vérité crue à l’ornement de convention. […] Après avoir étudié avec vous la valeur scientifique, philosophique et morale des œuvres de M.
Caro, ont admis que son pessimisme reposait sur des idées philosophiques indépendantes de ses souffrances personnelles. C’est cette seconde thèse que défendait Leopardi lui-même, qui écrivait à son ami de Sinner, dans une lettre souvent citée : « Ce n’a été que par un effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés des mérites de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières et que l’on s’obstine à attribuer à ces circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement. […] Placé entre Holman Hunt et Rossetti, Millais, plus qu’eux en possession de son talent, mais d’un esprit moins philosophique et plus facile, rempli du reste, comme eux, d’ardeur et de noble ambition, devait facilement accepter leurs enthousiasmes. […] Les Malavoglia sont le premier volume d’une série qui a pour titre général : les Vaincus ; les personnages des divers livres qui doivent la composer appartiendront à des classes opposées de la société : le lien n’est donc pas, comme dans l’œuvre de Balzac, dans la rencontre des mêmes individus et le retour, de volume en volume, des mêmes héros ; il est seulement dans l’idée philosophique de l’auteur, qui se propose de représenter les vaincus dans toutes les phases de la lutte pour la vie. […] Donnez-moi au moins le temps de rassembler mes souvenirs, sinon je vous ferai un papotage sans queue ni tête. — Non, Monsieur, ne préparez rien ; je ne veux pas une dissertation philosophique, et encore moins une page d’histoire militaire, Dites-moi, comme cela vous viendra, tout ce que vous avez vu. — Vous le voulez absolument ?
Suspecte, la libre recherche philosophique ! […] Cette ironie-là n’est donc qu’une forme de la probité philosophique. […] Et quant à la Guerre des dieux, ce n’est qu’un mélange de blasphèmes et d’obscénités, un amalgame désobligeant de la Pucelle et du Dictionnaire philosophique. […] Enfin, dans le royaume de la lune, les enfants naissent pourvus de toutes les décorations : on les leur arrache à mesure qu’ils se distinguent par des actes méritoires… Tout ça, c’est des plaisanteries de conte philosophique, et de conte philosophique médiocre. […] … » Elle part cependant pour s’offrir quelques heures de « contemplation philosophique ».
L’Arioste, enclin à se moquer et à rire de tout, entrelace extravagamment les ressorts de la fable et de la bible : est-ce que déjà trop clairvoyant pour son siècle dévot, son esprit un peu philosophique avait devancé les spéculations du maudit siècle de lumières ? […] J’avais créé sa religion et ses lois philosophiques après l’avoir créé lui-même ; il me fallut encore créer les localités de son empire. […] Gardons-nous de nous laisser séduire à de semblables modèles ; et si nous voulons prendre l’exemple d’un bon épisode dans la Henriade, relisons le combat du vieux et du jeune d’Ailly : cet incident sort bien du sujet d’une guerre civile : il met bien en action la plus philosophique leçon qu’il faille en tirer : là le fils et le père ont l’épée à la main l’un contre l’autre : là le père immole son enfant, qu’il méconnaît dans les rangs du parti contraire ; et là l’enfant eût égorgé son père méconnu de même, si celui-ci n’eût remporté le premier une détestable victoire. […] À peine quelques vers sur la triomphante entrée de Henri IV consacrent-ils les heureux effets de sa clémence et de la joie populaire, en ce cours de crimes bien signalés par la philosophique indignation de Voltaire. […] Cet exemple est trop favorable au système philosophique par lequel je corroborai la puissance des préceptes de l’art d’écrire, pour que je néglige d’en appuyer mes maximes.
Je n’étais nullement endurci par la doctrine de l’école philosophique, qui m’avait appris à supporter la douleur et à mépriser la mort. […] Nous aurions eu sur la seconde moitié du dix-huitième siècle un livre où la critique sociale aurait tenu autant de place que la critique philosophique où poétique, un livre qui fût devenu plus familier aux hommes du monde qu’aux gradués des Universités. […] Elle procède par la prédication, et veut inscrire dans la loi toutes les vérités religieuses et philosophiques. […] Non, tous les caractères de Lélia sont des symboles philosophiques, et représentent, sous une forme idéale et complète, un sentiment particulier, développé isolément, à l’exclusion des sentiments qui pourraient le contrarier, le rétrécir, en diminuer l’éclat et la portée. […] Puisque chacun des types qui s’appellent Lélia, Sténio, Trenmor, Magnus, Pulchérie, représente individuellement une idée philosophique, il est tout simple et naturel que l’action engagée entre ces divers personnages, obéisse à des lois particulières, émanées du principe même qui a présidé à la création de ces types.
De ce que le censeur ne croit pas facilement aux vertus philosophiques. […] C’était un homme comme nous ; peut-être un peu moins subjugué par les opinions vulgaires. » C’est-à-dire, cet héroïsme philosophique est au-dessus de moi ; donc il est au-dessus d’un autre : donc il n’y a point de pareils héros. […] « Agrippine se promettait une grande part dans l’administration de l’Empire ; il fallait donc que cette princesse, qui ne manquait pas de lumières et qui connaissait les hommes, comptât déjà beaucoup sur la souplesse philosophique du personnage. […] La souplesse philosophique du stoïcien Sénèque !
