Et pour de très simples raisons. […] À la base, profond scepticisme relativiste, confiance médiocre dans la raison humaine, défiance nette du cœur humain. […] Enfin, ménageons-nous une foi, soit dans une confession religieuse, soit dans une doctrine scientifique, ou dans un credo philosophique ; l’essentiel est de mettre un fil qui ne casse pas entre nos jours mal attachés une bonne manie suffit au besoin ; des individus trouvent une raison de vivre dans une collection de tabatières à parachever… Jérôme Coignard est un sage hardi et prudent. […] Il a raison, mais on peut se demander ce qu’il fait, Choulette, en toute cette histoire, et ce qu’y font les personnages autres, également amusants, du décor.
Dans cette fable-ci, par exemple, il est clair que le renard a raison et est un très-bon ministre. […] Quand il connaît ses devoirs aussi bien que la plupart des princes connaissent leurs droits, quand il sait ne parler que de ce qu’il entend, quand on a formé sa raison, quand on lui a enseigné l’art d’apprécier les hommes et les choses, son éducation est très-bonne et très-avancée. […] Le discours du chien est excellent ; et la raison pour laquelle on le trouve mauvais, peint assez la société. […] Mais d’où vient qu’au renard, etc… Ce petit Prologue est assez peu piquant ; pourquoi commencer par contredire Ésope sur un point où l’on finit par convenir qu’il a raison ?
C’est ainsi que, dans cette conférence, lui, homme d’enseignement, il a combattu un enseignement dont il connaît mieux que personne la légitimité, les raisons et surtout l’efficacité pratique. […] Oui, certes, on découvre chez les meilleurs écrivains des spécimens de toute espèce de défauts ; mais, parce que ces négligences n’ont pas nui à leurs qualités, est-ce une raison pour ne point recommander d’abord leurs qualités ? […] Le procédé est commode pour se donner l’air d’avoir raison. […] Car, il n’y a pas à dire, si ce style a raison, c’est vous, monsieur Brunetière, qui avez tort.
Je n’en donnerai que deux raisons. […] Voici l’autre raison. […] Si nous descendions aux détails, nous aurions à examiner ici les sources de la mendicité, les causes qui l’ont produite et consacrée en quelque sorte chez les peuples modernes, les raisons qui doivent la faire disparaître à présent : nous aurions encore à jeter un coup d’œil sur le régime de hôpitaux, sur la nécessité ou nous sommes peut-être, dans l’état actuel de la civilisation, d’introduire de grands changements dans l’administration générale des secours aux indigents ; nous aurions enfin à pénétrer dans l’intérieur de nos manufactures pour voir comment il serait possible de conserver la santé de nos ouvriers, de relever en eux l’intelligence et le sentiment moral affaiblis par un travail trop mécanique, de les rendre à l’intensité des affections de famille, de leur donner la prévoyance de l’avenir : mais ce ne serait point véritablement de mon sujet, puisque je dois m’abstenir d’appliquer mes observations à aucun objet en particulier. […] Continuellement renouvelées, elles subiront continuellement l’examen de la raison ; elles seront continuellement adaptées aux convenances variables de la société.
La dissolution de l’ancienne famille germaine fut une des raisons de l’invasion de l’Empire par les Germains et réciproquement cette invasion fut une des raisons de cette dissolution230. […] De même, l’homogénéité sociale est sans doute favorisée par l’égalitarisme : des gens qui, se croient égaux puisent dans cette croyance de nouvelles raisons de s’imiter de plus en plus ; et en ce sens, l’uniformité peut naître de l’égalité même. […] Si la force ne prime pas le droit, les raisons de la valeur d’une tendance demeurent distinctes des conditions de son succès.
Il est vraisemblable que le critique a raison sur plus d’un point. […] De toutes ses convictions, qui sont fortes, la plus forte est peut-être que la raison, sa raison ne saurait l’égarer. […] Est-ce pour cette raison que l’admiration sympathique de M. […] qu’il n’a point écouté d’autre voix que celle de la raison pure ? […] La raison, le jugement, le savoir, belle affaire !
