Nous retrouvons en elle l’infantution. […] Nous le retrouvons chaque jour, ce credo tiré à quelques millions d’exemplaires. […] Nous le retrouverons à la philosophie. […] Plus tard, à l’École de Médecine, j’ai retrouvé le même état d’esprit. […] Ici nous retrouvons (sur le plan littéraire) le libéralisme et ses ravages.
Il faut évidemment qu’on sente, qu’on retrouve, qu’on admire toujours la nature dans l’art, mais vue, interprétée et restituée d’une certaine façon par le génie particulier de l’artiste. […] Autour du vieil Alexandre Hardy, l’improvisateur de huit cents pièces, le fournisseur en quelque sorte breveté des comédiens français de ce temps, on retrouve les noms de quatre-vingt-seize poètes dramatiques, contemporains des débuts de Corneille. […] Quant au fameux Scudéry, avec son Lygdamon et Lydias, nous le retrouverons à propos du Cid. […] Dans cette antithèse géminée, qui du reste est traduite de l’espagnol, véritablement on a besoin de quelque attention pour se reconnaître au travers de ces subtilités étranges ; on est obligé, pour ainsi dire, d’en interpréter les termes l’un après l’autre, et presque de les numéroter, pour s’y retrouver. […] Nous devons aller jusqu’au cinquième acte retrouver un intérêt égal.
« J’en pleure et ris ensemble, et tour à tour je croi « Retrouver Héraclite et Démocrite en moi. […] Lui seul nous donne l’idée de ce Ménandre tout entier dont César ne retrouvait qu’une faible moitié dans ce Térence, que les Romains nommaient un beau parleur, et qu’ils se plaçaient qu’au sixième rang des comiques, et au quatrième au-dessous de Plaute. […] On les retrouve sur notre théâtre. […] Lélie inquiet l’interroge, et la réponse de l’époux irrité, source d’une autre erreur, persuade à cet amant que la maîtresse qu’il vient retrouver s’est mariée à un autre que lui. […] Le ridicule de l’avarice y est fortement empreint sur la figure du vieil Euclion : Les principaux traits de ce rôle se retrouvent dans les dialogues d’Harpagon et de ses valets.
Étienne avait vu le père de Mme de Noailles une seule fois, mais dans un moment bien terrible, et il était impatient de savoir s’il retrouverait quelques-uns de ses traits dans ceux de sa fille. […] Mais, malgré la politesse de ses manières, on retrouvait cependant toujours en lui un fonds de rudesse native qui se reproduisait dans la tournure de ses idées et dans son talent comme artiste. […] Timide dans l’exécution, mais très-avide de nouveautés, de Montabert, entre autres tentatives, essaya de retrouver l’usage de l’encaustique, ou peinture à la cire. […] Cependant vers les années 1796-1800, lorsqu’il était tout préoccupé de retrouver les doctrines grecques, David jugeait ses Horaces avec une équité sévère bien remarquable. […] Je retrouvai, après l’avoir cherché quelque temps, un de mes camarades.
Il se détache bientôt de sa protectrice, voyage à ses frais dans le midi de la France, s’y guérit d’une maladie imaginaire, entre comme précepteur dans une maison noble de Lyon, s’y fait mépriser par quelques larcins de gourmandise, quitte de lui-même ce métier, accourt de nouveau aux Charmettes, espérant y retrouver son asile dans le cœur de madame de Warens ; il ne retrouve plus en elle qu’une mère attachée à un autre aventurier, ruinée par les dissipations de ce parasite et par des entreprises d’industrie chimériques ; il pleure sur son idée évanouie, quitte pour jamais sa malheureuse amie, et accourt à Paris chargé de rêves et d’un système pour écrire la musique en chiffres, et le manuscrit d’une comédie plus que médiocre. […] C’est un fragment de cette éloquence lapidaire dont les monuments de l’Inde, de la Perse, de l’Égypte, de la Grèce orphéique conservent les dogmes dans les inscriptions de leurs temples, retrouvées et déchiffrées par nos érudits ; un alphabet épelé des vérités primitives, dont toutes les lettres rassemblées disent Dieu dans la nature et lois divines dans l’humanité.
