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1263. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Vous rappelez-vous certain article sur la magistrature dont la réforme venait d’être décidée à la Chambre ? […] » Et tout ce crescendo aboutissait à un mot superbe : « Ils viennent là pour voir et se faire voir, c’est bon ; mais la pièce, est-ce que cela les regarde ?  […] « Enfin Francisque vint. » Il vint du fond de sa province, attiré par About, comme un Caliban de collège par un Prospero du boulevard (et l’on sait la fidélité touchante de son amitié pour son étincelant compagnon). […] La première histoire venue leur est bonne, pourvu qu’elle puisse se partager aisément en tableaux qui aient chacun sa signification et sa couleur. […] Ces questions que je viens d’indiquer ne se posaient guère pour les Athéniens.

1264. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Un des rares critiques intelligents dont nous jouissions vient d’attaquer les « petites chapelles ». […] Là-dessus, louez une salle, invitez-y quelques centaines de snobs, de décadents et d’ennuyés, payez trois ou quatre camelots pour remplir le rôle de la claque en vous jetant au moment convenu une douzaine d’œufs pourris par la tête, et venez singer sur un tréteau les vagissements du nouveau-né ou la musique du pétomane ! […] D’où vient donc que le public, plus « gros », ne suive pas toujours les meilleurs auteurs, qu’il flotte parfois, parfois s’égare ? […] À condition qu’il soit sincère et sache au moins son métier, le critique d’où qu’il vienne, quel que soit son idéal, est susceptible de répondre à une préférence. […] Mais cela ne veut pas dire que la critique universitaire d’un Strowski, indépendante d’un Pierrefeu ou d’un Billy, dogmatique d’un Lasserre, ne vienne, à côté de cette critique pittoresque, répondre plus étroitement à des exigences littéraires d’un autre ordre.

1265. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Je viens d’énoncer deux conditions pour que ces deux points soient identiques ; l’une est relative à la vue, l’autre au toucher. […] A l’instant β, l’objet B est venu au contact de mon second doigt : comme je n’ai pas bougé, ce second doigt est resté en M ; donc l’objet B est venu en M ; par hypothèse il ne bouge pas jusqu’à l’instant β′. […] Autre chose : d’où vient à l’espace son caractère quantitatif ? Il vient du rôle que jouent dans sa genèse les séries de sensations musculaires. Ce sont des séries qui peuvent se répéter, et c’est de leur répétition que vient le nombre ; c’est parce qu’elles peuvent se répéter indéfiniment que l’espace est infini.

1266. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Dupin, de venir lui parler plus amplement, et en toute autorité, de ce grand magistrat et citoyen, que son dévouement et sa mort ont fait sublime. […] Vous voyez, monsieur, où je veux en venir. Et il en venait à proposer non pas de corrompre (loin d’un Malesherbes une pareille pensée !) […] D’ailleurs, ces Messieurs me font venir à propos de botte dans les articles les plus indifférents, et où je ne soupçonnerais jamais qu’il fût question de moi. […] On lui donne un censeur encyclopédiste pour la forme, et les épreuves vont et viennent sous le couvert de M. de Malesherbes.

1267. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Les hommes méchants viennent des choses mauvaises. […] Dante mort, c’est le point mis à la fin du treizième siècle ; Jean Huss peut venir. […] Après ce poëte, qui contient et résume toute la philosophie, les philosophes, Pascal, Descartes, Molière, Lesage, Montesquieu, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, peuvent venir. […] La Révolution française, liquidation de la première forme sociale du christianisme, peut venir. […] Une bonne lumière viendra, douce au genre humain, sereine, équitable.