Or, craignons de transformer en système philosophique une croyance et d’imposer une dialectique à ce qui est l’instinct d’un peuple. […] Seillière consiste à démêler, dans l’esprit humain, puis dans toute l’activité humaine, deux éléments, ou deux sortes d’éléments, les uns rationnels, les autres irrationnels ; laissons les mots philosophiques : les uns raisonnables, les autres déraisonnables. […] Et l’on organisa une morale de l’égoïsme tendant aux mêmes préceptes que toute autre morale ; en effet, les moralistes sont en chicanes sur les fondements philosophiques de la morale et se réconcilient du moment qu’il ne s’agit plus que des commandements. […] Et il arrange son roman biologique avec une liberté ridicule, avec une liberté scandaleuse, étant donné qu’il se présente comme la science parfaite en lutte contre l’imagination philosophique ou religieuse. […] Considérer le monde comme une allégorie est à la fois une opinion philosophique et une habitude mentale qui aujourd’hui semblent bizarres, mais que toute une époque française avait adoptées, le moyen âge.
Dernier parent de Racine, et adorateur du xviie siècle, M. de Fontanes est pourtant du sien ; il en est par les genres qu’il accepte, par ceux même qu’il veut renouveler ; il en est par certaines teintes philosophiques et sentimentales qui font mélange à l’inspiration religieuse, par certaines faiblesses et langueurs de son style poétique élégant ; mais, hâtons-nous d’ajouter, il en est surtout par le goût rapide, par le ton juste, par l’expression nette et simple, par tout ce que le xviiie siècle avait conservé de plus direct du xviie , et que Voltaire y avait transmis en l’aiguisant. […] Garat, que nous trouvons ainsi au début de Fontanes, et qui, nonobstant son article sévère, d’ailleurs très-convenable, fut et resta lié avec lui dans les années qui précédèrent la Révolution, Garat, plus âgé de plusieurs années, nous offre à certains égards, et en fait de destinée littéraire, le pendant du poëte dans le camp opposé, dans les rangs philosophiques : grand talent de prosateur, s’essayant d’abord aux éloges académiques, se dispersant en tout temps aux journaux, puis intercepté brusquement par la Révolution et désormais lancé à tous les souffles de l’orage ; exemple déplorable et frappant du danger de ne se recueillir sur rien, et, avec des facultés supérieures, de ne laisser qu’une mémoire éparse, bientôt naufragée ! […] Le parti philosophique, irrité, se tenait à l’affût ; le parti religieux se serrait, s’étendait, s’animait comme à une victoire.
En parlant de Goethe, il faut nous défaire de quelques-unes de nos idées françaises par trop simples, et consentir à nous mettre avec lui dans cet état, pour ainsi dire, d’enthousiasme prémédité, qui ressemble un peu dans l’ordre de la poésie à ce que Descartes a fait dans la sphère philosophique.
Votre esprit est trop philosophique pour que vous ne compreniez pas les deux manières de juger et de sentir, dont l’une tient à la vivacité des impressions présentes, et l’autre à la vivacité des impressions passées ; et dussions-nous pousser, chacun, notre manière propre à l’extrême, vous avez trop de bonté aussi bien que d’étendue dans l’esprit pour ne pas tolérer des opinions qui ne sont pas les vôtres. » La correspondance moins vive, mais toujours affectueuse, se continua jusqu’à la mort de Mme d’Albany.
Tu nous aiderais à traduire Horace dans un style élégant et philosophique comme celui-ci : Cueillons le jour92.
Ces vers, que je n’ai vus nulle part imprimés, méritent de ne point se perdre ; on y reconnaît le tour philosophique du poète, élève d’Andrieux, en même temps qu’ils ont la marque certaine de son talent : Qu’on porte envie au pontife romain !
Nous voulons parler de son dernier ouvrage, à peine publié, non encore connu, saisi par la mort sur le seuil de sa publicité : les Grecs anciens et les Grecs modernes ; ouvrage très neuf, très original et très philosophique en même temps que très poétique ; trésor véritable découvert par lui dans les littératures presque fabuleuses de l’arrière-Grèce.
Les historiens et les critiques nous ont appris à lui attribuer un caractère éminemment grave et philosophique, à y respecter une des formes les plus expressives de la civilisation générale, où sont contenues toutes les conceptions de la vie et de la destinée humaines, toutes les représentations de l’univers et de l’être, par lesquelles l’humanité s’est consolée ou désespérée à chaque siècle.
Mais enfin, s’il y a quelque part un bon style de tragédie philosophique, c’est celui-là.
Entre deux sortes de réfutation des athées des païens et des schismatiques, la réfutation philosophique et humaine, et la réfutation selon la foi et la théologie, il s’attachait à la première, et il composait pour des chrétiens une sagesse de tous les aphorismes des païens.
Ils développaient longuement, dans le goût des compositions poétiques du temps, les sujets venus de l’Inde et de la Grèce ; ils y entassaient des digressions, soit philosophiques, soit religieuses, parmi lesquelles brillent quelques éclairs de vive raison, des vers heureux, dont les meilleurs ne diffèrent de ceux de la Fontaine que par l’orthographe.
Son esprit pénétrant, subtil, amer, est comme l’instrument naturel pour fouiller dans la corruption, et il y porte l’âpre investigation du confesseur, avec la liberté philosophique de l’historien.
