/ 1654
1107. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Sans hésiter, il prend 1400 hommes d’élite, raccourt tout d’une traite de Belver à Mont-Louis, qu’il traverse au coucher du soleil, et se porte jusqu’au plateau des Llancades, poste élevé, où il forme sa troupe en trois colonnes, et lui donne, pour se reposer, le reste de la nuit.

1108. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Nous sommes ici dans des portraits de magistrature un peu noirs et tristes, qui ne se discernent bien qu’au bout de quelques minutes, au fond de ces hauts appartements donnant sur des rues étroites, où le soleil ne pénétrait que rarement.

1109. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

cet homme, jeune encore d’air et d’années, est assis devant vous, de côté, près d’une fenêtre ; le soleil se couche ; un rayon glisse et l’effleure, et alors, sur cette tête si riche et si fière de sa brune parure, vous voyez tout à coup se dessiner, avec une précision désespérante, quelques mèches qu’on ne soupçonnait pas et qui ont beau être mêlées artistement aux autres plus naturelles : une couleur rougeâtre, sous cette lumière rasante, les a trahies.

1110. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Selon lui, quatre ou cinq faits authentiques et « plus clairs que la lumière du soleil », suffisent pour garantir tout le reste de la tradition.

1111. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

« Voyez ces innombrables travailleurs se délassant au foyer de la famille, ou prenant part à une fête, à un banquet de corps à la face du soleil… « Tout à coup la cloche sonne, une dépêche arrive, le clairon retentit.

1112. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Les sources se réunissent en un torrent qu’au milieu même de l’hiver nous pouvons entendre durant la nuit et qui, pendant la saison où le soleil pénètre jusque dans les ravins des glaciers, se précipite avec violence et agite au loin, malgré le calme de l’air, le vaste bassin où il s’engloutit.

1113. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Il a exprimé au naturel ces brusques revirements dans les deux couplets qu’il intitule les Dissonances : Un soleil si chaud brûla ma figure, J’ai dû tant changer à tant voyager, Que d’un franc Romain je me crois l’allure ; Mais un vigneron à brune encolure Me dit en passant : Bonjour, étranger !

1114. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

(Cette commodité ne garantit d’ailleurs pas la justesse : il fut longtemps de clarté indiscutable que le soleil tournait autour de la terre.)

1115. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Son père est le soleil.

1116. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Nous voyons le jour succéder à la nuit, l’hiver à l’été, le soleil à la pluie.

1117. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Siegfried, astre évadé des ombres transitoires, Soleil épanoui dans l’azur de la mort, Avec toi, la splendeur humaine de l’effort S’abîmait dans le deuil ces suprêmes victoires.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Le poète de Namouna et de Rolla lui disait donc en fort beaux vers qu’après avoir cru douter, après avoir nié et blasphémé, un éclair soudain s’était fait en lui : Poète, je t’écris pour te dire que j’aime, Qu’un rayon du soleil est tombé jusqu’à moi, Et qu’en un jour de deuil et de douleur suprême, Les pleurs que je versais m’ont fait penser à toi.

1119. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

» Pascal considère cette même nuit brillante, et il sent par-delà un vide que le géomètre en lui ne saurait combler ; il s’écrie : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. » Comme un aigle sublime et blessé, il vole par-delà le soleil visible, et, à travers ses rayons palis, il va chercher, sans l’atteindre, une nouvelle et éternelle aurore.

1120. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Une jambe dans certains maillots de soie vous apparaît en ses saillies et ses rentrants, avec les blancheurs et les violacements du rose d’une rose frappée de soleil d’un seul côté.

1121. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

En effet, au siècle des Pascal et des Corneille, tous les peuples tenaient leurs yeux attachés sur la France ; ils contemplaient Versailles où triomphaient Molière et Racine, comme on contemple le soleil.

1122. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Une jatte de lait, une chemise blanche et une conscience pure… » Il a la savoureuse et forte sagesse de ceux que l’Évangile a calmés, et c’est à son génie et à ses œuvres bien plus qu’aux meilleurs des vins de la terre, qu’on pourrait donner ce doux nom de larmes du Christ, que les hommes, consolés de tout par une jouissance, ont donné à quelques gouttes d’éther parfumées de soleil !

1123. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

« Elle était la mâle postérité de rustiques soldats, accoutumée de retourner la glèbe sous les hoyaux sabins, et, au gré d’une mère sévère, d’emporter à dos un faix de bois coupé, à l’heure où le soleil allongeait l’ombre des montagnes, et ôtait le joug aux bœufs fatigués, en amenant, avec son char qui se retire, le temps du repos.

1124. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Il est vrai que le germe de l’inspiration poétique date de ces époques ; mais ce germe ne porte des fruits durables que dans les siècles déjà mûris par le soleil de la raison. […] Rien n’est pour lui indifférent : les nuances d’un coquillage, la dentelure d’une feuille, pas plus que les grands effets d’un soleil couchant et les bruits majestueux de la mer ou des sapins de la montagne. […] Peu curieux des pays inconnus, trouvant la nature assez belle partout où je rencontre le soleil, un grand arbre et la solitude, j’ai peu fait de longs voyages et j’en lis encore moins. […] Sans doute l’Orient portait dans son sein les germes confus de toutes les grandes idées philosophiques, mais c’est le soleil de la Grèce qui les a fait éclore en vivants symboles, en formules assez radieuses pour illuminer toutes les intelligences. […] Sous le soleil paisible de la Grèce, mon regard est plus net, ma raison plus lucide qu’à travers les clartés fulgurantes du moyen âge et de Shakespeare.

1125. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Hugo, si monotone, si uniforme dans sa variété apparente, à ce déploiement continu d’analogies et d’images se rangeant en bataille comme un régiment de grosse cavalerie, et recommençant incessamment les mêmes manœuvres sur les mêmes chevaux avec les mêmes cuirasses reluisant au même soleil, on s’effraye d’avance de tout ce que deux volumes de cinq mille vers chacun pourront contenir de répétitions fatigantes et d’accablantes redites. […] sur l’onde paisible des lacs ou sous les pampres de Tibur, au bord de la source enchantée ou sous un rayon du soleil de la Grèce, reparaîtront, toujours jeunes, toujours fraîches, toujours immortelles, les mélodies d’Horace et de Pétrarque, d’André Chénier et de Lamartine. […] On part, on va, on monte, l’air est vif, le soleil est radieux, le vent favorable ; on dépasse les nuages, on touche aux étoiles, on est dans le ciel, on s’y explique avec Dieu ; que dis-je ? […] Il n’y a pas même le mérite et le courage de combattre au soleil et à découvert. […] Ce n’était plus le champ de bataille, l’enivrante odeur de la poudre, l’éclat du soleil sur les armes, la magie du drapeau, le prestige de cette croix de saint Louis, qui fut souvent, après vingt campagnes, la seule fortune de nos pères : non ; c’était quelque chose d’inconnu, d’obscurément terrible, qui avait toutes les angoisses du danger et de la mort sans en avoir les ivresses ; c’était le guichet, c’était le préau, c’était le cachot, c’était le tombereau et la guillotine au milieu des huées de la populace.

1126. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il a tourné autour des fourches patibulaires ; il a considéré longuement, avec un intérêt justifié, ses frères les pendus ; il s’est mis à leur place en imagination, s’attendant à y être bientôt en réalité ; le bourreau le plus expert ne les ferait point parler avec une exactitude plus saisissante de leur lamentable infortune : La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis ; Pics, corbeaux, nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. […] Elle éclaire le jeune vagabond de Murillo avec ce soleil doré qui colore aussi bien les haillons et la vermine que le velours des grands seigneurs ; elle sourit sur les lèvres et les dents blanches du petit mendiant de Ribéra qui met sa béquille sur son épaule et traîne gaiement son pied-bot ; elle est au fond des yeux hébétés de ce fumeur de Brauwer qui suit la spirale bleuâtre échappée de ses lèvres ; elle pétille dans les yeux de ce passant que Vélasquez arrête auprès des aguadores de Séville, et qui se désaltère avec ravissement ; elle se noie dans l’ivresse de ces bébédorès qui ont déshabillé l’un d’entre eux pour célébrer quelque bacchanale populaire ; elle exulte, épanouie et grossière, dans le Banquet de Jordaens, où les convives crient à tue-tête « Le roi boit !  […] Dans ces peintures la lumière du soleil italien embellit tout. […] Son livre, c’est celui de sa vie qu’elle s’est prise à feuilleter ; le pâle rayon de soleil qui vient trancher sur l’obscurité de la mansarde, c’est le rayon du passé. […] Des vues de Carthage et des environs y alternent avec des tableaux de batailles, de sièges, de marches altérées, d’embuscades gigantesques, de sacrifices, de tortures, de tueries, prétextes toujours renouvelés pour faire ruisseler le sang vermeil sous le ciel bleu, et pour étaler des corruptions hideuses au grand soleil de l’Afrique.

1127. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

On conçoit, d’ailleurs, des degrés dans l’éclat d’une gloire nominale ; à côté des soleils, il y a place au firmament pour la poussière d’or des étoiles de dernière grandeur. […] Le soleil éclaire les montagnes lorsqu’il est encore au-dessous de l’horizon, et les esprits supérieurs découvrent la vérité quelque temps avant qu’elle devienne évidente pour la multitude. […] La terre ayant été d’abord destituée de sa position centrale dans l’univers, puis sa gravitation autour du soleil démontrée, la découverte de l’attraction universelle devait se faire : d’accord ; mais il fallait pour cela qu’il vint au monde un nouvel homme de génie, grand comme Copernic et comme Galilée. […] Chênedollé est bien le type du poète de transition, le crépuscule ou, si l’on veut, l’aurore précédant le soleil de Lamartine. […] Mais, si Lemercier n’a pas beaucoup brillé avant le lever du soleil d’Hugo, c’est une pure sottise de penser qu’il aurait jeté un éclat plus vif sous le plein rayonnement de l’astre qui l’a effacé en lui succédant.

1128. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Voilà notre pauvre terre obligée de décrire un mouvement circulaire autour du soleil, qui décrit lui-même un mouvement elliptique. […] À quoi bon parler à tout propos du soleil et des étoiles ? […] Un soleil, je le veux bien ; ce n’est pas trop de la droite profonde de Charles-Quint pour tenir un soleil. Puis tout à coup le soleil devient lune, et cette lune se laisse échancrer par l’aurore des nations jalouses de la gloire espagnole. […] Hugo sait pourtant que la lune n’est pas de la même famille que le soleil, car c’est lui qui a nommé Virgile la lune d’Homère.

1129. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

L’or tendre du soleil couché s’étend sur la ligne de l’horizon avec une délicatesse adorable. […] C’est un « ostensoir » que le soleil qui se couche. […] Les fleurs délicates ne grandissent pas sous les coups du vent et au soleil capricieux de la grand’route. […] Elle venait du soleil de votre cœur. […] Il savoura, comme un barbare, cette voluptueuse impression animale du soleil, si caressante à ceux dont la jeunesse a grandi sous les nuages du Nord.

1130. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Mais si hardiment écrites, si aiguës d’ironie et si éloquentes d’accent que soient ces lettres, le Pascal du dix-neuvième siècle est plus encore dans le recueil mutilé que dans l’œuvre achevée, et c’est les Pensées qu’il faut lire pour recevoir le coup de soleil direct de son génie. […] Maintenant qu’il n’est plus, on peut appliquer à cette génération des écrivains de 1830 le vers admirablement mélancolique :‌ Ô soleils disparus derrière l’horizon ! […] Au pied de ces arbres, la terre, récemment remuée, était presque rouge ; et la lumière du soleil, tour à tour épandue largement sur la route, brisée contre le faîte des arbres, emprisonnée dans les creux des montagnes, baignait cette tranquille campagne d’une vaste et heureuse sérénité. […] … »‌ Ils continuèrent, jusqu’à leur retour, de parler ainsi, reprenant leurs idées et les exprimant sous de nouvelles formes, tandis que le soleil éclairait la magnifique campagne, la mer immortelle, les montagnes claires. […] C’est de la brume chantée, ce choral, avec tout ce qu’il contient de profond et d’enveloppé ; de sérieux et de réfléchi, l’existence dans cette brume froide, sans le gai soleil, sans l’allure voluptueusement vive que le sang de nos veines prend sous le ciel provençal… Où je veux en venir ?

1131. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Puis revenant à ces quatre années, passées en Afrique — où il n’y a pas cependant l’intérêt historique des voyages d’Asie — il dit que le voyage n’a un charme que dans les pays, où le voyageur rencontre la lumière, la chaleur, la gaîté des soleils levants, et que dans le froid, quelque intérêt qu’ait le voyage, il est toujours triste. […] Il ne peignait pas, quand il faisait grand soleil, disant : « Moi je ne suis pas un coloriste, mais un harmoniste. » Figurez-vous, reprend Decan, que Corot est resté jusqu’à quarante-cinq ans, — vous m’entendez bien, — comme un petit enfant chez son père, qui ne croyait pas le moins du monde à son talent. […] » Enfin il m’entretient de son antipathie pour le soleil, du mystère des ciels voilés, de la séduction mystique des crépuscules, confessant, sans s’en douter, l’amoureux peintre de grisaille qu’il est.

1132. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Un jour que je me promenais après le coucher du soleil, le long d’un ruisseau solitaire… Le fragment s’arrête brusquement ici. […] Je m’étais assis à côté d’elle au bord du ruisseau, loin d’Élise et de ma sœur ; nous les accompagnâmes le soir jusqu’au moulin à vent, où je m’assis encore à côté d’elle pour observer, nous quatre, le coucher du soleil qui dorait ses habits d’une lumière charmante.

1133. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Sur tout le territoire de Fontainebleau, les communautés, pour sauver leurs vignes, sont obligées d’entretenir, et encore sauf l’agrément de la capitainerie, des messiers qui, avec des chiens autorisés, veillent et font tintamarre, du soleil couchant au soleil levant, et du 1er mai à la mi-octobre.

1134. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Et de tous les côtés, au soleil exposé. […] En Chinon, il change sa coignée d’argent en beaux testons et autre monnaie blanche ; sa coignée d’or en beaux saluts, beaux moutons à grande laine, belles riddes, beaux royaux, beaux écus au soleil.

1135. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Quand je vous aurai dit des yeux bleu de mer azurés jusqu’à la nuit par l’ombre des voiles ; des cheveux de fils de la Vierge brunis au feu du soleil ; des joues de pêche veloutée dont le velours renaissait tous les matins comme pour tamiser le jour sur une peau d’enfant ; des couleurs nuancées et fondues où le blanc et le rose ne formaient qu’une teinte ; un regard qui s’ouvrait et se refermait sous des cils ruisselants d’ombre ou de lumière ; des lèvres où la langueur pensive ou la joie épanouie donnait toutes les inflexions de l’âme ; un sourire qui caressait l’air ; une taille ni grande ni petite, mais qui, par sa flexibilité, se prêtait à la majesté autant qu’à la grâce ; une démarche de reine ou de bergère tour à tour ; un étonnement de l’impression qu’elle faisait partout, comme si les regards de la foule eussent été autant de miroirs qui lui répercutaient sa figure et qui la faisaient rougir de sa miraculeuse beauté ; les pas qu’elle entraînait sur sa trace ; les murmures d’admiration qui s’élevaient à sa vue ; les exclamations mal contenues ; les femmes charmées, mais jalouses ; les hommes attirés, mais contenus par le respect de tant d’innocence sous tant d’enivrements ; quand je vous aurai dit tout cela, je ne vous aurai rien peint de visible à votre imagination. […] Ne fût-ce que par reconnaissance d’être admis à ces lectures, par culte des soleils couchants, ou par commisération pour ce grand indigent et pour cette tendre quêteuse, tout le monde fut fidèle au mot d’ordre, et l’écho du lendemain ne laissa rien percer des chuchotements de la veille.

1136. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Rousseau fut trop l’élève des arbres, des eaux, des vents, du ciel, du soleil, des étoiles ; il lui aurait fallu en même temps l’éducation d’une mère tendre et d’un père laborieux : tout cela lui manqua. […] Note de religion universelle, en effet, religion des sens et de l’âme qui ne froisse aucun dogme national, qui ne retranche aucune vertu humaine, mais qui embrasse et illumine tous les dogmes sincères et toutes les vertus naturelles dans une atmosphère de vie, de chaleur et de piété semblable au rejaillissement d’un même soleil sur la coupole d’Athènes, sur la cathédrale de Sainte-Sophie et sur les mosquées d’Arabie dans cet Orient plein de Dieu !

1137. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Ses satires, ses épigrammes ne sont pas seulement des amusements littéraires ; ce sont les armes très aiguës dont il usait pour abattre les réputations qui lui volaient son soleil. […] On répéterait volontiers le vers fameux : Le soleil est levé : retirez-vous, étoiles !

1138. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Ainsi la nuée, secouée tantôt par l’orage, tantôt par le souffle dur des vents, et hors de laquelle maintenant le soleil apparaît, dans la splendeur de ses rayons puissants. […] b — Devant le noir Soleil de la Mélancolie, Lénore apparaît.

1139. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

J’ai vu d’autres enfants de son âge, dessiner, et dessiner aussi bien que lui, mais je n’en ai pas vu faire des ciels, des colorations d’orage, des feux d’artifice de soleil couchant, enfin se livrer à des barbouillages, ressemblant mieux à la marbrure brouillée d’une palette de peintre de talent. […] Il veut passer tout l’hiver en Italie… il partira aussitôt qu’il aura de l’argent… il laissera son roman et le reste… et il se décidera tout à coup, comme ça, dans l’heure du réveil… au moment où il fume son premier cigare, et où il se garderait bien de lire une lettre… Oui, le soir, il s’embarquera, à dix heures, — il est très bien avec le chef de gare, qui lui donnera un compartiment pour lui tout seul — et il prendra du chloral… et il dormira jusqu’au matin… et quand il se réveillera… il se réveillera dans du soleil, dans de la gaieté.

1140. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Aucun œil du soleil ne tarit les rayons ; Sous le flot des épis la terre inculte plie, Le linceul, pour couvrir leur race ensevelie,         Manque-t-il donc aux nations ? […] L’Orient délaissé s’y déroule au soleil ; L’espace y lasse en vain la lente caravane, La solitude y dort son immense sommeil !

1141. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Chanteclair, que la leçon a piqué, est incurable ; l’orgueil et la forfanterie le poussent ; il traite Pinte encore une fois de folle, et retourne se mettre en sa poudrière au soleil .

1142. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Cette maison était environnée d’un air plus pur, le soleil y était ardent comme l’amitié, le ciel aussi tranquille que le fond des cœurs.

1143. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Feuillet de Conches le décrit en des termes qui rappelleront à tous l’impression reçue : On est au moment où le soleil à son déclin rase la terre et projette des ombres plus douces.

1144. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Sa description se termine par une vue de la mer rongeant la falaise, et tantôt courroucée, tantôt unie et réfléchissant le soleil, le tout avec ce mélange de naturel presque excessif et aussi de mythologie un peu grotesque : il y met une mascarade de tritons.

1145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Ses écrits aimaient l’ombre et le tiroir, comme les écrits des autres aiment la vitre et le soleil.

1146. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Car pour celui-ci, comme dit lady Constance (dans Le Roi Jean), il n’y a jamais eu une aussi gracieuse créature née sous le soleil.

1147. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Thiers, comme j’inclinerais à le penser, il n’aurait jamais eu son jour, — j’entends son jour plein, son tour entier de soleil, la carrière ouverte au libre essai de sa politique ; et après quelques mois d’espérance à deux reprises, après avoir passé par le pouvoir, comme on dit, il se serait senti déçu, déjoué, évincé, et se serait rejeté dans l’étude, dans quelque œuvre individuelle : heureux qui peut se réfugier dans un monument !

1148. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Deux soleils dans le monde nous jetteraient dans les ténèbres, en nous éblouissant : trop de savants nous rendraient ignorants.

1149. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !

1150. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

… Ils viendront à ma rencontre… ils ressentiront encore une fois l’ivresse de la gloire humaine… Nous parlerons de ce que nous avons fait, nous nous entretiendrons de notre métier avec Frédéric, Turenne, Condé, César, Annibal… » Puis, s’arrêtant dans son rêve des Champs Élysées, dans sa vision d’Ossian, il ajoutait avec le sourire de l’homme qui, même tout près de l’agonie, sait maîtriser l’illusion : « À moins que là-haut comme ici-bas on n’ait peur de voir tant de militaires ensemble. » Il mourut le 5 mai, à six heures et demie du soir, au moment où le canon de l’île donnait le signal de la retraite et où le soleil se couchait dans l’océan.

1151. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Un homme estimable et savant, qui a récemment travaillé sur les Évangiles, et qui n’a porté dans cet examen, quoi qu’on en ait dit, aucune idée maligne de négation, aucune arrière-pensée de destruction, qui les a étudiés de bonne foi, d’une manière que je n’ai pas qualité pour juger, mais certainement avec « une science amoureuse de la vérité », a qualifié heureusement en ces termes la mission et le caractère de Jésus, de la personne unique en qui s’est accomplie la conciliation la plus harmonieuse de l’humanité avec Dieu : « Celui qui a dit : Soyez parfaits comme Dieu, et qui l’a dit non pas comme le résultat abstrait d’une recherche métaphysique, mais comme l’expression pure et simple de son état intérieur, comme la leçon que donnent le soleil et la pluie : celui qui a parlé de la sainteté supérieure qu’il exigeait des siens comme d’un “fardeau doux et léger” ; celui qui, révélant à nos yeux une pureté sans tache, a dit que “par elle on voyait Dieu…”, celui qui, enfin, renonçant à la perspective du trône du monde, a senti qu’il y avait plus de bonheur à souffrir en faisant la volonté de Dieu qu’à jouir en s’en séparant… celui-là, c’est Jésus de Nazareth. » Lui seul, et pas un autre au monde42 !

1152. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

faut-il que celles que l’on a le plus admirées et plaintes, le plus exaltées et célébrées, nous fassent faute à quelques années de là, nous donnent le regret, la confusion et presque le remords de nos espérances, et que cette misérable vie qui, passé une certaine heure, se compose pour nous d’une suite d’affronts secrets et d’échecs individuels, ne puisse s’achever sans que nous ayons vu coucher l’un après l’autre tous nos soleils, s’abîmer dans l’Océan toutes nos constellations, pâlir au fond du cœur toutes nos lumières ?

1153. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Mes regards se fixèrent sur les vitraux de la rose méridionale à travers laquelle passaient les rayons du soleil, colorés des nuances les plus éclatantes.

1154. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

ne troublez pas, Iannik, le cœur et l’âme de cette jeune fille : ils ne seront plus purs, ils ne réfléchiront plus les étoiles et le soleil béni ! 

1155. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

pour mon âme abattue    Tous lieux sont désormais pareils : Je porte dans mon sein le poison qui me tue ; Changerai-je de sort en changeant de soleils ?

1156. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies.

1157. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Grand Dieu, votre main réclame Les dons que j’en ai reçus ; Elle vient couper la trame Des jours qu’elle m’a tissus : Mon dernier soleil se lève, Et votre souffle m’enlève De la terre des vivants, Comme la feuille séchée, Qui, de sa tige arrachée, Devient le jouet des vents.

1158. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Un rayon de soleil l’appelait, et il partait soudain pour une promenade de cheval ; il écrivait ses vers au retour de là, ou en rentrant de quelque déjeuner folâtre.

1159. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

La nature, les arbres, les eaux, le clair soleil, lui donnaient du plaisir, et sous ses grandes phrases on sent la sincérité de la jouissance : il a vraiment aimé la campagne, il l’a préférée à la société.

1160. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Quel dommage que La Rochefoucauld ait déjà dit : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement ! 

1161. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Je disais aux platanes : « Adieu, mes chers amis, « et aux bassins : « C’est fini, nous ne nous verrons plus. » Il y avait dans le jardin un grenadier dont les belles fleurs rouges s’épanouissaient au soleil.

