Pourquoi, libre et riche, n’a-t-il jamais fait de grand voyage, si ce n’est une fois poussé par Maxime du Camp ? […] Et les riches et les puissants, de plus en plus, oublieront leurs devoirs, leur raison d’être en ce monde ; ils confondent dans leur haine ou leur indifférence démocratie et peuple, le simple travailleur qui va noblement et heureusement à sa tâche et l’imbécile braillard des réunions publiques qui songe à réformer l’univers.
Un nouveau langage musical était constitué, déjà plus riche et plus complexe que le langage antérieur des Grecs. […] Mais en général le public riche ne s’intéressait pas assez à l’entreprise ; excepté quelque rares amis isolés, c’étaient plutôt les moins fortunés qui témoignaient de leur zèle.
Elle est arrivée, de plus en plus riche, à l’harmonie de sa nature propre, à la science d’elle-même, à l’art d’elle-même. […] Les discours de la Nuit, de la Volupté et de la Mort dans le premier poème ; dans le second tous les discours du Poète et de la Bien-Aimée sont particulièrement riches à ce point de vue.
Les époques riches produisent des impuissances relatives qui restent intéressantes : Sainte-Beuve, furieux de n’être pas poète, cocufie Hugo avec une papelardise amusante et insulte Vigny avec une malice moralement infâme et intellectuellement, jolie. […] L’art en silence ne vaut pas seulement par sa riche matière.
Avant un an il sera riche et célèbre. […] Tenancier, un riche bourgeois de vieille souche, plein d’honnêteté et de prud’homie, dans le meilleur sens de ce mot antique.
Il nous est venu la curiosité de savoir si cette forme conventionnelle d’une littérature oubliée et d’une société disparue, la Tragédie, était définitivement morte ; si dans un pays sans caste et sans aristocratie légale, les misères des petits et des pauvres parleraient à l’intérêt, à l’émotion, à la pitié, aussi haut que les misères des grands et des riches ; si, en un mot, les larmes qu’on pleure en bas, pourraient faire pleurer comme celles qu’on pleure en haut. […] Le Réalisme, pour user du mot bête, du mot drapeau, n’a pas en effet l’unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue ; il est venu au monde aussi, lui, pour définir, dans de l’écriture artiste, ce qui est élevé, ce qui est joli, ce qui sent bon, et encore pour donner les aspects et les profils des êtres raffinés et des choses riches : mais cela, en une étude appliquée, rigoureuse et non conventionnelle et non imaginative de la beauté, une étude pareille à celle que la nouvelle école vient de faire, en ces dernières années, de la laideur.
» Un mot spirituel, un mot à la Sophie Arnould, de la charmante actrice, qu’on me citait justement, avant-hier : « Comme on lui disait qu’elle devait être riche, que le prince avait dû bien faire les choses, elle répondait : « Non, non, les d’Orléans en sont encore aux prix de 48 ! […] Une jeune femme qui vient de faire un mariage très riche, disait à une cousine à moi : « Oui, oui, c’était l’ancien jeu… du temps que les parents mariaient leurs enfants… Maintenant nous nous marions nous-mêmes. » Et nommant son mari, un voisin de campagne, elle ajoute : « Voilà deux ans que je le roulais… Je m’étais dit qu’il serait mon mari… ah !
D’un autre côté, pour justifier la pompe ordinaire dans le début de l’ode, on se sert de la comparaison d’un palais, dont le portique doit être riche et superbe. […] Exact et riche dans ses descriptions, il y mêle toujours de ces traits naïfs qui mettent presque les objets sous les yeux.
Et comme il peint cette princesse, Riche de grâce et de jeunesse, Tout à coup arrêtée au sein du plus beau sort, Et des sommets riants d’une gloire croissante, Et d’une santé florissante, Tombant dans les bras de la mort ! […] Le riche, en entrant ici, n’a qu’à ouvrir les yeux pour reconnaître la vérité de cette parole : Toute chair n’est que de l’herbe, et toute sa gloire est comme la fleur des champs.
— Mon ami, c’est que je ne suis pas riche. […] On voit parmi le monde un tas de sottes gens Qui briguent des flatteurs les discours obligeants : Ceux-là me plaisent fort ; je fuis ceux qui sont chiches, Et cherche les plus sots, quand ils sont les plus riches.
Les roquefort, eux aussi, sous des cloches de cristal, prenaient des mines princières, des faces marbrées et grasses, veinées de bleu et de jaune, comme attaqués d’une maladie honteuse de gens riches qui ont trop mangé de truffes (encore un détail friand et affriolant !) […] La chaude après-midi avait amolli les fromages ; les moisissures des croûtes fondaient, se vernissaient avec des tons riches de cuivre rouge et de vert-de-gris, semblables à des blessures mal fermées ; sous les feuilles de chêne, un souffle soulevait la peau des olivet, qui battait comme une poitrine… un flot de vie avait troué un livarot, accouchant par cette entaille d’un peuple de vers.
