Notre vie est devenue douce, mais nos envies ont grandi en disproportion. Nous sommes accablés par la complication des affaires, les soins d’une lutte pour la vie, plus âpre, la conduite difficile de nos ambitions. […] Nos arts et nos vies tendent de plus en plus à dépouiller la joie. […] La façon d’envisager la vie a revêtu chez notre élite des formes douloureuses qui diffèrent peu du pire pessimisme. « Le meilleur fruit de notre science, dit M.
Eh bien, voici un écrivain qui ne rabâche pas les idées ou les descriptions de ses maîtres, et qui pourrait bien devenir un jour un grand romancier : Charles Barbara, — un jeune homme qui s’est battu avec la vie et peut-être avec son talent, pour le faire sortir ! […] Il ne croit pas à Dieu et à une autre vie ; il joue cette affreuse carte : il tue pour être riche. — C’est le motif et l’explication de plus de la moitié des assassinats. — Comme on le voit, rien n’est plus horriblement vulgaire qu’un pareil thème. […] Mais Charles Barbara, qui, je vous l’assure, est un homme, n’a pas craint de mettre son pied dans ce soulier éculé, rempli de sang, et, au lieu de barboter là-dedans comme un réaliste de 1855 ou un romantique de 1832, il nous a donné une étude superbe de vérité inattendue sur le remords dans les âmes fortes, — et, comme un chirurgien retire du fond d’une plaie des os brisés, des fragments de l’homme corporel il nous a retiré une conscience, les fragments d’une âme déchirée et mutilée par le crime… Jusqu’ici, la plupart des livres qui avaient peint le remords lui avaient fait pousser quelque cri sublime ou l’avaient peint accessoirement, de côté, le mêlant au torrent des autres sentiments de la vie. […] Il s’est rappelé, pour le mettre en action, le mot profond du moraliste : « Tout ce qu’on ne dit pas n’en existe pas moins, et tout ce qui est se devine. » Clément (l’assassin du Pont-Rouge) vit avec le renard du Lacédémonien qui lui mange le ventre, et toute sa vie se passe à bien boulonner son gilet de piqué blanc par-dessus.
Effets de l’hypnotisme sur la vie organique. […] La vie mentale reflue à l’intérieur. […] L’hypnotisé reprend sur sa vie végétative l’empire que lui avait fait perdre l’habitude d’être tout entier à la vie de relation. […] Des groupes d’images semblent prendre une vie à part et un développement autonome, qui en fait comme un autre moi dans le moi. […] Pour comprendre la mémoire alternante des somnambules, qui semblent passer périodiquement d’une vie à l’autre, M.
Dans la poésie, non plus que dans la vie, les bonnes, les meilleures intentions ne suffisent. […] La légende, formée promptement autour du nom de Molière, s’est donc obscurcie promptement autour de l’histoire de sa vie. […] Il serait bon, je crois, de prendre son parti de laisser dans l’ombre certains côtés de leur vie mortelle. […] Le chef-d’œuvre de Voltaire, c’est peut-être encore sa vie. […] ou pour qui la vie jusqu’alors avait-elle eu plus de sourires ?
. — Une vie (1883). — Clair de lune (1883). — Au soleil (1884). — Les Sœurs Rondoli (1884). — Bel-Ami (1885). — Yvette (1885). — Contes de jour et de la nuit (1885) […] — Contes et nouvelles (1885). — La Petite Bogue (1886). — Monsieur Parent (1886). — Toine (1886). — Mont-Oriol (1887). — Le Horla (1887). — Pierre et Jean (1888). — Sur l’eau (1888). — Le Rosier de Madame Husson (1888). — La Main gauche (1889). — Fort comme la mort (1889). — L’Inutile Beauté (1890). — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891). […] Disciple bien-aimé de Gustave Flaubert, il a gardé les belles notes réalistes du mâle écrivain normand, et, pour sa part, ce quelque chose en plus, la vie dans le dialogue et le grand art du raccourci.
Voilà une espèce de brute, comme nous dit l’écrivain dans le commencement de son histoire, qui a une bonne pensée dans sa vie : celle de trouver à tout risque un morceau de pain pour sa belle-sœur et ses sept petits enfants. […] La poésie, c’est la vie des choses, on ne sait si son pinceau est pinceau ou torche, tant il jette d’ombre et de lumière sur tous les contours de ce qu’il voit ou de ce qu’il veut faire voir. […] Ces rencontres se nouent et se dénouent sans cesse ; de là la vie et la mort. […] « Que fallait-il de plus à ce vieillard qui partageait le loisir de sa vie, où il y avait si peu de loisir, entre le jardinage le jour et la contemplation la nuit ? […] Est-ce la société qui a fait la vie ?
