Que le cerveau soit l’organe de la pensée et de l’intelligence, c’est ce qui paraît suffisamment attesté par le fait que nous sentons notre pensée dans la tête, que la contention du travail intellectuel nous y cause de la douleur, que toute affection cérébrale empêche ou altère les fonctions intellectuelles. […] Enfin on propose de peser non-seulement le cerveau, mais le système nerveux tout entier, la moelle, les nerfs sensoriels, les nerfs moteurs et les nerfs sensitifs ; mais qui pourrait faire un pareil travail ? […] Tout ce travail qui n’est point aisé serait à recommencer. […] Il rapporte cette parole du vieil anatomiste Vésale, que ce n’est point le crâne qui suit la forme du cerveau, mais le cerveau qui suit la forme du crâne, et résumant les travaux de MM.
Un des avantages de votre retraite moins envahie sera du moins le travail, des vers que peut-être vous ne garderez pas tous en cage, de la prose qui aura sans doute aussi des ailes pour nous arriver. […] Guizot un mémoire sur l’étude qu’on a faite aux xvie, xviie et xviiie siècles de la littérature des xiie, xiiie, xive et xve siècles : c’est un travail minutieux, mais assez joli, qui me fait voir du pays et qui m’est utile . […] Leroux, que j’ai rencontré l’autre jour, est dans une situation toujours bien grevée : de son travail, vous en pouvez juger par les excellents articles de l’Encyclopédie, mais sa situation personnelle empire plutôt.
. — Rapport de l’ordre et de l’originalité On affecte souvent de mépriser cette partie du travail qui consiste à disposer ses idées et à marquer d’avance tous les points de la route où l’on doit passer. […] Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra acquérir, après un long exercice, la dextérité et la souplesse, qui permettent ensuite d’abréger le travail, d’ordonner promptement ses matériaux, et de classer presque en acquérant. […] On refuse souvent de se livrer à ce travail, parce qu’on croit gagner du temps et avoir plus tôt fait.
Comme on se parle pour s’entendre, et que plus on est de gens à se parler, plus s’entendre est chose difficile, au travail de chacun oui succéder le travail de tous pour se faire un langage commun. […] Je passe au second travail dont j’ai parlé : celui de la société choisie, c’est-à-dire de bonnes mœurs, de bon ton, de bon goût.
Quelque esprit est dépensé, d’ailleurs, à cette basse besogne et, si on le compare au travail de Willy, notre plus récent allumeur, on trouve délicat et élégant le geste dont Mendès nous frôle et nous énerve. […] » Donc je n’affirmerai pas que, pour trois francs, il vous foute un travail soigné : vous ne voudriez pas, mesdames et messieurs. […] Claretie a mis au passé la plupart de ses verbes, Seulement cet homme a beaucoup de travail.
Hauteur par tant de pas gravie, Travail progressif et constant, La mort, — que le mourant envie — N’est pas toute dans un instant ! […] C’est la poésie de la pensée, bien supérieure à toutes les ciselures… que nous ne méprisons pas et qui y sont, mais tellement légères qu’on n’en aperçoit le travail qu’à la réflexion. […] Mais, jeune ou non, éprouvé par le travail ou caressé par l’inspiration facile, qu’il se souvienne du conseil que nous lui donnons en toute sympathie et dans l’intérêt de ses œuvres futures ; il y a deux hommes en lui, — l’homme de la veine et l’homme de la culture ; l’homme de la poésie sentie et l’homme de la poésie ressouvenue.
Outre qu’il est désobligeant et le plus souvent injuste de rabaisser les travaux de ceux qui nous ont frayé la route, l’exposé seul de ce que j’entends réclamer des historiens à venir suffira pour montrer ce qui manque, selon moi, aux historiens présents ou passés. […] N’est-il pas nécessaire qu’il vienne un architecte pour coordonner les efforts et les travaux discordants, pour assigner leur place aux fondations, aux murs, aux piliers, pour ramener à des proportions justes ce qui est trop grand ou trop petit, pour construire enfin un édifice dont les différentes parties, comme les membres d’un corps, se fondent en un tout organique d’une harmonieuse complexité ?
