Pourquoi alors ne pas rester là où vous vous trouvez si bien pour le moment ? […] J’espère donc seulement qu’il ne restera pas assez longtemps pour vous en fournir la possibilité. […] Quand les choses resteraient comme elles sont, je n’aurais pas à me plaindre. […] Ou vous l’aurez telle que je la conçois, ou elle leur restera telle qu’elle est, telle qu’ils l’ont voulue. […] Sa Majesté Impériale avait eu la bonté de me proposer une niche à Tsarskoé-Célo, et la niche est restée sans le saint.
Son mariage, sa carrière, l’avaient éloigné de ce lieu ; mais son cœur y était resté, et il y retournait toujours avec bonheur. […] XXI M. de Marcellus, en son absence, resta chargé d’affaires à Londres, correspondant secret de M. de Chateaubriand. […] Canning restèrent immobiles, murmurants, déconcertés, confondus. […] « Le mouillage de Saïde étant peu sûr, je vis la goélette mettre à la voile pour Saint-Jean d’Acre, où nous nous donnâmes rendez-vous, et je restai seul sur la côte de Syrie. […] Nous restâmes entièrement seuls pendant tout ce temps, et je n’ai tracé ici que le résumé de nos entretiens.
Je raconterai plus tard comment des circonstances particulières amenèrent ce changement, où je restai au fond très conséquent avec moi-même. […] Sous ce rapport, je suis resté prêtre, et cela est d’autant plus absurde que je n’en retire aucun bénéfice ni pour moi, ni pour mes opinions. […] Pour le fond, je restai le même. […] Il s’agissait du problème éternel qui fait le fond du christianisme l’élection divine ; le tremblement où toute âme doit rester jusqu’à la dernière heure en ce qui regarde le salut. […] Mais il n’eut pas la sagesse de rester sobre en politique.
Le fiacre est parti, mais le jeune bourgeois est resté. […] Il aurait dû y mourir de jalousie, de désespoir, de fureur, — et de reconnaissance aussi pour son tendre et héroïque frère, renonçant à son art pour mieux ressembler au frère qui ne faisait qu’un avec lui, et pour rester ainsi à jamais, tous les deux, les frères Zemganno ! […] Cet écrivain d’un talent raffiné et d’un coloris si souvent charmant, sur qui j’aurais presque pleuré quand il tomba de ses premiers romans sur le trottoir de La Fille Élisa, est resté meurtri et taché de cette chute. […] Ce n’était pas les portraits de deux ou trois comédiennes connues, et qui, mêlées dans un ensemble brouillé et confus, restent dans un vague anonyme. […] De ce monstre qu’on divinise il peut tout à coup ne rester pas plus que de la nuée éblouissante d’Ixion, quand on la presse sur son cœur !
» À cette réponse touchante, un homme moins endurci rentrerait en lui-même, et resterait pensif à ce cri énergique d’une conscience honnête. […] Oui Don Juan change de nom, il s’appelle Tartuffe ; le peu de noble sang qui restait précieusement et audacieusement enfoui dans les veines de cet homme, est devenu un mélange bâtard d’encens frelaté et d’eau mal bénite. […] Croyez-moi, mes chers confrères, quand vous voudrez rester dans les bornes légitimes du goût, du style, des convenances, de l’imagination et de l’esprit, soit que M. […] remarquait Bensérade), ce fut de ne pas rester trop au-dessous des mascarades du Palais-Cardinal. […] Le vieux Bertrand, resté seul, se dit à lui-même : « Le cœur d’un tourtereau bat sous cette poitrine de lion !
Des provinces entières de la littérature et de l’art restent inaccessibles à la foule des esprits, et d’abord presque toute l’antiquité classique. […] L’étonnant succès d’Œdipe roi au Théâtre-Français prouve à quel point ce chef-d’œuvre est resté vivant. […] Notre nom lui-même restera obscur ou totalement ignoré. […] « Ruysdaël, Hobbema, restèrent à peu près ignorés de leur vivant. […] C’est une fort heureuse aventure qui lui fit trouver d’emblée le genre original où brille son beau génie et où elle est restée la première.
Arrivé à dix-huit ans, il resta trois années entières sans sortir de chez lui. […] « Il resta toujours dans le gris » a dit Sainte-Beuve. […] Au milieu de tous ces dons inattendus peut-il rester place à la tristesse ? […] L’Angleterre était restée plus longtemps encore peu connue. […] Émile Roulland en est resté au premier de ces deux degrés.
