Et, plus loin : Sort cruel, ta malice a bien pu triompher, Et tu ne me flattais que pour mieux m’étouffer. […] A la vérité, le rire qu’elle provoque est mélancolique ; quand nous sortons du théâtre, on ne devine pas à nos visages si nous avons ri ou pleuré. […] La beauté du théâtre, c’est de montrer comment le bonheur ou le malheur des hommes sort invinciblement de ce fond, et comment, dans les épreuves de la vie, la personne dont chaque homme a le plus à se plaindre, c’est lui-même. […] Avec Destouches, la comédie descend du théâtre dans un salon, et, pour ne pas sortir du décent, elle renonce à faire rire. […] Imités du roman le plus populaire d’alors, Clarisse Harlowe, ils ont eu le sort d’une mode venue de l’étranger : après beaucoup de bruit, l’oubli.
« Une manière d’être que nous cherchons à faire sortir de la conscience ou à en tenir éloignée28. » Ces faits admis, on voit immédiatement la conséquence que doivent tirer Spencer et Schneider. […] Un agent extérieur, son, lumière, choc, vient-il exciter un nerf, l’équilibre rompu produit un mouvement de dépense nerveuse, qui excite un mouvement de réparation simultanée, comme l’eau qui sort d’un siphon appelle à sa place l’eau qui y monte. […] « Nous sommes continuellement emportés par le cours du temps ; or, au moment où nous sortons du présent pour entrer dans l’avenir, qu’est-ce qui peut causer le plaisir ? […] Pourquoi voulons-nous sortir de cet état présent, sinon parce qu’il enveloppe de la peine ? […] La douleur n’est donc point, comme le soutiennent Schopenhauer et de Hartmann, l’éternelle et irrémédiable condition des êtres, sorte de damnation, enfer d’où le monde ne pourrait sortir que par l’anéantissement de soi.
et contre l’évidence, un ami littéraire dans ses belles Lettres à un homme tombé (il aurait mieux fait peut-être de dire à un homme sorti). […] D’une combustion générale il serait sorti ce qui pouvait, un monceau de cendre étouffé sous une pluie de sang, et foulé bientôt après aux pieds par une tyrannie militaire. […] Nous sommes innocents ; c’est le sort qui est coupable. […] Je sortais des livres, et je ne voyais, dans tout ce qui frappait mes regards, qu’un autre grand livre vivant à lire. […] Je sortis à grands pas de Santa Croce, et je rentrai à mon hôtellerie pour chercher dans mes lettres de recommandation la lettre adressée à la comtesse d’Albany.
C’est le long conduit qui, chez le chien, sort de la glande sublinguale, et va, à ce qu’il croyait, se jeter dans le conduit de Wharton. […] Les premières gouttes qui sortaient du tube n’étaient pas parfaitement transparentes. […] Aussitôt il en est sorti un jet de fluide limpide très visqueux. […] En effet, la ligature du canal œsophagien au-dessous de la plaie n’avait produit rien de semblable, et les aliments sortaient toujours par bols. […] Le conduit pancréatique fut lié pour empêcher l’air de sortir, le pancréas fut rentré dans l’abdomen et la plaie cousue comme à l’ordinaire.
Quand un écrivain a le malheur de sortir du moule, on le conspue. […] c’est qu’il sort des entrailles mêmes de l’humanité. […] Vingt fois Valenlin serait sorti ou aurait chassé Pigalou. […] Il sort de l’ombre, récite son affaire, et rentre dans l’ombre. […] Comment Ellack va-t-il en sortir ?
Et je ne sors jamais, mais c’est la même chose ! […] Ils essayent de faire croire cela aux ignorants ; mais en réalité, ils ne sortent pas de leurs ateliers.” […] Mais ce serait sortir du cadre que je me suis imposé. […] Mais il suffit de les parcourir pour voir que l’auteur n’est point sorti de son domaine habituel. […] Quant à moi, j’y suis décidé, jamais je ne séparerai mon sort de celui des Piémontais.