1162. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous avons connu maint garçon que des biens au soleil, de bonnes rentes, la chasse et la vendange attendaient en quelque belle province, et qui s’entêtait jusqu’à l’âge des cheveux gris dans les brasseries où l’on clame des vers, qui se ruinait l’estomac, s’acoquinait à des filles stupides et collectionnait les dégoûts de tous les hôtels garnis, uniquement appâté par cette vanité étrange et hors nature.

1163. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le motif dont il appuyait ces maximes de haute charité était toujours le même : « … Pour que vous soyez les fils de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants.

1164. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Après avoir vu le soleil, si je ferme les yeux, je ne le vois plus, mais je puis encore y penser.

1165. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

On trouve, par exemple, ces vers sur l’union du pouvoir spirituel et temporel, au seizième Chant du Purgatoire : De la terre et du ciel les intérêts divers Avaient donné longtemps deux chefs à l’univers ; Rome alors florissait dans une paix profonde, Deux soleils éclairaient cette reine du monde : Mais sa gloire a passé quand l’absolu pouvoir A mis aux mêmes mains le sceptre et l’encensoir3.

1166. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il s’est fait un style qui, dans ses bons jours et quand le soleil rit, est vif, gracieux, enlevé, fait de rien, comme ces étoffes de gaze, transparentes et légères, que les anciens appelaient de l’air tissé.

1167. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Dargaud parle d’un autre portrait où « un rayon de soleil éclaire, dit-il assez singulièrement, des boucles de cheveux vivants et électriques dans la lumière. » Mais Walter Scott, réputé le plus exact des romanciers historiques, nous peignant Marie Stuart prisonnière dans le château de Loch Leven, nous montre, comme s’il les avait vues, les tresses épaisses d’un brun foncé (dark brown) qui s’échappaient à un certain moment de dessous le bonnet de la reine.

1168. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements.

1169. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

La couleur est vigoureuse, les passages bien variés, bien vrais, mais il n’y a nulle solidité ; ce sont des têtes à fondre au soleil comme de la neige.

1170. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi ; Évidemment une main s’élève pour protéger les yeux que la lumière du soleil blesse et meurtrit.

1171. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

« Dieu, comme dit Moïse, a fait le soleil, la lune, les astres, pour le service de toutes les nations qui vivent sous le ciel. » Mais n’oublions pas que si chaque chose produit une révélation, les sociétés humaines sont les dépositaires naturelles et impérissables de ces révélations successives et continues.

1172. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Voyez, dans une même patrie, les gens de la plaine et ceux de la montagne, ceux qui communiquent, par tout leur être, avec le sol rocheux, l’air sec, avec les bruyères, avec les grands flamboiements de soleil sur des surfaces arides ; regardez à côté et étudiez ceux que la vie enferme dans l’ombre moite des forêts ; observez le visage des mêmes travailleurs qui change avec les saisons, la couleur de leurs paroles ou de leurs yeux qui varie plus d’une fois en un jour, et dites si nous ne sommes pas un peu les sujets de ce monde que nous dominons par la pensée ?

1173. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il y a place pour tout le monde sous le soleil.

1174. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

un homme comme moi doit mourir sur l’échafaud, en plein soleil. » Il lui fait des adieux qui rappellent d’assez près ceux de Didier à Marion. […] Il le supplie de garder de tout heurt, aux flancs de ses potiches, « la glu d’émail où le soleil s’est pris ». […] Ces mondes vivent parce qu’ils se cherchent, et les soleils tomberaient en poussière, si l’un d’entre eux cessait d’aimer. — Ah ! […] Il nous montre un soleil bleu, un soleil vert, un soleil orangé. […] N’y allez pas seul, et n’y allez que par un grand soleil.

1175. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

N’est-ce pas qu’il n’y a rien de plus irrégulier qu’un coucher de soleil ? […] … N’est-ce pas que si un Zeus disposait demain toutes ces couleurs et toutes ces formes en un grand cercle régulier au-dessus du soleil, nous nous écrierions comme le Fantasio de Musset : « Que ce soleil couchant est manqué ! […] mais que ce phénomène de coucher de soleil régulier se répète tous les soirs, la génération prochaine sera ravie en extase. […] On est encore vainqueur partout ; mais on sent cependant, ou l’on peut sentir, un commencement de fin de siècle et un commencement de coucher de soleil. […] Soit béni le ciel, mon ami, de nous avoir donné le soleil sans prendre d’avis ; car si le Très-Haut eût fait à ce sujet une assemblée des notables, il y eût eu pour le moins 103 voix contre 37 pour ne point avoir de soleil… Moi, pour vous dire la morale de tout ceci, j’emprunterai le mot d’un de nos amis, le baron de ***.

1176. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Ainsi l’on voit les dauphins, à l’approche des orages, jouer sur les flots profonds ; ainsi les oiseaux, lorsque paraît la lumière ou lorsque le soleil se couche dans les nuages embrasés de sa splendeur, entonnent leurs hymnes de bonheur, de reconnaissance et d’amour. […] Quoique le livre de Cervantes soit un chef-d’œuvre, il n’est pas sans défaut, et il est permis de trouver des taches dans ce soleil. […] Les bois et les retraites où hommes et troupeaux fuient les ardeurs meurtrières de ce soleil voisin de l’Afrique lui ont livré tous les secrets de la transparence de leur atmosphère, de la fraîcheur de leurs eaux, du crépuscule de leurs ombres. […] D’ailleurs un beau soleil, tombant d’aplomb sur toutes ces guenilles et toutes ces immondices, leur enlève une partie de leur laideur, entretient dans l’âme la joie, la liberté, l’enthousiasme de la beauté, l’amour de la vie, et la splendeur des horizons qui se déploient dans le lointain l’invite à prendre la clef des champs et à partir, comme don Quichotte, à la recherche des aventures. […] Ni l’or ni les commodités du luxe ne l’attirent ; il se résigne joyeusement à la faim et à la soif, aux ardeurs du soleil et aux froides atteintes de la pluie, qui sont les misères habituelles de la vie du chevalier errant.

1177. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et si vous n’osez pas je tâcherai de m’en consoler un jour en reprenant ma promenade au bord de la Seine, à l’heure où le soleil se couche et où vous entre au cœur le grand apaisement dont a parlé le poète. […] La vie, suivant le poète, est bonne en soi ; elle aide chacun à son tour à conquérir sa place au soleil, et elle rejette comme une chose inutile le conflit des devoirs. […] Est-ce que le dieu, boiteux depuis sa chute, montera, comme avant, sur le char du soleil ? […] Un soleil d’après-midi y brûlait la paille de ses rayons pourpre et or et les brindilles allumées flamboyaient d’un éclat éblouissant. […] Ou verra-t-on l’éternel couple de deux cavaliers, chevauchant ensemble sur la route solitaire au coucher du soleil ?

1178. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

À ces imaginations violentes, excessives, affolées des antithèses bruyantes, qui se plaisaient à passer brusquement du plein soleil aux pleines ténèbres, que pouvait dire le demi-jour de la poésie domestique ? […] Chaque page était comme un bouclier d’argent frappé du soleil et qui aurait sonné sous le rayon intense : un vrai bouclier de Memnon. […] Reste à savoir s’il ne vaudrait pas mieux s’assouplir dans le cabinet solitaire, après avoir eu soin de tirer la targette, que d’aller ainsi s’essayer en plein Paris et se disloquer sous le soleil. […] Ce paysage, Mistral l’a fixé dans Calendau avec une précision, et, tout à la fois, une magnificence incomparables, — chaque strophe est comme un lac où se regardent le soleil et les forêts ! […] Il m’est impossible d’admettre que vos paysans — qui, après tout, parlent la langue d’Oc et sont fils du soleil — soient mauvais et abêtis comme ceux que vous peignez !

1179. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Les soleils d’Austerlitz ne les égayaient-ils pas ? […] Je vois encore ses mains et les poils de ses phalanges, un peu roux et qu’à travers la croisée dorait le soleil. […] Mais il entrait, par les fenêtres, malgré les barreaux, des rayons de soleil. […] Voici l’amour qui pleure : Amour, le frère du soleil, dans la prison de l’ombre… Le soir tombe à genoux. […] Le soleil, l’intensité de la sève, mille influences collaborent au résultat le plus méticuleux.

1180. (1901) Figures et caractères

Le grand soleil illuminait une poussière d’or ; une chaleur de liberté échauffait les esprits. […] Aussi ce grand homme, qui ne mourut que célèbre, renaît glorieux vingt-cinq ans après, mûr pour cette gloire qu’il appela tristement et magnifiquement « le soleil des morts ». […] Le crépuscule travaille la pierre, la nuit la sculpte, l’aube l’enjolive de ses rosées, l’aurore la peint et le soleil se lève, et la ruine tout entière, lumineuse, chante. […] Écoutez l’églogue moduler sur sa flûte un songe d’ivresse et de soleil. […] Elle est de pierre jaunie, fruste et spongieuse ; le soleil l’a effritée : on sent que les grands vents d’équinoxe doivent disperser autour d’elle un peu de sa sainte poussière.

1181. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Avec quelle espérance on enfonce le soc dans le sillon, après avoir imploré celui qui dirige les soleils, et qui garde dans ses trésors les vents du midi et les tièdes ondées ! […] « Le soleil levant, et le soleil à son coucher, la nuit et l’astre qui l’enchante, ne pouvaient faire sentir aux Grecs et aux Romains les émotions qu’ils portent à notre âme. […] Le solitaire, qui attend le lever du soleil sur le sommet du Liban, me rendra plus sensible à la merveille de la lumière et de la création renaissante, s’il répète, au retour du matin, le cantique où David célébrait les œuvres de Dieu sur la même montagne. […] Quand le télescope de Galilée et d’Herschel recule les immensités du ciel, il faut bien que l’Olympe s’abaisse ; et c’est alors que la Muse de l’épopée, s’égalant avec Newton dans des soleils sans nombre et des mondes sans fin , s’écrie avec un enthousiasme digne de ces nouveaux prodiges : Par-delà tous ces cieux, le Dieu des cieux réside.

1182. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Écoutez-les, et si chacune de ces voix, qui représente une année, une passion de voire vie, arrive à vous, racontant des opinions auxquelles vous êtes resté fidèle, des haines qui vivent encore en votre âme, et des admirations qui n’ont fait que grandir ; si en même temps vous rencontrez, dans ce concert qui ne vous déplaît pas, quelque souvenir de luttes généreuses, de résistances loyales, de combats courageux : le faible protégé dans sa faiblesse imméritée, et le fort attaqué dans sa gloire injuste ; et si vous pouvez dire à coup sûr : voilà une renommée que j’ai faite, voilà un esprit que j’ai découvert le premier, voilà un nom qui est un nom, grâce à moi ; et parmi vos erreurs, si vous en trouvez plusieurs qui vous ont été facilement pardonnées ; et parmi les hardiesses de votre goût, si vous en rencontrez quelques-unes qui aient été justifiées, et dans vos prévisions, s’il arrive que vous ayez deviné juste, une fois sur dix, et si, en fin de compte, vous avez pour amis les vaillants, les fidèles, les courageux, les grands esprits, et si les autres seuls vous haïssent ; les impuissants, les vaniteux, les faux poètes, les faux historiens, les faux railleurs, les faux braves, les faux hommes de lettres, et si parmi les choses que vous avez écrasées, il ne s’est pas rencontré un chef-d’œuvre, et si parmi les choses que avez le plus louées, il ne s’est pas découvert une honte, et si votre instinct vous a guidé dans les passages difficiles, de façon à vous faire éviter les trappes, les écueils et les abîmes dont le sentier des belles-lettres pratiques est semé de toutes parts, et si, de tous ces obstacles… Tant de violences, de haines, de cris étouffés, — tant de fureurs anonymes, tant d’injures, tant de calomnies, tant et tant de rages sourdes de l’amour-propre offensé, n’ont pas laissé plus de traces que l’escargot quand il passe… un peu d’écume gluante que la rosée efface et que le soleil emporte, alors, véritablement, cette profonde horreur que vous inspirait cet amas de feuilles, amoncelées dans le Capharnaüm du journal, devient une fête… une fête de votre esprit ! […] Richelieu, le terrible faucheur, avait délivré la royauté des grands seigneurs qui se plaçaient imprudemment devant son soleil ; il avait négligé le reste : la baguette avait fait grâce aux pavots peu élevés. […] et si vous ne saluez pas soudain ce grand miracle, aussitôt vous êtes un homme perdu, vous n’êtes plus qu’un vieux critique, un critique envieux, un critique fou, un critique à dénoncer et à foudroyer sans miséricorde… Attendez, cependant, une heure plus calme ; attendez que vous puissiez en appeler du César ivre au César à jeun, et vous verrez revenir à vous ces enthousiastes d’un feu de paille, et ces fanatiques d’un déjeuner de soleil. […] ô pastels que le soleil efface, ô linceuls doublés de satin rose ! […] La belle avance, si M. de La Rochefoucauld écrivait ses Maximes pour remplir les pages dévorantes d’un journal ; dans un journal convenablement rempli, Candide et La Chaumière indienne feraient à peine un déjeuner de soleil !

1183. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Après le 9 thermidor, dans ce second moment de réaction, Johannot est incarcéré de nouveau, et peu après, sous prétexte de le transférer, on le livre en proie aux fureurs ennemies : il tombe dans la rue assassiné de dix-sept coups de poignard et de pistolet par les compagnies dites de Jésus et du Soleil. […] Par-delà ce ruban dont la blanche lumière, À peine descendant jusque sur notre terre, Vient mourir à nos yeux, Sont encor des soleils, étoiles inconnues, Qui, voilés à jamais, de leurs clartés perdues, N’atteignent pas nos cieux !

1184. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner   On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] Moins familier et moins pittoresque, plus raffiné et plus élégant, il a quitté la place publique où le soleil lui manque, pour s’enfermer dans les salons où les lustres lui conviennent mieux.

1185. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

C’est là, dans une chambre bien éclairée, ayant sous ses fenêtres l’aspect réjouissant des beaux vignobles de Kosohirz chargés de fruits, de parfums et de feuilles jaunissantes, où venaient expirer les rayons mélancoliques du soleil d’automne ; c’est là que Mozart a terminé le poème où gémit encore son âme immortelle. […] En me réveillant le matin avec le soleil levant, je m’aperçus que j’étais seul dans le lit ; il s’était levé doucement avant le jour, et il était allé de bonne heure au marché de la ville pour acheter à temps les plus beaux fruits et les mets les plus recherchés de la saison pour le déjeuner et pour la collation du jour.

1186. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Mon seul patrimoine au soleil aujourd’hui, c’est ma plume. […] Abandonner ses biens à ses créanciers, c’est le sauve qui peut du désespoir et quelquefois de l’improbité ; c’est jeter à ceux à qui l’on doit le gage peut-être insuffisant de ses immeubles au soleil ; c’est charger ses créanciers d’une liquidation à tous risques, et souvent à mauvais risques pour eux.

1187. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Newton en conclut que cet admirable arrangement du soleil, des planètes et des comètes ne peut être que l’ouvrage d’un être tout-puissant et intelligent ; et, comme le monde porte l’empreinte d’un seul dessein, il doit être soumis à un seul et même être. […] Quand il a pris sa croissance, le cerf l’expose au soleil afin de le mûrir et de le sécher, et, lorsqu’il ne ressent plus de douleur en frottant son bois contre les arbres, il quitte les lieux où il s’était retiré ; il est rassuré, parce qu’il a des armes pour se défendre.

1188. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il était dans son heureux déclin, dans le plein et doux éclat du soleil couchant. […] Mais aujourd’hui, déjà depuis bien des années cette voix est muette, et le bonheur dont je jouissais dans ce contact avec sa personne est bien loin derrière moi ; aussi je ne pouvais trouver l’ardeur nécessaire que dans les heures où il m’était donné de rentrer en moi-même, assez profondément pour pénétrer dans ces asiles de l’âme que rien ne trouble ; là je pouvais revoir le passé avec ses fraîches couleurs ; il se redressait devant moi, et je voyais de grandes pensées, des fragments de cette grande âme apparaître à mes regards, comme apparaîtraient des sommets lointains, mais éclairés par la lumière du jour céleste, aussi éclatante que la lumière du soleil.

1189. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

La seule conclusion pratique à tirer de cette triste vérité, c’est qu’il faut travailler à avancer l’heureux jour où tous les hommes auront place au soleil de l’intelligence et seront appelés à la vraie lumière des enfants de Dieu. […] Au premier beau soleil, vous redeviendrez incrédules.

1190. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il fait encore du soleil, et le gazon et les feuilles des arbustes brillent sous la pluie d’un tuyau d’arrosage. […] Nous ne sommes pas bien sûrs de ne pas rêver… À nous ce grand joujou de goût, ces deux salons, ce soleil dans la feuillée, ce bouquet de grands arbres, en éventail sur le ciel, ce souriant coin de terre et le vol des oiseaux qui y passent.

1191. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Puis bientôt revenant à ce dégoût de son métier, dégoût que j’ai rencontré, dans les derniers temps, chez Gavarni, il s’écrie : « Ah si j’avais une petite rente, là toute petite, mais immuable, comme je m’en irais d’ici, tout de suite… comme j’irais vers un bout de pays, aux rivières, où il y de la poussière dedans et qu’on balaye… Ce sont les rivières que j’aime… Pas d’humidité… dans le dos par exemple, un bois de palmiers, comme à Bordiguères… et une Méditerranée bleue à l’horizon. » Il s’arrête quelque temps dans la contemplation de son paysage, et reprend : « Par un coup de soleil, nous esthétiserions, au bord de la mer, les pieds dans la vague, comme Socrate ou Platon. » Pendant qu’il parle, tour à tour, l’une de ses sœurs, de ces vieilles à tignasse grise, au torse maigre flottant dans la flanelle d’une vareuse, entre, sans qu’on l’entende, s’assied une seconde, donne une caresse au petit chien blanc ou à la noire Cléopâtre, et ressort, en enveloppant son frère d’un regard de tendresse. […] Lundi 20 mai J’avais déjà remarqué plusieurs fois, combien sous le soleil, l’ombre portée des choses servait aux Japonais pour leurs dessins.

1192. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Il faudrait énumérer le combat de Schœngraben, suivi de la sinistre chevauchée du prince André au milieu de la débâcle des caissons et des voitures chargées de blessés, la bataille d’Austerlitz, l’entrevue de Tilsitt, le passage du Niémen, la description mémorable de la bataille de Borodino, où tandis que pleuvent les boulets, dans le va-et-vient des servants, sur le crépitement de la fusillade et le choc horrible des corps à corps, rayonne paisiblement le beau soleil d’une journée d’automne illuminant l’herbe mouillée de givre et de gouttelettes de sang, quand, tout auprès, au milieu des rangs pressés d’un régiment misérablement décimé à distance par les obus, succombe le prince André déchiré au ventre par un biscaïen et emporté à l’affreux et fade charnier qui est devenu l’ambulance ; d’autres tableaux apparaissent et le récit de cette grandiose rencontre de deux peuples se déroule en aspects tracés avec une si évidente véracité qu’on s’imagine posséder enfin l’exacte représentation de la guerre. […] Les lieux de massacre à la terre gluante et noire de sang, les lazarets pleins de râles, de cris, de membres amputés, d’exhalaisons putrides, sont des lieux d’humanité, comme les multitudes grouillantes, odorantes et bavardes des jours de fête, comme les troupes de laboureurs, tendant des muscles suants sous les lourds soleils, comme ces bals où hommes et femmes échangent, de leurs yeux vagues, d’inarticulés et frissonnants appels aux consommations de la volupté.

1193. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

En lui, comme en une corde tendue, comme sur un papier sensibilisé, ou en un réactif chimique, se répercutent tous les bruits, toutes les visions, toutes les odeurs, la flambée d’un rayon de soleil contre un mur, le cri d’un aviron contre les taquets, les délicieuses effluves d’une passante au teint nuancé, tout le flot de physionomies et de rumeurs qui roule et fracasse entre les files de devantures d’une rue. […] Lourd d’une tristesse royale, Mon front songe aux soleils enfuis… Oh !

1194. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Etant un jour chez madame la duchesse de Sully, où l’on vint à parler du systême d’un auteur Ecossois qui mettoit l’enfer dans le soleil, il lui fit ce compliment : Madame, si vous étiez damnée, j’irois me placer dans un des satellites du soleil, pour tourner autour de vous.

1195. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Spinoza, peu lu, peu compris, était resté dans l’ombre : mais d’autres incrédules moindres et plus éloquents avaient tracé ouvertement leur sillon sous le soleil et propagé en tous sens leurs germes : bien des âmes, bon gré mal gré, les avaient reçus ; on avait beau faire, chacun se ressentait plus ou moins à son jour d’être venu au monde depuis Voltaire et depuis Rousseau.

1196. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il rendait au comte Gaston la monnaie de son dire en lui lisant son poème de Meliador, le chevalier au soleil d’or.

1197. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Ces éloges à plein visage n’embarrassaient jamais Louis XIV : il était comme le soleil et ne s’éblouissait pas lui-même.

1198. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Mais on y suit dans toutes ses traverses et ses épines cette vie laborieuse, morcelée, toujours en lutte, et qui n’eut que de rares éclaircies de soleil.

1199. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Quand il allait en carrosse doré par la ville, chacun le montrait du doigt, et il jouissait de sa gloire en plein soleil.

1200. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Au lieu d’une route désormais tout ouverte pour lui de grand capitaine en plein soleil, de généreux et féal Français, sous un grand homme dont il aurait été le lieutenant illustre et le second, il va se trouver engagé par la force des choses dans une vie de faction, de lutte en tous sens, de dispute pied à pied et de chicane avec les siens et les orateurs envieux de son parti, de rébellion en face des armées et de la personne même de son roi, d’alliance continuelle avec l’étranger ; il va former et consumer ses facultés d’habile politique et d’habile guerrier dans des manœuvres où l’intérêt et l’ambition personnelle font, avec les noms sans cesse invoqués de Dieu et de conscience, le plus équivoque mélange, tellement que celui même qui s’y est livré si assidûment serait bien embarrassé peut-être à les démêler.

1201. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

La poudre manquant, on se mêla l’épée à la main par un soleil si clair, que la lueur des lames éblouissait les yeux des combattants.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Talon et de Broussel, les comparaisons du Parlement avec la lune, « laquelle a le plus d’éclat lorsqu’elle est opposée au soleil ».

1203. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

J’étais résigné, et il m’est arrivé quelques rayons de soleil. » En effet, des jours meilleurs arrivent ; après Juillet, il obtient, pour Rouget de Lisle, et la croix d’honneur et une pension ou même plusieurs petites pensions sur divers ministères.

1204. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Poujoulat pouvait se croire appelé, M. de Carné pouvait espérer d’être élu, lorsqu’un nouveau nom, positivement déclaré, est venu les décourager tous et mettre comme à néant toutes les autres conjectures et candidatures : Le Soleil est levé, retirez-vous, Étoiles !

1205. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Le peuple de Madrid ne vivait plus que de l’air du temps, comme nous dirions ; et, comme on dit là-bas, il ne vivait plus que de prendre le soleil.

1206. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.

1207. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Les envieux s’attachent à la peau restée sur le chemin et s’y logent, tandis que le serpent a déjà fait peau neuve et brillante, et qu’il continue de se dérouler au soleil.

1208. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Elle n’a brillé dans ses parfaits exemplaires, cette incomparable beauté, qu’une seule fois ou peut être deux fois sous le soleil.

1209. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Il y a de sauvages et orgueilleux oiseaux qui n’aiment à se poser que sur des rochers si escarpés que le soleil seul, comme dit Homère, y a mis le pied.

1210. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Et cependant, ces attentats et massacres étaient flagrants ; ils s’étaient accomplis et perpétrés à la clarté du soleil.

1211. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Ô vous qu’un noble orgueil anime, qui avez pris à votre tour possession de la vie et des splendeurs du soleil, qui vous sentez hautement de la race et de l’étoffe de ceux qui ont droit de se dire : « Et nous aussi, soyons les premiers et excellons ! 