1268. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Le réalisme naïf fait de cet espace un milieu réel où les choses seraient en suspension ; le réalisme kantien y voit un milieu idéal où la multiplicité des sensations se coordonne ; mais pour l’un et pour l’autre ce milieu est donné d’abord, comme la condition nécessaire de ce qui vient s’y placer. […] Nous venions d’en établir le premier point, à savoir que la mémoire est autre chose qu’une fonction du cerveau. […] D’où vient qu’on méconnaît ici le témoignage de la conscience ? D’où vient qu’on fait du souvenir une perception plus faible, dont on ne peut dire ni pourquoi nous la rejetons dans le passé, ni comment nous en retrouvons la date, ni de quel droit elle réapparaît à un moment plutôt qu’à un autre ? […] 1º Si l’on imagine d’un côté une étendue réellement divisée en corpuscules, par exemple, de l’autre une conscience avec des sensations par elles-mêmes inextensives qui viendraient se projeter dans l’espace, on ne trouvera évidemment rien de commun entre cette matière et cette conscience, entre le corps et l’esprit.

1269. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

et n’a-t-il pas en même temps prétendu que cette première imposition des noms venait d’une nature divine et supérieure il l’homme ? […] Certes, si cette poésie est venue d’un esprit d’homme, c’est d’un esprit transformé par la grâce divine, comme, à la descente du Sinaï, le visage de Moïse était encore resplendissant de la lumière qu’il avait vue. […] voici venir la joie et la douceur d’habiter ensemble, comme des frères ! […] Il viendra notre Dieu, et il ne se taira pas. […] « L’enfer s’est ému soudainement pour venir au-devant de toi.

1270. (1902) Propos littéraires. Première série

Lantaigne étant venu se plaindre de M.  […] Alors, je suis venu à Étretat. […] en est bien venu à faire de la psychologie, Dieu merci ! […] Elle vient un peu tard ; l’effet en a été un peu escompté. […] J’en viens à détester l’art.

1271. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Voilà un prophète de consolation qui nous vient des montagnes. » Il continue, il console ses coexilés par une magnifique théorie de l’irrésistible puissance de la Révolution qui broie tout devant elle, ses amis comme ses ennemis. […] Il veut que la réaction de la France contre la France vienne d’elle-même, de la France ; et en cela il se montre à la hauteur des pensées d’en haut. […] Le comte de Maistre, qui venait, deux lettres plus haut, d’anathématiser le meurtre du duc d’Enghien, se rapprochant avec déférence de Savary qui venait d’assister à l’exécution de la victime ! […] Vous m’avez appelé, je suis venu ; j’ai votre parole. […] Allez ensuite en France ; demandez à un habitant de Dunkerque ou de Bayonne par qui il est gouverné ; il vous répondra : Par le roi de France (j’aime à supposer qu’il est toujours à sa place) ; jamais il ne lui viendra en tête de vous dire qu’il est gouverné par les habitants de l’Île-de-France, que tous les emplois sont pour ces messieurs, qu’ils viennent faire les maîtres chez les autres, qu’ils veulent tout mener à leur manière, et autres chansons des nations sujettes.

1272. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Si quelqu’un pensait que discourir comme Alceste et Philinte n’est pas causer, et que les belles tirades sentent trop la thèse, il n’avait qu’à venir au Molière du lendemain. […] Elle laisse venir la tentation, parce qu’elle se croit certaine de vaincre. […] D’où vient donc, Diderot, que vous vous donnez tant de peine pour imaginer un art qui puisse se passer d’un homme de génie ? […] Tout vient de la nature et de l’habitude qui sont tout l’homme, d’où vient à son tour le style. […] L’idée en était déjà venue à J.

1273. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Or, Wagner était intimement lié avec lui… Liszt venait à Zurich voir Wagner et lui jouer Beethoven et Bach ; Büllow et Raffy apportaient l’encouragement de leur jeune enthousiasme. […] Une chose vint l’encourager dans cette intention. […] L’espace me manque pour étudier le troisième acte ainsi que je viens d’étudier le premier et le second. […] Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés. […] Il est resté insensible à l’invitation des chevaliers de venir à eux, et Gurnemanz le chasse, comme indigne de comprendre.