Cela vraiment est difficile à croire ; c’est pourtant ce qui sort des déclamations qui ont cours sur cette matière. […] Enfin, dans le troisième âge, l’homme sort du héros comme le héros est sorti du dieu, et la société civile arrive à sa forme indépendante. […] On peut dire que c’est de nos jours seulement que la philosophie de l’Inde commence à sortir des voiles mythologiques qui jusqu’ici l’enveloppaient. […] Or, comment sort-on d’un système exclusif ? […] Voilà dans la Charte un élément qui ne sort pas de la Révolution française.
« par l’idée qui se traduit en impression directement ou après recherche pour la faire sortir violemment ou lentement. […] Une fois que l’œuvre est née, que le germe s’est précisé, il est souvent bien difficile pour l’auteur même d’en prévoir le sort. […] Dumas eût pu donner une impression semblable à celle qui sort du récit de Poë. […] Cependant ceci n’est nullement une règle absolue et le sort de la déviation dépend de conditions assez complexes. […] Je sors.
Dumas un Destouches ou un Sedaine qui n’a pas voulu sortir. […] » prend son chapeau et sort. […] Il est persuadé qu’on a jeté un sort sur son étable. […] … C’est un sort qu’on a jeté à Phèdre ; c’est un sort qu’on a jeté à Oreste ; c’est un sort qu’on a jeté à Macbeth… Le peuple sait du moins donner des noms saisissants aux choses qu’il ne peut expliquer. — Mais qui jette les sorts ? […] Le « sort jeté » en est une.
La prévention favorable qu’on avait pour ce vertueux ministre a fait répandre qu’il en avait délivré un nombre considérable : il m’a dit lui-même, avec la franchise qui le caractérisait et lui faisait repousser les éloges qui n’étaient pas mérités, qu’il n’en avait fait sortir que deux. […] Il avait la manie de rester au lit des journées entières, et prétendait qu’il n’avait plus la force d’en sortir : Sortez donc quelquefois, mon cher ami, lui écrivait le prince de Ligne : si je pouvais être tous les jours chez vous avec un récipient pour toutes les idées que vous jetez en l’air, je ne demanderais pas mieux ; mais vous jetez bien des perles aux pieds de ces messieurs qui vont chez vous. Vous vous croyez trop faible pour sortir de votre lit, et vous y faites, si la conversation est animée, des sauts d’anguille ; on croit être à votre chevet, et vous retournant comme Crispin médecin, on se trouve à vos pieds. — Vous ne savez pas, lui disait-il encore, que vous m’êtes nécessaire pour me remonter : vous êtes de l’éther pour moi.
Les crimes du dedans frappaient pourtant Saint-Martin, mais ils ne l’épouvantaient et ne le révoltaient pas autant, ce semble, qu’ils auraient dû le faire pour une âme aussi délicate et aussi sensible ; il nous en donne naïvement la raison, lorsqu’il avoue que le sort de tant d’émigrés traqués de toutes parts et sans asile ne laisse pas de lui paraître véritablement lamentable : Moi-même, dit-il, j’ai été embarrassé un moment de résoudre cette question ; mais, comme j’ai cru à la main de la Providence dans notre Révolution, je puis bien croire également qu’il est peut-être nécessaire qu’il y ait des victimes d’expiation pour consolider l’édifice ; et sûrement alors je ne suis pas inquiet sur leur sort, quelque horrible que soit dans ce bas monde celui que nous leur voyons éprouver. […] Il hésitait d’abord à accepter, craignant que cela ne le dissipât et ne le jetât, comme il disait, dans l’externe, tandis qu’il sentait de plus en plus le goût des voies intérieures et silencieuses ; puis il pensa qu’il était peut-être appelé par là à rendre témoignage de sa doctrine et à briser quelque lance contre l’ennemi : Il est probable, pensait-il, que l’objet qui m’amène à l’École normale est pour y subir une nouvelle épreuve spirituelle dans l’ordre de la doctrine qui fait mon élément… Je serai là comme un métal dans le creuset, et probablement j’en sortirai plus fort et plus persuadé encore qu’auparavant des principes dont je suis imprégné dans tout mon être. […] Il est vrai qu’il ajoute « qu’elle ne devrait jamais sortir de ces limites-là, et que par ce moyen elle deviendrait naturellement une des voies de l’esprit ».