La vie là-bas est très bon marché, la population obséquieuse, la bière brune est à trois sous le litre. […] Ce serait à ne pas le croire, la Revue wagnérienne nous apprenant que « l’art wagnérien doit recréer la vie humaine ». […] Vie sainte d’amour, auguste création de volupté, désir délicieux de l’éternel sommeil sans apparence et sans réveil ! […] Adolphe Jullien a bien voulu nous donner la « primeur de ces pages extraites de son grand ouvrage : Richard Wagner, sa vie et ses œuvres qui va paraître à la Librairie de l’Art. […] Alexandre Dumas : sa Vie, son Temps, son Œuvre (Paris, Calmann-Lévy, 1885).
On me dit qu’on eût été bien aise de connaître les œuvres de Veyrat avant de savoir s’il faut s’intéresser à sa vie ; mais il en est de lui comme de tous les poëtes personnels et lyriques : sa lyre et son âme, sa vie et son œuvre sont une même chose. […] Pour mes nuits sans sommeil et mes travaux sans fruit, Pour ma vie en ruine et mon bonheur détruit ; Pour les pleurs trop amers que je n’ai pu répandre, Pour mon foyer en deuil dont ils ont pris la cendre, Pour ma moisson brûlée et mon champ dévasté, Pour le mal qu’ils m’ont fait et qu’ils m’ont souhaité, Qu’ils soient tous… ah ! […] Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps. […] Ici je vois quatre ou cinq recueils en un : l’Ame, — les Jeunes filles, — la Vie, — Paris, — l’Art, — autant de livres distincts et qui ont chacun la diversité de couleur ou de sujets. […] Ma vie est suspendue à ces fragiles nœuds, Et je suis le captif des mille êtres que j’aime : Au moindre ébranlement qu’un souffle cause en eux, Je sens un peu de moi s’arracher de moi-même.
Ayant à étudier, dans cette vie du préfet de Paris, tout un fragment considérable de l’histoire administrative du premier Empire, M. […] Quand elle entre dans une vie, elle s’y enfonce et s’y dérobe : c’est son charme, son secret et son honneur. […] Les dernières années de sa vie, — treize années, — se passèrent à la campagne, à Étuf, sur les confins de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or, dans une ferme qu’il acheta, qu’il exploita de ses mains, où il prit au sérieux les occupations agricoles les plus positives, aimant à se dire « cultivateur. » Il y adapta, selon les terrains, divers modes d’assolement ; il y introduisit et y acclimata certains arbres et une race bovine particulière. […] Cette vie du comte Frochot, même avec cet éclat et ce coup de foudre qui la brise, a son harmonie et fait un ensemble. […] Toute cette partie secrète de la vie politique de Mirabeau a été amplement éclaircie par la publication de sa correspondance avec le comte de La Marck, et l’on a pu établir sur cette suite de relations délicates un équitable jugement.
Il est d’une naissance obscure ; il le sait, il est certain que personne ne l’ignore ; mais au lieu de dédaigner cet avantage par intérêt et par raison, il n’a qu’un but dans l’existence, c’est de vous parler des grands seigneurs avec lesquels il a passé sa vie ; il les protège, de peur d’en être protégé ; il les appelle par leur nom, tandis que leurs égaux y joignent leurs titres, et se fait reconnaître subalterne par l’inquiétude même de le paraître. […] En concentrant sa vie, on concentre aussi sa douleur, et qui n’existe que pour soi, diminue ses moyens de jouir, en se rendant d’autant plus accessible à l’impression de la souffrance : on voit cependant à l’extérieur de certains hommes, de tels symptômes de contentement et de sécurité, qu’on serait tenté d’ambitionner leur vanité comme la seule jouissance véritable, puisque c’est la plus parfaite des illusions ; mais une réflexion détruit toute l’autorité de ces signes apparents, c’est que de tels hommes, n’ayant pour objet dans la vie que l’effet qu’ils produisent sur les autres, sont capables, pour dérober à tous les regards les tourments secrets que des revers ou des dégoûts leur causent, d’un genre d’effort dont aucun autre motif ne donnerait le pouvoir. […] La figure d’une femme, quelle que soit la force ou l’étendue de son esprit, quelle que soit l’importance des objets dont elle s’occupe, est toujours un obstacle ou une raison dans l’histoire de sa vie ; les hommes l’ont voulu ainsi. […] Quand elles ne veulent plaire que pour être aimées ; quand ce doux espoir est le seul motif de leurs actions, elles s’occupent plus de se perfectionner que de se montrer, de former leur esprit pour le bonheur d’un autre que pour l’admiration de tous : mais quand elles aspirent à la célébrité, leurs efforts, comme leurs succès, éloignent le sentiment qui, sous des noms différents, doit toujours faire le destin de leur vie. […] Enfin, avant d’entrer dans cette carrière de gloire, soit que le trône des Césars, ou les couronnes du génie littéraire en soient le but, les femmes doivent penser que, pour la gloire même, il faut renoncer au bonheur, et au repos de la destinée de leur sexe ; et qu’il est dans cette carrière bien peu de sorts qui puissent valoir la plus obscure vie d’une femme aimée et d’une mère heureuse.
