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1305. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Je suis persuadé que si dans cette brillante levée de jeunesse qui s’enrôla sur la foi de La Fayette pour voler au secours des insurgents de Boston, il y a eu quelque esprit un, sagace, mordant, comme il s’en trouvait volontiers dans la jeune noblesse d’alors, il a dû, au retour et dans des conversations familières, rabattre beaucoup de l’idée exaltée qu’on se faisait des républicains de ce pays, et dénoncer déjà en eux le côté si peu idéal qui s’est marqué si vite, que Franklin connaissait et, en partie, personnifiait si bien.

1306. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Luzel de ses nobles sentiments de résistance, de sa foi au vieux culte, aux mœurs nationales.

1307. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

On me crée une réputation dont je me passerais bien volontiers : je ne sais que faire de cela. » Cet article de Loyson, dans lequel il saluait avec joie l’avénement d’un esprit éminent, d’un talent nouveau du premier ordre, comme il le fera plus tard pour Lamartine, contenait plus d’une réserve prévoyante et se terminait par une véritable profession de foi de christianisme libéral et de libéralisme chrétien.

1308. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Brutus est la victime et meurt avec sa foi ; César est le tyran et fait vivre sa loi.

1309. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Comment nous montre-t-il ce navigateur héroïque, dévoué aux pures convictions de la science, ce rival, non pas des Pizarre et des Cortez, mais des Copernic et des Galilée, qui, sur la foi d’une conclusion logique, aventure sa vie au milieu de l’Océan ?

1310. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Sur la foi de ses pleurs ses esclaves tremblèrent ; De l’heureux Bajazet les gardes se troublèrent : Et les dons achevant d’ébranler leur devoir, Leurs captifs dans ce trouble osèrent s’entrevoir.

1311. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

On voit dans les romans de chevalerie, un singulier mélange de la religion chrétienne, à laquelle les écrivains ont foi, et de la magie qui leur fait peur, et dans les écrivains de l’Orient, un combat continuel entre leur religion nouvelle et l’ancienne idolâtrie dont Mahomet a triomphé.

1312. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il fut question de mon discours, dans lequel chacun cherchait une profession de foi politique qui devait décider de la ligne de ma vie.

1313. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Il a l’avantage de l’enthousiasme religieux ; mêlant sa foi dans tous les actes de sa pensée, il prend un sujet biblique, au lieu de je ne sais quelle indifférente histoire naturelle.

1314. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Nous pouvons donc négliger toutes les divergences de doctrine et les incompatibilités d’humeur : ce qui lie le parti, et caractérise le mouvement philosophique, c’est la foi dans la raison.

1315. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous pourrions lui exposer que ces misères, qui sont saintes, nécessaires, et dont il est même blessant de se targuer, sont supportées avec une dignité, une patience, une foi incompatible avec ces débraillements de carnaval ; nous pourrions lui démontrer que précisément le bohème est la déconsidération vivante de l’artiste sans fortune, ce qu’est le faux mendiant au pauvre honteux, l’ouvrier ivrogne au socialiste intelligent.

1316. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

L’un et l’autre sont esprits de foi, d’entraînement, de solidarité, de renoncement.

1317. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

La valeur d’une œuvre d’art c’est d’être unique ; mais l’artiste ne doit pas être dupe de sa foi.

1318. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Ma foi !

1319. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Ce n’est plus la femme passionnée et légère, punie pour ses fragilités et ses inconstances, c’est l’héritière légitime de la couronne d’Angleterre, qui est exposée dans son donjon aux yeux du monde, une catholique fidèle, inébranlable, et qui refuse de sacrifier sa foi à l’intérêt de son ambition et même au salut de sa vie.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

qu’ils aillent dans la Terre sainte, s’écrie-t-il encore, qu’ils entrent à Jérusalem, même avec une foi douteuse, ceux-là qui sont avides de nouvelles émotions ; pour peu que leur imagination soit vive, et leur cœur droit et sincère, elles arriveront en foule à leur âme.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il se prosterna contre terre et fit une prière qui me charma ; il entremêlait des actes de foi, de confiance et d’amour.

1322. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il avait foi à la science expérimentale et à ses découvertes croissantes ; il regrettait souvent, vers la fin de sa vie, de n’être pas né un siècle plus tard, afin de jouir de tout ce qu’on aurait découvert alors : Le progrès rapide que la vraie science fait de nos jours, écrivait-il à Priestley (8 février 1780), me donne quelquefois le regret d’être né sitôt.

1323. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Un employé, Tobiezen-Dubi, dénonça tous ses supérieurs, et sa délation fit foi.

1324. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Et cette Poésie demeure, grande, nécessaire, digne à travers tous les temps de l’admiration profonde de tous, car ses poètes firent leur devoir : devoir le seul à des époques de sensation ; de foi et de non-savoir seuls — et ne disaient-ils dès lors en le vers seul logique et, lorsque sa loi sue permet de le délivrer de monotonie, seul magnifique, l’alexandrin.

1325. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Elle aperçoit et rend la vie à la façon d’une vision lointaine, vaguement inexplicable et confuse sur l’horreur de laquelle elle se penche et s’apitoie ; elle médite en des hallucinations extériorisées l’infini labyrinthe du raisonnement humain, et perçoit en elle la sourde agitation des instincts, des douleurs, des passions et des rages, de tout ce qui est des nerfs et du sang ; elle est imbue de pitié, débordante d’amour pour tous ces êtres faits de péché et de souffrance, et prise alors entre son épouvante et son amour, il fallait que par un effort et une sorte de folie, pareil au coup de poing d’un exaspéré joueur d’échecs près de perdre, elle brouillât et tranchât tout dans une étrange aberration qui la fait s’incliner devant l’être même que cet acte de foi constitue l’auteur des maux dont il devient le recours.

1326. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

La raison de Corneille est avec Sévère, son cœur avec Pauline, sa foi avec Polyeucte ; les meilleures parties de lui sont partout répandues dans cette pièce et, par parenthèse, c’est une des raisons pourquoi cette pièce est si admirable.

1327. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les conquêtes d’Alexandre furent un torrent qui ne fit que passer ; toutefois elles répandirent au loin la connaissance de la langue grecque, destinée à servir d’organe aux premiers apôtres de la vérité, aux premiers martyrs de la foi chrétienne, comme elle avait servi auparavant à préparer, par la culture des lettres, et par des doctrines morales, un grand nombre de nations barbares à recevoir la semence de la parole.

1328. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

L’action de la Providence doit être voilée par respect pour la liberté de l’homme ; il a fallu qu’il fût possible de la nier, pour qu’il y eût du mérite à y croire, car la croyance ou la foi doit être un des mérites de l’homme sur la terre.

1329. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Le nom de Dieu invoqué à toute page dans ses poésies l’atteste, et ses blasphèmes prouvent la profondeur de sa foi.

1330. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

… Serait-il donc possible qu’Hippolyte Babou eût peur… de faire peur au public avec son titre net de Lettres satiriques, lui, Babou, qui, comme Scudéry, ma foi !

1331. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

La cantilène de sainte Eulalie (ixe  siècle), la Vie de saint Léger (xe  siècle), le roman de Brut (xiie  siècle), les œuvres de Marie de France (xiie  siècle), en font foi.

1332. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Elle y fut aidée encore par la réforme de Luther, dirigeant les âmes vers une foi aimante, toute de cœur. […] L’âme, furieusement, s’affirme la Foi. […] Renan se manifeste à nous un philosophe très dogmatique, un croyant, d’invariable et naïve foi ; l’auteur encore du système le plus homogène que, depuis Hegel et Spencer, nous ayons connu. […] Daudet, sacrifiant la santé et la vie de leurs clients à leur manie d’expériences, à leur imperturbable foi en Dieu sait quelles formules, nées d’hier, et qui sont assurées de périr demain. […] Ainsi il nous a donné un beau livre, un livre vraiment chrétien ; et tous ceux-là devront lui en savoir gré qui, à l’ignorance agitée et dangereuse des savants, préfèrent une ignorance plus tranquille, plus douce, tempérée par la foi et par la bonté.

1333. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Dolon leur donne exactement toutes les instructions dont ils peuvent avoir besoin, leur proposant de l’attacher à un arbre jusqu’à leur retour, et leur promettant, en outre, une grosse rançon ; mais Ulysse et Diomède jugent qu’il est plus sûr de le tuer contre la foi jurée : ils lui ôtent la vie, après avoir tiré de lui tous ses secrets ; ce qui prouve que, même dans ces temps de naïveté et de simplicité, la fourberie et la trahison étaient à l’ordre du jour. […] À l’entendre, il est parfait ; et lorsque sur la foi de sa préface on est tenté de parcourir sa tragédie, on est tout étonné de voir que cette perfection imaginaire n’aboutit qu’à faire bâiller, et que la pièce n’a d’autre défaut sinon qu’on ne la peut lire. […] En vain Boileau, dont le jugement devait être pour son ami celui de la postérité, ne cessait de prophétiser et de prédire la future prospérité, d’Athalie : Racine n’avait point de foi à cet horoscope, et mourut persuadé qu’il s’était trompé sur le mérite de sa dernière tragédie. […] Voltaire lui-même, ce mécréant qui aurait pu être tenté de se montrer réfractaire, a fait, à cet égard, la profession de foi la plus authentique, et cela dans le temps de sa plus grande prospérité, à l’époque la plus brillante de sa vie, après l’étonnant succès de Mérope, bien capable de lui enfler le cœur et de lui pervertir l’esprit. […] Il a lui-même avoué que je lui en fis confidence chez une personne de qualité, qui s’en souvient encore aussi bien que lui : c’est une vérité qui passe pour constante, et je ne dois pas me mettre en peine de la prouver, puisque des personnes de naissance et dignes de foi ont vu ma pièce longtemps avant que cet autre auteur eût commencé de travailler à la sienne, et l’ont même dit à sa majesté, lorsque notre guerre a fait le plus de bruit, et qu’elle en était importunée.

1334. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Ici, votre foi n’a jamais hésité. […] Et, non content de lui reprocher son inconséquence et de le rappeler vertement au dogme et à l’autorité, il l’accuse de ne pas savoir le français, de commettre des fautes de langue grossières ; et, ma foi, il prouve son dire par des citations décisives, sans compter qu’il met à cette exécution littéraire une sorte de férocité joyeuse ! […] Et, pour qu’il sorte de cette violation de la foi première, qui est un manquement aux lois divines, une terrifiante et salutaire leçon, les innocents seront, comme les coupables, précipités dans le châtiment : pas plus que Marigny, la pure Hermangarde n’échappera à la destinée expiatoire. […] Je suis de ceux qui ont foi en l’avenir !  […] Féval, ne vaut-elle pas, comme imprévu, la péroraison de M. de Sacy : « Une ère nouvelle commence, je suis de ceux qui ont foi en l’avenir ? 

1335. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Son fils mourra, puisqu’elle a manqué de foi. […] Il regarde en face la déesse avec une foi ingénue et une franchise intrépide. […] Les Maures devinrent rares, les hérétiques disparurent ; il ne resta guère que le Juif, âpre à l’expulsion, tenace dans sa foi, patient parce qu’il se sent éternel. […] Mais la foi manquait à cette parodie des austères images du vieux temps. […] Destituée de sa mission surnaturelle, dépouillée de l’individualité fantastique dont la foi l’avait revêtue, la Mort a pris la sérénité sinistre d’une loi naturelle.

1336. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Victor Hugo continua à correspondre avec Sainte-Beuve et on trouve dans ses lettres cette curieuse profession de foi politique qui fut en réalité une prophétie : « Sachons attendre. […] Rome Justement effrayé de sentir l’incrédulité se glisser dans son cœur, l’abbé Pierre Froment avait voulu demander à la religion des simples, des humbles, de lui rendre la foi qu’avait ébranlée le vent d’athéisme qui souffle sur notre temps. […] Ardemment il avait voulu redevenir chrétien, catholique, mais ce qu’il avait vu n’avait pas suffi pour convaincre sa raison, et il était revenu de Lourdes découragé et de plus meurtri par des épreuves que son cœur n’y attendait pas ; peu s’en était fallu alors qu’il jetât sa soutane pour suivre le courant des idées philosophiques, des rêves de révolution sociale qui le hantaient ; le seul dégoût du parjure le retint et, revenu à Paris, il résolut de fermer son esprit à l’examen de toute question qui serait en dehors de la foi absolue, irraisonnée, que prescrit l’Église. […] La pitié l’envahit, une immense pitié, qui lui fit constater l’inégalité farouche des conditions, qui ramena dans son cœur le doute de la justice éternelle et, finalement, lui rendit le désespoir de son incrédulité., Mais le prêtre, refusant de céder à l’esprit tentateur, sentant que la religion des humbles, la foi chrétienne, le fuyait, voulut, pour pousser jusqu’au bout l’épreuve, les tourner vers la foi des intellectuels, celle qu’admettent ceux qui tirent de leur raison ce que d’autres ne demandent qu’à leur instinct ; fiévreusement, il soulagea son âme en consignant dans un livre, la Rome nouvelle, toutes les pensées qui lui étaient venues pour rendre acceptables des mystères, des dogmes qui lui semblaient d’abord révolter la raison ; il rêva d’un rajeunissement de l’Église et d’un nouveau christianisme qui ne serait autre que le christianisme primitif ; en un mot, l’alliance du catholicisme avec l’évolution sociale, une fusion qui en même temps sauverait l’Église en péril et fortifierait le grand mouvement qui se préparait. […] À la lecture de ces livres faits de conscience et de foi, on se sent comme rafraîchi, comme enveloppé d’un grand repos, et l’esprit, gagné par ce calme, accueille avec plus de clairvoyance les idées qui viennent à lui ; plus facilement il entre dans la création, le rêve d’un penseur, et vit avec lui dans le monde où il le conduit.

1337. (1905) Promenades philosophiques. Première série

En faisant, pour le bien de la foi, la critique de cet ennemi, Origène a donc ainsi conservé à la postérité le plus dangereux arsenal et le mieux fourni d’armes de toutes sortes contre la vérité qu’il voulait sauver. […] Le M. — Ma foi non, monsieur. […] La foi de Pascal est janséniste. […] Challemel-Lacour ne trouve pas que la foi de Pascal soit ridicule. […] Ni du Bellay, ni Vigny, ne sont satisfaits ; celui-là se met en colère contre le marotisme, dont la poésie est fardée et la prose tachée ; l’autre, royaliste sans foi et stoïcien sans ferveur, se retire de l’action par mépris, et cache sa pensée, par dédain.

1338. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Par ma foi, je vous trouve bien exigeants. — Je ne suis pas, que je sache, le roi Louis XIV, entouré de toutes les splendeurs de son règne ; loin de là ; je suis un pauvre homme que le froid a saisi ce matin, qui a mal dîné peut-être, car il a dîné tout seul ; le ciel est gris et terne ; la rue est fangeuse ; le théâtre est mal disposé ; mon voisin de droite est une épaisse créature qui digère bruyamment ; mon voisin de gauche est maigre, efflanqué, triste et soucieux ; dans les galeries sont assises toutes sortes de femmes mal vêtues, à l’air hébété, et dont la laideur jette le frisson dans toute la salle. […] D’où il suit que si vous avez beaucoup ri à cette comédie, c’est que ma foi ! […] » Monsieur est pris d’un mal subit. — Lisez « Monsieur se promène » ; il fait beau, le public ne viendra pas ce soir, ma foi ! […] — Ma foi, vivent les chefs-d’œuvre de l’ancienne tragédie ! […] Bref, Géronimo qui a promis à Sganarelle un bon conseil, foi d’ami !

1339. (1881) Le roman expérimental

D’abord, le sentiment seul s’imposant à la raison créa les vérités de foi, c’est-à-dire la théologie. […] Il devenait le géant de la négation, il symbolisait la science tuant la foi. […] Cette transformation de la foi en poésie est ce qui le caractérise. […] Cela est d’une foi en l’idéal bien élastique. […] Au début, tous partent du même pied, avec une égale foi et une égale ambition.

1340. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Noble foi ! […] Le poète ne se montre pas plus favorable dans un cas que dans l’autre aux assemblées politiques ni aux cortès d’aucun temps ; mais en dernier lieu il est évident que toute sa foi royaliste s’était retirée de lui.

1341. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Au sortir du collége, il a trouvé sa voie toute faite ; il n’a point eu à se révolter contre l’Église, qui est à demi raisonnable, ni contre la Constitution, qui est noblement libérale ; la foi et la loi qu’on lui a offertes sont bonnes, utiles, morales, assez larges pour donner abri et emploi à toutes les diversités des esprits sincères. […] Il faut, dans ce conflit des opinions, qu’il se fasse sa foi lui-même, et, la plupart du temps, ne le pouvant pas, il reste ouvert à toutes les incertitudes, partant à toutes les curiosités et aussi à toutes les angoisses.

1342. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Nous nous oubliâmes trop longtemps, sur la foi de nos guides, dans cette sieste sous l’arbre. […] Il pouvait prendre cette image de l’extase humaine sous mille aspects, sous mille formes, dans mille attitudes et dans mille scènes plus élevées du drame de la vie : les palais, les temples, les bosquets, les bords des fontaines lui offraient ces images de la félicité ou de la volupté, dans les champs de victoire, dans les triomphes des guerriers ou des orateurs sauveurs de la patrie et idoles des peuples, dans les actes de foi et de culte qui unissent les hommes à Dieu par la piété, cette plénitude de l’âme ; par les langueurs de l’amour heureux, dans les jardins d’Armide et d’Alcine, où le Tasse et l’Arioste enlacent leurs héros dans les bras de beautés ivres de regards.

1343. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

— « Par ma foi ! […] ” “Ma foi !

1344. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

J’ai été sceptique dans ma jeunesse, un grand amour m’a ramené à une grande foi ; je me suis lavé avec les larmes de saint Augustin, ce fils converti par sa mère. […] mais je sais bien ce que vous aimez avec votre âme ; et j’ai toujours prié Dieu pour qu’il daigne mettre un peu de foi dans tant d’amour.

1345. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Charles-Édouard n’avait oublié aucun de ses titres ; ce vieillard, usé par l’intempérance, qui s’agenouille péniblement sur ces coussins de velours auprès de cette jeune femme aux yeux bleus, aux cheveux blonds, éblouissante de grâce et de beauté, c’est Charles III, roi d’Angleterre, de France et d’Irlande, défenseur de la foi. […] Il commence à passer pour grand poète sur la foi de quelques essais d’édition à Sienne, et de quelques lectures chez Mme d’Albany.

1346. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Sa dernière et plus cruelle épreuve fut, à l’âge de soixante-douze ans, de survivre à son glorieux fils et de l’assister dans ses derniers moments ; elle pria pour lui à son lit de mort, soutenue par la foi religieuse qui remplaçait toutes ses espérances terrestres par celles du ciel. […] XXIV On sentait dans ces paroles hardies et convaincues un grand fonds de foi dans l’éternelle sagesse, qui s’ajourne quelquefois, mais qui ne se dément jamais. « On ne voudrait pas m’entendre aujourd’hui, nous disait-il encore, mais le moment n’est pas loin où l’on m’entendra ; car les nations se sauvent toujours et se perdent toujours, et quand elles veulent décidément se sauver elles remontent aux lois de Dieu !

1347. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Le Pape avait annoncé sa résolution : après avoir rendu grâces au Saint-Père ainsi qu’au sacré collège de la confiance qu’ils me témoignaient, — confiance que je savais ne point mériter, — je dis avec franchise et candeur que j’avais en ce moment un besoin extraordinaire de me souvenir de mes promesses et de mes serments d’obéissance aux volontés du Pape, promesses et serments articulés quand il me plaça le chapeau de cardinal sur la tête ; que cette foi soutenait mon courage et m’aidait à servir le pontife suprême et le Saint-Siège ; que mon désir de le faire était ardent, mais que ce secours m’était indispensable au moment d’accepter une mission si difficile et sa périlleuse, que j’avais tant et de si fortes raisons pour décliner. » II Le cardinal Doria fut choisi par le Pape et par Consalvi pour remplacer le cardinal-ministre en son absence. […] Les deux ministres répliquèrent que Napoléon n’ajouterait pas foi à leur relation, qu’il la considérerait comme un palliatif inventé pour le calmer ; mais que si telle était la vérité, il fallait lui écrire, ce qui produirait beaucoup plus d’effet.

1348. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

J’avais ajouté foi à ces bruits, parce qu’ils étaient tout à fait d’accord avec sa santé encore si verte, la puissance productive de son esprit et la fraîche vivacité de son cœur. […] — Je l’ai écrite au temps de la première Révolution, et on peut la regarder comme ma profession de foi politique à ce moment.

1349. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Un grand pape, Innocent III, faisait au clergé un devoir d’obligation et de foi d’être instruit ; ses successeurs suivirent sa politique. […] Pour moi, qui, sur la foi de tant d’excellents esprits, reconnais au xviie  siècle le point de maturité de la littérature et de la langue françaises, tout ouvrage qui a rapproché de ce point l’esprit de la nation me paraît être un ouvrage original et un progrès.

1350. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il y a un endroit très plaisant des Lettres où les Parisiens disent d’un passant, sur la foi de son costume : « Qu’il a bien l’air d’être un Persan !  […] On y croit parce que l’on a foi en la véracité de l’historien ; on ne les trouve pas vraisemblables.

1351. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Hommes vils et sans foi ! […] Par ma foi, notre siècle est un pauvre siècle auprès de celui de Louis XIV. » 27 décembre 1758.