1274. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Sa nuée d’océanides va et vient dans un ciel ténébreux, comme une troupe d’oiseaux chassés. […] Et je criai : « Esprit, viens des quatre vents, souffle, et que ces morts revivent. » L’Esprit vint. […] Enfin, l’heure de sa sortie vient. […] Après sa mort, on vient voir son cadavre ; de son vivant, on avait vu son fantôme. […] La vie va et vient dans la mort.

1275. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Il me vient à ce propos une appréhension, un peu tardive, hélas ! […] dira quelqu’un, de quel droit celui-ci vient-il nous faire le manuel du parfait critique ? […] Mal venu qui tromperait son appétit. […] Voyez comment le sage oriental Valmiki vient au secours du critique pour expliquer le cas de M.  […] aux derniers venus qui outrent cette réaction naturelle.

1276. (1905) Propos littéraires. Troisième série

viens, laisse-toi loucher par ma prière. […] viens aider la douleur à déshabiller ton enfant fatigué. […] Renan, qui est venu là pour travailler, écrit trop rarement à M.  […] Après, qui est-ce qui viendra ? […] Les paris sont engagés. » On voit venir l’un ou l’autre de ces dénouements.

1277. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il vint lui-même ouvrir. […] La mort obéissante viendra les reprendre. […] L’homme est venu le dernier : il est né d’hier. […] L’archiduc imagina de venir lui parler. […] Voici venir le soir.

1278. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Jésus peut venir. […] Comme il arrive d’ordinaire aux grands écrivains, la popularité est venue à lui. […] Et que vient-on nous offrir à la place ? […] Car les temps sont venus et le schisme est accompli. […] Un son de cloches vient jusqu’à nous, par intervalles.

1279. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

» C’est cet essaim de songes grandioses ou gracieux que la servitude du labeur machinal et de l’économie perpétuelle venait écraser lorsqu’ils commençaient à prendre leur vol.  […] D’autres fois il consignait sur un journal les tirades littéraires qui lui venaient, et six mois après il les envoyait à ses correspondants comme des effusions du moment et des improvisations naturelles. […] Qu’est-ce que l’homme et que vient-il faire en ce monde ? […] Il vit paisiblement au bord d’un beau lac, en face de nobles montagnes, agréablement retiré dans une maison élégante, parmi les admirations et les empressements d’amis distingués et choisis, occupé de contemplations que nul orage ne vient troubler, et de poésie que nul embarras ne vient empêcher d’éclore. […] Il y a un sérieux imposant, une austère beauté dans cette réflexion si sincère ; le respect vient, on s’arrête et on est touché.

1280. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

La procureuse, qui guignait de l’œil le nouveau venu, lui dit : « M.  […] Puis vient la déception. […] L’heure est triste, le jour descend et la nuit va venir. […] comme la forêt de Dunsinane venait au-devant de Macbeth, la forêt venait au-devant de lui avec ses vertes ramures et ses branches moussues. […] L’oubli vient si vite dans notre époque affairée !

1281. (1898) Essai sur Goethe

Je voudrais que vous fussiez venu plus tôt. […] C’est étrange, ce noir passant qui vient à sa rencontre. […] — Viens, et ne fais voir mes lettres à personne. […] Voyez qui vient là, et s’approche solennellement. […] Fritz est content et vient me voir souvent.

1282. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Écrire comme on pense, modeler son style sur les choses, les bons esprits en viennent là d’ordinaire en avançant ; mais M. […] — Voir la vallée et son prieuré. — Bien venus, nous dit-il, bien venus ceux qui veulent voir la vallée et le prieuré !  […] La moindre brise qui venait soulever cette masse l’agitait comme une mer. Auprès de moi elle venait battre contre les murs de la terrasse, et j’aurais été tenté de me baisser pour y puiser comme dans un liquide. […] La première idée en vint à Félix Bodin, qui poussa M.