On me dit qu’il parle toujours comme cela, et qu’il traverse la vie dans des habits spéciaux, redressé, embaumé, pétrifié dans une attitude d’éternelle chevalerie, de dandysme ininterrompu et d’obstinée jeunesse. […] Il a un idéal de vie où s’amalgament Benvenuto Cellini, le duc de Richelieu et Georges Brummel. […] M. d’Aurevilly regarde Lacordaire comme un prêtre insuffisant et douteux, et peu s’en faut qu’il ne taxe d’immoralité la Vie de sainte Marie-Madeleine. […] La religion ne lui est point une règle de vie, mais un costume historique et un habit de théâtre où il se drape en Scapamonte. […] C’est toute sa vie qui est son œuvre d’art à lui.
Sternay est riche, et il laisse sa maîtresse travailler à la journée pour gagner, avec sa vie, celle de son enfant. […] Quand Jacques apprend sa vraie situation, et que la force des choses la divulgue enfin, sa vie en est à peine un instant troublée. […] De sa vie, il n’a su le prix de l’argent. […] André n’a reçu de lui que des leçons de haute vie et des exemples de grandes manières. […] Les cantharides font des économies de fourmis ; les vampires du vice digèrent longuement, à la façon des sangsues, l’or et la vie qu’ils ont soutirés.
Jamais être ne fut plus comblé : il reçut en partage tous les dons, même le bonheur ; c’est à croire que toutes les fées assistèrent à sa naissance, toutes, excepté une seule, celle qui brille le moins et dont l’absence ne se fait sentir que plus tard, à mesure qu’on avance dans la vie. […] Heureux de formes, heureux de cœur, heureux de caractère, la vie avait écrit bonheur, force et santé sur tout mon être. […] C’est cette limite, c’est ce veto contre lequel son enfance ne s’est jamais heurtée, qui a manqué à l’éducation de M. de Lamartine, et qu’il n’a rencontré que très tard dans la vie. […] Tantôt on retrouve en elle ce sourire intérieur de la vie, cette tendresse intarissable de l’âme et du regard, et surtout ce rayon de lumière si serein de raison, si imbibé de sensibilité, qui ruisselait comme une caresse éternelle de son œil un peu profond et un peu voilé, comme si elle n’eût pas voulu laisser jaillir toute la clarté et tout l’amour qu’elle avait dans ses beaux yeux. […] Mais peu nous importe, et le poète a eu, dans sa vie, bien d’autres oublis plus graves.
Il a sa vie propre, et il en vit. […] L’homme passe, ce drame reste, ayant pour fond éternel la vie, le cœur, le monde, et pour surface le seizième siècle. […] Et, comme de telles intelligences sont toujours complètes, on sent dans le drame un d’Eschyle se mouvoir toute la liberté de la passion, et dans le drame répandu de Shakespeare converger tous les rayons de la vie. […] Hardi donc à la promiscuité triviale, à la métaphore populaire, à la grande vie en commun avec ces exilés de la joie qu’on nomme les pauvres ! […] sacrifie à cette infortunée, à cette déshéritée, à cette vaincue, à cette vagabonde, à cette va-nu-pieds, à cette affamée, à cette répudiée, à cette désespérée, sacrifie-lui, s’il le faut et quand il le faut, ton repos, ta fortune, ta joie, ta patrie, ta liberté, ta vie.