1352. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Mais c’est le propre de la foi d’espérer contre l’espérance, et il n’est rien après tout que le passé ne nous autorise à attendre de l’avenir de l’humanité. […] Le suffrage universel suppose deux choses : 1° que tous sont compétents pour juger les questions gouvernementales ; 2° qu’il n’y a pas, à l’époque où il est établi, de dogme absolu ; que l’humanité, à ce moment, est sans foi et dans cet état que M. 

1353. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Il peut signifier que l’imprimerie doit tuer la foi catholique ; que Gutenberg est le précurseur de Luther et de Voltaire ; que l’hérésie jusque-là étouffée va devenir, grâce à la presse, la Réformation victorieuse et l’incrédulité triomphante. Mais il veut dire aussi que les Eglises sont des livres de pierre où les générations d’autrefois écrivaient leur pensée pour l’éternité ; qu’elles ont été des symboles compliqués, où le plan, les sculptures, les plus minces détails exprimaient des idées ; que, parlant ainsi aux initiés un langage mystérieux, elles parlaient en même temps aux yeux de la foule par leurs vitraux, leurs fresques, leur peuple de statues ; qu’elles ont matérialisé durant des siècles le génie poétique et les aspirations populaires ; que les cathédrales gothiques en particulier, par leur élan vers le ciel, par la hardiesse de leurs lignes verticales, ont rendu à merveille les espérances et les envolées mystiques d’un âge de foi tourné presque tout entier vers l’au-delà ; seulement que, l’imprimerie étant inventée, la pensée, au lieu de se pétrifier, devient oiseau, vole d’un bout du monde à l’autre, se rit du temps et de l’espace, sûre qu’elle est de pouvoir se multiplier à l’infini ; que désormais la Bible de marbre et de granit est vaincue et destinée à être remplacée par la Bible de papier, plus claire, plus mobile et, malgré l’apparence, plus durable.

1354. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

. — Quelques Français trouveraient peut-être de l’intérêt à lire le livre remarquable d’un adversaire du maître, le Père Jésuite Théodore Schmid : « l’Œuvre d’art de l’avenir et son maître Richard Wagner », dans lequel l’auteur, tout en admirant hautement l’œuvre de Wagner, la combat au double point de vue des traditions classiques et de la foi catholique. […] Et heureux ceux qui s’en iront à Bayreuth ranimer leur foi en entendant Parsifal ; — l’œuvre, précisément, où s’affirme la grandeur de renoncer aux joies immédiates de l’égoïsme.

1355. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Ils invoquaient la foi jurée, le secours promis ; les Éphores restèrent sourds et les laissèrent dix jours sans réponse. […] Phémé exprimait mieux encore : le pressentiment soudain, l’impression unanime et irrésistible qui s’empare, au même instant, d’une armée ou d’une multitude ; l’élan qui emporte et le cri qui part sans mot d’ordre ; l’idée qui jaillit, rapide comme la lumière, de milliers d’âmes qui n’en font plus qu’une ; l’acte de foi qui éblouit les esprits d’une foule, comme un éclair d’évidence.

1356. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Il trouve qu’on s’est trompé sur ces peuples… que leur douceur pour les animaux n’est pas venue de la métempsycose ; bien au contraire, c’est elle, la métempsycose, qui vient de cette douceur : « Ce n’est pas leur foi, dit-il, qui a fait leur cœur, c’est leur cœur qui a fait leur foi ! 

1357. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Or donc, un jour à déjeuner, après la signature de la paix, j’étais questionné par mon ordonnance sur la nationalité d’un de ses camarades, né dans un canton avoisinant Belfort, et comme je lui disais : “Ma foi, il se peut bien qu’il devienne Prussien, mais je n’en suis pas sûr, je te dirai cela demain.” […] Un premier Paris de Machin ou de Chose devient un article de foi, que l’abonné accepte avec la même absence de libre examen que chez le catholique d’autrefois trouvait le mystère de la Trinité.

1358. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Pourtant cette foi instinctive et vigoureuse au progrès en est encore à chercher ses titres aux yeux de la science. — Y a-t-il une loi du progrès ? […] Flottante et indécise chez les poètes, la foi au progrès trouve chez les prosateurs une expression déjà plus ferme.

1359. (1926) L’esprit contre la raison

Les annales criminelles qui lui fournirent ce que les critiques appellent un sujet, dans leur brutalité officielle, n’avaient même pas cette valeur objective intangible, objet de la foi positiviste, puisqu’il put en dérouler la bouleversante suite de récits, de pensées, d’images que l’on sait. […] Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine enfin, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser plus loin ses investigations, autorisé qu’il sera à ne plus seulement tenir compte des réalités sommaires.

1360. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Au duc Albert de Saxe-Teschen, qui venait de perdre la bataille de Jemmapes et d’être gravement malade, et qui lui demandait, en le revoyant à Vienne, comment il le trouvait : « Ma foi, monseigneur, répondit le prince de Ligne, je vous trouve passablement défait. » Il disait encore très joliment du prince royal de Prusse qui s’était trouvé indisposé et pris d’un étourdissement à une séance de l’Académie des sciences à Pétersbourg : « Le prince, au milieu de l’Académie, s’est trouvé sans connaissance. » Tout ceci est du meilleur : mais après une visite qu’il avait faite au cardinal de Luynes, archevêque de Sens, au sujet d’un procès, il outrepassait le mot, il le cherchait et le tirait de bien loin quand il répondait à M. de Maurepas, qui lui demandait comment il avait trouvé le cardinal : « Je l’ai trouvé hors de son diocèse », voulant dire hors de sens.

1361. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

s’écrie-t-il, vous qui vîtes dans leur naissance les dérèglements des pécheurs qui m’écoutent et qui, depuis, en avez remarqué tous les progrès, vous savez que la honte de cette fille chrétienne n’a commencé que par de légères complaisances et de vains projets d’une honnête amitié : que les infidélités de cette personne engagée dans un lien honorable n’étaient d’abord que de petits empressements pour plaire, et une secrète joie d’y avoir réussi : vous savez qu’une vaine démangeaison de tout savoir et de décider sur tout, des lectures pernicieuses à la foi, pas assez redoutées, et une secrète envie de se distinguer du côté de l’esprit, ont conduit peu à peu cet incrédule au libertinage et à l’irréligion : vous savez que cet homme n’est dans le fond de la débauche et de l’endurcissement que pour avoir étouffé d’abord mille remords sur certaines actions douteuses, et s’être fait de fausses maximes pour se calmer : vous savez enfin que cette âme infidèle, après une conversion d’éclat, etc.

1362. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Je ne crois pas qu’il y ait dans Paris, tant parmi les ecclésiastiques que parmi les gens du monde, cent personnes qui aient la véritable foi chrétienne, et même qui croient en notre Sauveur ; cela me fait frémir. » Le peuple de Paris sentait dans Madame une princesse d’honneur, de probité, incapable d’un mauvais conseil et d’une influence intéressée ; aussi elle était en grande faveur auprès des Parisiens, et plus même qu’elle ne le méritait, disait-elle, se mêlant aussi peu des affaires.

1363. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Avec quel sentiment chevaleresque ce noble chanoine réserve ses belles expressions de douleur pour la mort du brave et noble chevalier dont la perte est à déplorer, tant sa loyauté était grande, sa foi pure, sa valeur terrible à l’ennemi, et son amour fidèle !

1364. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Montaigne (il le nomme en chaire) a beau dire, il a beau tenir en échec la foi, rabaisser la nature humaine, et la comparer aux bêtes en lui donnant souvent le dessous : Mais dites-moi, subtil philosophe, qui vous riez si finement de l’homme qui s’imagine être quelque chose, compterez-vous encore pour rien de connaître Dieu ?

1365. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Bref, le roi répond à M. de Saint-Pol qui revient à la charge et qui voudrait lui faire honte de changer ainsi d’avis sur le propos d’un fol enragé : « Foi de gentilhomme !

1366. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Tout ce qu’il dit contre l’esprit d’opiniâtreté et de nouveauté qui fait les sectes est encore excellent à lire ; il disait, par exemple : Je voudrais que tous ces remueurs de ménage et troubleurs de l’ancienne religion, qui se disent chrétiens et tenir leur religion du ciel, considérassent bien ce que dit Plutarque de la religion de son temps, vaine et humaine : Ceux, dit-il, qui mettent en doute les opinions de la religion me semblent toucher une grande, hardie et dangereuse question ; car l’ancienne et continuelle foi et créance qui nous est témoignée par nos ancêtres nous devrait suffire, étant cette tradition le fondement et base de toute religion ; et si la fermeté de la créance venue de main en main vient à être ébranlée ou remuée en un seul point, elle devient suspecte et douteuse en tous les autres

1367. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Toutefois, sa pensée et sa recommandation, pour être appréciées comme il faut, ne doivent point se séparer des temps où il écrivait : qu’on se reporte, en effet, à ce lendemain des guerres civiles et des fanatismes sanglants, à ces horreurs récentes exercées des deux parts au nom de la religion et d’une fausse piété, et l’on concevra tout le sens et l’application de cet endroit ; il redoute la confusion si facile à faire quand un zèle excessif s’en mêle ; il craint à bon escient et par expérience que l’on ne traite comme malhonnêtes gens et criminels tous ceux qui ne pensent point en matière de foi comme nous-mêmes, et il cherche, en émancipant moralement la probité, à bien établir qu’il y a des vertus respectables qui peuvent subsister à côté et indépendamment de la croyance.

1368. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Ayez cette créance, et vivez assurée de ma foi. » Il continue sur ce ton encore pendant toute l’année suivante ; il la tient au courant de ses pas et démarches au temps d’Arques et d’Ivry, et durant ce siège de Paris où on le voit très peu tendre pour les Parisiens qu’il affame de son mieux, et dont il plaint peu les misères.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Son livre, sans qu’il y soit question nommément de Santeul, est écrasant pour ce dernier par la comparaison involontaire qu’on est amené à établir entre l’enthousiasme un peu factice du gai chanoine de Saint-Victor et la haute source d’inspiration habituelle de ces grands docteurs et promoteurs de la foi, les saint Bernard, les saint Bonaventure, les saint Thomas d’Aquin, le pieux roi Robert, et bien d’autres de ces âges anciens.

1370. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld eût triomphé des jésuites, ni en général de ceux qui l’avaient fait sortir de France, mais bien de Claude et Jurieu et des protestants ; cela n’avait pas été saisi par le traducteur en vers français, et le scandale venait de cette traduction vraiment séditieuse. « Veri defensor » ne se rapportait également qu’à l’ouvrage d’Arnauld De la perpétuité de la foi ; « arbiter aequi » n’était qu’un pléonasme poétique dont il ne fallait pas trop demander compte.

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

[…] Quand vous serez ensemble bien unies L’Amour, la Foi, deux belles compagnies, Viendront ça bas le cœur nous échauffer : Puis sans harnois, sans armes et sans fer, Et sans le dos d’un corselet vous ceindre.

1372. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

[NdA] Il y a cependant la fameuse bévue : voulant faire honneur à une villa qu’on lui dit avoir appartenu à Cicéron, il ajoute que l’illustre Romain y composa ses belles œuvres, « entre lesquelles sont renommées les Pandectes. » Rohan avait prie cette note sur la foi d’un cicerone peu cicéronien.

1373. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

. — C’est ainsi encore que, sur la foi d’un de ses maîtres, M. 

1374. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

C’est injuste, c’est au moins très exagéré ; on travaille aussi à l’Académie française ; ses séances publiques annuelles en font foi.

1375. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Condorcet lui-même, dont le nom se présente d’abord comme celui de l’apôtre puni de son zèle et le plus cruellement déçu dans son ardente poursuite, ne s’est pas tant trompé qu’il semble, et quoiqu’il se mêlât à sa foi dans l’avenir un fanatisme que je n’aime nulle part, il n’a pas désespéré du progrès en mourant, et il a bien fait.

1376. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

— Ève : Oui, par ma foi !

1377. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Il nous présente, sur la foi de je ne sais quelle lettre d’un ami et confident, M. 

1378. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Adieu, mon ami, il faut vivre au jour le jour, et ne compter sur rien : il n’y a de sûr que la douleur. » Une telle lettre redouble encore de valeur après tout ce que nous savons, et adressée comme elle l’est à un homme sensible, honnête, tourmenté, qui a eu la foi, et à qui il n’est resté pas même un dernier débris de croyance ; à un disciple de Diderot ou de Lucrèce, et qui, dans le jardin, au pied du sycomore, avait eu autrefois, lui aussi, des soupirs à la saint Augustin.

1379. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Elle s’applique aux Anciens et à tous ceux des grands poètes qui sont déjà, à quelques égards, ou qui seront un jour eux-mêmes des Anciens, à tous ceux qui ne sont plus nos contemporains et vers lesquels on ne revient qu’en remontant à force de rames le courant du passé : « Les œuvres des grands poètes, dit-il, demandent qu’on les approche au début avec une foi entière en leur excellence ; le lecteur doit être convaincu que, s’il ne les admire point pleinement, c’est sa faute et non la leur.

1380. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il y a des mots usurpateurs : tel mot, se décorant d’une fausse acception, appelant pouvoir ce qui est abus, ou liberté ce qui serait excès, disant la gloire pour la guerre, ou la foi pour la persécution, peut semer la propagande, égarer les esprits, soulever les peuples, ébranler les trônes, rompre l’équilibre des empires, troubler le monde, et retarder de cent ans la marche de la civilisation !

1381. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Thérèse, dans ses lettres à sa fille, a toujours soin de dissimuler le jeune parti autrichien ardent, et de présenter une Autriche à son image, ayant les mêmes intérêts que la France, les mêmes inclinations, les mêmes ennemis naturels, bien différente en cela de la Prusse et de la Russie, qu’elle confond volontiers dans une « réprobation commune » : « Qu’on ne se flatte pas sur cette dernière, dit-elle en parlant de la Russie et de l’impératrice Catherine ; elle suit les mêmes maximes que le roi (de Prusse), et le successeur (Paul Ier) est plus Prussien que ne l’était son soi-disant père (Pierre III), et que ne l’est sa mère qui en est un peu revenue, mais jamais assez pour rien espérer contre le roi de Prusse, pas même des démonstrations : très-généreuse en belles paroles qui ne disent rien, ou, selon la foi grecque : Græca fides.

1382. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Il intriguait à sa manière comme les antiques Décius, comme Palafox à Saragosse, comme Rostop-chine à Moscou, comme tous ceux qui, pleins de foi, se jettent à une heure de crise, eux et tout ce qu’ils possèdent, dans le gouffre béant de la patrie.

1383. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Le duc de Luynes, un très bon esprit et qui est fort à consulter à son sujet, nous raconte une conversation de lui qu’il tenait d’un tiers digne de foi.

1384. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Puis, quand on avait épuisé les désordres, les erreurs, et qu’on revenait à la vérité suprême, on trouvait un asile tout préparé, un confessionnal, un oratoire, un cilice qui matait la chair ; et l’on n’était pas, comme de nos jours, poursuivi encore, jusqu’au sein d’une foi vaguement renaissante, par des doutes effrayants, d’éternelles obscurités et un abîme sans cesse ouvert : — je me trompe ; il y eut un homme alors qui éprouva tout cela, et il manqua en devenir fou : cet homme, c’était Pascal.

1385. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

L’éloquence était un moyen de gouvernement, presque une nécessité pour ce parvenu qui, régnant par l’admiration et la confiance, devait entretenir la foi en son infaillible génie : il fallait que dans chacune de ses paroles il fit sentir la supériorité dont il tenait son droit.

1386. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Mais la princesse a la foi de sa candeur, l’aveuglement de l’amour.

1387. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Ce qu’il rapporte de singulier, il est loin de l’admettre nécessairement ; sa foi n’y est pas engagée, il nous en prévient assez souvent pour qu’on se tienne pour averti là même où il ne prévient pas.

1388. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

J’ai peine à le faire sans avertir M. de Chavigny, nos intérêts étant communs ; mais j’ose espérer que Sa Majesté daignera me garder le secret, comme je le garderai de mon côté religieusement. » Ces paroles étaient formelles ; mais Beringhen marqua qu’il désirait quelque gage plus précis et qui fît foi du succès de son message.

1389. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Sa foi s’était affermie et régularisée sans se rétrécir.

1390. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Quand arrive l’heure de la Restauration, M. de Lamartine pourtant ne peut s’empêcher de redevenir l’homme de 1814, et de saluer l’ère véritable de laquelle il date et où il a reçu, lui et nous tous, le baptême de l’esprit : « Le règne des épées finissait, dit-il, celui des idées allait commencer. » Les hommes politiques encore existants qui ont vu de près ces grandes choses de 1814, l’arrivée des Alliés devant Paris, les négociations d’où sortit le rétablissement des Bourbons, et qui ont assisté ou qui ont été immiscés à quelque degré à ces conseils des souverains, en laisseront sans doute des récits dignes de foi et circonstanciés ; ces hommes trouveront immanquablement à redire en bien des points aux vastes exposés de M. de Lamartine.

1391. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Aurait-il eu foi dans une stabilité qui dépendait de tant d’efforts combinés et de tant de sagesses incertaines ?

1392. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

………………………………………… Le plus sage s’endort sur la foi des zéphyrs, et qui se termine par ce mot si conforme à la misère humaine : Et c’est être innocent que d’être malheureux.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On parlait jadis de la foi du charbonnier, je crains bien qu’on ne puisse parler aujourd’hui de la philosophie du charbonnier.

1394. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Ceux qui, sur la foi de quelques anecdotes exagérées, se font de lui une sorte de rêveur toujours absent, ont raison de n’y rien comprendre : mais c’est que l’aimable poète n’était point ce qu’ils se figurent.

1395. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Le substitut prit la parole, ne trouva pas grand-chose à dire sur les vers de Tahureau, ni sur une femme qui, dans notre article, rentrait de dîner, son corset dans un journal (le second passage souligné au crayon rouge), passa à un article de notre cousin de Villedeuil, qui mettait en doute la vertu des femmes, s’étendit longuement sur ce doute malhonnête, puis revint à nous ; et, pris d’une espèce de furie d’éloquence, nous représenta comme des gens sans foi ni loi, comme des sacripants sans famille, sans mère, sans sœur, sans respect de la femme, et, pour péroraison dernière de son réquisitoire — comme des apôtres de l’amour physique.

1396. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Que croire de toutes ces anecdotes apocryphes mentionnées par l’auteur sur la foi d’un Diogène de Laërce, d’un Elias Spartien, compilateurs sans critique, ramassant au hasard les traditions courantes, même les moins vraisemblables ?

1397. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.

1398. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Le Journalisme des professeurs est le père du Journalisme des reporters, qui nous en a vengés et qui a fini par camper, ma foi !

1399. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il nous paraît profondément ironique d’entendre la critique, sur la foi des mots et des affirmations trompeuses, assimiler le préraphaélisme à un retour à la nature en art.

1400. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Souvent l’un reconduit son ami ; arrivé, celui-ci reconduit l’autre, et ainsi de suite, eux toujours causant, avec une franche amitié et de la meilleure foi du monde, sans jamais disputer, tellement que chacun prend à l’occasion l’opinion de son adversaire et lui fournit des arguments.

1401. (1902) La poésie nouvelle

Mais, à leur date et sauf les inévitables excès d’une profession de foi littéraire, elles sont importantes… Ensuite, l’Enquête sur l’Evolution littéraire, de Jules Huret, contient, au sujet de Kahn, deux chapitres : je ferai bon marché du second qui résume une conversation à bâtons-rompus, en quelque restaurant, vers l’heure d’un train ; mais l’autre, une lettre, est digne d’intérêt. […] Bourde, la profession de foi du Figaro et la lettre à Anatole France, contiennent l’essentiel de la doctrine symboliste dans ses toutes premières années, avec de très juvéniles audaces, et des timidités aussi, car nulle école littéraire ne prend immédiatement une pleine conscience d’elle-même.‌

1402. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

D’abord le sentiment, seul s’imposant à la raison, créa les vérités de foi, c’est-à-dire la théologie. […] Les hommes qui ont une foi excessive dans leurs théories ou dans leurs idées sont non seulement mal disposés pour faire des découvertes, mais ils font aussi de très mauvaises observations. […] En un mot il ne faut point enseigner les théories comme des dogmes ou des articles de foi. […] Je pense que la croyance aveugle dans le fait qui prétend faire taire la raison est aussi dangereuse pour les sciences expérimentales que les croyances de sentiment ou de foi qui, elles aussi, imposent silence à la raison. […] Mais en philosophie scientifique et expérimentale ceux qui placent leur foi dans les formules Ou dans les théories ont tort.

1403. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

« Quant à sa religion, dit Goujet, il est sûr qu’il a toujours été sincèrement ennemi des nouvelles opinions et très attaché à la foi de l’Église catholique. » Les mercenaires allemands qui désolaient alors le pays, étaient pour notre poète, non seulement de désagréables pillards, mais de méchants hérétiques. […] C’est, ma foi, trop d’honneur. […] Oui, ma foi ! […] Dussé-je entrer au fin fond d’une tour, Nenni, ma foi, car je suis déjà court ; Si que je crains que n’ayez rien du nôtre. […] Amour ne veut tant de raisonnement : Ce point d’honneur, ma foi, n’est autre chose                         Qu’un vain scrupule.