1212. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Le soleil était à son midi.

1213. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il lui semble qu’un Louis XVI plus énergique, en 1775, aurait pu, en soutenant Turgot, et sans rien perdre par lui-même du prestige de la souveraineté, réaliser à temps cette liberté octroyée, équitable, humaine, populaire, débonnaire sans faiblesse, la plus complète qui se soit encore vue sous le soleil.

1214. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Enfin le soleil du 1er juin (13 prairial), « jour à jamais mémorable », se leva et éclaira sur une mer houleuse un engagement terrible.

1215. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Des races choisies s’entretiennent, se cultivent, se dessinent hardiment, héroïquement, sous le soleil.

1216. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature.

1217. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Il s’en est produit très-peu de nouveaux et d’entièrement nets au soleil : dans l’ordre de l’imagination, M. de Balzac, George Sand ; dans l’ordre politique, M. de Tocqueville.

1218. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

C’est le paysage le plus stérile, le plus hostile à l’homme, le plus désolé, le plus lugubre sous la lumière aveuglante ; les sables fauves, sans limites ; tachés d’affreux villages nègres comme de plaques de lèpre, ou de marécages pleins de poisons qui saignent horriblement au coucher du soleil.

1219. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Après le spectacle de l’homme de Descartes, se connaissant par sa pensée et ne pouvant connaître sa pensée sans connaître Dieu, le plus beau sans doute est celui que nous donne Buffon, quand il fait apparaître devant nos yeux la terre, d’abord masse incandescente, détachée du soleil et emportée vers la route où elle doit éternellement rouler, puis, par le déluge des vapeurs condensées qui tombent sur sa surface attiédie, devenant une mer sans rivages, d’où sort par ses pointes de granit la roche intérieure qui forme le noyau du globe ; les continents s’emparant des espaces abandonnés par la mer ; les volcans vomissant les masses vitres-cibles ; les grands animaux qui viennent peupler les régions du Nord, les premières refroidies et desséchées ; le déchirement du globe en deux vastes continents, dont l’un sera le monde ancien et l’autre le nouveau ; enfin, l’homme prenant possession de la terre pacifiée et rendue digne de recevoir son nouvel hôte.

1220. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Voilà pour la rotation de la Terre sur elle-même ; que dire de sa révolution autour du Soleil.

1221. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Le voici prisonnier d’un lycée, voué à la solitude de l’âme, frileusement replié sur lui-même, s’étiolant dans l’ombre des dortoirs et des cours, comme une plante privée d’air et de soleil.

1222. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

C’est ainsi qu’un guide en Suisse, pour l’ascension du Righi ou de toute autre montagne, vous conduit au meilleur endroit, un peu avant l’aurore, s’y place à côté de vous : et l’on voit tout à coup le soleil se lever à l’horizon et sa vive lumière elle-même développer par degrés l’immense paysage, dont le guide alors vous indique les hauts sommets et vous dénombre tous les noms.

1223. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle inventa également pour eux toute une série d’exercices gymnastiques alors inconnus : les exercices des poulies, des hottes, les lits de bois, les souliers de plomb ; elle put se féliciter plus tard à bon droit d’avoir appris à son principal élève « à se servir seul, à mépriser toute espèce de mollesse, à coucher habituellement sur un lit de bois, recouvert d’une simple natte de sparterie ; à braver le soleil, la pluie et le froid ; à s’accoutumer à la fatigue, en faisant journellement de violents exercices et quatre ou cinq lieues avec des semelles de plomb ».

1224. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais, dès cette première phrase de M. de Lamartine, j’ai vu des personnes se demander ce que l’historien entendait par le milieu de la vie, et si, en effet, nous en étions encore à mesurer l’espace de nos jours et le nombre des soleils qui nous sont accordés, comme on le faisait au temps des patriarches.

1225. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Son modeste réduit à demi champêtre avait ses agréments et ses heures de soleil.

1226. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Cette forme est plus frêle que l’aile d’un papillon, plus prompte à s’évanouir que la goutte de rosée suspendue à un brin d’herbe au soleil ; un peu d’air agité par votre main, un souffle, un son deviennent ici des agents puissants qui peuvent anéantir en une seconde ce que dix-sept siècles, peut-être, de destruction ont épargné.

1227. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant.

1228. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

j’y trouve bien un peu mon profit, je l’avoue : quand je marche au soleil, quoique ce soit pour tout autre chose, il arrive pourtant tout naturellement que mon visage prend le hâle : et c’est ainsi que lorsqu’à Misène (car à Rome je n’en ai guère le temps) je me suis mis à lire avec soin ces livres des historiens, je sens, comme à leur contact, que mon langage prend de la couleur (sentio illorum tactu orationem meam quasi colorari).

1229. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Vigny, poète toujours et cachant les injustices de sa poésie sous les formes les mieux fourbies du raisonnement, va jusqu’à dire, dans le délire partagé de Rousseau : « L’individu n’a presque jamais tort, l’ordre social toujours », et cela étonne d’un homme de ce temps et d’autant de soleil dans la pensée ; car, s’il était nécessaire de dresser des maximes absolues dans la grande casuistique de l’Histoire, ce serait le contraire, à coup sûr, de l’axiome de Vigny qu’il faudrait prendre pour la vérité !

1230. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Je lui demande bien pardon, il n’existait pas avant d’exister et il n’existera plus quand il aura cessé d’être… Vous pouvez me contredire, vous pouvez me lancer des interruptions pour me troubler, mais ce que vous ne troublez pas, c’est le fait qui est gros comme le monde, qui est éclatant comme le soleil, à savoir : que depuis deux ans, la libre pensée a fait d’immenses progrès, et que les masses populaires en France se rangent du côté de la Révolution. » C’étaient là d’énergiques paroles assurément, une vigoureuse tentative pour démasquer l’insidieuse et cauteleuse proposition de l’archevêque.

1231. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il ne vous est pas donné, comme à nous, de contempler l’autre avec ses aspects mélancoliques, le pâle soleil qui l’éclaire, et le rivage glacé qui la termine.

1232. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Quand le soleil se lève, et qu’un grand pan de clarté vient argenter les petits flots innombrables, l’appartement s’emplit tout entier d’une lumière blanche, et les rayons irisés dansent avec une gaieté inexprimable dans les vieux carreaux.

1233. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

La matière et la pensée, la planète et l’homme, les entassements de soleils et les palpitations d’un insecte, la vie et la mort, la douleur et la joie, il n’est rien qui ne l’exprime, et il n’est rien qui l’exprime tout entière.

1234. (1925) Comment on devient écrivain

Strowski est d’avis que « la littérature contemporaine s’est épanouie comme un jardin au soleil de mai ; que des talents nouveaux se sont révélés, et que nous allons voir des Chateaubriand, des Hugo et des Lamartine, ou plutôt que nous les avons déjà sans savoir encore les reconnaître11 ». […] Ils diront par exemple : « Exquises, ces figues cueillies dans la rosée matinale, aux premiers feux du soleil montant », sans voir qu’ils refont la phrase d’Alphonse Daudet : « Délicieuse, cette soirée passée dans le jardin du presbytère, au parfum des roses finissantes, etc. » Les naïfs adoptent un gaufrier qui leur permet d’avoir du talent ; seulement ce talent n’est pas à eux, et ceux qui savent ne sont pas dupes. […] Je sais un jeune docteur de lettres qui a noté ainsi tous les couchers de soleil dans l’œuvre de J. […] M. de Maigret peint ardemment la vie passionnante du Sahara, dans la flamme de l’amour et du soleil. » Ou ceci : « M.  […] Mais quelle surprise, lorsqu’on aperçoit une figure radieuse comme le soleil !

1235. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le soleil dardait encore ; ses rayons expiraient, mais violemment, et je pouvais quelquefois me demander si l’excès de la chaleur n’aurait pas retenu à la maison une partie de mon public. […] Barrière, après l’avoir construit, ne peut s’empêcher de se rappeler à propos de lui, par une illumination subite, le canon du Palais-Royal que le soleil fait partir tous les jours à la même heure. […] En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. […] Quels bons soleils ils avaient eus ! […] Que veut dire, par exemple, « un soleil noyé dans son sang qui se fige » ?

1236. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Pendant ce temps d’ivresse et de bonheur, son imagination se livra à tous les charmes d’une compagnie délicate et choisie, qu’un soleil couchant de divine beauté embellissait encore. […] Il n’y avait pas assez de place dans le ciel poétique pour tous deux, — deux soleils à la fois ! […] Vous vous êtes levé dès avant l’aurore ; vous êtes en campagne tout le jour, vous faites des recrues en toute contrée, il vous en vient de tous les points de l’horizon ; ce n’est jamais assez à votre gré : il vous en faut du fond de la Laponie, il vous en faut du plus lointain Orient, c’est bien ; mais prenez garde, au train que vous suivez, de passer le jour entier aux préparatifs et de ne livrer bataille qu’à sept heures du soir, après que le soleil sera couché.

1237. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Le bénédictin aussi avait des jours de soleil. […] Ce jour-là, par un beau soleil d’automne, le Directoire en grand costume, La Revellière-Lépeaux en tête, sortit à pied de l’École militaire, précédé de tous les ministres, grands fonctionnaires, et des principaux corps de l’État ; chaque membre du cortége tenait à la main une branche de laurier ou de chêne. […] Je ne veux pas dire que, transporté et traduit, comme il le fut alors, dans les États de l’Amérique du Sud, il continuât d’être applicable ; mais, en France, la société se faisait mûre pour les garanties qu’il réclamait, que la raison publique se mit par degrés à vouloir, à vouloir avec passion, qu’insultée un jour et défiée, elle revendiqua, trois matins durant, à la face du soleil, et qui sont à peu près obtenues.

1238. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Les autres, rebutés par la dureté d’une contrainte incessante et par la minutie d’une discipline morose, ont renversé gardiens et barrières, et lâché la nature captive pour la faire jouir du plein air et du soleil, loin desquels elle étouffait. […] Du velours noir, belle comme vous l’êtes, avec ces yeux charmants, brillants comme un soleil d’avril à travers un nuage d’hiver ? […] » Ils sont aux prises, « c’est une lutte à qui des deux défera l’autre. » Ni trêve, ni relâche. « Lorsqu’il entreprend une chose ou qu’il y met son cœur, il est le plus industrieux mortel et le plus persévérant sous le soleil. » Il l’assiège et l’obsède ; il passe des nuits autour de sa maison, il donne aux Harlowe des valets de sa main, il forge des histoires, il amène des personnages supposés, il fabrique des lettres.

1239. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Le soleil brûlant, l’étrange végétation de cocotiers et de palmiers, le champ de riz, le réservoir d’eau, les arbres énormes, plus vieux que l’empire Mogol, sous lesquels s’assemblent les foules villageoises, le toit de chaume de la hutte du paysan, les riches arabesques de la mosquée où l’iman prie la face tournée vers la Mecque, les tambours et les bannières, les idoles parées, le pénitent balancé dans l’air, la gracieuse jeune fille, avec sa cruche sur la tête, descendant les marches de la rivière, les figures noires, les longues barbes, les bandes jaunes des sectaires, les turbans et les robes flottantes, les lances et les masses d’armes, les éléphants avec leurs pavillons de parade, le splendide palanquin du prince, la litière fermée de la noble dame ; toutes ces choses étaient pour lui comme les objets parmi lesquels sa vie s’était passée, comme les objets qui sont sur la route entre Beaconsfield et Saint-James Street. […] Il décrit les hautes terres d’Écosse, demi-papistes et demi-païennes, les voyants enveloppés dans une peau de bœuf, attendant le moment de l’inspiration, des hommes baptisés faisant aux démons du lieu des libations de lait ou de bière ; les femmes grosses, les filles de dix-huit ans labourant un misérable champ d’avoine, pendant que leurs maris ou leurs pères, hommes athlétiques, se chauffent au soleil ; les brigandages et les barbaries regardés comme de belles actions ; les gens poignardés par derrière ou brûlés vifs ; les mets rebutants, l’avoine de cheval et les gâteaux de sang de vache vivante offerts aux hôtes par faveur et politesse ; les huttes infectes, où l’on se couchait sur la fange, et où l’on se réveillait à demi étouffé, à demi aveuglé et à demi lépreux. […] Des brouillards et des orages pèsent sur elle pendant la plus grande partie des beaux étés ; et même dans les jours rares où le soleil est brillant, quand il n’y a aucun nuage dans le ciel, l’impression que laisse le paysage est triste et accablante.

1240. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

A ce moment le soleil apparaît, resplendissant (tout le drame s’est passé jusque-là sous une pluie ruisselante et continue). Le malade, immobile, les yeux éteints, pareil à un cadavre, dit d’une voix sourde et sans timbre : « Mère, donne-moi le soleil… le soleil… le soleil… » Il ne bouge plus et ne sait dire que cela… La mère, désespérée, cherche dans la poche d’Oswald la boîte de morphine… Va-t-elle s’en servir ? […] Et tous deux alors, lui dans un sombre délire, elle avec une sorte de désespoir solennel, se tournent vers cet autre idéal si simple, vers l’idéal païen, vers la joie, vers le soleil. « Le soleil » c’est le dernier mot du drame. […] Cette petite population est dispersée dans un vaste territoire, dont la partie méridionale a des hivers aussi doux que ceux de la Bavière, et dont le Nord est ce merveilleux pays du soleil de minuit. […] Cela prouve que cette métis de l’Amérique du Sud, cette belle créature qui doit avoir dans les veines le soleil de son pays, a un rude empire sur elle-même.

1241. (1902) Propos littéraires. Première série

Il est difficile de concevoir que des hommes sensés et réfléchis nourrissent l’espoir de rendre un jour supportable le séjour de cette petite boule qui, tournant gauchement autour d’un soleil jaune et déjà à demi obscurci, nous porte comme une vermine à sa surface moisie. […] Elle est trop fraîche, elle est trop belle, elle est trop saine, elle est trop jeune ; ils vivent trop, d’une vie insolemment radieuse, ses beaux cheveux blonds, où semble descendre et séjourner amoureusement le soleil. […] Elles prouvent qu’ils sont vivants, qu’ils ont leurs jours de soleil et leurs jours d’ombre, et leurs moments de faveur et leurs instants de discrédit, comme des auteurs qui écrivent tous les jours. […] Plus de lumière, plus de vue, plus de soleil. […] C’est le soleil qui s’est couché.

1242. (1903) Propos de théâtre. Première série

Ils sautent sur cette occasion de faire un tableau de soleil couchant, ou de lever d’aurore, et ils s’en donnent à cœur joie. […] que le soleil d’automne est impitoyable ! […] Cela rappelle les discussions de l’abbé d’Aubignac sur le texte de l’Heautontimoroumenos, sur la question si la durée de cette pièce est circonscrite entre le lever et le coucher du soleil, et sur le laps de temps pendant lequel, aux plus grands jours, en Italie, et non pas en France, le soleil peut rester au-dessus de l’horizon. […] Ce n’est pas à propos du Cid que l’on a dit de Corneille : Le soleil s’est levé ; retirez-vous, étoiles ! […] Or, ce soleil-là, ce n’est pas de l’autre côté du Rhin ni de l’autre côté de la Manche, c’est d’au-delà des Pyrénées qu’il s’était levé.

1243. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Tels, durant les étés du pôle, les derniers rayons d’un soleil finissant s’unissent dans un crépuscule presque insensible à la plus glorieuse des nouvelles aurores ! […] ce peuple prosterné, Ce temple dont la mousse a couvert les portiques, Ses vieux murs, son jour sombre, et ses vitraux gothiques ; Cette lampe d’airain, qui, dans l’antiquité, Symbole du soleil et de l’éternité, Luit devant le Très-Haut, jour et nuit suspendue ; La majesté d’un Dieu parmi nous descendue ; Les pleurs, les vœux, l’encens, qui montent vers l’autel, Et de jeunes beautés, qui, sous l’œil maternel, Adoucissent encor par leur voix innocente De la religion la pompe attendrissante ; Cet orgue qui se tait, ce silence pieux, L’invisible union de la terre et des cieux, Tout enflamme, agrandit, émeut l’homme sensible ; Il croit avoir franchi ce monde inaccessible, Où, sur des harpes d’or, l’immortel séraphin Aux pieds de Jéhovah chante l’hymne sans fin. […] M. de Fontanes avait souvent passé sa journée à relire quelque beau passage de Lucrèce et de Virgile ; à noter sur les pages blanches intercalées dans chacun de ses volumes favoris quelques réflexions plutôt morales que philologiques, quelques essais de traduction fidèle : « J’ai travaillé ce matin, disait-il ; ces vers de Virgile, vous savez : Et varios ponit fœtus autumnus, et alte Milis in apricis coquitur vindemia saxis ; « ces vers-là ne me plaisent pas dans Delille : les côtes vineuses, les grappes paresseuses  ; voici qui est mieux, je crois : Et des derniers soleils la chaleur affaiblie Sur les coteaux voisins cuit la grappe amollie. » Il cherchait par ces sons en i (cuit la grappe amollie) à rendre l’effet mûrissant des désinences en is du latin. […] Une fois seulement il s’est rencontré directement avec lui, mais peut-être par identité d’objet plutôt que par imitation : Soleil, ce fut un jour de l’année éternelle.

1244. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

L’âge d’or reviendra, car un aussi beau soleil que celui qui nargue Paris depuis huit jours, ne peut se contenter d’éclairer sans cesse une pareille image de désert. […] Quand il a amassé quelque argent et quelques vers, il se montre au soleil. […] Quand le soleil se leva, le lampion brûlait encore, renversant son suif fondu sur l’ivrogne agité dans son sommeil. […] Méry se réveilla avec le soleil levant, que son compagnon n’avait pu fermer l’œil, tant sa couche était dure.

1245. (1894) Études littéraires : seizième siècle

À quel propos lui départirait le soleil sa lumière ?… Le soleil ne luira sur la terre… Entre les éléments ne sera permutation aucune ; car l’un ne se reconnaîtra obligé à l’autre. […] — Certes, et elle l’est : « La parole de Dieu est semblable au soleil ; mais c’est sans efficace contre les aveugles. […] À la vérité, au temps où il écrit, ce monstre tient peu de place sous le soleil ; il le voit pourtant et le signale à la réprobation : « Il est aisé de rédarguer la folie de ceux qui voudraient que les magistrats, mettant Dieu et la religion sous leurs pieds, ne se mêlassent que de faire droit aux hommes… Si les princes et autres supérieurs connaissent qu’il n’y a rien de plus agréable à Dieu que leur obéissance ; s’ils veulent plaire à Dieu en piété, justice et intégrité, qu’ils s’emploient à la punition et correction des pervers ; Moïse était ému de cette affection quand il punit l’idolâtrie du peuple par la mort de trois mille hommes. » Personne n’est plus que Calvin ému de cette affection-là.

1246. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Suivant lui, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et cette idée renouvelée de Salomon ne devait pas même être fort nouvelle au temps du roi-prophète. […] Étourdi sous cette avalanche de noms, frappé d’admiration stupéfiante par le savoir du critique, le pauvre homme (je parle du lecteur) aimerait bien quelque arrêt dans ce défilé monotone de paragraphes compacts ; il souhaiterait qu’un rayon de soleil, un sourire, un éclair de gaîté vînt de temps en temps illuminer ces phrases grises qui se suivent interminablement. […] Il lui arrive de se laisser envahir par la vie de la nature environnante, au point qu’il lui semble vibrer avec le rayon de soleil, frémir avec la feuille du tremble, courir avec l’eau de la rivière. […] Il comprend combien il est nécessaire d’égayer d’un rayon de soleil toute cette psychologie, d’animer tant de sèches abstractions. […] Les fleurs s’ouvrent sous sa fenêtre, amoureusement ; l’or tendre du soleil couché s’étend sur la ligne de l’horizon avec une délicatesse adorable41. » Il esquisse ainsi tout un tableautin d’intérieur avec une vaste échappée sur la nature.

1247. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Cela grouille bien Soleil cru, haillons éclatants, odeurs d’ail, de poisson, de jasmin et de miel… Photine accourt, illuminée, criant ce qu’elle a vu et entendu. […] Les vers, colorés, souples, jolis même dans leurs négligences, — trop jolis, — sentent en maint passage l’improvisateur brillant, fils des pays du soleil. […] Cette usine le tue, mais lui est une Source inépuisable de sensations ingénieuses. « … Je ne peux pas rester là-haut au coucher du soleil. […] « La mansarde, oui, c’est gentil, quand il y a un rayon de soleil et quand on a de quoi manger. […] Et ce vers original conclut l’entretien : L’amour, c’est le soleil !

1248. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise.

1249. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

C’est pour ton aimable visage, enfin, que le nourrisson d’Atarnée78 a mis en deuil, par sa mort, la clarté du soleil : aussi est-il digne pour ses hauts faits du chant des poètes, et les Muses, filles de Mémoire, le rendront immortel et ne cesseront de le grandir, au nom même de l’hospitalité sainte et de l’inviolable amitié.

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Dans un petit poème, qui est à peu près du même temps, intitulé Les Consolations de la vieillesse, Saint-Lambert décrit en des vers spirituels et assez brillants son bonheur à Eaubonne ou à Sannois, au sein de la nature et de l’amitié, puis il ajoute en terminant que, lors même qu’il y serait seul, il jouirait du moins de la saison nouvelle, du printemps, du soleil : Et j’y voudrais penser et rire tour à tour     Entre Montaigne et La Pucelle.

1251. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Quelques saisons de joie et de soleil allaient luire enfin pour Cowper ; un rayon brillant allait s’introduire dans sa vie.

1252. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Assez d’autres princes, selon l’observation de Chateaubriand, ont eu des vices dont rougit la nature humaine, de ces vices honteux et caverneux qui se cachent : Louis XIV a eu ses défauts, ses faiblesses de volupté et d’orgueil, sans, en rien dérober et en plein soleil.

1253. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Si je rencontrais une pierre, mon imagination en faisait un homme pétrifié ; si j’entendais quelques oiseaux, c’étaient des hommes couverts de plumes ; les arbres du boulevard, c’étaient encore des hommes chargés de feuilles ; les fontaines, en coulant, s’échappaient de quelque corps humain ; je croyais que les images et les statues allaient marcher, les murailles parler, les bœufs et les autres animaux du même genre rendre des présages, que du ciel, du ciel lui-même, et de l’orbite enflammée du soleil descendraient soudain quelques oracles.

1254. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Les uns, les croyants et les militants, espéraient arracher de Rome des réponses précises, des oracles encore inouïs, dans le sens de l’avenir : ils voyaient déjà devant eux une carrière originale et neuve, ouverte en plein soleil au développement catholique de leurs talents.

1255. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

»… Mais il fait beau, le temps sourit, l’été est radieux et splendide, tout vous appelle : jeune homme, laissez ces choses à ceux du métier, et si le trop de loisir ou d’activité vous tente, si le sang vous chatouille, dépensez votre zèle ailleurs ; allez à Ems, allez à Spa, et laissez-nous le soin, par ce soleil d’août, d’ajuster nos phrases qui nous clouent à notre fauteuil.

1256. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Un homme vain, fastueux, un roué habile, un ambitieux toujours aux aguets, allant à ses fins sous des airs d’extravagance, tout occupé de faire sa cour, à se trouver sur le passage du roi, à le lasser de son assiduité jusqu’au moment où il enleva la faveur ; à la guerre, un homme qui n’était pas embarrassé à se donner les honneurs des services d’autrui et à leur ravir leur part de récompense, comme il le fit pour Coligny dans cette croisade de 1664 en Hongrie ; pendant la paix, le plus effronté des courtisans et un somptueux flatteur en plein soleil et en place publique ; mais que dis-je et de quoi me mêlé-je avec mes couleurs délayées ?

1257. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Au retour du printemps, dès que la terre ne suffisait plus à ceux qui en vivaient, dès que la famille humaine devenait trop nombreuse, un essaim de jeunesse prenait son essor et s’envolait à la découverte, à l’aventure, vers des pays ou le soleil s’annonçait plus beau.