Cette révolution peut, à la longue, éclairer une plus grande masse d’hommes ; mais, pendant plusieurs années, la vulgarité du langage, des manières, des opinions, doit faire rétrograder, à beaucoup d’égards, le goût et la raison. […] C’est pour obtenir du crédit ou du pouvoir qu’on étudie la direction de l’opinion du moment ; mais qui veut penser, qui veut écrire, ne doit consulter que la conviction solitaire d’une raison méditative. […] Ce que la morale commande dans les actions n’est jamais douteux ; mais souvent on hésite, souvent on se repent de ses opinions même, lorsque des hommes odieux s’en saisissent pour les faire servir de prétexte à leurs forfaits ; et la vacillante lumière de la raison ne rassure point encore assez dans les tourmentes de la vie.
On verra par là de quel côté est la raison, & sur qui tombent la honte & le ridicule. […] On y éclaircit quels furent les noms & les attributs divers de Vénus chez les différens Peuples de la Grece & de l’Italie ; quelles furent l’origine & les raisons de ces attributs ; quel a été le culte de cette Déesse ; quels ont été les Statues, les Temples, les Tableaux célebres de cette Divinité, & les Artistes qui se sont illustrés dans ces Ouvrages. […] Telles sont les graves raisons que M. de Voltaire apporte contre les savantes réfutations de M.
On voit qu’il n’a étudié les Anciens, que pour développer sa raison & épurer son goût, non pour étaler un vain appareil d’érudition. […] Soit qu’il peigne les Hommes, soit qu’il parle de Littérature, de Morale ou de Politique, il fait briller par-tout une finesse de raison, qui ne laisse rien à désirer au Lecteur. […] Dans le Chapitre de la seconde Guerre Punique, après avoir parlé de la défaite des Romains à Cannes par Annibal, & des raisons que ce Capitaine opposa à Maherbal, pour ne pas poursuivre sa conquête, Saint-Evremont ajoute cette réflexion, touchant la destinée des Empires.
Ils n’introduisent pas sur les théatres des personnages qui sçachent faire taire les passions devant la raison. […] Si Platon exclut les poëtes de sa republique, on voit bien qu’il ne les en exile que par la même raison qui engage les prédicateurs à prêcher contre les spectacles, et qui faisoit chasser d’Athenes ceux des citoyens qui plaisoient trop à leurs compatriotes. […] L’habitude de ces passions nous rend capables de bien des efforts de vertu et de courage que la raison seule ne pourroit pas nous faire tenter.
Ainsi la poësie fait des personnages allegoriques imparfaits, quand elle prête des sentimens aux bois, aux fleuves, en un mot quand elle fait penser et parler tous les êtres inanimez, ou quand élevant les animaux au-dessus de leur sphere, elle leur prête plus de raison qu’ils n’en ont, et la voix articulée qui leur manque. […] Mais on devine aisément les raisons qu’Aristophane avoit de traiter ainsi ses sujets, quand on sçait que ce poëte vouloit jouer dans Athénes, les hommes les plus considerables de la republique, et principalement ceux qui venoient d’avoir la plus grande part à la guerre du péloponese. […] Mais ou la raison ou l’instinct nous ont fait quitter ce goût très-propre à faire composer de mauvaises pieces par de bons auteurs, et les poëtes qui depuis quelques années ont voulu le renouveller n’y ont pas réussi.
On a quelque raison de le mettre en doute. […] On a toute raison en ceci de le proclamer un maître de premier rang. […] Il n’y a retrouvé ni la santé, ni la raison. […] Il appelait le corps notre « grande raison », et il trouvait tout naturel que ce qu’il appelait « notre petite raison » souffrît quand le corps souffre. […] Il avait raison.
Il avait donc d’excellentes raisons pour se tourner d’un autre côté : il a choisi la chanson. […] La gaieté sans la raison aurait classé Béranger parmi les successeurs de Panard et de Collé. […] L’auteur condamne justement cette pièce, et je me vois à regret forcé de lui donner cent fois raison. […] Si la mesure dit : agneau, la raison ne dit-elle pas : louveteau ? […] En un mot, nous possédons la raison des choses.