1283. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Saint-Saëns sont venus après lui, qui ont montré possibles bien d’autres merveilles. […] VIENNE 9 Février : Opéra : Le Hollandais. […] Vient ensuite l’analyse de la pièce, en un tableau vivant et mouvementé. […] Qu’on vienne encore nier, après cela, la puissance d’expression de cette musique. […] Wagner ne vient-il pas à son heure succéder à Meyerbeer dont l’étoile pâlit sur toutes les scènes du monde, y compris celle de l’Opéra de Paris ?

1284. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

— il faut venir en la terrible question, et, une fois, parler librement de ces malheureuses pages. […] … « Maintenant, la mort est venue. […] Mais l’heure est venue où, sous le poids d’une lassitude, nous avons perdu la science de notre pouvoir. […] ô viens, aimable, ris avec nous ! […] Parmi les Français venus là, notons M. 

1285. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Il les divise d’abord en feelings qui viennent du centre (émotions) et feelings qui viennent de la périphérie (sensations). […] C’est ainsi que nous apprenons à entendre une langue étrangère ; c’est ainsi que l’enfant, hésitant d’abord sur les lettres et les syllabes, en vient à interpréter couramment les mots et les phrases. […] Comment de la perception d’un rapport entre des positions résistantes, en venons-nous à la perception d’un rapport entre des positions non résistantes ? […] La vérité la plus large que les recherches des physiologistes aient mise au jour, est parallèle à la vérité que nous venons justement d’atteindre. […] Comte, que toute connaissance vient des sens, — que toute connaissance est relative, — que c’est une mauvaise explication que celle qui assigne pour cause aux phénomènes des entités distinctes, — qu’il y a dans la nature des lois invariables.

1286. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Le sensualisme brut de Condillac avait tort de définir l’attention une sensation dominante ; c’était la faire venir tout entière et directement du dehors. […] Le mot est essentiellement immobile et ne renferme de vertu mouvante que celle qui lui vient des idées suggérées. […] C’est seulement plus tard, et à force d’expériences, que plusieurs bêtes dont on a été mordu viennent se ranger sous une image générique de bêtes mordantes. […] De là le problème qui a tant agité la philosophie du moyen âge : d’où vient la généralité des idées ? […] Cette projection est elle-même la représentation d’une ressemblance entre les cas à venir et les cas passés, fondée sur ce qu’il n’y a aucune raison de dissemblance.

1287. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

La perception d’une facilité à se mouvoir vient donc se fondre ici dans le plaisir d’arrêter en quelque sorte la marche du temps, et de tenir l’avenir dans le présent. […] D’où vient le charme de la poésie ? […] Dirons-nous, avec La Rochefoucauld, que cette prétendue sympathie est un calcul, « une habile prévoyance des maux à venir » ? […] Aussi bien, la question qui nous préoccupe n’est-elle pas de savoir si le sentiment de l’effort vient du centre ou de la périphérie, mais en quoi consiste au juste notre perception de son intensité. […] Et que pouvons-nous entendre ici par intensité croissante, si ce n’est le nombre toujours croissant de sensations qui viennent s’ajouter aux sensations déjà aperçues ?

1288. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

De la société naturelle nous venons en effet d’indiquer quelques traits. […] On les dispose le long d’une échelle : du bien-être au luxe on passerait par voie de gradation ascendante ; quand nous nous serions assuré le bien-être, nous voudrions y superposer le plaisir ; puis viendrait l’amour du luxe. […] L’initiative ne peut venir que d’elle, car c’est elle, et non pas la prétendue force des choses, encore moins une fatalité inhérente à la machine, qui a lancé sur une certaine piste l’esprit d’invention. […] Toutefois, par un autre côté, elle n’a pas été sans souffrir d’être venue si tard. […] L’information qui nous viendrait ainsi ne concernerait peut-être que ce qu’il y a d’inférieur dans les âmes, le dernier degré de la spiritualité.