1404. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

À l’exemple du public, la critique n’a pas semblé attacher grande importance aux préfaces pessimistes du romancier, et sans doute ses nombreuses et inutiles professions de foi seraient aujourd’hui effacées de toutes les mémoires, si l’auteur n’eût pris la peine de les rappeler et de les contredire dans les premières pages de son nouveau livre. […] Aujourd’hui, cette illusion n’est plus possible ; il n’est plus permis d’ajouter foi à la modestie de l’auteur, et nous sommes forcé de le juger sévèrement, car la manière dont il parle de lui-même et de ses ouvrages éloigne toute pensée d’indulgence. […] Il a négligé volontairement le problème philosophique, le problème du sentiment religieux formulé dans la foi chrétienne, et s’est abstenu de traiter sérieusement le problème littéraire. […] Il est si simple et si commode d’accepter une croyance toute faite, que la foule, et l’Académie, qui suit la foule, ajoutent volontiers foi à l’excellence politique de M.  […] Dans le prologue ou dans le dialogue de ses pièces il ne s’est pas fait faute de publier son respect pour les poètes du grand siècle, et sa profession de foi a passé auprès de bien des gens pour un brevet de génie.

1405. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Mais les collégiens ne croient à la rencontre des deux mères que sur la foi de Soulary, comme ils croient au vase de Soissons sur celle de Duruy. […] « Non, je ne suis jamais tombé sur un homme ayant emporté d’un pays une réminiscence plus grandiose de tous les détails à demi cachés et presque secrets, qui en font le caractère intime… » Il disait : « Je ne prends pas de notes. » La mémoire de Fromentin ne l’empêchait pas de prendre, avec ses croquis, des notes (ses carnets en font foi). […] Les Maîtres d’autrefois nous montrent par leur exemple qu’une vraie critique d’art est possible, nous expliquent par leurs réticences et leur isolement qu’elle est difficile, attirent notre attention sur ce qui a manqué, pour la répandre dans tout le registre de la peinture, à la nature plus délicate que vigoureuse de Fromentin : il lui eût fallu plus de foi en la force de l’intelligence, une façon franche d’aborder cette « pensée » qui a soutenu les grandes œuvres plastiques. […] Il possède la foi en Dieu, la confiance en Dieu, qui fera ce qu’il faut. […] La foi au bien, peut-être ne faut-il pas davantage à l’individu pour traverser la vie ? 

1406. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Ils ont un roi Tout jeune — il a seize ans — et joyeux sur ma foi ! […] Le premier, c’était de revenir « au culte de la belle antiquité », et c’est — point trop maladroitement ma foi — ce qu’avait fait Ponsard. […] Ma foi, je n’en sais plus rien. […] — Ma foi, je le crains. […] Eh bien, ma foi, l’y voilà. — Rien à louer avec fanatisme, mais rien à mépriser dans le reste de l’interprétation.

1407. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps.

1408. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Témoin, dans les dernières années de sa vie, de la Révolution française, il se plaisait à adhérer en tout à la profession de foi de Burke : « J’admire son éloquence, disait-il, j’approuve sa politique, j’adore sa chevalerie, et j’en suis presque à excuser son respect pour les établissements religieux. » Et il ajoutait qu’il avait quelquefois pensé à écrire un dialogue des morts, dans lequel Lucien, Érasme et Voltaire se seraient fait leur confession, seraient convenus entre eux du danger qu’il y a à ébranler les vieilles croyances établies et à les railler en présence d’une aveugle multitude.

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Une lettre très curieuse à lui adressée par son ami le médecin Bernier, alors voyageant en Perse, et datée de Chiras, le 10 juin 1668, fait foi de ces résolutions ou de ces velléités philosophiques de Chapelle, qui ne tinrent pas : Mon très cher, lui écrit Bernier, j’avais toujours bien cru ce que disait M. 

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Vous savez que votre ministre de la guerre est de toute incapacité, qu’il perdra votre armée, comme l’autre a perdu vos finances77 ; mais vous ne le chasserez que lorsque tout sera si bien bouleversé, qu’il n’y aura plus de remède. » — « Ma foi !

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Qu’est-ce que c’est que cette profession de foi du vicaire savoyard de Jean-Jacques, par exemple ? 

1412. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ?

1413. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

L’un des ces roseaux pensants et gémissants dont Pascal est le roi, dont Rousseau n’est que le premier révolté et le rebelle ; pauvre Deleyre, qui avait besoin de soutien et de support, de confiance et de foi, et peut-être d’autel, la croyance au progrès humain et l’indéfinie perfectibilité, la religion de Diderot et de Condorcet put-elle jamais toute seule lui suffire ?

1414. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Ces abbés brillants et légers, qui oubliaient d’être prêtres avant 89, s’en étaient ressouvenus tout d’un coup dès qu’il avait fallu confesser la foi ou l’honneur de leur engagement dans les prisons, dans les pontons qui les déportaient ; semblables à ces gentilshommes qui savent combattre et mourir pour leur opinion dès qu’il y a péril.

1415. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Nul, en effet, ne s’entendait aussi bien que M. de Harlay à aller au-devant des vœux de Louis XIV, à suivre ses ordres ou à prévenir ses désirs, à le servir en tous ses desseins conçus de bonne heure, pour l’extirpation du Jansénisme, pour l’extinction de l’hérésie, pour le maintien et l’extension des droits de la Couronne, pour l’établissement et l’achèvement de cette unité, chère au monarque, dans les choses de foi, de mœurs, de discipline, de liturgie.

1416. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

« M. de La Rochefoucauld avait l’esprit trop élevé, l’intelligence trop haute, le sens moral trop profond pour ne pas être un catholique véritable ; la société au milieu de laquelle il vivait était essentiellement chrétienne, et, on aura beau faire, il faudra nous laisser cette grande illustration et renoncer à la joindre à la cour, trop brillante malheureusement, de l’incrédulité. » Rien n’est plus estimable que d’être catholique fidèle et docile, surtout si l’on est à la fois chrétien de cœur ; je suis loin de prétendre que l’élévation de l’intelligence ne fût point compatible, en ce grand siècle, avec la croyance régnante, et l’on y eut d’assez beaux exemples de cette concorde et de cette union ; mais, en vérité, raisonner comme vous le faites, avec cette légèreté, cette sérénité imperturbable, et trancher ainsi une question de foi chez un moraliste de cet ordre et de cette école, chez un raffiné de la qualité et de la trempe de M. de La Rochefoucauld, c’est montrer que vous ne vous doutez même pas de la difficulté.

1417. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?

1418. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Cousin, qui a poussé à fond l’application de sa doctrine à propos des papiers de Pascal et qui l’a proclamée sur tous les tons jusqu’à en faire une sorte d’article de foi littéraire, a-t-il trouvé mauvais, par exemple, que dans la publication du Journal intime de Maine de Biran, on ait retranché tous les passages où lui, M. 

1419. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Vous, vous le faites embrasser ; par ma foi, vous êtes un drôle de corps. » Dans tous ces endroits, elle est naturelle, pleine de verve et d’abondance ; elle n’est plus tout à fait cette dame parfaite que Lemonteya vue à Lyon ; elle se livre, elle a du jet ; elle est ce qu’il faut, selon les lieux et les moments ; elle est ce qu’elle veut être, familière et vive quand le cœur lui en dit ; la plume alors prend le galop et court à bride abattue : nous avons une Sévigné de la bourgeoisie, et mieux que cela, une Sévigné George Sand.

1420. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

C’était à Saint-Cloud, il y a quatre jours ; le roi était auprès de moi et a été fort content de Mirabeau, qui lui a paru de la meilleure foi et tout à fait dévoué ; on croit tout sauvé.

1421. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Pendant que d’autres fanatiques préparaient en Asie les massacres de Djedda et de Damas, lui, il dressait le plan de la conquête du Sahara africain par une propagande active ; il y fondait des Zaouiya, des couvents musulmans, échelonnés de manière que le dernier, le plus isolé, le plus éloigné, pût encore servir de refuge in extremis aux derniers éléments d’une foi déjà atteinte par l’indifférence. » Pour fonder un de ces centres, un de ces couvents armés contre nous, que fait-on ?

1422. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Je décris les temps plus anciens séparément, tels qu’ils ont été conçus par la foi et par le sentiment des premiers Grecs, et tels qu’ils sont connus seulement au moyen de leurs légendes, sans me permettre de mesurer la quantité, grande ou petite, d’éléments historiques que ces légendes peuvent renfermer.

1423. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

L’usufruit d’uno agrégation de molécules. » Ils s’arrêtent, d’ailleurs, à temps comme Rivarol, dans l’expression de la non-croyance ; en ce genre ils n’affichent rien : « Lorsque l’incrédulité devient une foi, pensent-ils, elle est moins raisonnable qu’une religion. » Leur incrédulité reste celle de gens comme il faut119. — Moralistes, ils ont des sorties misanthropiques à la Chamfort : « On est dégoûté des choses par ceux qui les obtiennent, des femmes par ceux qu’elles ont aimés, des maisons où on est reçu par ceux qu’on y reçoit. » Je crois avoir assez marqué la variété de ce Recueil, qui gagnerait à ce qu’on en retranchât, à la réimpression, une vingtaine de pensées par trop recherchées et aussi énigmatiques par le fond que par la forme.

1424. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Si Jasmin avait vécu au temps des troubadours, s’il avait écrit en cette littérature perfectionnée dont il vient, après Goudouli, Dastros et Daubace, et, à ce qu’il paraît, plus qu’aucun d’eux, embellir encore aujourd’hui les débris, il aurait cultivé la romance sans doute, et quelques heureux essais de lui en font foi ; mais il aurait, j’imagine, préféré le sirvente, et, en présence des tendres chevaliers, des nobles dames, des Raymond de Toulouse et des comtesses de Die, il aurait introduit quelque récit railleur d’un genre plus particulier aux trouvères du Nord, quelque novelle peu mystique et assez contraire au vieux poëme de la vie de sainte Fides d’Agen.

1425. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Traçant dans une ode le portrait idéal du vertueux et du sage, il le termine par ce trait : Jésus-Christ est sa seule foi, Tels seront mes amis et moi.

1426. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Sans doute (et, au défaut des nombreux mémoires du temps, les anecdotes racontées par Mme de Sévigné elle-même en feraient foi), sans doute d’horribles désordres, des orgies grossières se transmettent encore parmi cette jeune noblesse à laquelle Louis XIV impose pour prix de sa faveur la dignité, la politesse et l’élégance ; sans doute, sous cette superficie brillante et cette dorure de carrousel, il y a bien assez de vices pour déborder de nouveau en une autre régence, surtout quand le bigotisme d’une fin de règne les aura fait fermenter.

1427. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Par ces aspirations au progrès, par ces revendications sociales, par ces élans de charité, de bonté, de pitié, de foi ou de colère démocratiques, sa poésie prend un autre objet que le moi du poète.

1428. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Rabusson serait donc quelque chose comme un Feuillet sans illusions et sans foi, avec un peu de l’esprit et du style d’un Crébillon fils ou d’un Laclos.

1429. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Alphonse Daudet le hait d’une haine si féroce, qu’il oublie de nous dire que cet imbécile est un fort honnête homme, et que je le prenais, moi, de la meilleure foi du monde, sinon pour un vieux gredin, du moins pour un fort plat personnage.

1430. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

La puissante imagination de M. de Chateaubriand, sollicitée par tant d’émotions, ramenée vers la nature par les convulsions du monde politique, cherchant partout des démonstrations au spiritualisme, et faisant parler la terre et les cieux pour ranimer la foi religieuse, a trouvé là bien des couleurs.

1431. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Soixante docteurs ou ulémas délibèrent sur les points de la foi, expliquent les saints livres.

1432. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On raconte que dans un couvent de la rue de Charonne, où elle était élevée, elle avait de bonne heure conçu des doutes sur les matières de foi, et elle s’en expliquait assez librement.

1433. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Les Entretiens que nous a transmis Ramsay, et dans lesquels Fénelon lui développa les raisons qui devraient amener victorieusement, selon lui, tout déiste à la foi catholique, sont d’une largeur, d’une beauté simple, d’une éloquence pleine et lumineuse qui ne laisse rien à désirer.

1434. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ainsi, sans prétendre éclaircir quelques obscurités d’allusion, nous tenons l’aveu essentiel : quand M. de Chateaubriand s’en allait au tombeau de Jésus-Christ pour y honorer le berceau de sa foi, pour y puiser de l’eau du Jourdain, et, en réalité, pour y chercher des couleurs nécessaires à son poème des Martyrs, le voilà qui confesse ici qu’il allait dans un autre but encore.

1435. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Louis XIV asservit le Parlement, Louis XV le craignit : « Vous ne savez pas ce qu’ils font et ce qu’ils pensent, disait-il à ses intimes, c’est une assemblée de républicains… » À ce moment, la théorie en question, qui avait besoin d’une condescendance, d’une confiance et d’une foi réciproque, cette théorie où il entrait, on l’a vu, je ne sais quelle illusion platonique, était totalement perdue ; il n’y eut plus après que de grands et beaux noms qui jusqu’à la fin, et en présence de l’échafaud, attestèrent les races généreuses.

1436. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Il faut voir Voltaire sous bien des jours ; ce monarque absolu et capricieux, qui était sans foi ni loi, du moment qu’on le contrariait, rencontra une fois dans sa vie quelqu’un d’aussi spirituel que lui, qui lui dit son fait, et qui ne fléchit pas.

1437. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

François de Sales, qui entrait peu d’ailleurs dans ces distinctions, et dont la foi voyait partout un égal et horrible danger, se consacra, dans cette première ardeur de son âge, à la vie du missionnaire qui se jette seul au milieu des infidèles et qui va relever la croix.

1438. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Non pas qu’il ait, comme d’autres grands capitaines, espérance et foi dans son étoile ; son étoile, à lui, ne rayonne pas ; il compte simplement sur cette divinité obscure, le hasard : J’ai trop d’ennemis ; cependant, avec un peu de fortune de notre côté et un peu de sottise du leur, on en peut venir à bout.

1439. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Ma foi, il n’hésitait pas, et le voici en France, dont il ne sait rien, où il ne connaît personne.

1440. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Le Wagnérianisme était foi, pour ceux du symbolisme alliés à ceux de l’impressionnisme, si partagés pourtant, si distants, si opposés.

1441. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Voici ce qu’il a bien voulu nous dire : — J’ai été navré de ne pouvoir apporter à l’illustre agonisant les suprêmes secours de la religion, et de ne pouvoir adoucir par des paroles d’espoir et de foi ses derniers moments.

1442. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Avancer un pareil paradoxe, n’est-ce pas prétendre que ces artistes avoient la connaissance la plus profonde de la beauté, étoient remontés à son vrai modèle idéal, à la ligne de foi avant que d’avoir fait une seule belle chose.

1443. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Il n’est pas de foi un peu vive, si laïque soit-elle, qui n’ait ses fétiches où la même disproportion éclate.

1444. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

On peut rapprocher de la croyance aux sorciers la foi en l’efficacité néfaste du mauvais œil.

1445. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Cette façon d’envisager l’existence prouve une bien faible foi en l’Au-Delà.

1446. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Célébrez la religion, chantez aussi l’amour ; mais ne mêlez pas indiscrètement les mystères de la foi et ceux de la volupté, les saints ravissements de l’âme et les profanes extases des sens.

1447. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Il les a toujours, je le sais, et même son livre en fait foi.

1448. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Il s’agit, en effet, de Carthage ; il s’agit d’une foi très punique, de la bonne foi de Saint-Simon, quand il juge ses contemporains.

1449. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Patricien et presque grand seigneur, ma foi !

1450. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

… Vous la rappelez-vous, ce vieux bas-bleu, qui invoquait sans cesse et sans foi Aristote, Longin, Quintilien, et marquait les fautes contre les règles, et quelles règles !

1451. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Saint-Bonnet, l’immatériel métaphysicien, ajoute à l’intuition réfléchie du philosophe l’intuition surnaturelle de sa foi et l’ardeur et l’adoration des mystiques.

1452. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ici donc l’imitation lyrique de la Grèce commençait par le plus entier oubli de cette foi candide qui seule aurait pu l’inspirer.

1453. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Ils connaissent professionnellement, et par la confession, ce genre de chrétien : ils n’ont aucune raison de ne pas admettre la bonne foi et la vraie foi de ces fidèles, alors qu’ils doutent volontiers de la sincérité religieuse de Lamartine et de Hugo. […] Dans les grands discours de l’Immortalité, la Foi, la Prière, le Temple, Dieu, Lamartine (qui avait perdu depuis longtemps la foi positive) paraît écrire pour un public autant que pour lui, et l’on ne s’étonnera pas que la Poésie sacrée, la dernière Méditation, dithyrambe à M.  […] La Bénédiction de Dieu dans la solitude, écrite à Saint-Point, est peut-être la poésie la plus pleine, la plus ubéreuse de Lamartine, du propriétaire, du chef de famille et du poète, et dont on touche les profondeurs de santé et de tradition : de grosses racines humaines sous un feuillage qui vibre avec la présence des siècles, le simple tableau d’une journée patriarcale à la campagne, l’acte de vivre solennisé longuement par une musique sans fin, et l’épaisseur ici bien sentie des milliers d’Harmonies non écrites sous l’Harmonie chantée. — L’Occident, strophes de bronze et d’or, paix du jour sur la terre et dans l’âme, — l’Hymne à la Douleur, chef-d’œuvre de la poésie morale et des beaux vers gnomiques, — Jehovah ou l’Idée de Dieu, oratorio qui s’émeut lentement jusqu’à l’épanouissement d’une fin splendide. — Le Chêne où la poésie suit la vie végétative, cachée, lente et longue de l’arbre, — l’Humanité morceau de grande peinture bolonaise, avec son merveilleux portrait de vierge, ses vers suaves et caressés, l’hymne à la Vierge-Mère d’où naît l’homme-esprit, — l’Idée de Dieu et son finale de lumière et de foi, le Souvenir d’enfance ou la Vie cachée, confidence abondante et pleine comme l’eau qui coule, apogée, dans toute la poésie française, de l’épître familière, poésie d’arrière-saison qui est notre Vieillard du Galèse et où tient toute cette poésie des racines terriennes, cette gentilhomie (comme on dit prudhomie) de campagne, qui repassera dans Mistral et aussi dans Barrès, Éternité de la Nature, Brièveté de l’homme, ode pure qui n’est surpassée en France par aucune autre, roseau pensant de Pascal agrandi par le lyrisme jusqu’à l’ampleur du chêne et de l’olivier […] Lamartine a eu beau le transporter et l’idéaliser dans les Alpes qui flottaient par dessus la Bresse à ses yeux de Mâconnais, Jocelyn qui a pour origine un épisode révolutionnaire de l’histoire de Milly, pour héros Dumont, curé de M. de Lamartine (et qui, non plus que lui, ne l’oublions pas, n’avait la foi) Jocelyn reste le poème de cette épaisseur même de tradition locale, chrétienne, sur laquelle est porté le génie de Lamartine (et dans laquelle il descend de vastes racines). […] L’âme en tant qu’elle se souvient des cieux, l’étincelle divine qui retourne au foyer, c’est Jocelyn prêtre, moins par la vocation de la foi que par la vocation du sacrifice, sacrifice au bonheur de sa sœur, puis existence menée en sacrifice et en expiation pour Laurence, amour militant qui traverse l’amour souffrant pour aller à l’amour triomphant.

1454. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il s’est dépouillé lentement de toutes les croyances de son premier âge, il a usé dans les controverses solitaires tous les dogmes de sa foi primitive, il n’a plus ni regrets, ni terreurs ; serein et résigné, il attend le jour où il doit proclamer publiquement son adhésion aux doctrines luthériennes. […] Il croit ce que croyaient ses pères ; loin de se laisser prendre aux enseignements d’un moine hautain, il trouve dans le spectacle des troubles de l’église un motif pour persévérer plus courageusement dans la foi de ses aïeux. […] Elle partage ses journées entre sa Bible et son rouet, discute avec Luigi le progrès de la foi nouvelle, exalte le courage des réformés, et ne se lasse pas du récit sans cesse recommencé des guerres religieuses. […] Pure et candide, elle ne croit pas que Dieu, pour accueillir les prières humaines, leur demande par quelle foi elles ont été dictées. […] Hugo, il faut commencer par bien méditer ce verset de l’Évangile : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi. » Car le maître n’accepte pas une admiration partagée ; il veut une foi sans réserve, une obéissance illimitée.

1455. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Ma foi, nous en rions de tout notre cœur ; nous sommes en train de nous moquer, et voilà pourquoi nous avons mis la tête à la fenêtre ; qui donc sera le plus ridicule sera le mieux venu, nous en ferons bel et bien une victime. […] Cependant, consolez-vous, notre historien nous avait quittés en décembre, il nous revient au mois de décembre au bout d’une année, jour pour jour, et, ma foi ! […] « La foi, dit l’apôtre, soulève des montagnes ! » la foi de M.  […] Tels ont été les travaux généreux de la poésie moderne ; ainsi elle a été fidèle à sa mission divine de foi, d’espérance et de charité.

1456. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ces vers sont à la fois un bon sonnet et une belle profession de foi spiritualiste. […] Il s’agissait d’une jeune fille juive, qu’on disait avoir été enlevée à sa famille et amenée à embrasser la foi catholique par des moyens qu’un zèle ardent pourrait expliquer sans les excuser. […] Il ne nous donnera ni la liberté ni la foi : autant vaudrait croire qu’en semant le parfum on ferait pousser la plante. […] il s’agit bien de cela, ma foi ! […] Veuillot n’est pas toujours un croyant, et son scepticisme n’est pas moins remarquable que sa foi.

