/ 1665
1122. (1940) Quatre études pp. -154

Mais le pire de sa condition était peut-être ceci : il pensait que l’humanité se partageait en deux races, les Hellènes, dont il aurait voulu être, et les Nazaréens, dont il était. […] Un rebelle, un maudit, si différent de ceux de sa race et de son milieu, qu’il avait été un objet de scandale à toutes les époques de sa vie, et jusque dans les circonstances de sa mort. […] Le plus souvent leur lyrisme garde cette mesure qui est, dit-on, un des caractères de leur race, et une des marques de leur esprit. […] Suivant un jugement qui est chez eux séculaire, la poésie française est vouée à une sorte d’infériorité constitutionnelle parce que, d’une part, la race dont elle émane a justement les qualités qui tendent à la prose et manque de celles qui sont proprement poétiques, puisqu’elle est raisonneuse, sceptique et intellectuelle, beaucoup plus qu’imaginative, sensible et passionnée ; d’autre part, parce que les mêmes caractères, les mêmes tendances, se marquent jusque dans la langue, à laquelle font défaut la couleur, la force de l’accent, la brusque envolée du lyrisme. […] Mais lorsque vint le temps où l’on s’aperçut que les lumières n’éclairaient, après tout, que la superficie des choses ; lorsque vint le secours des Herder, des Schiller, qui rendirent au sentiment sa dignité, en montrant qu’il pouvait être autre chose que le dérèglement des passions, et qu’il était sans doute le principe moteur des peuples et des races ; lorsqu’à la fin du siècle Vico trouva faveur et gloire : alors la préparation philosophique fut achevée, et la poésie une fois de plus se reprit à vivre.

1123. (1883) Le roman naturaliste

Il eut dû seulement prendre garde que, si cette ambition d’évoquer de leurs cendres les civilisations éteintes et de ressusciter les races disparues pouvait tenter la curiosité d’un artiste et solliciter l’imagination d’un archéologue, c’était assez d’une fois, — ou de deux. […] On y vit pour la première fois aussi les malheurs domestiques d’un Saint-Preux ou d’une Julie d’Étange, élevés par l’ampleur du développement et l’éloquence de l’accent jusqu’à la dignité des infortunes tragiques de la race d’Atrée et de Thyeste. […] Zola qu’il convienne de saluer en lui un « écrivain de race », encore moins « un maître de la langue ». […] vous dressez un vocabulaire, et on est hors du vrai si on n’élague pas des langues tout ce que le génie et la passion des races humaines y ont apporté de nuances fortes et brillantes ?  […] Mais sentez-vous tout ce qu’il y a d’indulgence dans cet admirable portrait d’une famille et d’une race ?

1124. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit. […] Les Destinées, ces antiques déesses qui tenaient les races et les peuples sous leur ongle de fer, régnaient visiblement sur le monde ; mais la terre a tressailli, elle a engendré son sauveur, le Christ est né !

1125. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Tous les deux sont dans l’ordre de la nature, puisque la perpétuité de la race humaine a été attachée à cet instinct dans les êtres vulgaires, et ce sentiment dans les êtres d’élite. […] Mais, à elle seule, elle ne peut rien : l’unité, source de toute force, lui manque ; l’amitié pieuse des races qu’elle appelait jadis barbares lui est nécessaire.

1126. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

C’est humiliant pour ces milliards de créatures humaines qui passent comme les flots sous l’arche des ponts sans qu’on les compte ou qu’on les nomme ; c’est glorieux pour ce petit nombre d’hommes privilégiés qui donnent leur nom, leur individualité, leur pensée, leur mémoire à toute une race. […] L’Amérique alors serait destinée à faire le contrepoids de la Chine ; les deux hémisphères auraient deux principes en contraste, et non en hostilité, dans l’univers : la paternité en Chine, la liberté en Amérique ; ici le fils, là le citoyen ; principes tous deux féconds en moralité, en devoirs et en prospérité pour les différentes races humaines.

1127. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Cicéron I Cicéron est le plus grand homme littéraire qui ait jamais existé parmi les hommes de toutes les races humaines et de tous les siècles, si nous en exceptons peut-être Confucius. […] En remontant de quelques générations dans une race, on reconnaît à des symptômes précurseurs le grand homme que la nature semble y préparer par degrés.

1128. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Enfin arriva le tour des enfants, et à cause de leur race on les porta à de hauts prix. […] « Les piverts ont deux couvées par saison ; aussi cette race joyeuse pullule-t-elle dans les forêts de l’Amérique, et vous ne pouvez faire une promenade sans entendre leurs cris perçants et le retentissement de leur bec sur l’écorce des arbres. » Telles sont les couleurs vives, variées, naïves, que la plume du naturaliste, aussi pittoresque que son pinceau, emploie pour commenter et expliquer les admirables planches qui composent son ouvrage.

1129. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Mais il ne faisait vraiment cas, en fait de génies, que de ceux de la grande race, de ceux qui durent, dont l’influence vraiment féconde se prolonge, se perpétue au-delà, de génération en génération, et continue de créer après eux. […] Il se sentait compris, deviné par des Français pour la première fois : il se demandait d’où venait cette race nouvelle qui importait chez soi les idées étrangères, et qui les maniait avec une vivacité, une aisance, une prestesse inconnues ailleurs.

1130. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

À lui seul, il peut faire des champions de race pour toutes les joutes littéraires possibles qui se sont donnés pendant trois cents ans et plus. […] À certains moments, le génie littéraire de notre race absorbe l’Europe.

1131. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Pareillement, quand on parle de l’expérience ancestrale, on ne peut proprement désigner que l’adaptation directe de l’espèce au milieu, produite par l’habitude et par l’association des idées, non l’adaptation indirecte, produite par un accident de la période embryonnaire fixé dans la race. […] Supposons donc, dans cette nature soumise à un ordre intelligible, un être qui n’aurait pas cherché de raisons et d’antécédents à ses souffrances, à ses plaisirs, ou qui aurait réagi d’une manière différente sous des impressions semblables, d’une manière semblable sous des impressions différentes, tantôt fuyant son ennemi, tantôt se jetant dans sa gueule ; un être, en un mot, qui aurait voulu ou pensé comme si la nature n’avait point de règle intelligible : un tel être, n’étant pas viable, aurait disparu avec sa race de l’univers.

1132. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne était de cette race ; au moment de la prise de Belgrade, il écrivait à M. de Ségur, combinant avec art toutes ses sensations : « Je voyais avec un grand plaisir militaire et une grande peine philosophique s’élever dans l’air douze mille bombes que j’ai fait lancer sur ces pauvres infidèles… » Et après l’entrée dans la place : « On sentait à la fois le mort, le brûlé et l’essence de rose ; car il est extraordinaire d’unir à ce point les goûts voluptueux à la barbarie. » Il se plaît lui-même à se jouer à ces antithèses.

1133. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Dans le Petit Carême, le royal enfant auquel il s’adresse, ce reste précieux de toute sa race, cet enfant miraculeux échappé à tant de débris et de ruines, rappelle à tout instant le Joas d’Athalie.

1134. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

J’ai vu des savants positifs, des observateurs de mérite, mais d’un horizon un peu restreint et rabaissé, qui, lorsqu’ils étaient interrogés sur Buffon, répondaient à peine ; et l’un d’eux me dit un jour : « Il y a encore Bernardin de Saint-Pierre qui a fait de beaux tableaux dans ce genre-là. » Évidemment ces savants de métier, ne trouvant pas chez Buffon le détail précis d’observation qu’ils prisent avant tout, y voyant du général ou du vague (ce qu’ils confondent), y ayant noté des erreurs, n’appréciant point d’ailleurs l’élévation et la nouveauté première de quelques-unes de ses conceptions lumineuses et de ses perspectives, lui rendent le dédain qu’il a eu pour leurs devanciers de même race ; ils exercent sur lui la revanche du naturaliste positif, de l’anatomiste, de l’observateur au microscope, sur l’homme de talent qui les a trop tenus à distance ; ils sont fiers d’être aujourd’hui plus avancés que lui, et, en le rapprochant si fort de Bernardin de Saint-Pierre qu’ils lisent très peu, ils le relèguent parmi les littérateurs purs, oubliant que Buffon a été un génie scientifiquement éducable, ce que Bernardin de Saint-Pierre ne fut jamais.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il dut à sa race, à sa trempe d’éducation et au rude milieu où il fut plongé, de conserver, à travers ses passions contradictoires et qu’il combattait très peu, un fonds de moralité qui étonne et qui ne fait souvent que leur prêter une plus verte sève : nature généreuse après tout, témoin subsistant d’un siècle plus robuste et plus endurci que les nôtres, et qui nous en rend au hasard et avec saillie les caractères les plus heurtés.

1136. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Je souris involontairement en citant ces paroles, car à très peu de temps de là il arriva à Léopold Robert de rencontrer une Corinne véritable ou voulant l’être ; il y avait alors chez nous toute une race et une postérité de Corinne comme il y en a eu pour René.

1137. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Or, dans la peinture générale qu’il fait de l’homme, il commence par étaler, sans compensation et sans contre-poids, toutes les causes de misère, d’incertitude et d’erreur ; il humilie l’homme tant qu’il peut, et, à ne considérer même les choses qu’au point de vue purement naturel, il ne tient point compte de cette force sacrée qui est en lui, de cette lumière d’invention qui lui est propre et qui éclate surtout dans certaines races, de ce coup d’œil royal et conquérant qu’il lui est si aisé, à l’âge des espérances et dans l’essor du génie, de jeter hardiment sur l’univers.

1138. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.

1139. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il y a une suspension qui est imitative et d’un effet pittoresque : Il verse parmi l’air un peu de poudre… La plupart des critiques que l’on a adressées à la première manière ardue et rocailleuse de Ronsard trouveraient peu leur application, à considérer cette portion plus rassise de ses œuvres ; je lui reprocherais plutôt d’y être trop détendu et de se relâcher dans le prosaïque, bien que de temps en temps il y ait des retours de verves et que le cheval de race y retrouve des élans.

1140. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il a adressé une épître en vers à Dangeau, toute pleine de louanges ; il était lui-même, à son degré, de cette race des Dangeau, et bon nombre de ses pièces (ce ne sont pas les meilleures) annoncent simplement en lui un poète suivant la Cour.

1141. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.

1142. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Un peu d’application et d’étude suffit pourtant bientôt pour dissiper ou pour réduire la plupart de ces fausses vues et de ces objections exagérées à distance : à le considérer de près, dans ses actes et dans ses Œuvres, on reconnaît qu’avec ses défauts et ses taches Frédéric est de la race des plus grands hommes, héroïque par le caractère, par la volonté, supérieur au sort, infatigable de travail, donnant à chaque chose sa proportion, ferme, pratique, sensé, ardent jusqu’à sa dernière heure, et sachant entremêler à son soin jaloux pour les intérêts de l’État un véritable et très sincère esprit de philosophie, des intervalles charmants de conversation, de culture grave et d’humanité ornée.

1143. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

A table, le verre en main, avec ses amis, il oublie sa pauvreté et sa migraine, qu’il va retrouver dès qu’il sera seul : « l’imagination peut tout sur sa frêle machine. » Cependant, même là où il est le plus gai, il n’est jamais un boute-en-train à tout prix comme Désaugiers : «  il a le don de mettre sa gaîté au ton de ceux qui l’entourent et de n’éclater qu’avec ceux qui éclatent, sauf à hâter le moment de l’explosion. » D’ailleurs, ilest bien de la race par tout un côté.

1144. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Le souvenir de Rigault mérite de vivre, et par ses écrits, et parce qu’il est le représentant d’une forme d’esprits, le dernier rejeton brillant d’une race qui, je l’espère, n’est pas près de finir, qui est un peu compromise pourtant dans son intégrité et sa rectitude, celle du parfait normalien, de l’universitaire pur.

1145. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Après l’apothéose, après les gémonies, Pour le vorace oubli marqués du même sceau, Multitudes sans voix, vains noms, races finies, Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ; Vous dont nul n’a connu les mornes agonies, Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau, Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies, Ajoutés au fumier des siècles par monceau ; Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie, Si quand l’immense espace est en proie à la vie, Léguant votre misère à de vils héritiers, Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère, L’irrévocable paix inconnue à la terre, Et si la grande nuit vous garde tout entiers !

1146. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Ces sortes de pièces, en effet, qui n’ont ni montre ni bouffissure, et qui sont l’envers de tout faste, ne sont pas faites pour les esprits de la nature de M. de Salvandy, mais tout au plus pour les observateurs de l’étoffe de Montaigne : deux races bien opposées !

1147. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Ainsi, dans la seconde partie ou, comme nous dirions, dans l’acte suivant, lorsque Abel est tué par Caïn, notre vieil auteur lui avait compris que le premier crime, effet de la chute, étant celui de Caïn, il en devait faire son second tableau, a manqué cette idée si naturelle dans un drame d’Adam où l’on met en scène le meurtre d’Abel, de nous montrer notre premier père auprès du cadavre de son fils et contemplant avec effroi ce que c’est que cette mort que sa désobéissance a introduite dans sa race.

1148. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Et plus tard, quand les siècles historiques commencent, pour une ou deux races heureuses qui courent d’elles-mêmes dans la carrière de la civilisation, combien d’autres en voit-on, qui ne demandent qu’à demeurer immobiles et à croupir !

1149. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Au xviiie  siècle, la race des attiques se perd : Voltaire est, quand il le veut, le modèle de l’urbanité ; mais l’atticisme léger, cette grâce un peu nue, cette exquise simplicité n’a plus sa place.

1150. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Cette figure sévère et probe m’a paru à moi-même pouvoir offrir, dans son entière précision, le type de cette race d’hommes violents, emportés, chimériques, incomplets du moins, foncièrement honnêtes toutefois à l’état révolutionnaire, et devenus à la fin des instruments exacts, sûrs et pratiques sous une main habile, dans un Empire organisé.

1151. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Appartenant à la vieille race de gentilshommes ruraux que n’avaient pas atteints la corruption de Cour et l’élégance des vices inhérents à Versailles ou même nés bien auparavant à Fontainebleau et à Chambord dès le règne de François Ier, il déplorait la perte d’un état de choses, où la grande propriété, la famille, la religion, les mœurs étaient garanties ; il avait l’imagination et le souvenir remplis des tableaux d’une vie simple, régulière, patriarcale, frugale, antique, et il demandait au Pouvoir royal restauré de rétablir de son plein gré et de toute sa force ce qu’il avait laissé perdre par sa faute, ce qu’il avait compromis et entraîné avec lui dans une ruine commune.

1152. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Un officier qui se trouvait en quartier d’hiver à Château-Thierry lut un jour devant lui l’ode de Malherbe dont le sujet est un des attentats sur la personne de Henri IV : Que direz-vous, races futures, etc.

1153. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Telle est la fécondité de la race, par suite la multiplication lente ou rapide de la population, et aussi le nombre excessif tantôt des mâles, tantôt des femelles.

1154. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

En d’autres termes, il suffit de ressemblances fort légères entre divers objets pour susciter en nous un nom ou désignation particulière ; un enfant y réussit sans effort, et le génie des races bien douées, comme celui des grands esprits et notamment des inventeurs, consiste à remarquer des ressemblances plus délicates ou nouvelles, c’est-à-dire à sentir s’éveiller en eux, à l’aspect des choses, de petites tendances fines et, par suite, des noms distincts qui correspondent à des nuances imperceptibles pour les esprits vulgaires, à des caractères très menus enfouis sous l’amas des grosses circonstances frappantes, les seules qui soient capables, quand l’esprit est vulgaire, de laisser en lui leur empreinte et d’avoir en lui leur contrecoup. — Cette aptitude uns fois posée, le reste suit.

1155. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Une conception relativiste, qui lie l’œuvre du littérateur au caractère de la race, à l’esprit de siècle, au tempérament de l’auteur, autorise toutes les audaces et toutes les nouveautés.

1156. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Mirabeau Le comte de Mirabeau627  sortait d’une forte et fière race.

1157. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Un grand nombre des phénomènes de la nature semblent appeler la comparaison avec l’acte par lequel se perpétue la race humaine ; je ne sais guère de plus beaux vers que ceux où Virgile symbolise le Printemps par l’accouplement de Jupiter et de la Terre, et certes les traits du tableau ne sont point timides.

1158. (1890) L’avenir de la science « V »

Il faut donc dire sans hésiter qu’aucune secte religieuse ne surgira désormais en Europe, à moins que des races neuves et naïves, étrangères à la réflexion, n’étouffent encore une fois la civilisation ; et, alors même, on peut affirmer que cette forme religieuse aurait beaucoup moins d’énergie que par le passé et n’aboutirait à rien de bien caractérisé.

1159. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Nous apprenons par elles que Sylvanie, fille d’une mère équivoque, a du sang de courtisane dans les veines, et qu’elle chasse âprement de race.

1160. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Mais Sylla, le premier de sa race, voulut être brûlé à sa mort ; car il craignait, par représailles, d’être déterré un jour comme il avait fait déterrer le cadavre de Marius.

1161. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

je m’arrête ; on voit que je n’exagère rien : on n’a jamais été plus décidément écriveuse que Mme de Genlis ; elle offre le type de la race, mais sans rien d’exclusif ; l’écritoire n’est qu’un de ses instruments.

1162. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mais si, dans la froideur et le bon sens de sa nature genevoise et de sa race protestante, il n’est nullement en sympathie avec ces dispositions tant populaires que militaires du génie français, et d’où plus d’une fois a jailli l’héroïsme, on ne saurait l’accuser de les avoir méconnues.

1163. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Sous la Fronde, Patru, qui appartenait à cette libre race de bourgeoisie naturellement railleuse et plus gaie que prévoyante, n’eut pas grand effort à faire pour se ranger de ce côté-ci des Barricades, je veux dire du côté du cardinal de Retz et du Parlement.

1164. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il est un de ceux qui contribuèrent à perpétuer quelque chose de l’esprit de la vieille magistrature française dans les Conseils d’un régime tout nouveau ; et, en même temps qu’il donne la main comme avocat et comme magistrat à ces dignes races des De Thou, des Pithou et des anciens parlementaires, il est le conseiller d’État modèle, de qui se sont honorés de relever tous ceux qui ont marqué depuis dans cette ferme et précise carrière.

1165. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

En y apportant sa prudence naturelle et la précision propre à la race française, Portalis voyait ces grandes questions de controverse s’évaporer en fumée et ne laisser pas même, au fond du creuset, des cendres : C’est une chose plaisante, disait-il, de voir des écrivains, d’ailleurs distingués, se battre pour des abstractions ou pour des logogriphes ; ce qu’il y a de plus étonnant, c’est de voir le public prendre part à des disputes qu’il n’entend pas.

1166. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

C’est ici que se place un des plus curieux épisodes littéraires d’alors, un de ces accidents qui caractérisent le mieux et l’esprit de l’époque en particulier et l’éternel esprit de cette race parisienne, qui survit à toutes les époques et que les régimes les plus divers n’ont point changé.

1167. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Quelles que soient les destinées des croyances dogmatiques, il y aura toujours des hommes qui pourront dire : « L’Évangile parle à mon cœur. » Ceux-là seront de race chrétienne, lors même qu’ils ne croiront pas à tout ce que croient les fidèles.

1168. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Comme les esprits de race, il portait au vent de ce côté.

1169. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Lisez dans Bachaumont les chapitres intitulés : Les Dernières Grandes Dames, Les Femmes à l’Assemblée nationale, devant l’autel, en carême, en religion, et vous serez édifié suffisamment sur les chinoiseries, à la portée de tout le monde, qui ont remplacé la vie, la passion, la conviction, l’esprit, les fiertés de la race, dans ce monde qui n’est plus qu’un monde de fantômes, jouant à la vie !

1170. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il est de la race de cet emprunté de Jean-Jacques, qui ne perdait pas sa gaucherie dans les transports les plus violents.

1171. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Tous les deux, forme à part, spécialité de talent et de vocation à part, sont de la même race d’intelligences, idéales, religieuses, pensives… Il est des têtes glorieusement conformées pour aller se casser inutilement contre le ciel.

1172. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Ces qualités qui vous frappent tiennent au caractère de la race et nullement à un état social raisonné et meilleur que le vôtre. […] Mais j’ai de la patience… La patience est le génie de ma race. […] … D’ailleurs, l’esprit de notre race est contraire à de tels sacrifices, à de telles abdications ! […] … Et quelle revanche pour ma race ! […] Du premier coup, ils révélaient un écrivain de la bonne race, en même temps qu’un tempérament ultra-moderne.

1173. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

L’originalité et la gloire de son œuvre est justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. […] Augustin et Amédée Thierry pour nos rois de race mérovingienne et carlovingienne. […] Cousin retrace l’adolescence de cette jeune fille appelée à une si brillante et si mélancolique destinée, Anne-Geneviève de Bourbon ; il nous la montre tantôt dans sa famille, tantôt aux Carmélites, partagée entre sa vocation religieuse et ces premières images d’héroïsme et de grandeur que personnifiait sous ses yeux le jeune duc d’Enghien, et qui se mêlaient, comme une légende de famille, aux traditions de ces deux illustres races, les Condé et les Montmorency. […] Albert de Broglie l’objet d’un travail supérieur, selon nous, l’ouvrage même et où « les sources de l’hérédité de biens dans la race humaine » sont prises de plus haut et à une plus grande profondeur. […] Il peut y avoir, il y a souvent, entre ces deux races d’origines diverses, de vives antipathies, d’ardentes colères, des querelles bruyantes.

1174. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Il a mis ses soins à débrouiller la confusion de nos origines, mais en y portant l’orgueil de race, qui ne l’abandonne même pas alors qu’il juge la politique des Scandinaves ; eût-il touché aux Tartares, un érudit de son caractère n’en eût point parlé de sang-froid. […] On ne croira plus que la noblesse et le tiers état fussent non seulement deux classes, mais encore deux peuples totalement séparés dès la première race, ni que la conquête doive donner au vainqueur une éternelle supériorité sur les vaincus. […] Combinaison bizarre où perce déjà l’esprit aventureux de sa race en matière économique ! […] Cela le distingue, lui et tous les valets de Regnard, figures de même race dont il est le type accompli, du Scapin de Molière, qui n’a pas un bagage de morale plus lourd que d’autres, mais qui ne nous laisse pas oublier qu’à la rigueur il existe une morale, qui s’en souvient lui-même et la sent de temps à autre rôder autour de ses épaules sous l’image du bâton dont il redoute les coups. […] Il y a mille têtes et, pour les accentuer, mille turbans divers ; une seule trahit le sang de dix races.