Il transcrivit ensuite un recueil de plusieurs traités pieux, parmi lesquels se retrouvent les quatre premiers livres intitulés : de Imitatione Christi, bien qu’il eût signé cette copie de sa formule ordinaire : « Fini et complété par les mains de Thomas A Kempis, 1441. » On put prendre aisément plus tard le copiste pour l’auteur. […] On le retrouve à Paris en 1429, devenu simple catéchiste d’enfants dans l’église de Saint-Paul de Lyon. […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… Et ailleurs le pasteur philosophe écrit sur les marges de l’Imitation de Jésus-Christ ces deux strophes retrouvées après sa mort : Quand celui qui voulut tout souffrir pour ses frères Dans sa coupe sanglante eut vidé nos misères, Il laissa dans le vase une âpre volupté : Et cette mort du cœur qui jouit d’elle-même, Cet avant-goût du ciel dans la douleur suprême, Ô mon Dieu, c’est ta volonté !
Aussi, peut on dire que Beethoven fut, et resta, lui-même, un compositeur de sonates ; la forme de la Sonate se retrouve dans ses œuvres instrumentales les plus puissantes et les plus insignes ; elle est le fin voile, au travers duquel Beethoven regardait dans le Royaume des sons ; au travers duquel, — plus justement, — plongé dans ce Royaume, il laissait venir à nous sa pensée. […] Beethoven retrouve la véritable religion qui avait été écrasée sous le poids de l’Eglise. […] Elle retrouve alors son rôle véritable de révélation.
Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvai par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts. […] Emerich Kastner en a publié la bibliographie ; comme la plupart d’entre elles ont été imprimées en des journaux ou en des revues, il est facile, maintenant, avec l’aide de cette bibliographie, de les retrouver : c’était, d’ailleurs, un indispensable travail qu’il ne fallait point reculer, sous peine de perdre avec le temps quelques-uns des renseignements que nous avons encore aujourd’hui. […] Cette problématique se retrouve dans cette lecture de Lohengrin dans l’idée que l’intelligence est seconde par rapport à la sensibilité.
Mais, puisqu’en fait je subis l’impression de toutes choses, on peut supposer, avec Leibniz et Laplace, que, si je pouvais déployer tout ce qui est en moi à l’état d’enveloppement et de confusion, et si certains effets ne se neutralisaient pas dans la composition des forces, je finirais par retrouver en moi-même l’action de l’univers et le raccourci de son histoire. […] La résistance, ce conflit des mouvements ou des forces, serait donc, selon l’école anglaise, le fait qui se retrouve au fond de toutes les sensations. […] » — Nous nions que la conscience même, dans la sensation du blanc, n’aperçoive qu’une sensation ; elle a au contraire, si elle réfléchit assez sur soi-même, la sensation d’une pluralité. 1° Elle sent une pluralité de degrés dans une sensation vive de lumière blanche ; elle apprécie que cette sensation est une somme de sensations semblables ; 2° elle saisit aussi une pluralité d’éléments qualitatifs, les uns communs à toutes les sensations de lumière, les autres propres ; nous reconnaissons très bien dans le blanc, non pas la sensation du bleu et du rouge, mais la sensation de lumière, qui se retrouve dans les autres couleurs ; cette sensation de lumière nous apparaît seulement ici comme spécifiée, compliquée, particularisée.
En outre, revenant en arrière, il retrouve tout dans l’état primitif, et avec les dimensions primitives. […] L’expérience la plus décisive, c’est de retrouver soi-même et activement l’objet caché derrière ce qui le cachait ; or, l’enfant arrive à le faire lorsque, après tâtonnements, il retrouve le sein maternel derrière la robe et le palpe de ses mains.
