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1465. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Il faudrait pouvoir observer pendant toute la vie le jeu du cerveau, du cœur, du diaphragme, des entrailles, et avoir la vue assez subtile, assez perçante pour en appercevoir les oscillations les plus imperceptibles.

1466. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Et quoique les amours qui suivirent celui-là et se succédèrent les uns aux autres avec une précision et une rapidité presque militaires, fussent des amours plus passionnés, il ne faut jamais perdre de vue qu’ils étaient toujours plus ou moins des amours de bas-bleu, dans lesquels le galimatias philosophique et littéraire se mêlait sans cesse au galimatias involontaire de la passion.

1467. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Ce qu’il a écrit, il ne l’a pas tracé en vue des beautés essentielles à cette histoire trop ignorée et qui devraient tenter un peintre.

1468. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Pierre Janet a faite des névroses l’a conduit dans ces dernières années, par de tout autres chemins, par l’examen des formes « psychasthéniques » de la maladie, à user de ces considérations de « tension » psychologique et d’« attention à la réalité » qu’on qualifia d’abord de vues métaphysiques 3.

1469. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Dans ces temps d’effroi, les hymnes durent être animées par l’imagination et respirer l’enthousiasme ; car l’homme aux prises avec la nature conçoit des idées plus grandes par la vue de sa faiblesse même ; alors tout s’exagère à ses yeux ; ses expressions s’élèvent avec ses idées, il peint tout avec force, il emprunte de toute la nature des images pour louer celui à qui la nature est soumise.

1470. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Élevez-vous, et toutes les fois que les larmes vous viendront aux yeux, tournez vos regards sur Claude, la vue de cette puissante divinité séchera vos larmes.

1471. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés.

1472. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Comme nous ne prétendons nullement donner ici une biographie complète, nous pourrions nous taire sur ces divers contre-projets de Daunou, ou nous borner à en louer la sagesse, du moins la sagesse relative ; mais il y a lieu d’en tirer quelques vues directes pour l’étude de l’homme et de l’écrivain. […] Daunou choisissait peu de lui-même ses sujets de composition : il s’en laissait charger volontiers, en ne les acceptant sans doute que lorsqu’il les trouvait convenables à ses vues ; mais l’initiative, même là, venait d’ailleurs. […] Le livre qu’on examine, et dont le titre figure en tête de l’article, n’est le plus souvent aujourd’hui que le prétexte pour parler en son propre nom et produire ses vues personnelles. […] Il extrait, il analyse les œuvres, il discute les points de fait : je ne dirai pas qu’il s’efface, car son jugement se marque implicitement dans le choix et la teneur de ses extraits mêmes ; mais ne lui demandez aucune de ces vues qui semblent lumineuses au prémier aspect, qui bien souvent ne sont que hasardeuses, par lesquelles toutefois un petit nombre de critiques supérieurs ont éclairé à cette distance des horizons jusque-là obscurs. […] L’érudition elle-même s’est quelquefois polie ; on l’a vue s’efforcer de s’ennoblir par l’exactitude et l’utilité de ses recherches.

1473. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

En un mot, toutes les âmes avaient foi dans l’ordre politique et dans l’ordre religieux ; et cette foi se manifestait dans tout ce que la poésie, c’est-à-dire le symbole, pouvait enfanter pour la vue ou pour les oreilles : les cathédrales, les tableaux, les poèmesb. […] Les Scythes, dit-on, crevaient les yeux à leurs esclaves : de même faisons-nous à nos enfants ; nous les élevons d’abord avec les dogmes du Christianisme, pour qu’ils restent ensuite toute leur vie privés de la vue. […] C’est que nous n’avons pas que le présent, et que le problème, insoluble au point de vue du fini absolu, est soluble au pointée vue de l’infini. […] vœu qui revient à celui-ci : « Je veux souffrir, parce que souffrir en vue du ciel, c’est aimer, et qu’aimer est ma loi. » Or, passez par-dessus deux siècles, et, de l’époque de sainte Thérèse, arrivez à la Régence : que deviendra cette sublime formule de l’âme de la femme, et comment se transformera-t-elle ? […] La science amasse une immense érudition de faits, découvre d’importantes vérités ; mais la science, absorbée dans les détails et privée de la vue de l’ensemble, devient la plus aveugle des cécités, et la science sans la charité produit tous les doutes et toutes les misères morales.