— Pour moi, j’ai été obligé de rester aux Tuileries, il n’y a pas eu moyen d’en sortir avant neuf heures. — Vous avez donc vu passer le roi ? […] On entendit du canon. « Le roi sort de l’hôtel de ville ; ils doivent être bien las. » On soupe ; propos interrompus. […] C’est une chose remarquable dans la Révolution que le courage passif et la résignation, tandis que rien n’est plus rare qu’un courage actif et entreprenant… Et comme il y a cependant, au milieu de cette apathie publique, d’admirables exemples de ce premier genre de courage, comme on voit des vieillards, des femmes, des jeunes gens à peine sortis de l’enfance, qui marchent à la mort de sang-froid : Beaucoup de gens ressemblent, pour le courage, à ces avares qui gémissent à chaque petite somme qu’ils sont forcés de dépenser, et qui sont capables d’en donner une très grosse sans en être affectés. […] Ne lui reprochez pourtant pas, si vous êtes un émigré comme lui, de faire par là l’éloge de la Révolution : Si je vous disais, répond-il, que j’ai vu des enfants qui, au sortir d’une terrible maladie, avaient considérablement grandi, serait-ce faire l’éloge de la maladie ?
Il y a à distinguer deux choses dans cette réimpression qu’un savant professeur du Collège de France a dirigée et entourée de commentaires : premièrement, la réimpression même, qui est bonne en soi, qui remet sous les yeux des lecteurs studieux plusieurs écrits politiques, autrefois en vogue, sortis depuis longtemps de la circulation, et dont quelques-uns étaient difficiles à retrouver ; et, de plus, il y a l’esprit dans lequel ils sont reproduits, la pensée de résurrection qu’on y apporte et qui est à discuter. […] Il entrait dans ce rôle de libéral pur dont il n’est plus sorti, et ce n’est pas nous qui lui reprocherions sa légère inconséquence des Cent-Jours, si ç’avait été une inconséquence : elle serait patriotique du moins et généreuse d’intention. […] Au sortir des Tuileries, prenant un jour M. de La Fayette à la cantonade, il lui disait : « On ne peut guère, auprès du pouvoir, répondre de soi-même. […] Je crains pourtant que tous deux n’aient méprisé les hommes ; mais ce mépris chez l’un se trahissait par une bile amère et splendide qui ressemblait à de la haine, chez l’autre par une raillerie courante qui ne sortait pas d’un cercle limité ; et quand il n’était plus dans son rôle de grand citoyen, ni dans sa veine de revanche et d’ironie extrême, Benjamin Constant se retrouvait naturel, sincèrement lui-même et bon diable.
Aujourd’hui tout cela n’existe plus ou vient se briser contre les faits, les pièces authentiques, les papiers d’État qui sortent tôt ou tard de leur poussière. […] Les commencements de cette éducation ne furent pas mauvais, et l’on pouvait s’en promettre mieux que ce qui en sortit. […] Sa voix est fine et fluette ; il éprouve de la gêne quand il commence à parler, et les mots sortent difficilement de sa bouche ; il prononce mal les r et les l ; en somme toutefois, il sait dire ce qu’il veut, et parvient à se faire comprendre assez bien. » Suivent quelques détails sur son moral, un peu mêlés, et où il entre du pour et du contre. […] Je vous engage à ne pas faire cette demande ; car les députés qui la feraient pourraient me tenir pour leur ennemi capital, et j’emploierais tous mes moyens à les détruire. » Cela dit, il tourna le dos aux députés et sortit de la salle.
Peu d’hommes, indépendamment de toute éducation et de tout acquit, sont nés aussi instinctivement distingués ; j’entends par distinction « une certaine hauteur ou réserve naturelle mêlée de simplicité. » Dans tout ce qui sort de son crayon, de même : il est toujours élégant, aussi peu comme il faut que possible quand il le faut et que ses personnages l’y forcent, aussi bas que le ton l’exige ; il n’est jamais commun. […] C’est de cette combinaison et de cette complication même qu’est sorti tout son talent, formé et croisé de plusieurs inspirations contraires. […] Gavarni fait avec ses personnages, pour ses légendes, ce que M. de Gingins faisait pour le dialogue avec son interlocuteur : il met sur leurs lèvres les paroles qui en doivent naturellement et nécessairement sortir. […] Mais avec Gavarni, quand c’est lui qui baptise, cela sort du jeu ; il frappe sa médaille comme pas un, il bat sa monnaie au bon coin, et elle entre dès lors dans la circulation ; elle court le monde.