L’idée d’opposer à Tristan ce personnage était plus philosophique que poétique ; aussi Wagner l’abandonna-t-il.
Le nom d’André Chénier n’était pas tout à fait inconnu en 1819 ; quelques mois après sa mort, La Décade philosophique avait publié de lui La Jeune Captive ; M. de Chateaubriand, dans une note du Génie du christianisme, Millevoye, dans une note de ses Élégies, avaient donné aussi des fragments qui avaient vivement excité l’intérêt des rares amis de la muse.
Dans un article de La Décade philosophique, t.
La rime et la gaudriole, ça excuse, ça autorise les choses les plus cochonnes ; — mais que si vous vous avisez de parler en prose et de tenter le cru, le vrai, le philosophique : les Legonidec sont là.
» Octobre Ayant ouvert un livre de Gerdy : Physiologie philosophique des sensations, je pense au beau travail qu’il y aurait pour un Michelet, au lieu de mettre sa pensée sur l’Insecte ou l’Oiseau, de prendre, comme sujet d’étude, ce petit monde inconnu : l’Enfant, et de raconter, avec des observations mitoyennes à la médecine, mais planant au-dessus, l’éveil successif de ses sensations et l’éclairage, petit à petit, de la rose intellectuelle de son cerveau.
À la fin du dîner, Daudet reproche à sa femme gentiment et d’une manière philosophique, de ne pas connaître la pitié pour les malheureux.
V. sur ce point une note que nous avons publiée dans la Revue philosophique (n° de novembre 1893) sur La Définition du socialisme.
— donner une volée… de sa cravache d’amazone philosophique et littéraire à ce jeune missionnaire de salon qui se mêlait des affaires du catholicisme, mais la main n’y est plus et la cravache n’a ni sifflé ni cinglé.
Or, réduit à ces proportions plus modestes, le problème philosophique de la destinée de l’âme ne m’apparaît pas du tout comme insoluble.
Pour l’extension de cette théorie, voir Richard, « La Sociologie ethnographique et l’histoire », dans la Revue philosophique, t.
Son Zadigue, entre autres, est tout philosophique, mais jamais la Philosophie ne se fit voir accompagnée de tant de graces.
On s’étonnera bientôt, et l’on s’étonne déjà peut-être, de tout ce charmant et singulier badinage qui, depuis un quart de siècle, témoigne du goût français et qui est le caractère principal de notre littérature et de notre esprit : badinage littéraire, badinage philosophique et badinage universel ; une manière mélancolique et narquoise ; jamais la plaisanterie n’avait si amplement régné sur tout le domaine de la rêverie, du sentiment, de la méditation. […] La littérature, un Sainte-Beuve ne la préfère pas à cette « histoire naturelle des esprits » qu’au jour le jour il composait ; et un Taine l’emploie à l’illustration de ses doctrines philosophiques et historiques : maintenant, elle fournit des matériaux et des prétextes à la chronique scandaleuse du passé. […] Sa « confession philosophique » sert de préface à l’étude que lui consacrent ses deux jeunes admirateurs. […] Sénèque, en ce temps-là, écrira ses lettres de direction et organisera la consolation philosophique. […] La vulgarité qui entoure la philosophique besogne d’Anthime est énorme et drôle.
La date de leur énonciation dans ce volume et dans les volumes suivants, prouvera que les variations de la politique ne m’ont pas fait dévier de la ligne philosophique et littéraire que je m’étais invariablement tracée. […] De cette sorte, La Harpe vantait en lui l’art de ses vers, qu’a souvent refroidis un langage philosophique ; ce qui fut son tort : et il blâmait en lui l’objet des pensées qu’exprimaient ses vers ; ce qui fut sa raison. Je dis que le ton philosophique de Voltaire fut son tort, et surtout en poésie dramatique ; parce qu’il détruit les images, la vérité des mœurs, et les ressemblances de localité, en substituant partout l’esprit personnel de l’auteur. […] Le genre supérieur en cette classe, le plus difficile, le plus philosophique, est la Comédie ; c’est-à-dire, l’art de représenter les inégalités et les ridicules des hommes, en exposant leurs travers de façon à les corriger par le rire. […] Voltaire, qui la sentit bien, fit faire de nouveaux pas à l’art d’intéresser : mais ce qu’il imita le plus dans Euripide, fut son tour d’esprit philosophique, dont l’abus est de se prodiguer en sentences accessoires aux nécessités du sujet.
Pour une semblable besogne, il faut une éducation philosophique, une force d’âme qu’il avait, lui, et qu’on n’est pas habitué à rencontrer chez nos critiques, lesquels, devant les hommes, valsent en habits légers de danseur, ou pataugent en lourds sabots de paysan. […] Je ne connais de lui que ses œuvres, dont je n’aime ni l’esprit philosophique, ni les tendances littéraires, mais qui, parfois, au milieu de grâces superficielles, me charment par de réelles qualités d’élégance et des accents de véritable tendresse. […] Les héros, dépouillés par la critique philosophique de la poésie que le recul des siècles entretenait autour de leurs lointaines images, nous semblent, en somme, d’assez fâcheuses brutes. […] Nous tremblons devant l’idée ; la moindre interrogation philosophique nous effare. […] Hervieu a des affinités morales avec ces deux puissants et charmants esprits par des façons de sentir et de comprendre, non point pareilles, certes, mais parallèles, par de naturels et invincibles élans vers le grand, où se devine, dans une personnalité autre et des préoccupations littéraires ou philosophiques dissemblables, la même race intellectuelle.