1175. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Rarement, je vous l’accorde, un penseur a mieux résumé par sa doctrine la pratique de son pays ; rarement un homme a mieux représenté par ses négations et ses découvertes les limites et la portée de sa race. […] S’il avait été différent, nous n’aurions ni les mêmes planètes, ni les mêmes espèces chimiques, ni les mêmes végétaux, ni les mêmes animaux, ni les mêmes races d’hommes, ni peut-être aucune de ces sortes d’êtres. […] There exists in nature a number of permanent causes, which have subsisted ever since the human race has been in existence, and for an undefinite and probably an enormous length of time previous.

1176. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Rarement, je vous l’accorde, un penseur a mieux résumé par sa doctrine la pratique de son pays ; rarement un homme a mieux représenté par ses négations et ses découvertes les limites et la portée de sa race. […] S’il avait été différent, nous n’aurions ni les mêmes planètes, ni les mêmes espèces chimiques, ni les mêmes végétaux, ni les mêmes animaux, ni les mêmes races d’hommes, ni peut-être aucune de ces sortes d’êtres. […] There exist in nature a number of permanent causes, which have subsisted ever since the human race has been in existence, and for an indefinite and probably an enormous length of time previous.

1177. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Une femme de race latine eût encore trouvé moyen d’apporter dans ce labeur quelque bonne grâce et peut-être, en plein sacrifice, des airs d’insouciance et de gentillesse. […] Il était naturel que ce poète septentrional réussît surtout chez les peuples de race saxonne et germanique. […] Etant de race encore jeune et presque intacte, ils ont des passions d’une force extrême ; d’autant plus que leur mysticisme les considère volontiers comme l’effet de quelque puissance mystérieuse et les augmente en croyant à leur fatalité. […] L’acte par lequel la race se perpétue, les relations des sexes et tous les sentiments qui naissent de là, forment, par la force des choses, une part éternelle et essentielle de la vie de l’humanité. […] Ce sont bien, en effet, deux esprits de même race, deux esprits parfaitement clairs et sains, deux francs Gaulois (je donne au mot le sens le plus large et le plus honorable qu’il peut avoir).

1178. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

De cet élégant et corrompu Lovelace est sortie toute une race abominable, autant qu’élégante de gentilshommes anglais les plus pervers et les plus pervertis de tous les hommes. […] Soudain vous n’êtes plus qu’une race de lâches et de paresseux21 ! […] Dans une préface nº 4, l’auteur se plaint des comédiens, race inintelligente et mal apprise, qui n’ont pas assez indiqué ses intentions. […] dramaturges, race ignorante ; ils n’ont pas su tirer parti de cet aveu de Bossuet !

1179. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Je veux parler des fils de bourgeois, une race qui a profité de la fortune de médecins, d’avocats, de négociants, qui n’a rien fait, rien appris, qui s’est jetée dans les clubs de jeux, qui a la manie des chevaux, de l’élégance, qui touche à tout, même à l’écritoire, qui achète même une maîtresse et un quart de journal, qui veut commander aux femmes et aux écrivains, c’est en vue de cette race nouvelle que le philosophe Proudhon terminait ses appréciations sur M.  […] Peignez des vaches comme Troyon, ou des chameaux comme Decamps, si vous pouvez, mais ne vous attaquez pas à la race féminine ; ayez au moins de la pudeur. […] On ne sait pas trop comment ces « fils de bourgeois, une race qui a profité de la fortune de médecins, d’avocats, de négociants, qui n’a rien fait, rien appris, etc., etc., qui touche à tout, même à l’écritoire, qui achète même une maîtresse et un quart de journal, qui veut commander aux femmes et aux écrivains », on ne sait pas trop, dis-je, comment ce pauvre monde si maltraité et qui n’en peut mais, est responsable des mécomptes de M. 

1180. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il était de race noble, longtemps affinée de générations en générations ; il était beau, à ce qu’on assure ; il était artiste. […] Mais il faut bien remarquer que l’amour, que quelques poètes disent aveugle, est un éternel chercheur et est en quête de la beauté à travers les imperfections, trop certaines, de la race humaine. […] Si les contraires s’attirent, c’est qu’ils sentent, avertis par un instinct secret, par la suggestion du « génie de l’espèce », que rien, plus que cette union des contraires, n’est favorable à la génération, et aussi à la santé de la race, et par conséquent à la perpétuité, qui est le but cherché. […] Il faut songer, du reste, quoique Platon semble s’en être peu souvenu au cours de ses expositions dogmatiques, que les gouvernements sont affaire de climats et dépendent essentiellement de la nature du sol et de la nature du ciel et de la nature, quelles que puissent être les causes, de la race. […] Elle interdira sévèrement l’adultère, le concubinage et la pédérastie, qui sont, chacun à sa manière, contraires à la perpétuité de la race et destructeurs de la force de la cité.

1181. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

À une demande que lui fait un jour le duc de Florence, et qui semblait toute simple aux Gondi et à d’autres gens de qualité mêlés dans les affaires, il répond : « À ce que je vois, M. le duc de Florence me prend pour un banquier ou un mercadant ; or, veux-je bien qu’il sache qu’il n’y en eut jamais en ma race, et partant que je n’en ferai rien. » Sully régit la fortune de l’État comme on ferait une grande fortune territoriale, en supposant toujours le cas de guerre possible, en s’aguerrissant pendant la paix et en ayant des fonds en réserve pour l’accident.

1182. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Ainsi, dans l’un des premiers pamphlets attribués à Mézeray29, je vois l’auteur parler de la France et des Français, et « de la longue durée de plus de treize siècles, et de l’expérience qui devrait être acquise par tant de guerres civiles et étrangères, et des périls de totale ruine si souvent encourus par le changement des races royales », tout comme nous ferions aujourd’hui.

1183. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Celui que Mme Du Deffand et Grimm faisaient d’abord quelque difficulté d’admettre comme de la pure race des esprits français, l’était si naturellement devenu, qu’écrivant en 1807 de Tœplitz à son compatriote le prince d’Arenberg, l’ancien ami de Mirabeau, et lui parlant de M. de Talleyrand, qui venait d’arriver : « Jugez, disait-il, de son plaisir d’être reçu par moi, car il n’y a plus de Français au monde que lui, et vous et moi, qui ne le sommes pas. » Et il disait vrai en parlant ainsi.

1184. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Il ne considéra son sujet qu’à un point de vue chrétien, et ne loua dans l’ancien fauteur de tant de troubles civils que le converti du calvinisme et celui qui avait replacé sa maison et sa race dans le giron de l’Église.

1185. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Quoique ces auteurs, même les plus classiques comme Andrieux, n’eussent point à beaucoup près, autant que Fontanes, le culte et la vive intelligence de la langue du xviie  siècle, ils ne laissaient pas dans leurs principaux membres (et le nom de Daru nous les résume et nous les garantit) de composer une bonne école, somme toute, une bonne race en littérature.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Et puisque j’en suis à rappeler ces souvenirs fortifiants et ces antidotes en regard d’un exemple de dégradation qui afflige, qu’il me soit permis de joindre ici la traduction de la fameuse Hymne d’Aristote à la Vertu, où circule encore et se resserre en un jet vigoureux toute la sève des temps antiques : Vertu qui coûtes tant de sueurs à la race mortelle, ô la plus belle proie de la vie, c’est pour toi, pour ta beauté, ô Vierge, qu’il est enviable en Grèce, même de mourir, et d’endurer des travaux violents d’un cœur indomptable ; tant et si bien tu sais jeter dans l’âme une semence immortelle, supérieure à l’or et aux joies de la famille, et au sommeil qui console la paupière !

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il voit autour de lui tout périr, tout changer ; À la race nouvelle il se trouve étranger, Et lorsqu’à ses regards la lumière est ravie, Il n’a plus en mourant à perdre que la vie.

1188. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Saint-Marc Girardin défendait les études classiques avec l’autorité qu’il a et la grâce qu’il y savait mettre : notre cœur à nous qui sommes plutôt du vieux monde, était pour lui ; et pourtant notre raison, notre bon sens reconnaissait qu’il y avait du vrai dans les assertions positives du savant qui voulait faire brèche, et qui représentait toute une race vigoureuse d’esprits.

1189. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Elle était de la race des sœurs de génie, qui ont en partage le même feu sacré dont le frère célèbre tirera des flammes, et qui l’entretiennent plus pur.

1190. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Dans les lettres qui suivent, la discussion continue et traîne un peu sur ce thème de l’éducation sociale du chevalier, Vauvenargues s’y dessinant de plus en plus comme un maître de grâce sérieuse et persuasive, et Mirabeau se redressant bientôt en homme de race et en patricien opiniâtre qui ne veut rien retrancher des défauts et qui entend respecter jusqu’aux tics de la famille.

1191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Lui aussi il était, mais il n’était qu’à demi de la race de René, en ce sens qu’il ne se croyait pas une nature supérieure : bien loin de là, il croyait se sentir pauvre, infirme, pitoyable, et dans ses meilleurs jours une nature plutôt écartée que supérieure : Pour être aimé tel que je suisa, se murmurait-il à lui-même, il faudrait qu’il se rencontrât une âme qui voulût bien s’incliner vers son inférieure, une âme forte qui pliât le genou devant la plus faible, non pour l’adorer, mais pour la servir, la consoler, la garder, comme on fait pour un malade ; une âme enfin douée d’une sensibilité humble autant que profonde, qui se dépouillât assez de l’orgueil, si naturel même à l’amour, pour ensevelir son cœur dans une affection obscure à laquelle le monde ne comprendrait rien, pour consacrer sa vie à un être débile, languissant et tout intérieur, pour se résoudre à concentrer tous ses rayons sur une fleur sans éclat, chétive et toujours tremblante, qui lui rendrait bien de ces parfums dont la douceur charme et pénètre, mais jamais de ceux qui enivrent et exaltent jusqu’à l’heureuse folie du ravissement.

1192. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Tel est le Béranger cher aux Prudhommes et aux Plumeretsde tous les temps, celui même qui est en horreur aux artistes, aux fantaisistes, à la fleur de la bohême ou des salons, aux amateurs du fin, aux lecteurs de Musset, aux aristocrates de race ou d’esprit, à Pontmartin comme à l’auteur de Madame Bovary, aux frères de Goncourt comme à M. 

1193. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance.

1194. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Mais ce jour-là, quelles que soient, les différences de race, de tempérament, d’éducation, d’expression entre lui et Guérin, différences qui sont presque autant d’antipathies et de contrastes, tous deux ils se ressemblaient par un fonds de paganisme, par l’amour et la poursuite ; du grand Pan, et par le sentiment d’abandon, de fureur et d’ivresse démoniaque ou sacrée qu’il leur inspirait.

1195. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Charles-Quint qui, vu du côté de la politique, nous paraît jusqu’à la fin si prudent, si ferme de conseil, si sain d’esprit, si occupé d’autres choses encore que d’horloges, si attentif aux affaires du dehors et voué aux intérêts de sa race et de sa maison, ce même homme, vu du, côté, des moines, paraissait à ceux-ci tout pénitent, tout mortifié, tout appliqué à la fin suprême, et il n’y avait pas hypocrisie à lui dans ce double rôle ; il unissait bien réellement dans son âme profonde et son imagination mélancolique ces deux manières d’être si contraires.

1196. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Il me semble voir un petit-fils qui, à force de recherches et d’instinct, retrouve ses grands parents inconnus, et qui se rattache à sa race.

1197. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Les compétiteurs étaient le cardinal de Rouillon, porté par son nom, par l’orgueil de sa race et par ses talents, et aussi Le Tellier lui-même, le coadjuteur de Reims, que poussait le crédit de sa famille.

1198. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Un homme de ce temps et de cette race, un contemporain de la Régence et de la Fronde, que M. 

1199. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

La femme du monde a bien vite senti qu’elle avait affaire à un poète, à un artiste, à un homme d’une autre race.

1200. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Lui, si habitué à lire dans la physionomie humaine, il se prit à pénétrer avec avidité dans ces physionomies d’une autre race, si énergiques et si fines, comme dans une langue nouvelle qu’il aurait apprise.

1201. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Voltaire, au chant VII de la Henriade, introduisant le fantôme divin de saint Louis et lui faisant révéler en songe à Henri IV le cours des choses futures et les destinées de sa race, a dit : Regardez dans Denain l’audacieux Villars, Disputant le tonnerre à l’aigle des Césars.

1202. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Leys est dans ce cas : chez lui il n’y a pas imitation, mais similitude de tempérament et de race ; c’est un peintre du xvie  siècle venu deux cents ans plus tard, voilà tout… M. 

1203. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ceux qui l’ont connu à cet âge de première jeunesse et à cette heure de transition nous le dépeignent le plus charmant jeune homme, d’une figure agréable, très-distingué de tournure, très-élevé de sentiments, tout à fait de race ; tel d’ailleurs de caractère et d’humeur qu’on le voit encore aujourd’hui dans l’intimité, avec des intermittences de gaieté et de sérieux, habituellement doux comme un enfant, naïf même, et, quand il le faut, d’une audace, d’une vaillance et d’une intrépidité rares ; ayant naturellement le goût du bien, mais subissant l’influence des divers milieux.

1204. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Exécrable race, la plus odieuse et la plus perverse !

1205. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Cervantes, tout philosophe qu’il nous semble, est un Espagnol de sa date et de pure race ; il n’y a pas en lui ombre d’incrédulité.

1206. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Peut-être tout n’échoua-t-il que parce qu’il manqua à Louis XVI, à ce souverain de vieille race, une seule petite chose, ce qui fait le souverain même, la fermeté.

1207. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle sent et pense comme une personne de son sang et de son éducation doit sentir ; religieuse avant tout, elle a tous les préjugés d’une princesse de la race et presque du siècle de saint Louis : le jour où l’Assemblée accordera aux Juifs la possibilité d’être admis à tous les emplois lui paraîtra le plus horrible des jours et marqué d’une note sacrilège ; elle attribue tout ce qui se passe à la colère du Ciel, à sa vengeance ; puis elle espère qu’il se laissera toucher aux prières des bonnes âmes.

1208. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

. — Famille et race. — Apprentissage. — Qualités. — Premiers emplois.

1209. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Différence de race, différence de société et de fonds de civilisation, différence de communion aussi.

1210. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Le marquis d’Argenson n’est pas, comme Saint-Simon, un ennemi personnel du maréchal de Noailles, mais c’est un antipathique, d’une autre race morale, d’une tout autre humeur et d’un caractère tout au rebours.

1211. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin, en étant de ce métier cher à Gil Blas et à Figaro, n’y déroge point par la tournure même de son esprit, de son talent ; c’est un Français du Midi, qui est de la pure et bonne race des Villon, des Marot, et dans la boutique de qui Molière aurait aimé à s’asseoir de longues heures, comme il faisait chez le barbier de Pézenas.

1212. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

À peine la mort eut-elle interrompu ses chants divins que les rapsodes ou les homérides, chantres ambulants, l’oreille et la mémoire encore pleines de ses vers, se répandirent dans toutes les îles et dans toutes les villes de la Grèce, emportant à l’envi chacun un des fragments mutilés de ses poèmes, et les récitant de génération en génération aux fêtes publiques, aux cérémonies religieuses, aux foyers des palais ou des cabanes, aux écoles des petits enfants ; en sorte qu’une race entière devint l’édition vivante et impérissable de ce livre universel de la primitive antiquité.

1213. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres.

1214. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Si, en effet, les anciens ont mené Boileau à définir l’art une imitation de la nature, on sent à chaque moment une conception nouvelle de la vérité, une conception presque scientifique, dans les formules que le critique français emploie : et c’est en cartésien, ou, si l’on veut, en classique, enfin en homme de sa race et de son temps, qu’il a substitué au naturel aisé des anciens son « naturalisme » rationnel et conscient.

1215. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Mais pour en quelque sorte obéir à vos lois, Seigneur, pour mes parents je nomme mes exploits ; Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père.

1216. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ils sont tous représentés par des œuvres ; il convient seulement de remarquer qu’ils correspondent à des états d’esprit très divers, qui ne peuvent guère se rencontrer dans une seule race ou un seul siècle.

1217. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Ce que les races lointaines ont fait dans les temps qui précèdent l’histoire, V.

1218. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

C’est proprement le péché de malice, cher aux races expérimentées et affaiblies.

1219. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Tu te nourris de fables grossières… Toi aussi tu as des haines de race, des préjugés cruels, le mépris des malheureux… Tu es pieux, tu as ta théologie et ta morale. » Et pourtant, pauvre Riquet, tu n’es pas méchant, « tu as une bonté obscure, la bonté de Caliban ».

1220. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Puis, quand il a poussé à bout ses calculs d’ingénieur et de politique ; quand la population, dans ses diverses races, est tenue en échec ; quand il a régularisé l’inondation et organisé le désert, que tous les puits sont occupés, que pas un pied cube d’eau n’est perdu, alors seulement il lâche bride à son imagination ; il se retrace le beau idéal d’une Égypte bien gouvernée : Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?

1221. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Elle sentit en lui aussitôt et les qualités propres à cet homme si distingué et celles de la race forte à laquelle il appartenait : elle lui en sut gré également ; et elle qui n’avait jamais aimé d’amour, qui n’avait eu que des caprices et point de roman ; qui, en fait d’amitiés, n’en comptait que trois jusqu’alors sérieuses dans sa vie, celle de Formont et celle de deux femmes, dont l’une encore l’avait trompée ; cette moraliste à l’humeur satirique devint tout d’un coup tendre, émue autant qu’amusée, d’une sollicitude active, passionnée ; elle ne s’appartint plus.

1222. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Il n’a pas assez de raillerie pour la race des Renés qui sont sortis de lui ; il est allé jusqu’à écrire : « Si René n’existait pas, je ne l’écrirais plus ; s’il m’était possible de le détruire, je le détruirais.

1223. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

que cette race de René est aimable !

1224. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

On voit dans chacune de ses lettres combien elle se méfie de la sagesse du poète quand il est loin d’elle, abandonné sans conseil à toutes ses irritations, à ses premiers mouvements et à ses pétulances : « Croyez-moi, dit-elle à d’Argental, ne le laissez pas longtemps en Hollande ; il sera sage les premiers temps, mais souvenez-vous Qu’il est peu de vertus qui résistent sans cesse. » Si elle avait lu La Fontaine autant que Newton, elle citerait, pour le coup, ces vers charmants du bonhomme, qui vont si bien à Voltaire et à toute la race : Puis fiez-vous à rimeur qui répond D’un seul moment !

1225. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Vauvenargues avait l’imagination tournée à l’histoire, à l’action, je l’ai dit ; homme de race noble et fière, il manquait, malgré sa modestie, de cette qualité plus naïve et plus humble qui fait que des âmes naturelles ont gagné à se rapprocher du peuple et y ont puisé des inspirations habituelles et plus vives.

1226. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

D’Aguesseau était encore de cette race d’hommes qui ne pouvaient avoir une pensée sans en demander la permission et l’expression à quelque ancien.

1227. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il est un pur amateur qui dit son avis ; c’est son droit et son plaisir : L’agréable dispute où nous amusons Passera, sans finir, jusqu’aux races futures ;      Nous dirons toujours des raisons,      Ils diront toujours des injures45.

1228. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il se trouvait ainsi, simple mortel, le demi-frère du duc du Maine, du comte de Toulouse, enfin de ces sept enfants qui avaient nom Bourbon, et qui étaient traités comme de la pure race de l’Olympe.

1229. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il était, certes, de la race des âmes royales, mais il n’était pas né roi.

1230. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Par exemple, les organes de la reproduction et la langue sont le siège de plaisirs vifs, qui sont nécessaires pour la préservation de la race et pour celle de l’individu.

1231. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Oui, il a eu le toupet de nous offrir, dans sa pitié profonde, Victor-Amédée, le seul et vrai roi des races latines.

1232. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Corneille, à soixante-cinq ans, se fait aimer (tradition dans la famille Escoubleau) de la toute jeune marquise de Contades en lui promettant la postérité :  Chez cette race nouvelle, Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit.

1233. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Mon ami, la maudite race que celle des amateurs !

1234. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

L’aristocratie d’éducation ou de race lui a probablement donné le sentiment du ridicule de ses propres opinions, et voilà pourquoi à la page 390 de son volume elle dit la cause des femmes compromise par celles qui la prêchent et qui la défendent.

1235. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

oui ; Saint-Simon, l’aristocrate violent et inflexible, l’homme de la race, de la tradition, de la distinction, de l’étiquette, de la politesse, de ces mille nuances sociales que nous, les déclassés, les pressés de vivre, les locomotives humaines, nous n’avons guère que le temps de mépriser, Saint-Simon a trouvé des admirateurs là où il les aurait le moins cherchés, s’il avait pu nous deviner, ce qui l’eût tué d’apoplexie !

1236. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Drapée de comparaisons merveilleuses et qui sont bien plus que des images, car ce sont presque des tableaux, cette critique savante, éclatante, artiste, ornée sans être surchargée, orientale d’éclat, comme un châle de Cachemire semé d’arabesques, a le bon sens aussi, qui mêle sa solidité aux splendeurs de sa trame… Je ne sais pas de quelle race descend Macaulay, mais il a ce bon sens normand qui vainquit à Hastings, et qui s’est coulé, pour les calmer, dans les veines saxonnes de la sanguine Angleterre.

1237. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

La Nationalité l’aurait pris et porté plus haut dans ses bras puissants, mais il ne fallait pas hésiter avec le génie de sa race, puisque l’autre génie, il ne l’avait pas.

1238. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Distribuant aux hommes des races les plus différentes un même droit de cité, exigeant des pays les plus disparates les mêmes impôts, rapprochant par ses voies les points extrêmes du monde ancien, l’Empire romain est le plus puissant instrument d’unification que l’humanité ait connu.

1239. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

L’homme n’est donc plus le propriétaire d’un sol destiné, préparé, assuré à sa race, le roi paisible d’une nature qui a travaillé et qui s’est pacifiée pour lui ?

1240. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Louis-Gabriel-Ambroise de Bonald, né en 1754, était donc à la fois de race militaire et judiciaire. […] Il est assez remarquable que ce furent trois hommes de noble race : un Bonald, de la province de Rouergue ; un de Maistre, descendant d’une famille originaire du Languedoc ; un Chateaubriand, issu d’une des vieilles familles militaires de la Bretagne, toujours d’un si bon secours aux heures des périls suprêmes de la société française, qui prirent la tête de ce grand mouvement. […] Destutt de Tracy qui trouvait, dans des traditions de race et l’énergie d’un caractère vigoureusement trempé, une fermeté qui semblait en contradiction avec la triste philosophie du sensualisme dont il était l’adepte15. […] Le passé lui a appris qu’il y avait des races royales retranchées, des dynasties rejetées ; or, dans le présent, il voit l’empereur Napoléon s’élever à une si grande hauteur par son terrible génie et ses victoires, qu’un doute vient quelquefois l’assaillir. […] Après avoir côtoyé bien des rivages, il alla droit à Tebelen, où il fut merveilleusement accueilli par Aly ; le terrible pacha reconnut, à la conformation de l’oreille et à la délicatesse des mains du poëte, qu’il était de noble race, et par une de ces fantaisies qui viennent au pouvoir absolu, il lui permit de visiter la Grèce.