Ainsi de l’architecture romane et gothique : il y eut un jour où elle naquit, où elle sortit de terre de toutes parts, et couvrit le sol comme une végétation nouvelle. […] C’est l’école de l’architecture gothique proprement dite, de l’architecture à ogive, qui s’est produite d’abord dans l’Ile-de-France et aux environs du domaine royal, donnant la main à l’émancipation des Communes et représentant le génie du Moyen-Âge en ce qu’il avait de plus libre, de plus habile et de plus audacieux ; il en est sorti les cathédrales de Noyon, de Laon, de Reims, de Beauvais, d’Amiens…, et Notre-Dame de Paris, avec cette façade qui est une des merveilles du monde. […] nous le savons de reste, les choses humaines, dès qu’elles ont atteint une certaine hauteur, retombent assez vite, s’embrouillent et se gâtent assez tôt : et sans sortir du domaine de l’architecture, cette Notre-Dame de Paris dont la façade s’était élevée en moins de quinze ans avec une célérité prodigieuse, œuvre d’un maître dont on a oublié de nous transmettre le nom, ne fut pas même terminée d’après le plan primitif : il manqua toujours les deux flèches au front des deux tours, d’où elles se seraient élancées, également aériennes et légères, mais variées sans doute dans leur dentelure et dissemblables entre elles sur leur double base. […] Viollet-Le-Duc se permet d’en sortir ; voilà ce qui déplaît à ceux qui font monopole de l’antique.
Les autres qualités qui élèvent au sublime sont des dons de la nature et de l’expérience. » « Je répondis que j’acceptais l’augure, et que je profiterais de ses leçons ; il m’embrassa une seconde fois, et je rentrai dans mon rang. » Il y rentrait pour en sortir bientôt par ses hauts faits8. […] C’est un brave homme, mais un franc ignorant, attaché à la vieille routine, qu’il sait au bout du doigt, et dont il ne sortirait pas pour tous les biens du monde. […] Je tâcherai aussi d’engager un homme raisonnable à faire un tour en Saxe ; mais les Français sont paresseux de sortir de Paris : j’entends ceux qui valent quelque chose, et ils sont au désespoir quand il s’agit d’aller seulement sur la frontière. » Il nous connaissait bien : et c’est ainsi qu’il est bon quelquefois de ne pas être de la nation qu’on sert et où l’on sera appelé à commander : on sait les défauts, on les corrige ; on combine les qualités et les mérites de deux races. […] Et quant aux hommes, ils ont aussi le leur : « Le comte de Noailles sort de chez moi, qui est enchanté de vous, ma chère sœur, de votre politesse et de vos bonnes manières.
Franceschi, distingué par d’aussi méritoires services, illustré un moment dans la gloire même d’Austerlitz à laquelle il contribuait, se voyait bientôt rejeté par le sort dans des tâches lointaines, ingrates, aux extrémités de la lutte. […] L’ancienne France et la France nouvelle, le vieux maréchal disciple de Boufflers et le jeune colonel d’après Marengo se rencontrent dans un sentiment d’esprit patriotique et de moralité militaire élevée, Austerlitz semblait présager à Franceschi le plus beau sort. […] Le succès de cette opération combinée paraissait infaillible, et devait décider du sort de la guerre. […] Dupont, avant de sortir de la prison, me tira à part et me dit ceci : « Quel homme, monsieur, que votre général !