1289. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Émerveillé de ce qu’il venait d’entendre, il fit, au sortir de là, un article intitulé le Théâtre d’Athènes. […] Né dans le Midi, venu à Paris dans les premières années du siècle, et disciple studieux, ardent, de l’école républicaine et philosophique, de Garat, Ginguené, Chénier, il présente avec le jeune et facile rival qui, pour coup d’essai, le détrôna, des contrastes frappants, et dont tous n’étaient pas à son désavantage. […] Ce n’est pas sa manière naturelle, à lui, d’entrer dans les choses par les épines ; il lui faut, pour y venir, être averti, poussé du dehors. […] Mais c’est au pied de sa chaire que nous avons hâte de venir. […] Une ou deux allusions bien naturelles et inévitables jaillirent du front du grand aveugle biblique et vinrent en plein se refléter sur celui du chantre des chrétiennes amours.

1290. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Le Globe, fondé en 1824, vint opérer une sorte de révolution dans la critique, et, par son vif et chaleureux éclectisme, réalisa une certaine unité entre des travaux et des hommes qui ne se seraient pas rapprochés sans cela. […] Jouffroy, dans ses lucides et placides représentations d’intelligence, en est venu souvent à ne pas tenir compte de l’action, de l’impulsion communiquée aux hommes par les hommes, à ne croire que médiocrement à l’efficacité d’un génie individuel vivement employé. […] Roger, qui fut frappé de son savoir ; il vint à Paris en 1813. […] Dubois, bien que venue à l’occasion de l’autre, était évidemment l’idée active, saillante et nécessaire ; aussi imprima-t-il au Globe le caractère de sa propre physionomie. […] Ce n’est plus de sa modestie qu’il semblerait à propos de venir parler aujourd’hui.

1291. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Ils disent : Ceci vient des sens, ceci vient de l’être immatériel. […] Les loups et les sangliers traversaient souvent par bandes les pelouses à perte de vue des jardins, pour venir boire dans les étangs et dans les sources, sous les hêtres. […] « Et elle est venue, et elle m’a dit : — Je te veux bien. […] « Et nous serons fiancés samedi qui vient ! […] De là lui vint le nom de Marseillaise.

1292. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« La guerre civile n’est venue que de Vitellius, et, si nous avons combattu par les armes pour l’empire, le crime en est à lui seul. […] « Déjà son esprit ne s’occupait plus que des suprêmes pensées, quand un tumulte soudain vint lui rappeler la consternation et l’anarchie des soldats ; ils menaçaient de mort ceux qui voulaient partir. […] « Néron s’avance jusque sur la grève, à la rencontre de sa mère qui venait d’Antium, la prend par la main, la serre dans ses bras, et la conduit à Baules ; c’est le nom de la maison de délices qui s’élève entre le promontoire de Misène et le golfe de Baïes, formé par une inflexion de la mer. […] En disant ces mots, elle aperçoit Anicétus, suivi du commandant de trirème Herculéius et du centurion de marine Oloaritus. — Si tu viens pour me voir, lui dit-elle, retourne et dis à mon fils que je suis rétablie ; si c’est pour accomplir un forfait.… Mais non ! […] « Combien n’avait-il pas fallu d’efforts à son fils pour l’empêcher de pénétrer dans le conseil, et de venir répondre elle-même aux ambassadeurs des nations étrangères.

1293. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Mais à des vérités si neuves il faut un monde neuf aussi pour les accueillir et pour s’y conformer sans hésitation, sans froissement, sans partialité, sans récrimination dans les dépossédés de l’erreur, sans excès et sans violence dans les nouveaux venus à la liberté. […] Cela était bien faux ; car le roi venait pour la seconde fois de me demander une entrevue secrète ; j’y avais consenti par pure déférence respectueuse pour nos anciennes relations. […] X Un écrivain qui frappe juste, mais qui frappe souvent trop fort, à cause de la vigueur même de son talent, M. de Cassagnac, vient d’écrire à son tour un livre sur les Girondins. […] Voilà dans quel esprit de répulsion instinctive contre votre idole et d’impartialité historique dans l’histoire je viens recueillir vos souvenirs. […] Robespierre l’avait nommé médecin en chef et en même temps agent principal de sa confiance à cette École de Mars, corps de jeunes janissaires personnels de Robespierre, logés au Champ de Mars, qui gardaient de loin la Convention et veillaient surtout sur Robespierre lui-même, prêts à voler à son secours dans le cas où ses collègues, fatigués de sa domination, viendraient à lui livrer combat dans l’Assemblée ou dans la capitale.