Les réimpressions ne sont pas le droit absolu des livres à la vie. […] Il avait la vie qui n’est pas la passion d’une minute, le pétillement, bientôt éteint, de telle ou telle idée contemporaine. […] la meilleure définition de la poésie est peut-être celle-ci : c’est l’intensité, la plus grande intensité de la vie, n’importe où elle soit. […] Plus écrivain qu’il n’ait jamais été à aucune époque de sa vie, il n’en est pas moins resté ce qu’il était plus jeune ; il n’en a pas moins la vie dans le style et l’émotion qui est plus que la vie. […] C’est déjà beaucoup pour l’Académie, qui aime la mort, par égoïsme, que de donner une moitié de couronne à la vie !
L’invention de l’esprit n’est point féconde, l’invention du cœur donne seule la vie. […] Il se retire aussitôt après dans Ilion, pour ne pas assister au combat où son fils Pâris peut perdre la vie sous ses yeux. […] que la terre amoncelée couvre mon corps sans vie avant que j’entende ces paroles et que je te sache enlevée de ce palais ! […] « Rien n’égale pour moi le prix de la vie. […] toi l’ami le plus cher d’une malheureuse, je te laissai plein de vie quand je quittai les tentes d’Achille, et maintenant que j’y retourne je te retrouve sans vie, ô pasteur des peuples !
Mon attachement et mon hommage pour toute ma vie. […] … mais on est donc enfant toute la vie ? […] la sotte chose que la vie ! […] Mais, faute de ces deux ressources, ma vie est pleine d’amertume. […] La vie intime me plaît plus qu’elle ne m’a jamais plu.
Ces hommes sont forcés d’être toujours debout pour gagner leur vie ; tant qu’on est debout on est ferme : tel était Georges Duval. […] « Sa vie était un dialogue furieux et continu avec la foule. […] Ils lui contestaient un à un tous ses organes de vie et de force. […] Enfin Pache, Hébert, Chaumette et la commune leur arrachaient maintenant leur abdication et ne leur laissaient que la vie. […] La nature obéissait à la volonté et lui prêtait toute sa vie pour mourir en reine.
Cette clairvoyance aiguë ne lui a pas servi à mettre plus d’unité dans sa vie : mais, en dépit de ses incohérences, il avait des principes très arrêtés. […] A consulter : Vie politique de M. […] Vies des poètes français du siècle de Louis XIV, t. […] Lecanuet (de l’Oratoire), Berryer, sa vie et ses œuvres, Paris, 1893. […] L’Homme selon la science et la foi, 1875 ; la Science sans Dieu, 1878 ; Vie de Jésus-Christ, 2 vol. in-8, 1890 ; la Divinité de Jésus-Christ, 1894.
Et sa virtuosité est telle qu’il se plaît, dans le Dialogue de Monos et Una, au tour de force de dégrader, par d’infinies atténuations, la vie cérébrale d’un mort récent, de sa plénitude au néant. […] Aucune ne porte le signe des êtres observés et pris à même la vie : divers et incomplets. […] Poussé dès dix-huit ans dans une vie hasardeuse, il eut la soif d’aventures et d’horreur de Pym, des visions nostalgiques de naufrages, de famine, de morne désespoir, « d’une existence de larmes traînée sur quelque rocher gris dans un Océan inconnu. ». […] Il semble que le pouvoir même de se détacher de soi dans l’exercice de ses hautes facultés, les ait retranchés de sa vie entière. […] Niais de même que ses hautes facultés ne régirent pas sa vie, elles n’en furent pas atteintes.
Sa conduite généreuse, et toujours droite jusqu’en ses excès d’ardeur, lui acquit alors, dans la cité messine, de ces amitiés qu’on ne noue qu’une fois dans la vie et qui durèrent jusqu’à sa mort. […] Armand Paulin fit tout pour mériter, pour justifier cette préférence dont il était l’objet et qui devint l’honneur de sa vie. […] Son cœur saigna, et il commença par faire ce qu’il fit ensuite toute sa vie : il se dévoua. Son zèle à servir nos braves soldats atteints du typhus faillit lui devenir funeste ; saisi lui-même par le fléau, il fut près de payer de sa vie son humanité, et Metz qui avait été témoin de ce dévouement du jeune professeur s’en est ressouvenu toujours : cette noble cité était devenue pour Armand Paulin une seconde patrie ; ses amis de Metz sont restés fidèles jusqu’à la fin à cet enfant, adoptif, à ce cœur généreux dont ils avaient vu le premier élan. […] Le quelqu’un qui l’attendait, c’était, celle même, — cette compagne de toute sa vie, — qui le reçoit aujourd’hui dans cette tombe.
