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1542. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Qu’on jette en l’air une poignée de plumes, et chacune d’elles tombera à terre d’après des lois définies ; mais combien le problème de leur chute est simple auprès de celui des actions et réactions des plantes et des animaux sans nombre qui ont déterminé, pendant le cours des siècles, les nombres proportionnels et les espèces des arbres qui croissent maintenant sur les ruines indiennes ! […] Cependant une graine plumeuse est sans nul doute un avantage lorsque le sol est déjà très fourni d’autres plantes ; parce que la graine peut alors plus aisément se répandre au loin avec plus de chances de tomber sur un terrain inoccupé.

1543. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

C’est l’homme, en effet, que Hello étudie et scrute devant nous ; non pas l’homme d’un temps, mais de tous les temps : l’homme tombé et racheté, l’homme d’avant la Croix et d’après la Croix, — cette Croix qui partage en deux l’histoire du monde ! […] Tour de force dans la profondeur, il ne renverse pas tous les points de vue comme les sophistes turbulents, mais, à force de regarder les choses, il y aperçoit et il y fait voir ce que personne n’y avait vu encore, — formicaléo d’idées, qui en fait tomber des milliers en creusant.

1544. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Les races ont remplacé les races ; les empires ont détruit les empires ; les civilisations se sont levées et sont tombées comme les moissons d’une plaine. […] Jouffroy, après un raisonnement si rigoureux, est tombé dans un raisonnement si faible ?

1545. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

C’est merveille comme le hasard est tombé juste et s’est montré cette fois un parfait rhétoricien.

1546. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Dès lors aussi, leur portée peut se prédire, leur marche se tracer, leurs coups se reconnaître ; elles sont tombées sous la prise de l’histoire.

1547. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Échappant au tourbillon du monde parisien, étranger à toute coterie, fidèle à ses mystérieuses pensées, mais les contenant pour la solitude, il observa un religieux silence, et laissa derrière lui s’apaiser le bruit de son passage et tomber cette écume que son esquif avait soulevée.

1548. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

En politique, bien que passionné pour la liberté et pour la France, il était tombé dans une sorte d’apathie ; on avait tant répété autour de lui et dans les deux ou trois journaux qu’il lisait sous les arcades de l’Odéon tous les matins, que l’abîme des révolutions était fermé, qu’à la fin il l’avait cru et en avait pris son parti, bien qu’un peu à contre-cœur.

1549. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Les terminaisons latines sont tombées ; les mots se sont ramassés autour de la syllabe accentuée ; le sens des flexions s’est oblitéré, réduisant la déclinaison à deux cas.

1550. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Et le roman commencera ainsi : « Le soleil tombait d’aplomb sur les labours… L’odeur forte de la terre fraîchement écorchée se mêlait aux exhalaisons des corps en sueur… La grande fille, chatouillée par la bonne chaleur, riait vaguement, s’attardait, ses seins crevant son corsage..  

1551. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Dans ce sens plus large et plus vrai, le naturalisme ne tombe pas sous les jolis traits que vous lancez à son plus fameux représentant.

1552. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses.

1553. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Cet esprit, malgré l’appareil de réflexion & de dignité qu’il s’efforce de se donner, n’a jamais pu se débarrasser d’un je ne sais quel air de petitesse qui en décrédite les créations ; ces connoissances, pour être annoncées d’une maniere affectée & présomptueuse, tombent inévitablement dans les disgraces attachées â l’ignorance & au pédantisme ; ce talent, pour n’avoir pas été sagement cultivé, pour afficher trop de confiance, décele continuellement sa foiblesse, & révolte plus qu’il n’attache ; en deux mots, on peut, d’après l’expression de son premier Maître, M. de Voltaire, comparer l’esprit de M. de la Harpe, à un four qui ne cuit point.

1554. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On agit de concert ; on tomba de tous côtés sur Montmaur.

1555. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il se vantoit de faire tomber les fers du monde entier.

1556. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

La pointe de cette épigramme tombe sur ce que le peintre n’a représenté Erasme qu’à demi corps* : Vois la moitié d’Erasme, en tous lieux si connu.

1557. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Il est difficile de ne pas rester confondu d’étonnement, lorsqu’en ouvrant les Pensées du philosophe chrétien, on tombe sur les six chapitres où il traite de la nature de l’homme.

1558. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Elle a le bras à demi passé sous celui de son futur époux, et le bout de ses doigts tombe et appuie doucement sur sa main ; c’est la seule marque de tendresse qu’elle lui donne, et peut-être sans le savoir elle-même.

1559. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

C’est en s’assujettissant à ces incorrections qu’on éviterait la manière, loin d’y tomber.