1258. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote, un premier Homère de l’Achilléide, un autre Homère d’une Iliade première et restreinte : puis est venu un Homère plus grand et plus ample, le véritable, les embrassant tous deux et les enserrant de son onde puissante comme le fleuve Océan ; puis il y a eu un autre Homère plus doux, plus apaisé, plus lent, plus pareil au soleil couchant dont parle Longin, l’Homère de l’Odyssée.

1259. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Que ce soit ou non une faveur, il y en a de plus voisins du soleil, il y en a de beaucoup plus éloignés ; il en est de moins gros, de plus légers en poids, il en est de beaucoup plus considérables : la condition de notre terre, de quelque côté qu’on la considère dans cet ensemble, est proprement la médiocrité.

1260. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Oui, j’en conviens, on ne peut méconnaître que, malgré ses taches et ses nuages, le soleil luit… On ne saurait méconnaître que, malgré quantité de tragédies détestables et ennuyeuses, Corneille ne soit sublime quelquefois… On ne saurait méconnaître que, malgré des fadeurs, des concessions au goût du jour, Racine ne soit souverainement pathétique et touchant…, que Molière… Je m’arrête.

1261. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Je vins au point du jour rendre compte de son évacuation complète : l’évêque et le prince avaient passé une fort mauvaise nuit, et tout le monde se coucha au soleil levant avec une grande satisfaction. » Me trompé-je ?

1262. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

L’hymne des brahmes au soleil et leur cantique du Jugement dernier, en faisant ressouvenir des trois premiers chœurs d’Athalie, ne pâlissaient pas auprès, mais semblaient s’être éclairés à cette magnificence.

1263. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

un esprit, une beauté, une grâce à plein soleil, dans un carrosse tout ouver, et radieuse entre deux beaux enfants !

1264. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

La passion ingénue, coquette parfois, sans cesse attrayante, d’Athénaïs et d’Eugène, se détache sur un fond inquiétant de mystère : même quand elle s’épanouit le long de ces terrasses du jardin ou dans la galerie vitrée, par une matinée de soleil, on craint M. de Rieux quelque part absent, on entrevoit cette figure mélancolique et sévère du père d’Eugène ; et si l’on rentre au salon, cette tendresse des deux amants s’en vient retomber comme une guirlande incertaine autour du fauteuil aimable à la fois et redoutable de la vieille maréchale qui raille et sourit, et pose des questions sur le bonheur, un La Bruyère ouvert à ses côtés.

1265. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Cette société offrait donc plutôt dans son ensemble, et malgré ses gloires récentes, un beau et dernier ressouvenir, un des reflets qui accompagnaient les espérances subsistantes de la Restauration, une lueur du couchant qui avait besoin de mille circonstances de nuages et de soleil, et qui ne devait plus se retrouver.

1266. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Il se fit transporter au bord de l’île pour mourir plus en paix, couché au soleil, sur le sable du rivage.

1267. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Après huit jours de soleil, voilà le froid revenu, un froid dur, brutal, noir.

1268. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Mais la Galilée a créé à l’état d’imagination populaire le plus sublime idéal ; car derrière son idylle s’agite le sort de l’humanité, et la lumière qui éclaire son tableau est le soleil du royaume de Dieu.

1269. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Il proclame prochaine l’époque où montera vers le soleil « avec les chœurs et les parfums de Cybèle rajeunie, la pieuse allégresse du banquet où l’Homme, à jamais débourbé des dogmes et des lois, communiera, dans une agape généreuse, avec l’humanité ».

1270. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Son style, aux beaux endroits, a des reflets de cuivre et comme d’acier, mais des reflets sous un ciel gris, jamais au soleil.

1271. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Les édifices que l’on bâtit tombent en ruine par l’effet de la pluie et de l’ardeur du soleil ; mais j’ai élevé, dans mon poème, un édifice immense auquel la pluie et le vent ne peuvent nuire.

1272. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins, toujours en train et en goût de représentation actuelle et de puissance, rêvera, pour sa retraite dernière, une position de souveraine dans un petit État indépendant où elle puisse, à ses heures de loisir, gouverner une bonne fois en son propre nom et se déployer en plein soleil : car ce fut là son pot-au-lait final et son vrai château en Espagne.

1273. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

C’était lui qui avait dit de d’Antin ce mot décisif : « Voilà comme un vrai courtisan doit être, sans humeur et sans honneur. » Il semblait que d’Antin eût fait son temps, et il se disposait à pratiquer enfin sa morale de retraite : Je voyais, dit-il (dans les huit jours qui précédèrent la mort du roi), je voyais tout le monde courre au soleil levant ; les gens attachés de longue main à M. le duc d’Orléans épanouissaient leur visage.

1274. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Un jour, ou plutôt une nuit, comme les bougies s’étaient plusieurs fois renouvelées et qu’elle sonnait pour en demander d’autres, le valet de chambre qui était à son service, familier comme les anciens domestiques, alla à la fenêtre, ouvrit brusquement les volets, et le soleil du matin entrant : « Vous voulez des lumières, dit-il, en voilà ! 

1275. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Qu’aurait été Carrel à l’œuvre, et s’il lui avait été donné enfin d’agir et de se produire au grand soleil, comme cela serait arrivé s’il avait vécu douze années de plus ?

1276. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

, et ne rencontrant pas une seule fois dans sa vie cette victoire en plein soleil qui fait croire à Leuctres et à Mantinée, et qui, même à ne voir que le classique, lui eût expliqué Épaminondas.

1277. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Dès le matin, la compagnie se rassemblera dans la chambre de Mme Oisille pour assister à sa leçon morale, et de là ira entendre la messe ; puis on dînera à dix heures ; après quoi, s’étant retiré chacun en sa chambre pour ses affaires particulières, on se réunira sur le pré à midi : Et s’il vous plaît que tous les jours, depuis midi jusques à quatre heures, nous allions dedans ce beau pré, le long de la rivière du Gave, où les arbres sont si feuillés que le soleil ne saurait percer l’ombre ni échauffer la fraîcheur ; là, assis, à nos aises, dira chacun quelque histoire qu’il aura vue ou bien ouï dire à quelque homme digne de foi.

1278. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Niânyi), l’hyène du conte de Binanmbé, le lièvre de Le lièvre et le dioula, le serpent Minimini, le cheval de nuit, le ouârasa le bayéni (Mauvais Gardien) les hyènes du conte « D’où vient le soleil », celles qui gardent les métaux précieux (conte du Rapt des métaux), l’éléphant Mamadi Bâ (Molo), l’hyène qui renseigne le roi Dinah (Lanrezac op. cit.

1279. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

S’il y a, dans leurs contes, des récits dont un ressentiment, souvent féroce128, fait le fond, il s’en trouve beaucoup aussi où l’offensé oublie son ressentiment, telle l’orpheline pardonnant à sa marâtre (La marâtre punie), le pauvre pardonnant au fils de roi (D’où vient le soleil).

1280. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Selon la méthode de Taine, qui indigne du Méril, mais qui l’indigne si doux, le talent lui-même n’est plus qu’un champignon d’une espèce particulière, qui pousse tout à coup quand l’humus se trouve contenir du phosphore, qu’aucun nuage ne neutralise l’action du soleil et que l’air ambiant est suffisamment saturé d’oxygène.

1281. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Le soleil est sain à ceux qui peuvent le regarder, et les vrais aigles n’ont pas de ces taies sur les yeux !

1282. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Au lieu de peindre tout comme il savait peindre (car avec sa phrase décharnée, qui n’est plus qu’une fibre, il dessinait plus qu’il ne peignait), au lieu de peindre tout il se plaint de tout : de sa santé qui se détraque, du soleil qui lui mange le nez dans les promenades officielles de Fontainebleau, de la chaleur des salons, du froid des corridors, et surtout (son plus grand supplice !)

1283. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Sans doute ils trouveraient un décor indéfiniment renouvelé, dans ces paysages de villes et de campagnes dont la variété émerveille l’étranger et lui fait aimer notre pays, ce « splendide hexagone », comme dit miss Betham Edwars ; et ce serait déjà quelque chose de ne pas être exposé à relire la description des ponts de la Seine au soleil couchant, ou de la ville aperçue du haut de Montmartre à l’heure du bec de gaz.

1284. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

« Le soleil s’est levé, disparaissez étoiles. » Ainsi Provinciaux, Italiens et Romains « s’abaissaient tous au niveau d’une parfaite égalité devant le pouvoir souverain qui planait sur le monde215 ».

1285. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Parais, soleil nouveau, viens consoler le monde. […] Elle lui écrivait : « J’ai lu votre lettre, au soleil, dans le bois de Sept-Fonds, à la place où j’allais m’asseoir avec Maurice. […] Pâles soleils.

1286. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Nous sentons peser physiquement sur nous la formidable pression sous laquelle le cœur de l’homme a ployé dans ces contrées d’une fécondité prodigieuse et meurtrière La volonté individuelle s’est fondue à ce torride soleil, comme un métal dans un brasier trop ardent, et la doctrine du nirvâna, de la dispersion anéantissante et divine au sein de cet univers trop vaste est apparue, conséquence inévitable de l’écrasement de l’être chétif sous la démesurée, la monstrueuse poussée de la création. […] Il goûte une volupté à participer quelques minutes au débridement d’instincts sauvages des bêtes de proie, lions et tigres : Voici ton heure, ô roi de Sennaar, ô chef Dont le soleil endort le rugissement bref. […] S’ils parlent de Chardin, c’est ainsi que le pourrait faire un apprenti peintre extasié devant des procédés : « Comme il réjouit le regard avec la gaieté de ses tons, la douceur de ses réveillons, sa belle touche beurrée, les tournants de son pinceau gras en pleine pâte, l’agrément de ses harmonies blondes, la chaleur de ses fonds, l’éclat de ses blancs glacés de soleil, qui semblent dans ses tableaux les reposoirs de la lumière ! […] Considérez comme l’œil physique, le plus spirituel d’entre nos sens, s’affine et s’avive par cette habitude Dans la Maison d’un artiste, il est parlé « du charme qu’ont, dans la chambre où l’on couche, des murs de tapisseries… du joli éveil de l’aube sur le velouté de ces couleurs, qu’on dirait des couleurs de fleurs légèrement malades, et du doux et imperceptible allumement, dans la blancheur gorge de pigeon de la trame, des tendres nuances, des tons coquets… Et comme, dans le premier rayon de soleil, ce qui n’était tout à l’heure que taches diffuses et riantes se profile en des corps élancés de chasseurs à l’habit rouge et culottés de jaune, en des silhouettes de bergères poudrées, au corsage bleu de ciel, assises sur des tertres dans de la verdure blonde ! […] Si notre sentiment de notre liberté n’est qu’une illusion, c’est une illusion aussi nécessaire que celle qui nous force à voir le soleil se lever et se coucher, bien que nous sachions d’ailleurs que ce mouvement de l’astre n’est qu’une erreur de nos yeux Quoi qu’il en soit de ce problème, cas particulier du grand problème de la valeur de la vie, on ne peut nier que tout concourt, dans les analyses pathologiques de l’esprit qui se multiplient, à diminuer notre faculté de croire en notre personne. — L’autre principale force de notre époque, la démocratie, agit dans le même sens.

1287. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Mais on n’est pas forcé d’en imiter l’excès, l’orgie ; et une sensibilité honnête trouve son aliment dans tels rayons de soleil tombés de l’imagination émue de Rousseau sur les plus simples choses de la nature et de l’existence. […] Le tumulte et la gloire des cités l’assombrissent ; il voudrait que le soleil ne les éclairât plus. […] On arrive un soir dans l’auberge allemande, allégé de soi-même par le vent et les vives sensations du voyage ; le feu, le souper, la belle boiserie luisante, les va-et-vient familiers, les choses patriarcales et rustiques, réconfortent doucement ; le matin, la campagne fait fête au réveil ; on voudrait étreindre la terre, et les moindres jeux du soleil sur ce domaine vierge renouvellent la volupté. […] Le Dieu de Platon, « soleil du monde des idéesl », est un éblouissement ; le Dieu de Spinoza, revêtu d’une « infinité d’attributs infinism », un ténébreux abîme. […] Le soleil décline, c’est la fin du jour, mais l’astre se presse vers d’autres lieux et fait éclore une vie nouvelle… Hélas !

1288. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Celles que nous allons remuer n’ont pas reçu encore cette influence des années, qui, comme un lent soleil, peut seule les mûrir. […] Alors, bien en dehors de toutes ces préoccupations littéraires et ne s’y rattachant en rien, tout d’un coup un toit, un reflet de soleil sur une pierre, l’odeur d’un chemin me faisaient arrêter par un plaisir particulier qu’ils me donnaient, et aussi parce qu’ils avaient l’air de cacher au-delà de ce que je voyais, quelque chose qu’ils m’invitaient à venir prendre et que malgré mes efforts je n’arrivais pas à découvrir. […] L’air y était saturé de la fine fleur d’un silence si nourricier, si succulent, que je m’y avançais qu’avec une sorte de gourmandise, surtout par ces premiers matins encore froids de la semaine de Pâques où je le goûtais mieux parce que je venais seulement d’arriver à Combray : avant que j’entrasse souhaiter le bonjour à ma tante on me faisait attendre un instant dans la première pièce, où le soleil, d’hiver encore, était venu se mettre au chaud devant le feu, déjà allumé entre les deux briques et qui badigeonnait toute la chambre d’une odeur de suie, en faisant comme un de ces grands « devants de four » de campagne, ou de ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne, pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l’hivernage ; je faisais quelques pas du prie-Dieu aux fauteuils en velours frappé, toujours revêtus d’un appui-tête au crochet ; et le feu cuisant comme une pâte les appétissantes odeurs dont l’air de la chambre était tout grumeleux et qu’avait déjà fait travailler et « lever » la fraîcheur humide et ensoleillée du matin, il les feuilletait, les dorait, les godait, les boursouflait, en faisant un invisible et palpable gâteau provincial, un immense « chausson » où, à peine goûtés les arômes plus croustillants, plus fins, plus réputés, mais plus secs aussi du placard, de la commode, du papier à ramages, je revenais toujours avec une convoitise inavouée m’engluer dans l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée du couvre-lit à fleurs 77. […] Alors, bien en dehors de toutes ces préoccupations littéraires et ne s’y rattachant en rien, tout d’un coup un toit, un reflet de soleil sur une pierre, l’odeur d’un chemin me faisaient arrêter par un plaisir particulier qu’ils me donnaient, et aussi parce qu’ils avaient l’air de cacher au-delà de ce que je voyais, quelque chose qu’ils invitaient à venir prendre et que malgré mes efforts je n’arrivais pas à découvrir. […] Et ailleurs : Au tournant d’un chemin j’éprouvai tout à coup ce plaisir spécial qui ne ressemblait à aucun autre, à apercevoir les deux clochers de Martinville, sur lesquels donnait le soleil couchant et que le mouvement de notre voiture et les lacets du chemin avaient l’air de faire changer de place, puis celui de Vieuxvicq qui, séparé d’eux par une colline et une vallée, et situé sur un plateau plus élevé dans le lointain, semblait pourtant tout voisin d’eux.

1289. (1908) Après le naturalisme

Cherchons en quoi notre époque se distingue de celles qui l’ont précédée ; ce qu’il y a de nouveau aujourd’hui sous le soleil et nous pourrons dire quelle sorte d’œuvres il en sortira — grâce aussi à une connaissance précise de l’évolution de l’esprit vers lui-même. […] Il faut les réunir en faisceau, en soleil, si l’on veut avoir la lumière du jour. […] Le soleil les dore.

1290. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Grâce à ces liaisons établies, un astronome peut prédire la durée, la minute et la grandeur de l’éclipse qui, dans un siècle, cachera le soleil aux habitants de tel pays. […] Il n’est pas du tout certain que, dans le soleil, l’hydrogène et l’oxygène gardent l’affinité chimique que nous leur connaissons sur notre terre. Il est possible que dans le soleil la température excessive, par-delà les dernières nébuleuses quelques circonstances inconnues, interviennent pour annuler ou altérer la loi.

1291. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, —  leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. —  Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] Shimei771, de qui la jeunesse avait été fertile en promesses et de zèle pour son Dieu et de haine pour son roi, —  qui sagement s’abstenait des péchés coûteux — et ne rompait jamais le sabbat, excepté pour un profit, —  qu’on ne vit jamais lâcher une malédiction — ou un juron, si ce n’est contre le gouvernement772… Contre ces malédictions, leur chef, Shaftesbury, se roidissait ; accusé de haute trahison, il était absous par le grand jury, malgré tous les efforts de la cour, aux applaudissements d’une foule immense, et ses partisans faisaient frapper une médaille à son image, montrant audacieusement sur le revers le soleil royal obscurci par un nuage. […] Les collines pleines de soleil brillaient dans le lointain sous les rayons splendides, et, dans les prairies au-dessous d’elles, les ruisseaux polis semblaient rouler de l’or liquide.

1292. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il cherche selon les climats, le soleil ou la neige, l’architecture mauresque, l’art byzantin ou les courses de taureaux. […] soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant96. […] Au détour d’un sentier, ils aperçoivent une charogne ; l’image de la mort, avec ses plus hideuses conséquences, n’est pas dissimulée ici ; plus des deux tiers du poème sont consacrés à décrire le cadavre en putréfaction, le soleil qui le chauffe, la puanteur qu’il exhale, les mouches et les vers qui bruissent dans ces lambeaux de chair morte, et la chienne inquiète qui en ronge les ossements. […] Qui fis battre son cœur pour la première fois, Et, fleur cueillie avant que le soleil se fane, Ne parfumas qu’un jour l’ombre calme des bois. […] Nous voici, presque sous le soleil du désert, par-delà la Méditerranée et par-delà une période qui dépasse vingt siècles, dans la cité aux origines fabuleuses et dont les mœurs semblent avoir combiné les raffinements pervers des Asiatiques avec les brutalités sanglantes des sauvages Africains.

1293. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il définira ainsi un tableau : « L’Orient de la poésie de Child Harold et de Don Juan dans du soleil à Rembrandt, c’est ça, hein ? […] Descriptions de Paris d’abord : Paris sortant des brumes du matin, Paris au soleil couchant, Paris la nuit, Paris sous la pluie, Paris sous la neige, Paris vu des hauteurs de Passy, Paris vu des buttes Montmartre ; l’enfilade des quais vus de l’île Saint-Louis ; l’enfilade des quais vus du pont des Saints-Pères, les boulevards à onze heures du soir, les boulevards à minuit, les boulevards à une heure du matin, le lac au soleil couchant, le lac par un chaud après-midi. […] ils ont sous les yeux les ardeurs d’un coucher de soleil où tout s’embrase et flambe. […] Vous avez vu, dans les environs « d’Aps en Provence », ces campagnes pauvrement meublées d’arbustes rabougris et de masures délabrées ; que le soleil vienne à se découvrir, toutes ces choses tristes deviennent gaies et plaisantes. […] Son imagination a été dorée une fois pour toutes par le coup de soleil de son Midi.

1294. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

… Un mur pour fumer ma pipe au soleil et deux fois la soupe par semaine, c’est tout ce que je demande. » II Le drame de cette destinée d’un grand artiste condamné au métier, nous ne le savons que depuis la mort de Gautier. […] » Par-delà le soleil et par-delà l’espace, Où Dieu n’arriverait qu’après l’éternité. […] Quelle plus noble et plus éclatante mission que celle d’arrêter, d’enchaîner, par la puissance et l’autorité du talent, ces idées envahissantes qui sont sorties, comme une doctrine armée, des livres des philosophes, et qui, attelées au char du soleil, comme l’a si bien dit ce fou de Danton, menacent de faire le tour du monde ?  […] Les circonstances sont quelquefois si dures que l’on voit l’arbre se dévier, le feuillage s’amaigrir du côté où ne vient pas le soleil, la cime se tourner vers la lumière, se déformer le tronc, et l’on se redit l’inutile « si fata sinant… » du tendre Virgile. […] Le soleil glissait ses rais à travers la lucarne, et l’enfant voyageait à la suite de l’Oriental dans les terres merveilleuses, remplies de fleurs aux pétales bariolés, de passants aux costumes brodés d’or ou d’argent, au teint basané, aux yeux de flamme, sans doute aussi de passantes au beau regard aperçu à travers un voile.

1295. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

… La substance de l’œil de l’homme n’est point la lumière : au contraire, l’œil emprunte à chaque moment la lumière des rayons du soleil. […] Mais, quand vous êtes sur les hauteurs des Alpes ou en face de l’immense Océan, quand vous assistez au lever ou au coucher du soleil, à la naissance de la lumière ou à celle de la nuit, ces imposants tableaux ne produisent-ils pas sur vous un effet moral ? […] Un léger rayon de soleil perce la nue. […] Le tableau appelé Un paysage représente une vaste campagne chargée d’arbres et éclairée par le soleil levant : il y a là de la fraîcheur et déjà de la chaleur, du mystère et de l’éclat, avec des horizons de la plus suave harmonie. Une Danse au soleil couchant exprime la fin d’une belle journée.

1296. (1911) Nos directions

Louis Laine dit : « Il est dix heures, et le soleil monte dans la force de sa cuisse. […] Mais moi, je ne fais rien de tout le jour et je chasse tout seul, tandis que les rayons de soleil changent d’endroit, écoutant le cri de l’écureuil… » Puissance de l’évocation lyrique sur un fond de décor uni ! […] Non, il ne suffit pas d’avoir de bons danseurs, de régler habilement les figures, d’approfondir un paysage peint, d’y faire lever la lune et coucher le soleil, d’habiller les acteurs de costumes exacts et riches. […] De cette confusion, de cette incohérence, un monstre naît, à la fois mystique et pervers, un soleil noir d’où rayonne un obscur malaise, que tous les spectateurs, et les plus sceptiques, ont ressenti. […] Dessous sa grande ombrelle rose Elle est toute rose : on dirait Un peu d’une très pâle rose Qu’un soleil couchant rosirait.

1297. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Je vous remercie, montagnes, neige, soleil, de tout le plaisir que vous me faites. […] Des lois, auxquelles tient la conservation de l’univers, font tomber cette neige et luire ce soleil.

1298. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Le xvie  siècle (on avait droit de le croire à l’immensité de l’inventaire) avait et possédait tout,  — tout, hormis ce seul petit fruit assez capricieux, qui ne vient, on ne sait pourquoi, qu’à de certaines saisons et à de certaines expositions de soleil, je veux dire le bon goût, ce présent des Grâces225. […] Naudé avait toujours admiré et vénéré Campanella (ardentis penitus et portentosi vir ingenii, comme il l’appelle sans cesse), Campanella novateur et investigateur en toutes choses, en philosophie, en ordre social, conspirateur et chef de parti un moment239, et qui du fond d’un cachot obscur retraçait et rêvait sa Cité du Soleil.

1299. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Depuis les Césars, aucune vie humaine n’a tenu tant de place au soleil. […] La maison civile de Monsieur en comprend 420 et sa maison militaire 179 ; celle du comte d’Artois 237 et sa maison civile 456  Les trois quarts sont pour la montre ; avec leurs broderies et leurs galons, avec leur contenance dégagée et polie, leur air attentif et discret, leur belle façon de saluer, de marcher, de sourire, ils font bien, alignés dans une antichambre ou espacés par groupes dans une galerie ; j’aurais même voulu contempler les escouades des écuries et des cuisines ; ce sont les figurants qui remplissent le fond du tableau  Par cet éclat des astres secondaires, jugez de la splendeur du soleil royal.

1300. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Le soleil, au lieu de s’y répercuter en blanc comme sur les murailles éblouissantes des villes neuves, s’y reflète en teintes légèrement azurées qui donnent de l’antiquité aux édifices et de la sérénité aux pensées. C’est une ville du soir, qu’il faut contempler au soleil couchant.