1241. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Elle est de toutes ces époques à la fois ; elle est éternelle, entendez contemporaine de notre race à toutes les périodes de son développement. […] Ce vieil homme rusé, qui a déjà eu l’esprit de survivre à plusieurs Sultans et qu’une barque secrète attend toujours dans le port en cas de malheur, envisage tranquillement la mort : et, comme il en a la duplicité légendaire, il a bien aussi la résignation, le majestueux fatalisme des hommes de sa race. […] Il est de son pays et de sa race, lui aussi, par quelques côtés : ainsi il veut bien mentir jusqu’à un certain point, et il a le mépris absolu de la mort. […] L’illogisme des croyances est chose profondément humaine ; et, quant aux brutalités d’Hamlet, elles s’expliquent presque toutes par son temps et sa race : il ne faut pas oublier qu’Hamlet appartient, par la légende, au moyen âge le plus reculé, et, par le drame, au seizième siècle anglais. […] En dépit de ses ironies et de ses bouffonneries, cette jolie musique, voltigeant sur le décor, sur le petit temple grec, sur l’Acropole au fond, sur les tuniques et les chlamydes pailletées d’or, m’a fait rêver un moment d’une Grèce coquette et pimpante, d’une Grèce en miniature, d’une petite île de l’Archipel, pleine de fêtes et de jeux, aimée du soleil, consacrée à Vénus, habitée par une belle race contente d’être au monde, ignorante du péché, inaccessible à la tristesse chrétienne et fort insoucieuse de la vie future… Il est vrai que le libretto de la pièce, aggravé par les grimaces et les coups de gueule des pitres, dément un peu le rêve suggéré par la musique.

1242. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

., achèvent de souder sur mille points les fibres les plus actives des diverses races entre elles. […] « On ne rendra désormais quelque jeunesse à la race humaine, disait Mme de Staël, qu’en retournant à la religion par la philosophie, et au sentiment par la raison. » Et de son côté M.  […] enfant déchu d’une race divine, Tu portes sur ton front ta superbe origine ! […] Il exprime, en effet, plus que toute autre cet esprit, vif, railleur, entreprenant, aimant l’action, et par-dessus tout grand parleur, peritus dicendi, qui est, ainsi qu’en jugeait déjà César, l’esprit national de la race gauloise. […] Cette fois je me sens bien conseillé, et j’écris en toute confiance : “Au commencement était l’Action.” » C’était donc là la grande préoccupation du poète : l’action, l’action qui seule constitue la vie, et qui renferme toujours la pensée, l’action qui est la vertu de cette race romane vers laquelle tendit sans cesse l’esprit si lumineux, si clair, pour ne pas dire si peu germanique de Goethe.

1243. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

J’ai beau, ajoutait-il, m’être nordisé ici, à la moindre émotion, je sens en moi un Midi souterrain qui vibre et me redonne le la de ma race. […] Oui, cet homme était un criminel, mais de grande race et sans vilenie. […] Et Monseigneur, se rappelant les miracles de sa race, ce pouvoir que le ciel lui avait donné de guérir, songea que Dieu sans doute attendait son consentement de père. […] Je ne parlerai que d’un chansonnier, mais d’un chansonnier de race, de M.  […] Il est de leur race, car ces vieux s’appellent : Désaugiers, Béranger, Charles Gille, Pierre Dupont, Darcier, et j’ajoute : Auguste Barbier.

1244. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« Eh bien, cette fois-ci, nous, Allemands, nous ne ferons pas défaut dans le cortège qui s’achemine vers le buste de Molière pour ceindre son front toujours jeune de nouveaux lauriers ; car, là-bas, au seuil du temple de l’Art, la haine de race, qui sépare Français et Allemands, doit expirer comme les furies d’Oreste s’arrêtent à l’entrée du buisson sacré du dieu de Delphes. […] Lauser a raison de réclamer Molière pour l’humanité tout entière ; mais n’oublions pas qu’il est purement, absolument, vraiment Français par ce bon sens que signale si bien l’écrivain autrichien, et qui fit la force de notre race dans le passé et en refera peut-être la solidité dans l’avenir. […] Que le Poquelin, père de Molière, descendît de ces Poquelin d’Écosse ou qu’il fût tout bonnement de race parisienne, toujours est-il que Molière seul nous inquiète, nous intéresse, et que le nom de guerre du jeune homme a fait oublier l’autre devant la postérité. […] Molière était de cette race d’hommes qui ne se lassent point de faire des ingrats. […] Voltaire, Diderot, Beaumarchais sont de la race élue qui est la nôtre.

1245. (1922) Gustave Flaubert

Tout ce que je crains, c’est qu’elle ne faiblisse, car il y a des jours où je suis d’une mollesse qui me fait peur ; enfin, je crois avoir compris une chose, une grande chose, c’est que le bonheur pour les gens de notre race est dans l’idée et pas ailleurs… Il y a maintenant un si grand intervalle entre moi et le reste du monde que je m’étonne parfois d’entendre dire les choses les plus naturelles et les plus simples. […] Aujourd’hui, pourtant, de telles formes de guerre nous étonnent moins, et nous pouvons leur ouvrir un crédit dans l’histoire future, Flaubert écrira plus tard assez prophétiquement : « Les guerres de races vont peut-être recommencer. […] L’argent, l’esprit et la race même doivent être comptés ; bref, jusqu’à présent, je n’en vois qu’une, le nombre. » Le lion se déclare non seulement propriétaire (l’argent), mais mandarin (l’esprit) et bourgeois de Rouen (la race). […] « Ce qui me séduit là-dedans, c’est la mine officielle d’Hérode (un vrai préfet), et la figure farouche d’Hérodias, une sorte de Cléopâtre et de Maintenon ; la question des races dominait tout. » Ce contact du Sémite et du Romain, qu’il avait voulu éviter dans Salammbô, peut-être comme trop facile, trop attendu, trop idée reçue, il le prend pour sujet essentiel d’Hérodias.

1246. (1881) Le roman expérimental

Il vient à Paris, il entre au séminaire, trempé de religiosité, apportant le rêve dévot de sa race et du milieu où il a poussé. […] Certes, nous avons dans la race le génie qui trouve et qui impose la vérité par un acte de brusque initiative. […] Et remarquez que toutes les qualités de la race dont parle M.  […] Et voici son premier livre ; il s’est fait sans doute un peu attendre, mais il est d’une saveur qui indique l’analyste et le peintre de race. […] La mère, une Bohémienne, meurt la première, dans le regret de sa race et de son pays.

1247. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La naïve innocence de la race germanique naissante pouvait seule admettre de pareils récits dans son poëme national. […] « Ces princes étaient bons et nés d’une haute race. […] « Et partout où l’on connaissait un noble jeune homme qui, selon la race de ses pères, devait être chevalier, on l’invitait à la fête dans le pays : depuis ils prirent l’épée avec le jeune roi.

1248. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

. — Aucun commentateur des écrits du célèbre écrivain ne nous avait parlé des études qu’on va lire, et il est assez curieux de constater que depuis quarante ans que des milliers d’ouvrages et d’articles ont paru sur le penseur, l’ethnologue, l’orientaliste, le romancier, le conteur, le poète, et le sculpteur même, qu’il était, à peine le professeur Schemann dans sa biographie de l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races, — et plus récemment deux articles du Figaro littéraire laissaient supposer qu’il avait tenu d’une façon régulière une rubrique sur les œuvres de ses contemporains. On en a eu un avant-goût dernièrement en lisant la petite plaquette éditée chez Champion, d’un article sur Stendhal paru en 1845 ; — et nous étions curieux de savoir ce qu’elle annonçait et ce que Gobineau pensait des écrivains de son temps dont les talents étaient si bouillonnants et si divers. — Voilà le filon rare à la découverte duquel nous allions nous lancer ; — les rubriques de critiques de Gobineau vont de 1844 à 1848 ; — nous savions déjà que nous ne serions pas déçus, — car c’est en même temps qu’ont paru ces romans et ces nouvelles, exhumés après plus d’un demi-siècle, et qui pourtant suscitent tant de délectations intellectuelles, même chez les jeunes générations, — et qui ont pour titre : Adélaïde, Mademoiselle Irnois, Ternove, l’Abbaye de Typhaines, le Prisonnier Chanceux, Nicolas Belavoir, parus avant l’entrée de Gobineau dans la carrière diplomatique, c’est-à-dire en 1849. — Et nous avons retrouvé dans les journaux et revues de l’époque la collaboration de Gobineau ; elle est considérable. — Elle comporte, en dehors des œuvres d’imagination, des études politiques, économiques, — et celles qui nous intéressent, parues dans la Revue Nouvelle en 1845 et 1846. — puis d’une façon régulière sous forme de feuilleton dans le Commerce en 1844 et 1845, enfin dans la Quotidienne en 1845, 1846 et 1847. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. On voit qu’avant d’être diplomate et voyageur, l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races Humaines, des magnifiques récits de voyage en Asie, de la Renaissance et des Pléiades, avait été journaliste et que curieux de tout, l’esprit plein de ce feu qui a l’éclat du diamant, il attendait la carrière brillante qu’un avenir prochain lui réservait en pourvoyant de ses écrits les colonnes des revues et journaux les plus cotés de cette attrayante époque.

1249. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Tous exténués, blêmes, abrutis, mes compagnons de tramway ; lèvres ballantes ; myopes pour la plupart, portant des lunettes rondes sur leurs petits yeux en trous de vrille percés de travers, et sentant l’huile de camélia rancie, la bête fauve, la race jaune. […] La race n’en est pas perdue. […] Des crimes, oui, vous en trouverez dans mon livre, j’ai voulu qu’il y en eût de toutes sortes, depuis le crime bas, lâche, timide de cet homme qui, pour prendre mille francs, empoisonne lentement sa femme, jusqu’à celui de l’homme qui est bon, mais qui, par dégénérescence de sa race, a dans le sang l’atavisme de l’homicide. […] Comtesse, ma stupeur à voir issir une telle pensée d’une bouche de grande dame ne fut arrêtée que par la pure joie de rencontrer un être de la race solaire, plus haut que l’espèce, je dirais Dæmone ou Œlohite, si je ne voulais épargner à cette page que Vous illustrez le ridicule que Paris jette nécessairement sur toute idée traditionnelle, vraie et sublime. […] Les relations deviennent encore plus sûres et plus solides, quand on sait que c’est de race que le courage et la droiture sont dans une famille.

1250. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

En outre, le Magisme peut s’appeler le patrimoine des hauts esprits à travers le temps, le lieu et la race, toujours conservé. […] Les chefs-d’œuvre de chaque race sont les livres religieux de cette race : inutile, n’est-ce pas, d’énumérer Bible, Vedas, Thorah, Kabbale. […] Trente-cinq ans, un cou puissant, un teint coloré qui s’anime encore dans les discussions d’art ; la nature concentrée et fougueuse à la fois des fortes races du Midi narbonnais ; sa caractéristique est une timidité de solitaire qui l’a fait longtemps résister à mon interrogatoire. […] Deux de ses romans déjà, dans un style de belle race, ont confessé des dandysmes du cœur, des cas de conscience singuliers.

1251. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

De là cette infatigable activité de la race humaine à multiplier les sciences qui étendent ses rapports avec tout l’univers. […] L’histoire naturelle circonscrit pareillement ses tableaux géologiques, et n’eût pu faire discerner l’innombrable variété des animaux, sans leur assigner des titres de races et dénommer généralement les espèces. […] Quelques hommes sages, législateurs des races encore barbares, en poliçant leurs mœurs sauvages, élevèrent leur âme à la contemplation de la puissance céleste, et leur génie composa pour les dieux des nômes et des hymnes. […] Il est donc utile à l’écrivain d’élever sa philosophie au-dessus des opinions passagères qui influeraient trop sur lui, s’il les envisageait trop, et de ne pas travailler seulement pour ses contemporains, mais pour la race humaine : averti par la nature, triste idée, mais inévitable ! […] Nous avons reconnu que la sympathie naturelle qui lie les hommes entre eux et les intéresse mutuellement à leurs destinées, distinguait la supériorité de leur espèce entre tous les animaux que sépare leur instinct particulier de tous les individus de la même race.

1252. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Naudé appartient essentiellement à cette race de sceptiques et académiques d’alors, dont on ne sait s’ils sont plus doctes ou plus penseurs, étudiant tout, doutant de tout entre eux, que Descartes est venu ruiner en établissant d’autorité une philosophie spiritualiste, croyante dans une certaine mesure, et capable de supporter le grand jour devant la religion226 . […] Le dernier des sceptiques érudits de cette race de Naudé et de beaucoup le plus mitigé et le plus élégant, quoiqu’au fond y tenant par les racines, c’est Huet, le très-docte évêque d’Avranches.

1253. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Un avantage est toujours balancé par un danger, ce danger est aussi évident que cet avantage ; choisissons le moindre : vaut-il mieux que le sol soit perdu avec la grande race qu’il porte ? Vaut-il mieux que cette race s’expose de temps en temps à perdre sa liberté par une dictature de son armée ?

1254. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Nous devons, suivant nos talents, nos penchants, notre situation, développer chez nous, fortifier, rendre plus générale la civilisation, former les esprits, et surtout dans les classes élevées, pour que notre nation, bien loin de rester en arrière, précède tous les autres peuples, pour que son âme ne languisse pas, mais reste toujours vive et active, pour que notre race ne tombe pas dans l’abattement et dans le découragement, et soit capable de toutes les grandes actions quand brillera le jour de la gloire. — Mais, pour le moment, il ne s’agit ni de l’avenir, ni de nos vœux, ni de nos espérances, ni de notre foi, ni des destinées réservées à notre patrie ; nous parlons du présent, et des circonstances au milieu desquelles paraît votre journal. […] La race germanique est évidemment, pour la langue comme pour les idées, un dérivé du Gange ; la misérable littérature imitée de Voltaire sur les bords de la Sprée, avec sa mesquine colonie de demi-philosophes sous l’empire du Denys moderne, Frédéric II, aurait médité et rimaillé pendant tout un siècle sans inventer mieux que Nanine ou la Pucelle d’Orléans, au lieu de ces trois personnages nouveaux à force d’être antiques, Faust, Méphistophélès et Marguerite.

1255. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

La somme totale de la richesse esthétique du monde ne varie pas, puisque, pour qu’une race s’enrichisse, il faut qu’une autre race soit ruinée, et le comportement des choses étant analogue dans le temps et dans l’espace, on peut dire que le grand musée humain, le Louvre universel demeure sensiblement constant.

1256. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Incontestablement cette vie de Jésus en plus de cent tableaux, cette représentation où se mêle à une habile retrouvaille de la réalité des milieux, des localités, des races, des costumes, le mysticisme du peintre, produit à la longue, par le nombre et la lente succession de ces études, un grand apitoiement, et même fait monter en vous une tristesse, au souvenir de ce juste, une tristesse attendrie qu’aucun livre ne vous apporte. […] Mais c’est un dîner amusant par le vagabondage de la conversation, qui va de l’envahissement futur du monde par la race chinoise, à la guérison de la phtisie par le docteur Koch ; qui va du voyageur Bonvalot, au vidangeur de la pièce pornographique de Maupassant : Feuille de rose, jouée dans l’atelier Becker ; qui va de l’étouffement des canards, à l’écriture des asthmatiques, reconnaissable aux petits points dont elle est semée, et faits par les tombées de la plume, pendant les étouffements de l’écrivain : causerie à bâtons rompus, dont les causeurs verveux sont, le jeune rédacteur du Nouvelliste, l’auteur d’Un ménage d’artiste, joué au Théâtre-Libre, et le notaire penseur, l’auteur du Testament d’un moderne.

1257. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Il était né à Saint-Marcel d’Ardèche en Vivarais, le 22 mai 1715, d’une race ancienne et de la meilleure qualité.

1258. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Et puis Bernis conclut par quelques mots, ou du moins il rend justice au génie, si plein de ressort, de la race française : « Il faudrait changer nos mœurs, s’écrie-t-il, et cet ouvrage, qui demande des siècles dans un autre pays, serait fait en un an dans celui-ci, s’il y avait des faiseurs. » Cette remarque est profondément vraie, en l’appliquant je ne dis pas aux mœurs, mais aux sentiments et à l’esprit de notre nation, qu’on a vue plus d’une fois se retourner tout d’un coup et en un instant sous une main puissante.

1259. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Sa verve même, quand elle lui vient, se combine avec une certaine habitude raisonnable qui est le propre de la race française en poésie, et qu’il a contribué à fortifier, jusque dans les familiarités et les inélégances de sa conversation, il avait cela du poète que, s’il parlait peu, « il ne disait mot qui ne portât ».

1260. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme.

1261. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Pendant les guerres, il sait qu’il a à Saint-Cyr dans ces jeunes âmes, filles de Saint-Louis et de la race des preux, « des âmes guerrières, bonnes religieuses et bonnes Françaises ».

1262. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le mot de prud’homie comprenait toutes les vertus, la sagesse, la prudence et le courage, l’habileté au sein de la foi, l’honnêteté civile et le comme il faut, tel que l’entendait cette race des vieux chrétiens dont Joinville est pour nous le rejeton le plus fleuri, et l’on définirait bien cet ami de saint Louis, qui resta un vieillard si jeune de cœur et si frais de souvenirs, en disant qu’il fut le plus gracieux et le plus souriant des prud’hommes d’alors.

1263. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

. — Le roi eut nouvelle à son lever que toute la ville de Castres s’était convertie. » Cette action signalée des deux époux devenait un mérite auprès de Louis XIV, un titre à ses futurs bienfaits, et, dans la lettre dont je parle, l’honnête homme, qui n’était que de la race des savants, ne se montrait pas insensible à cette idée.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il était de même race que ce terrible M. de Méziriac, qui releva plus de deux mille fautes dans le Plutarque d’Amyot.

1265. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Il se plaignit au roi ; il lui dit avec sa hardiesse ordinaire à demander, et avec cette aisance à parler pour soi qui serait la chose la plus impossible à des âmes de la race pudique de Catinat : Ayant mon départ pour Bade, j’ai supplié Votre Majesté de vouloir bien se souvenir de moi lorsque la charge de chef du Conseil des finances viendrait à vaquer.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Le Dieu est de la race et de l’espèce de Boswell, tel que Macaulay nous a défini ce curieux et plat espion-biographe de Johnson, sans délicatesse, sans discrétion, sans tact, sans sûreté, et avec tout cela, et à cause de tout cela, biographe incomparable.

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il a un frère, le dernier de tous, le chevalier de Mirabeau, qui sert dans le régiment de Vauvenargues, et à qui l’on a fait un passe-droit ; il serait d’avis que ce jeune frère, qui par humeur n’est déjà que trop de la même race, cassât net là-dessus et se retirât « avec la hauteur convenable à son nom et à sa naissance ».

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il n’est pas de ceux qui ayant tout vu, tout essayé dans l’action, comme Retz, et tout osé, se risquent à tout dire, sauf à se faire une langue à leur image et qu’ils sont seuls à parler de cet air-là, bien assurés qu’ils sont d’ailleurs d’être toujours de la bonne école et de la bonne race : il est un de ces auteurs de profession qui, ayant commencé par la plume et ne la perdant jamais de vue, se retrancheraient plutôt (comme Fontanes) des idées ou des accidents de récit, s’ils croyaient ne pouvoir les rassembler et les rendre en toute correction et en parfaite élégance.

1269. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Cette belle Euménide, au front calme, au dédaigneux sourire, était, on le sait, par le sang, de la race du vieux Corneille, une arrière-petite-fille du grand tragique.

1270. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il s’y sentait porté de race, étant fils d’un père qui avait traduit Tacite.

1271. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Sismondi est né à Genève, il est Italien de race et aussi un peu de tempérament, il ne vient à Paris que tard et en passant ; et pourtant, à travers bien des interpositions et des obstacles, il nous aime : non-seulement il écrit ses ouvrages en français, mais toute la seconde moitié de sa vie sera consacrée à écrire l’Histoire des Français dans la plus copieuse compilation qui ait été faite ; mais dans son premier ouvrage de jeunesse, publié en 1801, et tout entier relatif à l’Italie, il ne se sépare pas de notre nation, de celle à laquelle il avait alors l’honneur d’appartenir ; il dit nous.

1272. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Dominique est de cette race ; il nous raconte bien des choses, il en décrit beaucoup, mais seulement celles qui l’ont touché, ému.

1273. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Je vous avoue que tout cela ne tente pas un général à hasarder l’honneur des armes du roi, et que, pour peu que l’on soit naturellement précautionné, les réflexions et difficultés viennent en foule. » Catinat n’avait plus Louvois ; il se méfiait de Versailles ; il commençait, à tout ce qu’on proposait d’un peu hardi, par se mettre en garde et par faire toutes les difficultés « que la prévoyance et la pratique de l’algèbre lui pouvaient fournir. » Après cela, il était autant et plus que personne en état, comme disait Tessé, de « faire le possible » ; car il n’était pas de la race de ceux qui font l’impossible.

1274. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Si quelqu’un avait pu se figurer une enfance et une jeunesse de La Mennais orageuse, passionnée et romanesque dans le genre de celle de Chateaubriand, il en faut bien rabattre : avec quelques-uns des mêmes éléments au fond et plus d’un signe interne de la même race, tout y est triste au dehors, sans lueur aimable et sans éclair décevant.

1275. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Que les Parsis, les Hindous, les races d’Orient, se soient rencontrés dans certaines croyances, diversement produites, de chute et de réparation, de sacrifice et d’attente, de baptêmes, de confessions, de nativités singulières, cela lui suffit encore, mais cette fois pour rejeter ; de sorte que la conformité d’opinion de quelques sages lui  paraît une preuve déterminante en morale, et que la convergence universelle des peuples vers certaines croyances ou pratiques lui paraît une objection victorieuse contre toute religion.

1276. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Hugo, a dit avec bonheur : Il est aussi, Victor, une race bénie Qui cherche dans le monde un mot mystérieux, Un secret que du ciel arrache le génie, Mais qu’aux yeux d’une amante ont demandé mes yeux.

1277. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Mérimée, dans le choix de ses sujets, se prend-il de préférence à des époques où les particularités ne sont pas trop commandées par un ordre dominant, ou à des races qui sont demeurées dans leur sauvagerie primitive.

