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712. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Toutefois, il faut bien reconnaître que la part de liberté qui nous reste après une application rigoureuse du principe de la conservation de la force est assez restreinte. […] Dire que l’âme se détermine sous l’influence de l’un quelconque de ces sentiments, c’est donc reconnaître qu’elle se détermine elle-même. […] Petit à petit ils formeront une croûte épaisse qui recouvrira nos sentiments personnels ; nous croirons agir librement, et c’est seulement en y réfléchissant plus tard que nous reconnaîtrons notre erreur. […] — Nous le reconnaissons sans peine ; mais une prévision de ce genre n’a pas la moindre ressemblance avec celle d’un acte volontaire. […] Constater la succession régulière de deux phénomènes, en effet, c’est reconnaître que, le premier étant donné, on aperçoit déjà l’autre.

713. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Penquer, Mme = Salaün-Penquer, Léocadie (1817-1889) »

C’est quand vous êtes dans ces tons justes que vous me semblez le plus vous-même et qu’il me plaît surtout de vous reconnaître.

714. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 372-373

On a reconnu la fausseté de la plupart de celles qu’il a hasardées sur Charles IX, Henri III & Henri IV.

715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 381-382

Ses talens pour l’éloquence, reconnus dans l’Eloge funebre de M. le Dauphin, ses Mandemens qu’il fait lui-même, ses Lettres Pastorales qui respirent le patriotisme, & quelques autres Ouvrages où il n’a pas mis son nom, prouvent que l’Académie Françoise a moins recherché dans lui l’éclat de la naissance, que les qualités d’un Littérateur éclairé.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 504

Ces Histoires particulieres sont intéressantes par le plan, la méthode, les agrémens & la pureté du style ; l’Historien n’est blâmable que d’y avoir hasardé quelques anecdotes dont on a reconnu la fausseté.

717. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 482-483

On voit, dans une de ses Pieces, intitulée la Force du sang, une fille enlevée de chez son pere, au premier acte, qui, au second, paroît dans la maison du Ravisseur ; elle accouche d’un fils, au troisieme ; ce fils, au quatrieme, se trouve âgé de sept ans, & au cinquieme acte, est reconnu par son pere.

718. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 269-270

Toutes les inconséquences de sa conduite n’empêchent pas qu’on ne doive reconnoître en lui beaucoup de talent.

719. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 81-82

On y reconnoît une plume exercée par l'aisance que donne l'usage de la Société.

720. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

C’est au témoignage unanime des hommes qu’il est donné de les consacrer, c’est par la comparaison des diverses littératures qu’on peut arriver à les reconnaître. […] On reconnaît, dans des directions très opposées, trois groupes : les idéologues, ou les analystes, — les attiques, ou les artistes, — les chrétiens, ou les « penseurs ». […] La confession d’une nature originale, l’expression d’une personnalité sincère, sont même reconnus comme la valeur essentielle de la littérature. […] Cela se reconnaît dans sa poésie. […] Si nous relisons encore cette ode de 1830 et ce court poème de 1854, nous y reconnaissons une confrontation de ceux qu’on peut appeler deux princes du dialogue avec un prince du monologue.

721. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Brandes lui-même le reconnaît. […] Toutes les fois que j’ai lu des pages de lui sur quelqu’un des nôtres, j’ai reconnu malgré moi, dans son esprit bien plus encore que dans son style, cet indéfinissable accent que la marchande d’herbes d’Athènes reconnaissait dans la prononciation du Béotien Théophraste. […] Donc elle reconnaît le Messie, et l’adore. […] On reconnaît, dans l’agencement de l’action, l’infaillible et subtile main de l’auteur des Surprises du divorce, comme on reconnaît à chaque instant, dans le dialogue, toute sa cordiale gaîté d’excellent homme. […] Il reconnaîtrait que le masque qu’il a rejeté n’était plus entièrement un masque, et qu’en l’arrachant il s’est arraché des lambeaux de lui-même.

722. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

C’est ainsi que l’innocence d’Elsa fut reconnue. […] Je reconnais la chaîne d’or dont j’ai entouré son cou. […] C’est un grand avantage qu’il prenait là et qu’il faut désormais lui reconnaître. […] Peut-être se reconnaîtront-ils à un grand lis qu’ils tiendront à la main. […] On reconnaîtra que c’est là un Héliogabale bien innocent.

723. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

On ne s’y reconnaissait plus ; on ne le reconnaissait plus ; il avait changé. […] De Maistre ne reconnaîtra donc point de droits à la caste dont il est, ni à nulle autre. […] Elle fait à chacun une part égale d’autonomie ; elle reconnaît à chacun « ses droits de l’homme ». […] — Il est possible ; mais comment voudrait-on que les hommes reconnussent la loi universelle autrement qu’en s’y associant ? […] — Il ne veut pas de liberté de conscience, et je reconnais que la liberté de conscience n’était pas loi fondamentale de l’ancienne France.

724. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Explication du titre de la seconde section. »

Mais quand l’amitié et les sentiments de la nature seraient sans exigence, quand la religion serait sans fanatisme, on ne pourrait pas encore ranger de telles affections dans la classe des ressources qu’on trouve en soi ; car ces sentiments modifiés rendent cependant encore dépendant du hasard : si vous êtes séparé de l’ami qui vous est cher, si les parents, les enfants, l’époux que le sort vous a donné, ne sont pas dignes de votre amour, le bonheur que ces liens peuvent promettre, n’est plus en votre puissance ; et quant à la religion, ce qui fait la base de ses jouissances, l’intensité de la foi, est un don absolument indépendant de nous ; sans cette ferme croyance, on doit encore reconnaître l’utilité des idées religieuses, mais il n’est au pouvoir de qui que ce soit de s’en donner le bonheur.

725. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baour-Lormian, Pierre Marie François Louis (1770-1854) »

Dussault Il est généralement reconnu que M. 

726. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rictus, Jehan (1867-1933) »

… Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus.

727. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 289-290

Ami de Ronsard, il se laissa d’abord éblouir par le faux brillant de sa Poésie ; mais il reconnut bientôt son erreur, pour s’attacher à la maniere de Desportes, qui étoit aussi son ami, & qui pouvoir lui servir de modele pour la douceur & le naturel de ses vers ; il le surpassa même par la pureté de son style & la sagesse de sa Muse.

728. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 107-108

On y reconnoît sans interruption l'Ecrivain élégant & plein de goût, le Critique judicieux & familiarisé avec les bons modeles, le Philosophe qui pense & qui sait intéresser le Lecteur en l'instruisant.

729. (1902) Propos littéraires. Première série

Il en avait ; il en fit ; il en devint très fatigant, comme tout le monde, je crois, le reconnaît. […] Cela dit, je me fais un plaisir de reconnaître qu’il y est très bien compris. […] Il y a vraiment beaucoup de rapports entre Musset et Henri Heine, sans, je le reconnais, qu’il faille pousser jusqu’à l’identification. […] À ceux-là je donnerai un bon fil conducteur pour se reconnaître. […] Mais elle est un organisme inférieur, puisqu’elle manque de beaucoup des organes que l’on reconnaît dans les animaux bien constitués.

730. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Je reconnais d’ailleurs que l’on ne défend pas, ou du moins que l’on a défendu jusqu’ici faiblement la valeur littéraire des mystères. […] Reconnaissons à ces signes que la littérature du moyen âge avait rempli le nombre de ses jours. […] On l’admire de notre temps ; eux la jugeaient, et, précisément parce qu’ils la jugeaient, ils savaient y reconnaître et y reprendre leur bien. […] Même, je penche à croire que, si Pascal revenait parmi nous, il se reconnaîtrait plutôt encore dans l’édition de Port-Royal que dans celle même de M.  […] Benjamin Fillon, nous permettent même d’aller plus loin et de reconnaître à Fontenay-le-Comte, au mois de juin 1648, la présence de la troupe.

731. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Quiconque écrit et tient de la fonction d’écrire un certain culte pour la phrase le reconnaît pour son ancêtre authentique. […] Je me contenterai de reconnaître, comme tout le monde, qu’il est une promenade agréable à travers Chateaubriand, et, sans doute avec M.  […] La part de volonté y paraît plus grande que d’ordinaire, et c’est pourquoi dans Flaubert nous reconnaissons des styles fort différents. […] Mais reconnaître qu’une dispute est grammairienne, c’est reconnaître qu’il existe un moyen de la résoudre, qui est le dialogue, ou, comme on disait autrefois, la « conférence ». […] D’autre part, on a déjà reconnu une des méprises qui rendent un peu comique ce livre écrit à Zurich.

732. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Ce sont ces souvenirs reconnus involontaires, ces reflets d’alentour que M.  […] Il ne se borne pas à reconnaître des rapports et des harmonies, il voit des causes directes et des effets. […] Si l’on peut espérer d’en venir un jour à classer les talents par familles et sous de certains noms génériques qui répondent à des qualités principales, combien, pour cela, ne faut-il pas auparavant en observer avec patience et sans esprit de système, en reconnaître au complet, un à un, exemplaire par exemplaire, en recueillir d’analogues et en décrire !

733. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Pourquoi rie pas la reconnaître, cette croyance, là où elle est chez les modernes ? […] On ne nomme que Gérard, mais on connaît l’autre : c’est le maréchal Ney. — La Sœur de charité ; un soldat blessé est reconnu par une sœur de charité jeune ; une plus vieille est au seuil de la maison et regarde. […] Il ne reconnaissait pas là sa cocarde de guerre.

734. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il est vrai qu’il se masque souvent, à ne pas le reconnaître. […] Ô Amour-propre, je t’ai vu à l’œuvre dans ton plus beau zèle, dans ta flamme et avec ta rougeur de chérubin, et je te reconnais, même quand tu es assis dans la Compagnie au bout de la table, à la place la plus humble et où tu te fais le plus petit, à celle d’où il est le plus commode, le plus doux pour toi d’assister à ton jeu et à ton triomphe ! […] On ne s’y reconnaît plus directement ; mais sous cette forme pourtant, sous cette idée-là, on continue de se voir encore et de se mirer ; on s’adore.

735. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mais enfin je reconnais que la doctrine exprimée par M.  […] Michelet, au tome III de son Histoire de la Révolution, m’a fait l’honneur de me reprocher, en des termes d’ailleurs d’une extrême bienveillance, de n’avoir point assez indiqué et de m’être plutôt efforcé d’atténuer le caractère passionné de cette liaison ; il doit reconnaître aujourd’hui que l’orage était effectivement ailleurs et que ce n’était là qu’un faible prélude. Il doit reconnaître aussi qu’il n’était point déraisonnable ni absurde de chercher dans quelques phrases, et d’après les seules traces qu’on eût laissées subsister dans les Mémoires, les indices d’un autre amour plus brûlant, plus tumultueux.

736. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Il est reconnu qu’un voyage au Soudan suffit à enrichir son homme ; on y gagne cent pour cent. […] Dans cet état civil des femmes, il est aisé de reconnaître des traces persistantes et des restes d’une civilisation tout autre que la musulmane. […] Les Touareg sont grands, maigres, secs, nerveux ; leurs muscles semblent des ressorts d’acier : « Un des caractères physiques auxquels un Targui peut se reconnaître entre mille est l’attitude de sa démarche grave, lente, saccadée, à grandes enjambées, la tête haute, attitude qui rappelle un peu celle de l’autruche ou du chameau en marche, mais qui est due principalement au port habituel de la lance. » Ils sont pauvres.

737. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

qu’on le dise, qu’on le reconnaisse franchement ; le gros de l’ouvrage n’en est pas atteint. […] Lorsque j’examine ses écritures, je n’ai besoin que de montrer les mots avec le bout de mon crayon ; elle reconnaît tout de suite ses méprises. […] Il semble que ce prince est en grande partie cause lui-même de cette négligence : il n’est pas prévenant ; sa contenance est très-mauvaise ; il parle peu et mal, et reconnaît la supériorité de la reine et le lui laisse trop apercevoir.

738. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Là où nous rencontrons un contemporain imprévu qui, pour être tout à fait du peuple, n’en est que plus poëte selon son cœur, et selon notre propre génie français, ne disons pas : C’est différent ; sachons le reconnaître sans pruderie et l’honorer. […] Reboul de Nîmes, qui, simple boulanger, s’est élevé à des accents de poésie qu’a reconnus et salués la lyre de Lamartine. […] Il voit passer un vieillard en fauteuil, qu’on porte ; il le reconnaît : c’est son grand-père que la famille environne.

739. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Qu’il eût reçu de la nature un génie prompt, facile et brillant, c’est ce que les contemporains ont reconnu généralement, et ce qu’il serait cruel, après ses malheurs, de venir lui refuser. […] Même en prose, j’ai peine à reconnaître en lui ce trait distinctif du bon sens qu’il a trop peu dans ses vers : cette qualité-là, quand on la possède, on la porte partout. […] Saint-Amant, à le bien voir, est un poëte rabelaisien fort réjoui et de bon cru ; « il avait assez de génie pour les ouvrages de débauche et de satire outrée, » c’est Boileau qui lui accorde cet éloge, et qui lui reconnaît aussi des boutades heureuses dans le sérieux : ce jugement reste vrai et irréfragable.

740. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elle n’avait pas tardé non plus à distinguer, entre toutes, les lettres qu’il écrivait, tantôt mises dans la boîte par lui-même, qui revenait exprès pour cela, tantôt apportées par un domestique qu’elle eut vite reconnu. […] Hervé passa bientôt sur la chaussée devant elles au petit trot ; il les regarda d’une façon assez marquée ; mais, ne les ayant jamais vues au dehors, ne s’étant jamais demandé apparemment ce que pouvait être Christel avec sa souple et fine taille en plein air, il ne les reconnut pas à temps et ne les salua pas. […] Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau.

741. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Il s’agit de la sensation, et avant de la définir, c’est-à-dire de montrer sa nature, il convient de la désigner, c’est-à-dire de la démêler et de la faire reconnaître dans l’amas de faits où elle est comprise. — Lorsqu’un instrument tranchant s’enfonce dans notre chair, nous souffrons, et cette douleur, prise en elle-même et toute seule, est une sensation proprement dite. […] On y démêle les sensations élémentaires ; on reconnaît que chacune d’elles comprend un renflement et un abaissement, c’est-à-dire une augmentation et une diminution d’intensité ; on peut remarquer les limites de chacune d’elles ; ces limites ne sont qu’à demi effacées. […] En sorte que ces différences de la sensation, jusqu’ici irréductibles et notées par des métaphores lâches, se réduisent à l’intervention de petites sensations subsidiaires et complémentaires de la même espèce, qui, se collant sur la sensation principale, lui donnent un caractère propre et un aspect unique, sans que la conscience, qui voit le total et seulement le total, puisse démêler ces faibles auxiliaires, ni partant reconnaître que, inférieurs en force à la sensation principale, ils sont les mêmes en nature, et que, tous semblables entre eux, ils ne diffèrent, de timbre à timbre, que par le nombre et l’acuité.

742. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ne songeons pas que Marivaux avait trente-cinq ans à la mort du Régent, et qu’ainsi les années décisives pour la formation de son esprit ont été des années de licence sans frein et de joyeuse corruption : les traits caractéristiques des mœurs du xviiie  siècle ne se reconnaissent pas dans ses peintures. […] Mais il ; reconnaît autour d’eux d’autres genres dramatiques, et voilà la liste qu’il dresse : Comédie — Comédie sérieuse — Tragédie bourgeoise — Tragédie. […] Mais Diderot a raison de les reconnaître.

743. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

La ploutocratie d’un côté, l’art et la littérature de l’autre, ont rompu et brouillé ses frontières, et personne ne s’y reconnaît plus. […] Etudiez l’espèce de plaisir que vous avez pu prendre quelquefois à ces réunions ; rappelez-vous les bras, les épaules nues, les jeux de l’éventail, les corsages plaqués, la toilette qui exagère toutes les parties expressives du corps féminin : vous reconnaîtrez que ce n’est guère par les grâces de la conversation, volontiers insignifiante, que vous avez été séduit, mais que l’attrait du sexe était pour beaucoup dans votre plaisir. […] Oubliez Madame de Givré, écartez Jane Spring, qui me paraît fort embellie ( Dans le monde), et quelques autres personnages un peu convenus, et vous reconnaîtrez que M. 

744. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Fernande, qui a reconnu son erreur, vient loyalement demander pardon à Maxime. […] A l’accent de ses plaintes et de ses reproches, Maxime reconnaît son père, il tombe dans ses bras… Ce mouvement imprévu a transporté et remué la salle. […] Maxime déclare qu’il n’a pas été reconnu : nouvelle révolte du bourgeois, apaisée par la perspective d’un nouveau succès.

745. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Et il continue de s’étendre sur sa noblesse ; il parle de ses nobles cousins de Suisse dont l’un l’a visité autrefois à Ferneyd, et dont l’autre était venu à Paris, il y avait quelques années, pour entrer au service de France : Sur ma recommandation, dit La Harpe, M. le comte d’Affry (commandant des troupes suisses) eut la bonté de le recevoir sur le champ parmi les cadets gentilshommes de l’un de ses régiments, et ce respectable vieillard, qui connaissait ma famille, n’exigea pas de mon jeune parent d’autre preuve que d’être reconnu par moi pour m’appartenir. Voilà ce que je suis par ma naissance… D’être reconnu par moi pour m’appartenir, un Montmorency parlerait-il autrement ? […] Mais lorsque, plus tard, dans sa chaire du Lycée, ayant trouvé sa fonction et sa vraie place, il lisait avec physionomie, avec feu, ses leçons en général judicieuses et élégantes, on s’étonnait de sentir en lui le maître, on le reconnaissait et on l’applaudissait sans effort, sans révolte.

746. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Du moment que Frédéric monte sur le trône, ces riens prennent de l’importance et du caractère : ainsi, dès les premiers jours du règne, à la fin d’un billet insignifiant : « Adieu, lui écrit Frédéric ; je vais écrire au roi de France, composer un solo, faire des vers à Voltaire, changer les règlements de l’armée, et faire encore cent autres choses de cette espèce. » Dans un court voyage au pays de Liège, Frédéric voit pour la première fois Voltaire qui vient le saluer au château de Meurs sur la Meuse ; le roi, avant d’arriver en Belgique, avait fait une pointe sur Strasbourg où le maréchal de Broglie l’avait reçu, l’avait reconnu à travers son incognito, et lui avait fait les honneurs de la place. […] Fouqué, à chaque présent dont il sent l’intention, est attendri ; il ne sait comment reconnaître cette amitié qui, depuis plus de trente ans, le cherche et l’honore, mais qui se multiplie surtout depuis que lui n’est plus bon à rien et n’est plus propre à y répondre que par ses sentiments : « Ce qui vous distingue, Sire, des autres princes, c’est que vous faites tant de bien à un homme qui ne peut, par le moindre service, vous en témoigner sa reconnaissance. » Quand il le voit étonné d’être l’objet de tant de soins, Frédéric le rassure simplement et par des mots naturels, puisés dans la meilleure et commune humanité : « Vous vous étonnez que je vous aime : vous devriez plutôt vous étonner si je n’aimais pas un officier de réputation, honnête homme, et de plus mon ancien ami. » Quoique Frédéric n’ait que cinquante-quatre ans lorsque Fouqué en a soixante-huit, il se fait exprès vieillard comme lui ; très brisé lui-même par les fatigues, il se suppose du même âge que son vieux compagnon : J’attends ici tranquillement dans mon trou le retour du printemps (9 février 1766) ; cette saison-ci n’est pas faite pour notre âge. […] Quand elle fut terminée, le roi, comme il dit, reconnut les murailles de la patrie , mais toutes les personnes de sa connaissance avaient disparu.

747. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Il a reconnu chacune de ces blessures, toutes ont chez lui une cicatrice correspondante. […] J’ai le droit de reconnaître ; dans l’Odyssée personnelle d’Henry Murger, le journal fidèle de tous les jeunes gens qui gravissent les âpres et dures montées de l’art — et d’imprimer mon avis. […] Puis, il est juste de reconnaître que, si Murger n’est pas dans les secrets de la forme, de temps en temps il les devine — comme par instinct.

748. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il était né armé de facultés soudaines, qu’il put aiguiser mais auxquelles il n’ajouta pas, et par conséquent, conclusion dernière, il a cet avantage, interdit à presque tous les autres hommes, même de génie, mais d’un génie inférieur au sien, que les livres de son âge mûr ne font pas rougir de honte les élucubrations de sa jeunesse, et qu’on peut le voir avec plaisir et le reconnaître dans ce miroir renversé. […] Nulle phrase équivoque, sentant son interpolation, ne vient rompre l’unité de ce style correct et ferme, étincelant de poli et de solidité comme un marbre, aisé enfin à reconnaître parmi les styles immortels. […] on a tout simplement à reconnaître la supériorité de l’écrivain qui a écrit ces pages… ou à s’en taire.

749. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Passionné pour la méthode, parce qu’il était passionné pour la vérité, il employa la meilleure partie de ses meilleurs écrits à marquer les préliminaires de la science, à définir son objet, à marquer ses divisions, à indiquer ses conséquences, à reconnaître son instrument, à mesurer sa certitude. […] L’homme ordinaire, apercevant un objet beau, remarquera en lui-même une sensation de plaisir, et rien de plus ; le psychologue démêlera que ce plaisir est désintéressé, qu’il est produit par la sympathie, qu’il a pour cause la notion d’une force invisible70, qu’en cette force nous nous reconnaissons nous-mêmes ; que la matière n’est qu’un symbole ou moyen d’expression ; que notre plaisir est augmenté par la nouveauté de l’objet, ou par son ancienneté, ou par les idées associées. […] — Cette cause, c’est le moi et ses facultés. « Il y a dans le monde interne, il y a dans l’objet complexe saisi à chaque instant par la conscience, deux éléments distincts : l’un qui est nous, l’autre qui n’est pas nous ; l’élément qui est nous est simple dans chaque moment, identique à lui-même dans tous les moments, tandis que l’élément qui n’est pas nous est multiple dans chaque cas et variable d’un moment à l’autre. » Ce second élément se compose de nos actions et de nos opérations. « Le moi ne se reconnaît pas dans les modifications inétendues et sans forme qu’il éprouve. » — « Le monde interne renferme donc une réalité simple et identique à elle-même, qui est nous, et qui subsiste et persiste par elle-même ; et, de plus, une phénoménalité multiple et changeante, qui dépend de la réalité d’où elle émane et qu’elle modifie77. » — J’entends : vous croyez au bâton d’ambre de M. de Biran78.

750. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lefèvre, André (1834-1904) »

Il prend, par exemple, le groupe de Léda ; il lutte avec le marbre pour la pureté, la blancheur, la rondeur… On doit reconnaître, chez M. 

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