1301. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

La tragédie s’efforce autant que possible de se renfermer dans une seule révolution du soleil, ou du moins de très peu sortir de ces limites ; l’épopée, au contraire, n’a pas de limite de temps ; et c’est là une différence essentielle, quoique dans le principe on se donnât cette facilité pour la tragédie aussi bien que dans la comédie. » * * * « La tragédie, continue-t-il, est selon moi l’imitation de quelque action sérieuse, noble, complète, ayant sa juste dimension et employant un discours relevé par tous les agréments qui, selon leur espèce, se distribuent séparément dans les diverses parties, sous forme de drame et non de récit, et arrivant, tout en excitant la pitié et la terreur, à purifier en nous ces deux sentiments. […] On a souvent représenté la dialectique platonicienne comme la méthode qui, des idées particulières, s’élève de degré en degré à des notions de plus en plus générales, pour aboutir par toutes les voies à cette idée suprême et universelle du bien, « qui illumine le monde intelligible, comme le soleil éclaire le monde des sens ».

1302. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

L’Ouverture de Tannhaeuserap Dans un paysage comme la nature n’en saurait créer, dans un paysage où le soleil s’apâlit jusqu’à l’exquise et suprême dilution du jaune d’or, dans un paysage sublimé où sous un ciel maladivement lumineux, les montagnes opalisent au-dessus des bleuâtres vallons le blanc cristallisé de leurs cimes ; dans un paysage inaccessible aux peintres, car il se compose surtout de chimères visuelles, de silencieux frissons, et de moiteurs frémissantes d’air, un chant s’élève, un chant singulièrement majestueux, un auguste et pacifiant cantique élancé de l’âme des las pèlerins qui s’avancent en troupe. […] Le soleil surgit, s’évase en gerbe, crève l’horizon dont la barre s’élargit et monte ainsi que du fond d’un lac dont la moire fulmine sous les rayons qu’elle répercute.

1303. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Si un astronome veut se transporter en Amérique pour y observer, à tel jour et à telle minute, une éclipse de soleil invisible en Europe, il prend une détermination et réalise une action qui n’auraient pas existé sans la conscience du temps et sans l’idée même du futur. […] Dire que nous imposons nos farines à l’Univers n’avance à rien, car rien n’oblige la matière de l’Univers à se mouler si docilement sui nos formes, ni le soleil à s’éclipser pour faire honneur aux formes de notre sensibilité, ni notre corps à mourir et à se décomposer selon les prévisions de la science, uniquement pour se conformer à notre intuition du temps. » Voir notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps, p. 11 et suiv.

1304. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

La machine n’a donné tout son rendement que du jour où l’on a su mettre à son service, par un simple déclenchement, des énergies potentielles emmagasinées pendant des millions d’années, empruntées au soleil, disposées dans la houille, le pétrole, etc. […] Ils pâliraient comme la lumière de nos ampoules au soleil du matin.

1305. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ces passions qui fermentaient dans ce peuple naturellement si ingénieux et si animé par son soleil, elles attendaient un homme qui dît, avec des paroles qu’on ne pût oublier, ce que tout le monde avait fait, souffert, senti, qui fût théologien et factieux ; car toutes du occupations du temps, c’étaient la théologie et la faction, les bulles et les guerres civiles, la guerres des Gibelins contre les Guelfes, la guerre des Blancs contre les Noirs, des Cerchi contre les Donati, de chaque ville contre chaque ville, et d’une moitié des citoyens contre l’autre. […] Comme il me serait facile, aidé du Journal des Savants, de remonter jusqu’à l’époque antérieure à Mahomet, jusqu’aux sept poëmes suspendus dans le temple de la Mecque ; puis de retracer cet instinct poétique des Arabes, cette vie pastorale toujours la même dans l’immense étendue du désert, cette imagination colorée des feux du soleil, et qui reproduit, sans se lasser jamais, les trésors d’une nature si riche, et trouve d’inépuisables expressions pour peindre une gazelle ou un orage !

1306. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

En ce qui est de l’harmonie, je ferai remarquer ce que d’autres ont déjà remarqué avant moi : il y a de temps en temps chez Bernis, et par exemple dès la fin de cette première pièce, ou encore dans celle du Soir ou dans celle de La Nuit, quatre ou cinq vers de suite qui, à l’oreille, donnent déjà le sentiment de la stance de Lamartine : L’ombre descend, le jour s’efface ; Le char du soleil qui s’enfuit Se joue en vain sur la surface De l’onde qui le reproduit.

1307. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Horace, même quand il célèbre la campagne, est plus brillant, plus travaillé ; il y porte cette curiosité heureuse, cette ciselure de diction qui ne l’abandonne jamais dans ses odes et qui rappelle l’art ; son expression est vive et concise, son image serrée et polie jusqu’à l’éclat : elle luit comme un marbre de Paros, comme un portique d’Albano au soleil.

1308. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le soir du combat, au soleil couchant, saint Louis est resté maître du champ de bataille.

1309. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

La jeune Olympia Morata de Ferrare, dans la première moitié du xvie  siècle, commença par le pur miel des Muses et fut une Grecque italienne de ce temps-là ; puis convertie par la Réforme, ayant épousé un jeune docteur allemand, elle le suivit aux bords du Main et du Necker, et mourut à Heidelberg à l’âge de vingt-neuf ans, animée d’un esprit de sacrifice, mais regrettant involontairement la Grèce, l’Italie, la patrie du soleil et de la beauté.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il a jugé que cette sorte d’éloquence ne pouvait souffrir deux Balzacs, non plus que l’empire d’Asie deux souverains, et le monde deux soleils ; que même la nature, je dis la jeune nature, lorsqu’elle était la plus féconde en miracles34, eût eu de la peine de produire en France deux hommes faits comme vous, et que sur son déclin, pour vous donner au monde, elle a épuisé ses derniers efforts.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Gardons-nous d’oublier que ceux qui n’ont pas réussi ont contre eux bien des apparences et des commencements équivoques qui auraient un tout autre air moyennant une autre issue : un rayon de soleil tombant à propos change bien les aspects. « Mais pour ce que les histoires, dit quelque part Rohan, ne se font que par les victorieux, nous ne voyons ordinairement d’estimes que les enfants de la fortune. » Tout cela est vrai ; et toutefois c’est bien Richelieu qui dans cette lutte a raison, et qui a la conscience de la grande cause qu’il sert, de la noble monarchie qu’il continue, et de la France incomparable qu’il achève.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Comme certaine pierre dont on parle en physique, il garde quelque temps le rayon, même après que le soleil est couché.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Je me promenais seul, quelques moments avant le coucher du soleil ; le temps était très beau ; la fraîcheur des objets, le charme qu’offre leur ensemble dans cette brillante époque du printemps qui se fait si bien sentir à l’âme, mais qu’on affaiblit toujours en cherchant à la décrire ; tout ce qui frappait mes sens portait à mon cœur je ne sais quoi de doux et de triste ; les larmes étaient au bord de mes paupières.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il ne faut point prendre garde si tous ces anciens auteurs sont appelés profanes, et si quelques-uns ont quelques termes libres et impurs : le soleil jette ses rayons sur la boue, de même que sur les choses précieuses, sans être endommagé ; cet astre apporte du changement aux substances qu’il éclaire, et le sage en fait de même de tout ce qui est soumis à ses ordres.

1315. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Je ressemble fort à la théorie de Buffon sur la formation du globe : j’ai été détachée, comme lui, d’un soleil ardent ; depuis des années je suis occupée à me refroidir ; je ne suis pas au froid du pôle, mais, sans les consolations que je vous dois, j’y serais déjà arrivée.

1316. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Le fruit, déjà formé et mûri à l’ombre, n’attendait que ce coup de soleil pour se dorer.

1317. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Il faudrait souvent s’oublier soi-même et sa part d’illusions d’autrefois ; ne pas en vouloir aux autres d’avoir, en mainte occasion, déçu nos rêves, desquels, après tout, ils ne répondaient pas ; tâcher de les considérer, non plus avec un rayon de soleil dans le regard, non pas tout à fait avec le sourcil trop gris d’un Johnson ; ne jamais substituer l’humeur au coloris ; voir enfin, s’il est possible, les œuvres et les hommes sous le jour où nous les offre ce moment présent, déjà prolongé.

1318. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Son père se dérange et se ruine ; elle s’en aperçoit, elle veut tout savoir, et il lui faut sourire au monde, à son père, et dissimuler : « J’aimerais mieux le sifflement des javelots et les horreurs de la mêlée, s’écrie-t-elle par moments, que le bruit sourd des traits qui me déchirent ; mais c’est la guerre du sage luttant contre le sort. » Elle venait de lire Plutarque ou Sénèque, quand elle proférait ce mot stoïque ; mais elle avait lu aussi Homère, et elle se disait, dans une image moins tendue et avec sourire : « La gaieté perce quelquefois au milieu de mes chagrins, comme un rayon de soleil à travers les nuages.

1319. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Non, il n’est pas indispensable, pour provoquer en nous cette vive et profonde intelligence des choses naturelles, de s’en aller bien loin, au-delà des mers, parcourant les contrées aimées du soleil et la patrie des citronniers, se balançant tout le soir dans une gondole, à Venise ou à Baïa, aux pieds d’une Elvire ou d’une Guiccioli.

1320. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Souvent quelques vers directs après des strophes aux opulentes visions, ailleurs une pièce entière conçue sans nulle plastique et, apparue telle qu’elle s’illumine entre les symboles qui l’entourent, c’est alors comme au bout d’une longue route dans la forêt, le brusque tournant découvrant un village au soleil.

1321. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Quand sur l’immense scène au ciel ouverte, Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.

1322. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Quand sur l’immense scène au ciel ouverte Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.

1323. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

La voilà donc à trente ans passés, un peu embellie si l’on veut, ou du moins vue par des yeux amis, un jour de beauté et de soleil.

1324. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

On apprend à Versailles cette extrême agonie, et, à l’instant, toute la Cour se porte d’un flot chez la duchesse de Bourgogne pour y adorer le soleil levant.

1325. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Quand on lit ce bel ouvrage de Bossuet, on est à l’instant comme un voyageur qui se sent porté sur un grand fleuve aux ondes pleines, majestueuses et sonores sous le soleil.

1326. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux.

1327. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Mais la réponse que l’on peut faire à Saint-Simon, c’est Louis XIV qui va la lui faire, et dans des termes dignes de tous deux : À peine remarquons-nous, dit ce roi sensé, l’ordre admirable du monde, et le cours si réglé et si utile du soleil, jusqu’à ce que quelque dérèglement des saisons ou quelque désordre apparent dans la machine nous y fasse faire un peu plus de réflexion.

1328. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

L’assassinat avait dû avoir lieu dans l’après-midi du dimanche, 10 avril 1825, une demi-heure environ avant le coucher du soleil : un fort coup de fusil avait été entendu par plusieurs personnes à distance.

1329. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Ces lettres tournent quelquefois au discours, et j’y voudrais un peu moins de périphrase ; par exemple, dès les premières lettres : « Quand nous avons passé devant Messine, le soleil était au milieu de son cours. » Pourquoi ne pas dire : Il était midi ?

1330. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

En qualité de solitaire, nous confesse Rousseau, je suis plus sensible qu’un autre ; si j’ai quelque tort avec un ami qui vive dans le monde, il y songe un moment, et mille distractions le lui font oublier le reste de la journée ; mais rien ne me distrait sur les siens ; privé du sommeil, je m’en occupe durant la nuit entière ; seul à la promenade, je m’en occupe depuis que le soleil se lève jusqu’à ce qu’il se couche : mon cœur n’a pas un instant de relâche, et les duretés d’un ami me donnent dans un seul jour des années de douleurs.

1331. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Il se remit en marche vers la Jérusalem de la religion et de la poésie, le casque en tête et le glaive à la main, comme un des chevaliers du Tasse, et non sans se laisser aussi surprendre en chemin par les enchantements ; il entra dans la Cité sainte reconquise par l’arc de triomphe ou par la brèche (je ne sais trop), mais en plein soleil, tandis que M. 

1332. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Hugo, et le mot a toujours servi, de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » Eh bien non, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres, ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais.

1333. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur.

1334. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Mais ce serait faire erreur : nous oublions que chaque espèce, même dans les lieux où elle est le plus répandue, subit toujours une destruction considérable à certaines phases de la vie individuelle de ses représentants et du fait de leurs ennemis ou de leurs compétiteurs pour la même place au soleil et pour la même nourriture.

1335. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Vaste est la cage, l’ombre est toute pénétrée du soleil.

1336. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

lorsqu’il se met à écrire l’histoire, on trouve tout à coup en lui la froideur sublime qui est, dit-on, dans le soleil.

1337. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Éblouir comme le renard de La Fontaine tous les dindons oisifs de la libre pensée qui le regardent tourner en rond, prendre ses poussières à l’apparence et faire monter cette vile fumée sur le soleil de nos traditions ; tel est le côté sérieux du personnage que M. 

1338. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Le ciel, montueux de nuages sur la mort (le soleil, était une merveille solennelle. […] Fin avril il m’écrivait d’une écriture indécise, mais il voulait m’écrire lui-même que la santé serait longue à revenir, trois ou quatre mois, disait-il, et il espérait en le soleil. […] (Récifs au soleil (1922)… Malgré l’idéalisme Symboliste, peut-être s’apparente-t-il à Verhaeren par la vision, la sensation naturiste des choses. […] Du « Petit Bourguignon », si l’on veut, du 30 Mars 1891 : « Vous reconnaissez-vous au milieu des cent écoles littéraires qui, depuis quelques années, se disputent la bonne place au soleil ? […] Brillant d’amour voleur du vin de Silène, halluciné par les visions des suivantes de Diane-chasseresse au soleil des clairières ce Gniphon de qui les gracieuses et les cruelle s’amusent, cependant se leurre lui-même.

1339. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

La veilleuse ne cherche pas le pourquoi du soleil. […] Zola pendant ces années sans soleil. […] Pendant ces trente années, à peine une éclaircie et un rayon de soleil, et encore ce moment de bonheur n’a-t-il été que pour ses sens. […] Ses heures de soleil sont celles où il est au foyer paternel, sous les yeux et au milieu des caresses de la famille. […] À peine un rayon de soleil, et encore à travers la brume, dans l’exposition.

1340. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il ne s’abuse pas sur les mérites de sa personne ; mais il est sincèrement persuadé qu’un homme de sa fortune, ayant comme lui de bonnes fermes et de bons prés au soleil, est un parti très sortable et même un objet de convoitise pour les filles qui n’ont pas d’autre dot que leur beauté. […] Condamner à l’intimité l’espérance et le découragement, forcer à vivre dans le même air deux plantes d’un âge si différent, dont l’une se plaît à l’ombre, et dont l’autre aspire au soleil, n’est-ce pas une faute irréparable, et qui ne serait pas trop sévèrement punie par l’abandon ? […] De Philippe de Commynes, ce Machiavel français, qui vient, au lever du soleil, écrire ses histoires, comme on fait d’une idylle ou d’une églogue, sub tegmine fagi  ? […] Mais de sa conscience à la réalité de ce monde il y avait trop loin vraiment pour qu’il pût distinguer autre chose que les lignes flamboyantes du soleil couchant, la brume du crépuscule, ou tout au plus les bandes capricieuses qui découpent les collines comme la robe damassée d’une reine. […] Elle acceptera sans chicane mesquine l’invention sérieuse et sincère ; mais elle n’aura que de la pitié pour les pompes enfantines, pour les carrousels dorés, qui montent sur le théâtre et prennent la place de l’histoire ; surtout elle répudiera d’un regard dédaigneux ces hauberts et ces cottes de mailles qui reluisent au soleil, mais qui sont vides ; elle ne prendra pas un juron pour une date, ni un tabard pour un héros.

1341. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

non, jamais le soleil ne verra ce demain !  […] L’œuvre nouvelle de l’harmonieux poète de Mireille et des Iles d’Or et d’un des meilleurs troubadours qui aient jamais chanté la gloire du soleil est qualifiée par son auteur de « tragédie provençale. » Tragédie ? […] en avant la farandole, et le tambourin et le galoubet, et la gloire de la Provence, et les hymnes au soleil, et les petites chansons d’amour ! […] Encore une scène avortée… C’est que, voyez-vous, c’est bien difficile à mener jusqu’au bout une scène de tragédie, quand le soleil crépite aux pointes des chaumes coupés et que les cigales chantent dans le feuillage fin des oliviers bleu d’argent. […] La Reine Jeanne est une fête du soleil.

1342. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

En fait, la source principale de l’énergie utilisable à la surface de notre planète est le Soleil. Le problème était donc celui-ci : obtenir du Soleil que çà et là, à la surface de la terre, il suspendît partiellement et provisoirement sa dépense incessante d’énergie utilisable, qu’il en emmagasinât une certaine quantité, sous forme d’énergie non encore utilisée, dans des réservoirs appropriés d’où elle pourrait ensuite s’écouler au moment voulu, à l’endroit voulu, dans la direction voulue. […] Et c’est pourquoi nous devons présumer que les premiers êtres vivants ont cherché, d’une part à accumuler sans relâche de l’énergie empruntée au Soleil et, d’autre part, à la dépenser d’une manière discontinue et explosive par des mouvements de locomotion : les Infusoires à chlorophylle, les Euglènes, symbolisent peut-être encore aujourd’hui, mais sous une forme étriquée et incapable d’évoluer, cette tendance primordiale de la vie.

1343. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

les dieux aussi semblaient nous conseiller la fuite, lorsqu’ils nous ont montré ces continents nouveaux qui s’étendent à l’Occident, et que de hardis navigateurs, pénétrant dans l’Océan immense, ont découvert un autre soleil et d’autres terres.

1344. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Singulier siècle, où l’incrédulité, l’athéisme, aux meilleurs jours un déisme agressif, le naturalisme toujours, se promenaient en plein soleil, et où le sentiment religieux et divin, ainsi refoulé dans l’ombre, allait se prendre à des sortilèges ou à des fantômes !

1345. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Saint-Simon, présent à de telles paroles, et qui avec son œil de lynx lisait dans tous les plis de cet amour-propre avantageux et content de soi, content de se déployer au soleil, ne se sentait pas de colère : « Je laisse à penser, écrit-il, en une circonstance pareille, comment ce mot fut reçu venant d’un compagnon de sa sorte, élevé et comblé au point où il se trouvait. » Je doute cependant que l’éloquent duc et pair ait éclaté devant Villars, mais il rentrait chez lui outré, grinçant des dents, la tête fumante, et il couchait sur le papier toutes ses indignations contre cet homme « le plus complètement et le plus constamment heureux de tous les millions d’hommes nés sous le long règne de Louis XIV », et qui prétendait se donner comme heureux en effet sans doute, mais comme n’ayant pas atteint à toute sa fortune.

1346. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Quand le soleil, sur les six heures du soir, commençait à perdre la force de ses rayons, on nous menait promener vers le champ des moissonneurs, et ma mère y venait aussi bien souvent elle-même, ayant toujours mes sœurs et quelques-unes de mes tantes avec elle… Elles s’allaient toutes reposer en quelque bel endroit d’où elles prenaient plaisir de regarder la récolte, tandis que nous autres enfants, sans avoir besoin de ce repos, nous allions nous mêler parmi les moissonneurs, et, prenant même leurs faucilles, nous essayions de couper les blés comme eux… Après la moisson, les paysans choisissaient un jour de fête pour s’assembler et faire un petit festin qu’ils appelaient l’oison de métive (c’est le mot de la province) ; à quoi ils conviaient non seulement leurs amis, mais encore leurs maîtres, qui les comblaient de joie s’ils se donnaient la peine d’y aller.

1347. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il était deux heures de l’après-midi, le soleil brillait ; rien ne manquait pour la splendeur du tableau.

1348. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Le nom de Léonidas n’a point sombré, et les dons mêmes des Muses me préconiseront pour tous les soleils à venir. » Il se promettait hardiment l’immortalité ; il se chantait à lui-même son Exegi monumentum ; chaque poète est sujet à se le chanter.

1349. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Corneille, en resserrant le Cid, en a fait saillir plus nettement quelques-unes des beautés un peu contraintes et les a lancées en gerbe au soleil comme par un jet d’eau nerveux et rapide.

1350. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Elle jouit d’une rare éclaircie et d’un rayon de soleil à travers ses barreaux ; elle est heureuse, elle le dit du moins ; elle tâche de se persuader qu’elle l’est.

1351. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

La critique ainsi faite, l’histoire littéraire ainsi arrosée par des sources secrètes reparues à temps et largement brillantes au soleil, ressemblerait dans ses plus heureuses perspectives à ces fertiles contrées merveilleusement touchées par le poëte : A l’horizon déjà, par leurs eaux signalées, De Luze et d’Argelès se montraient les vallées166.

1352. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Après le génie grec, ce fut ce qui s’en rapproche le plus, le goût italien, le soleil d’Italie, l’art de Venise, de Florence, de Rome, qui l’enchantèrent le plus.

1353. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Malgré les édits sans nombre, ce riant paysage des Géorgiques ne s’effaça que par degrés et disparut lentement devant le soleil du christianisme.

1354. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

En venant plaider dans sa préface contre l’histoire officielle et oratoire, il n’a jamais demandé, il n’a pu demander que l’histoire vraiment philosophique fût supprimée ; il n’a pas dit, à le bien entendre, il n’a pas cru que l’histoire morale, celle des Tacite, des Salluste et des grands historiens d’Italie, dût cesser d’avoir ses applications diverses, surtout à des époques moins extérieures et plus politiques, aux époques d’intrigue et de cabinet : mais, ce jour-là, il demandait pour le genre qui était le sien, pour cette méthode appliquée une fois à une époque particulière qui y prêtait, il demandait place au soleil et admission légitime, et, en homme d’esprit, il a trouvé à ce propos toutes sortes de raisons et de motifs qu’il a déduits ; et il en a su trouver un si grand nombre là même où l’on s’était dit qu’il y avait objection, qu’on a pu croire que les conclusions chez lui dépassaient le but.

1355. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je me vois d’ici au bord du Rhône, dans les environs de Sion-Châtel en Bugey, assis avec quelques-uns de mes camarades, dont plusieurs vivent encore, sur un gros tronc d’arbre couché à terre par les scieurs de long, aux clartés d’un beau soleil d’automne.

1356. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Le Nil, qui sort « de Paradis Terrestre », le miracle de ses crues périodiques, les alcarazas, où l’eau se tient si fraîche en plein soleil, les Bédouins, « laide et hideuse gent », à barbe et cheveux noirs, les Tartares, et les commencements merveilleux à leur puissance, la Norvège et la longueur des jours polaires, trois ménétriers qui jouent du cor et font la culbute, les petites choses comme les grandes, ont frappé Joinville, et viennent après cinquante ans prendre place un peu à l’aventure au milieu des « chevaleries » du roi Louis.

1357. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Ils se réfugient au monastère de Notre-Dame de Servance, « persuadés, dit Marguerite, — qui ne laisse pas échapper l’occasion d’une épigramme contre les moines, — que s’il y a moyen de se sauver d’un danger, les moines doivent le trouver. » Pour prendre patience, en attendant que les chemins soient redevenus libres, on convient de s’assembler tous les après-midi dans un pré du couvent, sous le feuillage d’un ormeau, à l’abri du soleil de septembre, et de raconter à tour de rôle quelque historiette de galanterie.

1358. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

4° Cela tient à ce que la terre tourne autour du soleil, dit enfin Galilée.

1359. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Nous pouvons faire une application ironique et nouvelle de ce mot, en y sous-entendant la nécessité de réagir par le délicat, le précieux, le rare, contre les platitudes des temps présents ; même s’il était impossible de laver complètement le mot décadent de son mauvais sens, cette injure pittoresque, très automne, très soleil couchant, serait encore à ramasser, en somme ! 

1360. (1890) L’avenir de la science « II »

Gens de peu de foi à la nature, laissez-les donc au soleil.

1361. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Des champs, un beau soleil, la civilisation.