Moi, je restai. […] C’était, d’ailleurs, une œuvre de haute folie, d’inénarrable gâtisme, qui resterait. […] Quelques glaces appliquées aux murailles par miracle restaient intactes. […] L’Empereur resta une demi-heure avec MM. […] Même entre eux, ils restent mornes, hargneux, fermés.
Dumas est resté l’auteur du Demi-monde. […] L’épreuve resta indécise. […] Elle ne hait que ceux qui restent indifférents. […] En sorte que l’œuvre restait à faire. […] Weiss est resté toujours fidèle.
Que restera-t-il à la littérature, toutes ces défalcations faites ? […] Michel-Ange, Raphaël, Le Tasse et l’Arioste sont restés uniques en Italie. […] Peut-être aussi, comme Le Philosophe sans le savoir, restera-t-elle une chose unique. […] Que restait-il au Théâtre-Français ? […] Mais si nul ne peut le prédire, nul ne se trompe du moins sur ce qui est resté et ce qui restera toujours.
Ils restent ahuris et scandalisés. […] Nous n’en restons pas moins dans le domaine pur des sens, l’intelligence peut rester absente. […] J’entends rester dans la littérature. […] On restait sur les planches dans le domaine des rois et des dieux. […] Fût-elle tout à fait mauvaise, elle resterait pleine de saveur.
Les Girondins, les premiers, furent proscrits en masse, égorgés en même temps que vaincus, et cette fois le champ de bataille ne resta qu’à des bourreaux. […] Comme si l’humanité n’eût pu rester délaissée, il s’éleva pour elle des voix parmi ceux mêmes qui l’avaient outragée si longtemps ; et tandis que l’insensée frénésie d’Hébert invoquait de nouvelles horreurs, et que la politique froide et louche de Robespierre en méditait silencieusement, un troisième parti s’isola d’eux, leur cria d’arrêter, qu’il était las de meurtre, et que le glaive devait reposer après la victoire.
Leur opposer des raisonnements est inutile ; il faut des faits ; il faut pouvoir leur montrer des portions de vérité, qui restent acquises une fois pour toutes ; il faut construire pierre à pierre un monument auquel on puisse incessamment ajouter, mais où l’on ne puisse plus rien retrancher. […] L’une doit rester en majeure partie subjective ; l’autre travaille à devenir aussi objective que possible.
Les origines C’est d’une petite imprimerie du boulevard Saint-Germain, où s’éditait alors un journal littéraire d’avant-garde, que sortirent Les Déliquescences de Vicaire et de Beauclair, aimable parodie faite pour « embêter » les camarades, et dont on sait le succès inouï et inattendu ; les auteurs en restèrent stupéfaits et se refusèrent à une lucrative réimpression de la plaquette, en face du torrent de sottises inopinément déversé sur de tranquilles écrivains, leurs amis. […] Stuart Merrill Auteur des Gammes qui ont rencontré dans la presse quelques approbateurs, est resté plutôt parnassien, ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs de faire preuve de talent.
Elle fit le voyage d’Angleterre dans l’automne de 1766, y resta jusqu’au printemps de 1767, y vit le grand monde, toutes les ambassadrices et la nobility. […] On m’ordonna de rester, pour ne donner aucun soupçon, de danser même, si je le pouvais. […] Il aimait dans son pays, il aime toujours Caliste, et celle-ci, créature adorable, l’aimait également : mais elle avait monté sur le théâtre, elle avait joué dans the Fair Penitent le rôle dont le nom lui est resté ; sa réputation première avait été équivoque. […] Entre Constance et Joséphine, Émilie, bonne, droite et candide, est à chaque instant obligée, pour rester fidèle à l’esprit même de sa vertu, d’en relâcher, d’en rompre quelque forme trop rigoureuse. […] faites le bienfait, comme si vous étiez resté pur ; faites le, non pour vous honorer (ce n’est pas de cela qu’il s’agit), mais pour soulager le souffrant.