1278. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

qu’on me rende la race de ces honnêtes gens de talent qui faisaient tout bonnement de leur mieux, avec naturel, travail et sincérité.

1279. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Vous aurez fait de beaux et légitimes raisonnements sur les races ou les époques prosaïques ; mais il plaira à Dieu que Pindare sorte un jour de Béotie, ou qu’un autre jour André Chénier naisse et meure au xviiie  siècle.

1280. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Au fait, le bonheur final où la race humaine aspire et vers lequel elle croit marcher se conçoit bien mieux sous cette forme que sous celle d’une civilisation industrielle et scientifique.

1281. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Je ne dis pas, sans doute, qu’il soit toujours aisé ni même possible de décider la question de préséance entre des œuvres supérieures appartenant à des époques ou à des races diverses ; il est permis d’hésiter entre le Parthénon et une belle cathédrale gothique, entre un drame de Shakespeare et une tragédie de Sophocle, entre le Faust de Gœthe et la Divine Comédie du Dante.

1282. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

On peut pressentir et, en partie, constater une pénétration mutuelle des races qui habitent notre vieux monde.

1283. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Elle n’a ni les instincts ni les finesses de leur race.

1284. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Diderot, né à Langres en 1713, fils d’un père coutelier (comme l’était le père de Rollin), eut dès l’enfance le sentiment de famille à un haut degré, et il le tenait des siens : c’était une race d’honnêtes gens.

1285. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il ne devine pas qu’il a pu y avoir autrefois, à un certain âge du monde, sous un certain climat, et dans des conditions de nature et de société qui ne se retrouveront plus, une race heureuse qui s’est épanouie dans sa fleur, et que nous pouvons, nous autres modernes, surpasser en tout, excepté en ce premier développement délicat, en ce premier charme divin.

1286. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Leclerc, était conseiller au parlement de Dijon, qui renfermait alors bien des hommes d’étude et d’érudition, maint personnage de bonne race et en qui la vieille sève n’avait pas tari.

1287. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il était l’un des derniers de cette race d’autrefois qui inspirait à tout ce qui l’approchait affection et respect.

1288. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il était déjà de cette race de ceux qui, en fait d’agitations et de révolutions, aiment le jeu encore plus que le dénouement, grands artistes en intrigues et en influences et s’y complaisant, tandis que les plus ambitieux plus vrais et plus positifs tendent au but et aspirent au résultat.

1289. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Je relève tout d’abord ce fonds de sagesse, qui semblait appartenir à la race : Mme de Motteville avait une sœur cadette que, dès son enfance, on appelait Socratine à cause de sa sévérité, et qui finit par se faire religieuse de la Visitation27.

1290. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

La race des gens d’affaires est immortelle : puisse-t-il s’en trouver beaucoup qui soit aussi habiles, et à la fois aussi honnêtes en définitive, aussi généreux, et doués d’autant de cœur que Gourville !

1291. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

» Montesquieu, par droiture de cœur et par direction d’intelligence, était naturellement citoyen, de cette race des Vauban, des Catinat, des Turenne, des L’Hôpital, de ceux qui veulent sincèrement le bien et l’honneur de la patrie et du genre humain : « J’ai toujours senti une joie secrète, lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun. » Les Lettres persanes l’avaient rangé, bon gré mal gré, parmi les littérateursb ; il en ressentait les avantages pour sa réputation, et les inconvénients pour sa carrière.

1292. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Il y a autant d’esprit que de connaissances pratiques. » Ce dernier point est devenu douteux pour nous : « Il n’y a aucun livre, a dit au contraire un critique anglais moderne, qu’on puisse citer comme ayant autant fait pour la race humaine dans le temps où il parut, et duquel un lecteur de nos jours puisse tirer si peu d’idées positives applicables. » Mais c’est là la destinée de presque tout ouvrage qui a fait marcher l’esprit humain.

1293. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Et encore que ce siècle fût passé, je fis semblant de ne m’en pas apercevoir, et j’ai perpétué parmi toi la race des grands hommes et des talents extraordinaires.

1294. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Bon de cœur, mais dédaigneux et peu indulgent d’esprit, très subtil et très nuancé d’observation, il avait beaucoup réfléchi sur les sots dont, selon lui, la race foisonne en cet univers.

1295. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il était de grande race, de l’illustre famille romaine des Conti ; parmi ses plus proches parents il comptait trois cardinaux, et son oncle maternel fut Pape.

1296. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Ernest Hello était un artiste de la même race que Chateaubriand, mais il avait une foi et une doctrine plus sévères que le grand seigneur du Génie du Christianisme, et voilà pourquoi il me paraît plus propre que Chateaubriand lui-même à écrire la vie des Saints.

1297. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

» J’insiste sur ce sentiment instinctif de patriotisme ; je voudrais que l’on nous connaisse mieux, nous autres juifs, qui n’avons pas honte de notre race et qui n’usons pas de notre fortune pour offrir des chasses aux gens ruinés à particule.

1298. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Or tout le monde sait que la race normande, — les Normands eux-mêmes l’avouent — est, par nature, assez encline aux plaideries. […] Carlos Seigneur, pour mes parents je nomme mes exploits : Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père. […] je l’anoblis, Quelle que soit sa race et de qui qu’il soit fils ! […] S’il a tant de valeur que vous-mêmes le dites, Il sait quelle est la vôtre et connaît vos mérites, Et jugera de vous avec plus de raison Que moi qui n’en connais que la race et le nom. […] La gloire qui m’en reste, après cette disgrâce, Eclate encore assez pour honorer ma race, Et paraîtra plus grande à qui comprendra bien Qu’à l’exemple du Ciel j’ai fait beaucoup de rien.

1299. (1903) Propos de théâtre. Première série

Peut-être faut-il même aller plus loin ; et le génie de Shakspeare est tellement éloigné de celui même de notre race qu’à la façon dont il a été accepté et est accepté et le sera, on peut tirer des inductions sur la persistance de notre race elle-même, sur les infiltrations des autres races dans la nôtre et sur notre puissance ou notre impuissance à les absorber et à les convertir en substance française. […] Mais que devant un public français de deux mille personnes, public moyen bien entendu et non public de premières, Shakspeare, joué intégralement, réussisse intégralement, je ne dis pas que ce soit mauvais, je ne dis pas que ce soit bon, je dis que ce jour-là, s’il arrive, nous aurons un signe certain que la race française se sera absolument modifiée, et, pour parler plus franc, aura été remplacée par une autre. […] Ce serait grand dommage qu’il n’y eût plus au monde qu’un seul génie et qu’une seule race ; ce qui importe, c’est que le génie de chaque race arrive à son plus beau développement, et il est nécessaire pour cela qu’il ne laisse pas fausser sa nature. » J’adhère pleinement. […] ne voyez-vous pas que Sévère et Polyeucte sont de même race et que c’est justement pour cela que la « petite veuve » de Sévère aime Polyeucte ! […] répond Joad. — Parce que la race des rois légitimes est éteinte.

1300. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Pour lui, tout coupable est un détraqué ; il l’est ordinairement par sa faute, parce qu’il veut l’être, mais le détraquement n’en est pas moins évident, et le fait seul de violer la loi morale, comme on la viole dans un crime, prouve, pour lui, une rupture et un déséquilibrement : « Le criminel, s’il n’était pas inexact d’en faire une race, pourrait se diviser en deux espèces, et nous apparaît, en effet, sous deux aspects : le criminel par absence de sensibilité morale, et le criminel par exaltation de cette même sensibilité, l’« anesthésié » et l’« hyperesthésié ». […] Côte à côte, issus d’eux-mêmes, prolongeant la race en rameaux, ils bravent l’ouragan par le faîte et, cramponnés au sol, attendent longuement, courageusement la mort. […] Et sous l’œil ténébreux De ce vieillard mourant, frêle espoir de sa race, La petite Isemkheb, princesse de Memphis, S’amuse, en mordillant un gâteau de maïs, À faire évoluer d’une main malhabile Des lézards attelés de brins de papyrus Au minuscule char fait de paille et d’argile Où trône sa poupée a coiffe de lotus. […] Car il eût été maladroit d’avouer aux races nouvelles, et plus tard aux humanités successives, qu’elles avaient pour dominateur, non le Seigneur véritable, mais le rebelle triomphant, l’usurpateur heureux ! […] Toujours préoccupé des intérêts de son maître, le duc de Persigny apparaissait souvent là où on l’attendait le moins ; il faut lire sa protestation adressée à l’Empereur contre la nomination d’un duc de Montmorency avant que la race en fût éteinte en la personne du prince de Luxembourg.

1301. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

encore qu’ils aient été si souvent déshonorés, soit par une simulation intéressée, soit par une forme banale de Jeux floraux, et que trop de jeunes filles ou de vieux messieurs se soient figuré que, pour écrire des vers lamartiniens, il suffisait d’avoir une belle âme  Tout ce que l’âme humaine a conçu de plus pur à travers les âges, la fleur de spiritualité des plus nobles races et des plus beaux siècles, le monothéisme dramatique, passionné — et majestueux — de la poésie juive ; le rêve que faisait Platon d’un monde harmonieux par l’Idée, où les divers ordres de réalités sont assimilables à des ombres et à des reflets gradués de la pensée divine et, parallèlement, le rêve de l’ascension naturelle de l’âme par l’amour ; le mysticisme amoureux de Dante et de Pétrarque ; la grâce fluide et épurée, la piété soupirante et le semi-molinisme si tendre de Fénelon, et sa sensualité d’ange ; les cantiques de Jean Racine, d’un si grand charme de virginité, avec ce lyrisme d’on ne sait quels célestes « catéchismes de persévérance » ; même l’onction lentement murmurante de l’Imitation de Jésus-Christ, et même, d’autre part, ce que l’élégante poésie érotique du siècle dernier avait, çà et là, de plus léger, de plus fuyant et de moins charnel, tout cela, en vérité, se retrouve, se confond, s’achève et s’épanouit dans la poésie lumineuse et ailée d’Alphonse de Lamartine. […] De toi que la nuit veut connaître, De toi que demande le jour, De toi que chaque son murmure, De toi que l’immense nature Dévoile et n’a pas défini… » Autrement dit : « Sans la nature qui est son verbe, et qui exprime, semble-t-il, une volonté aimante et bienfaisante, nous ne saurions rien de Dieu. » Or, de là à songer : « Ce verbe, c’est Dieu, puisque, sans lui, Dieu serait pour nous comme s’il n’était pas », y a-t-il si loin   Et, d’autre part, lorsque les poètes hindous écrivent : « Écume, vagues, tous les aspects, toutes les apparences de la mer ne diffèrent pas de la mer : nulle différence non plus entre l’univers et Brahma », ou lorsqu’ils font dire à Dieu : « Je suis dans les eaux la saveur, la lumière dans la lune et le soleil, le son dans l’air, la force masculine dans les hommes, le parfum pur dans la terre, la splendeur dans le feu, etc. », n’avouent-ils pas implicitement que Dieu n’est point, proprement, l’eau, la lune, le soleil, l’air, les hommes, la terre, le feu, mais qu’il se manifeste sous ces « apparences » ; et que le feu, la terre, l’air, le soleil, l’eau, la race humaine sont les signes, les symboles, la parole de Dieu ? […] Le possible est un mot qui grandit à mesure, Et le temps qui s’enfuit vers la race future A déjà fait ce que je vois ! […]   Il fut un des plus fiers exemplaires de notre race ; un demi-dieu.

1302. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

C’est un vieux goût de la race. […] Elle avoue son amour à Fernand, en gardant, heureusement pour elle, une jolie fierté de race et en le prévenant, sur un mensonge de lui, qu’elle déteste les menteurs. […] Mais son nez manque de race, — oh ! […] C’est ainsi qu’on fait les fortes races. […] “C’est le jeune Horace qui s’avance… race qui s’avance… Sois fière d’être ma sœur. — Ah !

1303. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mieux encore, ce lieu mal éclairé, aux profonds recoins d’ombres, où grouillent des formes confuses, évoque, dans l’imagination de l’enfant rêveuse, fille d’une race maritime, l’idée des vitreux abîmes de l’Océan impénétré… Elle confie à Grégers cette bizarre impression enfantine : Il y a, dit-elle, une chose extraordinaire… Ce canard sauvage, personne ne le connaît, et personne ne sait d’où il vient. […] Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle s’est moralement déclassée en épousant Tesman ; c’est qu’Eilert est, au fond, de la même race qu’elle ; c’est qu’il faut qu’Eilert lui appartienne ; c’est qu’elle le reprendra à cette petite niaise. […] D’avoir si bien exprimé l’esprit de notre race dans ce qu’il a de plus général, cela même nuit à Molière, maintenant que cet esprit semble s’affaiblir, s’obscurcir et se compliquer. […] Le troubadour Aufan de Sisteron raconte la légende de la fée Mélusine, en quatorze couplets, et, après chaque couplet, le page Dragonet reprend ce refrain : « Nous sommes de la race des lézards », c’est-à-dire, apparemment, « nous aimons nous chauffer au soleil, et la tragédie n’est pas notre fait. » Après le festin, le roi André rentre dans sa chambre. […] Mais Lazzaro : Va, ne regrette rien, petite aux longues tresses ; Il dira ton histoire à ses autres maîtresses ; Car il est de la race ingrate des rimeurs.

1304. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Ion est, par un côté, un drame national : le dénouement écarte de la royauté athénienne une race étrangère, et restitue l’Attique au sang d’Apollon et d’Érechthée. […] Elles aiment ; ce n’est rien, et pourtant cela suffit pour qu’elles soient d’une autre race que lui. […] Un honnête homme, fils de bonne race, qui a une sœur innocente et une mère vertueuse, ne peut pas, ne doit pas la prendre pour femme. […] Mais le plus gros chien de la meute, — un chien de race, — c’est le vicomte Amaury de Lanspessade. […] De l’instinct de conservation elle dégage en nous l’héroïsme par le sentiment très net d’une solidarité de destinée avec les hommes de notre race.

1305. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

— C’est une race, répond M.  […] Mais remarquez que cette haine est une haine de savant et qu’une race ne saurait avoir des rancunes si érudites. […] Et je réclame pour moi cette terre avec justice, car je suis le plus proche héritier du sang du duc, et ma femme est de la race qui donna jadis aussi des princes à ce pays. […] Elsa, ma mie, peux-tu nous dire si sa race est sans reproche ? […] Elle se rattache à ce cycle d’Arthur dans lequel la race celtique exprima confusément son invulnérable idéalisme.

1306. (1890) Nouvelles questions de critique

Entre la littérature d’un âge ou d’une race et les autres parties de la civilisation de cette race ou de cet âge, il y a donc des liaisons, tout un système de communications et d’échanges, une solidarité qui fait de chacune de ces parties ce que la science appelle une fonction de l’ensemble. […] Il est seulement de la même race, ou de la même famille d’esprits. […] Les poètes surtout, race toujours vaniteuse, ne se résignaient pas à ne point parler d’eux-mêmes ; et, en un certain sens, ils n’avaient pas tout à fait tort, puisque, comme nous l’avons dit, sans cette exaltation du sentiment individuel ou cette espèce de religion du Moi, il n’y a pas de poésie lyrique. […] Il me semble donc qu’en faisant de la critique une province de l’histoire naturelle, et en établissant les connexions nécessaires de l’œuvre d’art avec les causes dont on peut dire, selon lui, qu’elle dépend beaucoup plus que de son auteur, — la race, le milieu, le moment, — M.  […] Puisque la valeur de l’œuvre se mesure exactement au nombre et à la profondeur des caractères durables qu’elle exprime, — de moment, de milieu et de race, — le problème n’est plus pour l’artiste que de traduire, avec autant de fidélité qu’il le pourra, le plus et les plus profonds de ces caractères.

1307. (1914) Une année de critique

Au fond des palais pompeux et sévères, forteresses de l’étiquette et de la tradition, dans un décor où tout incline l’âme à une conception du monde empreinte de morgue féodale, il arrive qu’un descendant d’une des plus anciennes races qui soient se prend à désirer le seul bien où de tous temps ont pu prétendre ceux dont la vie assouvit le moindre désir : l’obscurité. […] Avec le poète, pour qui les grandes forces de la vie, qu’il personnifie d’instinct à la manière des Grecs, ne sont pas de vaines entités, nous nous élançons sur l’étendue d’une terre primitive qu’éclaire un soleil encore jeune, mais déjà témoin du déclin de la race antique des Centaures. […] Quand un être de la race privilégiée traverse les rues en compagnie de la femme qu’il aime, il semble que toute vie contemporaine s’abolisse. […] Au moins, ce livre servirait à propager le goût de l’hydrothérapie qui, avec le sport, peut seule remédier à la dégénérescence de la race. […] On venait de mener une enquête sur l’influence allemande en France, et les réponses avaient donné prétexte à des discussions sur les qualités respectives des différentes races, ou plutôt des différentes nations européennes.

1308. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

C’est un autre fait que cette époque appartient plutôt au passé qu’au présent, et que le seul critique qui soit resté le classique de son genre, Sainte-Beuve, était un journaliste, de profession et de race. […] * * * La critique des contemporains, cette émanation immédiate de la critique parlée, de la conversation, est-ce que nous pouvons dire, même en nous souvenant de Jules Lemaître, et de ses Contemporains, qu’elle ait vraiment produit, elle aussi, son buffle, qu’elle forme un milieu où puisse se développer et grandir un critique de race ? […] Les trois grands critiques de l’époque républicaine, Brunetière, Lemaître, Faguet, étaient des universitaires, et Brunetière était de plus un professeur de race. […] Il serait d’une basse jalousie de boutique de bannir de la critique, comme Platon bannissait Homère, la race divine des porteurs d’images. […] Ils sont fragmentés par les races, les langues, les générations, et l’idée d’un goût esthétique commun, même en droit, à l’humanité entière, comme les grands partis de l’intelligence et de la morale, est une idée chimérique.

1309. (1925) Dissociations

Il semblerait même assez représentatif d’une race peu exigeante et qui ne possède que deux ou trois sentiments élémentaires, d’une race amorphe et qui n’acquiert quelque valeur que par la qualité de ses maîtres, Inaugurations Nous nous croyons bien libres de préjugés et au fond nous avons conservé presque tous ceux du vieux temps auxquels nous en avons ajouté de nouveaux. […] Ils sont un peu de la race des martyrs, qui ne consentaient pas à avouer leur douleur.

1310. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Né le 31 août 1601, au village de Houdan (ou Hodenc), à trois lieues de Beauvais, d’une honnête famille bourgeoise qui comptait parmi ses membres des marchands drapiers, des notaires, des avocats et même des conseillers au présidial16, Gui Patin garda toute sa vie la marque du franc Picard et de l’homme de race probe.

1311. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Beugnot, doux, souple, pliant et malin, était d’une toute autre race et famille d’esprits que Roederer, dont la bienveillance lui était suspecte et dont l’écorce un peu amère lui agréait peu.

1312. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il est à croire, puisqu’ils voulaient perdre notre Europe et la remettre en friche par les dissensions et par les guerres, que les dieux, dans leur indulgence, préparaient un asile aux peuples fugitifs, et que c’est à cette fin qu’aux approches de ce siècle, du sein des vastes mers, ils ont fait jaillir un monde : — un monde vierge, humide encore, qui d’abord ne pouvait, dit-on, supporter qu’à peine les traces légères de quelques races errantes, et où maintenant le sol facile appelle la charrue, où les champs illimités n’attendent qu’un maître.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Quand on a dit de Saint-Martin qu’il était spiritualiste, on n’a pas dit assez ; il était de la race du petit nombre de ceux qui sont nés pour les choses divines ; en des temps plus soumis, il eût marché dans les voies de l’auteur de l’Imitation.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

[NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Elles font un solide estomac à l’esprit ; elles enhardissent le goût, et on emprunte de leurs qualités à deux races.

1316. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Il passa, à un certain jour, de l’échoppe paternelle (si échoppe il y a) aux bancs de l’Université ; il fut écolier, et de cette race immortelle, célèbre dès le temps de Rutebeuf et que nous décrivait hier encore Henri Murger.

1317. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Était-il possible, je le demande, qu’Horace Vernet vivant à Rome au sein d’une splendide nature, d’une belle race, de toutes les merveilles de l’art classique, en face des magnificences de Saint-Pierre et des pompes du Vatican, n’en fût pas touché, excité à se mesurer à sa manière avec ses nouveaux modèles, à s’exercer dans un genre plus noble et a y transporter ses qualités si, françaises ?

1318. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Toute cette race nouvelle, cette suite de générations qui s’étend de la plus humble bourgeoisie jusqu’à la plus haute, procède de Mme Roland.

1319. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ses amis, sa famille, désiraient qu’il fît souche et qu’il plantât sa race.

1320. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Avant tout, le hasard et la bizarrerie des destinées ; cette fatalité « qui préside aux événements de notre vie, qui paraît dormir dans les temps calmes, mais qui, dès que le vent s’élève, emporte l’homme à travers l’air comme une paille légère » ; les premiers succès, l’entrain du début, les heures brillantes de la vie, les espérances déjà couronnées ; puis les revers, les lenteurs, les mécomptes, les difficultés tournant à la ruine ; la prison, la souffrance, une épreuve sans terme ; une longue agonie dans l’âge de la force ; une nature d’élite écrasée, victime et martyre des persécutions ; les haines aveugles des foules, les sauvages préjugés des races ; l’horreur des guerres injustes ; toujours et partout, çà et là, quelques âmes bienfaisantes et compatissantes ; notre pauvre humanité au naturel et à nu, en bien et en mal ; une belle mort enfin, délicate et magnanime.

1321. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Un simple conseil, non plus seulement de patriote, mais d’ami, c’est qu’elle prenne bien garde de conserver à travers tout ses diversités précieuses, image et produit du sol même et des trois races qui en habitent les vallées, les pentes et les replis ; c’est qu’elle conserve comme son plus cher trésor et comme sa marque, à elle, toutes ses libertés.

1322. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Il a compris l’enseignement manifeste de la Providence, l’aveuglement incorrigible des vieilles races, et il s’est dit qu’à l’ère expirante des dynasties succédait l’ère définitive des peuples et des grands hommes.

1323. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Ampère le goût des origines, à lui faire envisager, hors des enceintes murées des littératures toutes définies, la poésie libre et naïve, s’échappant çà et là par des chants, par des romances populaires, se déroulant par des légendes, et y réfléchissant la vie et l’imagination des diverses races aux âges primitifs ou intermédiaires de la civilisation.

1324. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit.

1325. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Il a connu l’homme, et son temps, et sa race, le jour où il a mis en avant cette grande raison, l’honneur, la fidélité au parti, la solidarité des compagnons d’armes.