Quel travail que celui d’introduire entre une infinité de chocs fiers et vigoureux, une harmonie générale qui les lie et qui sauve l’ouvrage de la petitesse de forme ! […] Et puis, comment soutenir son génie, conserver sa chaleur, pendant le cours d’un travail aussi long ?
Vous courez risque autrement d’avoir à recommencer chaque jour le travail de la veille. […] Et cet homme était fort, et il haïssait le travail ; de sorte qu’il se dit : Comment ferai-je ? Si je ne travaille pas, je mourrai, et le travail m’est insupportable. […] « Or il arriva que la quantité de travail étant devenue plus grande de moitié sans que le besoin de travail lût plus grand, la moitié de ceux qui vivaient auparavant de leur labeur ne trouvèrent plus personne qui les employât. […] L’autre reste chargé de l’enfant ; mais point de travail !
Or, un samedi, en entrant dans le cabinet de travail de Heredia, je reculai d’un pas. […] A droite se trouvait le cabinet de travail ; à gauche, le salon. […] Le cabinet de travail était de dimension médiocre. […] Des portières en bambou séparaient la salle à manger, le cabinet de travail et le salon. […] Ce n’était point la fin de leurs travaux.
Mais aussitôt arrivait le « lundi de la charrue », jour où recommençait le travail, et le premier jour du travail était marqué par une fête. « Bonnes ménagères que Dieu a enrichies, dit Tusser dans ses poésies rurales, n’oubliez pas les fêtes qui appartiennent à la charrue11. » Le fuseau avait aussi la sienne. […] Ce qu’il y a de plus vraisemblable, c’est que Shakespeare attacha d’abord son travail à des ouvrages qui n’étaient pas les siens, et que son talent, novice encore, n’a pu sauver de l’oubli. […] Ce fut, on doit le croire, durant l’époque de ces travaux plus conformes à la gêne de sa situation qu’à la liberté de son génie, que Shakespeare chercha à se délasser par la composition du poëme d’Adonis. […] C’est dans cette carrière qu’il a marché en avant et entraîné son siècle à sa suite ; c’est là que ses plus faibles essais annoncent déjà la force prodigieuse qu’il déploiera dans ses derniers travaux. […] Que si, après avoir obtenu notre consentement à cette situation, après nous avoir émus des impressions qui l’accompagnent, le poëte veut imprudemment nous faire passer à une situation, à des impressions nouvelles, le travail est à recommencer, et avec d’autant plus d’effort qu’il faut effacer la trace d’un travail déjà affaibli.
Cournot, constatant que la somme de travail nécessaire pour la mise en train d’une machine peut être indéfiniment diminuée, admet un cas limite où ce travail serait nul. […] Une cause physique, la concurrence vitale, explique de la sorte un fait social, la division du travail. […] Considérons le capital et le travail : la différence qui les sépare ne les empêche pas de se combattre. […] La division du travail apparaît comme nécessaire pour que les hommes vivent. […] La division du travail est un moyen plus ou moins intelligemment imaginé pour réaliser cet idéal.
Des premiers travaux de Bossuet. — § VII. […] Travaux de l’épiscopat de Bossuet. — Constitution de l’Église gallicane. — Sermon sur l’unité de l’Église. — Histoire des Variations. — § XI. […] Il y adhéra tout d’abord, et se contenta, pendant cinquante ans de travaux de parole ou de plume, de donner les motifs de son adhésion. […] Des premiers travaux de Bossuet. […] Les premiers travaux de Bossuet n’avaient guère porté que sur les dogmes, et la plus sévère théologie en est toute l’éloquence.
Mais comment ne pas voir que cette prétendue division du travail revient à tout brouiller et à tout confondre ? […] Toute la répugnance des philosophes à envisager les choses de ce biais vient de ce que le travail logique de l’intelligence représente à leurs yeux un effort positif de l’esprit. […] Mais il n’en est pas moins vrai que les choses se passent comme si tout organisme supérieur était né d’une association de cellules qui se seraient partagé entre elles le travail. […] Nous n’insisterons pas ici sur un point que nous avons approfondi dans des travaux antérieurs. […] Nous avons développé ce point dans un travail antérieur.