1362. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

c’est pour cela que, quand il fait mouillé, nous nous tenons sur l’arbre, en attendant notre tour de venir à l’école. » Ce spectacle d’une terre avide de boire la rosée du bien, et qui s’ouvre au premier doux rayon de soleil, cette charmante inoculation du sens moral, par un mot, par un regard, en de pauvres êtres qui n’ont pas eu de mère, qui n’ont jamais vu un œil bienveillant leur sourire, rappellent les miracles qui remplissent la vie de tous les grands maîtres de la vertu.

1363. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre.

1364. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Charlemagne arrête le soleil comme Josué ; il a un ange à ses côtés qui le guide de ses conseils  ; il reçoit du ciel des songes qui l’avertissent de ses périls futurs !

1365. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Sur ce dernier point, vous avez raison ; rien ne serait comparable à cet effet : quelque chose d’irremplaçable se briserait en moi et le soleil de mon existence serait obscurci, Dieu, dans sa bonté, m’épargnera un tel malheur et me laissera la joie que je trouve à susciter et à exécuter les plans de cet ami si cher, et à être pour lui, dans une petite proportion, ce qu’il est pour moi si infiniment.

1366. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

On dit qu’un jour que le poète, errant dans une montagne de Sicile, s’était assis au soleil, un aigle, portant entre ses serres une tortue, prit sa tête chauve pour un rocher : l’oiseau lâcha sa proie sur elle, et la carapace de la bête fendit le crâne d’Eschyle en éclats.

1367. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

L’amour est le soleil, l’amitié est la lune de l’âme, et, comme la lune du ciel visible, elle est éclipsée par l’amour, lorsqu’elle se rencontre avec lui.

1368. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

On en a retenu le refrain et des vers charmants : La fleur des champs brille à ta boutonnière… Ces jours mêlés de pluie et de soleil… C’est très joli de motif, très spirituel d’idées, quelquefois très heureux d’expression.

1369. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Sur la fin de sa vie il n’avait le plein usage de ses facultés que vers le milieu de la journée, et on remarquait que son esprit montait et baissait chaque jour avec le soleil.

1370. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Si vous voulez étudier dans un parfait modèle, et comme à la loupe, l’égoïsme mignon, le despotisme fantasque et coquet d’une princesse du sang d’autrefois, l’impossibilité naïve où elle est de concevoir au monde autre chose qu’elle-même, allez à Sceaux : vous y verrez tous ces gros défauts en abrégé et en miniature, comme on voit de gros poissons rouges s’agitant au soleil dans un bocal transparent.

1371. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Souffrez que je voie le soleil, que je respire plus au large, que j’envisage des humains, que j’aie des ressources littéraires, depuis si longtemps unique soulagement à mes maux, que je sache si mon fils respire et ce qu’il fait… Telle est cette admirable et douloureuse page qu’il est impossible de lire sans émotion et sans larmes.

1372. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Exceptons cependant, pour nous consoler, l’amitié, la reconnaissance, tous les bons sentiments, tous ceux surtout qui sont faits pour unir les hommes estimables. » Au milieu de tout ce qu’il a rencontré en Russie d’honorable et même de doux : « Cependant, pense-t-il, il y a deux choses dont le souvenir s’efface difficilement, ou ne s’efface point du tout : le soleil et les amis. » L’idée de ne plus jamais quitter ce pays du Nord l’oppresse : « Le jamais ne plaît jamais à l’homme ; mais qu’il est terrible lorsqu’il tombe sur la patrie, les amis et le printemps !

1373. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

» Et il conclut en disant : « Les belles images ne blessent que l’envie. » Il n’a manqué à plus d’une de ces pages de Rivarol, pour frapper davantage, que de naître quelques années plus tôt, en présence de juges moins dispersés et sous le soleil même de la patrie.

1374. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Et restituant à la révolution de Juillet son sens général et unanime, la montrant indépendante des menées souterraines du carbonarisme, régulière, pour ainsi dire, et légale, et avouable en plein soleil, il ajoutait ces mémorables paroles, où un vrai patriotisme respire : Cette victoire est celle de la nation entière, et la nation qui n’a jamais conspiré, la nation qui croit ne s’être pas insurgée, mais avoir réprimé et puni l’insurrection du pouvoir, la nation, disons-nous, s’étonnerait et s’alarmerait de manifestations qui ne lui rappellent point des efforts et une gloire à elle, mais des dévouements particuliers à des affiliations politiques, et qui ne peuvent être appréciés à toute leur valeur que par ceux qui les ont vus de très près.

1375. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

En mêlant au vieil esprit gaulois les goûts du moment, un peu de Rabelais et du Voltaire, en y jetant un léger déguisement espagnol et quelques rayons du soleil de l’Andalousie, il a su être le plus réjouissant et le plus remuant Parisien de son temps, le Gil Blas de l’époque encyclopédique, à la veille de l’époque révolutionnaire ; il a redonné cours à toutes sortes de vieilles vérités d’expérience ou de vieilles satires, en les rajeunissant.

1376. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Je n’ai point de longues allées à perte de vue, mais deux petites seulement, dont l’une me donne de l’ombre sous un berceau assez propre, et l’autre, exposée au midi, me fournit du soleil pendant une bonne partie de la journée, et me promet beaucoup de fruit pour la saison.

1377. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Il est midi, et le soleil tombe d’aplomb sur leur feuillage luisant.

1378. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Cette belle tête est un peu portée en avant ; les cheveux blonds, frisés, ramenés sur son front, y forment une espèce de bourelet ébouriffé comme les anciens l’ont fait au soleil.

1379. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Pour des taupes, un ver luisant est un soleil.

1380. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Traînés au soleil de la honte, Une justice auguste et prompte Avec leur âme les confronte Éperdus, transis, effarés, Car tous les vices, tous les crimes, Les mouvements les plus intimes, Les actes les plus anonymes, Sont au grand livre enregistrés.

1381. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Figurez-vous un coin très-retiré d’une barrière inconnue et peu passante, accablée d’un soleil de plomb.

1382. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Il suffit de rapprocher un instant l’ordre social moderne du féodal, par exemple, pour faire jaillir cette vérité, que le succès de l’égalitarisme est chose nouvelle sous le soleil.

1383. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ajoutez, dit un d’entre nous, que ce travail une fois fini, il faudroit en donner le tableau aux ministres, pour n’y rien changer, de sorte que le systême qu’on auroit établi, devînt invariable, comme le cours du soleil : rien ne nuit plus au bon ordre, & ne désole plus les citoyens, que les changemens qui s’operent sous chaque ministre. […] Alors on se promene sans crainte de rencontrer le soleil ; & des musiques de toutes parts viennent charmer les oreilles, & faire resonner les échos. […] On dormoit encore, quoique le soleil fût levé depuis long temps ; mais dans Paris les les agréables pécheroient contre le costume, s’ils voyoient l’aurore, à moins que ce ne soit au moment où ils vont se coucher ; & alors sortant d’un tripot, ou d’un repas fumeux, ils sont hors d’état de jouir d’un spectacle aussi ravissant. […] on y étouffe, & c’est dans la ville d’Angers qu’on veut aller, & qu’on s’y trouve au mieux, jusqu’au lendemain que le soleil continue à se faire sentir. […] Alors la verdure des prairies, la variété des fleurs dont elles sont parsemées, la surface des eaux qu’argente le soleil, la symétrie des arbres qui s’entrelacent de maniere à retracer les ombres de la nuit, deviennent autant de tableaux qui épanouissent l’ame, & qui l’identifient en quelque sorte avec les beautés de la nature, pour en jouir plus délicieusement.

1384. (1900) La culture des idées

Voilà pourquoi Gluck faisait transporter son piano au milieu d’une prairie, en plein soleil ; voilà pourquoi Haydn contemplait une bague, pourquoi Crébillon vivait parmi une meute de chiens, pourquoi Schiller respirait fréquemment l’odeur des pommes pourries dont il avait rempli le tiroir de sa table de travail. […] Sa poésie ne représente pas un large trésor humain étalé devant la foule surprise ; elle n’exprime pas des idées communes et fortes, et qui galvanisent facilement l’attention populaire engourdie par le travail ; elle est personnelle, repliée comme ces fleurs qui craignent le soleil ; elle n’a de parfum que le soir ; elle n’ouvre sa pensée qu’à l’intimité d’une pensée cordiale et sûre. […] La lampe éternelle était alors le symbole du feu ou du soleil ; elle ne parle pas plus clairement aujourd’hui. […] Le chef rond et clos par dessus, où sont les sens corporels figure le ciel ; et les yeux représentent le soleil et la lune et les autres sens les étoiles. […] La Cité du Soleil ; trad. de J.

1385. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Les femmes, persuadées de leur souveraineté, entêtées de leur divinité prétendue, ne voyaient rien de ridicule dans les soupirs, les langueurs, les flammes, les tourments, et dans tout ce phébus dont on se moque aujourd’hui, même à l’Opéra : les femmes approuvaient beaucoup que leurs yeux fussent des astres, des soleils, des dieux ; que leur teint fît honte aux lis et à la rose ; qu’un seul de leurs regards décidât du sort de leurs esclaves : les femmes trouvaient fort bon que leur absence ou leur colère fût regardée comme la plus grande calamité et le plus terrible des fléaux.

1386. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

« Vous m’avez fait grand plaisir de m’écrire vos amusements d’Ablon : mais je ne trouve pas trop à propos que vous alliez à la chasse au soleil, surtout si les chaleurs sont aussi grandes où vous êtes qu’ici. Vos coiffes garantissent mal la tête, et les coups de soleil sont dangereux et très-fréquents dans cette saison.

1387. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Il y entendait parler de bien des choses, surtout de littérature, de Corneille et de Racine, de Geoffroy et de Voltaire, des Grecs et des Romains, de tout ce dont on causait volontiers alors, après les excès de la Révolution, avant le réveil de 1814, à l’ombre du soleil de l’Empire, « à cette époque, nous dit-il, où l’on avait de l’esprit, mais où l’on ne pensait pas. » Penser, en effet, c’est n’être jamais las, c’est recommencer toujours, et l’on avait horreur de rien recommencer. […] Il est temps d’arriver au succès public le plus brillant, au jour de triomphe et de soleil de M. de Rémusat ; je veux parler de son discours de réception à l’Académie française.

1388. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

L’esprit est frappé d’étonnement : mais on porte la main à ses yeux pour les couvrir, et en admirant la force de cette lumière, on pense involontairement au vrai soleil de la campagne et à la tranquille beauté du jour. […] C’est l’histoire d’une plante fragile qui fleurissait dans un air chaud, sous un doux soleil, et qui tout d’un coup, transportée dans la neige, laisse tomber ses feuilles et se flétrit.

1389. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il les attribue aux pluies attirées et retenues pendant l’été sur le soleil de la Libye, puis ramenées au printemps tout à coup sur le ciel d’Égypte. […] « Cependant, au lever du soleil, Xerxès, ayant fait des libations, attendit l’heure du marché plein pour se mettre en mouvement : c’était celle qui avait été convenue avec Épialte, et calculée sur la descente de la montagne, qui demandait moins de temps que la montée.

1390. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Hugo, c’est la terre orgueilleuse de la force du tigre et du rhinocéros ; c’est la terre enivrée qui jette au pied des montagnes les grappes violettes de raisins et les roses de pourpre et de feu ; c’est la terre qui montre triomphante au soleil ses bosquets d’orangers, ses champs d’épis, et le splendide désordre de ses forêts où s’entrecroisent des lianes, où des arbres puissants abritent la grâce du colibri et le prudent sommeil du serpent : Hugo c’est la beauté de la Terre, mais Lamartine chante comme un ange exilé : je donne ma voix à Lamartine. […] C’est vrai, tu ciselas de si belles amphores Que l’eau claire, dorée à leur reflet vermeil, Y brillait comme un vin saturé de soleil ; Prince de l’antithèse et roi des métaphores.

1391. (1927) Des romantiques à nous

Avec le soleil de l’idée divine, soleil qui n’entrait d’ailleurs dans cette école que pâli aux verres gris et opaques de Kant, s’en sont allés tous ses rayons, et surtout le plus doux : la poésie, plus nécessaire, en un sens, que la morale elle-même. […] Les Français qui ont imité Wagner lui ont pris la lourdeur et la surcharge de sa pâte musicale ; ils ne lui ont pas emprunté aussi aisément le secret des éclairs qui la traversent, des énergies qui la soulèvent et la font tourbillonner au soleil. […] Quand je vois remettre en scène avec un éclat particulier telle ou telle des créations du maître, il me semble qu’un soleil en train, comme dit le poète, de « descendre derrière l’horizon », en remonte un instant pour adresser à un univers qui s’enténèbre de plus en plus et qui s’y plaît, le reproche désespéré de ses feux pâlis.

1392. (1925) Portraits et souvenirs

Il était plein de soleil, calme et gai, avec ses murs où étaient pendus, en de vieux cadres dorés, ces beaux dessins du XVIIIe siècle, qui mettent partout ou ils sont la joie de leur art élégant et voluptueux, avec ses vitrines de bibelots avec son clair meuble de Beauvais où souriaient des fleurs tissées. […] Les poètes, en effet, sont tous chantres du soleil et de la lumière, et ce sont cette lumière et ce soleil qu’ils ont substitués pour moi à la terne réalité. […] Les cloches de la Salute sonnaient dans le soleil.

1393. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Les cieux n’ont qu’un soleil qui fait qu’on les adore, Mais toi tu en as deux, et plus puissants encore ! […] Scudéry surtout, renommé comme poète tragique, et à qui un poète comique ne fait point ombrage, Scudéry ne trouve point d’images assez grandes pour son admiration ; il s’écrie : Le soleil s’est levé ; retirez-vous, étoiles ! […] alors, l’auteur de Sophonisbe et celui de Lygdamon ne se montreront plus si bons princes, ils changeront de gamme et de style, ils commenceront à critiquer et à railler celui qu’ils mettaient au-dessus des nues en le comparant au soleil ! […] Oui, je te veux conter une étrange aventure, Qui jeta du désordre en toute la nature, Mais désordre aussi grand qu’on en voye arriver : Le soleil fut, un jour, sans pouvoir se lever ; Et ce visible dieu, que tant de monde adore, Pour marcher devant lui ne trouvait point d’Aurore : On la cherchait partout, au lit du vieux Tithon, Dans les bois de Céphale, au palais de Memnon ; Et, faute de trouver cette belle fourrière, Le jour jusqu’à midi se passa sans lumière. […] » Après Mairet et Claveret, le fameux Scudéry à son tour entra dans la danse ; Scudéry qui, lorsque Corneille avait donné sa petite comédie de la Veuve, l’avait complimenté encore plus que Mairet et salué de ce vers emphatique : Le soleil s’est levé ; retirez-vous, étoiles !

1394. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

À quatre-vingt-six ans, arrivé au terme, il écrivait : « Je sens que je suis usé : je tombe avec le soleil ; le soir je me trouve dans un état misérable ; le sommeil me redonne des forces, et le matin, en m’éveillant, je me porte bien. » — M. de Lassay mourut à Paris, le 21 février 1738.

1395. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Ce sentiment de premier contentement, où il y a, avant tout, de l’espérance et où le découragement n’entre pas, où l’on se dit qu’on a devant soi une époque plus longue que soi, plus forte que soi, une époque protectrice et juge, qu’on a un beau champ à une carrière, à un développement honnête et glorieux en plein soleil, voilà ce qui donne le premier fonds sur lequel s’élèvent ensuite, palais et temples réguliers, les œuvres harmonieuses.

1396. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Saint-Ange, traduisant Ovide qui fait parler le Soleil amoureux : Par moi seul on voit tout ; seul je vois tout au monde, Mais je ne vis jamais rien de si beau que vous… » Les vers cités ne remplissent même pas tous la condition voulue d’être d’un bout à l’autre monosyllabiques16.

1397. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public.

1398. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il avouait qu’il n’était pas né pour la prêtrise, qu’il s’y était laissé inconsidérément entraîner par le vertueux abbé Carron ; qu’il lui fallait la vie laïque en plein vent et en plein soleil ; qu’il regrettait de n’être pas marié, de n’avoir pas une femme, des enfants ; mais que, pour se former une famille, il était déjà trop âgé lorsqu’il rompit avec le sacerdoce. » Certes, La Mennais, en 1810, eût probablement frémi de s’entendre s’exprimer de la sorte ; mais l’aveu qui devait sortir plus tard de ses lèvres couvait déjà dans l’amertume cruelle et irrémédiable dont il se sentait abreuvé au fond de l’âme.

1399. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

ils sont inviolables pour tous : nul n’y viendra relancer votre rêverie, pas plus qu’en ces autres bosquets qui en sont l’image, bosquets tout voisins de votre Passy, et où vous vous enfoncez au milieu du jour, à l’abri même des amis, fuyant, selon la saison, ou cherchant le soleil, cherchant surtout l’entretien de la conscience et l’habitude de la Muse !

1400. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Les autres ont besoin de naître en des circonstances propices, d’être cultivés par l’éducation et de mûrir au soleil ; ils se développent lentement, sciemment, se fécondent par l’étude et s’accouchent eux-mêmes avec art.

1401. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prévost s’étend avec complaisance sur les douceurs de cette vie commune et diverse ; c’est évidemment son idéal qu’il retrouve dans ce monastère de Cassiodore ; c’est son Saint-Germain-des-Prés, son La Flèche, mais avec bien autrement de soleil, d’aisance et d’agréments.

1402. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Quand on veut se dire que rien n’est bien nouveau sous le soleil, que chaque génération s’évertue à découvrir ou à refaire ce que ses pères ont souvent mieux vu, qu’il est presque aussi aisé en effet de découvrir de nouveau les choses que de les déterrer de dessous les monceaux croissants de livres et de souvenirs ; quand on veut réfléchir sans fatigue sur bien des suites de pensées vieillies ou qui seraient neuves encore, oh !

1403. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Quand je me souviens que le soleil s’est levé hier à tel point de l’horizon, et quand je prévois que demain il se lèvera à tel autre endroit du ciel, j’ai intérieurement l’image distincte ou vague de la sensation visuelle que j’ai eue hier et de la sensation visuelle que j’aurai demain. — Pareillement, toutes les perceptions associées que le souvenir et la prévision ajoutent à la sensation brute pour constituer la perception externe ordinaire, tous les jugements, croyances et conjectures qu’une sensation simple provoque sur la distance, la forme, l’espèce et les propriétés d’un objet, contiennent aussi des images.

1404. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Plus loin l’horizon se noie dans la brume lumineuse que le soleil de Judée fait rejaillir des rochers, des flancs des collines et des pierres roulées des fleuves taris.

1405. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Ces rares perfections me captivèrent au point, que bientôt il n’y eut pas une puissance ou une faculté de mon corps ou de mon âme qui ne fût asservie sans retour ; et je ne pouvais m’empêcher de considérer la dame dont la mort avait causé tant de douleurs et de regrets comme l’étoile de Vénus, dont l’éclat du soleil éclipse et fait disparaître entièrement les rayons. » Telle est la description que Laurent nous a laissée de l’objet de sa passion, dans le commentaire qu’il a fait sur le premier sonnet qu’il écrivit à sa louange16 ; et à moins que l’on n’en mette une grande partie sur le compte de l’amour, toujours partial dans ses jugements, il faut avouer qu’il y a eu bien peu de poëtes assez heureux pour trouver un objet aussi propre à exciter leur enthousiasme, et à justifier les transports de leur admiration.

1406. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Assuré d’aimer tout en Dieu et comme œuvre de Dieu, il ouvre son âme ; et toute beauté le séduit, la beauté de la nature, les arbres, les eaux, les vallées, les jours sereins, les soleils éclatants, la beauté de la poésie païenne aussi, où toute nature se reflète, Homère, Horace, Virgile.

1407. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Tant mieux : il y a d’autre part aise, et maturité, à demander un soleil, même couchant, sur les causes d’une vocation.

1408. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Non, vraiment, les nécrophores exagèrent : jusqu’au soleil des pauvres morts !

1409. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

« Dans un désert avare et stérile, sur un sol calciné par le soleil, l’antchar, tel qu’une vedette menaçante, se dresse unique dans la création.

1410. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Les paysages idéalisés par les poètes ; les coteaux de Virgile, où le soleil fait mûrir la Vendange ; les rives phéaciennes où la tempête a jeté Ulysse parmi les compagnes de Nausicaa, ne nous sont pas plus familiers que les paysages d’Atala.

1411. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

La morale est aussi absente du monde d’insectes qui s’agite dans une pièce d’eau, et pourtant quel ravissant intérêt à voir ces gyrins dorés, qui tournent au soleil, ces salamandres qui courent au fond, ces petits vers qui s’enfoncent dans la vase pour y chercher leur proie.

1412. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Ce n’est pas en vain que soixante ans de paix et de sécurité intérieures ont passé sur la France et que la bourgeoisie a conquis au soleil une place plus importante.

1413. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Or, dans la bataille des Aliscamps, Vivien a été blessé si grièvement qu’on peut voir le soleil à travers les plaies qui le transpercent.

1414. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

C’est que cette succession n’est pas inconditionnelle ; la production du jour est soumise à une condition qui n’est pas l’antériorité de la nuit, mais la présence du soleil.

1415. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Agamemnon marche vers la mort dans la sérénité sanglante d’un soleil couchant.

1416. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

» C’est tout un renversement de la géométrie qu’il nous indique… Les géomètres ne sont que des arpenteurs qui mesurent à un cheveu près la distance de la terre au soleil ; mais ce cheveu, qui n’est rien pour nous, est énorme comparé par nous à l’acarus du bourdon… La géométrie mal baptisée : mesure de la terre : ce n’est pas de mesure qu’il s’agit, « c’est de faire connaître, c’est de donner la forme de la durée et de l’intensité des choses. » Et redescendant brusquement à terre, il termine la conversation par un charmant portrait en quatre mots de son vieil ami Chandellier, ce comique mélancolique aux cheveux blancs et tout plein au fond de vignettes de romances.

1417. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Il s’était caché, le misérable, il s’était blotti sous sa guillotine, mal à l’aise au soleil de juillet comme un oiseau de nuit en plein jour, tâchant de se faire oublier, se bouchant les oreilles et n’osant souffler.

1418. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les médecins, qui parlent de la puissance du soleil quand ils ne croient plus à la leur, l’envoyèrent réchauffer ses derniers frissons dans le Languedoc et mourir où il était né.

1419. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Si tous les mouvements de l’univers s’accéléraient tout à coup dans la même proportion, y compris celui qui sert de mesure au temps, il y aurait quelque chose de changé pour une conscience qui ne serait pas solidaire des mouvements moléculaires intra-cérébraux ; entre le lever et le coucher du soleil elle ne recevrait pas le même enrichissement ; elle constaterait donc un changement ; même, l’hypothèse d’une accélération simultanée de tous les mouvements de l’univers n’a de sens que si l’on se figure une conscience spectatrice dont la durée toute qualitative comporte le plus ou le moins sans être pour cela accessible à la mesure 22.

1420. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

La splendeur du soleil, la magnificence des rois, les merveilles des arts, les palais, les fêtes, la solennité des sacrifices, la guerre avec ses terribles images et sa sanglante parure, les casques d’airain, les aigrettes flottantes plaisent également aux deux poëtes et leur reviennent d’un attrait si vif que ce qui semblerait parfois image vulgaire brille toujours nouveau sous leurs paroles de feu.

1421. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Tel nous paraît ce psaume, ou, dans la pureté du théisme judaïque, l’idée de Dieu est entourée d’un pompeux appareil, comme pouvait l’entrevoir l’enthousiasme orphique, dans ces mystères d’Eleusis dont Pindare avait connu la grandeur : « Jéhovah, le Dieu des dieux a parlé ; et il a convoqué la terre, de l’orient du soleil à son couchant.

1422. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Maintenant, je pense aller bientôt prophétiser aux bords du Cocyte et de l’Achéron. » Puis, excité par les reproches du chœur, que troublent ces paroles, le délire mélancolique de Cassandre devient plus expressif encore : « Déjà, dit-elle, la prophétie ne regarde plus, à travers les voiles, comme une jeune fiancée : mais elle se découvre tout éclate tante et pressée de paraître à la pleine lumière du soleil levant. » Alors commence et se précipite à torrent tine nouvelle prédiction de la captive sur Agamemnon, sur Clytemnestre, sur Oreste et sur elle-même.