1326. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Il était tout français, imperceptiblement italianisé, et n’ayant pris à l’antiquité latine que ce qui mettait en valeur les vieux dons de sa race : par lui, La Fontaine et les autres reprenaient le contact du pur génie de la France, se remettaient en communion avec l’âme héréditaire de notre peuple.

1327. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui.

1328. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il suppléait à toutes les lacunes de l’érudition : il allait chercher à travers les siècles et les races de quoi compléter ses textes, cueillant ici un trait du Sémite biblique, et là faisant concourir sainte Thérèse à la détermination du type extatique de Salammbô. « Je me moque de l’archéologie, écrivait-il ; si la couleur n’est pas une, si les détails détonnent, si les mœurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages, et les architectures au climat, s’il n’y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux.

1329. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Je retrouve ce style poli, souple, bien tenu, presque toujours précis, non pas coloré, mais fleuri, et cette allure qui me fait songer à un cheval de race, long, aux jambes fines, avec de subits frémissements à fleur de peau.

1330. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Dans le syncrétisme primitif, tous les hommes d’une même race se ressemblaient comme les poissons d’une même espèce.

1331. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Et quand même on dirait que ces nations sont restées catholiques ou devenues protestantes, parce qu’elles devaient déjà soit à la race, soit au climat, une sorte de prédestination à cette différence de culte ; quand même on ferait ainsi remonter à une cause commune leurs préférences religieuses, politiques, morales, esthétiques, il n’en serait pas moins vrai que leurs croyances sur l’au-delà et sur la destinée humaine, cristallisées dans des institutions permanentes et dans des pratiques séculaires, ne peuvent que maintenir et renforcer leur tempérament primitif.

1332. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

L’église catholique, bien qu’elle soit universelle par définition et tienne par conséquent à honneur de s’élever au-dessus des différences de race et de climat, est en France, avec Bossuet, gallicane ; l’histoire l’est aussi, si je puis parler ainsi ; car, en dépit de toute vraisemblance, elle affirme que les Francs n’étaient pas des envahisseurs germains, mais qu’ils étaient nés sur le sol de la Gaule184.

1333. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Mais, si vous avez fait de votre oncle un duc et pair de la cour de Louis XVI, investi d’un nom historique et d’un illustre blason, à l’instant même vous lui devez les respects et les hommages dont la noblesse française entourait alors les aînés de ses branches et les suzerains de ses races.

1334. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

— Les femmes ont rendu sur le jeune Beaubourg un arrêt pareil : elles le déclarent « trop commun. » Il a la jeunesse, la gaieté, la fortune ; mais il lui manque la ligne, la race, le contour, le chic le je ne sais quoi.

1335. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

J’ai consulté bien des savants : Huet, cet évêque d’Avranche, Qui pour la Bible toujours penche, Prétend qu’un usage si beau Vient de Noé………………… Soyez donc la plume la plus savante de l’Europe, l’homme de la plus vaste lecture qui fut jamais, le dernier de cette forte race des savants du xve et du xvie  siècle, joignez-y dans votre personne et dans votre procédé tout ce qui constituait l’homme poli, l’homme du monde et même de Cour, ce qu’on appelait l’honnête homme sous Louis XIV, et tout cela pour que, sitôt après vous, on ne sache plus que votre nom, et qu’on n’y rattache qu’une idée vague, un sourire né d’une plaisanterie !

1336. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le fond pourtant s’y fait sentir à qui le cherche ; et, après avoir vécu quelque temps auprès d’elle, on se dit qu’il n’est rien de tel encore qu’une race forte quand la grâce s’y mêle pour la couronner.

1337. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Sous air de missionnaire, il est tout à fait de cette race de Français d’autrefois, qui ne doutaient de rien, s’en allaient au bout du monde à l’étourdie, à l’aventure, que leur gaieté soutenait dans les traverses, et qui s’en remettaient de leur salut, en chaque occasion, à Dieu, à leur étoile, à la première inspiration du moment.

1338. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Cependant, si nous nous reportons à la date des derniers mois de 89, nous trouvons Mirabeau bouillonnant d’impatience, de « cette impatience du talent, de la force et du courage », souffrant de son inaction et de son inutilité réelle au milieu de ses travaux sans nombre et de ses succès retentissants, jugeant admirablement cette cour et cette race royale qu’il voudrait servir et réconcilier avec la cause de la Révolution : Il n’y a qu’une chose de claire, écrivait-il (29 décembre 1789), c’est qu’ils voudraient bien trouver, pour s’en servir, des êtres amphibies qui, avec le talent d’un homme, eussent l’âme d’un laquais.

1339. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Le Brun était un vrai poète, et de la race des lyriques.

1340. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Collé, qui était de la bonne race gauloise, n’avait ni l’abondance ni le jet de verve de Beaumarchais, et il se complaisait un peu trop dans le graveleux.

1341. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Parmi le concert d’éloges dont a été l’objet cette douce mémoire que chacun a célébrée à l’envi et qui ne portait ombrage à personne, j’ai distingué un admirable morceau écrit en 1805 par un homme également modeste et qui était bien de la même race, M. 

1342. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle sera l’histoire privée d’une race d’hommes, d’un siècle, d’un pays.

1343. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Quant à l’idée historique, une et complexe, qu’évoque ce mot — succédané du mot royaume, dans les hommes de race, elle n’a pas produit de clichés.

1344. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Cette race qui écrit veut être réprimée.

1345. (1694) Des ouvrages de l’esprit

L’Opéra jusques à ce jour n’est pas un poème, ce sont des vers ; ni un spectacle, depuis que les machines ont disparu par le bon ménage d’ Amphion et de sa race ; c’est un concert, ou ce sont des voix soutenues par des instruments : c’est prendre le change, et cultiver un mauvais goût, que de dire, comme l’on fait, que la machine n’est qu’un amusement d’enfants, et qui ne convient qu’aux Marionnettes ; elle augmente et embellit la fiction, soutient dans les spectateurs cette douce illusion qui est tout le plaisir du théâtre, où elle jette encore le merveilleux.

1346. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Cet enfant gâté par sa mère et d’une race pleine de bizarrerie, c’est Ajax.

1347. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

On y trouve une quantité de vers dans le genre de ceux-ci : Très doux entre les doux et les humbles de race, Il n’a garde de plus, ne prévaut sur pas un.

1348. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Et la race d’Adam et d’Ève De la poudre en sursaut se lève Pour le suprême jugement.

1349. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Quoi qu’en dise la race des optimistes qui, selon Désaugiers, se laissent quelquefois choir après boire, au risque d’écraser un pauvre homme qui n’a pas dîné, il y a des génies qui ont passé de ces nuits-là !

1350. (1929) La société des grands esprits

Apollon est parfois terrible, mais il appartient à cette race divine qui a institué le régime de la justice, et il a appris aux hommes à se purifier du meurtre. […] Son éducation, sans doute, lui fait trouver barbare le génie de sa race. […] Celle-là est dangereuse entre toutes, suivant les héritiers du Grand mouphti, dont la race ne semble pas en voie de s’éteindre. […] S’il n’y a plus de raison universelle ni de beauté parfaite, chaque race et bientôt chaque individu se fait centre. […] L’Allemagne est encore une race ; l’Angleterre n’est qu’un empire ; la France est une personne.

1351. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Comment n’a-t-il pas vu ce qu’il y a d’essentiellement français et latin chez Victor Hugo, aussi national que La Fontaine à qui il en fait un si grand éloge, et bien de la même race, n’en étant séparé que par le « moment » ? […] Que de colères contre sa théorie de la race, du milieu et du moment ! […] Tout dans leurs œuvres ne dépend pas exclusivement du moment, du milieu et de la race ; mais beaucoup de choses en dépendent ; et chacun, né dans un autre pays et un autre temps, se fût développé tout autrement et sensiblement adapté à cet autre milieu. […] Cet enragé traditionaliste a fini par s’apercevoir que l’instinct égalitaire était un instinct naturel chez les Français et provenait du fond permanent de la race. […] Tolstoï cherche vainement à brouiller des notions très claires, afin de justifier son esthétique et ses antipathies de classe ou de race.

1352. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Je cite à dessein ces deux pays si opposés pour qu’on ne m’objecte pas la différence de race et de climat. […] nous sommes de la race des poètes, c’est-à-dire nés pour souffrir et pour nous consumer dans la soif d’un idéal qui n’est pas de ce monde. […] Il faut pousser bien loin l’amour de l’uniformité qui distingue notre race latine pour admettre une pareille raison. […] Les gens les plus disposés à considérer les peuples comme les pièces d’un échiquier qu’on peut manœuvrer à plaisir, commencent à comprendre qu’un pays quatre fois grand comme la France et peuplé d’un peu plus de sept millions d’hommes de races diverses, serait difficile à organiser administrativement sur un modèle européen. […] Enfin, on se demande quel est le régime qu’il faudrait donner à la presse dans un pays où la classe la plus influente et la plus riche — celle des Américains de race espagnole — donne le nom de traperos (littéralement chiffonniers) aux artistes, aux littérateurs, aux instituteurs et aux commerçants.

1353. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Et en cela il est bien de la race de Désaugiers et de Jérôme Paturot. […] ce même homme qui écrit si froidement quand il écrit de sang-froid, devient, dès qu’il est ému, un poète de race, un grand poète. […] Son œuvre est le fleuve immense où viendront s’abreuver les races futures. […] Jean est-issu d’une lignée de riverains provençaux, conservée très pure, race à la fois contemplative et aventureuse, comptant dans ses rangs de paisibles horticulteurs et de hardis capitaines. […] Il est imbu des idées séculaires de sa race, et n’a jamais transigé sur le principe d’autorité.

1354. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il était Phrygien de nation, et de race royale. […] Anaxandride avait épousé une fille de son frère, mais, quoiqu’il l’aimât tendrement, comme il n’en avait point eu d’enfant, les éphores l’avaient appelé et lui en avaient fait des reproches en ces termes : « Puisque vous n’y veillez pas vous-même, c’est à nous de veiller pour vous à ce que la race d’Eurysthène ne s’éteigne pas.

1355. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Très bien vue aussi, la rencontre de la race d’outre-mer avec la nôtre, et les surprises et malentendus qui en résultent. […] Bourgeois aussi, le « membre de l’opposition », radical avancé qui tient un cabaret « fréquenté de tous les souteneurs et de toutes les filles de la ville » ; bourgeois, le péremptoire docteur Triceps, homme de progrès et de science, quelque chose comme le docteur Homais, et de la race horrible des « médecins-députés »… Si donc le « bourgeois » n’est, au bout du compte, qu’un type moral, pourquoi l’a-t-on appelé de ce nom de bourgeois, qui est celui d’une classe sociale, flottante, à vrai dire, et elle-même assez malaisément définissable ?

1356. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Voilà le genre d’inquiétude qui travaille Agrippine et Athalie, l’une près du trône où elle a élevé son fils par le crime, l’autre sur le trône où elle est montée à travers le carnage de la race royale. […] Les livres, saints lui offraient, dans l’enceinte de la même ville, deux familles de race royale séparées par la haine et le meurtre, l’une victorieuse et sur le trône, l’autre vaincue, mais restée maîtresse de la religion nationale, gardant au fond du temple le roi légitime, et tolérée parce qu’on la croyait faible.

1357. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ulbach ; c’est un stylo mou, qui s’en va par filandres, avec des intentions poétiques à tout propos ; les comparaisons s’entassent, les images les plus imprévues se heurtent, les phrases flottent comme des mousselines peinturlurées, sans qu’on sente dessous une carcasse solide et logique, cette carcasse résistante qui doit tout porter, et qui seule indique un écrivain de race. […] Retournons bien vite à la Race d’Agamemnon qui ne finit jamais.

1358. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

J’emporte de ce logis de la rue Rousselet, comme le souvenir d’un lettré de race dans la débine. […] C’est bien le type de la vraie race passionnée des anciens collectionneurs.

1359. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Une arquebuse du temps des croisades n’éveille en nous que les images fantastiques du lointain des temps, des vieilles luttes entre les races du nord et du midi. […] Et la Bible nous donne, comme en une sorte de manuel, un résumé des méditations sans fin des races orientales dans les déserts, devant une nature plus colorée, tantôt plus immuable et tantôt plus changeante que la nôtre.

1360. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Si une race de grands hommes ne s’était pas élevée dans le palais des rois fainéants, les Sarrasins, s’établissant au-delà des Pyrénées, n’auraient-ils pas détruit toutes les connaissances humaines, dans les parties de l’Europe où elles sont aujourd’hui le plus répandues ? […] Mais ces doctrines qui veulent perfectionner la race future aux dépens de la race présente, ont bientôt l’ambition de parcourir le monde. […] Sur leur front dur respirent l’égoïsme et le mépris de Dieu ; ils ont perdu et la noblesse de l’habit et la pureté du langage : on les prendrait, non pour les fils, mais pour les baladins de la grande race qui a précédé.

1361. (1925) Proses datées

Aussi, dès qu’elle se trouva en présence du grand compositeur qu’elle était allée visiter dans sa retraite de Triebchen, en Suisse, celui-ci reconnut-il en elle un être de la race héroïque et dévouée des Brunehilde et des Kundry. […] Je préfère me souvenir de l’élégant gentilhomme de race et de lettres qui, il y a une trentaine d’années, excitait un vif intérêt dans les cénacles et dans les salons. […] Il le restera, au moins pour son amour incontestable du rare et du beau, même lorsque les « chauves-souris » se seront envolées, même lorsque les « odeurs suaves » se seront évaporées, même lorsque se seront flétris les « hortensias bleus », même si ses futurs mémoires ne prouvent que trop qu’il était de la « race irritable » genus irritabile vatum. […] Mais lui, était un Normand de race, tandis que je n’en suis un que de hasard. […] Mistral est bien de la race des grands poètes.

1362. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

En vain reconnaît-il que l’habitude de prendre en riant certaines choses est inhérente au caractère français ; en vain va-t-il jusqu’à écrire : « La gaudriole est le fond de la race. » Sur ce point il se sépare hautement de cette race légère. […] Le duc de Broglie vient-il à publier ses travaux sur Marie-Thérèse et Frédéric II ; non seulement on le proclame inimitable, mais on nous apprend qu’il sait l’histoire du xviiie  siècle « par intuition et droit d’hérédité », on nous déclare que « la vérité des portraits qu’il trace n’a pas besoin de confirmation » ; il peint de race et il peint ressemblant sans y tâcher ; il est né grand historien. […] Il est parti de cette hypothèse que le milieu, la race, le moment sont les facteurs de toute œuvre d’art, et il a démontré cette vérité avec une abondance et une vigueur infatigables. […] Il expliqua comment le vagabondage à travers le temps et l’espace, devenu une habitude et un besoin de notre civilisation, a multiplié parmi nous la race des dilettantes ; il s’attacha à prouver que l’esprit d’analyse et le raffinement du goût ont perverti l’amour, quand ils ne l’ont pas rendu impossible ; il montra l’usure que l’abus de la pensée et le surmenage du cerveau produisent sur le corps, le sentiment et la volonté ; il constata des conflits entre la spéculation et l’action, entre la science et la poésie, entre la démocratie et la haute culture ; il conclut qu’il se dégageait de tout cela comme une vapeur de tristesse qui enveloppait le monde d’un nuage chaque jour plus épais, et il donna pour le dernier mot de la philosophie du jour un pessimisme très sombre teinté d’un vague mysticisme.

1363. (1891) Esquisses contemporaines

La lèpre qui ronge nos civilisations n’a d’autre cause, en dernière analyse, que l’égoïsme invétéré de la race humaine. […] Nous nous prêtons à tous les spectacles, nous nous accommodons de toutes les formes, notre sympathie va à toutes les choses humaines que produisent les peuples et les races, nous ne sommes exclusifs de rien ni de personne. […] L’arrière-fond de l’homme se dévoile alors et les crises qu’il subit l’émeuvent jusque dans la racine de sa force… » « Elle appartenait sans doute, par l’hérédité, se trouvant la fille d’un homme d’État, à la grande race des êtres d’action dont le trait dominant est la faculté distributive, si l’on peut dire. […] Car si le péché, conçu comme maladie de la volonté, sévit sur toute la race humaine depuis qu’elle existe, il était réservé à notre génération d’en subir des atteintes tellement graves qu’elles inquiètent les moins attentifs. […] Si Stendhal, dont le regard était d’une excessive acuité, a pu rester cependant vigoureux et serein, — outre qu’il était d’une autre race littéraire — c’est parce qu’il étudiait surtout des états de volition.

1364. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Pour avoir des résultats encore plus favorables, il faudrait même tenir compte des races, des variétés. […] Ce n’est aucunement haine de race ; ce n’est pas non plus répugnance particulière pour des hommes d’une autre religion. […] Les races qui résistent particulièrement à la souffrance sont celles où la sensibilité physique est le moins développée, et personne alors ne le conteste. […] Améliorer, embourgeoiser la condition sociale des ouvriers, c’est peut-être créer une race d’esclaves contents de leur sort, une caste de parias confortables. […] La superstition qui faisait, chez les anciens, regarder comme des signes de la colère divine et immoler les nouveau-nés infirmes, boiteux, aveugles, bossus, etc., était plus heureuse que la sensiblerie religieuse ou scientifique qui les tolère, les élève, en fait des demi-hommes, introduit dans la race des germes éternels de décrépitude.

1365. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Race abominable et funeste aux beaux-arts, la race des poupées triomphantes, des marionnettes couronnées, des Flaminia, des Coralines, des Biancanelli, des Pompadour, des Dubarry, des Muses cachées ou des Muses d’apparat. […] La race obstinée et savante de ces chroniqueurs du théâtre s’est perdue, ou peu s’en faut, dans la nuit des temps. […] À Dieu ne plaise que nous confondions ces fanatiques avec la race aimable disparue, ou peu s’en faut, de quelques vieux spectateurs, grands écouteurs aux portes du théâtre, et grands jugeurs de leur métier, qui de temps immémorial se tiennent dans quelques stalles choisies du Théâtre-Français ! […] race oisive et terrible des penseurs de profession, des écrivains par métier, des amoureux et des amoureuses condamnés aux travaux forcés de la poésie et du drame ! […] Il est mort parce qu’avant de mourir il avait porté un coup funeste aux rhéteurs, la race qui ne pardonne jamais ; il est mort parce qu’il était le roi de l’ironie logique, et parce que l’oracle de Delphes l’avait proclamé le plus sage de tous les hommes : voilà pourquoi il est mort !

1366. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas, par un obscur et lointain atavisme, aurait hérité ce mépris de la femme commun à toutes les races, hors la blanche. […] Cette empreinte de la race — si souvent négligeable — est profondément marquée chez M.  […] « Il y a, écrit-il, dans la langue de Mistral, un mot qui résume et définit bien tout un instinct de la race : galéja, railler, plaisanter. […] Cela est plus vrai encore de sa population, où sont échantillonnées toutes les races, et aussi toutes les conditions et toutes les fortunes, toutes les variétés sociales et morales. […] Dumas est de la race des aèdes primitifs, créateurs de légendes, et dont l’imagination, voisine de l’imagination populaire, fait partie du patrimoine de l’humanité.

1367. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Que ceux que la philosophie blesse ne l’accusent pas ; qu’ils accusent l’humanité et celui qui l’a faite : mais plutôt félicitons-nous d’appartenir à une race privilégiée, si merveilleusement douée qu’en elle la pensée peut aller jusqu’à n’apercevoir plus qu’elle, son principe ou son analogue, partout et toujours. […] C’est une époque d’immobilité pour la race humaine. […] La race arabe, dont le peuple juif fait partie, est une grande race assurément ; elle a beaucoup remué sur la terre ; elle a produit Moïse, qui est bien vieux et qui pourtant dure encore, et plus tard Mahomet et la forte civilisation musulmane. […] Mais quelque belle, quelque grande, quelque énergique que soit cette race, elle n’est pas seule en ce monde, et le peuple juif n’est pas toute l’humanité. […] Les races, les langues, les religions, les arts, les gouvernements, les systèmes de philosophie, tout a sa place dans l’histoire de l’humanité telle que l’a conçue Herder.

1368. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Elles avaient flatté l’orgueil d’une féodalité chevaleresque et d’une aristocratie militaire, qui se plaisait à reconnaître dans ces longs récits l’image de sa vie, l’écho de ses passions, le retentissement sonore de ses grands coups d’épée, son armorial enfin, les héros éponymes de sa race et ses fabuleuses généalogies. […] Il y avait surtout dans l’érudition d’Eugène Despois, en même temps qu’une abondance et une précision de détails singulière, cette discrétion dans le choix, si rare, et cette liberté, si difficile, dans l’emploi des matériaux, qui dénoncent l’écrivain de race. […] Et plus tard enfin, la critique naturelle, à son tour, cette critique savante, mais parfois aventureuse, qui veut soumettre les grands hommes à la dépendance étroite, nécessaire, absolue des circonstances extérieures, de la « race », du « milieu », du « moment », s’empare du sujet, l’étend, l’anime, le renouvelle. […] S’il est vrai que la profondeur de la conception, que la perfection de la forme, que l’émotion et la sincérité du sentiment aient fait défaut à Voltaire, d’autres les ont possédées, dans l’histoire de notre littérature et de notre race, d’autres à qui n’a manqué presque aucune des qualités du génie de Voltaire, mais qui, par un accord heureux, n’ont oublié d’y joindre ni la décence du langage, ni la probité du caractère, ni la dignité de la vie. […] D’autres, comme par exemple Molière, ne vivent pas seulement pour leur art, ils en meurent, appartenant à la race de ceux « qui ne regardent plus l’art comme une chose qui est faite pour le monde, mais le monde, les mœurs, les hommes et la société comme des choses qui sont faites pour l’art ».

1369. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Vous remarquerez, en outre, que le vice de ce jeune gentilhomme ne lui est pas intime ; qu’il n’empêche pas de briller en lui toutes les qualités de sa race et de son éducation : bravoure, loyauté même, générosité de cœur, élégance, noblesse ; qu’à peine enfin effleure-t-il, mais il n’entame pas, il ne corrompt pas son intégrité morale. […] Vous voyez qu’il n’est rien de plus net que ma race, Et qu’un cristal auprès paraîtrait plein de crasse ; … C’est de son second fils que je suis dérivé ; Son sang, de père en fils, jusqu’à moi conservé, Me rend en ce bas monde à moi seul comparable… J’arrête ici la citation. […] ………………………………………………… En vain sur les autels ma main brûlait l’encens… et d’autre part : Aux portes de Trézène, et parmi ces tombeaux, Des princes de ma race antique sépulture Est un temple sacré formidable au parjure… Inquiétante ou lugubre, l’une, toute chaude encore des fumées de l’encens ou des vapeurs du sang des victimes, l’autre, froide et comme morte… est-ce que ces deux scènes, Messieurs, ne se dressent pas devant vous ? […] FRONTIN Je n’ai jamais entendu parler de cette race-là, mais voilà de vilains noms.