Auguste Brachet (1867), je vois le travail d’Ampère à peine mentionné. […] Les grands travaux improvisés de M. […] Cela tient à l’esprit même qui circule dans tout son travail et qui est un esprit de polémique contemporaine très-sensible. […] Il serait à désirer que le frère survivant de Fresnel publiât quelque chose de ses travaux. — M. […] Ampère dans le monde littéraire et savant, sa renommée eût gagné peut-être s’il eût un peu plus concentré ses travaux.
Cette histoire lui coûta trente ans d’un travail opiniâtre, comme il le marque lui-même dans son préambule. […] Mon travail s’est borné au choix des matériaux, à la disposition, au style. […] Son travail a été beaucoup loué & beaucoup critiqué. […] Maur, Dom Bouquet & Dom Maure d’Antine pour les charger du même travail. […] Le grand nombre de citations qu’on lit aux marges, est un témoignage du travail de l’auteur, & de son attention à compiler soigneusement les faits.
J’avais d’abord pensé avec eux et dirigé mes travaux vers la poésie. […] la pauvre besogne, le travail du lettré qui ciselle péniblement son bijou d’apparat ! […] Il chasse les autres projets de travail comme l’amour chasse les amitiés. […] Sa santé déclinait rapidement, les accès de fièvre lui rendaient tout travail difficile. […] Mon ami, revenez aux travaux littéraires !
Ce travail sur Benjamin Constant, publié d’abord en avril 1844, a eu des conséquences qu’il n’est pas inutile de noter. […] Travail à l’Acte additionnel. — Montlosier.
Le premier, obligé d’acheter sa nourriture par le travail, exerce vivement son activité ; la prévoyance de l’hiver lui donne le souci de l’avenir, et le loisir forcé de ce même hiver sollicite en lui les idées sérieuses. […] Dans le midi, on vit au jour le jour ; la présence du soleil, des travaux peu pénible et jamais interrompus, des sensations toujours en éveil, ne permettent pas les longues espérances ni les longues inquiétudes : on y jouit précisément de cette liberté d’esprit si propice à l’essor de l’imagination ; c’est là que devaient et que seulement pouvaient naître ces poètes aimables, qui chantaient les douceurs du rien faire, la jouissance du présent et l’oubli du lendemain.
Introduction Même réduit aux proportions qu’il présente ici, un ouvrage sur la nouvelle littérature, fait à la fois de critique, de documents et de prophétie, ne laisse point que d’être un travail difficile, considérable et dangereux. […] C’est à ceux-là que nous recommandons les nouveaux venus · Nous avons joint à notre travail un dictionnaire bibliographique, conçu selon une méthode que M.
Ils possèdent la religion du travail et l’amour de la santé. […] Ce sera une édifiante histoire qu’un tel récit, consacré tout entier à l’apologie du travail et de la volonté. […] Toujours il avait été hanté par l’idée d’énormes travaux. […] La naissance et la mort, l’amour et le travail constituent dans ces romans les seules péripéties. […] la santé était dans l’universel travail, dans la puissance qui féconde et qui enfante.
Plus il a de racines de ce côté, plus il trouve à l’intérieur de consolations et d’appui, et plus il s’appliquera à ses travaux avec tranquillité et joie, en toute assurance. […] Il l’annonçait à l’ami de Metz, confident habituel de ses travaux et de ses progrès, M. […] D’autres travaux, d’autres devoirs vinrent à la traverse et rompirent la trame. […] Sa correspondance nous tient au courant du nouveau travail auquel il dut se livrer à ce renouvellement de carrière ; il ne croyait jamais en avoir fait assez. […] Il n’avait pas mis moins de six ans de sa vie à ce travail d’exacte et minutieuse critique.