Le Clerc, né au sein de l’Académie des Inscriptions, en est presque aussitôt sorti, et a fait beaucoup d’honneur à l’érudition dans le public. […] Les critiques comme Niebuhr, ces provocateurs d’idées et de génie, servent à faire produire en définitive aux doctes judicieux et ingénieux ces écrits qui, sans eux et leur assaut téméraire, ne seraient peut-être jamais sortis. […] Comme goût, même dans ce genre spécial, j’aimerais parfois un peu moins de luxe d’érudition en certaines parenthèses, qui font trop souvenir l’irrévérencieux lecteur de ce joli mot de Bonaventure Des Periers : « Que, comme les ans ne sont que pour payer les rentes, aussi les noms ne sont que pour faire débattre les hommes. » Enfin on se passerait très-bien çà et là de quelques petits mouvements comme oratoires, qui sortent de l’excellent ton critique, et qui semblent dire avec Scipion : Montons au Capitole ! […] Mais tout ce scepticisme, avant Niebuhr, n’était pas sorti d’un cercle restreint ; il souriait silencieusement au bas d’une note de Bayle, où se jouait avec l’abbé Barthélemy dans le salon de Mme de Choiseul ; il s’enfermait avec Pouilly et Levesque au sein de l’Académie des Inscriptions ; maintenant il s’est produit en plein jour et a passé à l’état vulgaire.
Quand le tour des rôles fut épuisé, quand tous les numéros historiques furent sortis, il y eut clôture. […] On a beau faire, nous n’aimons en France à sortir de l’horizon hellénique et de ses lignes distinctes qu’à bon escient. […] Chacun des dix livres de M. de Saint-Priest mériterait les frais d’un siége à part, d’un siége en règle, dirigé par un homme du métier ; même là où il y aurait capitulation, elle ne serait pas sans honneur, et l’on en sortirait avec bien des idées de plus. […] La suprématie de Rome au temporel et les luttes qu’elle engendre, la féodalité européenne qui sort de l’immense anarchie, le rôle et la part des ordres religieux directeurs de l’esprit du temps, le système de falsifications historiques auxquelles ils tiennent la main, ces graves et toujours si difficiles problèmes occupent finalement l’auteur, qui est forcé de subir, après Charlemagne, la loi de son sujet, c’est-à-dire la diffusion.
De cette solitude sortirent des milliers de pages où respirent le génie littéraire de la plus pure antiquité et le génie moderne du christianisme, qui parlent de la divinité avec une admirable puissance d’esprit et de langage, souvent avec le plus tendre enthousiasme. […] XXXI Madame Guyon, cause de toutes ces agitations, sortit de Vincennes après la mort de Bossuet, et vécut reléguée en Lorraine chez une de ses filles. […] Le roi lui défendit non-seulement d’y coucher, mais de s’y arrêter même pour manger ; il lui fut interdit de sortir de sa chaise. […] On y trouve tout ce qui s’est accompli, tenté ou préparé depuis pour l’amélioration du sort des peuples.
que l’homme est ignorant de sa propre destinée et du sort qui l’attend demain ! […] » Dans sa célébration de la nuit du 4 août, Camille entonne une sorte d’hymne où il commence par parodier les hymnes d’Église, et où il finit par se souvenir de la veillée de Vénus : Haec nox est… C’est cette nuit, Français, devez-vous dire, bien mieux que de celle du Samedi saint, que nous sommes sortis de la misérable servitude d’Égypte. […] Il en sortit avec lui et suivit la même ligne à la Convention. […] Mais il n’a pas d’effort à faire pour s’y conformer ; sauf l’élévation qui, à un ou deux endroits, lui sort du cœur, et la verve qui, en trois ou quatre passages, est excellente, il est dans Le Vieux Cordelier ce qu’il était dans ses précédents écrits, incohérent, indécent, accouplant à satiété les images et les noms les plus disparates, accolant Moïse à Ronsin, profanant à plaisir des noms révérés, disant le sans-culotte Jésus en même temps qu’il a l’air de s’élever contre l’indigne mascarade de l’évêque apostat Gobel ; en un mot, il parle dans Le Vieux Cordelier l’argot du temps ; il a le style débraillé, sans dignité, sans ce respect de soi-même et des autres qui est le propre des époques régulières et la loi des âmes saines, même dans les extrémités morales où elles peuvent être jetées.