Mais ceux-ci, pénétrés d’une crainte respectueuse pour Jupiter et les lois de la cité, restent froids, et lui répondent gravement : Des morts qui nous sont chers le culte est respectable ; Mais de nos rois le sceptre est digne aussi d’honneurs. […] Qu’arriverait-il, en effet, si les deux premiers éléments, au lieu d’être confondus, restaient distincts et séparés, si les acteurs de la comédie n’étaient purement et simplement que des sots, et si les Dieux se contentaient de sourire soit dans la conscience des spectateurs, soit dans un chœur comique ? […] De peur d’être entraîné dans la ruine de sa propre activité, il n’a garde de s’intéresser à ce qu’il fait ; son âme affranchie ne s’y absorbe point : il reste indépendant, voulant rester debout. […] La scène, comique sans le savoir, resta grave dans l’inconscience de sa propre sottise, et les spectateurs, seuls à rire, eurent l’air de dire aux personnages : Messieurs les acteurs de la comédie, nous sommes beaucoup plus sages que vous, et nous comprenons parfaitement que vous êtes des sots. […] Ne restez pas dans cette prosaïque contradiction du réel avec l’idéal ; sortez-en, comme Shakespeare, par la légende, ou comme les tragiques français, par le retour à l’antiquité héroïque, ou enfin par l’histoire, comme Goethe ; car, si vous y restez, il n’y a qu’un moyen de sauver la poésie, c’est de vous affranchir encore de cette contradiction, en vous moquant d’elle et de ceux qui en gémissent, et c’est ce que Cervantes a fait.
Napoléon, resté à Iéna, hésite à croire à ce second et complet triomphe de sa fortune. […] Elle frémit tout entière après Iéna, plus encore qu’après Austerlitz, car après Austerlitz la confiance dans l’armée prussienne restait du moins aux ennemis de la France. […] Les soldats du grand Frédéric avaient été la dernière ressource de l’envie : ces soldats vaincus, il ne restait à l’envie que cette autre ressource, la seule, hélas ! […] Il restait là une dernière réserve d’artillerie. […] Thiers restera dans toutes les langues le plus beau volume de l’histoire moderne d’Espagne et de France.
Il restait à savoir si l’iodure de fer n’avait pas, au moins en partie, été décomposé avant d’arriver dans la salive. […] Il en est d’autres, mais c’est le cas le plus rare, chez lesquels elle peut rester normale plusieurs jours, jusqu’à la chute du tube d’argent. […] Mais dans le milieu de l’organe il était resté une portion saine dont la couleur était celle du tissu pancréatique normal. […] Dans ce pancréas, les deux tiers au moins avaient été détruits par l’injection graisseuse, mais la portion restée saine donnait encore du suc pancréatique. […] J’ai essayé aussi une injection de suif dans l’éther, afin que la graisse dissoute restât dans l’organe après l’évaporation de l’éther.
XI Longtemps réunis à l’Allemagne sous la maison d’Autriche, gouvernés par les vice-rois espagnols de Charles-Quint et de Philippe II, le régime et le caractère espagnols y sont restés fortement empreints dans des mœurs et dans des familles castillanes ; la gravité catholique et la loyauté chevaleresque sont des traits du visage comme du caractère franc-comtois. […] Cette maison, moitié seigneuriale, moitié bourgeoise, ressemble au donjon d’un vieux manoir féodal dont le temps a emporté les deux ailes, et qui est resté debout comme un vestige et comme un asile de l’antique famille dont elle abrite encore les débris. […] et le sourire est resté avec le lait de leur nourrice sur leurs lèvres. […] Les secrets doivent rester sur les lèvres de ceux qui ont entendu ces confidences d’une belle âme. […] Les décombres d’Athènes, où il ne restait pas pierre sur pierre, blanchissaient et poudroyaient au bas dans la plaine comme une carrière abandonnée ; nous étions dans la maison des divinités d’Athènes.
Mais, depuis qu’elle est veuve de son mari, le vieil esprit français, elle est restée longtemps inactive, incapable de trouver elle-même une occasion de s’exercer. […] Une lettre inédite de Wagner La lettre que nous publions et qui est restée jusqu’aujourd’hui absolument inédite, nous a été communiquée par M. […] Dorgomijsky, Balakirew, Mussorgsky, Napravnik, César Cui 2, qui furent les fondateurs et qui restent les chefs de cette école musicale. […] Restait la grammaire, c’est-à-dire le choix des émotions que l’on exprimerait, et la forme générale que l’on donnerait à leur expression. […] Mais, lui et son contemporain Klopstock, ils étaient arrivés à la limite de ce que les paroles peuvent exprimer ; et, comme leurs formes poétiques ne s’adaptaient pas bien à la musique, ils sont tous deux restés impopulaires ; Platen avoue lui-même que « le poète lyrique qui n’est plus un avec le musicien, a besoin du compositeur pour devenir populaire. » Mais Platen ne connaissait guère la musique comme art, il n’en saisissait que le côté formel et extérieur, et, n’ayant pas en lui-même l’esprit de de la musique, il ne pouvait créer une lyrique qui, malgré les perfections de sa forme, devînt immédiatement compréhensible et vraiment populaire.