Tantôt elle se fera dans l’action même, et par la mise en jeu tout automatique du mécanisme approprié aux circonstances ; tantôt elle impliquera un travail de l’esprit, qui ira chercher dans le passé, pour les diriger sur le présent, les représentations les plus capables de s’insérer dans la situation actuelle. […] Avec ces mouvements commence le travail positif, et non plus simplement négatif, de l’attention. […] Image pour image, nous aimerions mieux comparer le travail élémentaire de l’attention à celui du télégraphiste qui, en recevant une dépêche importante, la réexpédie mot pour mot au lieu d’origine pour en contrôler l’exactitude. […] Contre Grashey, qui avait soutenu dans un travail célèbre 43 que nous lisons les mots lettre par lettre, ces expérimentateurs ont établi que la lecture courante est un véritable travail de divination, notre esprit cueillant çà et là quelques traits caractéristiques et comblant tout l’intervalle par des souvenirs-images qui, projetés sur le papier, se substituent aux caractères réellement imprimés et nous en donnent l’illusion. […] Il s’agit de deux conceptions radicalement différentes du travail intellectuel.
Et quant à la direction morale à indiquer aux travaux de l’esprit, il suffirait peut-être d’une fondation annuelle par laquelle on proposerait des sujets à traiter soit pour la poésie, soit pour la prose, des sujets nationaux, actuels, pas trop curieux ni trop érudits, mais conformes à la vie et aux instincts de la société moderne. […] Lui, s’il ne parvient pas à être une des fonctions utiles et nécessaires d’un journal, une des quatre ou six roues qui le font aller, il reste nomade et errant ; il végète ; il est obligé d’offrir son travail : on ne sait pas tout ce que cette offre amène avec soi de lenteurs, de désagréments et de mécomptes. Et là où il est le mieux et où il a dressé sa tente, là où le débouché lui est ouvert, dans cette consommation et cette prodigalité d’esprit de chaque jour, quel travail de Danaïdes, s’il y réfléchit !
Je développerai ailleurs cette assertion ; ce qu’il m’importe d’observer maintenant, c’est combien les Grecs étaient propres à répandre les lumières, combien ils excitaient aux travaux nécessaires pour les acquérir. […] Les philosophes grecs étaient en très petit nombre, et des travaux antérieurs à leur siècle ne leur offraient point de secours ; il fallait qu’ils fussent universels dans leurs études. […] Il faut que la pensée soit avertie par les événements ; c’est ainsi qu’en examinant les travaux de l’esprit humain, on voit constamment les circonstances ou le temps donner le fil qui sert de guide au génie.
Le travail matériel, qui n’est aujourd’hui qu’une corvée abrutissante pour ceux qui y sont condamnés, n’était pas tel au Moyen Âge, pour ces ouvriers qui bâtissaient des cathédrales en chantant. […] Car, au point de vue de l’humanité, les travaux les plus humbles ont une valeur idéale, puisqu’ils sont le moyen ou du moins la condition des conquêtes de l’esprit. […] Tous les génies sont universels quant à l’objet de leurs travaux, et, autant les petits esprits sont insoutenables quand ils veulent établir la prééminence exclusive de leur art, autant les grands hommes ont raison quand ils soutiennent que leur art est le tout de l’homme, puisqu’il leur sert en effet à exprimer la chose indivise par excellence, l’âme, Dieu.
Les travaux de MM. […] Notre éducation se perfectionnant par l’étude de différentes langues, il en résultait, dans notre intelligence, un travail continuel quoique inaperçu, pour comparer les procédés et les expressions de notre langue maternelle avec les procédés et les expressions des langues acquises par une éducation postérieure. […] Nous n’avons point à expliquer ici les bienfaits de la première émancipation ; nous n’avons à nous occuper que de la seconde émancipation, pour laquelle l’esprit humain est encore dans le travail douloureux de la crise.
La fondation de l’Institut de Droit international, « dont l’œuvre est immense », marque une étape décisive dans le travail d’élaboration d’une juridiction internationale. […] Arthur Desjardins, vice-président de cet Institut, a récemment donné communication à l’Académie des sciences morales et politiques d’une notice sur sa genèse, son organisation et ses travaux, d’où il ressort que la pensée de se fondation est due à M. […] Il est impossible de méconnaître l’importance de l’œuvre entreprise par l’Institut de droit international, et parmi les nombreuses sociétés qui ont inscrit l’arbitrage en tête de leur programme, il occupe, sans conteste, le premier rang, par l’importance et l’autorité de ses travaux.