1294. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

L’empereur Napoléon lui fit écrire de venir à Paris toucher les 30 000 F auxquels son titre de cardinal français lui donnait droit. […] « Nous étions cinq cardinaux que le cardinal Fesch présentait ce jour-là à l’Empereur, tous cinq arrivés seulement durant cette semaine, savoir : le cardinal di Pietro, venu avec moi, et les cardinaux Pignatelli, Saluzzo et Despuig. […] En voici dix écoulées depuis que j’ai eu l’honneur de saluer Votre Majesté. — C’est vrai, répliqua-t-il, voilà bientôt dix ans que vous êtes venu pour le Concordat. […] Sans rien répliquer, il se détacha de moi, recommença à aller et venir, continuant son discours, formulant les mêmes plaintes sur les actes de Rome à son égard, sur ce que Rome n’avait plus de ces grands hommes qui l’avaient autrefois illustrée. […] Je suis à chercher une meilleure distribution de ces objets ; mais dans le cas où je viendrais à mourir avant de l’avoir définitivement arrêtée, je maintiens celle-ci, qui, dans le moment, me paraît la plus convenable.

1295. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLV J’en trouvai en ce temps-là une autre à Florence dans la présence inattendue de la comtesse Léna, qui était venue passer quelques mois chez son frère, en Toscane, et visiter ses anciens amis. […] XLVIII Le marquis de la Maisonfort m’avait invité à venir à Lucques, où il voulait me présenter au duc de Lucques, fils de la reine d’Étrurie, que Napoléon avait mise sur le trône de Toscane, puis détrônée et reléguée à Lucques. […] Ces deux braves hommes ne savaient pas quand nous y étions venus pour la première fois. […] Les garçons d’en bas venaient aussi de temps en temps courtiser les filles de l’aîné des Zampognari, réputées pour leur beauté et pour leur bonne renommée dans les collines de Lucques, et c’est ainsi que nous avons bien des parents sans les connaître, à présent, parmi les Lucquois, qui nous méprisent pour notre pauvreté aujourd’hui. […] On venait jusque de Pise pour la voir, quand elle descendait à la foire de Lucques avec son mari.

1296. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais, je le répète, la poésie est venue fleurir dans vos ruines ; elle est venue célébrer des funérailles. […] Lélia n’était pas venue se placer auprès de Manfred. […] La grande cause qui a fait produire Werther à Goethe, c’est cette double impulsion de la France et de l’Allemagne dont nous parlions tout à l’heure ; c’est la lutte dans son esprit de deux puissants génies, venus l’un du Midi, l’autre du Nord. […] Voici donc venir du Nord, après Rousseau, un homme qui participe à la fois de l’athéisme et de la religion. […] Que faire quand on est là, quand on vient à une telle époque ?