une chemise sans taille, et pour tout le reste ; ce sont des ajustements au caprice et à la fantaisie de la femme. » Là-dessus, il nous met sur les genoux un album de ses anciennes lithographies qu’il a retrouvé, et nous voyons combien, avant d’arriver à sa facilité de dessin sans modèle, à son imagination du vrai, il a fait de profondes, sérieuses, patientes, scrupuleuses études de la nature… C’est partout là-dedans, la mère de Feydeau, le père de Feydeau, et d’Abrantès, et jusqu’au dos d’Henri Berthoud, faisant le dos de cet inconnu. […] La dernière fois qu’il y passa, se rendant à Tunis à l’occasion de son roman de Carthage, il ne retrouve plus la maison, qu’à chacun de ses passages il avait été voir. […] — Quant à moi, dit Gautier, cet homme, je ne peux pas le sentir, je le trouve prêtreux, calotin, c’est le Prud’homme du déisme, oui, pour moi, voilà ce que c’est : le Prud’homme du déisme. » La discussion s’éteint un moment, puis reprend autour d’Horace, ou quelques-uns veulent retrouver Béranger, et dont Saint-Victor vante la pureté de la langue, langue que Gautier trouve bien inférieure à l’admirable langue de Catulle.
XIX Mais, dès les âges les plus reculés aussi, une autre philosophie, la philosophie de la réalité, la véritable expression de l’homme complexe, âme et corps, une philosophie qui est raison et religion tout ensemble, vérité et consolation à la fois, une philosophie dont on retrouve les dogmes et les préceptes dans les premiers monuments littéraires de l’Inde, a réfléchi au lieu de rêver, et a trouvé dans la douleur même les deux seuls remèdes à la douleur : l’acceptation et la sanctification. […] XXI Les premiers de ces livres sacrés se retrouvent dans l’Inde ; on ne peut assigner de date à ces livres, tant la date en est reculée. […] » « Il est dissipé », répond le disciple, « et j’ai retrouvé à ta voix l’entendement.
Chaque jour nous apporte, depuis ce jour, de nouvelles lumières, de nouvelles langues, de nouveaux monuments de cette région, berceau des philosophies, des poésies, des histoires ; véritable Éden des littératures antiques retrouvées au pied de l’Himalaya, aux bords du Gange et de l’Indus. […] Les deux époux, après cet entretien, s’étendent pour dormir sous le seul manteau qu’ils ont retrouvé, et s’endorment sur la terre nue, sans herbe et sans mousse, pour reposer leurs membres épuisés. […] elle retrouvera le bonheur loin de moi !
Les cieux, les limbes, les purgatoires, les enfers, dans toutes les religions, sont les noms divers des conséquences de la vie matérielle que nous retrouvons dans la vie immatérielle, après ce monde, pour nous purifier, nous punir, nous récompenser dans un autre monde. […] Ce style de madame de Sévigné, dont on retrouve à chaque instant l’esprit et la forme dans la langue de la France depuis la publication de ses volumes de lettres, est le chef-d’œuvre le plus véritablement original que la littérature française puisse présenter, sans craindre de rivalité, à toutes les littératures anciennes et modernes. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler.
C’est ainsi que le futur poète d’Athalie fut imbibé dès sa tendre enfance de ces émanations de foi et de piété chrétienne qui s’évaporèrent un moment au vent du siècle, mais qui se retrouvèrent comme un premier parfum au fond de son cœur quand il repassait les jours de sa jeunesse dans la maturité de ses années. […] Dans ses fragments d’histoire comme dans ses lettres, on ne retrouve, selon moi, rien du génie de l’auteur de Phèdre et d’Athalie ; quand il n’y avait plus ni passion, ni pompe, ni harmonie de théâtre sous sa plume, tout s’évaporait, et tout se glaçait sur sa page. […] Il fallait compenser pour lui les pompes et les plaisirs de ses belles années par les pompes saintes et par des plaisirs sacrés qui lui fissent retrouver dans la religion quelque chose des sensualités profanes retranchées de sa vie.
De plus, les diverses races domestiques déjà nommées ont été transportées dans toutes les parties du monde ; quelques-unes d’entre elles doivent donc s’être retrouvées dans leur pays natal ; mais pas une seule n’y est jamais redevenue sauvage, quoique le Pigeon de colombier, qui n’est autre que le Biset très peu altéré, se soit naturalisé en quelques contrées. […] Ces divers signes ne se retrouvent jamais tous ensemble chez aucune autre espèce sauvage de la famille : tandis que chez chacune des espèces domestiques, même en ne considérant que des oiseaux de races bien pures, toutes ces marques, jusqu’au bord blanc des plumes caudales externes, réapparaissent quelquefois parfaitement développées. […] En quelques cas cependant, des individus de la même race, peu modifiés ou même sans aucune modification, peuvent se retrouver en des districts moins civilisés où la race s’est moins améliorée.