« Monaldo Leopardi » Un juge compétent à qui ce travail manuscrit a été communiqué, Creuzer, dans le 3e volume de son Plotin, en a tiré le sujet de plusieurs pages de ses addenda. […] Les travaux philologiques et les excursions érudites de Leopardi, vers cette époque de son adolescence et de sa première jeunesse, feraient une longue et trop sèche énumération, si on la voulait complète ; singulier prélude, ouverture bien austère, à la destinée toute poétique qui suivra. […] Le docte éditeur lut plus tard le travail manuscrit de Leopardi et en tint compte dans l’édition de Rome. […] Cependant, à travers cette diversité de travaux précoces, Leopardi mûrissait au talent, et le poëte original en lui allait éclater. […] Ce sont, assure-t-on, les plus importants parmi ses travaux de ce genre ; le jugement de Niebuhr nous dispense d’y insister davantage.
Et Heredia qui est là, parlant des poètes de la dernière heure, établit que leurs poésies ne sont que des modulations, sans un sens bien déterminé, et qu’eux-mêmes baptisent du mot de monstres, leurs vers à l’état d’ébauche et de premier jet, et où les trous sont bouchés avant la reprise et le parfait achèvement du travail, par des mots sans signification. […] Et l’on faisait la remarque que cette division du travail était peut-être bonne, utile, chez un peuple où l’ouvrier n’est pas artiste, comme en Allemagne, mais que cette division tue l’ouvrage bien fait chez un peuple artiste comme dans notre pays. […] » Decazes était aux petits soins pour lui, faisait couper les branches des arbres du jardin du Luxembourg qui donnaient de l’ombre à sa chambre, à son cabinet de travail, et lui rendant souvent visite, l’amusait des potins de la politique. […] Il dit que la prison est supportable trois mois, mais que, passé ce terme, il se développe chez le prisonnier un besoin de sortir qui s’accentue tous les jours, et il déclare que le travail est impossible en prison : le travail ne pouvant s’obtenir que dans une séquestration volontaire et non forcée. […] D’abord des recherches dans les autographes et les documents inédits du xviiie siècle, puis après, et avant tout le monde, le roman naturaliste, — aujourd’hui des travaux sur ces artistes du Japon, ces artistes qui n’ont pas encore, à l’heure présente, de biographies imprimées.
Molière, louant le peintre Mignard, son ami, et célébrant ses grands travaux du Val-de-Grâce, lui disait, ou plutôt disait à son sujet à Colbert : L’étude et la visite ont leurs talents à part ; Qui se donne à la Cour se dérobe à son art. […] Qu’ai-je gagné par vingt ans de travail ? […] Le succès même a toujours quelque chose d’avilissant par le soin qu’on a d’encourager je ne sais quels bateleurs d’Italie à tourner le sérieux en ridicule et à gâter le goût dans le comique (allusion aux parodies qu’on faisait de ses pièces)… J’ai toujours été indigné pour vous et pour moi, que des travaux si difficiles et si utiles fussent payés de tant d’ingratitude ; mais à présent mon indignation est changée en découragement. […] Du Bois Reymond me fait l’honneur de m’écrire à ce sujet, dans une lettre du 11 avril 1868 : « Je crois que les travaux scientifiques auxquels Voltaire s’est livré avec tant d’ardeur pendant son séjour à Cirey, ont fait plus que lui fournir seulement le sujet de quelques beaux vers ; qu’ils ont eu sur son esprit une influence marquée et que c’est à eux, ou, si l’on aime mieux, à la tournure d’esprit qui seule l’en rendait capable, mais que par contre-coup ils tendaient à développer, qu’on doit rapporter ce positivisme qui forme le trait caractérislique de Voltaire. Je crois voir, en un mot, dans ces travaux de Voltaire, sinon le germe, tout au moins un élément très essentiel de l’action qu’il a exercée sur son siècle… » — Nous autres, Français, nous sommes un peu lestes dans nos conclusions, et nous avons beau faire, nous ressemblons plus ou moins à ce seigneur Pococurante que Voltaire lui-même a introduit dans Candide.