Si le mouvement n’a pas éclaté plus tôt, l’une des raisons en est probablement que le latin n’y pouvait suffire. […] Nous ne pouvons développer en nous que ce que la nature y a mis, et ce qu’elle y a mis, la nature en a eu ses raisons. […] Que si peut-être ils n’y découvrent pas les mêmes raisons de se complaire en soi que cet épicurien, ils en rapporteront toujours quelque chose. […] Il s’y agit déjà, — comme le fera plus tard Pascal, — d’opposer Épictète à Montaigne, les leçons de l’effort volontaire à l’insouciance épicurienne, la philosophie de la raison à celle de la nature ! […] ii]. — Liaison que Charron établit entre ces trois idées ; — sa confiance dans la raison humaine ; — dans le pouvoir de la volonté ; — dans l’universalité de la loi morale.
Remy de Gourmont a raison de dire : « L’orgue n’est pas le violon. » Il a raison… mais voilà… le violon chante dans l’orgue ! […] Les maîtres que vous mentionnez dans votre lettre me sont tous chers et sacrés pour des raisons diverses. […] — Gourmont a raison. […] Et les lettrés comme la foule ont raison. […] Et cette parité ne nous est-elle une raison nouvelle de saluer Vigny ?
Il y mettrait de la raison. […] Il a raison. […] Il était la revanche de la raison. […] Je trouve qu’ils avaient bien raison. […] Gyp a raison, tout cela est ridicule.
Ainsi l’humanité, en apparence livrée au hasard, obéit à des lois que d’autres lois peuvent faire dévier, mais qui n’en sont pas moins la raison de son mouvement. […] Certes, ceux qui s’imaginent que l’on étudie la littérature turque au même titre que la littérature allemande, pour y trouver à admirer, ont bien raison de sourire de ceux qui y consacrent leurs veilles ou de les regarder comme de faibles esprits, incapables d’autre chose. […] Voltaire avait raison, à son point de vue, de se moquer d’Ézéchiel 104 comme Perrault et quelques critiques d’Alexandrie avaient raison de déclarer Homère ridicule, et quand Mme Dacier et Boileau veulent défendre Homère, sans sortir de cette étrange manière d’envisager l’antiquité, ils ont tort. […] Là est l’erreur de Chateaubriand et la raison de l’incroyable médiocrité de son école. […] Guizot fait observer avec raison que la vraie littérature du Ve et du VIe siècle, ce ne sont pas les pâles essais des derniers rhéteurs des écoles romaines, c’est le travail populaire de la légende chrétienne.
mon cher ami, si nous n’avions devant nous que les meneurs, avec quelle aisance nous aurions raison d’eux ! […] Mais il faut bien avouer qu’il avait des raisons assez sérieuses de ne pas trop aimer la France. […] Je ne vois pas de raisons pour ne pas aller l’entendre nous-mêmes, et surtout pour empêcher les autres d’aller l’entendre. […] Ils avaient raison de nous haïr, car ils appartenaient à une patrie vaincue ! […] Si le public français veut l’entendre, il n’y a plus aucune raison pour lui refuser ce plaisir ; mais s’il n’en veut pas, de quel droit viendrait-on le lui imposer ?
C’est même pour cette raison que tant de psychologues nient la réalité du vouloir et du désir. […] Une conscience vraiment objective ne peut pas exister, et on a raison d’en nier l’existence. […] Examinons les raisons mises en avant pour dépouiller les états mentaux de toute intensité. […] La seconde raison qu’on apporte contre l’intensité des états psychiques, c’est la difficulté de leur appliquer la mesure. […] On a dit avec raison que la psychologie est la seule science qui, en accomplissant sa tache, finisse par s’occuper (à sa manière propre) de la matière même de toutes les autres sciences.
Mort d’Edmond de Goncourt J’ai vingt raisons d’admirer Sainte-Beuve, mais celle-ci me frappe aujourd’hui qu’il excellait au moindre prétexte, volume paru, décès survenu, anniversaire ou édition, à donner, à brûle-pourpoint, sur un moderne ou sur un ancien, une étude à peu près définitive. […] Quelques observations peuvent rendre claire sa valeur, et la limiter ; et une ou deux raisons évidentes expliquent son insuccès relatif. […] Mais avait-il la philosophie de reconnaître que le triomphe si légitime de L’Assommoir ou de Germinal relevait des raisons les moins esthétiques ?