Respirons le sentiment discret et profond qui fait l’âme de cette admirable plainte, recueillons la moralité qui en sort, et passons. […] Le Nil, le climat d’Égypte, le soleil d’Afrique, deviennent successivement des thèmes à des tirades plus ou moins magnifiques : mais cette vérité qui sort, qui par endroits éclate d’une époque bien comprise ou de la nature humaine vue dans tous les temps, ne la demandez pas. […] Il devrait porter pour épigraphe ces vers de Bérénice : En quelque obscurité que le sort l’eût fait naître, Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître. […] Si elle semble apporter, au début de la conversation, quelques plaisanteries préméditées et qui font comme partie de sa mise du jour, elle en a d’autres qui lui sortent à l’improviste à chaque instant, et ce ne sont pas les moins bonnes.
Au sortir du collège, sa mère n’était plus ; il pouvait se croire orphelin dans le monde et délaissé ; mais non, c’eût été une injustice, lui-même nous le dit : Car de l’école à peine eus-je franchi les grilles, Que je tombai joyeux aux bras de deux familles. […] Quant à la société, c’est-à-dire à la généralité des hommes réunis et établis en civilisation, ils demandent qu’on fasse comme eux tous en arrivant, qu’on se mette à leur suite dans les cadres déjà tracés, ou, si l’on veut en sortir, qu’alors, pour justifier cette prétention et cette exception, on les serve hautement ou qu’on les amuse ; et, jusqu’à ce qu’ils aient découvert en quelqu’un ce don singulier de charme ou ce mérite de haute utilité, ils sont naturellement fort inattentifs et occupés chacun de sa propre affaire. […] Mais ne remarquez-vous pas comme tous ces poètes plébéiens et populaires sont sortis d’une première éducation ecclésiastique ? […] Comment se fait-il, dit Horace dans sa première Satire, que personne ne soit content de son sort ni de son état, et qu’on porte toujours envie à celui du voisin ?
Né en 1746 à Valréas dans le Comtat venaissin, en terre papale, il sortait d’une famille autrefois protestante, qui avait quitté le Dauphiné lors de la révocation de l’édit de Nantes. […] On raconte qu’au sortir d’Avallon, il rencontra deux autres jeunes gens aussi peu en fonds, mais aussi confiants que lui. […] Le mouvement par lequel l’orateur évoquait saint Louis du tombeau et l’en faisait sortir pour se justifier lui-même devant l’assemblée, ce mouvement, à le bien voir en situation, ne manquait certes ni de justesse ni d’éloquence. […] Il me tira à part dans une embrasure de fenêtre ; je crus qu’il voulait me communiquer quelque chose qu’il avait imaginé pour me tirer de l’abîme où je suis tombé. — Il sortit de sa poche trois pommes qu’on venait de lui donner, et dont il me fit présent pour mes enfants.
Non, tout y éclôt, et tout y croît, et tout en jaillit, et tout en sort ! […] Cette terre, jetée sur un homme, crible son nom, et ne laisse sortir ce nom qu’épuré. […] Le To be or not to be sort du que sais-je ? […] Allons plus loin, et puisque cette pensée s’est présentée à nous, généralisons-la utilement, dussions-nous sortir un moment de notre sujet.
Monsieur Germain, je vous présente Guillaume Apollinaire qui sort de prison ». […] Dans le fracas du moment, j’entends à peine une nouvelle funèbre, pourtant plus importante aux Lettres que le sort d’une province ou le montant d’une indemnité. […] « Ivan Goll n’a pas de patrie ; juif par le sort, né en France comme par hasard, un papier timbré le porte comme Allemand, Ivan Goll n’a pas d’âge : son enfance fut absorbée par des vieillards exsangues. […] Kœnigsmark est le nom d’un duc du xviie siècle ayant connu le même sort que le mari d’Aurore.
En effet, s’il avait été dans la Critique un simple naturaliste sorti des pieds de Goethe, le Brahma littéraire de ce temps, il n’aurait, certes ! […] On ne croirait jamais, en le voyant, que pareil livre ait pu sortir de ce front-là. […] Tous les portraits qu’on a de lui sortiraient de leurs cadres pour protester. […] Comme Achille, il demeurera éternellement dans nos esprits le jeune homme à la beauté divine, vulnérable seulement au talon, comme l’était Achille, et la flèche de l’étrange Pâris que le sort aujourd’hui lui envoie ne portera pas plus coup que le trait imbécile du vieux Priam !