1423. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Dès les premières pages on apprend qu’Alexandre Dumas « ouvre les yeux au soleil de Thermidor, en attendant que son cerveau tropical s’échauffe sous le soleil d’Austerlitz. […] Dumas fils, dont on connaît l’admirable piété filiale et qui fut un des plus ardents défenseurs de la gloire de son père, lui adressait, au cours d’une de ses Préfaces, cette apostrophe : « C’est sous le soleil de l’Amérique, avec du sang africain, dans le flanc d’une vierge noire, que la nature a pétri celui dont tu devais naître et qui, soldat et général de la République, étouffait un cheval entre ses jambes, brisait un casque avec ses dents et défendait à lui tout seul le pont de Brixen contre une avant-garde de vingt hommes. » Il appelait ainsi notre attention sur un curieux phénomène d’atavisme. […] L’important est qu’il y ait une place pour s’y rencontrer, une taverne pour s’y enivrer, un jardin pour s’y donner rendez-vous, de grands arbres qui font de l’ombre, une clairière qui laisse filtrer le soleil, un banc de mousse pour y parler d’amour, une fontaine pour s’y mirer, un parterre où cueillir des fleurs pour les mettre en bouquets à Chloris et les faire entrer dans les comparaisons. […] Nous manquons de science avant tout ; nous pataugeons dans une barbarie de sauvages ; la philosophie telle qu’on la fait et la religion telle qu’elle subsiste sont des verres de couleur qui empêchent de voir clair parce que : 1o on a d’avance un parti pris, 2o parce qu’on s’inquiète du pourquoi avant de connaître le comment, et 3o parce que l’homme rapporte tout à soi : le soleil est fait pour éclairer la terre, on en est encore là. » La forme est embarrassée, mais les idées sont claires et ce sont aussi bien celles auxquelles se réfère le romancier de Madame Bovary. […] « Avec une inflexion de ses membres de mollusque dont les articulations d’acier ont des mouvements de velours, elle faisait tout à coup relever les désirs entortillés au fond de mon âme, comme le soleil fait retourner vers lui des convolvulus repliés. » Tel est le sujet et tel est le style.

1424. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Massoum, vicaire du grand pontife, des sages avis duquel le soleil apprend à régler son mouvement, a fait faire par Aga Mourad9, l’un de ses substituts, ce portail, dont la hauteur et l’excellence surpassent le trône céleste. […] Heureux et glorieux le fidèle qui, par révérence, prosternera sa tête sur le seuil de cette porte, à l’imitation du soleil et de la lune.

1425. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce salon de l’écurie a cent quatre pas de face, vingt-six de profondeur et vingt-cinq pieds de hauteur: il est couvert d’un plafond de mosaïque, assis sur des colonnes de bois peint et doré ; et il est séparé en trois salles, dont celle du milieu est élevée de neuf pieds du rez-de-chaussée et celles des côtés de trois pieds seulement ; les séparations sont faites de châssis de cristal de Venise, de toutes couleurs, et le salon entier est garni de courtines tout alentour, doublées des plus fines indiennes, qu’on étend du côté du soleil, jusqu’à huit pieds de terre seulement, sans que cela empêche la vue. […] Au haut du salon, tout alentour, sont attachés des rideaux de fin coutil, doublés de brocart d’or à fleurs, qu’on tire du côté du soleil en les étendant jusqu’à huit pieds de terre, comme une tente, ce qui rend le salon très-frais.

1426. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

« Il fut alors convaincu, dit un grand prédicateur, qu’il y avait quelque chose de nouveau sous le soleil ; et parce qu’il avait un cœur droit, il vit avec joie un plus fort que lui, selon les termes de l’Ecriture, sur le théâtre du monde, obscurcissant tous les héros, et lui causant à lui-même de l’étonnement184. » A l’exemple de Condé, qui avait fait la guerre pour son compte, deux hommes qui l’avaient faite, l’un pour le compte de la Fronde, l’autre pour une femme, Turenne et La Rochefoucauld s’empressèrent de désarmer, et de faire oublier au roi leurs torts envers l’Enfant royal. […] Ce lieu sans air est inondé d’air ; les yeux ne rencontrent que des bois et des eaux dans ce lieu sans eau et sans bois ; le soleil se couche chaque soir au bout de la nappe d’eau lointaine qui termine ce lieu sans vue.

1427. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Dans la réalité rien ne choque ; au soleil, les guenilles valent les vêtements impériaux. […] La gaîté du soleil est troublée par l’immense quantité de grandes douleurs, de sublimités et de rénovations morales qu’ils jettent dans l’air. […] Il est toujours curieux que les passions, les astuces, les conventions si l’on veut, d’un groupe social, viennent se montrer en plein soleil et se donner comme lois. […] * *   * Il y a eu pendant un temps, une École des Champs et des Saisons, elle a donc définitivement disparu : le vin succède au lait, les becs de gaz au soleil, les gros ventres au sentimentalisme.

1428. (1902) Le critique mort jeune

Là-bas, sur notre droite, Venise, au ras de la mer s’étendait et devait faire une barre plus importante à mesure que le soleil s’anéantissait. […] Son existence semblait circonscrite d’avance comme l’ombre au vieux cadran de pierre où son père avait aimé jadis à voir tourner l’heure au soleil. » Ce n’est pas que les mots soient mal choisis, que les épithètes ne soient justes. […] , champs verts carrés, ruisseau roulant un caillou doré dans le silence ; premiers feuillages des eaux ; frisson qui glace le corps auprès des sources quand le soleil nous cuit les mains. » Cette masse confuse de sensations, ces petits cris, ces chatouillements, sont encore ce qu’il y a de plus solide dans les menus romans de M.  […] Dans les « Deux Vies », pour reprendre les espèces mêmes données par les frères Margueritte, c’est sur une plage, devant un mélancolique coucher de soleil, que Francine, sentimentale comme une pensionnaire de la veille, a élu son époux.

1429. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Évidemment, nous n’appellerons pas public littéraire la multitude d’hommes et de femmes absorbés, du lever au coucher du soleil, par les travaux des champs, même si, pour se délasser, le dimanche, elle sait lire la lettre moulée. […] Mais il ne suffit pas qu’une évidence ait l’éclat du soleil, pour que nous fassions sagement de la rejeter comme suspecte ; et il ne suffit pas non plus qu’une idée soit biscornue, pour qu’elle doive agréer d’emblée à notre pessimisme mélancolique. […] Pendant longtemps on y a lu, entre autres sottises : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; voilà ma place au soleil… » et l’on s’extasiait devant un trait si hardi. « Ce chien !  […] Une telle créature est parmi les plus misérables spectacles qu’on voie sous ce soleil. […] Quand on considère que ce désir ardent d’avoir sa place au soleil n’est qu’une forme, et une des plus hautes, du besoin d’exister et de vivre, on ne peut le condamner que si l’on pense, avec Schopenhauer, que la suprême sagesse est, pour l’individu, d’anéantir en soi la volonté de vivre.

1430. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Au moment de quitter l’Angleterre, il écrivit d’une main défaillante les lignes qu’on va lire : « Aujourd’hui, mercredi 24 juin 1754, le soleil le plus triste que j’aie jamais vu s’est levé, et m’a trouvé éveillé dans ma maison à Fordhook ; à la clarté de ce soleil, j’allais, pensais-je, voir pour la dernière fois, en leur disant un dernier adieu, ces objets chéris pour lesquels je me sentais la tendresse d’une mère. […] La pauvreté, qui a mis la plume dans sa main, n’a pas permis à sa pensée de germer à son heure, ni de pousser ces moissons dorées à qui la prospérité sert de soleil et de rosée. […] Après une heure de marche sous le soleil brûlant de Jérusalem, après une fervente invocation à celui qui a souffert et qui est mort pour le salut de tous, le pèlerin oublie tout à coup son rôle, il discute l’authenticité des traditions, il révoque en doute la désignation des lieux, il accuse de mensonge les récits populaires qui se distribuent et se vendent au pied du saint tombeau. […] Il leur montre du doigt, dans l’azur des cieux étoilés, la trace lumineuse de la volonté divine ; compare les mondes lancés dans l’espace au caillou placé dans la fronde, il interroge ses disciples sur la force du bras divin ; il rapproche du mouvement des navires le mouvement des étoiles, il leur dit que les cieux ont, comme la mer, leurs matelots et leurs pilotes ; et quand il les a bien instruits de l’immensité de Dieu, il les rassure et leur promet le regard vigilant de la Providence ; en leur racontant le dialogue de l’aigle et du soleil il leur prouve que la montagne et la vallée, l’homme et la fourmi, ont aux yeux de Dieu la même importance et la même valeur. […] Son âme s’est pourrie assidûment d’espérance et de poésie ; il croit à l’amour, au bonheur, à la durée des promesses, à l’inviolable sainteté des serments ; il remercie Dieu de sa naissance, il se glorifie dans sa jeunesse et sa beauté ; il prend possession du monde où il vient d’entrer, comme si ce monde était à lui ; il salue le soleil et les étoiles, comme des lampes suspendues à la voûte d’un palais qui lui appartient ; il sent au-dedans de lui-même la puissance d’aimer, de donner le bonheur, et son âme impatiente déborde en hymnes et en cantiques.

1431. (1898) Essai sur Goethe

Il en sort transformé, sévère pour son passé, « comme un homme qui a échappé aux eaux et que le soleil bienfaisant commence à sécher7 », ayant rompu avec la mélancolie, la violence et le moyen âge. […] C’est ainsi qu’on aime à voir, quand le soleil se couche, la lune se lever au point opposé, et qu’on jouit du double éclat de ces flambeaux célestes. […] L’homme a besoin de tant de préparations et de coopérations pour jouir d’une existence tolérable, que, s’il voulait toujours rendre au soleil et à la terre, à Dieu et à la nature, aux ancêtres et aux parents, aux amis et aux compagnons, la reconnaissance qui leur est due, il ne lui resterait plus ni temps, ni sentiment pour recevoir de nouveaux bienfaits et pour en jouir. […] Et les voiles se gonflent au vent ; et le soleil nous attire par ses feux caressants ; les rivages filent, les hauts nuages filent ; de la rive tous nos amis nous accompagnent de chants d’espoir, imaginant, dans le vertige de la joie, des plaisirs de voyage comme ceux du matin de l’embarquement, comme ceux des premières grandes nuits étoilées. […] Dans cette vague, le soleil se reflétait si beau, les étoiles reposaient sur son sein doucement agité.

1432. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

L’amant appellera sa maîtresse son soleil, et elle, soutiendra qu’elle est sa lune parce qu’elle tire de lui tout son éclat ; puis tous les deux, sur la scène, se livreront aux ébats de leur mutuelle affection. […] Apollon avait l’habitude de mettre derrière son oreille une plaque jaune destinée à représenter le soleil. […] Ce jour-là, ce dernier eût pu se dire à lui-même, comme jadis Pompée à Scylla : « Ne sais-tu pas que tous les yeux se tournent vers le soleil levant ? 

1433. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Que les jeunes gens soient bien faits, que les princesses soient belles, que, les uns et les autres, ils soient brillants comme autant d’étoiles qui servent de cortège au soleil, voilà tout ce qu’on demande. […] l’héliotrope, regardant le soleil, ne lui demande que sa lumière pour briller ! […] — L’amour se croit offensé si le chagrin jette ses ombres sur le cœur qu’il cherche à remplir d’un soleil sans nuages. » Et un peu plus bas ce roi gentilhomme, si plein de tact et de goût, s’oubliait jusqu’à dire à mademoiselle de La Vallière : — « Madame, ai-je mérité le muet reproche de votre chagrin ?

1434. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes.

1435. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Près de mourir, elle a pu s’écrier, sans fiction aucune, dans son hymne d’adieu : « Adieu, mon enfant, mon époux, ma bonne, mes amis ; adieu, soleil dont les rayons brillants portaient la sérénité dans mon âme comme ils la rappelaient dans les cieux ; adieu, campagnes solitaires dont le spectacle m’a si souvent émue, et vous, rustiques habitants de Thézée, qui bénissiez ma présence, dont j’essuyais les sueurs, adoucissais la misère et soignais les maladies, adieu ! 

1436. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

elle, la perle limpide et une fois née, se voit fixe au haut de son rocher, sur le rivage, dominant cet océan qui remue et varie sans cesse ; plus humide, plus cristalline, plus radieuse au soleil après chaque tempête.

1437. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

En adoptant cette date de 1644136, La Bruyère aurait eu vingt ans quand parut Andromaque ; ainsi tous les fruits successifs de ces riches années mûrirent pour lui et furent le mets de sa jeunesse ; il essuyait, sans se hâter, la chaleur féconde de ces soleils.

1438. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

J’ai passé trois heures, il y a un mois, sur le port d’Ostende, occupé à regarder le soleil qui se couchait dans un ciel clair, et, en ce moment-ci, je me rappelle sans difficulté la rue plate, la digue pavée de briques rougeâtres, la vaste étendue d’eau miroitante, tout le détail de ma promenade, le matelot et les deux promeneurs à qui j’ai parlé, ma longue rêvasserie au bout de l’estacade, d’où je suivais le déclin du jour et les changements de la mer mouvante, le fourmillement lumineux des flots, leurs creux bleuâtres zébrés de clartés rousses, toute la pompe de la grande nappe liquide qui se plissait, se déroulait et chatoyait comme une soie de Jordaens. — Ce sont là des images, c’est-à-dire des résurrections spontanées de sensations antérieures, et, comme toutes les images, celles-ci comportent une illusion quand elles deviennent intenses et nettes.

1439. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

L’amour satisfait recevait cette pluie amoureuse, comme l’oiseau brûlé par l’ardeur du soleil reçoit avec joie les gouttes de la rosée si longtemps désirée.

1440. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Toi dont ma mère osait se vanter d’être fille, … Soleil… Ô haine de Vénus !

1441. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Il faudrait commencer par ne plus écrire : « Le soleil, avec un poudroiement d’or, se mourait sur les champs tranquilles de solitude. » Et par ne pas dire : « Vous en rappelez-vous ?

1442. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Verlaine, dans un sonnet très admiré, il s’imaginera qu’il est à lui seul l’empire romain tout entier : Je suis l’empire à la fin de la décadence Qui regarde passer les grands barbares blancs, En composant des acrostiches indolents D’un style d’or où la langueur du soleil danse.

1443. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Car quand, par le plaisir de luy, qui tout régit et modere, si mon ame laissera cette habitation humaine, je ne me reputerai totalement mourir, ains passer d’un lieu en un aultre, attendu, que en toy et par toy je demeure en mon image, visible en ce monde, vivant, voyant, et conversant entre gens d’honneur et mes âmys, comme je souloys… (solebam)… Par quoy, ainsi comme en toi demeure l’image de mon corps, si pareillement ne reluysoient les moeurs de l’ame, l’on ne te jugeroit estreguarde et thresorde l’immortalité de nostre nom ; et le plaisir que prendroys ce voyant seroit petit, Considérant que la moindre partie de moy, qui est le corps, demeureroit, et la meilleure, qui est l’ame, et par laquelle demeure nostre nom en bénédiction entre les hommes, seroit degenerante et abastardie. » Cette lumière dont Rabelais parle à Tiraqueau, ce soleil qu’il oppose aux brouillards plus que cimmeriens du moyen âge, il prit plaisir à s’en éblouir.

1444. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Et de sa bouche lippue, le monstrueux borgne tracasse un vieux bout de cigare éteint, avec la grimace d’un poupon de Gargamelle qui téterait, le soleil dans les yeux.

1445. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Saint Théophile d’Antioche considère comme conséquence du péché la férocité des animaux sauvages, Tatien le poison des plantes vénéneuses, saint Augustin les naissances monstrueuses, saint Isidore l’affaiblissement de la lumière du soleil et de la lune (Manuel de l’histoire des dogmes chrétiens, par Henri Klée, traduction française de l’abbé Mabire, t. 

1446. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine.

1447. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Mais ce que l’on comprend très bien, venant de ceux-là qui ont salué l’aurore d’un pouvoir nouveau dans le déclin de cette royauté des Bourbons qui éteignit, on sait comment, le soleil de son Louis XIV, le comprend-on au même degré venant de ceux qui ont gardé au fond de leur âme l’amour espérant ou désespéré de cette malheureuse royauté, coupable et perdue ?

1448. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

C’est la glorification muette de l’Église… À travers les mille hérésies qui, au siècle de Marc-Aurèle, s’élevèrent comme des millions d’atomes dans un rayon de soleil, l’auteur de la Vie de Jésus a très bien discerné et démêlé la formation intime, le développement et l’organisation complète d’une Église orthodoxe, impénétrable aux hérésies, qui les combat et qui les gouverne quand elle en a triomphé.

1449. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

. — S’il est vrai que l’univers entier obéit à un rythme souverain que l’astronome constate dans la marche des soleils et que le physicien retrouve dans l’infiniment petit de la matière, pourquoi serions-nous seuls à vivre au hasard ?

1450. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Mais si cet homme qui se présente est un chirurgien et s’appelle Forlenze, et qu’il parle à des aveugles-nés, il leur dit, pour les engager à se faire opérer de la cataracte : vous verrez de belles choses après l’opération, par exemple, le soleil… Ils l’interrompent en tumulte : citez-nous, disent-ils, un de nous qui ait vu le soleil.

1451. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Du reste, celui de Home avait toujours fait ainsi ; avant l’opération, quand il regardait le soleil à travers ses cristallins opaques, il disait : « Il touche mes yeux. » L’opération faite, le même jugement localisateur subsista ; comme on lui demandait, aussitôt après, ce qu’il avait vu : « Votre tête, répondit-il ; elle semblait toucher mon œil. » Mais il ne put en dire la forme. […] Au soleil et par une belle lune, elle savait d’où venait la lumière ; rien de plus ; elle avait vécu ainsi jusqu’à quarante-trois ans.

1452. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Au bout d’une scène violente, il s’arrête sur un moment vide, et la montre, paresseuse, étendue sur des divans, comme une chatte qui bâille et se détire au soleil. […] Jusqu’à la dernière heure de sa vie, Esmond se rappellera les regards et la voix de la dame, les bagues de ses belles mains, jusqu’au parfum de sa robe, le rayonnement de ses yeux éclairés par la bonté et la surprise, un sourire épanoui sur ses lèvres, et le soleil faisant autour de ses cheveux une auréole d’or… Il semblait, dans la pensée de l’enfant, qu’il y eût dans chaque geste et dans chaque regard de cette belle créature une douceur angélique, une lumière de bonté.

1453. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Je n’ai jamais compris que cet amoureux de soleil et de lumière ne soit pas allé plus souvent revoir son pays natal, au lieu de passer ses vacances à Chambrosay, devant les pelouses bien peignées d’un grisâtre château du Nord. […] Il se plaisait à répéter les vers connus : Ô Corse à cheveux plats, que la France était belle, Au grand Soleil de Messidor ! […] Les journées qui précédèrent sa fin furent de belles journées claires et de chaud soleil […] C’est ça qui me repose. » Les obsèques (2 avril 1910), eurent lieu au Père Lachaise, par une magnifique journée de soleil. […] Je commençais à m’assoupir sur le théâtre de Tirso de Molina, lorsqu’un rayon de soleil couchant vint caresser les bouquins en face de moi.

1454. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Les yeux de ces femmes vous regardent avec des yeux bleus du Nord, où toute la froideur d’un ciel voilé semble avoir passé ; des yeux noirs du Midi, brûlants de soleil ; des yeux d’Orient, veloutés et impénétrables. […] Et devant, il y avait la terre, la terre scintillante, givrée de soleil, la terre sans grâce et sans honneur où errent, sous des tentes en poils de chameau, les plus misérables des hommes… » J’ai tenu à citer ce quadro comme un échantillon de la manière de l’écrivain, de son coloris si pittoresque et si vrai. […] Louis XIV se comparait au soleil. […] Il n’y a plus rien qu’un chaos de débris, plus une motte d’herbe, plus une tige d’arbre, et, là-dessus, le grand soleil. […] Plus de panache, plus d’éclat, plus de victoire radieuse sous le soleil triomphant, mais la mesquinerie, la médiocrité de l’effort quotidien côte à côte avec des milliers de frères, ensevelis aussi dans la même tristesse, en attendant qu’ils le soient sous la même terre, — cette terre dont ils sont vraiment les fils, — étant pour la plupart des paysans.

1455. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Au sortir donc des gorges et des rampes étroites où nous avons gravi longtemps, où nous avons fini par triompher et nous acquérir quelque nom, nous nous trouvons, grâce à notre succès même, portés sur le plateau, dans la plaine ; il s’agit de faire bonne figure au soleil et devant tous dans cette nouvelle position, et de tenir décemment la campagne.

1456. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Ce qu’il en aima seulement, ce fut ce sublime silence de mort quand on en approche ; ce furent ces vastes plaines désolées où plus rien ne se laboure ni ne se moissonne jamais, ces vieux murs de brique, ces ruines au dedans et au dehors ; ce soleil d’aplomb sur des routes poudreuses, ces villas sévères et mélancoliques dans la noirceur de leurs pins et de leurs cyprès.

1457. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

L’autre, n’ayant que des devoirs à remplir sans espoir et presque sans revenu…, ne peut se recruter que dans les derniers rangs de la société civile, et les parasites qui dépouillent les travailleurs affectent de les subjuguer et de les avilir de plus en plus »  « Je plains, disait Voltaire, le sort d’un curé de campagne obligé de disputer une gerbe de blé à son malheureux paroissien, de plaider contre lui, d’exiger la dîme des pois et des lentilles, de consumer sa misérable vie en querelles continuelles… Je plains encore davantage le curé à portion congrue à qui des moines, nommés gros décimateurs, osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l’année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus pénibles et les plus désagréables. » — Depuis trente ans, on a tâché d’assurer et de relever un peu leur salaire ; en cas d’insuffisance, le bénéficier, collateur ou décimateur de la paroisse, doit y ajouter jusqu’à ce que le curé ait 500 livres (1768), puis 700 livres (1785), le vicaire 200 livres (1768), puis 250 (1778), et à la fin 350 (1785).

1458. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Dans ses accès d’enthousiasme, le sang chaud et méridional de Souberbielle, qui se portait à son front, lui donnait une figure sibyllique d’inspiré de l’échafaud ; ses cheveux blancs se hérissaient avec le frémissement de l’exaltation sur sa tête, et les reflets rouges de ses rideaux de lit cramoisis, transpercés par le soleil du matin et se répercutant sur ce lit de vieillard, semblaient filtrer non de la lueur, mais une teinte de sang.

1459. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Ses cheveux blond-cendré étaient longs et soyeux ; son front haut et un peu bombé venait se joindre aux tempes par ces courbes qui donnent tant de délicatesse et tant de sensibilité à ce siège de la pensée ou de l’âme chez les femmes ; les yeux de ce bleu clair qui rappelle le ciel du Nord ou l’eau du Danube ; le nez aquilin, les narines bien ouvertes et légèrement renflées, où les émotions palpitaient, signe du courage ; une bouche grande, des dents éclatantes, des lèvres autrichiennes, c’est-à-dire saillantes et découpées ; le tour du visage ovale, la physionomie mobile, expressive, passionnée ; sur l’ensemble de ces traits, cet éclat qui ne se peut décrire, qui jaillit du regard, de l’ombre, des reflets du visage, qui l’enveloppe d’un rayonnement semblable à la vapeur chaude et colorée où nagent les objets frappés du soleil : dernière expression de la beauté qui lui donne l’idéal, qui la rend vivante et qui la change en attrait.

1460. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Elle menait à Londres, à Paris, et surtout dans son palais de Rome et à Naples, la vie somptueuse d’une femme célèbre par sa beauté, par son esprit et par ses richesses ; elle s’était faite cosmopolite, mais surtout Italienne par passion pour le soleil et pour les arts.