1474. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Le traité sur l’éducation a fourni à l’éloquent Rousseau les vues les plus solides et quelques-unes des belles inspirations de son Émile. […] Seule, dans les annales du monde civilisé, on l’avait vue jouir du privilège de se renouveler plusieurs fois avec la même splendeur, et de se conserver florissante pendant plus de mille années. […] « Que de choses nous avons vues naître à la Sirène ! […] Le jeune Milton reçut l’éducation la plus savante ; et, dès l’âge de douze ans, son application à l’étude, et ses veilles prolongées avaient commencé d’affaiblir sa vue. […] Milton était presque aveugle lorsqu’il commença cet ouvrage ; et il se glorifiait de perdre la vue en achevant cette œuvre odieuse qu’il croyait patriotique.

1475. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Elle remplit son assiette une fois, deux fois, elle en reprend encore, puis tout à coup sa vue se trouble, sa tête s’égare, et elle tombe sur le plancher. […] Dès qu’il l’a vue tomber, il s’est levé en criant : « Un docteur ! […] Mais sa tristesse s’allégea à la vue des plaines riantes et de la première verdure si fraîche et si tendre des saules et des bouleaux épanouis sur son chemin. […] Elle ne parlait à personne, et tremblait au seul nom de sa maîtresse, quoiqu’elle la connût à peine de vue. […] Erochka, qui avait perdu de vue Guérassime, était rentré à la maison pour y raconter ce dont il avait été témoin.

1476. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Pour le moment, bornons-nous à une vue tout à fait superficielle. […] Que le lecteur ne prenne d’ailleurs ceci que comme une ébauche, une vue provisoire du sujet, qui sera complétée plus tard. […] Il ne fixe sa vue que sur des objets brillants, sur la figure de sa mère ou de sa nourrice. […] L’auteur déclare d’ailleurs que, « sur le fondement physiologique de cette faculté de contrôle, on ne peut admettre que des vues théoriques ». […] 2° « Il ne semble pas évident à première vue, écrivait Bain dès 1855, que la rétention d’une idée [image] dans l’esprit soit l’œuvre des muscles volontaires.

1477. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Je tiens pour la vieille maxime, qu’une pièce doit être vue aux chandelles. […] je crois bien vous avoir vues aussi… Eh ! oui, je vous ai vues à l’ouverture des Bouff. […] Mais mon métier n’est pas de rendre l’ouïe aux sourds, ni la vue aux aveugles-nés. […] C’est la Dorimène de Molière, telle qu’il l’a vue et représentée sur la scène.

1478. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Il analyse ainsi les marines de Monet : « Ces mers, vues d’un regard qui y tombe perpendiculairement, couvrent tout le rectangle du cadre ; mais le ciel, pour invisible, se devine : tout son changeant émoi se trahit en fugaces jeux de lumières sur l’eau. […] J’ai vu un livre qui à un tel sembla de pur sensualisme, incliner un autre lecteur à des vues métaphysiques et un autre à des pensées seulement tristes. […] Ce qui disparaît était tout, mais n’est plus rien : une femme, les nuits vécues, les fleurs vues ensemble, la vie écoulée comme du sable d’une main dans une main, enfants ! […] C’est la vie vue à travers un éblouissant réseau d’images, la vie même, mais avec toute sa féerie intérieure ; toute la nature tremble et rêve dans ces versets lents, comme une femme portée dans une barque à travers le soir. […] Enfin, et pour résumer l’impression que donne la vue panoramique de cette double existence, si noblement prolongée par l’un d’eux jusque vers l’extrême vieillesse, les Goncourt furent de miraculeux hommes de lettres.