1297. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Cependant le grand succès continuel de Tannhäuser me semble en contradiction avec ces renseignements, Tout dernièrement l’on vint me répéter que Tichatscheck avait grandement contribué au succès et que c’est grâce à ses débuts que l’opéra a été compris et apprécié à sa valeur ; d’un autre côté on m’assure aussi que Lachner est très dévoué à la cause. […] Un nouveau portrait de Wagnerd vient d’être gravé à l’eau-forte par M.  […] Brünnhilde ma forte, dors couchée en les ruissellement du rouge sonore, dors en la très haute paix des divins embrasements, sommeille, calme, sommeille, bonne : Brünnhilde, espère à Lui : Héros viendra, le réveilleur, Noble viendra, vainqueur des Dieux, superbe et roi … sur le roc transfulguré, ô Brünnhilde, en l’indubitable attente, sommeille, dors, bien aimée, parmi la jubilante flamme : je te sens, et je te pense, et, dans les majestueux gais épanouissements du feu, avec toi je rêve aux Crépuscules futurs, ô dormeuse des divinités passées … » Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter)   Analyse du numéro IX Hans von Wolzogen : Notes sur les œuvres Posthumes de Wagner, avec le fragment complet « le féminin dans l’humain ». […] Remarques sur l’index de concordance joint au volume : unité absolue de l’œuvre Wagnérienne ; les semblantes contradictions ne sont que les différentes manières d’envisager les choses, ou bien elles viennent des différences de phraséologie introduites pur l’influence de Schopenhauer. […] Pour une seule fois, laissons cette plaisanterie, ne complotons pas avec nous-mêmes, mais gardons bien ce qui venait de nous ravir ; et alors nous nous apercevrons que chez Bellini c’était la claire mélodie, ce chant si simplement noble et beau qui nous a charmé ; retenir et croire cela n’est vraiment pas un péché ; ce n’en est peut-être pas non plus un que de prier encore le ciel, avant de se coucher, pour que vienne aux compositeurs allemands l’idée de telles mélodies et une telle façon de traiter le chant.

1298. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Les sensations qui viennent des sens et des viscères, il les additionne, les combine, les modifie, et par un mode de transformation profondément mystérieux, les élabore en idées. […] Néanmoins, ce métal n’est pas de l’or, mais de l’auruminium ; il ne peut être de l’or, parce que l’or ne vient que du Mexique et du Pérou. […] Le caractère d’uniformité sur lequel on insiste souvent vient naturellement du succès dû aux moyens choisis. […] On n’aurait pas exagéré la portée des objections, si l’on avait remarqué que l’influence de l’un des deux parents peut détruire celle de l’autre, et que, par suite, les exceptions apparentes à la loi d’hérédité viennent au contraire confirmer cette loi. […] Les conséquences psychologiques de ce principe viennent d’être exposées en Allemagne, par Vundt, Grundzuge der physiologischen Psychologie, 1874, et Horwicz, Psych.

1299. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Un ancien poète, Simonide d’Amorgos, dans une satire contre les femmes, les a comparées, quand elles sont mauvaises, pour leurs défauts dominants, chacune à une espèce d’animaux (ces anciens étaient peu galants) : mais, quand il en vient à la femme sage, utile, frugale, industrieuse, diligente et féconde, il ne trouve à la comparer qu’avec l’abeille. […] Cet idéal était patriotique et chrétien tout ensemble : un jour, dans un entretien dont les termes ont été recueillis par ses pieuses élèves, et après leur avoir parlé de tout ce qu’il y avait eu de peu médité et de non prévu dans sa grande fortune à la Cour, elle a dit avec un élan et un feu qu’on n’attendrait pas de sa part, mais qu’elle avait dès qu’elle en venait au sujet chéri : Il en est de cela comme de Saint-Cyr, qui est devenu insensiblement ce que vous le voyez aujourd’hui. […] Elle demande partout aux Dames qu’elle a formées le talent de la récréation autant que celui de la classe : « Rendez vos récréations gaies et libres ; on y viendra. » Louis XIV, à Saint-Cyr, apparaît plein de charme, de noblesse toujours, et parfois d’une certaine bonhomie qu’il n’eut que là. Dans les grands moments, il intervient comme roi : quand on juge à propos de réformer les constitutions, il les relit et les approuve de sa main ; lorsqu’il faut éloigner les Dames récalcitrantes, telle que Mme de La Maisonfort et quelques autres, et employer à cet effet des lettres de cachet, il sait que le cœur des Dames est affligé de cet exil de leurs sœurs, et, après avoir écrit du camp de Compiègne pour motiver sa rigueur, il vient lui-même avec cortège dans la salle de la Communauté tenir en quelque sorte un lit de justice tout à la fois royal et paternel. Pendant la paix, au retour des chasses, il vient souvent trouver Mme de Maintenon en ce lieu de retraite, mais toujours après s’être donné le temps de mettre, par respect pour les Dames, un habit décent.