Cette brièveté de la vie, dont Horace mêle sans cesse le souvenir à ses peintures les plus riantes, cette pensée de la mort, qu’il ramène continuellement à travers toutes les prospérités, rétablissent une sorte d’égalité philosophique, à côté même de la flatterie. […] Mais on se les représente voyant passer la vie, comme ils regardent couler le ruisseau qui rafraîchit leur climat brûlant, et l’on finit presque par leur pardonner d’oublier la morale et la liberté, comme ils laissent échapper le temps et l’existence. […] Mais ces historiens ne peignent, pour ainsi dire, que l’extérieur de la vie. […] qu’il me soit permis maintenant de briser ma vie malheureuse, tandis que des inquiétudes douteuses, tandis que l’espérance incertaine de l’avenir m’agitent, tandis que je t’embrasse encore, toi mon enfant, toi la seule volupté du soir de ma vie, qu’il me soit permis de mourir, de peur qu’un messager cruel ne déchire mon cœur… 30.
Si elle cesse d’être l’intermédiaire du commerce habituel de la vie, elle devient la langue savante et presque toujours la langue sacrée du peuple qui l’a décomposée. Fixée d’ordinaire dans une littérature antique, dépositaire des traditions religieuses et nationales, elle reste le partage des savants, la langue des choses de l’esprit, et il faut d’ordinaire des siècles avant que l’idiome moderne ose à son tour sortir de la vie vulgaire, pour se risquer dans l’ordre des choses intellectuelles. […] Formée, d’ailleurs, par dissolution, la langue moderne ne saurait donner quelque vie aux lambeaux qu’elle essaie d’assimiler, sans revenir à l’ancienne synthèse pour y chercher le cachet qui doit imprimer à ces éléments épars une nouvelle unité. […] Le livre sacré pour les nations antiques était le dépositaire de tous les souvenirs nationaux ; chacun devait y recourir pour y trouver sa généalogie, la raison de tous les actes de la vie civile, politique, religieuse. […] De même que l’éducation chez les Chinois et les Arabes ne sera jamais d’apprendre l’arabe ou le chinois vulgaire, mais sera toujours d’apprendre l’arabe ou le chinois littéral ; de même que la Grèce moderne ne reprend quelque vie littéraire que par l’étude du grec antique ; de même l’étude de nos langues classiques, inséparables l’une de l’autre, sera toujours chez nous, par la force des choses, la base de l’éducation.
Elle est habillée modestement et magnifiquement, comme une femme qui passe sa vie avec des personnes de qualité. […] Nous avons encore madame de Richelieu ; j’y soupe ce soir avec a madame Dufresnoy ; il y a grande presse de cette dernière à la cour87… Pour madame Scarron, c’est une chose étonnante que sa vie. […] Vous m’avouerez, madame, que cette petite aventure achève admirablement toutes les autres, et qu’après cela il n’y a plus qu’à aller à la Trappe pour finir glorieusement une si belle vie. […] Ma vie, dites-vous, n’a pas besoin de réforme ; le P. […] Sa piété est douce, gaie, point fastueuse ; mais il veut une vie chrétienne et active ; c’est un homme admirable ; je vous l’enverrai, si vous souhaitez, à vous et à Guébriant, Il commence pars emparer des passions, il s’en rend maître, et il y substitue des mouvements contraires, il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse en compagnie, pour modifier la passion qu’il a aperçue en moi, de plaire par mon esprit.
Ce fut l’espoir de toute sa vie. […] Lui aussi il eut le désir d’écrire une bible ; les dernières années de sa vie, il les consacra au peuple. […] La vierge n’est que néant, la mère est l’éternité de la vie. […] Par son étude de l’univers, par sa patience obstinée à en reproduire des péripéties, par l’attention qu’il a prêtée pendant trente années de sa vie aux phénomènes extérieurs, ce grand et rigoureux esprit était plus préparé qu’un autre à la création d’une sagesse pratique, assisse sur des réalités, conforme à notre évolution et appropriée aux besoins des races nouvelles. […] J’y ai vu ce que peu de livres laissent transparaître : le souci de l’avenir des races, l’intérêt de leur ordre et de leur force, la passion d’un art plus humain et plus réel, le solennel amour de la vie harmonieuse, la pitié et la charité à toutes les pages.