1479. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Une autre idée vers la même époque achève aussi de se déterminer : c’est cette idée de progrès que nous avons vue se dégager, il y a quelque cinquante ans, de la querelle des anciens et des modernes ; qui depuis s’est comme enrichie de tout ce que perdait l’esprit de tradition ; et qui pénètre maintenant jusque dans le sanctuaire de la routine : on veut dire en Sorbonne. […] C’est tout cela qui, joint ensemble, et non pas une vue théorique de bachelier de Sorbonne, concourait a la formation, au développement, à la popularité de l’idée de progrès. […] John Morley, Diderot and the Encyclopædists, Londres, 1878], l’Encyclopédie française est devenue la plus grosse affaire de librairie qui se fût encore vue, ni comment, d’une entreprise d’abord purement commerciale, les circonstances, beaucoup plus que les hommes, en ont fait la plus formidable machine de guerre qu’on eût encore dressée contre la tradition. […] On en saisit peut-être maintenant la raison, qui est que les encyclopédistes ne se sont point souciés d’étudier l’homme, ni les hommes, mais seulement les « rapports des hommes » ; et quand on n’étudie que les « rapports des hommes », ce que l’on perd le plus promptement de vue, c’est la diversité de nature qui distingue les hommes entre eux. […] Si ses contemporains n’ont rien tant admiré chez lui qu’une extraordinaire faculté d’assimilation, servie par une facilité d’exécution ou d’expression non moins extraordinaire, on constate qu’ils les ont d’autant plus admirées qu’ils les ont vues s’appliquer, tour à tour ou ensemble, à plus d’objets, plus différents, plus étrangers eu apparence à ses intérêts d’amour-propre et de vanité.

1480. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Je ne les avais pas encore vues. […] Cette monomanie de suicide avait pris bientôt une telle proportion, que l’administration s’était vue dans la nécessité d’établir une petite morgue dans le foyer. […] — Pardon, lui dit le joueur, qui avait gagné la lettre acceptée comme enjeu, payera-t-on à vue ? — À vue et au porteur, dit M.  […] Quand il en rencontre un de sa connaissance sur le boulevard, il l’emmène volontiers dîner, et choisit dans le restaurant la place où il sera le mieux en vue.

1481. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

En face, il n’y avait rien, rien qui gênât la vue sur la plaine, qui s’étendait jusqu’à l’horizon. […] Il venait faire sa cour chaque jour, et elle l’attendait en rêvant, guettant sa venue du haut de sa fenêtre, dont la vue s’étendait sur la campagne, au loin…, hélas ! […] Elles avaient imaginé un jeu, dont la vue me terrifia. […] Un jour, pendant la récréation, je parvins à gagner sans être vue, l’escalier des tribunes. […] Vues de là-haut elles me paraissaient rapetissées, comme aplaties, et très ridicules.

1482. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Néanmoins, l’homme et l’auteur communiquent chez lui par beaucoup de points, et par plus de points encore qu’il ne semble à première vue. […] Je veux partir ; pourquoi vous montrer à ma vue ? […] Durant quatre actes sur cinq, Bajazet est gardé à vue. […] et je soutiens la vue De ce sacré soleil dont je suis descendue ! […] Il ne l’avait pas vue.

1483. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Mais son état de grossesse n’était pas encore assez avancé pour que la vue de son joli corps fût déplaisante. […] La vue des enfants les consolait, en les rassurant : ces innocents ne devaient point payer pour le coupable. […] La vue de cet enfant, dont il ignorait l’existence, de cette petite fille, éveille en lui le sentiment de la paternité. […] Puis la parole fut donnée à un jeune homme doué d’une tête macaronique, dont la seule vue fit trépigner l’assistance. […] La seule chose importante que j’ai vue jusqu’à présent, c’est Constantine, le pays de Jugurtha.

1484. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Émile Faguet que sont dues ces études, écrites avec une rare netteté de vues, une science d’analyse qui en font une œuvre de maître. […] Celle-ci s’aggrave de la vue de Cudane. […] Elle disait, comme lui, des choses faciles : « — Cette vue est bien belle. […] Avant de terminer cette vue d’ensemble sur l’œuvre si délicate, si osée aussi de M.  […] L’avait-il bien vue ?

1485. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il prenait pour modèle l’une de celles que tous les Parisiens, habitués du monde galant, se souvenaient d’avoir vue. […] C’est tout au plus s’ils ont fait de courts voyages afin d’aller recueillir sur place des renseignements en vue d’un roman futur. […] Car la célébrité se fit attendre pendant des années ; elle se fit si bien attendre que l’un des deux frères perdit courage et mourut avant de l’avoir vue arriver. […] Même, un jour de confidences, il nous avouera que tel de ses romans a été composé uniquement en vue des descriptions. […] Quand parut Numa Roumestan, on chercha, parmi les Méridionaux les plus en vue, celui que M. 

1486. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il en existe à peu près sur chaque auteur un peu en vue.‌ […] Il est possible qu’il ait parfois plaisanté chez ses amis la drôlerie qui le frappait à première vue et qu’il découvrait partout. […] Sa fierté de gentilhomme ne lui fit jamais perdre de vue le soin de la publicité et de la réclame. […] Il ne vous quittait pas pendant des semaines ; puis tout à coup on le perdait de vue. […] C’est dans la tranquille maison de la rue Oudinot que je l’ai vue pour la première fois.