1300. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Venez ici, vous qui pressez vos lits d’édredon et qui n’y dormez pas ; voyez-le, l’homme de peine, suant au-dessus de son pain avant de le manger. […] Collins a une ode pleine d’imagination et de haute fantaisie adressée Au soir : Cowper, dans le passage suivant, rappelle Collins avec moins de lyrisme et quelque chose de plus arrangé, de plus familier, mais avec une touche d’imagination non moins vive : Viens encore une fois, ô Soir, saison de paix, reviens, doux Soir et continue longtemps. […] Viens donc, et tu trouveras ton pieux adorateur calme d’esprit et tranquille, ou tu me rendras tel aussitôt. […] Combien touchante est la musique de ces cloches de village qui, par intervalles, vient frapper l’oreille en douces cadences, tantôt mourant au loin, tantôt reprenant avec force et toujours plus haut, claire et sonore, selon que le vent arrive ! […] Une aimable cousine, une compagne d’enfance, qu’il avait retrouvée avec bonheur et dont la fortune était considérable, lady Hesketh, lui fit arranger dans les environs d’Olney, à Weston, l’un des plus jolis villages d’Angleterre, une maison commode pour lui et Mme Unwin, et elle-même y venait passer chaque année plusieurs mois.

1301. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Il le redira plus tard en vingt endroits : « Qui a affaire à un peuple qui ne trouve rien de difficile à entreprendre, et qui, en l’exécution, ne pourvoit à rien, se trouve bien empêché. » Il souhaite à ceux qui viendront après lui « d’avoir autant d’affeclion, de fidélité et de patience qu’il en a eu, et de rencontrer des peuples plus constants, plus zélés et moins avares. » Cette âme fière, ce capitaine énergique fait pour commander, cette nature aristocratique, ambitieuse de grands desseins et entravée à chaque pas, avait dû beaucoup souffrir. […] Rohan, déjà gêné au dedans par les siens, dut également souffrir de cette gêne en face de l’ennemi, et peut-être des accusations sourdes qui en venaient parfois à son oreille ; et il semble, nous le verrons, avoir voulu répondre à tout et se satisfaire lui-même lorsqu’il se mit, à son dernier jour, à faire le coup de pique en simple volontaire dans l’armée du duc de Weimar, comme s’il s’était dit : « Cette fois enfin je ne suis plus un général ni un chef de parti, je ne suis qu’un soldat. » Ouvrons maintenant les mémoires de Richelieu, lorsqu’il a à parler des mêmes conjonctures. […] Tandis que Richelieu, déjà fort de la confiance de Louis XIII, préparait son grand dessein européen, l’abaissement de l’Espagne et de la maison d’Autriche, pour lequel il comptait se servir d’une nouvelle alliance étroite avec l’Angleterre, il se voit donc arrêté tout court par cette levée de boucliers à l’intérieur, qui coupe en deux le royaume : Cette révolte, dit-il énergiquement, venait si à contretemps au roi en cette saison où il avait tant d’affaires au dehors, que la plupart de ceux de son conseil étaient si éperdus, que tantôt ils voulaient qu’on fît une paix honteuse avec l’Espagne, tantôt qu’on accordât aux huguenots plus qu’ils ne demandaient. […] Elle s’est trouvée ensevelie dans une âpre et impitoyable famine, et en sa fin a acquis par sa constance une plus longue vie dans la renommée des siècles à venir que celles qui, aujourd’hui, prospèrent dans le siècle présent. Ici encore les mémoires de Richelieu viennent éclairer d’un reflet direct ceux de Rohan.

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