1457. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

J’en atteste des milliers d’hommes élevés par eux comme moi, il n’y en aura pas un seul qui puisse me démentir…  » — et enfin il écrit cette profession de foi si émue et certainement si sincère de dévouement à la Compagine, qui a été bien souvent citée : « A l’égard de l’autre libelle de Hollande qui me reproche d’être attaché aux Jésuites, je suis bien loin de lui répondre comme à l’autre : « Vous êtes un calomniateur  » ; je lui dirai au contraire : « Vous dites la vérité.  » J’ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnaient des peines gratuites et infatigables à former l’esprit et les mœurs de la jeunesse. […] Il y a, je l’avoue, une sorte de profession de foi que les lois peuvent imposer ; mais, hors les principes de la morale et du droit naturel, elle doit être purement négative, parce qu’il peut exister des religions qui attaquent les fondements des sociétés, et qu’il faut commencer par exterminer ces religions pour assurer la paix de l’Etat. […] Je voudrais donc qu’on eût, dans chaque Etat, un code moral ou une espèce de profession de foi civile qui contint positivement les maximes sociales que chacun serait tenu d’admettre ; et négativement les maximes fanatiques qu’on serait tenu de rejeter, non comme impies, mais comme séditieuses. […] En effet, le fameux rabbin Isaac, du XVe siècle, l’employa dans son Rempart de la foi, pour tâcher de disculper ses compatriotes du déicide dont ils eurent le malheur d’être coupables. […] » (Saint Augustin.) « Qu’on ne fasse aucune violence aux Juifs. » (Quatrième concile de Tolède.) «  Conseillez et ne forcez pas » (Lettres de saint Bernard.) « Nous ne prétendons pas détruire les erreurs par la violence. » (Discours du clergé de France à Louis XIII.) « Nous avons toujours désapprouvé les voies de rigueur.  » (Assemblée du clergé, 11 Auguste 1560.) « Nous savons que la foi se persuade et ne se commande pas. » (Fléchier.) « On ne doit pas même user de termes insultants. » (L’évêque Dubelloi.) « Souvenez-vous que les maladies de l’âme ne se guérissent point par la contrainte et par la violence. » (Le cardinal Le Camus.) « Accordez à tous la tolérance civile. » (Fénelon.) «  L’exaction forcée d’une religion est une preuve évidente que l’esprit qui la conduit est un esprit ennemi de la vérité. » (Dirois, docteur de Sorbonne.) «  La violence peut faire des hypocrites ; on ne persuade point quand on fait retentir partout des menaces » (Tillemont.) « Il nous a paru conforme à l’équité et à la droite raison de marcher sur les traces de l’ancienne Eglise qui n’a point usé de violence pour établir et étendre la religion. » — « L’expérience nous apprend que la violence est plus capable d’irriter que de guérir un mal qui a sa racine dans l’esprit.  » (De Thou.) « La foi ne s’inspire pas à coups d’épée. » (Cerisiers

1458. (1923) Au service de la déesse

Mais il s’adresse, avec une assurance gaie, à tous lecteurs « dont le jugement n’est pas obscurci par une foi qui ne connaît ni les nuances ni le raisonnement ». […] Mais, à la base de cette philosophie et, plus dangereusement, à la base de cette science, il y a un acte de foi, un credo, un dogme. […] Ce qui m’ébaubit, je l’avoue, c’est l’assurance de ces docteurs : non pas du tout leur foi ; mais la confiance qu’ils ont de posséder la foi comme personne, au point de vous traiter de mécréants à tout hasard. […] un peu comme les parvenus de la foi ou les nouveaux riches de la croyance. […] Il faudrait avoir récréé « une foi dans le travail ».

1459. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Cette profession de foi n’est pas seulement un acte de modestie ; car, en présentant son apologie, André Chénier instruit le procès des poètes qu’il n’imite pas, et chacune des excuses qu’il invoque en sa faveur est un grief articulé contre les improvisateurs de son temps et du nôtre. […] Il croit à ses personnages, il les a vus, il les a écoutés, et sa foi entraîne la nôtre. […] Il a l’air si convaincu de ce qu’il nous raconte, il paraît ajouter aux serments qu’il transcrit une foi si complète, que nous partageons l’erreur de Henri et de Marianna. […] L’auteur semble si convaincu de ce qu’il raconte, il croit si bien au caractère, aux paroles de ses personnages, que sa foi entraîne la nôtre, et nous écoutons le marquis et sa fille, le vieux Stamply, Bernard et madame de Vaubert, comme si nous les avions près de nous. […] Innocent III était plein de zèle et de vigueur ; éloquent, hardi, jaloux des droits du saint-siège, animé d’une foi ardente, se croyant appelé à diriger, au nom de l’Évangile, tous les mouvements de la politique européenne, il prit en main la cause d’Ingeburge et enjoignit à Philippe-Auguste de reprendre sa seconde femme.

1460. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Nous condamnons les uns, parce qu’ils nous ennuyent, sans égard à l’art qui y est perfectionné en bien des choses ; et quoique les autres nous ennuyent, nous les admirons sur la foi des anciens suffrages, qui, à remonter à leur source, ne venoient que de ce qu’on n’avoit pas mieux. […] J’aurois plus de foi là-dessus, à des esprits naturels et simplement cultivez par ce qui s’est fait de meilleur dans nôtre siecle ; qu’à ces sçavans qui par la longue habitude d’admirer tout dans les anciens, et par trop de déférence aux autoritez, se sont fait, pour ainsi dire, un goût d’emprunt, et tout-à-fait étranger à la raison. […] Agamemnon au 2e liv se tient assuré de la victoire, sur la foi du songe que Jupiter lui a envoyé. […] Elle prétend qu’Homere excelle en cette partie, et j’en conviens sans peine, sur la foi de tant de grands hommes qui l’ont admiré de ce côté-là. […] Ceux qui ne l’ont presque pas lûë n’en pensent pas bien, et la raison en est, qu’il y a de quoi s’ennuyer dans les quatre prémiers livres ; ils jugent de tout le reste sur la foi de ce prémier ennui, et le déchaînement de certains sçavans les autorisant à ne se pas défier de leurs dégoûts, ils décident aussi hautement que ces sçavans même, qui s’appuyent à leur tour de ces jugemens précipitez et portez sur leur parole.

1461. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il se pourroit qu’un scélérat mal élevé, un grand-turc, par exemple, à qui on auroit dit qu’il lui est permis de manquer de foi aux Chrétiens, de faire serrer d’un cordon de soie le cou de ses visirs quand ils sont riches, de jetter dans le canal de la mer noire ses freres étranglés ou massacrés, & de ravager cent lieues de pays pour sa gloire ; il se pourroit, dis-je, à toute force, que cet homme n’eût pas plus de remords que son mufti, & fût très-heureux. […] L’histoire sacrée est une suite des opérations divines & miraculeuses, par lesquelles il a plû à Dieu de conduire autrefois la nation juive, & d’exercer aujourd’hui notre foi. […] Presque tout ce qu’il raconte sur la foi des étrangers est fabuleux : mais tout ce qu’il a vû est vrai. […] croira-t-on aisément sur la foi de Tite-Live, que le roi Porsenna s’enfuit plein d’admiration pour les Romains, parce qu’un fanatique avoit voulu l’assassiner ? […] La foi & la morale, c’est-à-dire le culte que nous devons à Dieu par la soumission du coeur & de l’esprit, sont l’unique & le principal objet de la révélation, &, autant qu’il est possible & raisonnable, les faits & les circonstances historiques qui en accompagnent le récit.

1462. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Non, ne t’élance pas là-bas où est la félicité, la foi, la force, la puissance. […] — Ma foi, non, tu iras toute seule ; je deviens trop paresseuse, ma mère ; je me gâte en prenant trop de thé. » Elle tutoyait Nastasia Karpovna quoiqu’elle la traitât d’égale à égale, mais ce n’était pas pour rien qu’elle était une Pestoff. […] VII À ce moment décisif de sa vie la femme, que Lavretzky croyait morte, sur la foi du journal, revient de Paris à Pétersbourg, triomphante et insidieuse.

1463. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il n’y a pas, là-dessus, de différence d’école à invoquer ; tout ce qui tient la plume doit croire aveuglément à ce dogme ; les grands maîtres de chaque temps et de chaque genre ont donné l’exemple de la foi, et tant que la littérature existera, on ne pourra s’y soustraire sans en porter la peine. […] Mais passons vite, l’heure nous presse ; nous n’avons pas le temps d’assister à la profession de foi que M.  […] Le poète mangeant et buvant de bon appétit, disant, en lui-même : « Ma foi !

1464. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Qu’on lise plutôt cette sorte de profession de foi devinée d’une jeune fille, rebutée d’abord par celui qu’elle adore : Si Gilbert avait demandé à Lucienne ; pourquoi m’ai mes-tu ? […] Ce qu’il nous dit de ces choses du commencement de l’ère chrétienne, il nous le rapporte avec une telle foi, une telle fidélité, qu’il semblerait qu’on lise une page de Jacques de Voragine ou de quelque Père de l’Église. […] Je ne croyais pas que Typhonia m’induirait en confession de foi, mais je ne me révolte pas contre cet imprévu soulageant. […] On s’est justement plaint de la passion qui entrait le plus souvent dans ces récits écrits par un seul qui ne juge que par ses deux yeux et par son seul bon sens ; les récits faits par tout le monde sont-ils beaucoup plus dignes de foi ? […] Quant aux confrères je ne leur dirai rien, car ils ne sont pas de meilleure foi dans leur haine que dans leur dédain.

1465. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers voyagea dans le Midi et aux Pyrénées, en faisant le tour par Genève, Marseille, jusqu’à Bayonne, et en pénétrant dans les montagnes à cette extrême frontière où s’agitaient l’agonie de la Régence d’Urgel et les débris de l’armée de la Foi. […] Mignet, insistant sur le même rapprochement historique, écrivait le 12 février : « Elle (la nation anglaise) fit donc une simple modification de personnes en 1688, pour compléter une révolution de principes opérée en 1640, et elle plaça sur un trône tout fait une famille qui avait la foi nouvelle.

1466. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

La duchesse de Montbazon, qui s’avança vers elle, lui parla tout bas et lui fit ensuite des compliments mêlés de louanges, et de la meilleure, foi du monde, comme vous pouvez juger. […] Lettre du 24 novembre 1679. — Mais, à propos de Mme de Sévigné et de ses rigueurs, je m’aperçois que j’ai omis de dire, sur la foi des meilleurs biographes modernes, que le chevalier de Méré en avait été autrefois amoureux ; c’est que je n’en crois rien, et je soupçonne qu’il y a eu ici quelque méprise.

1467. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

D’après ma foi et mon innocence, disais-je, les anges devraient me délivrer de cette prison ; mais je ne suis pas digne d’un tel bienfait, et ils me laisseront soumis à toute la malignité de mon étoile. […] Je célébrai la fête du jour avec Dieu, et je remplissais mon cœur de foi et d’espérance.

1468. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

C’est pourquoi j’ajoute foi sans peine à ceux qui disent que ce philosophe entra dans la conjuration des jeunes gens contre Alexandre ou qu’il les excita à la tramer. » Quelle conséquence ! […] Le parti des hiérophantes, qui accusait Aristote de chercher la foi dans la raison pieuse, se souvint que cette même accusation avait fait mourir Socrate.

1469. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

C’est un poème national, fait avec foi, mais sur commande. […] songez à ce que cette entreprise suppose aujourd’hui de courage, de persévérance, de gravité et de foi.

1470. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

L’absence de foi est un défaut qu’il faut cacher quand on ne peut le vaincre. […] Mais agiter un article de foi aussi fondamental, dans un pays où le christianisme est déjà établi, ne peut qu’avoir des conséquences pernicieuses pour la morale et la tranquillité publique. » Il semblerait que Montesquieu eût voulu résumer toute la polémique religieuse de Swift et le fond de son argumentation ordinaire, lorsqu’il écrivit cette page, que le doyen de Saint-Patrick eût signée : « Quel peut être le motif d’attaquer la religion révélée en Angleterre.

1471. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Gille est un simple fumeur de cigarettes, un jour qu’il s’était laissé aller à fumer un gros cigare, il rencontre Callias boulevard de Clichy, et comme Callias lui demande comment ça va : « Ma foi, lui répond Gille, avec un commencement de mal de cœur ! […] Renan déclare n’avoir pas plus lu que les autres, mais j’affirme sur l’honneur, — et les gens qui me connaissent, pourraient attester qu’ils ne m’ont jamais entendu mentir, — j’affirme que les conversations données par moi dans les quatre volumes, sont, pour ainsi dire, des sténographies, reproduisant non seulement les idées des causeurs, mais le plus souvent leurs expressions, et j’ai la foi, que tout lecteur désintéressé et clairvoyant, en me lisant, reconnaîtra que mon désir, mon ambition a été de faire vrais, les hommes que je portraiturais, et que pour rien au monde, je n’aurais voulu leur prêter des paroles qu’ils n’auraient pas dites.

1472. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On connoît cet Ecrivain que l’esprit d’indépendance fit sortir d’un Ordre respectable où il s’étoit lié par des vœux, & qui après avoir secoué le joug de la Religion Catholique, ne fit presque plus d’autre usage de ses foibles talens que pour attaquer aussi vainement que lottement la foi & les bonnes mœurs. […] Les vers servent aux Saints ; la vive poésie Fait triompher la Foi, fait trembler l’hérésie.

1473. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

d’une indigence dans sa nature, mais de la plus parfaite harmonie de toutes les parties de son être moral, pris de tête à cœur… « En la peignant dans sa foi, dans sa patience, dans sa fidélité, dans sa fortitude, avec son intuition heureuse et son tact fin, qui n’a besoin de l’intervention d’aucune faculté discursive, en la peignant dans la lumière de ses affections à travers laquelle elle voit tout, en la peignant enfin dans la seule erreur qui soit la sienne, l’exagération de l’amour, Shakespeare a peint toutes les femmes dans la même femme ; car lorsqu’il y a individualité chez la femme, c’est toujours les circonstances qui la font. […] Il pouvait donc, purement et simplement, exciper la non-authenticité du Henri VI, qui est un drame détestable, de cette infaillibilité de Shakespeare, opinion pour lui de dogme et de foi, et il a eu l’honnêteté, comme critique, de ne point le faire.

1474. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Qu’il s’agisse d’une symphonie de Beethoven, des fresques de Puvis de Chavannes, d’une tragédie de Racine ou d’un roman de Flaubert, toute œuvre d’art suppose, chez celui qui la contemple, un état d’âme qui n’est pas celui du passant dans la rue ; elle suppose une adhésion tacite (consciente ou inconsciente) à telles vérités immatérielles exprimées par certains procédés ; die implique un acte de foi. […] C’est par La Critica du 20 septembre 1911 (p. 341) que je connais cette touchante profession de foi du successeur de Carducci à l’Université de Bologne.

1475. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

» Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie  siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris.

1476. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il n’a pas plus de foi qu’il ne faut au gouvernement représentatif ; il ne fait pas chorus avec les philosophes contre les Jésuites, et, s’il avait été, dit-il, à la place du pape, il ne les aurait pas supprimés.

1477. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il en éprouva une telle consolation et une vue de foi si pleine et si lumineuse, que le médecin craignit que cette brusque transition du désespoir à la joie n’amenât à son tour une crise nouvelle. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge.

1478. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Ceux qui voudront ajouter foi à un récit qui fut sans doute inventé ou tout au moins brodé par la malignité, pourront y trouver une confirmation dans ces Mémoires, par la manière tout exaltée et tendre dont il est parlé de Mme de Castelmoron : cependant ils n’y trouveront que bien peu de chose sur les défauts de Mme Du Deffand qui sont l’autre moitié de la scène.

1479. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il réitère à ce propos, comme en mainte autre occasion, sa profession de foi en ces matières spéculatives : « Vous avez grande raison de dire, mon cher frère, qu’on ne fera pas de grands progrès dans la métaphysique ; c’est une région où il faudrait voler, et nous manquons d’ailes. » Frédéric ne se laisse pas enlever volontiers jusqu’à la région des étoiles : il craint trop les nuages.

1480. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Et ce piège, voyez combien vous étiez imprudent et coupable de le tendre : vous y avez fait tomber tout le premier un homme de votre sang et de votre nom, l’historiographe estimable, qui, en publiant votre ouvrage posthume et ce que vous y aviez préparé de pièces à l’appui, a cru vous rendre service, venger votre mémoire, réhabiliter votre caractère ; et il n’aura aidé, bien involontairement et de la meilleure foi du monde, qu’à confirmer en définitive l’opinion sévère qu’on avait conçue de vous, et à prouver à tous que vous étiez incurable dans votre procédé d’homme d’esprit foncièrement léger et sans scrupule.

1481. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Chez Mme Récamier, on était exposé tout au plus, par politesse et bonne grâce, après quelque matinée délicieuse de lecture, à faire un article sur Chateaubriand ; chez Mme Swetchine, avec de l’assiduité, on pouvait être conduit un jour ou l’autre à un acte de foi et de dévotion ; on courait risque d’être d’un sermon prié ou d’une abjuration, ou de quelque agape mystérieuse à la chapelle.

1482. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Ajoutez-vous foi si facilement aux trahisons ?

1483. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Les lettres de Montaigne, à lui adressées, font foi d’un parfait concert entre eux.

1484. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Dans l’auteur espagnol, on a une expédition de terre, le brillant départ de Rodrigue, son courtois et galant entretien avec l’infante qui rêve au balcon de son palais d’été, de jolies scènes, de jolis motifs ; on a même un léger grotesque, ce berger qui, à la vue des Maures ravageant la plaine, s’enfuit dans la montagne, au plus haut des rochers, et qui, le combat terminé, ayant assisté à la victoire de Rodrigue et aux grands coups d’épée dont il pourfend les infidèles, s’écrie : « Par ma foi !

1485. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Sur ce point délicat je me borne encore à dire, en écartant tout ce qui est indigne d’être entendu, que si, vers l’âge de trente ans, Marie-Antoinette en butte à toutes sortes d’intrigues et d’inimitiés, entourée d’amis qui la compromettaient fort et qui n’étaient pas tous désintéressés ni bien sincères, avait cherché et distingué dans son monde et dans son cercle intime un homme droit, sûr, dévoué, fidèle, un ami courageux, discret, incapable d’épouser d’autre intérêt que le sien, et si elle s’était appuyée sur son bras à certain jour, même avec abandon, il n’y aurait à cela rien de si étonnant ni de fait pour révolter ; et de ce qu’on admettrait, sur la foi des contemporains d’alors les mieux informés, cette sorte de tradition qui, à son égard, me paraît, si j’ose l’avouer, la plus probable, il ne s’ensuivrait pas qu’elle dût rien perdre dans l’estime de ceux qui connaissent le cœur humain et la vie, ni qu’elle fût moins digne de tout l’intérêt des honnêtes gens aux jours de l’épreuve et du malheur.

1486. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Cela ne m’a pas fait de peine, et je suis disposé de la meilleure foi du monde et du fond de mon cœur de joindre mes soins, mes peines et les connaissances que je puis avoir, pour contribuer au rétablissement de la gloire et de la réputation des armes du roi.

1487. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

André de Murville, un ancien ami de Fontanes, un gendre (ma foi !)

1488. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Elle se serait trouvée satisfaite de fonder en quelque golfe abrité, sur la côte la moins populeuse, une petite colonie brillante et cultivée ; pour elle la conquête de la Toison d’or était là : c’était de foi en soi-même et d’audace.

1489. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

La théorie développée dans ce curieux opuscule a laissé des traces dans l’Esprit des Lois, mais des traces éparses et confuses, recouvertes sans cesse par un système différent, dont le fond est cette idée chère à Montesquieu que de la construction de la machine législative dépend la destinée des peuples, et qu’un rouage ôté ou placé à propos sauve ou perd tout : or qu’y a-t-il de plus contraire au fatalisme politique que la superstition sociologique, la foi aux artifices constitutionnels ?

1490. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Nous avons montré plus haut qu’il ne peut leur accorder une foi absolue ; mais cette moitié de vérité réclame une contre-partie.

1491. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Vous devriez, étant belle, avoir de beaux habits ; Éclater de satin, de perles, de rubis… Ma foi !

1492. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Moyennant quelque adresse, on faisait de lui ce qu’on voulait ; et, avec toute sa chaleur soudaine et rapide, il manquait de foi en lui-même.

1493. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

On ajoute que, dans un sentiment plus élevé, il s’écria à l’instant de la mort : « J’ai été infidèle à mon Dieu, à mon Ordre et à mon Roi : je meurs plein de foi et de repentir39. » On aime à penser qu’en ce moment de suprême équité, un autre nom, une autre infidélité lui serait revenue encore en mémoire, et qu’il se serait dit quelque chose de plus à lui-même s’il avait pu prévoir que, quelques mois après, sa femme, cette modeste, charmante et vertueuse femme dont il a si indignement parlé, et dont tous, excepté lui, ont loué l’inaltérable douceur, la raison calme et soumise, et les manières toutes pleines de timidité et de pudeur, monterait à son tour sur l’échafaud.

1494. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Dès l’abord, on voit que si Mallet est partisan des gouvernements mixtes et des monarchies tempérées ; que si, élevé et nourri dans sa petite république au sein des troubles populaires, il en a conclu que les gouvernements mixtes sont « les seuls compatibles avec la nature humaine, les seuls qui permettent la rectitude et la stabilité des lois, les seuls en particulier qui puissent s’allier avec la dégénération morale où les peuples modernes sont arrivés », on voit, dis-je, que si sa profession de foi est telle, ce n’est pas qu’il méconnaisse le principe puissant et la force transportante de la démocratie : bien au contraire, et c’est pour cela qu’il la redoute : il ne faut pas s’y méprendre écrit-il, de toutes les formes de gouvernement, la démocratie, chez un grand peuple, est celle qui électrise le plus fortement et généralise le plus vite les passions.

1495. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Mais un moment de réflexion fait apercevoir que, si dans ce cas le nombre des Templiers ajoute à l’idée qu’on peut prendre de leur croyance et de leur foi, puisque sur ce grand nombre pas un seul ne fut infidèle à son Dieu, ce même chiffre diminue beaucoup de l’idée de leur bravoure, puisqu’il ne les a pas empêchés de se rendre.