De même que bien des lecteurs qui ne sont ni théologiens ni convertis s’intéressent aux Confessions de saint Augustin, ou au drame intérieur qui se noue et se dénoue dans les Pensées de Pascal, de même, sans avoir pris de parti pour ou contre la doctrine psychologique de Maine de Biran, on s’intéressera aux aveux et au travail individuel de sa pensée. […] C’est, ce semble, une grande patience de rouler ainsi le rocher de Sisyphe… Mon état physique et moral, dont je suis toujours plus mécontent, est une croix intérieure, près de laquelle toutes les croix extérieures ne sont rien. » Un jour qu’il est chargé d’un rapport sur les pétitions, ce qui n’est jamais très inspirateur, il s’écrie, pensant bientôt à tout autre chose et à ses difficultés dans tous les genres de travaux : « Je m’ennuie de mes propres idées ; je ne suis satisfait d’aucune de celles qui se présentent ; j’efface à mesure que j’écris. […] Stapfer, pour la Biographie Michaud : Cependant, il y a des compensations, écrivait-il ; si je me tourmente aux heures de travail, quand j’ai en tête une composition de quelque étendue, je sens aussi plus d’énergie, plus d’aplomb au dedans de moi, plus de sérénité dans ma journée, quand j’ai travaillé avec un succès réel ou apparent, mais dont j’ai l’idée… Voilà ce que j’éprouve en terminant mon article « Leibnitz » le 1er juillet (1819). — L’année suivante en refaisant son mémoire autrefois couronné à l’Académie de Copenhague, il éprouvait de nouveau quelque chose de la même joie intellectuelle, tant il est vrai que ce n’est que le travail régulier et un cours tracé de production qui lui manque pour retrouver toute la conscience de lui-même et son équilibre : « Ce travail, dit-il, a duré un mois.
Il développe avec toute sa science et sa pénétration les rapides indications de Bossuet, quand il nous expose le fond de l’âme romaine, cet amour de la liberté, du travail et de la patrie, la force des institutions militaires, et de la discipline ; l’ardeur des luttes intestines, qui tiennent les esprits toujours actifs, toujours en haleine, et qui s’effacent toujours dans les occasions de danger extérieur ; la constance de la nation dans les revers, et cette maxime de ne faire jamais la paix que vainqueurs ; enfin l’habileté du sénat, dont la substance se réduit à trois principes : soutenir les peuples contre les rois, laisser aux vaincus leurs mœurs, et ne prendre qu’un ennemi à la fois. […] Faguet, est moins un livre qu’une existence… Il va là non seulement vingt ans de travail, mais véritablement une vie intellectuelle tout entière… » Ce que la lecture de l’Esprit des Lois permettait à M. […] Il n’y a qu’un moyen de simplifier et d’éclaircir : c’est de dissoudre l’unité factice, de l’ouvrage, de refaire en sens inverse le travail de Montesquieu, et de prendre l’une après l’autre les diverses tendances, et les périodes successives de son activité intellectuelle, selon qu’elles affleurent ou s’étalent dans l’Esprit des Lois. […] Pour Montesquieu, la loi n’est pas par elle-même une forme vide : c’est un ressort, qui, dès qu’il est placé, produit la sorte et la quantité de travail que le constructeur voulait obtenir. […] Il est impossible, dans l’infinie complexité des choses humaines qu’une infinité de forces concourent à produire, quand les causes physiques et les causes morales se perdent dans les obscures profondeurs de notre organisme et de notre conscience, quand on ne démêle encore — et au temps de Montesquieu on était loin d’être aussi avancé que nous sommes — quand on ne démêle que les plus superficielles réactions et les plus grossiers enchaînements de phénomènes, il est impossible de déterminer ce qu’il aurait fallu ôter ou retrancher d’énergie humaine ou de travail législatif pour détourner ou barrer le cours des événements.