Mais lui, que lui restait-il ? […] Que ne restait-il bourgeois et Philistin ? […] Les yeux du conseiller consistorial restaient froids et superbes. […] Pâle et muet, Linde (son amant) restait penché sur elle. […] Encore si l’amour de la fille lui restait !
La princesse Mathilde lui en resta profondément reconnaissante. […] Elle servit les siens dès son retour ; on aimait à faire réparation aux Napoléon en cette belle personne ; mais elle sut très bien distinguer le degré, le point juste, où la gratitude la mieux sentie pouvait aller ; et en sachant gré des bons offices envers les présents, elle n’avait garde d’oublier ceux qui restaient captifs ou dans l’exil. En un mot, les Tuileries ne purent se parer d’elle, tandis que sa race, malgré tout, dans la personne de son chef, restait proscrite et déshéritée.
Jean de Paris, en un mot, pour prendre le type le plus reconnaissable entre tant de figures picardes, beauceronnes ou champenoises, entre les autres Jean de Chartres, Reims ou Noyon, Jean de Paris, que Béranger a chansonné dans son dernier volume, est resté vrai après 89 comme devant, après Waterloo comme après les trois jours, du temps de Charlet comme du temps de Rabelais. […] Son amour inconstant et un peu sensuel dans sa tendresse en est resté à la bonne vieille mode de nos aïeux, à la mode de ma Mie et du bon roi Henri, avant la nouvelle Héloïse et Werther. […] Le côté individuel de son talent, les sentiments capricieux ou tendres qu’il avait si heureusement entrelacés mainte fois, comme des myrtes autour de l’épée, lui restaient sans doute ; il pouvait s’y récréer à l’aise : mais s’en tenir là, après la vaste action publique qu’il avait exercée, c’était déchoir.
On voit que le but est resté le même : spiritualiser, guérir, moraliser chrétiennement une société passée du matérialisme à l’indifférence ; mais dans le second procédé, auquel M. de La Mennais a recours depuis cinq ans environ, c’est à la société elle-même, c’est à ses éléments vierges et profonds, c’est au peuple en un mot qu’il s’adresse pour le régénérer par la parole et l’épurer. […] Vis-à-vis du Saint-Siège, M. de La Mennais peut rester soumis, docile et pleinement adhérent en matière de foi ; mais il a cessé de l’invoquer directement pour l’œuvre temporelle ; on sent qu’il n’en espère plus une effusion prochaine de doctrine qui descende sur le siècle. En face des gouvernements, il est resté moins pénétré d’estime que jamais ; il a mesuré plus à nu leur égoïsme borné et leur absolue résistance à l’esprit.
Voici une description de Buffon : Qu’on se figure un pays sans verdure et sans qu’au, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais inspiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau : la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Maintes fois, vous n’aurez pas vu, vous ne pouvez voir l’objet qu’il vous faudra décrire : il vous restera à l’imaginer, c’est-à-dire à adapter, à joindre des fragments d’images, résidus de vos expériences antérieures, de façon à former une image qui puisse être la représentation sensible, aussi approchante que possible, de l’idée que vous prenez de l’objet, selon les conditions et les données qui vous sont indiquées. […] Voyez de quelle façon l’écrivain russe Tolstoï représente un homme dans un état de joie extrême : il fait sa première visite à sa fiancée : Il rôda dans les rues pour passer le temps qui lui restait à attendre, consultant sa montre à chaque instant, et regardant autour de lui.
La Correspondance de Grimm590 est le chef-d’œuvre du genre : les princes qui s’y étaient abonnés sous la promesse du secret absolu, recevaient chaque mois toutes les nouvelles littéraires, dramatiques, philosophiques, politiques, mondaines, le jugement et l’analyse de toutes les publications importantes, le journal détaillé en un mot de la vie de Paris, avec laquelle ils restaient ainsi en communication constante. […] Mais telle est la séduction qu’exercent l’un sur l’autre ces deux grands et lucides esprits, qu’ils ne pourront rester brouillés. […] La Correspondance resta secrète, et ne fut connue qu’en 1812, où on en fit une éd.