Il entrelace tous ses récits et les retrouve quand il le veut. […] Cela fait encore une belle scène, qui bientôt après retrouve son pendant par celle du prince de Galles, qui ne veut pas être en reste de générosité avec messire Jacques, et qui, laissant ce don aux écuyers, lui octroie à lui-même en sus six cents marcs.
J’en doute. » La remarque est fine : elle se retrouve encore plus loin (page 318) sous la plume de Tocqueville. […] Tocqueville m’adressa à ce sujet la lettre suivante, qu’un hasard me fait retrouver : « Je viens de lire, Monsieur, dans le journal le Temps d’hier, un article de vous dont il me tarde de vous remercier.
Sainte-Beuve : « À Douai, nous sommes tous ravis : vous avez retrouvé tout ce qu’il y a au fond des âmes flamandes ; il n’est pas jusqu’à votre petit mot sur Martin (du Nord) qui n’aille à l’âme de ses compatriotes ; ici l’homme passe toujours avant l’homme public : le dernier n’est considéré que comme un acteur jouant plus ou moins bien son rôle. » — Le fragment de lettre suivant trouve naturellement sa place ici : « … l’excellent M. […] L’intervention bienfaisante de Mme Récamier se retrouverait encore à cette entrée de carrière
mes dernières années ont été bien assez tumultueuses et envahies ; laissez-moi çà et là quelque coin intact de souvenir, où je puisse me retrouver seul ou à peu près seul avec mes pensées d’autrefois ! […] Il avait de tout temps fait la chanson par amusement, avec une facilité, dit-il, qu’il n’a plus retrouvée depuis, en d’autres termes, selon moi, avec une négligence qu’il ne s’est plus permise.
Notre siècle, à nous, en débutant par la volonté gigantesque de l’homme dans lequel il s’identifia, semble avoir dépensé tout d’un coup sa faculté de vouloir, l’avoir usée dans ce premier excès de force matérielle, et depuis lors il ne l’a plus retrouvée. […] Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ?
Des adeptes, le goût a passé au public, à un certain public ; nous sommes entrés dans une veine d’éditions : on compare, on revise, on retrouve la bonne leçon : qu’un peu d’inédit s’y mêle, on n’y tient plus, et on est tenté de s’écrier : Sublimi feriam sidera vertice. […] Trop de littéralité judaïque pour l’impression des œuvres posthumes est, qu’on y songe, un autre genre d’infidélité envers les morts : car eux-mêmes, vivants, auraient, en plus d’un cas, avisé et modifié Selon l’observation excellente que j’entendais faire à M allanche, beaucoup de ces mots étonnants et outrés qu’on surprend sur les brouillons de Pascal (comme cela vous abêtira 61, pouvaient bien n’être, dans sa sténographie rapide, qu’une sorte de mnémonique pour accrocher plus à fond la pensée et la retrouver plus sûrement.
Montesquieu, qui conseillait plaisamment aux asthmatiques les périodes du Père Maimbourg, n’a pas échappé à son tour au défaut de trop écourter la phrase ; ou plutôt Montesquieu fait bien ce qu’il fait ; mais ne regrettons pas de retrouver chez Bayle la phrase au hasard et étendue, cette liberté de façon à la Montaigne, qui est, il l’avoue ingénument, de savoir quelquefois ce qu’il dit, mais non jamais ce qu’il va dire. […] Lorsqu’il entreprit de les imiter, il se plaça tout d’abord au premier rang par sa critique savante, nourrie, modérée, pénétrante, par ses analyses exactes, ingénieuses, et même par les petites notes qui, bien faites, ont du prix, et dont la tradition et la manière seraient perdues depuis longtemps, si on n’en retrouvait des traces encore à la fin du Journal actuel des Savants 132 ; petites notes où chaque mot est pesé dans la balance de l’ancienne et scrupuleuse critique, comme dans celle d’un honnête joaillier d’Amsterdam.