Jasmin, en s’élevant à ce genre de compositions nouvelles, suivait encore son naturel sans doute, mais il s’était mis à le diriger, à le perfectionner ; cet homme, qui avait lu peu de livres, avait médité en lisant à celui du cœur et de la nature, et il entrait dans la voie de l’art véritable, où un travail secret et persévérant préside à ce qui paraîtra le plus éloquemment facile et le plus heureusement trouvé. […] Alors je compris que, dans nos moments d’émotion et de fièvre, parlant et agissant, nous étions tous laconiques et éloquents, pleins de verve et d’action, vrais poètes enfin lorsque nous n’y songions pas ; et je compris aussi qu’une muse pouvait, à force de travail et de patience, en arriver à être tout cela en y songeant. […] Quand je trouve poussée à ce degré chez Jasmin cette théorie du travail, de la curiosité du style et du soin de la composition, lui qui a d’ailleurs le jet si prompt et si facile, quel retour douloureux je fais sur nos richesses poétiques si dissipées par nos grands poètes du jour ! […] Mes cinq poèmes : L’Aveugle, Mes souvenirs, Françounette, Marthe la folle, Les Deux Jumeaux, m’ont coûté douze années de travail, et ils ne font pourtant en tout que deux mille quatre cents vers. […] La langue dans laquelle Jasmin écrit est le patois du Midi ; mais ce mot est bien vague et ne donnerait pas une juste idée de son doux idiome et du travail d’artiste avec lequel il l’a réparé.
Devenu trop étranger à la langue française par suite de sa longue absence pour se charger lui-même du travail de rédaction qui devait joindre, lier et expliquer les pièces nombreuses à mettre en œuvre, M. […] Ce qui ressort des premiers travaux de ce jeune homme, déjà arrivé à l’âge de trente ans, c’est l’indépendance du jugement, l’habitude d’avoir son avis en toute matière sans en demander la permission à son voisin ; et le besoin d’exprimer cet avis hautement et devant le public. […] L’analyse des travaux de Mallet du Pan au Mercure serait celle des trois premières années de la Révolution. […] Dépeignant cette corruption de mœurs, qui avait précédé la Révolution et qui l’avait préparée : « Pour la consommer, dit-il quelque part énergiquement, il suffisait de déchaîner les vices féroces contre les vices lâches, et de mettre aux prises les passions amollies avec les passions brutales de la multitude. » Ayant vu son domicile violé le 21 juin 1791, à l’époque de la fuite du roi, Mallet, forcé de se dérober, avait dû interrompre pour un temps son travail de rédaction au Mercure. […] Il n’est pas de pages plus vives et plus fortes que celles dans lesquelles Mallet étalait le bilan de l’Assemblée constituante, et l’état désemparé où elle laissait la France ; il n’en est pas de plus mémorables que le tableau qu’il traçait des torts et des fautes des partis en avril 1792, au moment où lui-même quittait le jeu qui n’était plus tenable, abandonnait la rédaction du Mercure après huit ans de travaux assidus, dont trois de combats acharnés, et se préparait à sortir de France.
Lainé, l’ancien ministre, avait obtenu de la famille Secondat de faire des recherches dans ces précieuses archives ; il méditait un travail sur Montesquieu qui ne fut jamais qu’un projet. […] À propos d’un rapport sur la cause physique de l’écho ou sur un travail d’anatomie, Montesquieu fait trop intervenir les nymphes et les déesses. […] On a de lui non pas seulement des rapports sur les travaux des autres, mais des observations directes d’histoire naturelle, lues en novembre 1721. […] Il a beau peindre sa Thémire, il reste pour nous plus sensuel en amour que sentimental : « J’ai été dans ma jeunesse assez heureux, disait-il, pour m’attacher à des femmes que j’ai cru qui m’aimaient ; dès que j’ai cessé de le croire, je m’en suis détaché soudain. » Et il ajoute : « J’ai assez aimé à dire aux femmes des fadeurs, et à leur rendre des services qui coûtent si peu. » Le Temple de Gnide est une de ces fadeurs, mais qui a dû lui coûter du travail. […] Meyer a fait un travail sur les Lettres persanes.