Resté seul, Flavio lit la lettre, dans laquelle Flaminia le prie instamment de ne plus fréquenter la comédie. […] Les deux valets Pedrolino et Arlequin restent seuls sur le théâtre. […] Craignant toutefois que le capitaine, ainsi trompé, ne commît quelque violence, elles avaient prié le seigneur Oratio et le seigneur Flavio de prendre la peine de rester avec elles à jouer à la prime.
Chacune des pierres, chacune des briques qui les composent est un péché 513. » Le nom de « pauvre » (ébion) était devenu synonyme de « saint », d’« ami de Dieu. » C’était le nom que les disciples galiléens de Jésus aimaient à se donner ; ce fut longtemps le nom des chrétiens judaïsants de la Batanée et du Hauran (Nazaréens, Hébreux), restés fidèles à la langue comme aux enseignements primitifs de Jésus, et qui se vantaient de posséder parmi eux les descendants de sa famille 514. […] La « pauvreté » resta un idéal dont la vraie lignée de Jésus ne se détacha plus. […] Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent.
Un admirable hasard nous a conservé l’Orestie, la seule trilogie complète qui soit restée du théâtre grec. […] Quand le père s’en est repu, il fait apporter sur un bassin d’or leurs têtes et leurs mains nageant dans le sang. « Thyeste, — dit Eschyle, — vomit sur ce meurtre ; il renversa la table, et il appela l’inexorable Exécration sur les Pélopides. » Cette imprécation était restée célèbre dans l’antiquité. […] Leur lignée néfaste les personnifiait, elle en portait le poids, et la tache : te tatouage du cannibalisme restait empreint sur le front des fils de Tantale.
Certains noms de couleurs en sont restés à la phase mixte, tantôt substantifs, tantôt adjectifs : teint brique, cheveux acajou, la Revue saumon 19 ; mais tout substantif français peut être employé adjectivement : le champ de la composition des mots selon ce système est donc illimité20. […] Voici sans observations une liste de mots français avec leur nom correspondant en patois médical ; on jugera de quel côté sont la raison et la beauté : Adéphagie Fringale Adénoïde Glanduleux Agrypnie Insomnie Advnamie Faiblesse Omoplate Palette, Paleron (restés comme termes de boucherie) Ombilic Nombril Pharynx Avaloir (vieux français) Zygoma Pommette Thalasie Mal de mer Epilepsie Haut-mal Asthme Court-vent Ephélides Son (taches) Ictère Jaunisse Naevi Envies Phlyctène Ampoule Ecchymose Bleu, Meurtrissure, Sang-meurtri (vieux français) Myodopsie Berlue (latin : bislacere) Diplopique Bigle Apoplexie Coup de sang On pourrait continuer, car le vocabulaire gréco-français est fort abondant. […] Il faut rester dans l’analogie.
Elle est restée dans cette tour Sept ans passés sans voir le jour. […] — Ma fille, il faut changer d’amour Ou bien vous resterez dans la tour — J’aime mieux rester dans la tour Que de jamais changer d’amour !
L’œuvre du Symbolisme est et restera fort importante. […] Comme c’est avec des mots qu’on gouverne les hommes, et que le jour où les dieux s’en vont, les mots restent — nomina, numina, — il faut d’abord définir l’humanisme, s’entendre sur l’humanisme. […] Ils furent sages deux jours ; mais, à la fin de la semaine, quatorze d’entre eux avaient donné leur démission, et il ne restait plus que le président, fidèle à son poste d’honneur — par respect humain.
Elle a déjà publié anonymement quatre livres et l’anonyme y est resté. Il pourrait rester encore sur celui-ci, n’était qu’impatientée d’obscurité, l’auteur a fini par se nommer. […] Telle est la délicieuse théologie au jasmin, plus parfumée et plus sentimentale qu’orthodoxe, d’une femme qui ne s’est pas faite dévote de peur de n’être rien, comme dit Voltaire, car elle était quelque chose, et qui aurait pu rester charmante, sans se compromettre, en n’écrivant pas « que la femme pense plus loin que l’homme », par la plaisante raison « qu’elle aime davantage » !
Mais cela n’est pas démontré d’abord ; et d’ailleurs, cela serait certain, qu’après tout ce ne serait là qu’un mariage philosophique, dans lequel le mari serait resté, — comme toujours, en matière d’idées, — le chef de la communauté. […] Elle pouvait rester une délicieuse statue vivante, et, ce n’est plus qu’un Hermès. […] … Ce n’est plus qu’un Hermès, et qu’on me permette cette légèreté, — car les femmes graves me font léger jusqu’à la dépravation, — un Hermès dont les livres doivent rester pour nous hermétiquement fermés.