1496. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

« C’est un lambeau que je veux laisser tomber en marchant mon chemin, dit-elle de quelqu’un de ces épisodes de rencontre ; il trouvera sa place avec les autres de même nature : et, comme il ne sera pas traité avec plus d’ordre et de suite, il n’aura pas aussi plus de prix ni de valeur. » Le bon esprit de Mme de Motteville, qui l’a portée à ne consulter sur ces choses éloignées que de bons témoins et qui faisait que les plus dignes de foi aimaient à s’en ouvrir avec elle, donne à ces parties accessoires et à ces hors-d’œuvre plus d’intérêt qu’elle n’ose en prétendre.

1497. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Fiévée, qui sait le monde, se méfie même des plus grandes folies, comme pouvant avoir action sur les cerveaux : On a pris l’habitude, dit-il, de monter les esprits si haut par de grands projets et d’incroyables découvertes, que, si demain les journaux annonçaient qu’on a trouvé le secret de refaire le monde sur un plan tout neuf, la moitié de l’Europe ajouterait foi au miracle, et se soulèverait pour en hâter l’accomplissement.

1498. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Mais il est plus utile d’insister sur les ressorts élevés qu’il trouvait dans cette foi et dans cette conscience royale, ce qui lui faisait dire au milieu des hasards de la politique : « Mais au moins, quel qu’en soit l’événement, j’aurai toujours en moi toute la satisfaction que doit avoir une âme généreuse quand elle a contenté sa propre vertu. » Parlant de ces six volumes de Mémoires au moment où ils parurent, M. de Chateaubriand les a très bien jugés en disant : Les Mémoires de Louis XIV augmenteront sa renommée : ils ne dévoilent aucune bassesse, ils ne révèlent aucun de ces honteux secrets que le cœur humain cache trop souvent dans ses abîmes.

1499. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Marmont, mis hors de combat par de si graves blessures, fut transporté à Burgos et jusqu’à Bayonne, et reçu partout avec les honneurs dus à sa dignité : « Spectacle imposant, dit-il, de cette entrée en pompe d’un général d’armée mutilé sur le champ de bataille, porté avec respect devant les troupes, entrant au bruit du canon et escorté de tout son état-major. » Et comme il faut que l’esprit français se trouve partout, même dans les revers : « Je fis la plaisanterie, ajoute-t-il, de dire que j’avais, pendant ce voyage, assisté plusieurs fois à l’enterrement de Marlborough. » Sur la foi de son chirurgien Fabre, Marmont résista à toutes les insinuations qu’on lui faisait de se laisser couper le bras (qui était le bras droit) ; il aima mieux souffrir et obtenir une lente guérison.

1500. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il y reviendra, après ses premières licences, d’une manière sincère et touchante : je ne sais aucun déiste qui témoigne un sentiment de foi plus vif que Franklin ; il paraît croire, en toute occasion, à une Providence véritablement présente et sensible ; mais là encore, qu’est-ce qui a le plus contribué à le ramener ?

1501. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

III § I William Shakespeare naquit à Stratford-sur-Avon, dans une maison sous les tuiles de laquelle était cachée une profession de foi catholique commençant par ces mots : Moi John Shakespeare.

1502. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

C’est pourquoi, si c’eût été le moment de discuter avec le docteur, je lui aurais dit : « je ne sais si le récit qu’on vous a fait était digne de foi ; j’ignore si la dame a eu la vision exacte de la scène qui se déroulait loin d’elle ; mais si ce point m’était démontré, si je pouvais seulement être sûr que la physionomie d’un soldat inconnu d’elle, présent à la scène, lui est apparue telle qu’elle était en réalité — eh bien alors, quand même il serait prouvé qu’il y a eu des milliers de visions fausses et quand même il n’y aurait jamais eu d’autre hallucination véridique que celle-ci, je tiendrais pour rigoureusement et définitivement établie la réalité de la télépathie, ou plus généralement la possibilité de percevoir des objets et des événements que nos sens, avec tous les instruments qui en étendent la portée, sont incapables d’atteindre. » Mais en voilà assez sur ce point.

1503. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Jouffroy demeura dans cette religion, qui fournissait un aliment à sa foi sans fermer la carrière à sa logique, qui s’appuyait sur la science nouvelle, au lieu d’être ébranlée par la science nouvelle, qui défendait la liberté au lieu de soutenir la tyrannie, et qui, tolérante, accréditée, nationale, convenait à son patriotisme, à son orgueil et à sa raison.

1504. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

L’un des livres les plus énigmatiques de notre littérature, qui en est aussi l’un des plus orduriers, Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville, est contemporain de l’Astrée, qui n’est pas exempte elle non plus, de quelque impudence de langage ou de grossièreté de sentiments ; et l’obscène collection de ce Parnasse satyrique, dont à peine ose-t-on citer le titre, suffirait toute seule à faire foi de l’état des mœurs aux environs de 1610. […] Nous n’avons pas le droit d’en appeler des décisions de Rome en matière de foi, ni celui de rouvrir la querelle, ni celui de prétendre qu’à défaut du jansénisme une autre cause n’en eût pas opéré les effets ; mais nous avons le droit de lui rapporter ces effets, s’ils sont siens ; et d’affirmer que, dans l’histoire de notre littérature, la victoire de l’idée janséniste a été le triomphe de l’idée chrétienne. […] C’est la foi qu’on détruit et personne n’y pense. […] Disciple non seulement convaincu, mais passionné de Descartes, il s’avise un beau jour de vouloir appliquer les principes de son maître à la démonstration ou au développement des vérités de la foi ; et voici tout d’un coup que, par une déchirure du rideau, la grande contradiction apparaît. […] Mais d’une manière générale les éditions qui font foi pour le texte de Boileau n’en demeurent pas moins l’édition de 1701 ; — et dans une certaine mesure, l’édition de 1713, qu’il semble bien qu’il ait préparée lui-même pour l’impression.

1505. (1802) Études sur Molière pp. -355

Il est nuit, et Sganarelle peut ne pas reconnaître Isabelle, lorsque, couverte d’un voile, elle va chez Valère, sous le nom de Léonore ; mais, un instant après, Valère dit qu’il vient de donner sa foi à Isabelle, qu’Isabelle vient de lui donner la sienne ; il nomme bien distinctement Isabelle, Ariste le fait remarquer à son frère : est-il possible que Sganarelle n’ouvre point les yeux ? Certainement, il ne doit pas croire que Valère ait donné sa foi à une femme, et qu’il ait reçu la sienne sans la regarder ; et d’après cela, comment peut-il dire : Il ne s’est pas encor détrompé d’Isabelle24 ? […] J’ai vu des acteurs la dévorer des minutes entières ; plus les baisers étaient prolongés et fortement appuyés, plus le parterre applaudissait, sans penser qu’en livrant sa main à Valère, Isabelle engage sa foi, témoin ces vers : Qu’il reçoive, en ces lieux, la foi que je lui donne, De n’écouter jamais les vœux d’autre personne. […] Vous voulez donc contraindre Isabelle à se cacher sous un triple voile, lorsqu’elle viendra nous dire au IIIe acte : ………… Allons, sans crainte aucune, À la foi d’un amant commettre ma fortune. […] C’est fort embarrassant : ma foi, laissons les choses telles qu’elles sont, jusqu’à ce qu’un décorateur plus hardi que nous ose se dire : « je mets devant les palais des héros tragiques, un péristyle où ils peuvent décemment parler de leurs affaires, pourquoi ne traiterais-je pas le général thébain avec la même magnificence ? 

1506. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Nous les posséderions, ces éditions princeps, celles qui font foi, que les auteurs ont revues ! […] « Nous ne pouvons trop nous en souvenir, car ce plus beau de tous les rêves, nous l’avons fait les yeux ouverts et l’esprit plein de foi, d’enthousiasme et d’amour. […] — enthousiastes, pleins de foi et résolus à vaincre ou mourir dans la grande bataille littéraire qui allait se livrer. […] Il croyait que c’était arrivé, pour nous servir de la formule moderne, et bien heureux en art celui qui a cette foi, car il la communique aux autres, et domine son public. […] Sa foi ne reçut aucune atteinte, et, même aux plus tristes jours, malgré l’indifférence, malgré la raillerie, malgré la pauvreté, jamais ridée ne lui vint d’acheter la vogue par une mélodie vulgaire, par un pont-neuf rythmé comme une contredanse.

1507. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il s’y mêlait quelques fables, auxquelles on avait foi depuis longtemps, et quelques catastrophes de théâtre qui paraissaient des contes puérils aux hommes de notre siècle. […] Étant passée en Grèce, elle se retira quelque temps à Lacédémone ; et Tibère, enfant, fut confié à la foi publique des descendants de Léonidas. […] C’est la fiction naïve d’un chrétien qui n’a pas su même contenir sa foi, et modérer ses paroles, pour donner plus de vraisemblance au témoignage qu’il mettait sous le nom d’un étranger païen ou sceptique. […] Enfin le philosophe Ammonius, dont Plutarque reçut les leçons dans sa jeunesse, né dans Alexandrie, l’un des foyers du christianisme, avait adopté, ou du moins connaissait la foi nouvelle. […] Le ministère ecclésiastique avait été sa première vocation : il y renonça sans retour, incapable de plier son esprit sous le joug de l’Église établie, et voulant garder l’indépendance de la foi.

1508. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Insensiblement, dès le quatrième siècle, on voit la règle morte se substituer à la foi vivante. […] La foi chrétienne se réduit à l’accomplissement des œuvres, qui se réduit à l’accomplissement des rites. […] Surrey seul, inquiet, entend en lui-même la voix ferme d’un bon ami, d’un conseiller sincère, l’Espoir qui lui parle avec assurance, lui jurant qu’elle est273 « la plus digne et la plus loyale, la plus douce et la plus soumise de cœur qu’un homme puisse trouver sur la terre. » Si l’amour et la foi étaient partis, on pourrait les retrouver en elle. […] La fête et la représentation continuèrent, et la plupart des acteurs s’en allèrent ou se laissèrent choir, tant le vin occupait leur étage supérieur… Alors parurent, en riches habits, la Foi, l’Espérance et la Charité. L’Espérance essaya de parler ; mais le vin rendait ses efforts si faibles qu’elle se retira, espérant que le roi excuserait sa brièveté… La Foi quitta la cour dans un état chancelant… Toutes deux étaient malades et allèrent vomir dans la salle d’en bas… Pour la Victoire, après un lamentable bégaiement, on l’emmena comme une pauvre captive, et on la déposa, pour qu’elle fît un somme, sur les marches extérieures de l’antichambre.

1509. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais il ne se souvient pas de tout ce qu’il a lu, et il n’y a souvent, dans la pratique, aucune différence entre parler sur la foi du souvenir et parler sur la foi d’autrui. […] Sur la foi de ces étoiles, Hervieu s’embarqua avec confiance dans l’évolution de son genre, ayant Brunetière pour pilote, et je n’ai pas besoin de dire que cette nouveauté si traditionnelle ne fut qu’un déjeuner de soleil. […] La grande école française de critique professionnelle, au xixe  siècle, vit de cette idée, et le scrupule de Lemaître c’est le scrupule du séminariste qui s’interroge sur sa foi. La foi traditionaliste est tout de même revenue dans l’église momentanément désaffectée qu’était le cerveau de l’auteur des Contemporains.

1510. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il était, s’il est permis de traduire ainsi les cœurs, il était de ceux qui, en ces heures mémorables où il fallut faire acte de sacrifice, retrouvèrent la foi catholique par l’honneur même, et qui, se relevant des fragilités de leur passé, redevinrent véritablement chrétiens à force d’être honnêtes gens.

1511. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Par deux fois La Boétie lui parle en ce sens et comme pour le prémunir contre ce penchant au libertinage, qui peut contrarier en lui et compromettre sa lutte noble et courageuse : La plus grande partie des prudents et des sages, lui dit-il, est méfiante et n’a foi à une amitié qu’après que l’âge l’a confirmée et que le temps l’a soumise à mille épreuves : mais nous, l’amitié qui nous lie n’est que d’un peu plus d’une année, et elle est arrivée à son comble ; elle n’a rien laissé à ajouter.

1512. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

n’osez-vous hasarder votre suffrage sur la foi de vos propres lumières ?

1513. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

. — « Il n’y a pas une seule ligne de mes poésies, disait-il, qui n’ait été vécue. » Nous avons tous plus ou moins, sur la foi des premiers témoins et visiteurs qui nous en ont parlé, cru Gœthe plus insensible qu’il ne l’était.

1514. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Léonidas pourtant nourrit une consolation élevée ; il a foi aux Muses, et elles ne l’ont point tout à fait trompé, puisque son nom, son œuvre éparse, nous occupent encore aujourd’hui : « Je gis bien loin de la terre italienne et de Tarente, ma patrie ; et cela m’est plus amer que la mort.

1515. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Mais c’est surtout pour le dedans qu’elle est faite, c’est par le dedans qu’elle a grandi, et c’est par là aussi qu’elle doit être vue ; ces églises sont bâties pour des fidèles qui y entrent et qui y prient ; les vitraux, ternes au-dehors, ne s’illuminent et n’ouvrent leurs rosaces mystérieuses qu’au-dedans ; jamais monument sacré ne fut plus conforme au génie qui l’inspira, à la foi qui s’y nourrit et s’y enflamme, à la dévotion qui s’y prosterne et y adore.

1516. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

est-ce que, pour confesser sa foi à la vertu, elle n’avait pas assez d’encre dans son sang, dans ce sang qu’elle allait verser ?

1517. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ma foi !

1518. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il a la tonne foi d’en convenir et de nous conter lui-même l’espèce de roman qu’il se faisait dans les premiers mois pour un dénouement à souhait.

1519. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Un jeune érudit, plein d’ardeur et de foi, M. 

1520. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Ils durent à cette gloire précoce et restreinte de prendre patience, d’avoir foi et de poursuivre.

1521. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

» — Mais pour saisir ces choses véritables, comme M. de Maistre l’a fait dans son récit, pour n’en pas suivre un seul côté seulement, celui de la foi fervente qui se confie et de l’héroïsme ingénu qui s’ignore, pour y joindre, chemin faisant et sans disparate, quelques traits plus égayés ou aussi la vue de la nature maligne et des petitesses du cœur, pour ne rien oublier, pour tout fondre, pour tout offrir dans une émotion bienfaisante, il faut un talent bien particulier, un art d’autant plus exquis qu’il est plus caché, et qu’on ne sait en définitive si, lui aussi, il ne s’ignore pas lui-même.

1522. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

A la voix de la Fortune, Il n’ira point de Neptune Tenter les gouffres mouvants, Ni, sur la foi des étoiles, Livrer d’intrépides voiles A l’inconstance des vents… C’est de lui toute cette ode, qui a pour titre : les Goûts du Poëte, et qui est inspirée du Quem tu Metpomene semel, reste charmant de ton, de sobriété, de sens ferme et doux ; c’est de la bonne poésie du temps de Chaulieu, d’il y a vingt-cinq ans ou d’il y a un siècle.

1523. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Je les aurais rachetés aussitôt échappés, mais le monde survenant me contraignait ; et ma foi en vous, d’ailleurs, répondait à tout.

1524. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Voulons que le précis du présent privilège Soit écrit à la fin du livre qu’il protège ; Que l’on y fasse foi comme à l’original, Et que les gens de bien n’en disent point de mal.

1525. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Jusque-là Boileau composait avec les idées de sa mémoire ; il assemblait sans conviction des abstractions conçues par son intelligence sur la foi de ses livres ; maintenant il obéit à sa passion intime : il travaille sur les matériaux de sa propre expérience.

1526. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Quand les deux compères, maintes fois, se mettent en route ensemble pour chercher fortune, c’est-à-dire une dupe et une proie, il me semble voir Robert Macaire avec Bertrand : le bandit rusé s’amuse aux dépens du bandit naïf, et c’est une tentation trop forte pour lui que celle de mal faire, fût-ce à son associé, surtout à lui : car la confiance légitime de la dupe, la trahison de l’amitié ou de la foi jurée, ce sont ragoûts délicats pour un raffiné trompeur.

1527. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il fut plus cartésien que chrétien, chrétien seulement d’occasion, par respect des puissances, et parce que la méthode, entre les mains de Descartes, avait fait sortir des conclusions qui autorisaient en somme la foi.

1528. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Le jeu raffiné de l’esprit autour de la foi et de la morale évangéliques, ce goût intellectuel pour la simplicité du cœur qui n’est encore qu’une perversion de plus dans nos incohérentes natures, ont trouvé en M. 

1529. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

C’est la même langue, abondante, facile, sans expressions fortes, sans hardiesses, sauf dans quelques passages sur Dieu, où Marguerite, tantôt par la foi, tantôt par le sentiment, s’élève à ces pensées qui ne se rendent que par des expressions créées.

1530. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

André Chénier croit aux dieux de Théocrite et de Virgile, autant qu’ils y ont cru eux-mêmes, de cette foi du vrai poète dans les choses qu’il crée.

1531. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Aucune idée n’aboutit sans la grande gestation de la foi et l’espérance.

1532. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Ainsi ce douteur, qui se défie de ses sens, a une foi inébranlable dans sa raison, dans sa logique, dans les déductions de son intelligence.

1533. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

La foi du narrateur sauve l’incongruité de sa relation ; sa candeur déteint sur cette scène d’alcôve.

1534. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il avoue lui-même qu’il y a eu du plus et du moins dans sa foi.

1535. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Ils sont venus à lui ; oui, tous, un peu plus tôt, un peu plus tard, ils sont venus reconnaître en sa personne l’esprit du temps, lui rendre foi et hommage, lui donner des gages éclatants.

1536. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Ces conversations de Beethoven sont admirablement rendues par Bettina : la naïveté d’un génie qui a le sentiment de sa force, qui dédaigne son temps et a foi en l’avenir, une nature grave, énergique et passionnée, s’y peignent en paroles mémorables.

1537. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Lucas sur le système pénal, et en particulier sur la peine de mort, il essaie de fixer dans ses limites et de rattacher à son principe le droit qu’a la société de punir, qu’il recherche les raisons qui rendent la vie humaine respectable encore jusque chez les criminels, et qu’il s’inquiète des moyens de régénérer ceux mêmes qu’on châtie ; soit que, réfutant la théorie brutalement matérialiste de Broussais, il se complaise à rétablir les titres authentiques, selon lui, et irréfragables, de la spiritualité et de l’énergie propre de l’âme ; soit enfin qu’abordant, à propos de l’Othello de M. de Vigny, la question de l’art dramatique en France, il se félicite de la disposition du public, et que, de ce côté aussi, il marque sa foi en un certain bon sens général qui semble mûr pour le vrai et pour le beau.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Mais ce qui me frappe surtout chez Condorcet, et ce qui constitue sa plus grande originalité, c’est l’abus, c’est la foi aveugle dans les méthodes, c’est cette idée, si contraire à l’observation, que toutes les erreurs viennent des institutions et des lois, que personne ne naît avec un esprit faux, qu’il suffit de présenter directement les lumières aux hommes pour qu’à l’instant ils deviennent bons, sensés, raisonnables, et qu’il n’y a rien de plus commun, de plus facile à procurer à tous, que la justesse d’esprit, d’où découlerait nécessairement la droiture de conduite.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Cette Napoline qui se tue et s’asphyxie de désespoir, c’est le génie éteint, énervé par le monde ; c’est l’amour et la foi qui expirent dans un cœur.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Le vent d’hiver pleura sous le parvis sonore, Et soudain je sentis que je gardais encore Dans le fond de mon cœur, de moi-même ignoré, Un peu de vieille foi, parfum évaporé.

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Il s’en tirait, comme il fit toujours, avec des mots, des compliments, des demi-partis, éludant les difficultés avec une grande habileté de détail, les ajournant, ne les prévenant et ne les embrassant jamais ; « n’ayant pas la force de composer un bon ministère, ni le courage d’en former un trop mauvais ; également incapable de manquer de foi et de tenir parole à temps » ; plus amoureux de louange que de pouvoir réel et d’action ; ménager avant tout de sa gloire et de sa vertu, soigneux de sa chasteté.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Sapho n’était pas au-dessus de toutes ces petites raisons de métier : « Ma foi, dit Tallemant, elle a besoin de mettre toutes pierres en œuvre ; quand j’y pense bien, je lui pardonne. » Petits cadeaux, gratifications, pensions, elle aimait à joindre ces preuves positives à la considération, qui ne lui a jamais manqué.

1543. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Ce mot de libertinage, dans la langue du xviie  siècle, signifie toujours la licence de l’esprit dans les matières de foi, et c’est encore dans ce sens que le prend Mme de Lambert : La plupart des jeunes gens croient aujourd’hui se distinguer en prenant un air de libertinage qui les décrie auprès des personnes raisonnables.

1544. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Une fois en correspondance avec le grand homme, on conçoit que Marmontel se soit dégoûté du petit collet, de la carrière ecclésiastique, et qu’il ait un jour pris la route de Paris sur la foi d’une promesse et d’une espérance.

1545. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Déjà j’étais rendu à la foi, je voyais une lumière nouvelle, mais elle m’épouvantait et me consternait en me montrant un abîme, celui de quarante années d’égarement.

1546. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

D’Alembert, qui a fait l’article Genève dans l’Encyclopédie et qui a révoqué en doute la foi sincère en Jésus-Christ des ministres protestants, soulève l’opinion à Genève, et Voltaire, qui est sur les lieux, s’en ressent.

1547. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On l’enseigne encore, mais avec une foi plus faible.