Il a finassé avec la Muse, cette franche fille à la fière candeur et à la violence adorable ; et ce jour-là, moins vrai d’inspiration et moins vrai d’expression, car la sincérité pénètre tout comme la lumière, il est sorti des méfiances et des désespoirs, tragiquement réels, de Joseph Delorme, pour entrer dans la comédie des Consolations ! […] On ne tue pas cette vérité d’impression, d’où sort toute poésie, sans s’y reprendre à plusieurs fois. […] le beau coup de vent de la jeunesse, bouton d’émétique qui se remettait à tacher la tempe ou le front, de son corail enflammé, et qui disait de temps à autre que tout le poison, dont on se croyait débarrassé, n’était pas encore sorti ! […] Pour ma part, je ne puis accepter toute celle poésie qu’on fait pour les autres et au nom des autres, et qui ne sort pas saignante ou fleurie de sentiments personnels !
Il aperçoit des éclairs, il entend le tonnerre… il assiste enfin à un combat dans lequel il voit le feu sortir des bouches de canon. […] Il était évidemment sorti de là une vague sensation d’inégalité, laquelle, faisant irruption dans le champ visuel et y rencontrant peut-être West l’hypothèse que je propose) une ou plusieurs taches jaunes, s’était exprimée visuellement par l’inégalité de deux piles de pièces d’or. […] Le corps, qui ne sort pas tout à fait viable des mains de la nature, se soulève vers l’âme qui lui donnerait la vie complète. […] Au sortir du rêve — puisqu’on ne peut guère s’analyser au cours du rêve lui-même — on épiera le passage du sommeil à la veille, on le serrera d’aussi près qu’on pourra : attentif à ce qui est essentiellement inattention, on surprendra, du point de vue de la veille, l’état d’âme encore présent de l’homme qui dort.
Il eut d’abord quelque velléité d’en sortir pour tenter la carrière diplomatique ; une lettre de Français de Nantes (thermidor an X) semble l’indiquer. […] (Garat) m’en a averti ; mais le sort a fait que je n’ai plus revu F. […] Le morceau dans lequel vous montrez comment ses principes ou plutôt son système sortit du fond même de la vie qu’il avait menée, est très-habilement développé. […] Rarement je sortais de nos longs entretiens sans que ma pensée eût fait un pas, sans qu’elle eût gagné quelque chose en netteté ou en décision. […] Fauriel, je crois en sortir avec une idée plus exacte peut-être de l’ensemble funeste de ces temps.
Ce fut l’heureux sort de la Grèce que la nation tout entière grandit et se développa avec les lettres et les arts, toujours au niveau de leurs progrès et juge compétent de leur gloire. […] En vain le sort lui a départi les plus nobles dons ; il ne peut les employer qu’au seul but qu’il connaisse. […] Le poëte ne s’en occupe même plus guère et l’abandonne, au sortir des mains de Falstaff, comme s’il en eût tiré tout ce qu’il avait à lui demander. […] La puissance de l’homme aux prises avec la puissance du sort, tel est le spectacle qui a saisi et inspiré le génie dramatique de Shakespeare. […] Il faut que l’imagination se prête par degrés à cette situation étrangère, que l’âme s’y accoutume et accepte l’empire des impressions qui en doivent naître, comme, dans un malheur ou dans un bonheur inattendu, nous avons besoin de quelque temps pour mettre nos sentiments au niveau de notre sort.
Le maître sort victorieux, au bout de sa pince, une pièce rouge : “Voilà, messieurs !” […] « Mazelin, voyant que l’armateur ne lui répond pas, ouvre la porte et sort. […] Au sortir du séminaire, par Herder, par Goethe, par Kant, l’Allemagne avait été sa consolatrice. […] Et il ne restera de ta crinière rousse que ce que la charité du sort en abandonnera aux merles de cimetière pour tresser leur nid ! […] — … Je vois le pape sortir de l’église Saint-Étienne-du-Mont et passer en voilure.
quand il entreprend une strophe, il n’en sort plus ! […] J’ai vu des gens sortir leur pipe. […] Faisait-on mine de sortir, il se fâchait : « Où allez-vous ? […] Il sortait un jour du Vachette avec son ami Durand. […] Enfin il arriva à Paris et n’en sortit plus.