Quoique immensément au-dessous de Montesquieu, dont il descend, l’auteur des Études sur les civilisations a repoussé le joug de l’idée de Montesquieu qui a fait le plus de chemin, parmi tant de ses idées restées en route, et que la politique et l’histoire ont également dépassées… Il ne donne pas badaudement dans cette influence des climats qui a régné dans beaucoup de systèmes, et dont le dernier partisan est Taine, qui meurt intellectuellement de cette idée-là. […] Il restait donc l’Amérique, et il l’a prise, comme il devait la prendre, du reste, avec cette drôle de civilisation océanienne, anthropophage, et au baiser nasal, par-dessus le marché. […] Les vestiges qui nous restent de ces sociétés, de leurs travaux publics, de leurs architectures, doivent paraître à des âmes d’architectes, d’antiquaires et d’académiciens, des civilisations colossales.
Chauffée donc à cette double flamme de la représentation avec son éclat et du feuilleton avec son incroyable lyrisme, la société, qui est une femme (car, c’est vrai, les femmes font les mœurs, mais lorsqu’elles ne les défont pas), perd chaque jour ce qui lui restait de goûts simples et de vertus fortes, et c’est ainsi que le théâtre brise deux fois la famille, — par ses pièces et par ses acteurs. […] Un peuple aimable, et réputé le plus aimable des peuples, perd les grâces toutes-puissantes par lesquelles il a régné, et même la politesse, cette fleur de bienveillance sociale, restée la dernière de ses dons, se fane aussi sur sa couronne. […] à ces esprits-là tout est possible ; mais quand l’importance des vaudevilles ou des tragédies de salon paraîtrait à ces forts penseurs un droit à maintenir au génie, quand tel hôtel, à la porte blasonnée, serait devenu pour le théâtre français une succursale d’émulation honorable et utile, il resterait toujours la question qui prime toutes les autres, — la question des mœurs.
Il y a dans cette notion d’ange quelque chose de beau, de jeune, de guerrier, de dominateur et de rapide qui n’allait point à l’idée de cet être né sénile et resté enfant, de cette âme qui se débattait dans un homme et qui avait la voix d’androgyne de la Sagesse, car la voix de la Sagesse n’a point de sexe, comme dit Joubert lui-même en parlant de Fénelon… Intellectuellement, Fénelon serait peut-être la figure à laquelle Joubert, après Platon, ressemblerait le plus. […] Optimiste, il l’était plus que Platon lui-même et jusqu’à m’impatienter, moi qui ne croyais pas à la solution de ce problème, résolu maintenant : rester un esprit adorable et être optimiste comme un niais ! […] Il aurait envoyé, sans la suivre, se promener la métaphysique dans le champ des révélations arbitraires, et il serait resté avec la théologie positive dans le champ de la révélation historique.
Louis Vian a-t-il vu, comme moi, cette sécheresse à travers les faits qu’il rapporte de cette vie publique et privée, restée imposante ? […] Montesquieu, tout majestueux président qu’il pensait rester, était d’une époque où l’amour des sens, ce diable déchaîné, secouait les plus graves, et il eut comme les autres ses aventures de boudoir ; mais, de l’imagination, comme les poètes qui aiment, il montra le peu qu’il en avait dans des madrigaux absolument et détestable ment médiocres, et dans ce poème en prose du Temple de Gnide que la marquise du Deffand appelait : « l’Apocalypse de la galanterie », parce que la pauvre diablesse aveugle ne comprenait rien à celui de Saint Jean ! […] Mais Alcibiade resta en Angleterre.
Qu’on ne l’oublie pas, si l’on veut rester ferme dans la réalité humaine, les progrès de l’humanité ne sortent jamais que de l’action et de la réaction réciproque de l’initiative et du commandement de quelques-uns, et du bon sens et de l’obéissance de tous, — en d’autres termes, de l’union sympathique et féconde des gouvernants et des gouvernés. […] Cette œuvre n’en restera pas moins une grande et belle chose, la première lumière souveraine qui ait lui sur l’ensemble du monde romain. […] Si le mouvement de la civilisation n’avait pas emporté si fort Champagny, il fût plus resté dans la politique de son livre, et ce livre aurait tout un caractère qu’il n’a pas assez… Ainsi, nous le disons avec regret, tout vient aboutir au même reproche.