1548. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

De même que les gens privés de patrie par une éducation errante et des goûts composites, professent le cosmopolitisme et dénigrent les nations avec équité, il eut un mépris égal pour le judaïsme et le christianisme, s’étant composé une foi poétique ornée de toutes les légendes païennes.

1549. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Shylock est la juiverie, il est aussi le judaïsme ; c’est-à-dire toute sa nation, le haut comme le bas, la foi comme la fraude, et c’est parce qu’il résume ainsi toute une race, tel que l’oppression l’a faite, que Shylock est grand.

1550. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

La plupart du temps d’ailleurs, le lecteur qui acheta le roman sur la foi d’une publicité de scandale se déclare volé et les éditeurs sont obligés, en mettant en vente le volume qui suit, à des frais plus grands pour un résultat moindre.

1551. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

, réjouissez-vous avec elle d’une grande joie, et sucez avec elle par une foi vive la mamelle de ses consolations divines, afin que vous abondiez en délices spirituelles, parce que le Seigneur a dit : Je ferai couler sur elle un fleuve de paix ; et ce torrent se débordera avec abondance : toutes les nations de la terre y auront part ; et avec la même tendresse qu’une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, dit le Seigneur220. » Quel cœur serait insensible à ses divines tendresses ?

1552. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Vien Saint Denis prêchant la foi en France.

1553. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ma foi, je n’en sais rien. — Je m’ennuie de faire et vous apparemment de lire des descriptions de tableaux.

1554. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Son grand tableau de bataille l’a élevé au rang d’académicien ; et c’est ma foi à bon titre ; c’est le plus beau, celui qui caractérise le mieux un grand maître.

1555. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

— C’est bien simple, me répondit l’ami : il a là-bas un correspondant qui lui envoie des notes. » Cela me fut dit avec une naïveté qui accusait une foi robuste. — Mais, impatienté de la suffisance du Minoret, j’étais bien résolu à renverser le piédestal menteur sur lequel il avait juché sa petite vanité.

1556. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ecoutons d’ailleurs les professions de foi expressionnistes des poètes les plus qualifiés à cet effet !

1557. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Voilà ce qui explique ces mots de l’apôtre des nations : La foi, c’est l’ouïe.

1558. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Trelawney (le Trelawney d’il y a trente-cinq ans), aussi beau que Byron pour le moins, ma foi !

1559. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Du reste, ce qui manque principalement à tous ces chefs de la Révolution française, à des degrés différents, il est vrai, mais ce qui manque profondément à tous, c’est le meilleur de la personnalité humaine : c’est le génie, c’est la foi, c’est le caractère.

1560. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il y a les Saints, ces pères du monde moderne, qui créaient une civilisation inconnue de miracles, de foi et de vertus !

1561. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Oui, du Joseph Delorme, mis à genoux, mais non tombé à genoux, car tomber à genoux implique la foi, et se mettre à genoux n’implique que la convenance !

1562. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Peut-être que leurs monuments étaient des sanctuaires, dont les desservants exploitaient déjà la foi, ainsi que sont accoutumés les prêtres de tous les pays et de toutes les religions. […] Il s’agit d’un pasteur protestant qui se crut Dieu lui-même, qui, convaincu d’être une nouvelle incarnation du Christ, réussit à faire partager cette foi à de nombreux fidèles. […] Jules Bois étudie toutes sortes de phénomènes où il voit de grands mystères, la télépathie, les fantômes des vivants, les maisons hantées, les hallucinations, les guérisons par la foi, et le reste. […] Mais que dans une ville, où il n’y a plus de vie communale, la foi religieuse vienne aussi à disparaître et l’on se demandera à quoi sert cette flèche, à quoi sert ce beffroi. […] Il faut les prendre pour ce qu’ils sont, pour le résultat du labeur patient d’excellents savants parfaitement dignes de foi.

1563. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Par-là, Vogüé n’entend pas, en principe, telle foi déterminée plutôt que telle autre : il veut dire qu’une partie — et l’essence même — de ce qui est réclamé notre émerveillement. […] Un politicien qui rédigerait correctement sa profession de foi perdrait, du coup, maints électeurs ; l’homme d’affaires égarerait sa clientèle, s’il entendait l’aguicher par un joli discours ; et l’apôtre, qu’il prenne garde au fin divertissement de l’art. […] Et, pour lui, cette foi ne dépendait pas d’une métaphysique ; il ne la présentait pas sous la forme d’une doctrine sereine : non, il était anticlérical de la façon la plus violente et rude, sans badinage aucun. […] Que de respect pour la foi jurée, dans les rapports les moins moraux !  […] Nos chères contemporaines, telles que Donnay les a peintes, sont un peu trop frivoles pour que le respect de la foi jurée soit justement ce qui ennoblit leurs divers essais de vivre.

1564. (1881) Le naturalisme au théatre

je n’en sais ma foi rien ! […] Elle-même, si elle avait la foi, se sacrifiait avec autant de noblesse que le soldat donnant son sang à la patrie. […] Certes, on restreindrait fort le domaine dramatique, si l’on refusait la foi comme moyen. […] Alexandre Parodi semble avoir voulu marquer encore dans ce personnage la force de la foi. […] Ce personnage est d’invention ordinaire, légèrement mélodramatique même ; mais je voulais le signaler, pour montrer l’idée de foi et de patriotisme qui plane sur toute l’œuvre.

1565. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il resterait donc à la reprendre dans un esprit de foi ou tout au moins de religieuse sympathie. […] Isabelle grosse par vertu, c’est la simple histoire d’une jeune personne qui feint d’être grosse pour repousser un prétendant qu’elle déteste et pour garder sa foi à son amant. […] « Tenez, vous allez rire… J’ai trouvé par le bois ces quelques petites fleurs, si bien blotties dans l’herbe, que, ma foi ! […] Desgenais : Ma foi, oui ! […] je n’ignore pas ce qu’on dit : que les grands tueurs de la Révolution croyaient absolument à la justice et à la bonté de leur œuvre, qu’ils avaient de ces extases et de ces explosions de foi.

1566. (1885) L’Art romantique

Ma foi ! […] toi qui crois fermement à mon innocence, pourrait-il y avoir un doute plus criminel que de n’avoir pas foi en toi ? […] Le doute a tué la foi, et la foi disparue emporte avec elle le bonheur. […] Priez le ciel que bientôt une femme lui garde cette foi ! […] — primo, secondo, tertio, — etc… Je recommande cette méthode à tous ceux qui ont la foi de la raison et le poing solide.

1567. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

La suite de cette scène entre l’oncle et le neven poète, et quand celui-ci fait entendre sa noble profession de foi, est de tous les temps ; elle est encore du nôtre, car les familles n’ont pas changé, et le duel à mort entre la bourgeoisie et la poésie recommence à chaque génération. […] Il me fit bien vite rebrousser à la salle d’audience, où il me suivit tout bre  J’eus avec ce foi…-là une heure ou deux d’entretien aigre-doux auquel je fournis assez joliment mon petit contingent.

1568. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

« Là-bas, là-bas, bien loin derrière les collines. » Ma foi, oui ! […] L’acquisition de ces habitudes, de ces facultés et de cet esprit, jointe au hasard d’une ancienne hostilité contre Rome et de ressentiments anciens contre une Église oppressive, a fait naître une religion orgueilleuse et raisonneuse qui remplace la soumission par l’indépendance, la théologie poétique par la morale pratique, et la foi par la discussion.

1569. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

« Maintenant, après une telle profession de foi, ai-je besoin de dire quelles sont en histoire les conditions du style ? […] On ne voulait d’abord pas y ajouter foi ; le général Duga, commandant à Rosette, la fit démentir, n’y croyant pas lui-même et craignant le mauvais effet qu’elle pouvait produire.

1570. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

IX Que vous ayez eu toutes ces nobles illusions du royalisme, des gouvernements à une tête, des gouvernements à trois têtes, des gouvernements de parole, des dictatures ou des républiques dans votre jeunesse, sur la foi des théories toujours séduisantes comme les mirages de l’esprit humain, cela est naturel, honorable même, aux différentes phases d’une vie qui pense. […] Je me reprocherais plutôt de n’avoir pas assez changé, c’est-à-dire de n’avoir pas assez profité du temps que Dieu m’a laissé vivre pour me transformer davantage encore ; d’avoir peut-être trop sacrifié aux convenances, aux situations antécédentes, au respect humain, à toutes ces considérations personnelles qui empêchent de se démentir plus franchement de ce qu’on a dit étourdiment sur la foi d’autrui dans son âge d’ignorance : toutes choses qui sont louables au point de vue du monde, mais qui sont méprisables au point de vue de Dieu ; freins timides qui retardent la marche de la pensée d’un siècle par la difficulté d’avouer que le vieil homme est mort en vous, qu’on est un nouvel homme, et par le désir naturel, mais coupable, de concilier vaniteusement en vous l’homme d’hier et l’homme d’aujourd’hui.

1571. (1925) La fin de l’art

On a dit qu’il était sincère dans sa double foi. […] Pourquoi empêcher un malade d’aller vers la source où il a mis sa foi ?

1572. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Quand Chateaubriand nous parle du « courage et de la foi, ces deux sœurs qui, etc. », il amplifie. […] qu’il soit permis d’en baiser la poussière Au moins crédule enfant de ce siècle sans foi, Et de pleurer, ô Christ, sur cette froide terre Qui vivait de ta mort et qui mourra sans toi !

1573. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

… Ma foi, c’est la peur du mépris ; c’est cette voix qui me dit : « Lieutenant Louaut, vous êtes un lâche !  […] Tous deux moururent martyrs de leur foi : Socrate fut accusé d’introduire de nouveaux dieux dans l’Etat171 ; Jeanne d’arc, de reconnaître une autre autorité spirituelle dans celle de l’Eglise : c’étaient là, dira-t-on, des prétextes et non les véritables motifs de l’accusation ; toujours est-il que Socrate et Jeanne d’Arc auraient sans doute désarmé leurs accusateurs s’ils avaient consenti à renier l’origine surnaturelle des voix qu’ils croyaient entendre.

1574. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Et, de fait, ce qu’il y a de foi naïve et de terreur religieuse dans Marguerite fait d’elle cette figure qui se grave en vous pour jamais quand on l’a vue passer. […] Je doute fort qu’aucun vieillard de ce temps-ci se baise la main avec cet enthousiasme pour avoir touché au vitchoura de Gœthe, — de Gœthe à qui je viens, moi, de retourner, pour voir ce qu’il y a dessous, le grand et solennel manteau dans lequel on le drape, et, ma foi !

1575. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Et encore, les neuf premières satires de Boileau, parues de 1660 à 1667, combattent pour le triomphe du naturel et de la vérité ; en sorte que son Art poétique de 1674, « déclaration de foi littéraire d’un grand siècle », dit Nisard, est comme le chant consacré d’une définitive victoire. […] « L’entendement, déclare Fichte, est une faculté improductrice, inerte de l’esprit, le simple réceptacle de tout ce qui est et sera déterminé par la raison68. » La raison, au contraire, le Vernunft, lui apparaît une sorte de faculté métaphysique, suprasensible et supra-intellectuelle qui se rapproche de la Foi des mystiques. — De même chez le savant, qui se guide d’après l’intellect scientifique, le raisonnement bannit la raison.

1576. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

» Pierre se penchait sur le bord de la fenêtre, regardait dans la cour le chien qui mordillait les jambes nues d’un petit garçon, puis ajoutait : « Une jeune fille blonde qui n’est, ma foi, pas laide. […] qu’on pense de toi ce que l’on voudra, après tout, ce ne sont que des niaiseries, et, sur ma foi, je t’aime, d’abord parce que c’est dans ma nature, et ensuite, parce qu’il y a encore des gens plus mauvais que toi, et qu’à tout prendre, tu es, dans ton genre, un honnête homme. […] — Un joli garçon, sur ma foi, murmura l’intendant avec une expression de mépris. » Klimof haussa les épaules en se disant : « Et toi, vaux-tu mieux que moi ?

1577. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Et Louise Ducot pleurniche aussi sur notre pauvre esprit qui fait le pendule au milieu du puits, également incapable de remonter jusqu’à la solide margelle de la foi ancienne et d’atteindre la blanche vérité, naïade endormie tout au fond […] Il semble que, sur un ton qui reste mélancolique, les Joies psalmodient le retour voulu à la foi de l’enfance et l’innocence dont les brèches sont bouchées avec du repentir. […] Il y a un prêtre, qui est le « symbole de sa foi chrétienne ». […] Le théâtre d’une époque où les hommes, n’avant aucune foi commune, ne peuvent ni rire ni s’émouvoir des mêmes choses profondes, est nécessairement un artifice superficiel et méprisable. […] — C’est qu’elles manquent à la foi de noblesse et de réalisme.

1578. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

… Ma mère gardait une foi superstitieuse en sa sœur, qui avait été comme le bon génie de la famille, et, dès l’âge de neuf ans, par son talent précoce, l’avait aidée à sortir de situations difficiles. […] J’avais bien, tout d’abord, écouté attentivement l’histoire religieuse ; la toute-puissance, les grâces accordées, à qui les demandait d’un cœur fervent et en ayant la foi, m’intéressaient surtout, mais, au point de vue pratique. […] Les réponses n’étant pas venues, j’avais, du coup, perdu la foi. […] — Ma foi, il y a si longtemps qu’il ne me semble plus que c’est à moi que c’est arrivé. […] — Ma foi, je n’y pensais guère en la faisant, dit mon père en riant.

1579. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Il y en a de plaisants et de comiques, il y en a de nobles et de sévères, et il y en a, ma foi, de très jolis et de tout à fait propres à toucher la dureté de la señora Dulcinée du Toboso, ou à changer en affection sincère l’hypocrisie amoureuse de l’artificieuse Altisidore. […] Don Quichotte croit aux andriaques et autres monstres merveilleux sur la foi des romans de chevalerie ; mais demandez à sainte Thérèse si ces monstres n’existent pas. […] Il y a quelque chose d’admirable dans la foi profonde et presque invincible que la réalité inspire à Goethe. […] En lui, nous contemplons toutes les facultés particulières aux hommes des classes moyennes portées à leur plus haut point de développement, la prudence, la modération, l’impartialité, l’esprit de justice, le sens pratique, la foi au travail. […] Il voyage superstitieusement, aveuglément, sur la foi de la tradition et l’autorité de ses devanciers.

1580. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ils s’enchantaient de beaux rêves, et conservaient une foi inébranlable en de grands mots vides de sens. […] Esprit élevé, il a cru à la nécessité de certains principes supérieurs, il a gardé la foi dans l’idéal : on en a conclu que le sens du réel avait dû lui faire défaut. […] Il sera donc naturel· de nous demander quel est le tableau qu’a tracé de l’aristocratie de son temps un témoin si digne de foi. […] Elle a respiré la foi dans l’air ambiant. […] » Ces natures aimables et sans foi, à l’inconstance légère et cruelle, peuvent faire tant de mal !

1581. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Cependant la conversation continue, et l’homme aux cheveux noirs prend avec chaleur la cause de la liberté contre celui qui paraît hésiter à la défendre : celui-ci s’étonne, se rassure et se met à rire en disant : « Ma foi, je croyais que ce citoyen était un jacobin, et je n’étais pas à mon aise !

1582. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

» — « Oui, Sire, répondirent quelques chevaliers qui étoient là, et qui l’avoient vu ; il est très blessé et est couché en une litière assez près d’ici. » — « Par ma foi !

1583. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Au cinquième acte, Hippolyte exilé par son père veut engager Aricie à fuir avec lui, et à venir recevoir sa foi dans un temple fameux, voisin de Trézène : Aux portes de Trézène, et parmi ces tombeaux, Des princes de ma race antiques sépultures, Est un temple sacré, formidable aux parjures ; C’est là que les mortels n’osent jurer en vain ; Le perfide y reçoit un châtiment soudain… Pourquoi, observait M. de Lassay, puisque ce temple était connu par son caractère redoutable et sacré, pourquoi Hippolyte, accusé par son père et le trouvant incrédule à sa parole, n’a-t-il pas eu aussi bien la pensée de lui offrir le serment devant l’autel même où la vérité se déclarait et, pour ainsi dire, éclatait à l’instant ?

1584. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Pour l’expédition de ce second projet (la jonction avec l’électeur), ma foi !

1585. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Elle fit une ode chrétienne en 1686, au milieu des souffrances physiques qui, dès lors, l’éprouvaient ; le ton en est élevé, senti ; j’y remarque ce vers : Ote-moi cet esprit dont ma foi se défie !

1586. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

A y regarder de près, ce sont, entre les traditions contradictoires, des efforts de conciliation ingénieux, mais peu faits pour éclairer : Racine admet d’une part la version de Plutarque, qui suppose que Thésée, au lieu de descendre aux enfers, avait été simplement retenu prisonnier par un roi d’Épire dont il avait voulu ravir la femme pour son ami Pirithoüs, et d’autre part il fait dire à Phèdre, sur la foi de la rumeur fabuleuse : Je l’aime, non point tel que l’ont vu les Enfers… Dans Euripide, Vénus apparaît en personne et se venge ; dans Racine, Vénus tout entière à sa proie attachée n’est qu’une admirable métaphore.

1587. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

On trouva chez lui un petit papier, écrit de sa main, qui contenait ces mots : Trois ouvrages qui m’occuperont le reste de mes jours dans ma retraite : 1° L’un de raisonnement : — la Religion prouvée par ce qu’il y a de plus certain dans les connaissances humaines ; méthode historique et philosophique qui entraîne la ruine des objections ; 2° L’autre historique : — histoire de la conduite de Dieu pour le soutien de la foi depuis l’origine du Christianisme ; 3° Le troisième de morale : — l’esprit de la Religion dans l’ordre de la société.

1588. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Qu’on en gémisse ou non, la foi s’en est allée ; la science, quoi qu’on dise, la ruine ; il n’y a plus, pour les esprits vigoureux et sensés, nourris de l’histoire, armés de la critique, studieux des sciences naturelles, il n’y a plus moyen de croire aux vieilles histoires etaux vieilles Bibles.

1589. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Tout aussitôt il ajouta foi à cette suggestion et agit exactement comme ferait une personne piquée.

1590. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Boileau allait plus loin encore : il n’excluait pas de l’art la nature non plus horrible, mais simplement laide ; sa poésie en fait foi.

1591. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

On l’a fait d’Église malgré lui, pour conserver dans la famille l’archevêché de Paris : dès qu’il a reconnu la nécessité d’être prêtre sans vocation, peut-être sans foi, il cesse de regimber ; sa volonté se fixe un but, le ministère ; pour y atteindre, il prêche le bon peuple de Paris, il répand les aumônes ; il est populaire.

1592. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

C’est de la meilleure foi du monde qu’ils ne prennent point de plaisir au théâtre de Scribe.

1593. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Et qui, mieux que l’auteur de Jocelyn et de la Marseillaise de la paix a connu toutes les belles illusions de la foi démocratique et l’ivresse évangélique de l’amour des hommes ?

1594. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Tout dessein dure ; à quoi on impose d’être par une foi ou des facilités, qui font que c’est, selon soi.

1595. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Dans le cas où mon désir d’assassiner aurait été plus foi t que mon horreur du meurtre.

1596. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Sur la foi d’un mauvais oracle, Agamemnon livra Iphigénie au couteau de Chalcas.

1597. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

[NdA] Parlant de Diane de Poitiers, la Pompadour de son temps, un poète du xvie  siècle, Olivier de Magny, disait : Partout où vous allez, et de jour et de nuit, La piété, la foi, et la vertu vous suit, La chasteté, l’honneur…………………… Ces poètes ont une façon de prendre les choses, qui n’est qu’à eux.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Il est bien temps de venir nous dire, quand l’expérience est faite et que vous êtes à bout de mécomptes : Que m’importaient pourtant ces futiles misères, à moi qui n’ai jamais cru au temps où je vivais, à moi qui appartenais au passé, à moi sans foi dans les rois, sans conviction à l’égard des peuples, à moi qui ne me suis jamais soucié de rien, excepté des songes, à condition encore qu’ils ne durent qu’une nuit !

1599. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il avait de la foi et de la probité aux grandes occasions, et il était né insolent et sans égard mais l’adversité lui avait appris à vivre… On voit que Bussy avait le talent de peindre les physionomies et les caractères, et d’assembler les contraires dans un même point de vue, sous un même coup d’œil.

1600. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Ma foi, ce garçon, à bien regarder autour de moi, je l’estime plus que beaucoup d’autres.

1601. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Ici on cause, on se repose, on est comme dans un café de la Foi.

1602. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Accoutumés à voir les diverses sociétés religieuses s’entourer, comme d’un rempart, de leurs sévères exclusions ; nous croyons volontiers qu’il n’y a pas de foi sans catéchisme, pas d’église sans hiérarchie.

1603. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Voyez, par exemple, ce commencement de conte : Beaucoup de gens ont une ferme foi Pour les brevets, oraisons et paroles.

1604. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Je n’ai pas eu de peine à le croire ; mais comment veut-on après cela que j’ajoute foi à l’enthousiasme d’un Français, qui s’extasie à la lecture d’Anacréon ?

1605. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

C’était aux chœurs d’Eschyle, comme aux hymnes de Pindare, que les premiers chrétiens faisaient le plus d’emprunts, à l’appui de leur foi.