On vit qu’après la gloire de faire de grandes choses, il avait de plus conçu l’ambition de les écrire avec détail et avec étendue, et de composer moins encore des mémoires proprement dits qu’un corps d’histoire et d’annales : J’avoue, disait-il en parlant de ce travail de rédaction et de dictée qui, au milieu de tant d’autres soins si impérieux, avait partagé ses veilles, j’avoue qu’encore qu’il y ait plus de contentement à fournir la matière de l’histoire qu’à lui donner la forme, ce ne m’était pas peu de plaisir de représenter ce qui ne s’était fait qu’avec peine. Pendant qu’il goûtait la douceur de ce travail, ses maladies et la faiblesse de sa complexion encore plus que les affaires l’avaient forcé de s’interrompre, et il y avait suppléé alors par la Succincte narration qui forme le premier chapitre ou plutôt l’introduction du Testament politique ; cette narration est un tableau raccourci, comme il l’appelle, un beau et noble discours abrégé, dans lequel il raconte au roi toutes les grandes actions de ce même roi depuis sa seconde entrée au ministère en 1624 jusqu’en 1641. […] Avenel, qui, depuis sept ans, se livre à ce travail consciencieux d’éditeur, et qui habite avec la pensée de Richelieu, a recueilli plus de 4 500 pièces émanées de lui. […] Les secrétaires d’État qui, comme on sait, n’étaient que ses premiers commis, venaient prendre ses ordres, faisaient exécuter, chacun dans ses bureaux, le travail convenu, le soumettaient, quand il était nécessaire, au Premier ministre, et puis le signaient eux-mêmes. […] Dans ce travail immense de cabinet, il faut voir la part de ses secrétaires, ce qu’elle était, presque nulle et purement matérielle ; celle de Richelieu, non seulement principale, mais continuelle et souveraine.
L’Assommoir est tout entier en magnifiques ensembles, de la bataille du lavoir à la noce, du large repas de la fête de Gervaise, à cette magistrale ribote où Lantier conduisant Coupeau au travail, l’égare en une interminable suite de bibines, de la forge Goujet à la cellule capitonnée de l’asile Saint-Anne. […] Que l’on joigne à l’image de tous ces êtres celle des lieux où ils vivent, des chambres, des salons, des cabinets de travail, des salles de spectacle, des échoppes, des magasins, des galetas, des bouges, des ateliers ; celle des rues qui relient ces demeures, de l’avenue de l’Opéra aux boulevards extérieurs, des ponts de la Seine aux buttes de Passy, des ruelles de Plassans aux routes du Coron ; celle enfin des paysages qui enclosent ces villes, les sèches arêtes de la Provence, les plaines blêmes du Nord, les efflorescences du Paradou, les déferlements des marées normandes, l’on aura dans une dizaine de volumes un large ensemble de faits humains et physiques reproduisant en abrégé presque toute la complexité d’un pays en un temps. […] Celui de Gervaise tombant en travail sur le carreau, puis couchée toute pâle dans son lit, tandis que Coupeau s’empresse bonnement dans la chambre ; l’accouchement douloureux et misérable d’Adèle dans sa mansarde, aboutissent à ces pages magistrales de la Joie où Pauline, sainement instruite des mystères sexuels, assiste et coopère à la délivrance de Louise. […] Depuis le père Rougon qui, par un sourd travail de mine, édifie la fortune des siens, jusqu’à l’abbé Faujas conquérant Plassans, d’Aristide Saccard, qui démolit une ville, et accumule des millions, à Octave Mouret qui, par l’adultère, par le mariage, par l’incessante exploitation de la femme, écrase Paris de ses magasins, tous les grands hommes du romancier sont robustes, guissants, actifs sans compter, acharnés en besogne, s’acquittant dans le monde de leur tâche de force vive, résumés en ce colossal Eugène Rougon qui, solide et dur des épaules à l’âme, a la sourde tension d’une machine sous vapeur. […] La Maheude, chez les Grégoire, met en contraste le travail et le capital, l’aisance bourgeoise et la misère des ouvriers.
Ce Rhéteur a profité du travail & des lumieres d’Aristote & de Ciceron, mais il a suivi une route toute différente. […] Ses versions ressemblent aux belles copies de l’antiquité, qui font revivre dans un travail moderne le feu & l’esprit de l’original ancien. […] Il les attribue au peu de liberté qu’ont les Orateurs, à la modicité des récompenses qu’ils espérent, à la multitude des affaires qui les accablent, au peu de soin qu’ils prennent de s’instruire, au défaut de génie, à la suite du travail. […] Il faut les avoir étudiées, se les rappeller encore dans les intervalles du travail, & n’y plus songer pendant le travail même.