La Bruyère parle quelque part des grands et sublimes artistes qui sortent de l’art pour l’étendre et l’ennoblir ou le rehausser, qui marchent seuls et sans compagnie, et qui tirent de leur irrégularité même des avantages supérieurs ; et il ajoute : « Les esprits justes, doux, modérés, non seulement ne les atteignent pas, ne les admirent pas, mais ils ne les comprennent point, et voudraient encore moins les imiter. […] … Ce qui est certain, c’est que quand je considère aujourd’hui tout l’ensemble de l’œuvre étonnante de Victor Hugo, dans laquelle il a mis de plus en plus hardiment et fait sortir tout ce qu’il avait en lui de force, de qualités et de défauts, en les poussant jusqu’au bout et à outrance, je sens combien je suis demeuré timide à son égard et insuffisant comme critique : j’en suis resté avec lui très en arrière, à l’autre versant de la montagne, sans doubler le sommet et sans redescendre les dernières pentes si déchirées et si rapides.
Aujourd’hui le débat peut être considéré comme à peu près clos ; et, sans parler de l’état des esprits qui ont assez à faire ailleurs, toutes les raisons, tous les arguments sont sortis tour à tour, tellement que la question semble épuisée. […] Quel contraste au sortir des pompes du Vatican, à moins de huit jours de distance !
Avant que notre idiome fût fixé, et quand déjà il sortait de sa première indigence, du temps d’Amyot et pendant tout le XVIe siècle, il abondait en ressource pour traduire les Anciens ; il se modelait sur eux avec ampleur et souplesse, et en prenait de vives et fidèles empreintes, jusque sous des mains médiocrement habiles. […] Ce qu’on doit peut-être le plus admirer en lui, c’est l’enchaînement étroit et continu, la contexture serrée et impénétrable qui fait qu’en ses récits tout se tient, et que les traits les plus saillants, les sentences les plus hardies, sortent du fond, y rentrent, et ne paraissent jamais qu’amenés et soutenus.
C’est ce que, depuis juillet, malgré la clameur universelle, il a exécuté avec une sévère et imperturbable logique ; c’est ce qui a fait sacrifier la République à la quasi-Restauration ; c’est ce qui a fait sacrifier l’honneur du nom français, le sang de la Pologne, la liberté de l’Espagne et de l’Italie, à l’exigence et au despotisme des rois ; c’est ce qui a fait sacrifier toute amélioration du sort de la classe ouvrière à l’étroit égoïsme de la classe bourgeoise, sacrifier aux menues fantaisies d’un fils de roi la somme destinée à l’éducation des fils de cent mille prolétaires ; c’est ce qui a maintenu l’impôt sur les boissons et sur le sel, et rejeté les blés étrangers par-delà nos frontières ; c’est ce qui a ouvert nos provinces aux insolentes violences des carlistes, troublé nos villes aux éclats de la voix des prolétaires se frayant une issue sur les places publiques, souillé nos régiments du sang des citoyens, et répandu de toutes parts sur le sol ces étincelles qui allument la guerre civile au sein des nations. […] Reynaud est assurément ingénieuse, pleine de justesse et de portée ; mais c’est dans les conséquences auxquelles il arrive qu’il nous paraît sortir des faits réels et des améliorations praticables.
La bonté ne demande pas, comme l’ambition, un retour à ce qu’elle donne ; mais elle offre cependant aussi une manière d’étendre son existence et d’influer sur le sort de plusieurs ; la bonté ne fait pas, comme l’amour, du besoin d’être aimé son mobile et son espoir ; mais elle permet aussi de se livrer aux douces émotions du cœur, et de vivre ailleurs que dans sa propre destinée : enfin, tout ce qu’il y a de généreux dans les passions se trouve dans l’exercice de la bonté, et cet exercice, celui de la plus parfaite raison, est encore quelquefois l’ombre des illusions de l’esprit et du cœur. Dans quelque situation obscure ou destituée que le hasard nous ait jeté, la bonté peut étendre l’existence, et donner à chaque individu un des attributs du pouvoir, l’influence sur le sort des autres.