1606. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

C’est elle qui en a signalé la raison dans les conventions dont l’école de Scribe avait fait, pour ainsi dire, comme autant d’articles de foi. […] L’enseignement que les grandes religions pessimistes avaient dérivé, pour ainsi dire, de la révélation ; et à l’origine duquel, en mettant le miracle ou le mythe, elles avaient donc aussi mis l’obligation de croire, l’abdication du sens propre, l’acte de foi ; Schopenhauer l’a tiré du seul spectacle de la vie, et, dépouillant la doctrine de son enveloppe théologique, il a prétendu la fonder sur la considération toute philosophique du monde et l’humanité. […] Voilà les docteurs de la scolastique, saint Anselme et Abélard, saint Thomas et saint Bonaventure ; — les premières et non pas les moins mémorables victimes du combat de la raison et de la foi. […] C’est ainsi que la reconnaissance, dont nos tragiques du xviiie  siècle, sur la foi d’Aristote, et depuis eux nos romantiques, ont abusé sans mesure, est devenue de nos jours un moyen uniquement ou exclusivement propre au mélodrame. […] Rhétorique, un Discours de Rousseau, son Contrat social ou sa Profession de foi du vicaire savoyard !

1607. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

L’architecture, au lieu d’être la servante de la foi, devient l’esclave de la fantaisie. […] Âge triste et morne, amusé par des divertissements extérieurs, opprimé par une misère plate, qui souffre et craint sans consolation ni espérance, situé entre l’esprit ancien dont il n’a plus la foi vivante, et l’esprit moderne dont il n’a pas la science active.

1608. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

… l’homme sans foi que celui qui a dit cette parole ! […] — Réveiller de froides cendres, quand tout frémit et souffre autour de moi ; quand la Vertu appelle à son secours et se meurt à force de pleurer ; quand le pâle Travail est dédaigné ; quand l’Espérance a perdu son ancre ; la Foi, son calice ; la Charité, ses pauvres enfants ; lorsque la Terre crie et demande justice au Poète de ceux qui la fouillent sans cesse pour avoir son or, et lui disent qu’elle peut se passer du Ciel.

1609. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Il voulait une liberté de penser et de croire respectueuse pour la pensée et pour la foi d’autrui ; une indépendance mutuelle de l’État, qui est le gouvernement des corps par les lois, et de la religion, qui est le gouvernement de Dieu par la conscience ; une égalité, non de nivellement, égalité contre nature, qui n’a fait que des inégalités dans toutes ses œuvres, égalité qui ne serait pas la perpétuelle violence des infériorités aux supériorités naturelles. […] Je me suis dit de bonne heure : l’homme sensé ne peut pas vivre sans Dieu et sans religion : ce serait un effet qui voudrait subsister sans relation avec sa cause ; mais la foi en Dieu suppose un culte qui l’adore, une morale qui se conforme à ses perfections, une action qui concourt à sa divine et souveraine volonté.

1610. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

« J’affirme, sur la foi de confidences unanimes, que parmi tous les écrivains qui travaillent pour la scène française, il n’en est pas un qui ne partage les sentiments que je viens d’exprimer sur l’administration de cet homme, dont le maintien opiniâtre au poste qu’il occupe est un défi insolent à l’indulgence silencieuse de la presse, à la patience des comédiens et à la longanimité du ministère, qu’il fait flatter et menacer tour à tour dans les deux Revues dont il est l’âme, avec l’attention habile de ne jamais en être l’esprit. […] Si le pointeur de la Revue de Paris y avait vu plus clair, j’étais tué, ma foi.

1611. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Sinon, je me contenterai de tirer ma révérence et je m’en irai causer avec ces sceptiques et délicats esprits de race française, vraiment intelligents, qui ont su percer le néant des dogmes et des affirmations, qui n’ont cru ni à leur œuvre, ni à l’œuvre humaine, avec Montaigne et avec Renan. » Il le dit, il le fera, il faussera bravement compagnie à tous les Romney du monde pour retourner lire les Essais de Montaigne, les Romans de Voltaire, ou les Dialogues philosophiques de Renan ; mais soyez sûrs que bien vite il reviendra auprès de cette noble Élisabeth Browning « l’âme extraordinaire, brûlée de foi, d’enthousiasme et d’amour », qui a créé en même temps que la figure de Romney celle d’Aurora Leigh et qui a écrit les « Sonnets from the Portuguese ». […] Le livre se termine par un acte de foi dans un panthéisme mystique si ardent et si profond qu’en le revivant à la suite du Centaure, on se sent enlevé et emporté loin de la terre : « Je ne suis plus ici ou là, sur tel point du globe terrestre, à la cime des montagnes désertes ou sur les plaines ; ensanglantées que traversent les génies de l’air, ou guidant le vol de mes bataillons ; je suis où j’étais ; dans les jours des jours.

1612. (1911) Études pp. 9-261

Ils peuvent maintenant, dans le transport de la foi, prier cette prière : Ô mon Dieu, je suis devant vous passionné, hagard, misérable, avec ma force et avec ma faiblesse, avec mon courage et avec ma lâcheté, avec mon ambition et avec mon abjection. […] Peut-être faut-il attendre désormais de Claudel des œuvres qu’aucune souffrance ne pénétrera plus, qui se composeront de l’éclat même de sa foi. […] En reprenant plusieurs fois la même phrase, il exprime tous les aspects de l’émotion qu’elle lui suggère, jusqu’à ne pouvoir plus que la reproduire en finissant dans la simplicité primitive de son apparition. — Avec une âme différente et tout ce que peut ajouter de richesse l’inquiétude de la foi, Bach écrit dans le même style ses cantates. — D’ailleurs Rameau n’ignore pas la traduction textuelle et, quand il y recourt, il sait noter les plus flexibles accents, les plus sensibles désinences. […] Ce n’est pas qu’il demeure en deçà d’elles, s’amusant en sceptique de leur entrechoc ; mais il se donne à toutes en même temps, il apporte à toutes sa foi, il ne se laisse pas décourager à leur contradiction ; elles ont beau se repousser : il les embrasse d’une même croyance ; il est à la fois à toutes attaché et de toutes arraché. […] Je prétends ici louer en Gide non pas l’avènement d’une foi nouvelle, mais seulement un admirable désir d’aller plus loin, une impatience infatiguée.

1613. (1898) Essai sur Goethe

Cette espèce de cristallisation — tribut de reconnaissance payé par la postérité à ceux qu’ont aimés les ancêtres — produit ce singulier résultat, que tels poètes ou tels penseurs sont d’autant plus célèbres que leur action réelle est plus réduite : on n’a plus alors sur eux qu’une opinion faite d’avance, que personne ne songe à réviser ni même à justifier, qui se traduit par des formules à la lois imprécises et fixes, lesquelles revêtent le caractère sacré d’articles de foi. […] Il se donne raison contre tous : de même que les résistances des corps savants n’ébranlent point sa foi en sa théorie des couleurs, il demeure fidèle à sa philosophie qui semble un anachronisme.

1614. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

L’un a la foi pour refuge, l’autre a le style ; le premier espère dans le Dieu de sa jeunesse ; le second s’est désespéré dans le travail. […] Anatole France et Lemaître ont publié leur profession de foi, la médiocrité de M.  […] La foi religieuse nous emporte dans des régions qui dépassent la terre. […] L’artiste incrédule arrive ainsi, par la seule connaissance du cœur humain, aux mêmes conclusions que le croyant le plus cou vaincu, avec cette différence que la foi Illumine le pessimisme religieux, tandis que celui de l’artiste n’est qu’un désespoir déguisé. […] Madame de Beaumont enseigna enfin à son ami à reconnaître ses fautes, en lui donnant l’exemple d’une foi religieuse dont ils s’étaient trop peu souvenus.

1615. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Sur ma foi, je pourrais dire son âge à une heure près. […] Mais, comme je disais, —  à la Saint-Pierre au soir, elle aura quatorze ans. —  Elle les aura, ma foi. […] Ce conseil est loyal, honnête, raisonnable, et ma foi !

1616. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

L’expérience des sens et le raisonnement des savants sont insuffisants et trompeurs ; prenons pour flambeau la révélation, la foi, l’illumination divine. […] Il suffit de lire Hérodote57 pour voir combien, dans la première moitié du ve  siècle, la foi était encore vive. […] Sans doute on voit dans ces détails, en même temps que la persistance de la foi antique, l’avènement de la pensée libre ; autour de Périclès comme autour de Laurent de Médicis il y avait un petit cénacle de raisonneurs et de philosophes ; Phidias, comme plus tard Michel-Ange, y fut admis.

1617. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

m’écrierais-je, vous manquez de foi, ou du moins vous n’en avez pas assez !

1618. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il était systématiquement sceptique, sauf dans les matières de foi qu’il réservait par prudence et pour la forme, refusant la certitude à l’esprit humain par toute autre voie.

1619. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Vous, public, vous croyez peut-être sur la foi des journaux que tels et tels académiciens sont en guerre, à couteaux tirés, et vous êtes tout étonné, si vous passez par hasard dans la cour de l’Institut, un jeudi à quatre heures et demie, de voir ces mêmes hommes sortir ensemble, presque bras dessus dessous, et causer familièrement, amicalement.

1620. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Cette alternative de doute et de foi a fait longtemps de ma vie un mélange de désespoir et d’ineffables délices. » Voilà en ces deux mots l’histoire religieuse d’une âme qui est le type complet de beaucoup d’âmes venues depuis.

1621. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Il croit une minute, puis il cesse de croire, puis recommence à croire, puis cesse encore de croire ; chacun des actes de foi finit par un démenti, et chacun des élans de sympathie aboutit à un avortement ; cela fait une série de croyances enrayées et d’émotions atténuées : on se dit tour à tour : « Pauvre femme, comme elle est malheureuse ! 

1622. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il avait senti la foi de sa jeunesse se réveiller ; Port-Royal avait ouvert les bras à l’enfant prodigue.

1623. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

L’orgueil de Malherbe, c’est la foi dans la vérité de sa discipline, acceptée de tous les bons esprits de son temps : Toute la France sait fort bien Que je n’estime ou reprends rien Que par raison et par bon titre, Et que les doctes de mon temps Ont toujours été très-contents De m’élire pour leur arbitre127.

1624. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Les lettres de Balzac touchaient à tout ce qui occupait alors les esprits : à l’érudition, qui s’était plutôt réglée que ralentie ; à la morale générale ; aux matières de foi, vues d’un esprit plus libre ; à la politique, nouveauté si attrayante alors ; aux événements de l’époque, aux rôles qu’y jouaient les principaux personnages.

1625. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Renan lui-même qui comprit si bien l’ironie de tant de choses avait sa foi, lui aussi, et ses « certitudes ».

1626. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Comme si cette foi exigée du spectateur ne devait pas être précisément la résultante par lui tirée du concours de tous les arts suscitant le miracle, autrement inerte et nul, de la scène !

1627. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Faut-il s’étonner, après cela, qu’il ait trouvé le secret d’en imposer à tant de Gens, de leur faire adopter ses idées, à peu près comme le subtil Charlatan qui amuse, fait acheter sa drogue à ceux même qui n’y ont pas de foi ?

1628. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

L’auteur a foi dans son œuvre, sa conviction d’artiste offre même quelque chose de farouche, et s’il y avait duperie dans telle ou telle partie de son tableau, il serait dupe tout le premier.

1629. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Si on lui lisait quelque chose dans la soirée, il se réveillait le lendemain matin l’esprit plein des pensées et des expressions entendues la veille, et il les écrivait de la meilleure foi du monde, sans se douter qu’elles ne lui appartenaient pas.

1630. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Des textes précis en font foi en ce qui touche à Sparte, aux villes de Locres et de Leucade.

1631. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

* * * N’avoir pas la foi, voilà le malheur !

1632. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

On s’estime, on se cherche, on s’aime en un moment : Tout ce qu’on s’entre-dit persuade aisément ; Et, sans s’inquiéter d’aucunes peurs frivoles, La foi semble courir au devant des paroles : La langue, en peu de mots, en explique beaucoup ; Les yeux, plus éloquents, font tout voir tout d’un coup ; Et de quoi qu’à l’envi tous les deux nous instruisent, Le cœur en entend plus que tous les deux n’en disent.

1633. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Si j’étais homme, par ta foi, Aimerais-je moins le carnage ?

1634. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Sa correspondance avec Voltaire en fait foi.

1635. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

…” » — Et, touchant toujours au blasphème, qui est le pôle de sa pensée : — « Jésus — continue-t-il — ne fut pas étranger à ce sentiment EXQUIS… Paul, au contraire, crut lourdement… Notre race seule est capable de réaliser la vertu sans la foi, d’unir le doute à l’espérance. » Évidemment, c’est insensé !

1636. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

L’âme et le corps Conférence faite à Foi et Vie,le 28 avril 1912 2 Le titre de cette conférence est « L’âme et le corps », c’est-à-dire la matière et l’esprit, c’est-à-dire tout ce qui existe et même, s’il faut en croire une philosophie dont nous parlerons tout à l’heure, quelque chose aussi qui n’existerait pas.

1637. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Je suis Russe en Russie, Turc en Turquie, Espagnol en Espagne, où je suis retourné plusieurs fois par passion pour les courses de taureaux, ce qui m’a fait appeler, par la Revue des Deux Mondes, « un être gras, jovial et sanguinaire. » — J’aimais beaucoup les cathédrales, sur la foi de Notre-Dame de Paris, mais la vue du Parthénon m’a guéri de la maladie gothique, qui n’a jamais été bien forte chez moi. […] Plusieurs passages de la Comédie humaine semblent impliquer chez Balzac une sorte de foi aux sciences occultes, sur lesquelles les sciences officielles n’ont pas dit encore leur dernier mot. […] Sans doute, tous les généreux sentiments qu’il devait si bien exprimer, l’amour, la foi, la religieuse adoration de la nature, la nostalgie du ciel, bouillonnaient déjà en lui ; mais ce n’était encore pour le inonde qu’un beau jeune homme de la plus aristocratique élégance, de manières parfaites, et destiné aux succès de salon.

1638. (1925) Comment on devient écrivain

A chaque page du roman, à travers les regrets d’un ancien croyant, on sent une foi qui blasphème et une désillusion qui se venge. […] La foi religieuse empêche certains catholiques de rendre justice à Renan, que Veuillot jugeait plus sommairement encore, quand il disait : « Cet homme vous donne envie de lui courir sus. » Bossuet et Veuillot n’aimaient ni Molière, ni Rabelais, ni Montaigne. […] Ce qui n’a pas changé, non plus, c’est le mauvais style de ces discours, ce style d’amplification facile, qui consiste à répéter, les mêmes idées, comme dans ce morceau : « Ce jour de ta justice, ce beau jour de lumière, qui éclairera, qui illuminera, qui éblouira le monde, je l’attends, Seigneur, je l’espère, je le désire avec toute l’ardeur, avec toute la fièvre de ma foi invincible et inébranlable. […] La version de Mons traduit : « C’est ici que doit paraître la patience et la foi des saints. » Le père Bouhours : « Voici le temps de la constance et de la fidélité des saints. » Bossuet dit littéralement : « C’est ici la patience et la foi des saints. »‌ Les traductions de Bossuet, dit La Broise, l’emportent presque toujours sur celles de ses contemporains, parce qu’elles serrent davantage le texte, et qu’elles sont plus brèves et plus fortes.

1639. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

La restauration est venue rendre une meilleure espérance aux hommes qui ont peu de foi dans les bienfaits du pouvoir absolu. […] On pouvait s’y attendre de la part d’un homme qui a toujours manqué de bienveillance pour ses semblables ; mais il est singulier qu’ayant, pour arriver à ce résultat, employé la métaphysique du dix-huitième siècle, il ait, dans la célèbre profession de foi, usé avec la plus noble éloquence de la philosophie cartésienne, qui seule en effet pouvait le conduire directement aux croyances religieuses. […] Mais le temps de l’éloquence religieuse était passé, les orateurs et l’auditoire avaient changé ; la foi était éteinte chez la plupart des hommes, refroidie ou timide chez les autres. […] Pour combattre ce penchant malheureux des esprits, il eût fallu des orateurs remplis de chaleur et d’audace, profonds dans la science de la religion, et animés par une foi que l’incrédulité du siècle afflige et n’intimide pas ; mais par malheur le public agit toujours sur ceux qui lui parlent, plus que ceux-ci n’agissent sur lui. […] Se méfiant avec raison de tous les partis, qui ne peuvent jamais répondre d’eux-mêmes, et qui par leur nature manquent de foi, ce fut lui qui inspira la méfiance.

1640. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et Amiel, plus proche, n’avait-il pas énoncé déjà sa conception de l’Univers qu’il envisageait « comme une allégorie de soi-même » et prononcé cet axiome devenu célèbre : « Les paysages sont des états d’âme. »   Les jeunes poètes — ceci se passait vers 1886 — embrassèrent donc avec enthousiasme la foi idéaliste. […] Ces paroles enchantées, destinées, selon toute évidence, à désoler les futurs Banville et les Despréaux à venir, que de fois les a-t-on considérées comme l’acte de foi décisif de la génération précédente.

1641. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Après quoi, il a la foi d’obtenir du gouvernement une salle et une subvention, et cela au moment où il espère avoir 600 abonnés, soit 60 000, et avec ce roulement d’une centaine de mille francs, cette salle à la location gratis, le concours d’acteurs découverts par lui, et payés raisonnablement, il se voit directeur d’un théâtre, où l’on jouera cent vingt actes par an, — un théâtre où l’on débondera sur les planches, tout ce qu’il peut y avoir d’un peu dramatique dans les cartons des jeunes. […] Puis bientôt des femmes s’adjoignaient aux hommes, et Bartet pariait un jour, qu’il ferait voir son nombril à la société, et ma foi relevant sa blouse, sous laquelle il était nu, il le faisait voir son nombril, et peut-être mieux que son nombril : — malheureusement, au moment où Mme Dinochau avait ses yeux « de tampons de locomotive » à la porte.

1642. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Elle consiste, comme vous savez bien, à présenter l’impuissance de la raison à démontrer Dieu comme une preuve de la nécessité de la foi, et par conséquent tout livre rationnellement athéistique comme une introduction à la vie dévote. […] Ses disciples font de la raison une nouvelle foi, une nouvelle idole et un nouveau temple, et du scepticisme de leur maître trouvent moyen de tirer un dogmatisme aussi impérieux, aussi orgueilleux, aussi batailleur et aussi redoutable au repos public que tout autre dogmatisme. […] Il lisait beaucoup sur les matières de religion ; car sa piété était éclairée, et il accompagnait de toutes les lumières de la raison la respectable obscurité de la foi. » Le bon apôtre ! […] De ces deux choses la seconde est fausse, les oracles ayant continué de sévir, quoique avec moins de véhémence, pendant quatre cents ans après Jésus ; et la première blesse infiniment l’auteur qui n’aime pas que les vérités de la foi aient un appui dans les instruments de l’idolâtrie. […] Il les avait, surtout, posées, sans paraître y prendre garde, sur le terrain le plus favorable, les présentant comme la Science opposée à la Foi, le Progrès opposé à la Tradition et l’Expérience au Préjugé.

1643. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

— Ma foi ! […] — Ma foi, tant pis ! […] Malgré ses théories païennes, il s’éprend un jour de la belle Koudjé-Gul, une de ses sultanes, et voici sa dernière profession de foi. […] … » « Ma foi, Madame, il est probable qu’alors ni vous ni moi ne serions ici… » C’est à propos de cette réponse qu’on a prêté à Odilon Barrot cette réflexion faite à Mme la duchesse du Berry : « Gardez bien cet enfant, Madame, ce sera un jour le salut de la France ! 

1644. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Ou celle-ci encore, plus significative : Ce jour de ta justice, ce beau jour de lumière qui éclairera, qui illuminera, qui éblouira le monde, je l’attends, Seigneur, je l’espère, je le désire avec toute l’ardeur, avec toute la fièvre de ma foi inébranlable. […] Cet acte d’orgueil n’était au fond qu’un acte de foi. […] dit Massillon, vous ne connaissez pas les objets que vous avez sous l’œil, et vous voulez voir clair dans les profondeurs éternelles de la foi ! […] L’univers, que Dieu a livré à votre curiosité et à vos disputes, est un abîme où vous vous perdez ; et vous voulez que les mystères de la foi, qu’il n’a exposés qu’à votre docilité et à votre respect, n’aient rien qui échappe à vos faibles lumières ! […] C’est le ton général de l’Héloïse : A présent elle doit compte de sa conduite à un autre ; elle n’a pas seulement engagé sa foi ; elle a aliéné sa liberté.

1645. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

C’est la plus difficile des libertés à établir consciencieusement, mais c’est la plus sainte et la plus favorable à l’action religieuse sur les sociétés dont l’âme est toujours une foi libre.

1646. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

On murmure à voix basse que la beauté, le talent, la célébrité d’une femme d’exception, qui cache son nom comme il convient aux femmes de porter un voile dans la foule, ou aux Clorindes de revêtir une armure d’homme en combattant ; on murmure, disons-nous, que l’attrait d’esprit, le nom voilé, les éclats de célébrité de cette personne, ont fasciné d’un éblouissement désintéressé les yeux et l’âme de ce Platon de la solitude ; que, semblable à ces chevaliers dont la race et le sang coulent dans ses veines, il a senti le besoin de porter dans le cloître ou dans les combats une dame de ses pensées, et qu’il lui a voué ce qu’on appelle un culte, un servage, une foi chevaleresque, épurée de tout, hors de la joie de se dévouer !

1647. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

C’était un pays de royalistes, d’hommes aussi fidèles à leur foi qu’à leur souvenir, que le camp de Jalès, longtemps recruté par les paysans fanatiques, avait plusieurs fois signalé à la haine des républicains.

1648. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Mais cette idée, il ne se l’est pas formée sur la seule foi de ces deux témoins ; elle est le résultat d’une vaste enquête préalable, qu’il n’avait pas à nous étaler.

1649. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Francis Jammes, Paul Valéry, Henry Bataille, Léo Larguier, La Tailhède, Le Cardonnel, Magre, Saint-Pol-Roux, Souchon… Jolie collection, ma foi !