Chez les Latins, Varron s’occupa de la langue divine ; et les trente mille dieux dont il rassembla les noms, devaient former un riche vocabulaire56, au moyen duquel les nations du Latium pouvaient exprimer les besoins de la vie humaine, sans doute peu nombreux dans ces temps de simplicité, où l’on ne connaissait que le nécessaire. […] De tout ce qui précède, nous tirerons le corollaire suivant : plus les langues sont riches en locutions héroïques, abrégées par les locutions vulgaires, plus elles sont belles ; et elles tirent cette beauté de la clarté avec laquelle elles laissent voir leur origine : ce qui constitue, si je puis le dire, leur véracité, leur fidélité.
Il en demandait le secret à ses amis plus riches en expérience et encore humides du naufrage, comme on le voit dans les stances à Ulric Guttinguer : Ulric, nul œil des mers n’a mesuré l’abîme..
J’aurais désiré que cette page ne fût point omise dans la Vie militaire du général Friant ; cette vie est assez riche pour supporter quelques critiques, surtout quand elles sont de Napoléon.
Riche apparemment, et de loisir, il a choisi les Lettres ; et comme, pour réussir, il faut se borner, jeune encore, M. de Pongerville s’est destiné à la traduction en vers.
« Les riches et les puissants sortiront nus de leurs palais, de peur d’être ensevelis sous les ruines.
Il est arrivé seulement que, durant tout ce progrès merveilleux de son style, le poëte a plus particulièrement affecté des sujets de fantaisie ou des peintures extérieures, comme se prêtant davantage à la riche exubérance dont il lui plaisait de prodiguer les torrents, et qu’il a, sauf quelque mélange d’épanchements intimes, laissé dormir cette portion si pure et si profonde dont sa jeune âme avait autrefois donné les plus rares prémices.
Son œuvre, en style de lapidaire, peut assez bien se comparer à un diamant d’une bonne grosseur, d’un fort poids, d’une matière riche, mais non pas d’une belle eau ; sans transparence et sans limpidité ; avec de chauds éclairs intérieurs qui ont peine à jaillir par une surface embrouillée et grenue.
Il y a bien des années déjà, Charles Nodier et Victor Hugo en voyage pour la Suisse, et Lamartine qui les avait reçus au passage dans son château de Saint-Point, gravissaient, tous les trois ensemble, par un beau soir d’été, une côte verdoyante d’où la vue planait sur cette riche contrée de Bourgogne ; et, au milieu de l’exubérante nature et du spectacle immense que recueillait en lui-même le plus jeune, le plus ardent de ces trois grands poëtes, Lamartine et Nodier, par un retour facile, se racontaient un coin de leur vie dans un âge ignoré, leurs piquantes disgrâces, leurs molles erreurs, de ces choses oubliées qui revivent une dernière fois sous un certain reflet du jour mourant, et qui, l’éclair évanoui, retombent à jamais dans l’abîme du passé.
Poëte d’un vrai talent, doué par la nature de qualités riches et rares, amoureux de la gloire immortelle et capable de longues entreprises, il ne lui a manqué peut-être au début qu’une de ces disciplines saines, et fortes qui ouvrent les accès du grand par les côtés solides, et qui tarissent dans sa source, et sans lui laisser le temps de grossir, la veine du faux goût.
— Tome Ier, pages 53 et suivantes : « Reçus dans la société des nobles et des riches, à titre de tolérance, les gens de lettres du XVIIIe siècle n’y tenaient pas un rang beaucoup plus élevé que les musiciens ou les artistes dramatiques, parmi lesquels se sont trouvés souvent des hommes de talent et de réputation que les meilleures sociétés attirent à elles, pendant que la profession à laquelle ils appartiennent reste généralement exposée au mépris et à l’humiliation. » A quoi pensaient donc MM.
Gogol ; j’étais dans ce cas comme tout le monde ; j’avais un avantage pourtant que je réclame, c’était d’avoir rencontré autrefois, sur un bateau à vapeur, dans une traversée de Rome à Marseille, l’auteur en personne, et là j’avais pu, d’après sa conversation forte, précise, et riche d’observations de mœurs prises sur le fait, saisir un avant-goût de ce que devaient contenir d’original et de réel ses œuvres elles-mêmes.