1370. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il a lui-même de ces distractions qui trahissent la race et l’origine ; il vous dira dès son quatrième chapitre : « Or, dit le conte, que le beau roi Philippe de France (Philippe le Bel) eut trois fils, etc. » ; absolument comme le ferait un romancier.

1371. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Au cinquième acte, Hippolyte exilé par son père veut engager Aricie à fuir avec lui, et à venir recevoir sa foi dans un temple fameux, voisin de Trézène : Aux portes de Trézène, et parmi ces tombeaux, Des princes de ma race antiques sépultures, Est un temple sacré, formidable aux parjures ; C’est là que les mortels n’osent jurer en vain ; Le perfide y reçoit un châtiment soudain… Pourquoi, observait M. de Lassay, puisque ce temple était connu par son caractère redoutable et sacré, pourquoi Hippolyte, accusé par son père et le trouvant incrédule à sa parole, n’a-t-il pas eu aussi bien la pensée de lui offrir le serment devant l’autel même où la vérité se déclarait et, pour ainsi dire, éclatait à l’instant ?

1372. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Marais était d’une race opposée à celle de ces doctrinaires et de ces théoriciens superbes.

1373. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Les Espagnols, en vrais brutaux, lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes féroces ; ils tuent, brûlent, massacrent, pillent le Nouveau Monde comme une ville prise d’assaut, sans pitié comme sans discernement… Les Américains des États-Unis, plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs, et il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indiennes… » L’exposition ainsi faite, le moral et l’esprit de la scène ainsi expliqués complètement, il la raconte si bien que cela finit par être une peinture navrante : « Six à sept mille Indiens ont déjà passé le grand fleuve, ceux qui arrivaient à Memphis y venaient dans le dessein de suivre leurs compatriotes.

1374. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Ce n’est pas à une nation démocratiquement constituée comme la nôtre, et chez laquelle les vices naturels de la race ont une malheureuse coïncidence avec les vices naturels de l’état social, ce n’est pas à cette nation qu’on peut laisser prendre aisément l’habitude de sacrifier ce qu’elle croit sa grandeur à son repos, les grandes affaires aux petites ; ce n’est pas à une pareille nation qu’il est sain de laisser croire que sa place dans le monde est plus petite, qu’elle est déchue du rang où l’avaient mise ses pères, mais qu’il faut s’en consoler en faisant des chemins de fer et en faisant prospérer au sein de la paix, à quelque condition que cette paix soit obtenue, le bien-être de chaque particulier.

1375. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

50 Toute une race de nouveaux philologues est née depuis, pour qui évidemment Heyne n’est plus le grand prêtre de Virgile.

1376. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il voit partout autour de lui une race dégradée, des têtes en délire.

1377. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand-mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre), ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie Flandre. » C’est miracle qu’elle puisse étudier à travers une vie si tiraillée, si morcelée.

1378. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Rendons aussi cette justice à notre âge : on est assez disposé à y accepter, tel qu’il s’offre, cet abbé sublime, ce moine digne de Syrie ou du premier Clairvaux, ardent, impétueux, impatient, d’action et de fait plus que de discussion et de doctrine, bien que de grand esprit à la fois ; vrai moine de race, comme dirait de Maistre, indompté de tout autre que de Dieu.

1379. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

., il est le dernier lui-même, à d’autres égards, d’une race très-ancienne en France ; il n’a fait que ce que mille autres auteurs de fabliaux ou de ballades avaient fait avant lui.

1380. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.

1381. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Mais celui qui ne saurait obtenir de ses semblables aucun témoignage d’approbation volontaire, quel intérêt a-t-il à la conservation de la race humaine ?

1382. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

La différence prodigieuse qui sépare les hommes de deux siècles ou de deux races leur échappe376.

1383. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

XXI Maintenant, pour nous faire une idée juste de ce qu’est la poésie lyrique, écoutons chanter dans un même homme d’abord ce pauvre petit berger des montagnes de Bethléem ; puis cet adolescent armé de sa fronde, libérateur de son pays ; puis ce musicien favori de Saül assoupissant avec sa harpe les convulsions d’esprit de son roi ; puis ce proscrit cherchant asile dans les cavernes de Moab ; puis ce chef de bande et de parti courant les aventures sur les frontières de la Judée ; puis ce roi choisi par les prêtres et acclamé par le peuple pour éteindre la race de Saül et pour fonder sa propre dynastie ; puis ce souverain exalté par sa haute fortune, ne refusant rien à ses intérêts ni à ses amours, et ternissant ainsi sa vieillesse après avoir couvert d’innocence et de gloire ses jeunes années ; puis le vieillard puni, repentant, rappelé à Dieu par l’extrémité de ses châtiments, et convertissant encore ses sanglots en cantiques pour fléchir et pour attendrir son juge là-haut.

1384. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Tout ce qu’on sait, c’est que les Étrusques, d’abord conquis, ont adouci les Romains et donné à leurs mœurs et à leur langue ce raffinement prématuré qui fait l’élégance des races.

1385. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Et ainsi il nous oblige à songer que ce nom patronymique d’Eyquem, de toute antiquité porté par sa race, il a été le premier à le quitter : que son père avait sans doute fait les guerres d’Italie, puisqu’il le dit, mais plus sûrement encore avait siégé à la cour des aides de Périgueux ; que cette terre de Montaigne, dont il se nomme, cette fortune, dont il jouit, avaient été gagnées par des générations de bons bourgeois, siégeant derrière leur comptoir, et qu’enfin le grand-père Eyquem avait bien pu vendre du hareng, comme disait Scaliger, parmi tant de marchandises dont il chargeait des vaisseaux.

1386. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

C’était une terrible race que ces Condé ; ils n’étaient pas faciles à vivre.

1387. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Les Burgraves sont « le symbole palpitant et complet de l’expiation » ; ils posent devant les yeux de tous une « abstraction philosophique », la « grande échelle morale de la dégradation des races ».

1388. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Je n’ai pas la pédanterie de demander à Pouchkine dans quelle tribu il a vu des bohémiennes prendre leur rom parmi les Busné, c’est-à-dire un mari étranger à leur race.

1389. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Cela est possible, mais cela est difficile, parce que nous avons à vaincre une foule d’associations d’idées, qui sont le fruit d’une longue expérience personnelle et de l’expérience plus longue encore de la race.

1390. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Des générations jeunes et vives et parfois des races nouvelles viennent sans cesse lui donner de la sève, et d’ailleurs ce mal, par sa nature même, ne saurait durer plus de quelques années comme mal social.

1391. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

La race des maîtresses de roi peut donc être dite sinon finie, du moins très interrompue, et Mme de Pompadour reste à nos yeux la dernière en vue dans notre histoire et la plus brillante42.

1392. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Cet homme, qui s’est vanté depuis de n’avoir aucune affection pour les races royales, se déploya alors dans tout l’appareil de la sensibilité, se pavoisa de toutes les couleurs de l’oriflamme, pour exploiter politiquement, et au profit d’un parti, ce grand deuil monarchique.

1393. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Roger de Rabutin, a-t-il dit de lui-même, avait les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand tirant sur l’aquilin, le front avancé, le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds, déliés et clairs (tous les signes de haute et fine race).

1394. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il tâche d’élever les âmes, de les animer au bien par la grandeur des circonstances : « La France n’est point dans ce moment chargée de ses seuls intérêts ; la cause de l’Europe entière est déposée dans ses mains… On peut dire que la race humaine est maintenant occupée à faire sur nos têtes une grande expérience. » À côté de l’honneur insigne de la réussite, il déroule les suites incalculables d’un revers.

1395. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Mais à ne prendre que ces cas triomphants, et qui seuls justifient, d’un point de vue pratique, l’existence de la médecine, il apparaît que le fait de conserver dans la vie des êtres que la nature avait condamnés, et dont quelques-uns se reproduiront, a pour effet de créer, par l’hérédité, une race naturelle de malades qui ne pourront vivre qu’avec le secours de la médecine.

1396. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et nous les voyons, ces braves, risquer leurs os dans les airs pour attraper quelques bravos, nous les voyons avec je ne sais quoi de férocement curieux en même temps que de sympathiquement apitoyé, — comme si ces gens étaient de notre race, et que tous, bobêches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public… Au fait, quelqu’un a-t-il jamais vu une femme faire le saut périlleux, et la grande supériorité de l’homme serait-elle en cette seule et unique chose ?

1397. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

La tourmenter au-delà c’est la gâter et l’affaiblir ; c’est un libertinage d’esprit, qui ne procrée qu’une race dégénérée. « L’acheteur exige du bon, a-t-on dit ; il n’achète qu’à cette condition. » Mais le bon est un terme relatif : sans doute on lui vendra du passable ; mais c’est de l’excellent qu’on aurait pu lui donner, sans cette fatale nécessité d’écrire à la tâche.

1398. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Le petit chevreau, lui, est très prudent, très avisé, c’est pour cela qu’il s’est sauvé à lui-même la vie, car sa mère, en sortant, lui avait donné le mot d’ordre, le mot de passe, elle lui avait dit d’exiger le mot d’ordre de tout animal qui frapperait à la porte, et ce mot d’ordre était comme vous le savez : « Foin du loup et de sa race. » Le loup avait entendu ce mot d’ordre et il est venu le dire à la porte du chevreau.

1399. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Cette race, toute portée à l’action, se représente le roman comme une biographie.

1400. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Une seule œuvre universellement applaudie pèse d’un poids plus lourd sur les œuvres du même genre que toutes les influences de race, de moment et de milieu. […] Je veux dire par là qu’elles sont la fidèle représentation d’un état de mœurs si spécial à la race, au climat, aux circonstances historiques, au degré de civilisation de l’Espagne du xvie  siècle, qu’elles en cessent d’être intelligibles à tout lecteur qui voudrait y chercher autre chose qu’un document historique. […] C’était la philosophie de son temps, c’était alors celle de la race : prendre le temps comme il vient, les occasions comme elles s’offrent, et se consoler de l’infortune en la narguant ou en triomphant. […] Ils vous diraient volontiers que la nature aurait pu se passer de les faire naître et que les bourgeois la déshonorent. » C’est à Diderot, c’est à Rousseau que l’on fait ordinairement honneur d’avoir introduit cette peinture des « conditions médiocres » dans le roman français ; et d’avoir osé les premiers, dans la tragédie de la vie réelle, égaler les malheurs du « bourgeois » aux héroïques infortunes de la race d’Atrée et de Thyeste. […] Race de dupes, je vous le pardonne, et à ma face aussi !

1401. (1876) Romanciers contemporains

De là lutte ardente entre leur inclination et les préjugés de leur famille, entre l’entraînement du cœur et l’orgueil de la race, entre ce qui leur apparaît le bonheur et ce qui semble à leurs parents le déshonneur suprême, la honte et la ruine morale de la maison. […] Cette hautaine descendante d’ancêtres fameux a sacrifié sa vie entière à cet orgueil de race, « le plus légitime de tous, dit M.  […] Nous voulons parler du voyageur d’instinct et de race qui, dès les bancs du collège, a aspiré à traverser les mers et à aborder sur les plages lointaines, dont le cœur s’est de bonne heure laissé envahir par cette vague, indéfinie et curieuse poésie qu’on nomme la poésie de l’espace, qui était bien plus intéressé par l’entreprise des Argonautes que par les guerres du Péloponnèse, bien moins charmé par l’Iliade que par l’Odyssée, bien autrement ému par les dangers de Girard de Veer que par la résistance de Léonidas aux Thermopyles, et qui, ayant à choisir entre diverses célébrités, prise fort peu celle de Miltiade ou de Scipion et lui préfère la gloire obtenue par Christophe Colomb, Cook ou Bougainville. […] Comme ces descendants des croisés qui pactisent avec la démocratie, mais conservent la distinction de race, M.  […] Zola. « Physiologiquement, les Rougon-Macquart 19 sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms de vertus et de vices.

1402. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Veut-il bouleverser la terre et les races humaines ? […] Quelle peut donc être l’influence d’un mauvais gouvernement, pour qu’une race ingénieuse, et qui continuait à cultiver son esprit, soit descendue si bas, et ait langui si longtemps dans un marasme social qui lui ôtait la force et lui laissait l’intelligence ? […] Aussi, maintenant que le peuple grec, conquérant de son propre sol, envahit sa terre natale, comme les populations du nord envahissaient la Gaule et l’Italie, il a toute la vigueur et toute la durée d’une race nouvelle, il commence un empire. […] Les Turcs, qui le pressaient depuis trois siècles, s’agrandissaient chaque jour, et enveloppaient de toutes parts la race indigène, qui n’avait plus de patrie, mais que sa religion suivait dans son esclavage. […] Par sa mère, Byron était allié à la race des Stuarts, que ses ancêtres paternels avaient fidèlement servis ; ce nom antique, dont il était si fier, n’était pas venu sans tache jusqu’à lui.

1403. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Médiocrement intéressé par les individus, il s’attache avec passion aux questions d’espèce et de race. […] Elle impose la fidélité à celle à qui l’homme confie le dépôt de la race. […] Les empreintes de la race et de la tradition sont trop profondément marquées sur l’esprit de chaque peuple, pour qu’elles puissent s’effacer au contact des idées étrangères. […] Il sent en lui l’âme de la race. […] Émile Michelet « est un écrivain de race et une lumineuse constellation », etc., etc.

1404. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Tour à tour on le voit à l’armée du roi Édouard, gentilhomme du roi, mari d’une demoiselle de la reine, muni d’une pension, pourvu de places, député au parlement, chevalier, fondateur d’une famille qui fit fortune jusqu’à s’allier plus tard à la race royale. […] Ils ont eu des émotions fortes, parfois tendres, et les ont exprimées chacun selon le don originel de leur race, les uns par des clameurs courtes, les autres par un babil continu ; mais ils n’ont point maîtrisé ou guidé leurs impressions ; ils ont chanté ou causé, par impulsion, à l’aventure, selon la pente de leur naturel, laissant aux idées le soin de se présenter et de les conduire, et lorsqu’ils ont rencontré l’ordre, c’est sans l’avoir su ni voulu.

1405. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Ce sont deux races qui ne parlent pas la même langue. […] Les hommes et les femmes de cette famille privilégiée étaient doués d’une grâce et d’une séduction, vrai génie des races ; le malheur contre-balançait ce don.

1406. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

C’est par une ancienne constitution que les sofis sont les gardes de la personne du roi et du dehors de son palais, sans qu’il puisse entrer aucun dans leur corps, que de leur sang ou de leur race. […] Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour.

1407. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Et peut-être, quand les chemins de fer auront rapproché les races, mêlé les idées, les frontières et les drapeaux, il viendra un jour où cette religion du xixe  siècle paraîtra presque aussi étroite et petite que l’autre. […] — n’est-ce pas le style du moyen âge, le sentiment de cet art, qu’on croirait par moments n’avoir eu pour modèle qu’un peuple de figures à demi formées et comme une race de vivants embryonnaires ?

1408. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Je tombe, cet après-midi, dans une conversation de Daudet avec Finot, le directeur de la Revue des Revues, dans une conversation sur l’agonie des races, sur la mort d’un peuple, et sur le décès de sa langue, dont il ne reste plus, comme l’a dit Chateaubriand, que les mots répétés par les perroquets, sur la cime des arbres, et Finot parle de l’extinction d’une peuplade en Russie, dont il ne reste plus qu’un individu, et sur lequel un philologue a fait un gros volume. […] Lundi 9 décembre Le fils de Bleichröder, le banquier allemand, protégé par Bismarck, a été refusé en mariage par une jeune fille sans fortune, et comme la mère de la jeune fille lui demandait de réfléchir, et lui disait que la différence de religion n’avait pas l’importance qu’elle lui attribuait, la jeune fille répondait à sa mère : « Les juifs, ce n’est pas une religion, c’est une race ! 

1409. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

C’était un homme de leur race ; il ne faut pas lui demander un but ; son but, c’était son nom. […] Mes trois amis à peu près également chers étaient alors trois jeunes adolescents de la plus délicate race d’esprit et de la plus haute nature d’âme.

1410. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les gens de cette race sont par nature et par habitude des hommes intérieurs. […] Un tel théâtre peint une race et un siècle. […] Voilà l’honnête homme, œuvre de la société dans une race sociable. […] As the first has been agreed by all ages since for the greatest master in his kind, and all others of that sort have been but imitations of his original, so I think the Epistles of Phalaris to have more race, more spirit, more force of wit and genius, than any others I have ever seen, either ancient or modern.

1411. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Et il se trouve que c’est nous, maintenant, qui subissons l’influence du génie de votre race. […] J’attends, pour ma part, les meilleurs résultats de ce congrès multicolore des races dans la ville de Renan et de Meilhac, dans la cité railleuse aux boulevards illustres. […] Et ainsi la livrée d’automne est peut-être ce qui convient le mieux à ces fêtes où les races célèbrent les labeurs savants de leur maturité. […] Femmes, quand du désir il n’y sera plus traces, Et qu’alors je pourrai ne voir dans la beauté Que le dépôt en vous du moule pur des races.

1412. (1921) Esquisses critiques. Première série

Ce faisant, peut-on voir autre chose que le mal ou la honte, les conclusions peuvent-elles ne pas être empreintes de tristesse et d’amertume, et n’est-il pas naturel qu’un auteur de cette race donne pour titre Les Mépris au recueil de vers qui ouvre sa carrière ? […] Abel Hermant tient à une race de romanciers — à laquelle appartenaient aussi les naturalistes — qui se souciaient de la technique de leur art et ne négligeaient ni d’échafauder un plan ni de combiner une intrigue. […] La dilection particulière qu’il nourrit pour ce fantôme — je n’irai pas jusqu’à dire : la hantise qu’il en a — montre assez que c’est cette race d’hommes qui sollicite sa plus extrême curiosité : gens au cœur ondoyant qui les mène, sensibles qui se contiennent, esprits profondément concertés, qui abandonnent peu au hasard, mais dont cependant les calculs se trouvent déjoués par lui, intelligence limitée d’ailleurs(ce qui est singulier, car quel n’est point l’auteur qui se plaise à douer ses créatures » pour le moins, d’universel génie), toutes les grâces physiques de l’adolescence jointes à la plus complète habileté athlétique, enfin par surcroit manière exquise de tourner les billets et les madrigaux. […] Du critique de race, il a ces qualités essentielles sans lesquelles il est inutile d’étudier les travaux d’autrui : une impartialité dont la robustesse n’est pas entamée par ce qu’il a de points de vue personnels et particuliers : une justesse de jugement à peu près sans défaillance ; l’aptitude aux idées générales sans laquelle il ne saurait y avoir de largeur de vue ni de critique féconde ; l’intelligence d’autrui, la faculté d’entrer dans des sentiments étrangers, de façon à pouvoir apprécier avec rectitude ; enfin l’ample culture qu’il faut pour faire des rapprochements saisissants et pour apercevoir à première vue la généalogie insoupçonnée des ouvrages qui lui sont soumis.

1413. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

La multiplication des poètes Les lapins, race rongeuse, se multiplient avec une rapidité incroyable, les poètes se multiplient encore plus vite, et pourtant ce sont des ennemis publics, une autre race de rongeurs très envahissante qui attaque sans cesse le sentiment du vrai et du juste pour mettre à sa place, l’amour de l’ampoulé, du maniéré et du niais. […] Mais les choses se tiennent ; s’il n’y avait pas de poètes, il n’y aurait pas de primes à leur donner et naturellement l’Académie serait supprimée, car l’Académie est une institution uniquement créée pour distribuer des primes aux poètes, tant que l’Académie subsistera, il y aura des poètes… Il serait injuste cependant de ne pas dire un peu de bien de ces pauvres gens ; je crois donc les honorer aux yeux du monde en déclarant qu’ils sont, dans la vie privée, une race généralement satisfaite et gaie, cela prouve au moins qu’ils n’ont pas commis de grands crimes capables de troubler leur conscience, à moins que ce ne soit la joie de mettre tout le monde dedans. […] Il est très bon qu’il y ait des petits journaux remplis de cancans, de médisances, d’impertinences, qui se chargent de faire du bruit autour d’autrui ; et d’ailleurs c’est une race de littérateurs malheureux, la grande fraternisation des tristes natures et des médiocres intelligences, assemblée pleine de criailleries comme celle des moineaux ou des pies, picorant comme ceux-ci dans les épis d’autrui.

1414. (1932) Les idées politiques de la France

Enfin, dans un pays de peuplement et de régime aussi divers que la France, ne faut-il pas faire intervenir des questions de race, de climat, et même, comme le montrent certaines cartes de M.  […] Il semblait, d’après les têtes, qu’ils fussent ceux de deux races différentes : les premières évoquaient la sculpture sur bois du xiiie  siècle, les portraits du xive et du xve , tandis que les secondes allaient du xviiie  siècle à Daumier. […] Elle mettait fin au plus dur procès de races de l’Europe. […] L’alliance polonaise a remplacé l’alliance russe : il s’agit toujours de cette lutte de races entre Germains et Slaves, où les fatalités historiques nous engagent.

1415. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

En d’autres termes, l’instinct qui l’excite, c’est le vieil instinct de la Germanie, que Grégoire de Tours appelait, il y a quatorze siècles, une race de proie. […] D’abord, on affirme la supériorité de la race ; on vante les services qu’elle a rendus à l’univers. […] À vous trouver, vous qui êtes le fond de la race, si modérés dans l’appréciation des événements, j’ai senti que vous suiviez la route de la sagesse, la bonne route, celle où sont les poteaux du télégraphe. […] Mais, entre les races de proie et les peuples qui défendent la liberté du monde, il n’y a plus de neutres : voilà ce que Potterat nous annonce, avec sa bonhomie éloquente et persuasive. […] Et le principe des nationalités organise l’Europe souverainement, dès le jour qu’il exclut de ses bienfaits la « race de proie » qui l’a transgressé.

1416. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

C’est qu’il y a, chez Alfred de Musset, un écrivain de race tout à fait française, de la race des Molière, des La Fontaine, des Boileau, un écrivain qui a horreur de l’exagération et de l’affectation ; il a le goût de ce qui est mesuré, du bon sens, et, au milieu même des pires excentricités, il se souviendra toujours du bon sens. […] Et puis, je ne dis pas qu’il n’y ait pas une sorte de crise dans notre poésie, qu’on ne cherche pas avec une sorte de malaise quelle est la forme nouvelle qui sera celle de la poésie de demain, mais, en tout cas, on a renoncé à la chercher dans l’incompréhensible, dans l’inintelligible, et les derniers succès de la poésie chez nous, ont montré, au contraire, qu’il y a un retour vers les qualités essentielles à notre race, à savoir, la clarté, le bon sens, l’honnêteté et la délicatesse des sentiments.