1650. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités.

1651. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

On doit en conclure, ce me semble, qu’il possède, cette rare intensité du sentiment, cette ardeur intérieure, cette puissance de volonté, cette foi qui subjuguent, émeuvent et entraînent. » Et il termine son article par le fameux serment : « Si telle est cette religion (« le beau est horrible, l’horrible est beau ») je suis fort loin de la professer ; je n’en ai jamais été, je n’en suis pas, je n’en serai jamais… Je lève la main, et je le jure : Non credo ! 

1652. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

L’âme, furieusement, s’affirme la Foi.

1653. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Quand le vieux Merlin des légendes traverse les forêts armoricaines, triste, désolé, voyant la science bardique déchoir et les anciennes croyances s’effacer devant une foi nouvelle, c’est l’oiseau qui lui crie, perdu en la profondeur des feuillages : « Merlin, Merlin, il n’y a d’autre dieu que Dieu. » S’inspirant du symbole, Wagner a fait de l’oiseau une « voix de la nature » : il lui a donné pour cela, légèrement modifiée, la mélodie que chantait Woglinde, la première fille du Rhin, su début de Rheingold.

1654. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La vraie sincérité, celle qui n’est pas une attitude vaine d’arriviste politique ou littéraire, celle qui est dans la vie et non dans les professions de foi, dans les mœurs et non dans les mœurs oratoires, celle qui est « l’horreur du servilisme, de la palinodie et des concessions hypocrites », loin de se montrer banale comme une préface de Saint-Georges de Bouhélier, « ne semble plus que la vertu des seuls prédestinés ».

1655. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

« Il écrit cette profession de foi si émue et certainement si sincère de dévouement à la Compagnie. » Par quel mode enfantin se font donc en un Faguet les associations d’idées et de mots ?

1656. (1904) En méthode à l’œuvre

Et alors, en construit-elle, par une sorte d’atavisme superstitieux, un idéal de Foi matérialiste à violences d’appétits et sanctions de Besoins : et en même temps se dénature ou se détruit, d’être passé par elle qui lui demande ainsi que des prolongements décuplés de ses seuls sens, le sens universel et sacré, — Et parce que la hâtive Science moderne multipliant ses vulgarisations à la mesure des inaptes cerveaux, ne voit pas qu’ainsi elle s’amoindrit et se disperse, et ne grandit autour d’elle qu’une audace ou un scepticisme hostilement présomptueux : il se peut que se désagrège avant de se résumer une conscience, l’Occident…   — Nous arrivons donc à une proposition « d’Altruisme » vrai, qui ne soit plus de sentiment, ni n’implique de renoncement personnel.

1657. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

En ce scepticisme de tout l’individu, et au milieu des ruines de toute foi à quoi que ce soit, ô ironie !

1658. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

quand on a fait cela… c’est vraiment difficile de n’être pas quelqu’un dans l’avenir. » Et, ma foi, le promeneur mourant de l’allée du bois de Boulogne pourrait peut-être avoir raison.

1659. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Aussi n’est-ce pas contre une admiration éclairée que je m’éleve, mais contre un sentiment aveugle que l’on s’impose sur la foi d’autrui, qui ne discerne point comment et jusqu’où les choses sont belles, et qui prodigue aux défauts mêmes les éloges qui ne sont dûs qu’aux vraies beautés.

1660. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Tour à tour apostat de l’une et l’autre loi, Admirant l’Évangile, et réprouvant la foi, Chrétien, déiste, armé contre Genève et Rome, Il épuise à lui seul l’inconstance de l’homme, Demande une statue, implore une prison ; Et l’amour-propre enfin, égarant sa raison, Frappe ses derniers ans du plus triste délire : Il fuit le monde entier qui contre lui conspire, Il se confesse au monde, et, toujours plein de soi, Dit hautement à Dieu : Nul n’est meilleur que moi.

1661. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

je me suis dit bien souvent, c’en est fait du Théâtre-Français, puisque je vois cette actrice célèbre, qui tant de fois a partagé mes succès, endurer avec un front calme les outrages des aveugles que vous n’aviez point encore convertis à votre foi nouvelle.

1662. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

J’étais parti du Mans, monté sur un courtaud, Comme un petit saint George avec cet équipage, Sans avoir le dessein de faire aucun dommage, Foi d’avocat !

1663. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Aucune foi ne la captive, aucun dogme ne l’arrête.

1664. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Fait pour chanter la guerre, l’héroïsme, la foi, toutes les forces, que ne nous donna-t-il cette joie de le voir rentrer dans la vérité de son génie !

1665. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau, — « qui adorelesuprêmeidéal, et s’indignecontrel’hypocrisie », comme si c’était maintenant d’hypocrisie qu’il s’agissait, — que ce Daniel, élevé comme un jeune chien par un oncle de vaudeville « quiaaimélesfemmesetlaviefacile », et que son neveu appelle un ange, ma foi !

1666. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Si l’on peut ajouter foi aux calculs de Héron dans son ouvrage sur la Langue Anglaise, l’Espagnol en aurait trente mille, le Français trente-deux mille, l’Italien trente-cinq mille, l’Anglais trente-sept mille.

1667. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Mme de Staël, dans un de ses livres, raconte l’histoire d’un homme qui au spectacle commença par applaudir une actrice : « Il aperçut un sourire sur les lèvres des assistants, il modifia son éloge ; l’opiniâtre sourire ne cessa point, et la crainte de la moquerie finit par lui faire dire : Ma foi, la pauvre diablesse a fait ce qu’elle a pu. […] Ces facultés sont l’espérance, la foi, l’amour et la joie, qui ne peuvent jamais se fixer sur les objets périssables de ce monde et qui n’aspirent qu’à ce qui est parfait et infini. […] Quel est l’homme qui a pu avoir assez de foi dans sa propre sagesse pour ne pas recourir, dans les nécessités de la vie, à un pouvoir supérieur et divin ? […] Aussi, quoique l’influence de ces facultés se laisse parfois ressentir ici-bas, elles ne peuvent avoir pour but et pour objet que Dieu seul, en qui la foi, l’espérance et l’amour n’ont jamais été placés en vain, et qui peut les récompenser ici-bas et dans une vie meilleure. » Lord Herbert glisse légèrement sur son éducation. […] Ces prétendus droits de la fantaisie poétique sont une des plus grandes impertinences de notre époque et n’ont, je crois, jamais été invoqués que pour masquer les défaillances d’imaginations stériles qui, faute d’avoir quelque chose à exprimer, ont jugé bon d’établir comme article de foi que le premier droit du poète était de n’exprimer aucune pensée.

1668. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Chaque homme doit respecter son semblable et ne doit pas attenter à une vie dont l’Être souverain seul doit disposer, puisque c’est lui qui vous l’a donnée. » Entre Fénelon et Rousseau, ces quelques lignes — qui parurent en 1713, il ne faut pas l’oublier — ne marquent-elles pas la transition du christianisme déjà bien vague du Télémaque au déisme tout pur de la Profession de foi du vicaire savoyard ? […] Sur la foi des paroles de Mlle Aïssé, que nous avons citées tout à l’heure, on a cru qu’il datait de 1728, et quelques-uns le croient peut-être encore. […] C’était bien le moins, si, négligeant de signaler quelques rencontres fortuites ou quelques ressemblances tout extérieures, nous nous contentons de faire observer que le thème de la fameuse lettre sur le suicide est déjà dans Cléveland, et aussi la première ébauche de la Profession de foi du vicaire savoyard. […] En vain, et pour ne pas se laisser dépasser, c’est Condorcet qui nous l’apprend, il opposa son Sermon des Cinquante à la Profession de foi du Vicaire savoyard. […] Et si l’on se rappelle à ce propos l’avertissement que Condorcet a mis au Sermon des Cinquante, pour nous apprendre que Voltaire, « un peu jaloux du courage de Rousseau », ne composa cet opuscule qu’en réponse à la Profession de foi du Vicaire savoyard, on conclura de tous ces rapprochements que Rousseau, sans le savoir, a été l’instrument, ou, si l’on veut, l’ouvrier de la dernière transformation de Voltaire.

1669. (1929) Amiel ou la part du rêve

Ils allèrent garder leur foi calviniste à Neuchâtel, puis dans le pays de Vaud. […] Il faut s’arrêter devant cette profession de foi universitaire que les concitoyens d’Amiel approuvèrent en le nommant. […] Mais le peu de foi qu’il avait dans l’existence de sa personne pendant la vie ne le préparait point à exiger d’une ferme espérance l’existence personnelle d’outre-tombe.

1670. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Et puis l’aimable auteur, s’il est permis de le dire, n’y mit point cette opiniâtreté de volonté dont l’auteur d’Hernani a depuis donné l’exemple, cette foi robuste en soi-même qui, venant en aide au talent, transporte les montagnes. […] Duparquet et lui engagea sa foi.

1671. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Ce qui me frappe donc, c’est la suite, c’est la persistance plus intrépide de sa foi aux mêmes moyens généraux, et sa méconnaissance prolongée de ce qu’avait de spécial le caractère de la nation française par opposition à l’américaine. […] — C’est ainsi que son expérience acquise se concilia du mieux qu’elle put avec son inaltérable faculté d’espérer et avec sa foi morale et sociale persistante.

1672. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

. —  « Chère madame, bien sûr, c’est un homme de beau langage ; —  écoutez seulement comme sa langue mord bien le clergé. » — « Ma foi ! […] « L’absence de foi est un inconvénient qu’il faut cacher quand on ne peut le vaincre. —  Je me regarde, en qualité de prêtre, comme chargé par la Providence de défendre un poste qu’elle m’a confié, et de faire déserter autant d’ennemis qu’il est possible. » (Pensées sur la religion.

1673. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] Un quaker, qui fait une déclaration de foi en termes généraux, obtient le plein bénéfice de l’acte, sans signer un seul des trente-neuf articles ; un ministre indépendant, qui est parfaitement disposé à faire la déclaration demandée au quaker, mais qui a des doutes sur six ou sept des articles, demeure sous le coup des lois pénales.

1674. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Tels étaient les nobles projets dont le jeune voyageur venait, avec la foi la plus vive, faire hommage à la grande Catherine ; et c’est riche de ces brillantes illusions qu’il était arrivé aux portes de Moscou ayant dépensé son dernier écu. […] Elle était née en Bretagne, d’une simple famille de paysans, dont elle était chérie, et qui l’aurait rendue heureuse, si elle n’avait eu la faiblesse d’ajouter foi à l’amour d’un gentilhomme de son voisinage, qui lui avait promis de l’épouser.

1675. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Et Taine explique les avantages et les commodités du protestantisme pour les esprits supérieurs par l’élasticité du dogme, et par l’interprétation que chacun, selon la nature de son esprit, peut fournir à sa foi. « Au fond, finit-il par dire, tout cela est une affaire de sentiment, et j’ai la conviction que les natures musicales sont portées au protestantisme et les natures plastiques au catholicisme. » 20 mars Soirée chez Nieuwerkerke au Louvre. […] En dehors du dogme et de la foi, le catholicisme est sans doute ce qu’il y a de meilleur, mais il faut pour l’équilibre, qu’au-dessus du catholicisme, l’élément germain se mêle, en nous, à l’élément latin.

1676. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Les volumes que voici en font foi. […] Dans ces jours solennels on représentera une belle tragédie qui apprenne aux hommes à redouter les passions ; une bonne comédie qui les instruise de leur devoir et qui leur en inspire le goût. » Voilà pourtant à quel point il était tombé dans la foi niaise à cette comédie qui n’a jamais corrigé personne.

1677. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

C’est comme une plante… » Et alors David commençait une de ses comparaisons favorites, qu’il perdait, reprenait et reperdait pour la reprendre encore, tout en accompagnant sa harangue de réticentes causées par la difficulté qu’il avait à prononcer, ce qui le forçait parfois de s’arrêter court, en disant à ses élèves, qui riaient ainsi que lui : « Ma foi, je ne sais plus où j’en suis ; mais vous me comprenez, n’est-ce pas ? […] Mais, si incertain moi-même de ce que le sort me réservent du temps qui m’est mesuré, je veux, du moins, laisser ici quelque témoignage qui révèle que je les ai connus, et qui fasse foi de ma gloire. » Saady fait dire à l’ambre : « Je ne suis qu’une terre vile, mais j’ai habité avec la rose. » « Artiste, jette un voile sur ton Apollon et sur ta Vénus. […] Enfin, un mouvement interrogatif et quelques mots de Girodet ayant provoqué une réponse positive à ce sujet, le maître dit à l’élève, avec l’accent de quelqu’un qui se résume : « Ma foi, mon bon ami, il faut que je l’avoue ; je ne me connais pas à cette peinture-là ; non, mon cher Girodet, je ne m’y connais pas du tout. » Dès lors, la visite dura peu, comme on doit le croire, et Girodet reconduisit son maître jusqu’à la porte, avec des démonstrations de respect qui cachaient mal son émotion.

1678. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Ma foi, non, répondit celui-ci, je ne vais pas dans une maison où l’on sucre le café avec des orphelins. […] — Ma foi, non, répondit l’autre, beaucoup plus fort sur le baccarat que sur ses classiques. […] — M*** demanda des échantillons, fut très-satisfait… donna l’argent, une grosse somme, ma foi, et dit à la sylphide de faire descendre le vin à la cave, avec ordre d’en mettre sur la table chaque fois qu’il dînerait. — Au bout de quelques jours, il s’aperçut que le bordeaux qu’on lui servait— avait un goût détestable, — un vrai bordeaux de dîner à prix fixe. […] — Ma foi, répondit-il, mettez que je suis un Velche, ou que Mademoiselle *** n’était pas en train ce soir ; mais son esprit et ses mots m’ont paru ressembler au fameux briquet et aux allumettes d’Arnal, dans la pièce des Cabinets particuliers.

1679. (1925) Proses datées

Soirées inoubliables de foi sincère et d’enthousiaste exaltation, et dont il m’a paru naturel d’évoquer le souvenir. […] Jean des Cognets nous a montré la « vie intérieure », tout éclairée de foi sincère et de magnifiques illusions. […] Il apporte son offrande, mais réserve sa foi. […] L’esprit classique croit à la règle et l’impose ; l’esprit romantique la rejette et la nie ou plutôt il a foi en celle que se fixe l’individu.

1680. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Ils voulaient prouver la bonté de leur cause ou gagner des fidèles à leur foi particulière ou encore, tout bonnement, travailler à la gloire de Dieu. […] Exempt d’art, à un degré inconcevable, Port-Royal cultiva, quoi que dise Renan, une rhétorique spéciale, et glaciale, où la ferveur de la foi se congèle en des phrases immobiles, en des épithètes paralysées. […] » Macaulay, et ici c’est le mécanisme même du plagiat innocent, avait, devenu vieux, une mémoire littérale très vive et une mémoire localisatrice très faible ; « si on lui lisait quelque chose dans la soirée, il se réveillait le lendemain matin l’esprit plein des pensées et des expressions entendues la veille ; il les écrivait de la meilleure foi du monde, sans se douter qu’elles ne lui appartenaient pas. » Une forme plus fréquente et moins dangereuse de la mémoire tronquée est celle où l’on garde le souvenir des circonstances locales et secondaires tout en oubliant le principal, ce qui fut le but même et le centre de l’acte dont nous n’avons gardé entre nos doigts que l’enveloppe. […] Gaston Paris, qui sait qu’en linguistique le fait domine la logique, on opposait la foi grammaticale de M. 

1681. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Deux odes de 1814 en font foi ; ce sont des messéniennes écrites sous le coup.

1682. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

L’antiquité est mieux étudiée de nos jours en France, au sein des écoles, qu’elle ne l’était et vers la fin du xviiie  siècle et à aucun moment depuis ; le nombre fet grand des jeunes esprits qui à un talent suffisant d’écrire unissent beaucoup de savoir et d’érudition ; les thèses seules soutenues à la Faculté des lettres eraient foi de ce progrès continu, et attesteraient à les deugré le niveau monte.

1683. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Otons-lui les pieds. » Or trouvez-moi Chose par les humains à sa fin mieux conduite Quel autre art de penser Aristote et sa suite Enseignent-ils, par votre foi ?

1684. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Lorsque vous tournez les grandes pages roides d’un in-folio, les feuilles jaunies d’un manuscrit, bref un poëme, un code, un symbole de foi, quelle est votre première remarque ?

1685. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

De plus grands hommes dans tous les arts ne sont pas nés et ne renaîtront jamais : architectes, artistes, pontifes, poètes, tailleurs de marbre, peintres, sculpteurs, mosaïstes, ont été réunis en faisceau de foi, de puissance, de conception, de richesse, de génie, de volonté, d’inspiration, d’enthousiasme pour enfanter ce miracle !

1686. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ces pages reluisent, non de foi, mais d’images.

1687. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

La pure foi grecque, à cette époque, n’admettait pas les usurpations trop violentes de l’homme sur la nature ; elle traçait à ses empiétements des frontières qu’il était impie de franchir.

1688. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Ma foi. le lendemain, — le maudit vase avec son or, son corail, son cristal de roche m’avait trotté dans la tête, toute la nuit — j’allais trouver mon Chinois, auquel j’offrais de son jade, 800 francs.

1689. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Charlatans, faiseurs d’horoscope, Quittez les cours des princes de l’Europe Emmenez avec vous les souffleurs5 tout d’un temps ; Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.

1690. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Puis, comme si ce n’était pas assez que cette fin par elles-mêmes de l’Institution et de la Race, le peintre, désespéré et désespérant, d’une Royauté qui meurt, selon lui, de deux ignominies : l’ignominie morale et l’ignominie physique des personnalités royales, n’a placé auprès de cette royauté ni un homme de génie (quoique dans son livre il y en ait un), ni un homme de foi et de dévouement (quoiqu’il y en ait plusieurs), qui ne soient ou inutiles ou ridicules dans leur effort pour la sauver.

1691. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Le propre de la foi est d’être au-dessus de la démonstration mathématique : elle se donne au moins pour telle. Et pourtant la foi est le type de la certitude : nous ne sommes jamais si convaincus que quand nous croyons en vertu de la foi. […] On meurt pour sa foi, non pour un théorème ; nos différences de sensibilité, de volonté, produisent l’infinie diversité de ces sortes d’opinions. […] Celui-ci part de cet acte de foi, que nos facultés sont véraces. […] Mais quand même une tradition remplirait toutes ces conditions, on ne saurait par cela seul la juger digne de foi, et c’est à l’historien de décider du plus ou moins de créance qu’elle mérite.

1692. (1922) Gustave Flaubert

Nous l’y voyons d’ailleurs avec les yeux de la foi, car nous n’avons là-dessus que le récit de Du Camp. […] On n’écrit pas un livre comme Madame Bovary sans ferveur et sans foi. […] Et puis, ma foi ! […] La foi en soi-même s’use avec les années, la flamme s’éteint, les forces s’épuisent. […] L’un et l’autre, si on veut les définir par ce qu’ils ne sont pas, figurent pour Flaubert ce qui n’est pas dans les livres, ce qui était l’être normal de la durée humaine avant que ceci eût tué cela, que le livre eût tué la foi naïve et la cathédrale, puisqu’Un cœur simple est pris à la chronique spontanée de la famille de Flaubert, et Saint Julien à un vitrail d’une vieille église.

1693. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et ma foi, il avait construit de ses mains une rôtissoire en fer-blanc, et faisait rôtir la bécasse devant un feu de bois clair et flambant, ayant l’art de la faire couler dans le canapé, et soutenant qu’il n’y avait pas dans le monde, un rôtisseur de bécasses comme lui. […] Ma foi, les volumes étaient bien reliés et, les jours suivants, mon accès religieux étant un peu passé, et ayant faim, je vendais les quatre volumes du Père Félix, ce qui me donnait à manger, deux ou trois jours.

1694. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

. — D’ailleurs, pour vous, Monsieur, comme pour moi, c’est toujours la Foi qui sauve ! […] Pour ce qui est de notre langue, au contraire, voici quelle est ma foi profonde : Le vers français, tel qu’il a été constitué de Villon à Ronsard, affermi de Malherbe à Racine, assoupli d’André Chénier à Victor Hugo, est le plus parfait instrument d’expression qui puisse être donné à la poésie.

1695. (1886) Le naturalisme

Latouche a dit d’elle, sans aucune courtoisie, qu’elle était un écho qui grossissait la voix ; et, ma foi, il ne se trompait point en ce qui est de la pensée, car George Sand dogmatisait toujours pour le compte d’autrui. […] L’opinion générale est que la moralité d’une œuvre consiste à montrer la vertu récompensée et le vice puni : doctrine insoutenable devant la réalité et devant la foi. […] Non seulement elle possède une chaire et un pupitre, mais elle dispose de moyens matériels pour la propagation de la foi.

1696. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Les mystères sont les spectacles de la foi. […] Chez lui Andromaque ressemble précisément à ces veuves des premiers siècles chrétiens, où l’idée d’un second mariage eût semblé profane, et presque coupable, à ces Paule et à ces Marcelle, qui, retirées dans un cloître, indifférentes à tous les spectacles du monde, et toujours vêtues de deuil, ne regardaient plus que le tombeau de l’époux à qui elles avaient promis leur foi, et le Ciel où leurs premiers nœuds devaient se rejoindre éternellement. […] Satan, tel qu’il est conçu par Milton, ne prouve donc rien contre ces vers de Boileau : De la foi d’un chrétien les mystères terribles D’ornements égayés ne sont point susceptibles.

1697. (1940) Quatre études pp. -154

Ô foi immortelle ! s’écrie-t-il dans son Cinque Maggio ; ô foi bienfaisante, habituée aux triomphes ! […] Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant ! 

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