Est-ce la Panhypocrisiade du même poète, ouvrage dont quelques centaines de vers très bien faits et très philosophiques ne sauraient faire excuser la monotone bizarrerie et le prodigieux dévergondage d’esprit ? […] Mais, me dites-vous, prêchez une doctrine saine, lumineuse, philosophique, et vous ferez oublier les phrases de La Harpe. — Pas du tout.
Sans doute, la barbarie de Shakespeare monte quelquefois plus haut dans ses drames tragiques, et y atteint à des hauteurs philosophiques au-delà desquelles il n’y a rien à éprouver qu’un frisson de chair de poule et une angoisse d’admiration ; là, on ne peut le comparer à rien, il dépasse tout et efface tout ; il est Shakespeare, le synonyme du sublime, l’entre ciel et terre du génie ; mais il ne semble s’être élevé si haut dans l’Empyrée de l’idéal que pour vous précipiter dans la boue et pour vous étourdir par la chute. […] Né, élevé, grandi isolément dans une atmosphère supérieure au dix-huitième siècle, même à celle de Voltaire ; dédaigneux et dédaigné par tous nos philosophes, excepté Jean-Jacques Rousseau ; n’ayant de maître que la nature ; méprisant nos controverses religieuses ou philosophiques, et qui était apparu tout à coup, comme une comète excentrique, Paul et Virginie à la main, homme bien supérieur à Chateaubriand, capable d’écrire mieux que le Génie du christianisme, le Génie du cœur humain.
La Postérité sera bien étonnée, quand elle cherchera vainement dans nos Ecrits prétendus Philosophiques (s’il est vrai qu’ils parviennent jusqu’à elle) cette abondance de lumières merveilleuses, que nous vantons avec tant d’emphase & de complaisance ! […] Les vapeurs des marais d’Albion ont engendré cette épidémie philosophique, qui tue le génie, fait fermenter les esprits, & produit ce goût anti-national, dont les ravages ne sont que trop sensibles.
. — La royauté absolue a perdu la conscience de ses devoirs ; elle décline ; avec elle, tout le système, social, religieux, philosophique, littéraire. […] Il reste Gil Blas, deux romans de Marivaux, et l’immortelle Manon ; Crébillon fils, Laclos, Restif de la Bretonne ne sont que des « documents » ; sous des allures scientifiques, l’érotisme de nos jours leur a valu un regain de succès. — Les autres romans et contes de cette période sont nettement philosophiques, à tendance ; la forme littéraire y est le véhicule d’une thèse ; ainsi les Contes de Voltaire, et même La Nouvelle Héloïse où pourtant le souffle lyrique est déjà sensible.
En conséquence, cet ouvrage comprendra trois parties distinctes : 1º Naturalisme et dérivés (école matérialiste) ; 2º Romantisme et dérivés (école spiritualiste) ; 3º Divers ou littérature historique, philosophique et documentaire (histoire, mémoires, philosophie, voyages, lettres, etc., etc.) […] Réunis sans parti pris d’écoles, ayant un triple intérêt, historique, philosophique et documentaire, ce sera une mine inépuisable de précieux renseignements, un choix des meilleures et des plus utiles productions contemporaines. […] Disons cependant qu’on y rencontre plus souvent peut-être le charme, cette fleur de jeunesse qui serait, il est vrai, bien inutile dans les thèses sévères et les plaidoyers philosophiques que soutient présentement l’auteur de la Femme de Claude. […] Mario Uchard est une œuvre qui, sous un aspect fantaisiste, cache un plaidoyer philosophique, je n’ose pas dire moral, malgré sa forme d’une légèreté plus apparente que réelle. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I.
Je ne parlerai que de l’Inutile Beauté, une nouvelle très intéressante et qui, outre l’attrait d’une fabulation captivante, renferme une thèse plus athée et philosophique que chrétienne, mais très curieusement développée. […] La thèse philosophique se résume en ces pages indignées contre la nature : L’être normal fait des enfants ainsi qu’une bête accouplée par la loi. […] Lucien Muhlfeld, que le théâtre soit si près de sa fin et je pense qu’il vivra tant que la race latine prédominera en France ; nous tenons de nos ancêtres de Rome le goût des spectacles et un fait mis à la scène et bien raconté, une thèse éloquemment soutenue, nous captiveront toujours plus que toutes les spéculations philosophiques ou les déclamations poétiques ; le théâtre changera, c’est indubitable, car tout change, mais sa fin n’est pas, je crois, si prochaine. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I. […] Auguste Vitu nous apporte les résultats de ses observations philosophiques et que ce n’est pas le moindre attrait de ce grand volume de plus de cinq cents pages.
On se demande le profit qu’un élève peut tirer de cet herbier philosophique. […] L’imitation de Rousseau est significative dans l’Essai sur l’indifférence, ouvrage de discussion religieuse et philosophique.
Magnin était fort favorable au divorce pour des motifs philosophiques qui étonneront ceux qui ne l’ont vu que dans les dernières années, et encore peut-être pour d’autres motifs plus secrets et plus particuliers, qui n’étonneraient personne parmi ceux qui savent les mobiles habituels du cœur humain.