1487. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Le souvenir des jours sanglants de 1793 vivait fortement encore dans toutes les mémoires, et l’on ne tardera pas à comprendre pourquoi la vue de la jeune artiste fit renaître tout à coup des images si funestes dans l’esprit d’Étienne. […] Aussi sa vue faisait rêver de bonnes actions, et on ne se souvenait pas d’elle sans avoir envie d’être meilleur. […] Vien, ajoutait David, fus-je d’abord frappé, dans les tableaux italiens qui s’offrirent à ma vue, de la vigueur du ton et des ombres. […] Cette disposition des esprits dura en France jusqu’au 18 brumaire an VIII, lorsque Bonaparte, après s’être emparé des rênes de l’État, s’empara également de l’activité de toutes les imaginations, pour la fixer sur la gloire militaire et la faire profiter à ses vues. […] « Mon ami, lui dit-il un jour, lorsqu’il commença à établir sa scène des Thermopyles, il faut que vous me rendiez un service : ce serait, en vous servant du plan topographique du Passage des Thermopyles que voilà, d’en tracer une vue perspective.

1488. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

II Ici on perd de vue Roger. […] Le beau jeune homme se remet à vue d’œil ; elle, au contraire, tantôt glacée, tantôt brûlante, languit d’une incurable fièvre. […] « La république française, gouvernée alors par un dictateur à vues droites, mais courtes, au lieu de se borner à offrir un asile sûr et respectueux au pontife, intervint à main armée pour la souveraineté temporelle du pape.

1489. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cet homme de bien, très détaché de lui-même, ne se jugeait pas assez important pour s’occuper exclusivement de lui et pour en occuper les autres ; il se passe habituellement sous silence ; mais, quand il rencontre sur le chemin de ses souvenirs et de sa plume quelqu’une de ces questions historiques qui ont agité et l’Église et le monde, telles que le concordat, le rétablissement du culte en France, le conclave d’où sortit Pie VII, le voyage du pape à Paris pour y couronner Napoléon, l’emprisonnement de ce pontife à Savone, sa dure captivité, sa résidence forcée à Fontainebleau, les désastres de Russie et de Leipsick qui forcèrent l’empereur à tenter sa réconciliation avec Pie VII et à renoncer à l’empire des âmes pour recouvrer à demi l’empire des soldats ; le retour du pape à Rome, l’enthousiasme de l’Italie à sa vue, qui le fait triompher seul à Rome de l’omnipotence indécise de Murat en 1813 ; enfin sa restauration spontanée sur son trône : alors Consalvi, directement ou indirectement mêlé à toutes ces transactions, prend des notes, les rédige et les confie aux archives du Saint-Siège pour éclairer le gouvernement pontifical et traditionnel sur ses intérêts. […] « Le cardinal Braschi répondit qu’il lui était impossible d’exprimer sa surprise et de comprendre comment Son Éminence (Antonelli) avait songé au cardinal Chiaramonti, à cause justement des difficultés extrinsèques qu’il avait indiquées sommairement ; que malgré leur nature, lui, Braschi, ne les croyait pas absolument invincibles près de ceux de son parti, tant à cause des mérites personnels du sujet qu’en vue des circonstances particulières dans lesquelles on se trouvait ; que la longueur excessive du conclave, l’inutilité des épreuves faites sur les candidats des deux partis que l’on ne pouvait parvenir à nommer, la lassitude des électeurs, aucune exception personnelle contre le sujet et une satisfaction naturelle de voir l’un d’entre eux succéder à saint Pierre, lèveraient beaucoup d’obstacles. […] Quoique postérieurs à l’élection, ils ont cependant corrélation avec elle en tant qu’ils servent de preuve à ce que j’ai avancé par rapport aux vues de la cour de Vienne sur le choix du nouveau pontife.