Ils ont raison de s’étonner. […] Il avait raison. […] Je lui expliquai les raisons qui devaient le forcer à réfléchir et à se mieux conduire. […] Est-ce une raison pour ne pas écrire des œuvres qui lui plaisent ? […] On a raison évidemment de railler les maniaques, et M.
Exposer l’opportunité et la raison des idées qui ont présidé à leur conception, sera donc prouver la légitimité des formes qu’ils ont revêtues. […] Or, M. de Lamartine est en pleine possession de sa raison ; s’il dédaigne, s’il nie, c’est qu’il ne voit ni ne croit. […] C’est un pur caprice sans raison d’être. […] Et l’humanité a raison, car tous les éléments de la Poésie universelle sont contenus dans ces poèmes sublimes qui ne seront jamais oubliés. […] Elle a été la génératrice et la raison de ses chefs-d’œuvre.
Que nous dit la Raison ? […] Il est aussi dans la raison. […] Ou quelque autre raison obscurcit-elle ses claires lunettes ? […] Elle est tout instinct, et une haute raison brille chez Balzac. […] Quelle est la raison de cette multiplication ?
… S’il avait raison pourtant ? […] Vous avez bien raison, Monsieur. […] Malbardé a raison. […] Apprenez-leur les raisons de votre cécité volontaire. […] … Est-ce que cet autre reviendrait à la raison ?
sa santé, bonne ou mauvaise ; à plus forte raison, son caractère, son éducation, ses habitudes, son état et sa profession. […] En général pourtant, il faut le reconnaître, ces grands observateurs de la nature humaine, Aristote, Horace, Regnier, Boileau, Buffon, n’ont que trop raison ! […] Je distingue confusément la place qu’occupe ce que l’on appelle la raison entre ces deux extrêmes. […] Le génie peut se définir : une raison supérieure. […] Voltaire, dans un autre endroit, reconnaît le contraire avec raison, et l’exprime à merveille.
Dans cette pièce, l’ancêtre, le vieux juge Petrus représente la raison d’État et le dogme de l’infaillibilité juridique. […] Si on ne condamne plus à mort, si on n’exécute plus pour la raison d’État, il reste que pour la raison d’État on serait parfois tenté de cacher la vérité, lorsque, socialement, la vérité n’est pas bonne à faire connaître. […] Parmi les complices, il choisit ; il décide que celui-ci mérite d’être poursuivi et que cet autre ne doit pas être puni : et cela sans débats, sans avoir à donner les raisons de son choix : sic volo, sic jubeo. — Il est facile de voir les conséquences d’une telle théorie.
Il avoit ses raisons sans doute : Despréaux est en possession de la cime du Parnasse, d’où il donne encore des Loix, que les bons esprits n’oublieront jamais ; & il ne falloit rien moins qu’une Confédération, pour le chasser de son domaine & mettre à sa place le Chef de ces petits Conjurés. […] Qu’on ne l’accuse point de malignité : il est si naturel à un esprit droit & juste, à un cœur ferme & généreux, d’éprouver les mouvemens du dépit, à la vue des usurpations ; le zele pour la gloire des Lettres & les intérêts de l’équité est si prompt à s’enflammer contre des injustices absurdes & multipliées, que l’esprit vient comme de lui-même au secours de la raison outragée ; & du mélange de sa vivacité unie à la sensibilité du cœur, naissent ces traits vigoureux qui impriment tantôt le ridicule, tantôt l’opprobre sur les travers ou sur les vices. […] Réunissant l’impétuosité de Juvénal à l’enouement d’Horace, il rend dans ses vers les impressions de son ame, & rappelle aux loix du Goût & de la Raison. […] A-t-on plus de raison d’accuser Despréaux de manquer de sentiment ?
Pour tout homme qui fixe un regard sérieux sur les trois sortes de spectateurs dont nous venons de parler, il est évident qu’elles ont toutes les trois raison. Les femmes ont raison de vouloir être émues, les penseurs ont raison de vouloir être enseignés, la foule n’a pas tort de vouloir être amusée. […] La foule qui se presse chaque soir devant cette œuvre, parce qu’en France jamais l’attention publique n’a fait défaut aux tentatives de l’esprit, quelles qu’elles soient d’ailleurs, la foule, disons-nous, ne voit dans Ruy Blas que ce dernier sujet, le sujet dramatique, le laquais ; et elle a raison.