XXVI Tant que la Révolution fut philosophique, théorique, monarchique, libérale, elle eut dans l’esprit de Mirabeau et de M. de Talleyrand, lumières de l’Assemblée constituante, l’alliance anglaise pour principe ; c’était le génie de la Révolution.
« Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes.
Tandis que, sous l’apparence de la dévotion, la cour inclinait au cynisme débraillé, et que dans les salons commençait à éclore une nouvelle sorte de préciosité, philosophique et scientifique, l’hôtel de Lamoignon continuait la tradition des anciennes maisons de magistrats, graves et décentes, où toutes les belles éruditions étaient en honneur, où le bel esprit même et la plaisanterie s’enveloppaient de doctrine.
L’inquiétude, vague avec les romantiques, s’est peu à peu précisée : une poésie philosophique en est sortie, et à la mélancolie d’Olympio ou de Jocelyn a succédé la mélancolie darwiniste.
Taine, ou l’un de ses disciples, vous répondra : « Vous n’avez pas l’esprit philosophique. » Car non seulement M.
Ne sait-il pas exprimer les conceptions les plus hautes, les plus philosophiques, autant que les émotions exquises et charmantes ?
Le succès de la Walküre est grand toujours ; son premier acte, d’un effet facile, emporte les applaudissements ; les étonnantes beautés des premières scènes du deuxième acte et du milieu du troisième sont moins goûtées ; là pourtant se développe cette épopée aux larges signifiances qu’est l’Anneau du Nibelung ; ni un roman psychologique comme Tristan, ni un poème symbolique purement émotionnel comme Parsifal, mais, au moins dans ses trois premiers drames, un roman d’aventures en même temps un poème philosophique, l’épanouissement d’une âme juvénile en grandes actions et en pensées vastes et luxurieuses.
« Il est, certes, plus philosophique de considérer la vie comme un fait ultime, comme l’une des grandes révélations de l’Inconnaissable, comme l’un des nombreux mystères qui nous environnent… Ne substituons plus les fictions de notre imagination à la place d’une observation respectueuse.
Les xvie , xviie et xviiie siècles forment le cycle de notre littérature philosophique.
Guyau, la Mémoire et le Phonographe (Revue philosophique de mars 1880), reproduit dans la Genèse de Vidée de temps (1889).
D’autre part, ce sont des spéculations mystérieuses où, comme hanté des vieilles religions philosophiques de l’Orient, le poète trouve les formes des vérités naturelles et éternelles, qu’il accorde avec les données de notre science moderne.
C’est d’une humeur triste et compatissante aux malheurs des hommes que nous est venuë la tragédie ; comme au contraire, c’est d’une humeur enjouée, maligne, ou peut-être un peu philosophique, que sont nées la comédie et la satyre.
Cette république conservera une paix constante, et se soutiendra sans armée… Ils affectent tous une sainte horreur pour la guerre… S’ils haïssent les armées et les généraux qui se rendent célèbres, cela ne les empêche pas de se battre à coups de plume, et de se dire souvent des grossièretés dignes des halles ; et, s’ils avaient des troupes, ils les feraient marcher les unes contre les autres… En leur style, ces beaux propos s’appellent des libertés philosophiques ; il faut penser tout haut, toute vérité est bonne à dire ; et comme, selon leur sens, ils sont seuls les dépositaires des vérités, ils croient pouvoir débiter toutes les extravagances qui leur viennent dans l’esprit, sûrs d’être applaudis.
Mais quand, sortant de ces généralités philosophiques, il tente d’appliquer son principe et d’en faire sortir la science qui y était contenue, ce sont des idées qu’il prend pour objets d’études.
Il fallait que nos prédécesseurs eussent lu très superficiellement les auteurs du dix-septième siècle pour ne pas s’être aperçus que depuis Malherbe lui-même, et Racan, jusqu’à Fénelon, en passant par Théophile de Viau, par Cyrano, par Saint-Amand, par Voiture même, par La Fontaine, par Mme de Sévigné, et enfin j’arrive à Fénelon, la plupart, presque tous les auteurs du dix-septième siècle ont parlé de la nature avec un sentiment de la nature tout à fait vit, profond avec un sentiment philosophique, métaphysique, symbolique, non, je le reconnais et je leur en fais mon compliment ; mais avec un sentiment de la nature tout à fait pénétrant et fort.
Telle est la donnée, doit-on dire philosophique ?
Cependant il me paraît plus juste de prendre la légende d’Œdipe pour une sorte de conte philosophique populaire. […] J’ai déjà dit que ce dénouement-là m’eût paru exactement aussi vraisemblable et… philosophique que l’autre, ni plus ni moins. […] … » Ainsi les mots les plus simples de Lafont ou de Clotilde nous donnent, pour le moins, deux impressions successives et contradictoires, qui finissent par se foudre dans un doute très philosophique. […] Il avait même une petite couleur philosophique ; et, si l’on me disait que M. […] Les auteurs auraient-ils eu des intentions philosophiques ?