Troplong, la richesse, concentrée dans une seule classe, restait presque inaccessible aux autres classes, mais il y avait encore à Rome cette circonstance particulière et remarquable, que les riches attiraient à eux, par le prêt à usure, toute la substance des petits. » La conséquence est que « le luxe et la richesse, qui sont dans la société moderne un élément de fécondité, furent dans les sociétés anciennes un véritable embarras », une cause de ruine, et qu’à Rome particulièrement l’excès de prospérité, quand la paix intérieure eut immobilisé l’univers, aboutit à une sorte d’engloutissement de tout par quelques-uns et à une orgie que de loin on exagère sans doute quand on se la figure en permanence.
Il a mis à ma disposition, avec une délicate complaisance, sa riche bibliothèque et sa vaste érudition.
Il n’est pas ami des moines et des nonnes, et il faut l’entendre dénombrer, avec une indignation qui s’échappe en mordantes épigrammes, tous les ordres que la protection royale a installés dans la bonne ville de Paris, dotés de privilèges et de riches revenus : Barrés, Béguines, Frères du sac, Quinze-Vingts, Filles-Dieu, la Trinité, le Val des Écoliers, Chartreux, Frères prêcheurs, Frères mineurs, Frères Guillemins, moines blancs, moines noirs, chaussés et deschanx, avec ou sans chemise, dont les uns assiègent les mourants, pour leur arracher des testaments, et les autres s’en vont criant par les rues : Donnez, pour Dieu, du pain aux frères !
L’Espagne, entrée plus tardivement en scène, n’eut qu’une action intermittente et limitée au xviie siècle : il fallut que notre théâtre se fût constitué pour qu’elle dominât chez nous, par l’irrésistible attraction du riche répertoire de sa comedia nationale.
est-ce un effet de la perspective trop courte il me semble qu’il y a beaucoup d’esprits intéressants et singuliers, et cela justement parce qu’ils sont tard venus ; parce qu’ils ont derrière eux toute une littérature accumulée ; parce que, même ignorants, ils savent néanmoins ou devinent beaucoup de choses et se trouvent tout formés pour aller très loin dans la sensation violente et raffinée ; parce que, tout ayant été dit (et voilà deux cents ans que cela (mot illisible) a été dit), ils donnent naturellement dans l’osé, le bizarre et le fou, et que leur extravagance fleurit elle-même sur un passé trop riche, comme ces fleurs étranges qui poussent mieux dans un humus composé d’innombrables débris de végétaux morts.
Ainsi, elle s’est trouvée subitement riche, veuve quoique vierge, et pleine d’expérience quoique innocente. » Cela, c’est du bizarre, du surprenant, du diabolique, du satanique, et Baudelaire a dû être particulièrement satisfait de cette invention.
S’il est divers jusqu’à la contradiction, c’est qu’il a l’esprit merveilleusement riche.
Le second amant, Jacques Dechartre, est un sculpteur riche qui modèle, de loin en loin, des cires et des médaillons d’un goût tourmenté et subtil.
Cet individualisme consiste à cultiver nos sentiments dans la mesure de notre richesse d’âme, à développer notre faculté de jouir et de souffrir sous ses formes les plus complexes et les plus élevées, à nous intéresser à la vie la plus riche et la plus belle.
Défenseurs de l’ancien esprit démocratique, ennemis des riches, opposés à toute organisation politique et à ce qui eût engagé Israël dans les voies des autres nations, ils furent les vrais instruments de la primauté religieuse du peuple juif.
Quelques-unes étaient riches, et mettaient par leur fortune le jeune prophète en position de vivre sans exercer le métier qu’il avait professé jusqu’alors 431.
Cependant je n’ai pas rompu la négociation. » Madame Scarron, riche de 100 000 fr., conçut l’ambition de posséder une petite terre.
Ses jugements, si exquis à l’origine, sont difficiles à saisir dans leur conclusion ; il les faudrait surprendre comme au vol, à l’état d’épigrammes charmantes, ou les dégager soi-même des riches sinuosités où il les déploie.
* * * — Célestin Nanteuil nous raconte que Gérard de Nerval revenant d’Italie, absolument désargenté, rapportait pour quatre mille francs de marbres de cheminées, et que, dans la misère de la fin de sa vie, il était resté chez lui un tel goût de la chose riche, qu’il se faisait des épingles à cravate avec du papier doré.
Outre le mérite de l’exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du chêne et du roseau, cette fable a l’avantage d’un fond beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes.
Rodolphe est presque riche maintenant : avec un travail constant, il ne gagne pas moins de trente-cinq à quarante francs par mois.
Ce prince, plus changeant que les femmes ses maîtresses, et plus envieux que les hommes ses favoris, s’était-il donc pris de quelque jalousie ignoble contre l’héroïne de son règne et contre le grand homme que son habileté avait fait plus riche qu’un roi ?