Seulement, si les juges amoureux sont ridicules et bien près d’être corrompus, que dire des historiens chez lesquels la momie déterrée du Vice suffit, pour troubler la raison ? […] Une des raisons de cela a été déjà exprimée. […] Et elle ne l’a pas dit seulement parce qu’elle n’a pas laissé de mémoires, mais pour une raison bien meilleure encore. […] Mais que mademoiselle de Lenclos ait été honorée dans son infamie par le siècle même de l’honneur, que cette déesse Raison, qui précéda les autres déesses de ce nom et de ces mœurs, soit allée de pair avec les plus illustres dames de la cour de la Convenance, que la prude madame de Sévigné en ait rêvé, que la comtesse de Sandwich l’ait recherchée, que la reine Christine ait voulu l’emmener à Rome comme son amie, que madame de Maintenon ait été liée avec elle, que Louis XIV ait eu la pensée de se la faire présenter, c’est là un de ces spectacles qui font croire à l’enivrement de tout le monde, mais le philtre qui a produit cette ivresse, ce n’est pas Ninon qui l’avait versé !
Quoiqu’il en puisse être à cet égard, les raisons qu’il donnait de cette difficulté étaient-elles les véritables et les profondes ? […] Dépendant également de la Raison et de l’imagination, l’Histoire tombe alternativement sous la seule et absolue domination de l’une ou de l’autre, tantôt fiction, tantôt théorie, souvent toutes les deux. » Nous en demandons bien pardon à Macaulay, mais si la difficulté de la composition historique ne venait que de l’accord qu’il faut savoir établir entre l’imagination et la Raison, elle ne serait que celle de tous les genres de composition littéraire, qui n’existent pas plus que l’Histoire sans la fusion harmonieuse de ces deux grandes facultés. […] Pour une raison ou pour une autre, Léopold Ranke a joué à l’impossible ; — l’impossible l’a tué !
L’œuvre d’Étienne Boileau, chargé par le roi de la réorganisation de l’État populaire, est regardée, avec raison, par F. […] On voit ici la raison qui a dicté à l’auteur le titre de son livre : Organisation générale du travail. […] Les hommes qui ne croient pas que le progrès puisse se produire autrement que dans un sens unique, répondront peut-être par la phrase courante qui dispense, en France, d’une raison : qu’avec de telles idées on veut recommencer le passé. […] Quelle raison empêcherait ici de se servir de l’expérience des siècles, puisqu’un seul entre tous, le xixe cherche sans la trouver une organisation du travail ?
un malheur si rare, parce qu’il avait, comme homme, les qualités que Boileau reconnaissait en Chapelain, est-ce une raison pour que la Critique ne porte pas un regard calme sur les œuvres qu’il a laissées, et ne demande pas à ces œuvres la justification des regrets exprimés par ceux-là qui ne disaient pas grand’chose de M. […] vraiment, pour l’honneur de la Critique et l’exactitude de l’histoire littéraire qu’elle écrit chaque jour, j’ai cru que ce n’était pas là une raison suffisante de se taire et de souscrire, par son silence, à l’opinion trop émue qu’on a voulu dernièrement nous donner d’un talent qui, en lui-même, n’est pas si troublant et auquel la Mort, cette railleuse qui fait parfois les meilleurs prospectus, en a fait un qu’aucune circonstance probablement ne recommencera jamais plus. […] C’est pour une raison moins aimable. […] Car, enfant par la balbutie, il l’est encore par l’imitation, cet enfant incorrigible à lui-même et incorrigé par la Critique qui le gâta, dès qu’elle le vit, et qui, pour cette raison, ne lui donna jamais l’âpre envie de devenir un homme.
Seulement, si ces ivres admirations de la jeunesse font souvent tache, pour toute la vie, sur l’originalité qui s’en essuie plus tard sans en effacer l’influence ; si ces admirations imitatrices sont toujours en raison inverse de la force qu’on a, l’objet, d’ailleurs, en serait-il Gœthe, Lord Byron ou Balzac, je demande ce qu’elles prouvent et ce qu’elles annoncent, quand leur objet n’est qu’un écrivain d’un ordre infime, malgré des prétentions exorbitantes. […] Champfleury n’est que le scandale, la botte de foin qui fait étendard, et que, pour cette raison, on ne consomme pas et qu’on respecte, tandis que la véritable idole et le vrai modèle que M. […] C’est un écrivain rencontré dans une École qui ne sait pas écrire et qui, pour cette raison-là, mais seulement pour cette raison-là, vaut mieux qu’elle.