Malgré la faiblesse de l’adaptation, on pense bien que la vertu intime de cet admirable poème philosophique et religieux a fait son impression. […] Et c’est le premier acte, qui déjà est pittoresque et qui déjà contient des méditations philosophiques et poétiques, en beaux vers, du reste. […] Ce pâtre est philosophe ; ce pâtre se livre à la méditation philosophique et poétique ; ce pâtre, puisque nous sommes en 1905, est pacifiste et humanitaire. […] Sauf quelques beautés d’éloquence lyrique dans la fameuse « scène de la bruyère » et quelques réflexions philosophiques, assez profondes, si l’on s’applique à les approfondir, dans la scène de folie proprement dite, et en vérité, cela est vite compté ; tout le reste n’est qu’entassement de crimes bêtes, d’horreurs stupides et de vices idiots. […] La fille se plaint ; la mère lui donne la première consolation qui se présente à son esprit, et comme elle est ce que vous savez, sa première consolation est d’ordre philosophique.
Ce centre de gravité idéal et philosophique n’est pas précisément ce qui manque à la nouvelle de M. […] Hippolyte Castille va, vient, se démène, enfle sa voix, vocifère et fulmine contre la société et le train du monde, des anathèmes ridicules, qui traînent depuis vingt-cinq ans à tous les coins de rue littéraires. — Pour donner à ces banalités prétentieuses une apparence de nouveauté, il les saupoudre de vocables rébarbatifs et de termes ambitieux empruntés au jargon philosophique. […] — c’est une chose avérée — les crayons de Mangin sont excellents, mais si Mangin n’avait pas eu l’esprit de s’affubler — avant la complainte du sire de Framboisy — de la défroque anachronique de ce Sganarelle féodal, Mangin ne vendrait pas ses crayons. — Cette vérité philosophique a pu échapper à bien des gens, je suis sûr qu’elle n’a pas échappé à M.
À tous, et particulièrement aux philosophes, j’aurais voulu demander s’ils croyaient que les tendances nouvelles l’emporteraient sur les anciennes, pour quelles raisons, par quels moyens ; si leurs manifestations esthétiques se liaient à des mouvements de l’ordre social, si elles s’inspiraient d’idées religieuses et philosophiques. […] Les Mages ont apporté un système religieux, philosophique et politique qui donne une pleine satisfaction à ses adeptes et a pour eux cet inestimable avantage de restreindre la part de l’inconnu et de trouver toutes solutions aux problèmes essentiels de la destinée humaine. […] Mirbeau… je l’aime si tendrement qu’il me paraîtrait ridicule de vous en parler autrement… Ses influences philosophiques : — Kant, Carlyle, Schopenhauer, qui arrive jusqu’à vous consoler de la mort… Son admiration pour Shakespeare : — Shakespeare, surtout ! […] Chaque écrivain est psychologue à un degré plus ou moins intense proportionné au développement de ses facultés de pénétration, mais de ce que beaucoup d’entre eux, soit par scepticisme, soit par système, soit encore par défaut d’esprit philosophique, ne transforment pas leurs observations en lois générales, il ne s’ensuit pas pour cela qu’ils ne soient psychologues au même titre que les psychologues de profession. […] Je ne parle pas uniquement de la nature morte ; mais, et surtout, de la nature vivante, pensante, agissante et je recherche la puissance artistique dans la synthèse des vérités naturelles, philosophiques et humaines, naturellement, simplement, humainement présentées.
Nouvelle encore parmi nous (du moins si on la considère dans sa rigueur), cette méthode, fort distincte d’ailleurs des doctrines philosophiques ou physiologiques que M. […] Nisard, couvre comme d’une ombre les éminentes parties d’invention philosophique du xviiie siècle, ne laisse pas que d’être grave. […] Mais si tous deux sont également les maîtres d’une jeune école philosophique à laquelle correspond une jeune école littéraire, celle-ci, sans qu’on puisse se dissimuler combien elle a avec M. […] Renan, rempli de nuances douces, défectueux si on le considère comme langue philosophique, puisque en tout point capital il manque à dessein de précision et de corps, mais qui, considéré en lui-même, uniquement comme style, hors de tout rapport avec la matière traitée, se présente avec un charme particulier de discrétion, de finesse, de mesure, de fraîcheur, de sentiment artistique des proportions, de poésie délicate. […] L’école existe ; jugeons-la, sans négliger, le cas échéant, de rappeler les préceptes à côté de l’application, et les théories philosophiques à côté des créations de l’art.
et quelle serait donc cette superstition philosophique qui nous préviendrait contre des cloches, à peu près comme une superstition populaire y attache les femmes de nos villages ?… » Il eut beau dire, le lendemain de son Rapport l’incrédulité philosophique prit sa revanche : on le chansonna, on attacha à son nom des sobriquets burlesques, des refrains et des carillons en manière de charivaris111.
Voltaire enfin, le premier, inaugura véritablement chez nous la connaissance de la littérature anglaise ; mais c’était surtout les idées qu’il avait en vue, il s’en emparait et s’en servait comme d’une arme dans la lutte, comme d’un instrument d’inoculation philosophique, bien plutôt qu’il n’y cherchait matière et sujet à une comparaison impartiale et critique. […] Il était un esprit essentiellement philosophique et trop habitué à la considération des lois générales pour que l’idée du surnaturel vînt l’en détourner.