1490. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Qu’il unisse intimement la poésie et la musique, non pour les faire briller l’une par l’autre, mais en vue du drame seul ; qu’il repousse sans faiblesse, poète, tous les agréments littéraires, musicien, toutes les beautés vocales et symphoniques qui seraient de nature à interrompre l’émotion tragique ; qu’il renonce au récitatif, aux ariettes, aux strettes, aux ensembles même, à moins que le drame, à qui tout doit être sacrifié, n’exige l’union des voix diverses ; qu’il rompe le cadre de l’antique mélodie carrée ; que sa mélodie, sans se germaniser, se prolonge infiniment selon le rythme poétique ; que sa musique, en un mot, devienne la parole, mais une parole qui soit la musique pourtant ; et surtout, que l’orchestre mêlant, développant, par toutes les ressources de l’inspiration et de la science, les thèmes représentatifs des passions et des caractères, soit comme une grande cuve où l’on entendra bouillir tous les éléments du drame en fusion, pendant qu’enveloppée de l’atmosphère tragique qui en émane, l’action héroïque et hautaine, complexe, mais logiquement issue d’une seule idée, se hâtera parmi les passions violentes et les incidents inattendus, et les sourires, et les pleurs, vers quelque noble émotion finale ! […] Deux peintures sont ; l’une, immédiate, la peinture dite réaliste, donnant l’image exacte des choses, vues par la vision spéciale du peintre ; l’autre, médiate, comme une Poésie de la peinture, insoucieuse des formes réelles, combinant les contours et les nuances en pure fantaisie, produisant aux âmes, non la vision directe des choses, mais — conséquence de séculaires associations entre les images et les sentiments, — un monde d’émotion vivante et bienheureuse : deux peintures sont, toutes deux également légitimes et sacrées, formes diverses d’un Réalisme supérieur, et que le Wagnériste trouve, toutes deux, sur la voie tracée à l’Art par le Maître vénéré. […] La vue intérieure du Théâtre de Bayreuth, qui est ici publiée, a été faite d’après la gravure publiée par M. 

1491. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

» Nous causons des femmes qu’il a vues danser, et nous lui demandons s’il en a fait des croquis. « Non, non, mais je les ai emportées dans ma tête. […] Cette jolie maison que j’ai vue à vendre rue Larochefoucauld, on ne m’apportera pas ce soir sa donation sur un plat d’argent. […] Esquisse signée : Chardin, 1738. — La Pourvoyeuse ; du jaune, du rouge, du rose, du bleuâtre violacé, posés l’un à côté de l’autre dans la figure, et jouant la tapisserie au gros point, signé : Chardin, 1735. — La Gouvernante, placée trop haut pour être bien vue, mais dans un ton roux superbe. — Un sujet non gravé dans le temps (Les Aliments de la convalescence), une femme cassant un œuf qu’elle se prépare à faire cuire dans une poêle : la femme dans des tons doucement roses, violacés, blanchâtres, sur un fond chaudement sombre.

1492. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Dans cette vue, elle faisait régner par elle l’Église et l’aristocratie à Versailles ; pour flatter ces deux esprits de corps, elle avait fondé à Saint-Cyr, dans le voisinage de ce palais, une maison royale d’éducation gratuite pour les filles de la haute noblesse militaire et déshéritées de la fortune. […] Mais il entrait de plus dans les vues personnelles de Mme de Maintenon d’attacher le roi à cet établissement royal par l’innocent plaisir que lui procureraient les exercices presque publics de ces jeunes et belles novices. […] Cependant, ayant appris, à force de les entendre, tous les autres rôles, je les jouai successivement, à mesure qu’une actrice se trouvait incommodée : car on représenta Esther tout l’hiver ; et cette pièce qui devait être renfermée dans Saint-Cyr, fut vue plusieurs fois du roi et de toute la cour, toujours avec le même applaudissement.

1493. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Leibnitz, dont on ne peut trop admirer le génie, Leibnitz lui-même est un disciple de Descartes, disciple, il est vrai, qui a surpassé son maître, mais qui, malheureusement entraîné par une curiosité universelle, la passion de toutes les gloires et les distractions de la vie politique, n’a jeté que d’admirables vues, sans fonder un système net et précis. Wolf tenta de ramener les vues éparses du grand polygraphe à un centre commun et de les réduire en un système régulier ; mais Wolf reproduisit plutôt les formes que l’esprit de la philosophie leibnitzienne. […] Nous proclamons hautement notre entière adhésion à ces vues simples et fécondes qui dérivent de la méthode d’observation bien entendue.