Les institutions établies par la force, imiteraient tout de la liberté, excepté son mouvement naturel ; les formes y seraient comme dans ces modèles qui vous effraient par leur ressemblance : vous y retrouvez tout, hors la vie. […] Dans les déserts de l’exil, au fond des prisons, à la veille de périr, telle page d’un auteur sensible a relevé peut-être une âme abattue : moi qui la lis, moi qu’elle touche, je crois y retrouver encore la trace de quelques larmes ; et par des émotions semblables, j’ai quelques rapports avec ceux dont je plains si profondément la destinée.
Les poèmes sur Alexandre ne sont que des chansons de geste : les romans d’Eneas et de Troie ont l’esprit, le style, le mètre des romans bretons ; et si Benoît de Sainte-More a précédé Chrétien de Troyes de quelques années, il n’a rien mis dans son œuvre, qu’on ne retrouve plus expressif, mieux dégagé, plus complet dans les poèmes de son jeune contemporain. […] Voici les séparations qui n’abattent pas l’amour et ne lassent pas la fidélité : Guigemar et sa bien-aimée qui retrouvent intacts après des années les nœuds qu’ils se sont liés mutuellement autour de leurs corps ; Milon épousant en cheveux gris celle qu’il a choisie dès l’enfance.
Ce qui a plus de prix, c’est le naturel des sentiments, justement senti, curieusement développé par une intuition spontanée : à force de ne pas se guinder, à force de facilité à retrouver dans l’antiquité évangélique et biblique tout le détail de la vie contemporaine, nos découpeurs des Livres saints, sans art, sans goût, sans style, ont donné à quelques scènes un air de vérité aisée, qui est près de charmer, Il y a des coins de pastorale gracieuse dans le Vieux Testament, dans la Passion : mais surtout il y a quelques commencements heureux d’expression dramatique des caractères. […] Mais comme le paysan assiste règlement au prône, il s’amusera sûrement d’une harangue grossière, où il retrouvera les phrases, les citations, le ton de son curé : et plus le sujet sera libre et ordurier, plus le contraste de la forme dévote lui paraîtra piquant.
L’abbé Célestin et l’officier de santé Anselme Benoît la retrouvent, une nuit, dans une vieille tour abandonnée. […] Et vous la retrouverez, si vous passez des romans ecclésiastiques aux romans campagnards.
Nos batailles font à son oreille le même bruit qu’un moucheron La nature est mystérieuse C’est l’ombre qui a fait les dieux Les prêtres sont horribles L‘âme est immortelle : nous retrouverons nos morts Le monde est mauvais : tout est nuit et souffrance. […] A la fin, tous se retrouveront, dégagés du poids, dans la lumière, en Dieu. » Sa vision de l’histoire est de même sorte, sommaire, anticritique, enfantine et grandiose.
Mais ce qui rend sa tâche très difficile, c’est que l’action réunie des diverses causes produit quelquefois des combinaisons où il est difficile de retrouver les éléments constitutifs. […] Dans le cas de la mécanique, chaque cause se retrouve dans l’effet, comme si elle avait agi seule.
» Il retrouvera sa femme fidèle, telle qu’il l’a laissée : « chienne de la maison, douce pour lui, mauvaise à ses ennemis ». […] Tout enfant on l’avait oubliée, une nuit, dans le temple d’Apollon ; on la retrouva, le matin, ceinte d’un serpent noué autour de ses tempes, qui lui léchait les oreilles.
Au troisième acte, nous retrouvons Jean de Thommeray, avec ses nouveaux amis, dans son hôtel, battant neuf, de parvenu financier. […] Baronnette sort de sa cachette, retrouve son ombrelle en loques, reconnaît que les ongles d’une femme du monde ont passé par là, et se pique au jeu.