1560. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

La Vie de Jésus tombera prochainement dans le néant du même silence.

1561. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

puisque tu avais auprès de toi une épouse qui t’adorait, tu as reçu les honneurs qui étaient dus à ta cendre ; cependant moins de larmes ont coulé sur ta tombe, et tes yeux, en se fermant, ont désiré quelque chose.

1562. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Faute d’avoir compris cette vérité, les jurisconsultes et les interprètes du droit sont tombés dans la même erreur que les historiens de Rome, qui nous racontent que telles lois ont été faites à telle époque, sans remarquer les rapports qu’elles devaient avoir avec les différents états par lesquels passa la république.

1563. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il fut adressé par M. de Bretceuil à d’Alembert, qui le reçut bien, et qui l’introduisit dans la société de mademoiselle de Lespinasse : il ne pouvait plus mal tomber en fait de pittoresque. […] D’autres pages touchantes du Voyage, et qui trahissent bien, dans sa sincérité première, ce talent de cœur tout à fait propre au nouvel écrivain, sont celles où il se reproche comme une faute essentielle de n’avoir pas noté dans son journal les noms des matelots tombés à la mer. […] Hennin de lui épargner les voyages inutiles à Versailles ; car il les fait à pied, il s’en revient de nuit ; et quand la lune lui manque et que la pluie le prend, il s’embourbe dans les chemins, il tombe, et n’arrive que trempé et brisé !

1564. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

C’était l’époque qui peut à bon droit s’appeler celle du minimum de tolérance, et cela non point parce que le preux chevalier trouve tout simple de tomber à bras raccourci sur le juif et le mécréant, — de tout temps il se rencontre des chevaliers qui seraient disposés à en faire autant (Réclamations, murmures), — mais parce que le plus juste des rois l’approuve et ne le désavoue pas. […] ) Ce que je voudrais donc, messieurs, ce qui me paraîtrait un progrès de tolérance digne du XIXe siècle, et conforme à l’état vrai de la société, ce serait que dans les assemblées politiques, et du haut des pouvoirs publics qui représentent l’État, il ne tombât plus invariablement des paroles de blâme, de réprobation et de mésestime pour cette classe d’esprits qui prétendent ne relever que du droit d’examen et qu’on appelle libres penseurs. […] Il est tel esprit, telle forme d’esprit qui, dans les faits les plus précis et les mieux constatés qui tiennent à la physiologie du cerveau, ne verra aucune nécessité de conclure à la non-existence de la pensée pur esprit, de la pensée monade essentielle et indestructible : personne plus que moi n’honore de tels hommes qui procèdent, dans la sincérité de leur conscience, avec toutes les ressources d’une intelligence élevée et déliée, et qui dans un problème aussi complexe s’obstinent à réserver, à maintenir les éléments qui échappent à nos sens, à nos instruments les plus perfectionnés, et qui ne tombent pas sous une prise immédiate : mais si d’autres venaient à conclure plus nettement et plus simplement, je ne verrais pas ce qui peut forcer l’État moderne, et le Gouvernement qui en est l’expression, à les réprouver, à les plaindre ou à les morigéner.

1565. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — Il arrive un moment où, la seconde autorité ayant dépossédé la première, les idées mères que la tradition se réservait tombent sous les prises de la raison. […] » Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts  Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur.

1566. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

… La toile tombe. […] J’allais tomber plus bas… Quelle main m’a guidé ? […] Il lui dit que ce n’est pas vrai : elle tombe dans ses bras. […] La toile tombe sur ce silence. […] Et le rideau tombe sur ces baisers muets.

1567. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Si l’on se bornait à la seule preuve de présence, on pourrait à chaque instant tomber dans l’erreur et croire à des relations de cause à effet quand il n’y a que simple coïncidence. […] Ces mots appartiennent à une philosophie naturelle qui a vieilli, ils tomberont en désuétude par le progrès même de la science. […] Mais la cause première qui fait tomber ces corps est absolument inconnue. […] Je dois en outre faire remarquer que, dans ses localisations, l’anatomiste ne peut jamais aller au-delà de ce que lui apprend la physiologie, sous peine de tomber dans l’erreur. […] Toutefois je n’approuve pas le luxe d’instruments dans lequel sont tombés certains physiologistes.

1568. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Guerrier que je veux dire) essaie ici de nous faire entendre que Bossuet sans doute eut peur de tomber sous le charme de cette femme extraordinaire. […] Les bras en tombaient aux vrais philosophes, de douleur et d’étonnement. […] Un jour de 1768 ; chez le baron d’Holbach, en causant de choses et d’autres, la conversation sera tombée sur la disette. […] Vous n’aimeriez sûrement pas plus de tomber à plomb que de glisser sur des malheurs. […] Les forteresses tomberont en ruines.