1494. (1739) Vie de Molière

Cette petite pièce des Précieuses faite en province, prouve assez que son auteur n’avait eu en vue que les ridicules des provinciales. […] On joua la même année la comédie de la Mère coquette, du célèbre Quinault ; c’était presque la seule bonne comédie qu’on eût vue en France, hors les pièces de Molière, et elle dut lui donner de l’émulation. […] Le lendemain on allait la rejouer ; l’assemblée était la plus nombreuse qu’on eût jamais vue ; il y avait des dames de la première distinction aux troisièmes loges ; les acteurs allaient commencer, lorsqu’il arriva un ordre du premier président du parlement, portant défense de jouer la pièce.

1495. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

J’ai toujours en vue le bien public ; je n’aime point ceux qui y contreviennent. […] Ce sont là les dernières paroles d’un homme qui s’en va, dont la vue se trouble, et pour qui le livre de l’avenir est déjà clos et scellé.

1496. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Une fois je l’ai vue, et depuis ce temps je me trouve mêlée à sa triste étoile. […] Ne devoir à l’art que la forme et sentir naître en soi l’inspiration sans la chercher, rien n’est plus rare, et Mme Valmore avait en elle cette merveilleuse faculté… » Telle elle était dans ses vers, telle on l’a vue dans ses pages les plus intimes, dans les lignes qu’elle ne réservait pas au public, dans sa prose la moins travaillée, dans une lettre à un ami.

1497. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Le jour même de la bataille, sans avoir autorité pour rien, mais sur la simple vue des choses et après une reconnaissance qu’il avait faite de son côté comme Moreau du sien, Jomini ouvrit un seul avis, qui était de prendre toutes les masses accumulées au centre, de leur faire changer de front pour les faire tomber de concert avec la droite sur la gauche de Napoléon, qui s’aventurait vers Grima et Reick entre l’Elbe et une masse de forces supérieures. […] Le maréchal Ney était le type de ce que l’on pouvait désirer de plus parfait en ce genre. » C’est qu’en effet, dans ce rôle de général d’arrière-garde, on ne perd pas de vue l’ennemi un seul instant.

1498. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Le roman maritime l’ayant mené à étudier l’histoire de la marine française, cette histoire elle-même l’a conduit bientôt à se former, sur le règne et le personnage de Louis XIV, certaines vues particulières. Ce sont ces vues qu’il poursuit et met en action dans Latréaumont et dans Jean Cavalier.

1499. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Durant la seconde moitié du xviiie , Voltaire, Marmontel, La Harpe, Fontanes, ne cherchaient encore dans les œuvres de Racine et de ses illustres contemporains que des exemples de goût et des éclaircissements en vue des théories classiques consacrées. […] Ce n’eût été, à simple vue, qu’un cri universel de réprobation, un long sifflet, si on l’avait osé : « Mais, quoi !

1500. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

On a son œuvre propre derrière soi à l’horizon ; on ne perd jamais de vue ce clocher-là. […] J’ai surtout en vue certaines phrases de Bayle à son point de départ.

1501. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il le pria d’abord de l’excuser de lui avoir donné cette peine et de la mettre sur le compte de l’affection et de la bienveillance qu’il avait pour lui ; qu’il rendrait plus volontiers l’âme s’il avait d’abord rassasié ses yeux mourants de la vue d’un ami qui lui était si cher. […] » Ajouterai-je qu’à la première veille, des nuages ayant tout à coup assombri le ciel, le dôme de cette magnifique basilique, dont la coupole, par son admirable travail, surpasse la plus belle du monde entier, fut frappé d’un tel coup de foudre, que de grandes portions s’en détachèrent, et que des marbres énormes furent ébranlés par une force et un choc horribles, et principalement dans cette partie qui est en vue du palais des Médicis !

1502. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

On sent que tout y arrive par la volonté du poète, en vue d’un effet pittoresque ou poétique. […] Le Colonel : une jeune fille déguisée en colonel du 12e hussards est acceptée pour telle par les officiers du régiment ; la vue d’un pistolet la fait évanouir et reconnaître.

1503. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Or, Platner nous dit : « Cette observation m’a convaincu que le sens du toucher en lui-même est totalement incapable de nous apporter la représentation de l’étendue et de l’espace, et qu’il ne connaît pas même l’extériorité locale ; en un mot, qu’un homme privé de la vue n’a absolument aucune perception d’un monde extérieur, sauf l’existence de quelque chose d’agissant qui diffère de sa propre passivité... […] « La doctrine du libre arbitre met en évidence précisément cette portion de la vérité que le mot nécessité fait perdre de vue, c’est-à-dire la faculté que possède l’homme de coopérer à la formation de son caractère.

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