1417. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Que si pourtant l’on voulait un contraste et dans l’ordre tragique également, on n’aurait qu’à se ressouvenir du vieux Crébillon, celui qui, avant Ducis, avait le plus osé en terreur sur notre scène, à se le représenter comme il était, dans sa rue des Douze-Portes au Marais, un rude vieillard aussi, gai, conteur, mais cynique ; la pipe à la bouche ; avec son entourage de femmes, de chats et de chiens ; colossal de taille, à mine de lion, mené par le nez comme un enfant ; de la race toute crue des vieux et naïfs Gaulois, et rappelant les mœurs de Mathurin Regnier !

1418. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Quelqu’un qui l’a connu me le dépeint ainsi : il était court de taille, assez gros, brun, l’air doux et affectueux ; bon, enjoué, sans ironie : on sentait en lui sa race italienne.

1419. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il en est d’aventuriers qui ne font que passer et qu’on ne revoit plus ; il en est d’autres qui fondent leur race et s’établissent.

1420. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il avait été critiqué dans l’intervalle pour son Illustration par ceux de l’ancienne école, notamment par Charles Fontaine, et, dans une nouvelle Préface, mise en tête du Recueil augmenté, il répondait à ces rhétoriqueurs françois (comme il les appelle) avec une certaine hauteur et d’une façon dégagée qui ne messied pas au poète de race en face des pédants.

1421. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Bosc, et dont on retrouve l’expression assez peu convenable dans la Correspondance avec Bancal (page 12), n’est autre chose au fond, dans sa crudité, que ce jugement instinctif et presque invincible des esprits de race girondine sur ceux de famille doctrinaire, jugement au reste si amèrement rétorqué par ceux-ci.

1422. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Bien des erreurs et des rigueurs suivirent sans doute de si favorables commencements et compromirent les destinées finales du règne ; mais l’élan, une fois donné, suffisait à produire de merveilleux effets ; les semences jetées au vent pénétrèrent et firent leur chemin en mille sens dans les esprits ; la politesse greffée sur la science s’essaya, et l’on en eut, sous cette race des Valois, une première fleur.

1423. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

qu’on les arrête, qu’on les désarme au milieu de leur caverne, eux et toute leur race !

1424. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Or, c’est sur le terrain industriel que les nations, que les races se rencontrent aujourd’hui.

1425. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

N’y reconnaît-on pas tout de suite l’artiste savant et le poète de race !

1426. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Les peaux décolorées par les fards, les yeux cerclés de vert ou de bleu, les sangs pauvres et les nerfs détraqués des races vieillies, les humeurs fantasques précédant les maladies mentales, les vierges d’une perversité précoce, les vices qui s’épanouissent comme des moisissures sur le fumier des sociétés en décomposition, toutes les dépravations savantes des civilisations faisandées, ont naturellement la séduction des choses rares pour le décadent qu’horrifient les simples amours comprises de tout le monde.

1427. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Les joies de l’art sont rares et austères ; ce n’est que le plus noble de tous les travaux imposés à la race d’Adam.

1428. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Déjà, dans René, Chateaubriand avait dit des poètes : — « Ces chantres sont de race divine : ils possèdent le seul talent incontestable dont le ciel ait fait présent à la terre.

1429. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ils se sont plu à retracer à la génération actuelle, sous mille formes diverses, quelle avait été l’énergie de ses ancêtres : et cette génération, qui recueillait dans le calme le bénéfice de cette énergie qu’elle avait perdue, contemplait avec curiosité, dans l’histoire et sur la scène, les hommes des temps passés, dont la force, la détermination, l’activité, le courage, revêtaient, aux yeux d’une race affaiblie, les annales germaniques de tout le charme du merveilleux.

1430. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Les monstruosités sont fixes. 2° Le normal et l’anormal varient avec les races, dit-on, tandis que la distinction du physiologique et du pathologique est valable pour tout le genus homo.

1431. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Le cercle d’observation naturaliste s’arrête volontiers à l’enceinte des fortifications ; ses romanciers n’ont guère regardé, et le plus souvent ne paraissent même pas soupçonner, les millions d’êtres qui au-delà labourent, sèment et récoltent, et qui sont en réalité le vrai peuple français, le fond solide où sans cesse la race se renouvelle.

1432. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

“A la fin de la premiere race, il y avoit encore plus du tiers des François plongés dans les ténebres de l’idolâtrie.

1433. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Cette race des Borgia, que l’obésité envahissait avec l’âge, était superbe dans la première sève de la jeunesse. […] Et quand le peuple qui a fait la Bible s’évanouirait, race et culte, sans laisser de trace visible de son passage sur la terre, son empreinte serait au plus profond du cœur des générations qui n’en sauront rien, peut-être, mais qui vivront de ce qu’il a mis en elles. […] Issu d’une forte race de montagnards, nourri dans l’âpre et belle vallée du Grésivaudan, on a cru reconnaître en lui ce vieux génie dauphinois, si tenace, si positif, si laborieux, si courageux dans la lutte. […] Élevée dans les mœurs et dans les arts helléniques, elle avait la grâce, le bien dire, l’élégante familiarité, l’audace ingénieuse de sa race. […] Si, comme je le crois, l’Iliade et surtout l’Odyssée sont un assemblage de contes populaires, de mythes enfantins, et, pour parler le langage des traditionnistes, de Mærchen, si, pour le fond, ces deux poèmes relèvent du folk-lore, ils n’en sont pas moins les monuments les plus sacrés de la poésie de nos races.

1434. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

À vrai dire, derrière la forme française copiée dans les poèmes allemands on entrevoit pour ces thèmes une forme primitive bien plus ancienne, mais elle n’est pas germanique, elle est celtique, elle est née dans cette race poétique par excellence, dont faisaient partie les Gaulois, nos pères, à laquelle appartiennent aujourd’hui les Irlandais, les Gaëls d’Écosse, les Gallois d’Angleterre et les Bretons de France. C’est dans l’imagination rêveuse, mélancolique et passionnée de cette race que se sont élaborées, sinon formées, — car beaucoup d’entre elles remontent à un passé plus lointain encore, — les plus belles fictions du Moyen Âge. […] C’est ainsi que les rêves des vieux âges, passant de lieux en lieux, et de générations en générations, se colorent des pensées changeantes des époques, des races et des patries qui se les transmettent. […] C’est surtout dans la littérature écrite que notre conte, comme la plupart des récits à tendance morale, s’est transmis, en Orient aussi bien qu’en Occident ; on l’a cependant recueilli naguère à l’état de tradition orale chez les Avares, petit peuple de race tartare, aujourd’hui musulman et soumis à la Russie, qui habite la côte occidentale de la mer Caspienne, et qui est sans doute le débris, demeuré obscur, de ces fameuses hordes Avares qui firent trembler l’Europe pendant deux siècles. […] « Méchant vilain de mauvaise race. » 295.

1435. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Dans l’homme lui-même, l’atrophie des lobes cérébraux et l’absence des circonvolutions sont toujours accompagnées d’idiotisme ; « au-dessous d’un certain volume et d’un certain poids, le cerveau a nécessairement appartenu à un individu frappé d’imbécillité… » ; et d’une manière générale, si l’on compare entre elles les diverses races d’hommes, « le volume de l’encéphale est en rapport avec le degré de l’intelligence ». — Toutes ces présomptions se confirment lorsqu’on opère sur des animaux vivants ; il suffit de reprendre les expériences précédentes125 ; après qu’on a enlevé les lobes cérébraux, si l’on conserve le reste de l’encéphale, les sensations pures subsistent, comme on l’a vu ; mais elles subsistent seules. […] Broca, Sur le volume et la forme du cerveau, suivant les individus et suivant les races. — Paris, 1861.

1436. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Caractères généraux des individus d’une époque, d’une nation ou d’une race. — La psychologie. — Caractères généraux des éléments de la connaissance. — Tous ces caractères généraux sont des intermédiaires explicatifs. — Ils sont d’autant plus explicatifs qu’ils appartiennent à des facteurs primitifs plus généraux et plus simples. — L’explication s’arrête quand nous arrivons à des facteurs primitifs que nous ne pouvons ni observer ni conjecturer. — Limites actuelles de la physiologie, de la physique et de la chimie. — Par-delà les facteurs connus, les facteurs inconnus plus simples peuvent avoir des propriétés différentes ou les mêmes. — Selon que l’une ou l’autre de ces hypothèses est vraie, l’explication a des limites ou n’en a pas. […] C’est ainsi que depuis quinze ans l’on a retrouvé les traces et marqué les progrès successifs de la race humaine qui a précédé notre époque géologique ; et une loi toute récente, celle de la conservation de la force, dérive par transformation toutes les forces actuelles des forces primitives que la nébuleuse de Laplace enfermait à son plus ancien état120.

1437. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Samedi 4 juillet Un blagueur de toute croyance, de toute conviction, de tout dévouement, et apportant dans son irrespect une ironie du ruisseau, l’ironie toute personnelle à la race parisienne, à l’homme né à Paris, ce blagueur, pendant que je le voyais dire ses voyouteries, me faisait revenir sous les yeux, la belle composition de Prud’hon, qui représente Cérès dans la recherche de sa fille, changeant en lézard, le jeune Stellion se moquant de l’avidité de la faim de la déesse, en train de courir la Terre et les Enfers : — car c’était curieux, il y avait dans la bouche du blagueur, la même déformation que montre celle de Stellion, dans l’estampe de Copia. […] Et puis des changements : l’amour de la jeune belle-sœur allant à Roumestan par une affinité de race, et comme fin, l’épouse après avoir pardonné, mourant de sa blessure.

1438. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Samedi 29 décembre Incontestablement ce n’est pas seulement la langue de la grande Adèle, qui choque le public petit bourgeois, la langue de Mlle de Varandeuil produit peut-être un effet pire, chez les gens qui ne sortent pas d’une famille noble, qui n’ont pas entendu la langue, trivialement colorée, des vieilles femmes de race du temps. […] Et comme il me revient, dans la parole, quelque chose de mes pensées du matin, sur la jeunesse actuelle, Daudet me dit que c’est la génération des instinctifs, des êtres de la race canine, qui lorsqu’ils ont trouvé un os, vont le manger dans un coin, et n’ont pas la solidarité des générations précédentes, et sont le plus beau triomphe de la personnalité et de l’égoïsme.

1439. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

On le loue d’avoir débrouillé les deux premieres races de nos Rois, & on le blâme d’avoir montré de la partialité sur la fin de la troisiéme. […] Les deux derniers regnes fournissent plus de matiere que les deux premieres races.”

1440. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Dans une telle comédie, les fatalités de la méchanceté humaine sont aux prises sous les espèces les plus générales, sous la forme des races. […] Il y avait Henri Mannbm et Thomas Mann, qui, vers 1905, étaient les deux rnaîtres du roman, chacun venant d’un sens opposé : celui-ci, le constructeur de grands édifices tels les « Buddenbrocks », œuvre historique de la vieille race prussienne.

1441. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

On peut démêler l’esprit d’un temps ; on peut même, quoique ce soit déjà bien difficile et bien audacieux, démêler l’esprit général d’une race. […] — Le Breton est entêté, quand il n’est pas mêlé de Gascon, quand il est de race pure et intacte. On dit, pour se moquer de la théorie de la race, qu’il n’y a pas de ressemblances très saisissables entre Lesage, Duclos et Chateaubriand, et il faut confesser qu’on a raison. […] à ceux que, à cause de leur tournure d’esprit, de leur tempérament et de leur race, la première réformation n’avait pas tentés. […] Et quelle apparence qu’une race animale doive reproduire en son processus celui de la planète sur laquelle elle vit ?

1442. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Fontanes, à son heure, en était le souverain et voluptueux représentant ; Daunou aussi, quoique infiniment plus travailleur, n’en sortit guère ; nous tons de race gallicane plus ou moins pure, nous en tenons plus ou moins : nous nous lassons vite, nous goûtons, nous effleurons, nous devinons ; il est rare que nous possédions à fond et en maîtres ce qui n’est pas nôtre. — Ô Taine !

1443. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Passez, tribuns d’hier, orateurs des banquets ; Passez, la bouche close, en habits de laquais ; Passez, nobles de race, admis à la curée, Par amour du galon prêts à toute livrée ; Prétoriens, bourgeois à barbe de sapeur, Qui sauvez votre caisse et gardez votre peur ; Passez, tous les forfaits et tous les ridicules… Vous n’esquiverez pas le glaive ou les férules ; Je vous laisse en pâture au lion irrité.

1444. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Voyez ce collègue, rejetant le fardeau sur Sénèque, et éludant la réponse par un renseignement sur l’esprit des troupes trop attachées à la race de Germanicus.

1445. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Je le répète, mes traditions de famille m’avaient fait une seconde nature de mon attachement à la royauté séculaire de la France, aux vertus si mal récompensées de l’honnête Louis XVI, aux malheurs de sa race, à la haute et sage modération de Louis XVIII, ce roi conciliateur de la royauté et de la liberté par la charte, même au caractère chevaleresque de Charles X, tombé dans une faute, mais laissant après lui un enfant de la couronne innocent par son âge du coup d’État qui lui avait enlevé sa patrie.

1446. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Il est responsable par sa race.

1447. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

” « La trompette, sept fois sonnant dans les nuées, « Poussera jusqu’à lui, pâles, exténuées, « Les races à grands flots se heurtant dans la nuit ; « Jésus appellera sa mère virginale ; « Et la porte céleste, et la porte infernale,         « S’ouvriront ensemble avec bruit !

1448. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

À cette époque percent çà et là quelques mots qui font entrevoir un goût naissant, mais caché, pour un ami de son frère, M. d’Aurevilly, homme de même race, qui lui donne de temps en temps des nouvelles de son frère et qu’elle semble aimer par reconnaissance.

1449. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Race éminemment politique qui tient à l’État sans être l’État lui-même, qui se dévoue sans retour à ses fonctions préparatoires, qui se retire de ses emplois sans les compromettre ou qui les continue, et qui peut même se marier avant d’en avoir fait les vœux, sans préjudice pour l’Église ou eux-mêmes.

1450. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

C’était une des plus belles jeunes filles des Alpes du midi qui eût jamais ravi mes yeux ; je n’ai retrouvé cette beauté accomplie, à la fois idéale et incarnée, que dans la race grecque ionienne, sur la côte de Syrie.

1451. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Celle-là, poursuivit-il en passant devant la loge silencieuse d’une pauvre jeune femme en costume de montagnarde, qui allaitait un petit enfant tout près des barreaux, celle-là est bien de la mauvaise race des Maremmes de Sienne, dont les familles récoltent plus sur les grandes routes que dans les sillons ; cependant l’enfant ne peut faire que ce que son père lui a appris.

1452. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Bossuet prend pour borne milliaire de la route infinie des siècles un rocher stérile de Sion ; la famille humaine n’est que la race de Melchisédech.

1453. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

N’oublions pas cette origine et cette parenté : Despréaux, noble homme, ayant des armes, ne payait pas la taille, et il pouvait lui importer d’être reconnu par d’Hozier ; mais notre Despréaux, celui qui a fait les Satires et l’Art poétique, est tout bourgeois de race et d’âme, bourgeois comme les auteurs de la Ménippée, bourgeois comme La Bruyère et comme M. de Voltaire.

1454. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

L’insurgé Marius, fils d’un soldat de l’empire, race de bourgeois, c’est bien visiblement le fils du général comte Hugo, le pair de France de Louis-Philippe, qui est allé au peuple, et qui s’est fait le serviteur glorieux de la démocratie.

1455. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Les magnifiques lamentations de la race humaine, l’éveil de la mémoire et de la pitié de Faustus au bruit de cette plainte qui passe, la scène où, assis près de Stella, il cherche au firmament son ancienne patrie, la terre ;      (Je me rappelle cet enfer…      Et cependant je l’aime encore Pour ses fragiles fleurs dont l’éclat m’était cher, Pour tes sœurs dont le front en passant le décore.

1456. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Même dans les parties de son œuvre où la critique historique conteste si justement sa théorie sur les luttes des races, ce style soutient les pages contestées.

1457. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Richard Wagner est essentiellement et supérieurement de sa terre et de sa race.

1458. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Son œuvre, close encore naguère à notre intelligence par une barrière de sottes admirations, est aujourd’hui, pour les races érudites qui la considèrent, un très louable effort à restituer la passion collective de bruyantes âmes parisiennes.

1459. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Dans la Saga de Sigurd telle qu’au commencement du siècle les habitants des îles Feroë avaient encore coutume de la chanter, Siegmund est tué par le fils (l’un guerrier nommé Hunding ; sa femme Hioerdis reçoit du héros mourant les deux morceaux de l’épée brisée au combat : « Dans ton sein, dit Siegmund, tu portes un fils de héros, l’espérance de ma race.

1460. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

La physiologie nous dit que toujours et nécessairement la race hérite de l’organisation des parents ; et que si l’organisation est héritée, il en est de même des tendances et des aptitudes.

1461. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Il appartient à une race merveilleusement douée et merveilleusement belle chez ceux de ses fils qui ont la force et la noblesse.

1462. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

C’est encore un type de fine race que celui de Raymond de Nanjac, ce soldat, crédule comme un enfant et pur comme une vierge, qui rapporte de l’Afrique guerrière un nom sans tache, une fierté d’Arabe, une loyauté de gentilhomme, une vie épargnée par les balles, un honneur intact, comme le drapeau de son régiment… tout cela pour le jeter aux pieds d’une femme perdue qui se joue et trafique, comme d’une pacotille, de ces saints trésors.

1463. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Ribot a dit avec raison que les réflexes purement mécaniques expriment moins l’activité individuelle que celle de la race.

1464. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Autrefois, en Europe, quand une vieille population d’une aimable contrée était convenablement anémiée, il lui tombait du Nord sur le dos des bougres de six pieds qui refaçonnaient la race.

1465. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Pour le livre que je rêvais, il eût peut-être été préférable d’avoir pour modèle une jeune fille du faubourg Saint-Germain, dont l’affinement et les sélections de race, les traditions de famille, les aristocratiques relations, l’air ambiant même du faubourg qu’elle habite, auraient doté mon roman d’un type à la distinction plus profondément ancrée dans les veines, à la distinction perfectionnée par plusieurs générations.

1466. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

On peut noter des vers comme ceux-ci : Nous sommes les passants, les foules et les races :  Nous sentons frissonnants des souffles sur nos faces ;  Nous sommes le gouffre agité.

1467. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Lorsque Prométhée eut créé la race humaine, les dieux, voyant des êtres semblables à eux, n’en eurent pas peur précisément, mais eurent de l’envie à leur égard et leur envoyèrent la maladie.

1468. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Il le fit lui-même joueur, débauché, buveur et prodigue, dépensier à jeter des milliers de guinées par les fenêtres avant ses vingt ans, et il lui paya trente chevaux de race à la fois que montait sur le turf le jeune effréné pour gagner des paris ruineux, et qui par deux fois le ruinèrent… Fox fut par ses mœurs, dans un temps qui avait cessé d’être puritain, le plus retentissant scandale de l’Angleterre.

1469. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Ernest Feydeau, est un jeune homme fatal, comme toute la race d’où il vient, qui raconte à la première personne les malheurs de sa vie jusqu’à sa mort, que M. 

1470. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

On fait encore cette remarque, que ces petits hommes sont, en général, fort sensuels, que nos mousmés leur plaisent infiniment, et que beaucoup s’en retournent à moitié crevés dans le pays des kakémonos et des maisons en papier ; mais cela n’est pas non plus un trait caractéristique d’une race. […] Poupées si vides, si pauvrement conscientes et d’une vie sentimentale si bornée, que Loti lui-même, l’universel amoureux, le souple don Juan du Tour du Monde, le délicieux meurtrier d’Aziyadé, de Rarahu et de Fatou-Gaye, n’a pu réussir à aimer Chrysanthème, à être troublé, fût-ce un instant, par ses grâces menues, mignardes et sèches. — Et, comme toute race a ses dieux, ces poupées ont les leurs, qui sont des dieux de petits enfants, des Croquemitaines bizarres dont elles ont vaguement peur. […] Je me figure qu’ils en resteront toujours où ils en sont ; que, si quelque œuvre mystérieuse et divine s’élabore ici-bas, ce ne sera jamais par eux ; que cette race n’aura été sur notre planète qu’une floraison superflue ; et qu’enfin, s’il y a un plan et un dessein de l’Univers, le Japon n’aura servi qu’à rajeunir et varier chez nous l’art de l’ameublement, et que là est sa seule raison d’être… Je ne vous livre, bien entendu, qu’une impression ; mais que puis-je faire autre chose ? […] si j’avais un jour en route ramassé Quelque enfant oublié sur le bord d’un fossé, Pour lui donner mes biens et le nom de ma race ; Si c’était cet enfant qui fût à cette place, Je me dirais : « C’est un vieil instinct renaissant, Mais cette abjection ne sort pas de mon sang ! […] De l’instinct de conservation elle dégage en nous l’héroïsme par le sentiment très net d’une solidarité de destinée avec les hommes de notre race.

1471. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Écoutez-la, dans ces beaux vers de notre Delille : « ……………… Ô race ausonienne ! […] C’est donc une première preuve de génie donnée par le poète que de choisir une action digne d’exciter l’étonnement dans tous les lieux et dans tous les âges, et de n’emboucher la trompette de Calliope que pour célébrer un fait recommandable à la mémoire de la race humaine entière. […] Puisée dans la plus antique des traditions, elle répand son intérêt sur l’universalité des hommes : la curiosité qui les pousse à sonder le passé le plus reculé n’est pas moins pressante en eux que le besoin inquiet de pénétrer un avenir infini : depuis que la race humaine respire, elle chercha toujours à marquer son époque originelle dans l’éternité ; et la mesure des temps limités que nous parcourons nous incite à remonter sans cesse vers un instant précis de notre formation. […] Je les avertirais volontiers que les familles d’immortels vieillissent et passent comme les races humaines, et que les druides de notre Gaule n’encensaient pas le Jésus de nos prêtres. ; mais ne diraient-elles pas de celui qui leur tiendrait ce langage ?

1472. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Cette « race rêveuse » de Bretagne ne perd pas toujours son temps. […] Le Braz, qui sait son affaire, nous en avertit — dans les idées que nous nous faisons de la race armoricaine. […] C’est égal, la destinée littéraire de cette race est bien curieuse. […] Les éminentes qualités dramatiques de la race armoricaine ne lui ont servi qu’à goûter le théâtre des Français et à le traduire avec amour et à le conserver avec passion. […] Les aiglons généreux et dignes de leurs races A peine encore éclos, voleront sur nos traces !