Monsieur Square et monsieur Thwackum, vos tirades sur la vertu philosophique ou la vertu chrétienne sont des exercices de parole utiles pour digérer au dessert. […] Il ne voit en l’homme que la manie, et ce qu’il appelle le dada, le goût des fortifications dans l’oncle Tobie, la manie des tirades oratoires et des systèmes philosophiques dans M.
Une telle disposition d’esprit est tout à fait conforme au génie de la nation ; en Angleterre, un baromètre s’appelle encore un instrument philosophique ; aussi la philosophie y est-elle chose inconnue. […] Il sait un nombre infini de détails de toute espèce ; il possède un très-grand nombre d’idées philosophiques et de tout ordre ; mais son érudition est d’aussi bon aloi que sa philosophie, et l’une et l’autre forment une monnaie digne d’avoir cours auprès de tous les esprits pensants.
Regardez ce petit recueil tout nouveau, Essays and Reviews ; vos libertés philosophiques du dernier siècle, les conclusions récentes de la géologie et de la cosmogonie, les hardiesses de l’exégèse allemande y sont en raccourci. […] VI Reste une sorte de forteresse philosophique où se réfugient les idéalistes.
Et l’on a parlé misère de peuple et promiscuité des faubourgs, et Sainte-Beuve s’est écrié avec un accent d’humanité de 1788, qu’il ne pouvait comprendre que, sur le trône, on ne fût pas un saint Vincent de Paul ou un Joseph II. « Assainir tout cela, ce serait quelque chose, ce serait le commencement », a-t-il répété deux ou trois fois… et de ces hauteurs humanitaires et philosophiques, il est vite descendu à causer des petites filles du peuple, qu’il a fort étudiées, nous dit-il, et qui — remarque très juste — ont, à la puberté, deux ou trois ans de folie, de fureur de danse, de vie de garçon, jetant ainsi leurs gourmes et leurs bonnets par-dessus les moulins : après quoi elles deviennent rassises, rangées, femmes d’intérieur et de ménage. […] » Et Sainte-Beuve se pâme sur la hauteur philosophique de ce mot.
C’est de ce pouvoir que sont nées les allégories, les littératures, telles que le Pasteur d’Hermas, la Consolation philosophique, la Vita nuova, le Romant de la Rose, le Palais de l’Amour divin ; le style de Michelet, celui de Taine (comme on le verra plus loin) sont le produit de cette faculté très heureuse de métamorphoser l’abstrait en concret, de faire respirer la pierre même et « palpiter les étoiles ». […] Il conviendrait en effet de réserver le mot idéalisme pour un état d’esprit philosophique beaucoup plus voisin d’un certain matérialisme que d’un idéalisme vulgaire ; Nietzsche est idéaliste, c’est-à-dire phénoménaliste ; M. […] Nous dirions aujourd’hui, dans le jargon philosophique : les représentations (NdA) 23. […] Essai philosophique sur les Probabilités, 2e édition, p. 19 (NdA) 28.
Il importait d’en dégager le sens philosophique pour qu’on ne vît pas là un simple jeu d’esprit et de la fantaisie sans objet et sans portée. […] De même quand il recommande à la critique d’admettre indifféremment toutes les conceptions de la vie, toutes les tendances, soit philosophiques, soit sociales, pourvu que l’auteur ait fait œuvre d’art. […] que je lui sais gré, à ce témoin, d’être ainsi impartial, accessible, bienveillant, libre de toute préoccupation morale ou philosophique, de n’apporter dans son observation aiguë et pénétrante aucun esprit de système, ni thèses sociales ni théories humanitaires, qui troubleraient sa clairvoyance ! […] Paul Bourget, fertile en idées, riche en aperçus nouveaux et d’un style très distingué, très délicat, auquel on pourrait seulement reprocher ça et là l’abus de la langue philosophique. […] « Il faut tenir compte aussi, dans ce jugement du public, des inégales influences atmosphériques du théâtre et du livre, du spectateur collectif et du lecteur individuel, ce qui peut supposer un écart de quinze degrés sur vingt, la chaleur cérébrale développée par la discussion imprimée, par la déduction philosophique d’un cas, ne pouvant jamais atteindre à celle que développe le même cas mis en forme et en action par des personnages des deux sexes devant des personnages mâles et femelles. » Que pensez-vous de ce galidumas ?
Il est par trop commode de le négliger et d’affecter en la matière un détachement plus que philosophique. […] Léon Daudet s’intéressait surtout aux questions philosophiques dont on demande parfois la solution aux sciences médicales. […] Ce militaire a le tour d’esprit philosophique. […] Alors ce qu’on préparera pour la guerre, ce sera l’âme du soldat… » Ce fond de réflexion philosophique, d’idéologie, si l’on veut, d’utopie même, si l’on y tient, et par endroits, de chimère, c’est ce qui fait la substance des écrits de M. […] Mais ils se tiennent en garde contre l’erreur inhérente à ce qu’on appelle la « poésie philosophique ».