1461. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Entre ces deux sortes de lecteurs passionnés, il peut se trouver un homme qui voit bien, qui, sans être indifférent, est impartial, qui, quoique prévenu pour ou contre les personnes, peut rester témoin véridique des œuvres ; un esprit capable de regarder la gloire elle-même, comme l’aigle le soleil, sans en être ébloui.

1462. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Toute cette compagnie venait, à chaque rayon de soleil, à l’ombre de l’auvent, s’asseoir sur de vieilles chaises de paille.

1463. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Depuis que le maître est couché pour les siècles sous sa pierre de Wahnfried, la place immense qu’il tenait parmi nous apparaît davantage ; sa gloire monte comme un soleil, éblouissante et féconde, et l’oiseau mystérieux dont Siegfried entendit la voix dans la forêt chante incessamment au-dessus des lauriers de sa tombe.

1464. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

que de fois il a vu sur les flots toujours pareils se lever et se coucher le même soleil !

1465. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Cependant, l’esprit humain fut plus sage que les hommes ; durant cette longue campagne hivernale, il préparait le printemps là où chaque année il naît avec le soleil à l’est.

1466. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gudehus toujours exact et scrupuleux interprète ; les autres rôles convenables, les décors passables, quelques uns réussis comme le lever du soleil de Goetterdaemmerüng ; la Chevauchée et le tableau final tout à fait manqués … On nous écrit encore que la représentation de la Walküre a été entachée d’une grande coupure, au deuxième acte, dans le récit ce Wotan (vingt pages environ de la partition de piano, depuis dann waere Walhall verloren, jusqu’à so nimm meinen Segen, Nibelungensohn …).

1467. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Il a publié des romans nobles et inquiets : le Soleil des morts, curieuse mais insuffisante résurrection de Stéphane Mallarmé et de son milieu ; l’Ennemie des rêves, naïve étude féminine, éblouissement et bégaiement devant l’idole.

1468. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Sans patrimoine au soleil, il mène le train du luxe effréné.

1469. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Quand nous passons au point de vue psychologique, nous ne pouvons plus dire avec Maudsley que le visage défiguré par la variole « se souvienne du virus », avec Luys, que la gravure devenue phosphorescente par l’exposition au soleil « se souvienne des rayons solaires » ; nous ne saurions davantage admettre avec Richet qu’une corde pincée qui continue de vibrer à la manière de nos nerfs « se souvienne de l’excitation ».

1470. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Les auteurs de son tems ne sçavoient que donner la préférence à leurs maitresses sur l’aurore et sur le soleil ; presque tous les ouvrages de poësie rouloient sur cette seule idée ; et je ne comprens pas comment on a pû remanier tant de fois une pensée qui devoit ennuyer dès la premiére.

1471. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de saison en saison,         Je veux achever mon année.

1472. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Villemain ne voit pas le soleil !

1473. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

que les paysans couvrent de branches, au bord d’un champ, fumantes au soleil.

1474. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Ainsi, son génie trouva des accents sublimes pour attaquer toutes les inspirations du génie, la divinité, la providence, l’immortalité de l’âme : dans sa verve malheureuse, il fait du néant même une chose poétique ; il insulte à la gloire ; il jouit de la mort ; il triomphe de montrer la destruction de la pensée et du génie dans le néant de cet Homère, qui, dit-il, a surpassé le genre humain par l’intelligence, et a éteint la lumière de tous les autres esprits, comme le soleil efface toutes les étoiles . […] Peut-être craignait-il ensuite de n’être pas obéi : du moins, dans ses derniers jours, il reprochait à Macron, par une allusion assez intelligible, d’ abandonner le soleil couchant, et de se tourner vers le levant . […] Cependant l’anecdote est vraisemblable : le drame cité existe ; et même, ce que n’a pas dit Voltaire, la seconde scène du premier acte est un monologue de Lucifer apercevant la lumière du jour ; et l’on ne peut nier que le mouvement et les pensées de ce morceau ne soient un faible crayon de la sublime apostrophe de Satan au soleil. […] Un docteur Tomkyns, chargé de cet examen, voulait absolument supprimer le passage admirable et tout poétique où Milton, faisant allusion à une croyance superstitieuse de l’antiquité, compare la splendeur obscurcie de Satan à l’éclipse du soleil, qui jette un sinistre crépuscule sur une moitié de la terre, et trouble les monarques de la crainte des révolutions .

1475. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Des bras levés qui s’agitent ; un imprésario énorme qui veut mettre la paix avec un patois des Pyramides ; des mères furieuses, leurs marmots chargés sur le dos, dont les colères gesticulantes, mimées, farouches, mêlent des phrases de sang à des malédictions du désert ; un jeune homme de la troupe, en maillot, dont le dos saigne comme d’un soleil de sang, — la scène était poignante, mystérieuse, grandie par la nuit. […] Une absolue suppression de la vie réelle, du soleil, de l’heure du dehors.

1476. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Les tristesses du temps qui fuit en dissipant les plus chères illusions de notre vie, comme des nuées un moment dorées par les rayons du soleil, se fondaient dans ce talent avec les immortelles espérances que la religion murmure à l’oreille de l’homme, dans le trajet rapide qui sépare son berceau de sa tombe. […] Frayssinous, en voyant tomber l’empire, dont la chute lui paraissait depuis quelque temps imminente, s’est écrié : « Ce colosse de puissance s’est fondu comme la cire au soleil » ; et il s’est préparé à faire entendre de nouveau sa parole respectée. […] On veut se regarder vivre, sentir que le soleil se lève et que le soleil se couche ; on veut penser, prier, méditer, aimer ; l’homme de fer et de bronze a en vain jeté encore une fois à ce peuple haletant de fatigues et de triomphes la terrible parole, qui fut pendant quatorze ans son histoire : Agis ! […] Je suis le premier qui ait fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ait donné à ce qu’on nomme la muse, au lieu d’une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l’homme touchées et émues par les innombrables frissons de l’âme et de la nature76. » À l’encontre de la plupart des auteurs du dix-huitième siècle, qui, ramenant peu à peu la littérature dans l’enceinte des villes, donnaient au monde le spectacle d’une poésie qui s’étiolait à la lueur pâle et morte des bougies, M. de Lamartine ramène la poésie au sein de la nature ; il a besoin du grand air, de la vue du ciel, du soleil dans l’éclat de son midi ou dans les magnificences de son couchant. […] Le poëte, il est vrai, se relève bientôt de ses chutes, et le sentiment chrétien reprend le dessus dans son âme et dans ses vers ; mais cependant on entrevoit qu’il est arrivé à ce second âge de la jeunesse où les émotions de l’âme sont plus ardentes et moins fraîches ; les tons de lumière descendent plus chauds sur cette poésie comme lorsque le soleil, sorti des tons clairs et rosés de son lever, marche vers l’éclat vif etéblouissant de son midi.

1477. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Le Soleil parle ainsi à Phaëton, en lui confiant les rênes de son char : « Prends garde qu’une ardeur trop funeste à ta vie « Ne t’emporte au-dessus de l’aride Lybie ; « Là, jamais d’aucune eau le sillon arrosé « Ne rafraîchit mon char dans sa course embrasé. […] « Les coursiers du Soleil à sa voix sont dociles. […] » Je dis plus : toi, Longin, toi même tu t’élances en imagination avec le poète, tu sembles être à ses côtés, et tu le suis dans son essor jusqu’aux régions de l’olympe et du soleil. […] Aristote nous dit qu’elle ne doit pas excéder la durée d’un tour de soleil ou peu au-delà. […] Œdipe a déroulé la trame mystérieuse de ses noirs destins ; il a vu pour la dernière fois le soleil ; lui-même s’est arraché les yeux dans l’accès de son désespoir ; et si vous entendiez les derniers accents que ce héros, le plus déplorable qu’ait enfanté la Melpomène antique, adresse à ses deux filles, qu’il reconnaît en frémissant pour ses sœurs, vous vous écrieriez tous ensemble avec Boileau : « Ainsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs « D’Œdipe tout sanglant fit parler les douleurs !

1478. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Peut-être qu’aujourd’hui encore les habitants du soleil (s’il y en a) croient décrire autour de l’assemblée fixe des planètes un cercle intérieur ; car ils éprouvent l’illusion de qui regarde passer un train de bateaux le long d’une rive, comme nous avions jadis l’illusion d’immobilité qui consterne ; la péniche suspendue entre les berges mouvantes. […] C’est un paysagiste honnête, consciencieux, un guide excellent et qui vous fera voir, au meilleur moment et du meilleur endroit, le soleil couchant qui éclaire en dessous le feuillage des arbres « de ses rayons safranés », les fait briller « des feux de la topaze et de l’émeraude ». […] Ceci fera rire les jeunes gens qui se croient des fruits précoces et qui ne sont que des fruits noués, dorés et desséchés en même temps, par quelques journées de soleil ; cela ne fera pas rire ceux qui ont vu Lope de Véga composer A soixante-dix ans sà merveilleuse Dorothée, et Gcethe écrire à soixante-dix sept ans la première ligne de son Second Faust. […] Ils le font beaucoup entendre dans les bois dès l’aurore, jusqu’à ce qu’aux premiers rayons du soleil tous prennent l’essor et se dispersent. » Et, paragraphe omis par M. 

1479. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Telles ces pages d’Un homme libre consacrées à la terre de Lorraine qui, mettant sur ses enfants sa forte empreinte, leur enseigne la fermeté réfléchie ; ou tel, dans le Jardin de Bérénice, ce mélancolique pays d’Aigues-Mortes où l’âme triste et déshéritée de Bérénice semblait le rêve qui monte au soleil couchant des étangs mornes et des eaux mortes. […] Il y aura des mauves dans le jardin ; et le soleil se couchera derrière les arbres et les tourelles dont le profil agrandi se mire au lac voisin, ainsi qu’on le voit dans les toiles des peintres anglais. […] Il veut éveiller la pensée chez celle qui doit être sa compagne, la femme… Au soleil couchant, sur la même grève, il est étendu mort. […] Celui-ci, vers la fin de sa vie, passait en revue l’œuvre accomplie, et il nombrait, non sans une légitime fierté, les objets sur lesquels il s’était exercé avec succès : quinze pièces sur le café, douze sur le thé, dix-sept chevaux, onze chiens, trois chameaux, quatre jeux d’échecs, deux de tric-trac, quarante-cinq couchers de soleil, et des aurores à ne les plus compter. […] Elle se tenait au soleil pour faire sécher ses cheveux mouillés qui l’enveloppaient tout entière, comme un velours d’un beau violet profond où transparaissait la pâleur mate de son visage.

1480. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Après plusieurs jours de mauvais temps, et lorsqu’un rayon de soleil permet la promenade, il s’échappe volontiers et va chercher, ne fût-ce que dans quelque cloître, un lieu propice à la réflexion et à un paisible entretien.

1481. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Aussi, tandis que M. de Lamartine, avec sa noble négligence, demeure, en public et sous le soleil, le prince aisé des poëtes, l’auteur de Chatterton, dans son cercle à part et du fond de ce sanctuaire à demi voilé, en est devenu le patron réel, le discret consolateur par son élégante et riche parole, attentif qu’on l’a vu, et dévoué et compatissant à toute poésie.

1482. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il manque très-peu à cette nouvelle pour être digne de se glisser entre telle agréable production de Mme Riccoboni et telle autre de Mme de Souza : il y manque un certain duvet de jeunesse, même d’ancienne jeunesse, c’est-à-dire tout simplement peut-être d’être sortie à temps du tiroir, d’avoir su éclore en sa saison et d’avoir essuyé un air de soleil.

1483. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il était à peine mûr de la veille ; il était à cette plénitude de la jeunesse où la saison des fruits commence à peine d’hier et où quelques tours de soleil achèveront, où l’on n’a plus enfin qu’à produire pour tous ce qu’on a mis tant de labeur et de veilles à acquérir pour soi.

1484. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il se tient alors pendant tout le jour au soleil ou près du feu, enveloppé dans « sa majesté fourrée », sans s’émouvoir de rien, grave, et de temps en temps passant la patte sur sa moustache avec la mine sérieuse d’un penseur.

1485. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer.

1486. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Assurément elles ne sentent ni ne parlent comme dans un temps où l’on pouvait être petite-fille du Soleil et fille du Juge des morts (Phèdre) ou petite fille de la Terre (Aricie), et où le dieu des mers mettait des monstres à la disposition de ses amis.

1487. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Samedi 12 octobre Vaguant dans les rues campagnardes de Montmorency, en sa belle santé, la princesse appuyée sur mon bras, et souriant au beau soleil de la journée, au bonheur de son heureuse vie entourée de l’affection d’une petite société amie, me dit, s’arrêtant soudainement : « Oui, ce serait bien dur de m’en aller, je l’avoue, je trouve la vie bonne ! 

1488. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Cette foule de gens qui s’en vont chaque jour Saluer à longs flots le soleil de la cour ; Mais la faveur du Ciel vous donne en récompense Du repos, du loisir, de l’ombre et du silence, Un tranquille sommeil, d’innocents entretiens, Et jamais à la cour on ne trouve ces biens !

1489. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Son Nabab n’est pas le Nabab anglais, cuit et recuit au soleil de l’Inde, jaune comme son or, malade du foie, dévoré de spleen et de l’ennui de cet argent qui ne le fait que riche en Angleterre, où les rangs ne sont pas encore confondus.

1490. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

La gloire du commerce maritime appartint en dernier lieu à ceux de Rhodes qui élevèrent à l’entrée de leur port le fameux colosse du Soleil.

1491. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Le début des Martyrs, Eudore chez Lasthénès, est frais et simple comme le début de Mireille ; Eudore au camp sur le Rhin, le célèbre lever du soleil sur Naples, la Bataille des Francs, l’épisode de Velléda, sont très loin d’avoir épuisé leur poésie, et en 1809 cette poésie était d’une nouveauté admirable. […] Cela même que le génie de la Restauration éveillait dans la société, cette fleur de jeunesse héritière, cette première poésie de la tradition que vulgarisera, en la desséchant, le soleil de Juillet, la poésie des Méditations la déposait, l’idéalisait à l’état pur. […] Du côté inverse, rejetons les pièces insignifiantes sur lesquelles on est tenté de laisser le signe brutal de Souday ; le Soir, le Souvenir, la Gloire, la Prière, l’Invocation, le Golfe de Baïa, les Chants lyriques de Saül, l’Hymne au Soleil. […] Ses préoccupations politiques, dont Ruy Blas est le mythe, auront pour manifeste en 1841 le discours de réception à l’Académie, en 1842 le Rhin, en 1843 les Burgraves, la seconde pièce impériale de Hugo après Hernani, soleil couchant plus beau que le soleil levant, mais Waterloo dramatique treize ans après Austerlitz.

1492. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Ces gueux se conjouissent d’infirmités qui leur permettent de vivre grassement, sans rien faire, en grattant leur vermine au soleil. […] … Deux vertus, nous dit Vivès, sont particulièrement requises chez la femme mariée : « C’est honneste pudicité et amour grande et souveraine à son mary. » La femme « se segrège et sépare de ses progénitures, consanguins, prochains et amys, pour se exposer et suyvre du tout son mary, comme aussi faict le religieux qui mect sa volunté en la main du supérieur . » « Il ne suffit aymer son mary comme frère germain, parent ou aultre amy ; car, avec l’amour, crainte ou révérence, doit grande obéissance et service, selon les ordonnances des droictz de nature, qui commandent la femme estre subjecte à l’homme et lui obéyr. » Et encore : « Femme qui veult dominer son mary, c’est comme le chevalier qui veult commander à l’empereur, le paysan à son seigneur, la lune au soleil, et le bras à la teste. […] Sa dernière Elvire, fleur pâlotte et douce, nimbée, à travers les losanges d’une maigre tonnelle, par les derniers rayons du soleil couchant sur la Marne, n’a point paru sans poésie. […] Parodi cite la lettre que l’énorme poète lui écrivit alors : « C’est une maîtresse œuvre que vous m’envoyez… Donnez-moi la joie de serrer la main qui a écrit ces belles et nobles pages » ; et il ajoute avec beaucoup de grâce : « Je sais combien était facile la louange du poète et qu’en tirer vanité ce serait s’enorgueillir d’un rayon du soleil. » Puis, avec une généreuse franchise : « Mais je m’estimerais peu moi-même si, pour faire ma cour à mes juges d’hier et de demain, je n’avouais ingénument que leur décision me paraît aujourd’hui aussi injuste qu’il y a neuf ans. » Je ne puis encore vous dire qui eut raison, de M. 

1493. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Son imagination assiste à l’origine des dieux et des âges ; elle plane sur la liquide étendue d’où s’échappèrent Deucalion et Pyrrha ; elle vous transporte au radieux palais du soleil, et redescend se jouer parmi les nymphes des bocages et des fontaines. […] « As-tu dit au soleil : Luis, parcours l’univers ? […] Continuons de nous instruire en fouillant dans ce trésor de sublimités morales, où l’homme apprend à vivre sans esclavage et à ne se soumettre qu’aux règnes des Salomon expérimentés qui, ayant tout vu sous le soleil, gouvernent en justes et en sages :     « Mais l’exemple du monde a séduit Israël : « En vain dans l’avenir lit le grand Samuel ; « Dernier juste, il défend l’égalité première, « Et dit combien des rois pèse la race altière : « Pour conduire leurs chars ils prendront vos coursiers ; « Ils feront de vos fils leurs esclaves guerriers ; « Leurs lits seront ornés du travail de vos filles, « Et vos blés tomberont pour eux sous vos faucilles. […] « Le fer étincelant avec art détourné, « Par de feints mouvements trompe l’œil étonné : « Tel on voit du soleil la lumière éclatante, « Briser ses traits de feu dans l’onde transparente, « Et, se rompant encor par des chemins divers, « De ce cristal mouvant repasser dans les airs.

1494. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Dans le Juif errant, la Mayeux calme en ces termes les scrupules de Céphyse, qui rougit devant elle de ses désordres : « Crois-tu que Dieu, en te faisant si belle, en te dotant d’un sang vif et ardent, d’un caractère joyeux, remuant, expansif, amoureux du plaisir, a voulu que ta jeunesse se passât au fond d’une mansarde glacée, sans jamais voir le soleil, clouée sur ta chaise, vêtue de haillons, et travaillant sans cesse et sans espoir ? […] Faut-il que pour respecter la solidité de nos murs de glace, tout rayon du soleil se retire de nous75 ?  […] Écrase ces êtres parasites qui mangent ton pain et te volent jusqu’à ta place au soleil ! […] Jamais commerce plus éhonté et plus pernicieux de la mauvaise littérature ne s’était fait en plein soleil, sur une pareille échelle et avec un tel succès. […] Chose extraordinaire, en effet, chose nouvelle sous le soleil, depuis Homère jusqu’à Dante, depuis Cervantès jusqu’à Shakespeare, que cette lutte du génie contre la misère et l’obscurité !

1495. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Deux ans plus tard, en Italie, dans le supplément posthume de sa Poétique, on avait pu lire, sous le nom du Trissin — l’auteur de cette Sophonisbe qu’on peut considérer comme la première en date de toutes les tragédies systématiquement imitées de l’antique, — la paraphrase que voici du passage bien connu d’Aristote : Dans la longueur encore la tragédie diffère de l’épopée, en ce que la première se termine en une seule journée, c’est-à-dire en un seul tour de soleil, tandis que l’épopée n’a pas de temps limité, comme cela se faisait à l’origine même pour la tragédie et la comédie, et se fait encore aujourd’hui par les poètes ignorants. […] Mais, mon esprit, si tu désires chanter les combats, ne contemple point d’autre astre plus lumineux que le soleil pendant le jour dans le vague de l’air, car nous ne saute rions chanter de combats plus illustres que les combats olympiques. » — Vous vous moquez de moi, lui dit la présidente. Voilà un galimatias que vous venez de faire pour vous divertir ; je ne donne pas si aisément dans le panneau. — Je ne me moque point, lui dit le président, et c’est votre faute si vous n’êtes pas charmée de tant de belles choses. — Il est vrai, reprit la présidente, que de l’eau bien claire, de l’or bien luisant, et le soleil en plein midi sont de fort belles choses ; mais parce que l’eau est très bonne, et que l’or brille comme le feu pendant la nuit, est-ce une raison de contempler ou de ne pas contempler un autre astre que le soleil pendant le jour ?

1496. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

L’autre morceau nous offre le spectacle sublime du soleil se jouant dans les tropiques, à travers les nuages qu’il colore de la manière la plus variée et la plus riche… Vous jugez avec quel intérêt j’ai dû lire un morceau où vous enseignez si bien l’art de nuancer les couleurs. […] Il faut que madame Boisguilbert fasse pour lui son portrait : « Je suis grande, et, comme vous paraissiez le croire, une blonde aux yeux bleus… Je ne suis nullement jolie… Le soleil a bruni mon teint, et en outre j’ai eu quatre enfants… » Mais elle lui parle d’une de ses nièces. […] Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, À cette horrible infection, Étoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion ! […] Tel qu’un morne animal, meurtri, plein de poussière, La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d’été, Promène qui voudra son cœur ensanglanté Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière ! […] Lisez encore le Bernica, la Ravine Saint-Gilles, la Forêt vierge, un Coucher de soleil.

1497. (1883) Le roman naturaliste

Zola comme un soleil en nos ans a paru ! […] Voici d’abord un procédé de peintre : « Le soleil, passant sous l’Arc de Triomphe, allongeait à hauteur d’homme une lumière roussâtre qui faisait étinceler les moyeux des roues, les poignées des portières, le bout des timons, les anneaux des sellettes… » Vous vous tromperiez singulièrement de ne voir là qu’une énumération de parties, selon la formule de l’abbé Delille. […] La belle description, — car elle est belle, quoique fantastique, — du lever du soleil sur Carthage, vue du faubourg de Mégara, au premier chapitre du livre, en est un bon exemple. […] L’ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. […] De son outil s’échappe une poussière blonde qui s’envole dans un rayon de soleil.

1498. (1930) Le roman français pp. 1-197

Influence de Bossuet, mais aussi de Chateaubriand — le Chateaubriand d’Atala, celui, magnifique, des Mémoires d’outre-tombe — influence encore du romantisme et de la grande strophe — transposée en prose — de Hugo : grandiose, grandiloquent, même… Dans Salammbô : « As-tu vu ses grands yeux, sous ses grands sourcils, comme des soleils sous des arcs de triomphe… Tous les soirs, n’est-ce pas, elle monte à la terrasse de son palais : Ah ! […] Ce sera Le Trust, qui souhaite révéler la puissance de l’Argent, et ses limites ; les romans militaires et historiques, La Force, L’Enfant d’Austerlitz, La Bataille d’Uhde, Au Soleil de juillet, puis La Ville inconnue, glorifiant les chefs, les conquérants de terres nouvelles, les fondateurs du colonialisme… Ces chefs sont illustres un instant, ils meurent, et la race survit. […] Car ce n’est pas Jésus, c’est Manès, qui paraît avoir inspiré Sous le soleil de Satan, de M.  […] Et son meilleur livre, Les Bestiaires, très beau roman qui exalte la gloire, la beauté des courses de taureaux, l’énergie de ces bestiaires, se termine païennement par une invocation « au Soleil Invaincu » !

1499. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Cousin a donc enlevé et conquis en plein soleil Mme de Longueville, et il ne s’est pas tenu à ce coup de maître, il a poussé plus loin sans se croire le moins du monde infidèle : il en a affiché bien d’autres, et, en dernier lieu, on a revu, grâce à lui, par les chemins, galopant par monts et par vaux, cette autre brouillonne adorable en son temps, Mme de Chevreuse.

1500. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Un clergé non présent de droit au Sénat, un clergé non subventionné, sans un sou des quarante-quatre millions que lui paye le budget ; s’arrangeant avec ses croyants et ses fidèles : rien que les croyants d’un côté et, de l’autre, rien que les esprits convaincus et libres, les uns et les autres luttant ouvertement et les bras nus sous le soleil.

/ 1654