1473. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Je ne me hasarderai pas à donner les traits qui définissent le mieux le génie natif de cette, race lyonnaise dont nous avons connu des représentants diversement distingués ; mais assurément un même caractère provincial leur demeure attaché à tous : ce caractère porte avec lui un certain fonds de croyances, de sentiments, d’habitudes morales, de patriotisme local, de religiosité et d’affectuosité (si je puis dire), qui se maintient au milieu de l’effacement ou du dessèchement trop général des âmes. […] Rappelez-moi au souvenir de Mme Julie. » Est-il besoin de faire remarquer, dans la sortie du duc de Rovigo, son étrange théorie physiologique et historique sur la race prussienne ?

1474. (1927) André Gide pp. 8-126

Au dernier moment, elle a eu une faiblesse inexplicable : elle s’est confessée à Gratien, vieux domestique fanatiquement dévoué à la race des Saint-Audéol, et ce Caleb du Calvados a tué d’un coup de fusil le malencontreux vicomte. […] Et Matthieu lui-même n’abonde-t-il pas en anathèmes contre les races de vipères et les sépulcres blanchis, en menaces de ténèbres extérieures, de pleurs et de grincements de dents ?

1475. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Comme elles vivent, comme elles parlent, comme elles sont des raccourcis de personnes qu’on devine, qu’on voit, qu’on aime, ces mains de race, cambrées, arquées, et colères, et languides, et voluptueuses ; ces mains de malade et d’artiste, d’élégance capricieuse, tourmentée, presque diabolique ; vraies mains de violoniste, pleines d’âme, fines, longuettes, spirituelles, frémissantes comme des cordes de guitare ; — les mains que Watteau seul a pu peindre, sur le papier d’une feuille d’étude, avec de la sanguine et du crayon noir. […] L’Italienne est gracieusement sculpturale, et montre dans son droit profil et sa fine nuque de bronze florentin, une distinction de race, le style de ces campagnardes étrusques, où reste comme la marque d’un grand passé : femmes qui, tout peuple qu’elles sont, restent des reines de nature.

1476. (1864) Le roman contemporain

Le portrait de la grande Renée, de ce dernier reste d’une race héroïque moissonnée par la révolution, et qui veut demeurer jusqu’au bout fidèle aux tombeaux de ceux qu’elle a aimés, tourne à la caricature. […] Ce grand banquier a fait la fortune de la famille, comme le dit avec une emphase respectueuse, une crainte admirative, son vieux domestique, aux yeux duquel il apparaît avec le prestige d’un fondateur de race ; c’est un Charlemagne de la finance, un Napoléon du coffre-fort, qui tient tout courbé autour de lui sous la terreur et sous le despotisme de ses volontés, sans abdiquer pour cela ses prétentions à la bonhomie et à la bonne renommée des vertus patriarcales.

1477. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Pendant que je m’installai dans le salon demi-réfectoire, demi-dortoir, du chief-cabin, plusieurs Anglais entourent la table à manger et s’y font servir les productions les plus variées de la race porcine. […] Les uns effaçaient les initiales gravées sur les bijoux, les autres tondaient les chiens volés dans les parcs, pour en métamorphoser la race. […] Je fus heureusement sorti d’embarras par l’obligeance du docteur Verdé-Delisle, qui vient de mettre tout le monde médical en émoi, par la publication d’un livre contre la vaccine, à laquelle il attribue l’abâtardissement de la race moderne en Europe. […] Toute la population de Londres émigre dans les environs ; aussi, après les offices, tous les pauvres abandonnent-ils les églises pour se réunir aux stations de chemins de fer ou de bateaux vapeur. — Gavarni nous a initiés à ces types de gueuserie, où toutes les races soumises à la domination anglaise ont leurs représentants, depuis l’Irlandais, fils de la famine, jusqu’à l’Indien, fils du soleil.

1478. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

On pourrait naturellement rappeler aussi, à côté d’Éloa, l’Endymion de Girodet, de ce peintre ami de notre poëte, et comme lui de la race de ceux qui se tourmentent eux-mêmes.

1479. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand’mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre,) ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie flandre.

1480. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Prince épuisé et dépopularisé par quatre ans de lutte inégale avec la nation, livré vingt fois à la merci du peuple, sans crédit sur les soldats ; caractère dont on avait si souvent sondé la témérité et l’indécision, descendu d’humiliation en humiliation et degré par degré du haut de son trône dans la prison, Louis XVI était l’unique prince de sa race à qui il ne fût pas possible de songer à régner.

1481. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Cette image de l’indigence et de la proscription de sa race le frappa plus que la hache du bourreau.

1482. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Ils reconnurent le mystère, mais ils ne le comprirent pas ; et les ténèbres renaquirent où les premières races de cette humanité mystérieuse avaient vu le jour du ciel dans la sainteté des fils aînés de Dieu.

1483. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Des bras arrondis, charnus, rappelaient la vigueur paysanesque des montagnards de sa patrie ; la gorge était riche ; la taille, massive sans flexibilité et sans affaissement, avait trop d’aplomb pour le poids d’une femme ; sa stature courte et virile ne donnait ni élégance ni noblesse de race à sa personne.

1484. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

D’où vient cependant que Froissart, si étranger aux haines de race, ne puisse souffrir les Allemands ?

1485. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Simple Tourangeau, fils d’une race sensée, modérée et railleuse, avec le pli de vingt années d’habitudes classiques et un incurable besoin de clarté dans le discours, je suis trop mal préparé pour entendre leur évangile.

1486. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Nous sommes les fils d’une race de héros.

1487. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

L’homme, avec ses yeux lumineux, le poli de marbre de la chair de sa figure, sa bouche sarcastique, ressemble beaucoup à un prélat de race supérieure, à un prélat romain.

1488. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Un vautour qui saisit, malgré sa course, une hase pleine, et qui s’en repaît, « mange toute une race arrêtée en sa fuite ».

1489. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

La race de l’ancien serpent rampe meurtrie dans les allées, et, au milieu, l’arbre de la science pousse un dernier jet qui jaillit par miracle de son tronc foudroyé.

1490. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Il était pourtant de la race des ennemis de Dieu.

1491. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Je sais bien que lord Chesterfield, ce vieux damoiseau du xviiie  siècle, avec sa manière de concevoir la vie élégante de son temps (car il n’y a pas de vie élégante absolue), a fait plus d’une fois sourire la race orgueilleuse de ces « Beaux » de l’époque du prince de Galles et de Brummell, qui cherchèrent et trouvèrent leur expression littéraire dans les premiers romans de Bulwer.

1492. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Trois vices capables de détruire la race humaine produisent la félicité publique.

1493. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Voici maintenant les imprécations de Lélia : « Quel œil paternel était donc ouvert sur la race humaine, le jour où elle imagina de se scinder elle-même en plaçant un sexe sous la domination de l’autre ? […] Dans un pays d’aristocratie puissante, comme l’Angleterre, où la terre est concentrée dans les mains d’un petit nombre de familles, où cette constitution féodale de la propriété terrienne est encore en partie l’œuvre d’une conquête relativement récente, on comprendrait au moins comme plausible, et malgré les réserves qu’il y faudrait introduire, une pareille théorie prêchée aux descendants de la race saxonne. […] race impitoyable ! […] Rappelons seulement que, dans le plan de l’écrivain, Les Mystères du Peuple sont la prétendue histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges, depuis l’ère chrétienne jusqu’à nos jours : lamentable légende des souffrances endurées par cette partie de la nation qui, sous les noms divers de race conquise, d’esclaves, de serfs, de prolétaires, a dans tous les siècles porté le joug de la violence et de la ruse. […] Malheur aux races qui naissent vieilles de cœur et d’esprit, et qui à la place des aspirations généreuses ont mis les calculs de l’égoïsme et l’adoration du veau d’or !

1494. (1927) Approximations. Deuxième série

Le style de Stendhal, c’est l’action d’un cheval de race : ses écarts sont les écarts d’un pur sang ombrageux. […] Si chez Strachey le fond premier semble la disposition de l’historien, la curiosité complexe et cependant agile, aux insinuations balancées, est celle d’un biographe de race. « Les êtres humains, dit-il, sont trop importants pour qu’on ne les traite que comme des symptômes du passé. […] Parce que les effets du peintre sont des effets dans l’espace, le peintre peut non seulement se permettre ce mouvement de la forme, mais y trouver un incomparable rehaut : la façon dont imperceptiblement une de ces figures a l’air de bouger est parfois chez lui l’indice même de la race : songez aux sanguines de Watteau. […] Ailleurs, dans le corps d’un paragraphe, ces à-coup dédaigneux (quel style eut jamais tant de race !) […] Cependant il n’appartient pas à la race de ceux qui, comme le camarade qu’il est allé retrouver, partent pour toujours : l’idée du retour l’aiguille, l’idée de reprendre sa place dès qu’à ses propres yeux il pourra vraiment la considérer comme sienne.

1495. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

En effet, c’est là que nous trouverons les différences dues aux influences de l’âge, du sexe, de l’espèce, de la race, de l’état d’abstinence ou de digestion, etc. […] Dans la même espèce animale les races peuvent encore présenter un certain nombre de différences très intéressantes à connaître pour l’expérimentateur. J’ai constaté, dans les diverses races de chiens et de chevaux, des caractères physiologiques tout à fait particuliers qui sont relatifs à des degrés différents dans les propriétés de certains éléments histologiques particulièrement du système nerveux. Enfin on peut trouver chez des individus de la même race des particularités physiologiques qui tiennent encore à des variations spéciales de propriétés dans certains éléments histologiques. […] Or, l’étude expérimentale de ces diversités peut selon nous donner l’explication des différences individuelles que l’on observe chez l’homme, soit dans les différentes races, soit chez les individus d’une même race, et que les médecins appellent des prédispositions ou des idiosyncrasies.

1496. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

. — Seulement, c’est ce que la race française, pour s’en tenir à elle, avait presque complètement abandonné au xviiie  siècle. […] Elle se transforme. — Il nous faut ici quelque chose qui ressemble à l’éternité, une hérédité, une race, un nom qui se transmette indéfiniment, une famille qui soit le symbole de la perpétuité de la nation. […] Comme toute loi est nulle dont on coudoie les auteurs, toute race gouvernante est caduque dont on connaît l’origine ; il faut que ses commencements se perdent, au moins pour la foule, dans la nuit des légendes. […] La royauté, âme de la nation, volonté nationale prenant conscience d’elle-même dans un homme et dans une race, et poursuivant par cette race le dessein obscur du peuple ; l’unité nationale réalisée, maintenue, renforcée, défendue par une famille ; et un homme étant l’État parce que l’État s’est peu à peu ramassé dans un homme : tout cela, c’est la royauté française. […] Point de rêveries féodales, si fréquentes en son temps, point d’idéal de la vieille France placé dans les temps de la première ou de la seconde race.

1497. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Je mis pied à terre chez le starosta, Poléka fin et rusé, de cette race de gens dont on dit en Russie qu’ils voient à plusieurs archines sous terre. […] Admirateur passionné de Bach et de Hændel, artiste dans l’âme, doué de cette vivacité d’imagination et de cette hardiesse de pensée qui n’appartiennent qu’à la race germanique, Lemm aurait pu, — qui sait ?

1498. (1925) Portraits et souvenirs

Descendant d’une antique race, né d’aïeux illustres, il se sentait comme leur débiteur du nom qu’ils lui avaient légué et dont il leur devait d’accroître à son tour la célébrité, et il rêvait d’ajouter à la main du dextrochère héraldique qui compose les armoiries de sa maison, cette plume de fer dont parle Alfred de Vigny et qui n’est point « sans beauté ». […] En aidant de jeunes intelligences à se débrouiller, à se former, à s’éclairer, ce n’est pas seulement une tâche vénale dont il s’acquitte, mais une œuvre indispensable et fécondé à laquelle il participe, celle de préparer l’avenir national et de collaborer aux destinées de la race. […] C’est dans le jardin à la française tel que le conçut et l’exécuta à Versailles, aussi bien qu’en maints autres lieux, le grand André Le Nôtre, que s’exprime un des sentiments les plus personnels et les plus caractéristiques de notre race, je veux dire le goût de la mesure dans la grandeur, de l’ordre dans la hardiesse, de la perfection et de l’unité.

1499. (1911) Nos directions

— Des jambes et des cuisses pleines, aux muscles anormalement développés, soutiennent fermement, emportent, selon la miraculeuse élasticité de leurs bonds, un torse jeune, des bras souples, une large et haute encolure, un visage grave et riant, puéril et pensif, le visage même de la race slave. […] On est trop tenté de considérer les grands artistes du passé dans la brume d’or de la gloire, comme une race de demi-dieux qui exploitent à l’infini un fonds illimité, inépuisable, et qui mépriseraient, sans doute, les faiblesses de nos hommes de lettres d’aujourd’hui. S’il exista de ces héros en lesquels il semble que la mort seule ait pu figer l’irrésistible montée de la sève, le flux des mots, des formes, des idées, (tel un Shakespeare, tel un Beethoven, tels même un Hugo, un Corneille…) plus je lis Racine, plus je me rends compte qu’il n’est pas né de cette race-là. […] Chaque pièce a son atmosphère — et l’atmosphère à la fois âpre et molle, voile d’une forte race à son déclin, qui entoure Britannicus, n’est point celle de Bajazet si singulièrement orientale. — Dire qu’on a parlé de Versailles !

1500. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Espérons que nous en avons fini de ces usurpations, de ces conspirations sourdes et malignes, de ces menaces intestines à la loyauté, à la franchise héréditaire de notre pays et de notre race, et que, si elles étaient tentées de recommencer sous un Napoléon, elles seraient arrêtées à temps.

1501. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

La nature, qui a ses saisons de fécondité morale comme la terre a ses saisons de sève et de fertilité matérielles, semblait avoir enfanté en peu d’années une race de géants pour l’Allemagne.

1502. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le jeune Darnley, fils du comte Lenox, exclurait les princes étrangers dont la domination menacerait l’indépendance de l’Écosse et plus tard peut-être de l’Angleterre ; il donnerait à la reine un gage de bonne harmonie intérieure et de foi commune au catholicisme ; il plairait aux Anglais, car sa maison avait des biens immenses en Angleterre et habitait Londres ; enfin, il conviendrait aux Écossais, car il était Écossais de sang et de race, et les nobles d’Écosse se surbordonneraient plus volontiers à un de leurs plus grands compatriotes qu’à un Anglais ou à un étranger.

1503. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Notre vie mondaine eut pour principe une chose excellente, la sociabilité des intelligences : et c’est par là qu’elle représente quelque chose de profond et l’un des caractères constitutifs de la race.

1504. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Tout ce qui choquait la délicatesse de Lamotte, discours des personnages, éloges qu’ils font de leur race et d’eux-mêmes, défis qu’ils échangent avant le combat, insultes du vainqueur à l’ennemi mort, allocutions des guerriers à leurs chevaux, tous ces premiers mouvements des passions humaines, que la science de la vie civile nous apprend à comprimer et à cacher, tout cela charmait un Racine, un Bossuet, un Fénelon, un Rollin ; tout cela leur paraissait aussi conforme à la nature qu’à la raison.

1505. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Mais des pratiques bien diverses et qu’il est habituel de juger répugnantes ou stupides si on ne les pratique pas — et même parfois si on les pratique — la polygamie ou la monogamie, l’inceste ou la prohibition du mariage entre parents, des habitudes particulières de prendre certains aliments ou de s’en abstenir, peuvent parfaitement être bonnes ou mauvaises selon le temps et le lieu, le climat, la race, la nature des hommes et des groupements sociaux.

1506. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le va-et-vient d’un peuple à l’autre prépare et opère en partie la fusion des races.

1507. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Son œuvre porte donc l’empreinte exagérée des qualités et des défauts de la race germanique.

1508. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Sans doute le sujet déjà adulte et héritier de toute une race ne parle plus ainsi ; mais la pensée scientifique, comme tout autre mode d’activité mentale, n’en fut pas moins à l’origine inséparable du mouvement, et du mouvement musculaire ; or, qu’est-ce que le mouvement, sinon l’acte par lequel la volonté cherche instinctivement à satisfaire un besoin éveillé par une sensation ?

1509. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Dimanche 5 mars Aujourd’hui Tourguéneff est entré chez Flaubert, en disant : « Je n’ai jamais si bien vu qu’hier, combien les races sont différentes : ça m’a fait rêver toute la nuit… Nous sommes cependant, n’est-ce pas, nous, des gens du même métier, des gens de plume… Eh bien, hier, dans Madame Caverlet, quand le jeune homme a dit à l’amant de sa mère qui allait embrasser sa sœur : « Je vous défends d’embrasser cette jeune fille. » Eh bien, j’ai éprouvé un mouvement de répulsion, et il y aurait eu cinq cents Russes dans la salle, qu’ils auraient éprouvé le même sentiment… et Flaubert, et les gens qui étaient dans la loge, ne l’ont pas éprouvé ce moment de répulsion… J’ai beaucoup réfléchi dans la nuit… Oui, vous êtes bien des latins, il y a chez vous du romain et de sa religion du droit, en un mot, vous êtes des hommes de la loi… Nous, nous ne sommes pas ainsi… Comment dire cela ?

1510. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire !

1511. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

… Ces inventions de nos Muses tardives N’empêcheront jamais les races maladives De rendre à la jeunesse un hommage profond, dit-il en des vers remarquablement plats. […] Si nous remontons aux sources, il continue l’état d’esprit qui naquit dans l’humanité lorsqu’il s’agit pour les Grecs d’Alexandrie d’expliquer la mythologie spontanée de leur race comme une enveloppe de vérités idéales, et qu’ensuite Alexandrie, métropole intellectuelle du christianisme, légua à la religion nouvelle comme une clef précieuse qui permît de faire concorder les deux Testaments chacun à chacun, l’ensemble des deux avec la sagesse grecque. […] Au regard d’un idéaliste de race, tout ce que l’argent permet, tout ce à quoi l’argent suffit, garde une tare. […] Avec sa forme brisée, rebelle à la majesté périodique, la phrase mallarméenne reproduit ces morceaux de verre irréguliers, éclatants, puis pris dans une armature de plomb et de pierre (enveloppante et à laquelle je voudrais réserver le sens original de périphrase) collaborent entre eux dans le tableau, collaborent avec la lumière pour transfigurer la clarté (calvinistes, chanoines du xviiie  siècle ou jacobins, dont une critique maintient la race, disaient barbouiller ou obscurcir). […] Il eut plus que personne « le culte du vocable… lequel n’est, en dehors de toute doctrine, que la glorification de l’intimité même de la race, en sa fleur, le parler »161.

1512. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Parmi tant de formes voisines, on sent bien qu’il doit y en avoir une qui sera quelque jour supérieure aux autres, comme réalisant plus complètement le genre de plaisir qu’on demande au théâtre ; ou comme étant plus conforme aux exigences du milieu social, de l’esprit du temps, du génie de la race ; ou comme étant peut-être en soi capable de plus de beautés, et de beautés plus pures ou plus nobles. […] Ce sont bien les produits d’un même temps, d’une même civilisation, du génie de la même race. […] Pendant plus de cinquante ans, la conscience française, si l’on peut ainsi dire, incarnée dans le jansénisme, et rendue par lui à elle-même, a fait contre la frivolité naturelle de la race le plus grand effort qu’elle eût fait depuis les premiers temps de la réforme ou du calvinisme. […] J’aimerais autant que l’on dît que c’est l’Angleterre qui a fait la Révolution française ; et que ce qu’il y a de louable et de bon dans le long effort de l’homme qui n’en fut pas le moindre ouvrier, c’est ce qu’il doit à ses maîtres étrangers, mais que ce qu’il y a de moins bon, et même de condamnable, c’est ce qu’il y a mis de lui-même et du génie de sa race.

1513. (1885) L’Art romantique

Son père appartenait à cette race d’hommes forts dont nous avons connu les derniers dans notre enfance ; les uns fervents apôtres de Jean-Jacques, les autres disciples déterminés de Voltaire, qui ont tous collaboré, avec une égale obstination, à la Révolution française, et dont les survivants, jacobins ou cordeliers, se sont ralliés avec une parfaite bonne foi (c’est important à noter) aux intentions de Bonaparte. […] Malgré l’ampleur de sa bedaine turque, Achmet-Pacha a, dans l’attitude et le visage, le grand air aristocratique qui appartient généralement aux races dominatrices. […] Les races que notre civilisation, confuse et pervertie, traite volontiers de sauvages, avec un orgueil et une fatuité tout à fait risibles, comprennent, aussi bien que l’enfant, la haute spiritualité de la toilette. […] D’ailleurs, dans la collection de ses œuvres comme dans le fourmillement de la vie humaine, les différences de caste et de race, sous quelque appareil de luxe que les sujets se présentent, sautent immédiatement à l’œil du spectateur. […] Les nations et les races se transmettent-elles des fables, comme les hommes se lèguent des héritages, des patrimoines ou des secrets scientifiques ?

1514. (1902) La poésie nouvelle

L’air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront… Je reviendrai avec des membres de fer, la peau sombre, l’œil furieux : sur mon masque, on me jugera d’une race forte… »‌ Espère-t-il se régénérer et s’ennoblir par l’action ? […] Surtout, manquant d’une connaissance approfondie des traditions de la langue, ils constituèrent « une syntaxe décousue, je dirai sans race ». […] Il a peur que les qualités françaises cèdent devant cette intrusion de races hétérogènes, et il voudrait que se renforçât, conformément à sa nature vraie, l’esprit latin.    ‌ […] Et n’est-ce pas le rôle que s’était assigné l’École Romane, de nous reconstituer une langue véritablement nationale, qui ne fût pas, comme celle des Romantiques, sans race, mais qui dérivât au contraire, en ligne directe, de notre parler primitif. […] Mais elles évoquent, avec une singulière puissance, avec une telle intensité que l’ardent éclat de l’image supplée au charme qui lui manque, l’âme du pays flamand, l’esprit d’une race grossière et forte, sensuelle dans son rêve, dans l’obscure épouvante de ses hallucinations.

1515. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Et, comme on s’était habitué à personnifier la société, on lui attribua un tempérament spécial, le génie propre de la nation ou de la race, qui se manifestait dans les différentes activités sociales et expliquait leur solidarité218. […] — Pour les cas extrêmes, les races blanche, jaune, noire, la différence d’aptitude entre les races paraît évidente ; aucun peuple noir ne s’est civilisé.

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