Revue philosophique, littéraire et politique, an xiv. — François de Neufchâteau fut de ceux qui se méprirent : enchanté de voir le Pindare républicain louer l’Empereur comme les autres, il lui écrivit : « C’est votre meilleur ouvrage. » L’erreur se prolongea jusqu’à la mort même de Lebrun, et Chénier, le louant sur sa tombe de l’ode qu’il n’avait pas faite, disait : « Tant d’exploits qui, depuis dix ans, commandent l’admiration des peuples, ont ranimé sa vieillesse ; près d’expirer, sa voix harmonieuse encore n’est pas restée inférieure à des prodiges, les plus grands et les derniers qu’il ait chantés. » 79.
les petites mauves, lorsqu’elles ont comme péri dans le jardin, et le vert persil, et le frais fenouil tout velu, revivent par la suite et repoussent à l’autre année ; mais nous autres hommes, les grands, les puissants ou les génies, une fois que nous sommes morts, insensibles dans le creux de la terre, nous dormons à jamais le long, l’interminable, l’inéveillable sommeil. » — Ce passage fait souvenir de l’ode d’Horace : Diffugere nives, dans laquelle le poëte exprime la mobilité des saisons, le printemps qui renaît et qui sollicite à jouir de l’heure rapide, car l’hiver n’est jamais loin : « Mais, ajoute-t-il en s’attristant également de la supériorité de la nature sur l’homme, les lunes légères ne tardent guère à réparer leurs pertes dans le ciel, tandis que nous, une fois descendus là où l’on rejoint le pieux Énée, le puissant Tullus et Ancus, nous ne sommes que poussière et ombre. » La pensée d’Horace est belle, elle est philosophique et d’une mélancolie réfléchie ; mais je ne sais quoi de plus vif et de plus pénétrant respire dans la plainte de Moschus.
Ma première jeunesse, du moment que j’avais commencé à réfléchir, avait été toute philosophique, et d’une philosophie positive en accord avec les études physiologiques et médicales auxquelles je me destinais.
Lui, dont plus tard les convictions politiques ou philosophiques n’eurent guère d’occasion bien directe de se produire et semblaient plutôt ondoyer parfois d’un air de scepticisme sous le couvert de l’érudition, il croyait vivement à l’amour, surtout à l’amitié, à l’immortalité volontiers, à la liberté toujours, à la patrie, à la grandeur de la France, à toutes ces choses idéales qu’il est trop ordinaire de voir par degrés pâlir autour de soi et dans son cœur, mais qu’il est impossible de sauver, même en débris, après trente ans, lorsqu’on ne les a pas aimées passionnément à vingt.
Comment ne prendrions-nous pas plaisir un moment au gracieux recueil de Charles d’Orléans, à ses vivacités de désir, à ses regrets d’une mélancolie encore riante, à ses plaintes doucement philosophiques ?
V Ainsi rassuré par sa propre voix, comme l’homme qui marche dans les ténèbres, David semble, dans l’ode suivante, s’abandonner en paix à des contemplations philosophiques, semblables à celles qui assaisonnent du sel sacré des maximes les livres de Salomon, son fils, ou des poètes persans d’une autre époque.
Tout son règne protestait, depuis son avènement au trône, de la tendance philosophique de son esprit et des instincts populaires de son cœur à prémunir la royauté contre les tentations du despotisme, à faire monter les lois sur le trône, à demander des conseils à la nation, à faire régner par lui et en lui les droits et les intérêts du peuple.
Alexandre, au contraire, se livra aux élucubrations religieuses, poétiques et philosophiques des Allemands de distinction qui habitaient Francfort.
« Plutarque, dans un de ses traités philosophiques, examine si la fortune ou la vertu firent l’élévation d’Alexandre ; et voici, à peu près, comme il raisonne et décide la question : « J’aperçois, dit-il, un jeune homme qui exécute les plus grandes choses par un instinct irrésistible, et toutefois avec une raison suivie.
Chaque âme, avec le ton de son tempérament, avec une légèreté railleuse, avec un désespoir accablé ou grimaçant, avec une philosophique résignation, avec une joie insultante et pourtant angoissée, chaque âme a dit l’universelle nécessité, le mot qui donne pitié des morts, et fait frissonner les vivants.
En un sens, rien de plus vrai ni de plus philosophique que la tragédie, qui nous montre les forces élémentaires, les instincts primitifs déchaînés sous la plus fine culture intellectuelle et morale.
Tu nous aiderais à traduire Horace dans un style élégant et philosophique comme celui-ci : Cueillons le jour.
En ceci le théâtre dépasse certainement la littérature, mais il reste en deçà d’elle pour les expressions de pensée philosophique, de rêve poétique, aussi d’analyse psychologique, car il ne procède que par raccourcis, par éclairs… et tout le monde n’est pas Shakespeare ou Racine !
Je n’ai rien à dire de cette livrée philosophique qui fait d’un bon nombre de ses personnages des encyclopédistes.
Dans cet essai philosophique où Poe déploie des facultés spéculatives analogues à celles des dialecticiens allemands et touche en passant à certaines propositions qui font partie des plus récentes hypothèses évolutionnistes, l’origine, c’est-à-dire la cause de la loi de la gravitation, sont recherchées.
Désormais divorcée d’avec l’enseignement historique, philosophique et scientifique, la poésie se trouve ramenée à sa fonction naturelle et directe, qui est de réaliser pour nous la vie complémentaire du rêve, du souvenir, de l’espérance, du désir ; de donner un corps à ce qu’il y a d’insaisissable dans nos pensées et de secret dans le mouvement de nos âmes ; de nous consoler ou de nous châtier par l’expression de l’idéal ou par le spectacle de nos vices.