Les maladies des habitants de la campagne sont moins nombreuses et plus simples que les nôtres ; plus nous sommes éloignés de la vie champêtre des premiers âges du monde, plus la vie moyenne s’est abrégée. […] Au contraire, il faut au dernier de la dernière classe de la société un excellent médecin ; il ne peut être trompé qu’une fois et il paie son erreur de sa vie. […] Les médecins ne croiraient-ils point à leur art, ou feraient-ils plus de cas de l’argent que de notre vie ? […] Le ministre dédaigne le vieillard qui n’est plus bon à rien et ne prise l’enfant que par le fruit qu’il en attend ; il n’y a qu’une vie précieuse pour lui, celle de l’homme fait, parce qu’elle seule est utile ; sa tête est comme une ruche où, à l’exemple des abeilles, il extermine toutes celles qui cessent de donner du miel.
Admirons la Providence d’avoir permis qu’avant cette époque les hommes fussent des géants : il leur fallait, dans leur vie vagabonde, une complexion robuste pour supporter l’inclémence de l’air et l’intempérie des saisons ; il leur fallait des forces extraordinaires pour pénétrer la grande forêt qui couvrait la terre, et qui devait être si épaisse dans les temps voisins du déluge.... […] Les seconds qui entrèrent dans la société y furent contraints par la nécessité de sauver leur vie. […] Aussi les réfugiés ne furent protégés par les héros qu’à une condition juste et raisonnable, celle de gagner eux-mêmes leur vie en travaillant pour les héros, comme leurs serviteurs. […] Ce que Tacite dit des Germains peut s’entendre de tous les premiers peuples barbares ; et nous savons que chez les anciens Romains le père de famille avait droit de vie et de mort sur ses fils, et la propriété absolue de tout ce qu’ils pouvaient acquérir, au point que jusqu’aux Empereurs les fils et les esclaves ne différaient en rien sous le rapport du pécule. […] Corollaires relatifs aux contrats qui se font par le simple consentement des parties Les nations héroïques, ne s’occupant que des choses nécessaires à la vie, ne recueillant d’autres fruits que les productions spontanées de la nature, ignorant l’usage de la monnaie, et étant pour ainsi dire tout corps, toute matière, ne pouvaient certainement connaître les contrats qui, selon l’expression moderne, se font par le seul consentement.
De sa vie, il n’entra dans le sens d’aucun autre ! […] Elles vivent non de la vie du rêve, mais de la vie de l’humanité. […] Vie de l’auteur, p. 57. […] La vie de Molière qui forme la préface est de Marcel. […] Cependant c’est cette toux qui a abrégé sa vie de plus de vingt ans.
La vie se charge toujours de vous contrarier. […] Ma vie est comme un music-hall. […] Sa vie ? […] La vie allait. […] Puis la vie nous sépara.
En plein émoi sensuel, il a réservé toute une part close de sa vie : Tes bras mystérieux ne sont pas un collier Et notre vie à deux reste une solitude. […] Nous nous sommes aimés des lèvres et des yeux ; J’ai voulu qu’un désir t’accompagne en ta vie.
C'étoit une espece de Lafontaine dans le commerce de la vie. […] Le même caractere se soutint jusqu'au dernier moment de sa vie. […] Ce bon M. de Lagny ne s'étoit occupé toute sa vie que de calcul : étant à l'extrémité, sa famille qui l'entouroit, n'en put tirer une seule parole.
C’en était fait désormais du destin de toute sa vie. […] Vous passez votre vie, mon ami, à faire des projets, des plans, à amasser des matériaux ; vous passez votre vie à vous préparer à vivre. […] Il allait avoir cinquante ans : c’est un mauvais quantième pour recommencer la vie. […] Mohl d’une sorte de vie commune, et, dans cet arrangement qui dura jusqu’au mariage de M. […] Le moment de crise (et je ne crois pas en avoir éprouvé une pareille dans toute ma vie) est d’ailleurs passé.