1569. (1927) Approximations. Deuxième série

Elle se leva et l’entraîna dans le cloître : le soir d’été tombait tiède et doux ; les roses embaumaient l’air calme, et le crépuscule s’assombrissait sous les blancs arceaux. […] Si je n’ai pas le malheur de tomber sur Cromwell, je suis sûr de l’inconnu. […] Car, autrement, ce n’est pas monter, c’est tomber. […] » Il y avait dans ses yeux du triomphe, mais la souffrance semblait sur le point de la faire tomber en faiblesse. […] ce n’est point là ces éclatantes fleurs qu’il rêvait ; elles tombent ; et, de nouveau il reprend avec une morne obstination son même rêve, sa même obscure recherche.

1570. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Etre, c’est tomber sous les sens. […] Ils sont ignorants, ignorant jusqu’au bréviaire (que saint François n’exigeait pas), ne travaillent que peu et à des métiers domestiques, bientôt tombent à la mendicité. […] Chaque fois que l’on veut appliquer la logique générale à expliquer des faits concrets constatés par un de nos sens, on tombe dans l’absurde. […] Si le fil se rompt, tous les grains tombent en tas, et avec l’idée de temps s’évanouit l’idée de cause. […] On réintégrait dans les mots français les lettres latines qui étaient tombées au cours des siècles.

1571. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle tombe de l’exaltation au désespoir et son emportement se tourne en panique. […] Les médecins eux-mêmes en tombent d’accord. […] Ne dirait-on pas qu’il va tomber à genoux devant cette déesse et l’adorer avec des transports d’idolâtrie ? […] Après avoir régné sur la mode et révolutionné l’histoire du costume par l’invention du frac, il était tombé dans une profonde détresse. […] Finalement, il tomba de l’extravagance dans la démence et mourut fou.

1572. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Et quant aux talents fourbus et tombés en enfance qui n’ont pas le courage et le bon sens d’abdiquer, nous dresserons leur acte de déchéance, et nous le soumettrons à la sanction du public, leur juge suprême. […] Victor Hugo tombe dans le faux en passant le badigeon du lyrisme sur la virginité détruite de son héroïne ; et que M.  […] Weill a dû tomber, sous l’empire de prétentions si naïvement ambitieuses. […] On le brise, dit-il, « mais qu’importe que le vase fragile tombe en morceaux, quand sa liqueur rafraîchissante s’est répandue sur la société desséchée ! […] À l’heure des évanouissements tragiques, tombe-t-elle dans les bras de madame Dessains, le parterre la perd de vue : les bras de sa confidente la suppriment complètement.

1573. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

La toile tombe. […] La toile tombe. […] Marcher sur le bord de l’abîme, et ne pas tomber, c’est une habileté glorieuse, mais coupable. […] Les feuilles tombent et l’arbre est debout. […] Mais il faut qu’elle soit sûre de la tête qui tombe, ou de la tête qu’elle sauve.

1574. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Mais il n’était pas aisé de discerner sur qui tombait son choix. […] Le très spirituel docteur, dans cette thèse hyperbolique, côtoie des abîmes et parfois y tombe ; mais il ouvre des vues. […] — Et encore, il y a cette différence : toute la mélancolie que l’âme de Louis XVI pouvait trouver dans cette tête royale qu’il savait être tombée sous la hache du bourreau, Van Dyck, ô merveille ! […] … Il y a tous les jours des martyrs qui tombent et des mères qui pleurent, et ces douleurs sont d’autant plus favorables à l’art qu’elles sont plus humaines. Car si c’est notre semblable qui tombe, il a toute notre pitié ; si c’est au contraire un dieu, comme nous ne sommes pour rien dans les conseils des dieux et comme nous n’y pouvons rien, nous disons : Qu’il se relève, cela ne nous regarde pas.

1575. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Sa niaiserie est d’avoir voulu fuir la vulgarité : elle y tombe. […] vous êtes mal tombé ! […] Il pleut ; il tombe du ciel un morne et sempiternel ennui. […] Jérôme tombe à genoux et prie. […] Faut-il qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux !

1576. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Les premiers vont pas à pas, d’une idée dans l’idée voisine ; ils sont méthodiques et précautionnés ; ils parlent pour tout le monde et prouvent tout ce qu’ils disent ; ils divisent le champ qu’ils veulent parcourir en compartiments préalables, pour épuiser tout leur sujet ; ils marchent sur des routes droites et unies, pour être sûrs de ne tomber jamais ; ils procèdent par transitions, par énumérations, par résumés ; ils avancent de conclusions générales en conclusions plus générales ; ils font l’exacte et complète classification du groupe. […] Nous sentons que cet univers est beau et terrible ; « mais son essence restera toujours sans nom1433. » Nous n’avons qu’à tomber à genoux devant cette face voilée ; la stupeur et l’adoration sont notre véritable attitude. « La science sans vénération est stérile, peut-être vénéneuse. […] Puis l’envoyé céleste est rappelé ; son vêtement de terre tombe, et bientôt devient pour les sens eux-mêmes une ombre évanouie. […] Il subsiste aujourd’hui même dans cet âge de nivellement et de destruction. « Je vois dans cette indestructibilité du culte de l’héroïsme la base de roc éternel au-dessous de laquelle les ruines confuses des écroulements révolutionnaires ne peuvent tomber. » II Il y a là une théorie allemande, mais transformée, précisée et épaissie à la manière anglaise. […] La philosophie qui a produit et conduit la révolution était simplement destructive, proclamant pour tout Évangile « que les mensonges sociaux doivent tomber, et que dans les matières spirituelles suprasensibles, il n’y a rien de croyable. » La théorie des droits de l’homme, empruntée à Rousseau, n’était « qu’un jeu logique, une pédanterie, à peu près aussi opportune qu’une théorie des verbes irréguliers. » Les mœurs en vogue étaient l’épicurisme de Faublas.

1577. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et si nous tombons sur du vulgaire et du burlesque, peut-être allons-nous découvrir aussi de l’innocence et du sublime, de l’héroïsme et de la beauté. […] Et nous serions pareils à ces tristes vieillards, qui après avoir épuisé toutes les sensations, toutes les pratiques et tous les vices, tombent en enfance, et, comme de petites filles, s’amusent à la poupée. […] À peu que je ne vous défende… Vous auriez tenté de me changer en bêtes, dans l’espoir de me voir tomber dans vos pièges naturistes. — Eh bien ! n’en déplaise à mes nombreux amis, j’y tombe de bonne grâce, et je leur dis adieu. […] Ils savaient bien que nul étranger, nul amant, nulle épouse en pleurs ; nul adolescent ardent ou rêveur ne viendraient sur cette tombe fraîche y répandre quelques larmes ou des fleurs, et que ce modeste mausolée, sans signification véritable, ne serait synonyme que du néant, Car Stéphane Mallarmé ne fut jamais un poète dans le sens splendide que ce terme comporte.

1578. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais la fixité, chez l’animal, apparaît le plus souvent Comme une torpeur où l’espèce serait tombée, comme un refus d’évoluer plus loin dans un certain sens : elle est proche parente du parasitisme, et s’accompagne de caractères qui rappellent ceux de la vie végétale. […] Mais le travail de déclanchement, quoique toujours le même et toujours plus faible que n’importe quelle quantité donnée, sera d’autant plus efficace qu’il fera tomber de plus haut un poids plus lourd, ou, en d’autres termes, que la somme d’énergie potentielle accumulée et disponible sera plus considérable. […] L’inconscience d’une pierre qui tombe est une conscience nulle : la pierre n’a aucun, sentiment de sa chute. […] L’entendement serait tombé du ciel avec sa forme, comme nous naissons chacun avec notre visage. […] Chacun de ces deux systèmes d’explication triomphe dans la critique qu’il fait de l’autre, le premier quand il nous montre que l’instinct ne peut pas être un pur réflexe, le second quand il dit que c’est autre chose que de l’intelligence, même tombée dans l’inconscience.

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Qu’on relise seulement à haute voix ce passage connu des Martyrs, dans la visite que Cymodocée et son père sont allés faire à la famille d’Eudore en Arcadie : Comme Lasthénès achevait de prononcer ces paroles, le soleil descendit sur les sommets du Pholoë, vers l’horizon éclatant d’Olympie ; l’astre agrandi parut un moment immobile, suspendu au-dessus de la montagne comme un large bouclier d’or… Les bois de l’Alphée et du Ladon, les neiges lointaines du Telphusse et du Lycée se couvrirent de roses ; les vents tombèrent, et les vallées de l’Arcadie demeurèrent dans un repos universel… D’où vient que l’enchantement produit par des sons amène une larme ? […] Mais l’abbé de Pons, perdu dans son lointain et tombé à l’écart, était si peu connu !

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

quels bras eût-il eus pour lever de terre cette couronne tombée et la placer sur sa tête ?  […] J’aime peu ces réactions en sens divers ; car on laisse toujours tomber en chemin quelque vérité.

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