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389. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

. — Le terriblement d’esprit du jeune prince allait droit, je pense, au cœur de Mme de Longueville, à qui le post-scriptum au moins, et le reste aussi sans doute, fut bien vite montré. […] L’ancien chevalier de la Fronde, devenu amer et goutteux, n’était pas au reste ce qu’on pourrait se figurer d’après son livre seul. […] Personne, au reste, ne s’y méprit cette fois ; les lectures confidentielles avaient fait bruit, et le livre fut bien reçu comme l’œuvre de la seule Mme de La Fayette, aidée du goût de M. de La Rochefoucauld. […] Dans la teneur de la vie, elle était surtout sensée ; elle avait le jugement au-dessus de son esprit, lui disait-on, et cette louange la flattait plus que le reste : ici, la poésie, la sensibilité intérieure reprennent le dessus, quoique la raison ne manque jamais. […] Il adresse aussi des vers à Mme de Sévigné, à Mlle de Scudéry, à Mme Scarron ; mais c’est bien Mme de La Fayette qui reste décidément sa beauté en titre.

390. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Par tout ce que je viens d’exposer, je crois avoir suffisamment prouvé la supériorité de l’homme sur le reste des animaux. […] Au reste, le désir d’expliquer la philosophie, je l’ai conçu au milieu des malheurs et des guerres civiles de ma patrie, alors que je ne pouvais ni la défendre, selon ma coutume, ni demeurer oisif, ni trouver une occupation plus convenable et plus digne de moi. […] « Au reste, je m’adresse tout d’abord la question que se faisait à lui-même Carnéade : Sur quoi s’exerce la divination ? […] « À ces mots, Lélius s’écria ; un douloureux gémissement s’éleva de tous côtés : mais Scipion, avec un doux sourire : Je vous en prie, dit-il, ne me réveillez pas, ne troublez pas ma vision, écoutez le reste. […] L’envie est l’ombre que les sommités humaines font au reste des hommes ; Cicéron est si grand que l’ombre de son nom nous offusque encore.

391. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Ce pas, Corneille n’en fit que la moitié ; mais c’était assez pour sa gloire, et assez pour emporter le reste. […] Il ne lui reste qu’à l’entendre de la jolie bouche d’Isabelle. […] Ce grand progrès des situations suscitées par les caractères emportait tout le reste. […] Il y a cependant quelques restes de la comédie d’intrigue dans ces chefs-d’œuvre de la comédie de caractère. […] Il n’en reste qu’une à toucher : c’est cette réunion extraordinaire de talents qui fit de ce grand homme un poète hors de pair et un acteur de premier ordre.

392. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Cette dernière n’en reste pas moins virtuellement vraie, malgré le démenti que lui donne le présent… Le regrès de l’hérédité des caractères acquis est un fait nécessaire ; il est même déjà constatable. […] Il n’en reste pas moins que l’action de la physiologie sur les intelligences est tout aussi considérable qu’autrefois. […] Chez beaucoup, il est vrai, la faculté intuitive reste silencieuse, étouffée qu’elle est par les notions toutes faites mises en nous presque à notre insu par la société. […] Toutefois un doute reste possible au sujet de cette objectivité. […] Si faible, si rare que soit l’originalité véritable, si difficile qu’elle devienne par suite de la complexité croissante des tâches et des œuvres, de la division croissante du travail et du développement illimité des spécialismes et des compétences, cette originalité reste malgré tout possible : elle reste le facteur du progrès, la fleur de la culture, la raison d’être de l’effort intelligent.

393. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Quel rôle reste-t-il au merveilleux des poètes épiques dans des contrées où l’on apprend par cœur ce livre aux générations qui se renouvellent, pendant que le lait des mères coule encore sur les lèvres des enfants ? […] « Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine ! […] « Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : Voilà celui qui nous menait dans les hasards ; sous lui se sont formés tant de renommés capitaines que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre : son ombre eût pu encore gagner des batailles ; et voilà que, dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux et n’arriver pas sans ressources à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler. […] La voix s’éteint, l’orateur passe, mais le diapason reste.

394. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Il se conservait de plus, comme un reste des temps de persécution et de solitude, certaines prières assignées à diverses heures du jour. […] Conduis-moi, aujourd’hui même, au but de ma route. » On le comprend, au reste : quelque belle que soit par moment cette poésie, les tons doivent en être peu variés ; la tristesse religieuse qui en est l’âme en fait l’uniformité. […] Ce reste des blessures du siècle le suivra, le tourmentera dans la retraite, soit cette retraite passagère et troublée qu’il se faisait parfois au milieu des splendeurs de sa métropole, soit cette solitude profonde et sans retour où il ensevelit ses dernières années. […] Reste pour nous le spectacle même de l’état des âmes décelé par cette poésie : la ferveur dans une foi confuse encore, le jeu de la fantaisie dans l’abstraction même ; quelque chose enfin de semblable aux rêves de Proclus, ramenant les vieilles fables du polythéisme vers une sorte d’allégorie morale, vers un mystique amour de la science et de la vertu. […] Telle est la lente extinction des anciennes croyances : lors même qu’une foi jeune et pure en consume les restes du souffle de sa flamme, elles s’agitent sous la cendre ; elles jettent des lueurs encore vives, que fait ressortir le temps nouveau qui les entoure.

395. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Revenue plus tard en France à titre de comtesse de Grammont, femme de la Cour des plus en vue, hautaine, brillante, galante même, mais respectée et considérée jusque dans ses dissipations, elle garda en vieillissant des restes de beauté, se fit agréer en tout temps de Louis XIV, et au point de donner par moments de l’ombrage à Mme de Maintenon. […] Elle n’était plus jeune, elle n’était plus belle, elle le disait sans doute, mais elle avait de beaux restes, elle le savait, elle en jouissait encore tout bas comme un vaincu généreux qui sait se faire respecter, même en se retirant. […] Si peu qu’il reste de désirs et de sensibilité d’amour-propre, on a toujours ici de quoi vieillir : on n’a pas ce qu’on veut, on a ce qu’on ne voudrait pas ; on est peiné de ses malheurs, et quelquefois du bonheur d’autrui ; on méprise les gens avec lesquels on passe sa vie, et on court après leur estime. […] Il me reste à montrer Fénelon par ses parties plus fermes et plus fortes, dans sa correspondance à demi spirituelle, à demi politique, avec le duc de Bourgogne, avec le duc de Chevreuse : c’est la fin du règne de Louis XIV vue de Cambrai.

396. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Trop souvent les historiens ne savent bien que quelques points de leurs sujets, et à ces points ils sacrifient le reste : ils sont obligés par des suppositions, par des vues, par des phrases, de combler des intervalles et de dissimuler leur embarras ; ces historiens-là sont plus ou moins de la race des rhéteurs. […] Je ne prendrai pas pour exemple, dans ce volume même, tout ce qui tient au blocus continental et à ces questions de douanes qu’il fait suffisamment comprendre, à la seule condition d’y donner tout leur développement : mais si l’on s’attache à cette expédition de Masséna en Portugal, expédition ingrate s’il en fut, pleine de mécomptes, où tout avorte, où les combats acharnés restent indécis, où personne n’a d’illusions, et où, si peu qu’on en ait, le résultat trouve encore moyen de tromper un reste d’espérance ; si l’on suit cette expédition dans l’Histoire de M.  […] Mais il doit aussi être juste, et ne pas prétendre que je reste plus longtemps où je suis, mannequin responsable de tout le mal qu’il ne peut ni prévoir ni empêcher… (Septembre 1810.) […] On lit dans une lettre de Napoléon à Berthier, du 19 septembre 1810 : Mon cousin, faites partir demain un officier porteur d’une lettre pour le prince d’Essling, dans laquelle vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il attaque et culbute les Anglais ; que lord Wellington n’a pas plus de 18000 hommes dont seulement 15000 d’infanterie, et le reste de cavalerie et d’artillerie ; que le général Hill n’a pas plus de 6000 hommes d’infanterie et de cavalerie ; qu’il serait ridicule que 25000 Anglais tinssent en balance 60000 Français, etc.

397. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On voit des restes de barbarie encore subsistante par la plus belle matinée déjà commencée de civilisation ; on se croirait pour de certains détails dans des temps sauvages, et l’on trouve tout aussitôt des choses exquises. […] Dans les préceptes et maximes qu’il donne de l’art d’aimer, il n’a rien non plus de cette agréable facilité d’Ovide, et rappelle plutôt, par le subtil des cas et des questions, un reste des cours d’amour ; c’est un voisin de Benserade. […] Quand on a renoncé à sa fortune par sa faute, et quand on a bien voulu faire tout ce que M. de Bussy a fait de propos délibéré, on doit passer le reste de ses jours dans la retraite, et soutenir avec quelque sorte de dignité un rôle fâcheux dont on s’est chargé mal à propos… Il faudrait citer tout ce qui suit. […] Il y avait là, convenons-en, de quoi faire, enrager un gentilhomme de bonne race et lui faire manger son cœur ; et c’est en effet à quoi Bussy passa le reste de sa vie.

398. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon reste impassible là où Montesquieu se pique et où Voltaire enrage, et ils se valent à peu près tous les trois pour le fond des croyances. […] Lui qui rend si pleine justice à Voltaire, il reste fidèle à ses connaissances et à ses admirations du bon cru : le président de Brosses demeure pour lui jusqu’à la fin « le plus digne de ses amis comme le plus savant de nos littérateurs. » L’homme qui a le plus fait pour Buffon en ce temps-ci, en commentant ses idées, en rééditant ses œuvres et en conférant ses manuscrits, M.  […] Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ? […] Conformez-vous en entier, pour tout le reste, aux avis de M. de Faujas, qui vous fera part de toutes mes intentions et vous remettra vingt-cinq louis de ma part ; et si vous avez besoin des trois mille livres que vous devez recevoir le 4 août, je les donnerai à M. 

399. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Jamais éducation de prince (et en parlait ainsi, je me souviens de celle du Dauphin son père, élevé par Montausier et Bossuet) ne convoqua et ne réunit un groupe d’hommes plus distingués, plus appropriés à l’œuvre à laquelle ils se vouaient : M. de Beauvilliers, gouverneur ; — Fénelon, précepteur ; — l’abbé Fleury, sous-précepteur, conjointement avec l’abbé de Beaumont, neveu de Fénelon ; — l’abbé de Langeron, lecteur ; et le reste choisi à l’avenant. […] Montausier qui, sous ses vertus de Caton et sous le manteau de duc et pair, avait un arrière-fond de pédant et une dureté de cuistre, eut beau déployer et briser sur son élève le fouet et la férule, — Bossuet, qui assistait aux coups sans mot dire, eut beau écrire pour lui les traités les plus relevés et les plus magnifiques discours, — au lieu de le stimuler par aucun moyen, on n’était parvenu qu’à l’assommer et à le rebuter, pour le reste de sa vie, de toute noble application de la pensée. […] Dans sa fureur la plus bizarre et la plus insensée, il est plaisant, éloquent, subtil, plein de tours nouveaux, quoiqu’il ne lui reste pas seulement une ombre de raison. […] Au reste, l’abbé Proyart, dans son élégante et louable Histoire du duc de Bourgogne (1782), tout en indiquant les défauts, ne les avait pas non plus assez gravés et mis en relief.

400. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Ajoutez que la pièce est dans la vraie mesure de l’art ; la moralité y est plutôt conclue qu’affichée ; elle reste à tirer, l’auteur ne l’impose pas ; et si l’on veut à toute force conjecturer que le jeune artiste au cœur trop faible, s’il avait écarté différemment, aurait trouvé un autre genre d’écueil dans le bonheur somnolent du mariage, comme il a trouvé sa perte sur la mer orageuse de la passion, il n’y a pas de raison absolue qui s’y oppose : vous êtes libre d’y rêver tout à votre aise. […] Elle exerce, au reste, un prestige sur tout ce qui l’entoure. […] Elle reste dans l’ignorance obstinée des lettres jusqu’à ce qu’un jour, ayant vu des signes gravés sur la tombe de ses père et mère, et ayant voulu savoir le sens de ces épitaphes sans pouvoir obtenir de réponse satisfaisante, elle se met à profiter incontinent des leçons du curé, qui, dès ce moment, ne reconnaît plus son élève. […] Mais le reste, tout ce qui est alentour, semble bien artificiel.

401. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Mais l’auteur n’a pas pris ce point de vue, ou plutôt il n’en a pris aucun : toute la pièce reste aussi indécise que la nouvelle même qui en a été l’occasion. […] Il n’a point suivi, on le voit bien, les restes de l’orateur illustre, dans cette soirée tristement solennelle, sous des torrents de pluie, à la lueur des flambeaux. […] Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers. […] Pour avoir connu la popularité, pour s’y être livré, et pour lui avoir ensuite résisté un seul jour, Édouard a perdu sa situation politique, sa maîtresse, son ami : il lui reste sa conscience et la bénédiction de son père.

402. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Il y tenait au reste beaucoup plus qu’on ne croirait. […] La Mort déployant ses ailes Couvroit d’ombres éternelles La clarté dont je jouis, Et dans cette nuit funeste Je cherchois en vain le reste De mes jours évanouis. […] Et pourtant il aurait dû, ce semble, comprendre la force de ce cantique si rempli d’une pieuse tristesse, l’homme malheureux, et peut-être coupable, que Dieu avait frappé à son midi, et qui avait besoin de retrouver le reste de ses jours pour se repentir et pleurer. […] Il a aiguisé une trentaine d’épigrammes en style marotique, assez obscènes et laborieusement naïves ; c’est à peu près ce qui reste aussi de Mellin de Saint-Gelais35.

403. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Savoir est donc considérer à part certains points d’un objet en négligeant le reste. […] Il ne reste plus rien maintenant des idées générales et abstraites ; les voilà dénaturées deux fois. […] A peine trois ou quatre points brillants sur un fond uniforme et terne ; le reste n’est que monotonie et confusion. […] Elles sont venues d’elles-mêmes se placer sur sa toile, et le reste, qui méritait de périr, a péri ; le personnage est ici tout entier, et non plus épars entre hier, aujourd’hui et demain ; ses traits, qui, désunis, languissaient, une fois réunis, saisissent.

404. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Quand son sénat, qui ne faisait pas tout ce qu’il en eût désiré, le nomma à l’ambassade de Rome, ce poëte, considérant l’état de crise où il laissait la république, et le péril de confier cette légation à un autre, dit ce mot devenu célèbre : S’io vo, chi sta, e s’io sto, chi va : Si je pars, qui reste, et si je reste, qui part ? […] Au reste, ce poëme ne pouvait paraître dans des circonstances plus malheureuses : nous sommes trop près ou trop loin de son sujet. […] Les mânes signifient restes, et désignent ce qui survit à l’homme, ce qui est permanent après lui.

405. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Dans les premiers temps de ce séjour à Cirey, il écrivait à d’Argental, en revenant de faire un voyage de Hollande, et en nous découvrant toute sa pensée, ses affections, les parties les plus sérieuses de son âme : Je vous avoue que si l’amitié, plus forte que tous les autres sentiments, ne m’avait pas rappelé, j’aurais bien volontiers passé le reste de mes jours dans un pays où du moins mes ennemis ne peuvent me nuire, et où le caprice, la superstition et l’autorité d’un ministre ne sont point à craindre. […] c’est une douce chose », s’écrie-t-elle en un endroit, et elle prouve de reste qu’elle s’y complaît. […] Si l’on excepte l’appartement de la dame et celui de Voltaire, le reste de la maison est d’une malpropreté extrême, et parfaitement inconfortable, comme nous dirions. […] c’est là que l’homme reste et que le héros s’évanouit ; il serait homme à ne point pardonner à quelqu’un qui louerait Rousseau. » Et pour les louanges, « on les aime à toutes sauces, surtout quand on dit des injures à cet abbé Desfontaines ».

406. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

On peut dire tout ce qu’on voudra, maint noble cœur prendra parti pour Marie Stuart, même quand tout ce qu’on a dit d’elle serait vrai. » Cette parole que Walter Scott met dans la bouche de l’un des personnages de son roman (L’Abbé), au moment où il prépare le lecteur à l’introduction auprès de la belle reine, reste le dernier mot de la postérité comme des contemporains, la conclusion de l’histoire comme de la poésie. […] Dans l’espérance où elle était d’épouser le duc de Norfolk, qui faisait l’amoureux d’elle et de sa couronne, et qu’au reste elle ne vit jamais. […] Sa faute n’est pas là, et, au milieu de tant d’infidélités et d’horreurs, ce serait pousser bien loin la délicatesse que de réclamer l’éternité du sentiment pour ces restes d’une passion effrénée et sanglante. […] et déjà blanchie avant l’âge ; quand on l’entend, dans la plus longue et la plus remarquable de ses lettres à Élisabeth (8 novembre 1582), lui redire pour la vingtième fois : « Votre prison, sans aucun droit et juste fondement, a jà détruit mon corps, duquel vous aurez bientôt la fin s’il y continue guère davantage, et n’auront mes ennemis beaucoup de temps pour assouvir leur cruauté sur moi : il ne me reste que l’âme, laquelle il n’est en votre puissance de captiver » ; quand on a entendu ce mélange de fierté et de plainte, la pitié pour elle l’emporte, le cœur a parlé ; ce doux charme dont elle était douée, et qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, reprend le dessus et opère sur nous à distance.

407. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Il n’en reste pas moins que, pendant ces dernières années, en dépit des oppositions, la cause de la sociologie objective, spécifique et méthodique a gagné du terrain sans interruption. […] III Il nous reste à dire quelques mots de la définition que nous avons donnée des faits sociaux dans notre premier chapitre. […] Mais, malgré les grands progrès qui ont été faits en ce sens, on verra par la suite de ce travail qu’il reste encore de nombreuses survivances du postulat anthropocentrique qui, ici comme ailleurs, barre la route à la science. […] Il n’en reste pas moins que le champ des variations permises est limité.

408. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Qu’il n’en reste plus qu’un souvenir, une place vide où nous écrirons : Ci-gît la littérature de 1825… En avant, mes amis. […] « Démolissons-le, qu’il n’en reste plus qu’un souvenir, une place vide où nous inscrirons : “Ci-gît la littérature de 1825.” » — N’est-ce pas un peu présomptueux à vous de composer l’épitaphe de l’ours avant de l’avoir tué ? […] Une chose reste constante : au temps qu’il faisait sa rhétorique au collège des Quatre-Nations, le petit Suttières passait ses jours de congé à Ferney, chez M. de Voltaire, son correspondant. […] DE SUTTIÈRES PASSE, LE ROMANTISME RESTE (Sagesse des nations.)

409. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Au reste, je n’ai pas besoin d’expliquer qu’il ne s’agit point ici du système de la perfectibilité, tel qu’il a été entendu dans ces derniers temps ; car alors j’aurais à assigner les limites naturelles de cette perfectibilité, qui ne sont autres que les limites mêmes de la liberté de l’homme. […] Ne disons point, au reste, qu’une telle peinture soit un jeu de l’esprit : les traditions de la poésie ne sont-elles pas aussi une réalité ? […] L’Angleterre, au reste, ne pouvait s’arroger les prérogatives de la France, car le signe de la domination ne lui avait pas été accordé ; je veux dire notre langue, qui est la langue européenne. […] Il paraît qu’elle est destinée à conserver encore quelque temps, à l’extrémité de l’Europe, le dépôt des vieilles traditions de l’ordre de choses qui vient de finir ; il est peut-être, en effet, utile qu’il reste des témoins de plusieurs âges de civilisation.

410. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

… Profanateur de nature et d’éducation, flétrissant, pourrissant, un peu pourri lui-même, tel est Mistigris ; et je souffrirais d’avoir à dire qu’il reste quelque chose de cet affreux enfant terrible dans le talent élégant, désinvolte et presque aristocratique de Gustave Droz, si, en tournant les pages de son livre, je ne trouvais, à ma grande joie, le La Bruyère mauvais sujet corrigé, marié et père, — comme ces bons cœurs de mauvais sujets le deviennent, — le Bébé arrivé et Mistigris parti, par respect pour cette innocence, qui a fait tout à coup sûr l’auteur un peu immodeste de Monsieur et de Madame l’assainissant effet d’une contagion de pureté. […] C’est un amour qui reste un amour des sens paternels. […] L’abbé Roque, épris de la comtesse de Manteigney, est certainement coupable aux yeux de Dieu, des hommes et de lui-même ; mais il combat avec fureur contre sa passion qui ne l’a égaré qu’une seule fois, mais il est dévoré de remords, mais il se met humblement au pied de la croix, mais, tout le reste de sa vie, il est irréprochable, héroïque et sublime. — Et lorsque, dans le roman de Droz où la Comédie alterne avec le Drame, Larreau, le père de la comtesse, qui dès le premier jour a visé ce prêtre pour son miracle et veut, à force de sophismes et de bagout industriel et progressif, et même religieux, le faire complice de son grotesque et abominable mensonge, le prêtre indigné, dont la colère monte devant le Seigneur, ne fléchit pas une minute dans son indignation et sa colère, — une colère terrible ! […] On la sent de reste dans le livre de Gustave Droz, et cette ironie, qui n’est qu’une condamnation implicite, peut avoir la sévère beauté d’en être une explicite demain !

411. (1887) La banqueroute du naturalisme

Car, je consens bien que les amateurs trouvent encore d’assez beaux morceaux dans La Terre, un reste de souffle, et, par endroits, presque de la puissance, dans ces descriptions, par exemple, où M.  […] Manger, boire, et le reste, il ne se passe guère autre chose dans les quatre-vingt-quinze feuilletons que j’ai lus de La Terre, et le « reste » surtout en remplit des colonnes entières. […] Ce qui n’est enfin ni moins grave que le reste, ni d’ailleurs moins faux dans La Terre, c’est la grossièreté du langage.

412. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Cela dit, on voit de reste quelle dut être l’étendue de mon désillusionnement et de mon mécompte, — le mot est trop faible, — de mon deuil sur Lamartine, même dans ce qui parut à d’autres son plus beau triomphe. […] le voilà à même de pratiquer et de professer ces sciences faciles. » « — Ce n’est pas en lui-même ni dans son bon sens personnel que Lamartine puise ce qui lui reste de bon aujourd’hui : il le doit à ses habitudes antérieures, au milieu social d’où il est sorti, à une certaine atmosphère d’homme comme il faut dont il ne pourra jamais se défaire. […] « Au reste je le trouvai plus grand et plus sec que jamais, le profil noble et roide, bien portant malgré sa fatigue et sa maigreur, soutenant à merveille ce rôle de chef populaire, avec cet œil d’oiseau de haut vol qui plane et qui discerne toutes choses de sa hauteur.

413. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

La part faite au blâme, et faite aussi large qu’on voudra, il reste assez de place pour l’admiration ; on sent qu’on serait fier d’avoir siégé jusqu’au dernier jour dans cette Assemblée de bourgeois, qui si souvent brava les poignards populaires et qui brava toujours l’Europe conjurée. […] Au reste, ce ne fut point par eux qu’on commença. […] Au reste, leurs morts sanglantes, qui viennent les dernières après tant de morts illustres, sont dignes de figurer avec elles sur les mêmes tables de proscription, et de clore ces listes funèbres aussi déplorables que glorieuses.

414. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Dans cette imperfection, à laquelle la nature humaine est condamnée, des qualités fortes et généreuses font oublier des égarements terribles, pourvu que le caractère de la grandeur reste encore imprimé sur le front du coupable, que vous sentiez les vertus à travers les passions, que votre âme enfin se confie à ces hommes extraordinaires, souvent condamnables, souvent redoutés ; mais qui, néanmoins, fidèles à quelques nobles idées, n’ont jamais trahi le malheur, ni frémi devant le danger. […] Que reste-t-il de tous ces efforts ? […] Mais qu’on voudrait, au prix de la moitié de la vie qui reste à parcourir, ne pas être entrée dans la carrière des lettres et de la publicité qu’elles entraînent !

415. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera est tellement hégélien, qu’il pourrait bien rester tel par une de ces destinées qui tiennent à l’ordre hiérarchique des esprits dont les plus forts, dans un ordre d’idées, sont les plus fidèles ; mais s’il reste hégélien, nous lui devrons toujours Hegel, cet Hegel auquel il devra, lui, sa philosophie. […] En philosophie, les hommes eux-mêmes, si contraires qu’ils soient par la doctrine et par tout le reste, ont l’identité de la chimère. […] Quand on absout l’humanité, parce que, dit-on, on la comprend, quand la meilleure justification des choses est… qu’elles sont ou qu’elles furent, il faut bien accepter la religion avec tout le reste, car il y en a eu assez, de religions, sur la terre de ce globe, et assez de sentiment religieux dans les cœurs qui battent encore à sa surface ou qui dorment glacés dessous.

416. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister. […] Qu’il le sache ou bien qu’il l’ignore, le Dr Athanase Renard traîne des restes de cartésianisme dans sa pensée. […] IV Mais si la psychologie de Descartes a fait fléchir la rigueur d’une définition qui devait être rigoureuse sous la plume d’un aussi fort chrétien que l’auteur des Philosophes et la Philosophie, n’oublions pas que partout ailleurs, dans son livre, il reste l’homme irréprochable de ce Spiritualisme qui meurt actuellement sous l’étreinte du plus brutal Matérialisme, et que le Christianisme peut, seul, ressusciter, en l’en arrachant !

417. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

II Au reste, cette invention des deux Églises, qui n’est pas neuve et qui n’est pas de lui, convient parfaitement à un homme qui a passé sa vie entre deux idées, comme on reste assis par terre entre deux selles. […] Effrayante alternative pour Guizot, qui n’a même guères abordé que par la main des autres la vie publique de Calvin et son gouvernement spirituel, mais qui, pour le reste, pour cet abîme de la moralité d’un homme, qu’il faut pénétrer et sonder dans tout homme, quand on se charge de son histoire, a fait ce qu’on fit à la mort de Calvin, dont on s’empressa de clouer vite dans le cercueil le cadavre, qui aurait parlé, et de le jeter dans la tombe… Prudence terrible, qui dit même plus qu’on n’ose penser.

418. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Ce sont eux qui sont aujourd’hui responsables de ce qui reste de gloire encore à Mme de Girardin. […] à ce rutilant et truculent Gautier, obligé à vanter des tragédies jetées dans le vieux moule classique et écrites comme si le moule était si usé qu’il ne marque plus… Pour la Cléopâtre, il s’en tire habilement en nous donnant un médaillon de Cléopâtre, un Émail et Camée de sa façon : mais pour la Judith, il y reste, sentant bien, au fond de sa conscience, — poids fâcheux ! […] Il reste l’amour des enfants qui peut chanter encore, qui peut chanter toujours : n’a-t-il pas chanté ainsi dans Mme Desbordes-Valmore ?

419. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Mais, que ces maximes soient fondées en raison ou simplement posées par la conscience, ce qui nous importe ici, c’est l’attitude qu’elles impriment à l’esprit : elle reste distincte de l’attitude de la science. […] Mais combien ces interférences nuisent à l’exacte vision des rapports de fait, on le sait de reste. […] Mais, une fois la fin posée, reste à savoir quels moyens sont propres à la réaliser.

420. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Le sol de l’ancienne Rome avait été caché deux ou trois fois ; des restes de palais ou de temples noircis par les feux, et un terrain immense couvert de décombres, attestaient seuls son ancienne grandeur. […] C’était un reste d’hommage que l’Europe, au bout de dix siècles, rendait encore à ses anciens tyrans. Enfin, le temps arriva, et la lumière partit du fond de l’Italie ; mais elle ne se répandit que peu à peu sur le reste de l’Europe.

421. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Que reste-t-il de ce volume lorsqu’on l’a lu ? Ce qui reste d’une conversation spirituelle et facile qui nous a intéressés, quelques traits fugitifs comme elle, le plaisir d’y avoir assisté, et l’embarras de la reproduire.

422. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

» Mais il reste sombre et il cache le journal pour qu’on ne le lise pas autour de lui. […] Dès le premier vote, les trois quarts des députés boulangistes se rallient tranquillement aux radicaux, et le reste aux monarchistes.

423. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Lire un livre pour en jouir, ce n’est pas le lire pour oublier le reste, mais c’est laisser ce reste s’évoquer librement en nous, au hasard charmant de la mémoire ; ce n’est pas couper une œuvre de ses rapports avec le demeurant de la production humaine, mais c’est accueillir avec bienveillance tous ces rapports, n’en point choisir et presser un aux dépens des autres, respecter le charme propre du livre que l’on tient et lui permettre d’agir en nous… Et comme, au bout du compte, ce qui constitue ce charme, ce sont toujours des réminiscences de choses senties et que nous reconnaissons ; comme notre sensibilité est un grand mystère, que nous ne sommes sensibles que parce que nous sommes au milieu du temps et de l’espace, et que l’origine de chacune de nos impressions se perd dans l’infini des causes et dans le plus impénétrable passé, on peut dire que l’univers nous est aussi présent dans nos naïves lectures qu’il l’est au critique-juge dans ses défiantes enquêtes.

424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Or, il est évident que par tout le reste de son œuvre, Attila, Saint Paul, Mahomet et les poèmes couronnés par l’Académie, M. de Bornier est « un monsieur bien sage », je veux dire un excellent littérateur de plus de noblesse morale que de puissance expressive, poète par le désir et l’aspiration, mais un peu inégal à ses rêves. […] Mais il a si clairement vu, si profondément senti, si passionnément aimé ce qu’il avait entrepris de faire, que la pensée a, cette fois, emporté la forme et que, même aux endroits où cette forme reste un peu courte et où se trahit le défaut d’invention verbale, une âme intérieure la soutient et communique à ces vers un frisson plus grand qu’eux.

425. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

L’originalité et la gloire de son œuvre est justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. […] C’était un peu ridicule, et pourtant… Si Victor Hugo reste au théâtre, comme ailleurs, un incomparable poète lyrique, la vérité vraie, c’est qu’un drame du bon Ponsard n’est en aucune façon plus ennuyeux, à la scène, que Marion de Lorme ou le Roi s’amuse.

426. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Il y a des questions sur lesquelles la morale reste muette et ne peut rien décider. […] Au reste, ce qui peut justifier La Fontaine, c’est que ces deux vérités sont si près l’une de l’autre, que l’esprit les réduit aisément à une moralité seule et unique.

427. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ici le tempérament lent et lourd21 reste longtemps enseveli dans la vie brutale ; au premier aspect, nous autres, gens de race latine, nous ne voyons jamais chez eux que de grandes et grosses bêtes, maladroites et ridicules quand elles ne sont pas dangereuses et enragées. […] Parlons-en à loisir ; il nous reste un de leurs poëmes presque entier, celui de Beowulf. […] Le reste du courant païen, germain et barbare, a été arrêté ou recouvert, d’abord par l’entrée de la religion chrétienne, ensuite par la conquête des Français de Normandie. […] Ces Normands ont beau s’être altérés, francisés ; d’origine et par quelque reste d’eux-mêmes ils sont parents de leurs vaincus. Ils ont beau importer leurs mœurs et leurs poëmes, faire entrer dans la langue un tiers de ses mots ; cette langue reste toute germanique, de fonds et de substance76 ; si sa grammaire change, c’est d’elle-même, par sa propre force, dans le même sens que ses parentes du continent.

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