Sur quoi, Nourvady, aggravant l’outrage, lui fait remarquer que cette fenêtre donne sur son jardin et non sur la rue, et qu’une clé dans un jardin se retrouve — « L’insolent ! […] N’a-t-elle pas, pour la certifier, une preuve palpable et irrécusable : la clé qu’elle a jetée dans le jardin, qu’elle peut chercher et retrouver avec lui ?
Tout ceci semble étrange et presque ridicule ; mais, pour peu qu’on étudie la marquise, on reconnaît qu’il y a du vrai dans cette manière de voir, et que le goût même du xviiie siècle s’y retrouve au naturel. […] En général, les Amours se retrouvent sous toutes les formes, et Le Génie militaire lui-même est représenté en Amour, méditant devant des drapeaux et des canons.
Mais ce fond d’indifférence subsista toujours, et il se retrouve subitement chez lui aux instants où l’on s’y attend le moins. […] monsieur de Chateaubriand, je suis de votre avis. » Je ne sais si cette conversation se passa exactement dans ces termes ; mais, en les admettant pour exacts, je retrouve là encore une preuve que Chateaubriand n’était pas un véritable homme politique.
Cuvillier-Fleury, dans les articles qu’il a donnés sur Saint-Just, a très bien relevé ces traces persistantes de l’écolier de rhétorique en lui ; elles se retrouvent chez presque tous les révolutionnaires de l’époque. […] Cette même philosophie se retrouve dans le procès de la reine.
Clermont-Tonnerre voulait à toute force faire atteler pour le reconduire chez lui et où il avait été forcé d’esquiver la politesse, en lui disant qu’il allait retrouver une petite femme tranquille, que son arrivée en équipage effaroucherait. […] Pour retrouver, il faut inventer du vraisemblable… Et il se met à regarder avec le plaisir exubérant d’un enfant qui contemple une boutique de joujoux, et il s’amuse une grande heure à voir nos cartons, nos livres, nos petits musées.
Son frère, qui est très riche et mourant, doit lui faire 3 000 livres de rente : avec cela, sa place et ses gains de littérature, il se retrouvera à peu près sur ses pieds. […] Un cabaret dans un terrain vague de Vaugirard, à l’entrée des carrières, devenues des champignonnières, et tout étincelant de beaux cuivres, de reflets de bouteilles aux formes trapues, d’un tas de vieilleries bien luisantes, qui semblaient le mobilier retrouvé d’une auberge de l’ancienne France… Là-dedans, un cuisinier, qui faisait un poulet sauté, une matelote, un certain plat de champignons, comme nul cuisinier au monde, et qui, vous apportait à voir des aquarelles de gazons émaillés de fleurettes, naïves et précieuses, comme ces tapis de fleurs que les Primitifs étalent sous les pieds de leurs martyres, et puis qui, tirant un orgue d’un vieux bahut, servait aux gens appréciant sa cuisine, des airs séraphiques.
De l’empereur Napoléon j’aurais bien envie de dire que je n’ai point retrouvé en lui cette beauté épique et destinale dont le dotent généralement ses contemporains et ses historiens ; qu’il m’est pénible de ne pas voir conserver le caractère extérieur et légendaire des grands hommes, et que le peuple, d’accord avec moi en ceci, ne conçoit guère son héros de prédilection que dans les costumes officiels des cérémonies ou sous cette historique capote gris de fer, qui, n’en déplaise aux amateurs forcenés du style, ne déparerait nullement une apothéose moderne. […] Le public retrouvera tous ces tableaux d’orageuse mémoire qui furent des insurrections, des luttes et des triomphes : le Doge Marino Faliero (salon de 1827
D’énormes divergences défendent de les associer, pas si énormes cependant, que l’on ne puisse, en scrutant leur intime pensée, retrouver chez tous deux cette marque distinctive des génies héroïques : l’amour de la vie réelle et le désir de son épanouissement. […] Idéal et symbolique par son essence même, cherchant et formulant les rapports, la loi d’harmonie et d’unité qui régissent les êtres et les choses, l’Art sera la haute vie morale en son effort pour manifester les dieux que nous sommes nous-mêmes… » Retrouver le « divin » en nous comme dans les choses, le sentir au fond de nos êtres comme au fond de chaque vie terrestre, voilà bien la nouvelle conception religieuse.