Mais on n’est pas impunément la fille de Diderot, qui, toute sa vie et dans tous ses écrits, a méprisé et nié la pudeur. […] Ce n’est que le singe de la vie. […] Diderot, qui a remâché toute sa vie l’expérimentalisme de Bacon, n’est pas plus créateur dans l’ordre du roman que dans l’ordre de la philosophie. […] Nul écrivain ne fut mieux d’un seul jet que cet écrivain, qui ne fut lui-même qu’un jet toute sa vie. […] C’est lui qui a mis le calcul dans l’art, dans le succès et dans la vie.
C’est l’amour de la vie qui forme les écrivains. […] Et ce sera la Vie Future ! […] Où serait la vie sans ces combats continuels ? […] La vie passée sur la page. […] C’est comme Mallarmé, qui n’a jamais rompu une césure de sa vie !
Rendre beaucoup plus que l’on ne me donne, sacrifier ma vie à qui ne m’a donné la vie que par une métaphore un peu hyperbolique, on en conviendra, je ne comprends plus. […] Voilà donc ce qui peut être considéré comme établi : le bien n’est pas le plaisir ; le bien c’est l’harmonie ; le but de la vie est le bien, le but de la vie est l’harmonie. […] Notre vie est d’un jour et notre manière de vivre est selon l’éternité. […] La loi morale pratique c’est : connaître la vie pour en être maître. […] C’est le mot d’Euripide : « Qui sait si la vie n’est pas pour nous une mort et la mort une vie ?
Il y a autre chose qui est l’essentiel : la création, la vie, une vie énorme, foisonnante, une super-réalité. […] Enfin, comme il ne croyait à nulle vie future, seulement à celle-ci, que du moins cette pauvre vie terrestre soit pour tous la plus douce possible. […] Idéologies nationalistes, aussi, les trois romans de l’Énergie nationale : et la vie, la véritable vie, l’action, n’y apparaissent parfois que comme un placage. […] Les gestes extérieurs, quotidiens des hommes ne sont rien : derrière, se cache leur vie véritable, inconnue et profonde — leur âme, en somme ; et c’est La Vie secrète. […] Il aime trop la vie !
Mais quelle misère que, Napoléon devenu maître du monde, Lemercier voie toutes les amertumes empoisonner sa vie ; qu’incrédule envers l’empereur, il doive marcher de revers en revers, comme l’empereur de triomphes en triomphes ; qu’il finisse par être attaqué jusque dans les débris de sa fortune ! […] Victor Hugo Il mena la vie mondaine et littéraire. […] Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).] […] De Pongerville On reconnaîtra que Lemercier possédait une partie des éminentes qualités du grand écrivain, mais qu’il lui manquait le sentiment exquis, le gout qui en dirige l’emploi ; il méconnut trop souvent la précision harmonieuse du langage, la beauté des formes qui donnent la vie et la durée aux créations idéales.
On conçoit les transports de ces hommes saints, qui, retirés sur le sommet des montagnes, mettaient toute leur vie aux pieds de Dieu, perçaient à force d’amour les voûtes de l’éternité, et parvenaient à contempler la lumière primitive. […] tels sont les lieux où, captive, enchaînée, Je traîne dans les pleurs ma vie infortunée. […] Qui ne sent combien elle est belle et dramatique, cette opposition que Pope a voulu faire entre les chagrins et l’amour d’Héloïse, et le calme et la chasteté de la vie religieuse ? […] Autre chose est de consumer promptement sa vie sur un bûcher, comme la reine de Carthage ; autre chose, de se brûler avec lenteur, comme Héloïse, sur l’autel de la religion.
Ils nous ont sans doute laissé d’admirables peintures des travaux, des mœurs et du bonheur de la vie rustique ; mais, quant à ces tableaux des campagnes, des saisons, des accidents du ciel, qui ont enrichi la muse moderne, on en trouve à peine quelques traits dans leurs écrits. […] Oui, quand l’homme renierait la Divinité, l’être pensant, sans cortège et sans spectateur, serait encore plus auguste au milieu des mondes solitaires, que s’il y paraissait environné des petites déités de la fable ; le désert vide aurait encore quelques convenances avec l’étendue de ses idées, la tristesse de ses passions, et le dégoût même d’une vie sans illusion et sans espérance. […] Il faut plaindre les anciens, qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui semble nous donner une mesure confuse de la grandeur de notre âme, dans cette immensité qui fait naître en nous un vague désir de quitter la vie, pour embrasser la nature et nous confondre avec son Auteur. […] I) ; dans Plutarque, la Vie de Brutus et de Pompée ; dans Platon, l’ouverture du Dialogue des lois ; dans Pline, la description de son jardin.