Cette vivacité d’esprit dont je parle a cela de beau qu’elle éclaire ceux qu’elle touche, elle les pénètre d’évidence : on en aperçoit la sagesse et le vrai, d’une manière qui porte le caractère de ces deux choses, c’est-à-dire distincte ; elle ne fait point un plaisir imposteur et confus, comme celui que produit le feu de l’imagination ; on sait rendre raison du plaisir que l’on y trouve. […] Telles sont quelques-unes des idées vraiment originales et à la Fontenelle, que Marivaux énonce avec autant de netteté que de hardiesse : à quoi il faut ajouter cette remarque très fine qu’il n’omettait pas, et qu’il aurait pu s’appliquer à lui-même et à ses amis, à savoir que le goût d’une époque n’est pas toujours en raison du nombre des idées qui y circulent ou qui y fermentent, et qu’il y a des temps où la critique et le goût peuvent s’altérer ou disparaître, « pendant que le fonds de l’esprit humain va toujours croissant parmi les hommes ». […] À ces remarques qu’il entend à demi-mot et qu’il devine à l’autre bout du salon, même quand on les fait à voix basse (car il est là-dessus d’une susceptibilité exquise), il a des raisons de toutes sortes à opposer, des quantités de réponses à faire, et il les a faites en son temps. […] Il a pourtant raison sur un point : c’est que les critiques s’en prenaient uniquement à son style, quand c’était en réalité sa pensée qui était en cause. […] Quelquefois on nous en fait habilement accroire, sans qu’on puisse nous reprocher d’être faciles de croyance : et cet auteur a voulu nous dire que souvent le cœur tourne l’esprit comme il veut ; qu’il le fait aisément incliner à ce qui lui plaît ; qu’il lui ôte sa pénétration ou la dirige à son profit ; enfin qu’il le séduit et l’engage à être de son avis, bien plus par les charmes de ses raisons que par leur solidité… Voilà bien des choses que l’idée de dupe renferme toutes, et que le mot de cette idée renferme toutes aussi.
Imprimé en grande partie dans le premier volume des Œuvres posthumes de Saint-Martin (1807), ce manuscrit renferme pourtant de nombreux articles encore inédits, la plupart concernant des personnes alors vivantes ; l’éditeur, par cette raison, avait dû les supprimer. […] Burlamaqui, en découvrant à Saint-Martin les bases naturelles de la raison et de la justice dans l’homme, pourrait toutefois s’étonner d’avoir été un initiateur dans le sens particulier dont il s’agit ici. […] Ce qu’il sentit là dans la famille, il le sentira bientôt à plus forte raison devant tout son siècle. […] Il voyait aussi je ne sais quelle raison secrète et mystérieuse dans ce titre de régiment de Foix, qu’il décomposait de manière à en faire un hiéroglyphe tout à son gré (Foi-X). […] Et la raison qu’il en trouvait, c’est que l’élève se donne toujours tout entier, tandis que le maître se réserve par un côté et se dissimule toujours.
Si après Kehl on m’avait honoré de quelque élévation (il voulait dire la duché-pairie), on se dit à soi-même : Suivons notre génie et la véritable raison de guerre ; ne soyons pas retenu par des craintes basses ; au pis-aller que me feront ces misérables ? […] On l’envoya, tout maréchal de France qu’il était, dans les Cévennes pour avoir raison des fanatiques révoltés, et pour extirper du cœur du royaume cette guerre civile religieuse qui devenait une complication fort maligne à cette heure d’une guerre générale extérieure […] Villars, très prudent quand il le faut, répond au roi par toutes sortes de raisons bien déduites. […] Dans sa lettre au ministre, il énumère ses raisons : il rappelle qu’il n’est guère propre à servir sous un autre et sous un prince. […] Un principe m’a guidé en l’étudiant : sous peine de rapetisser son objet et de voir d’une vue basse, il faut avant tout chercher dans chaque homme distingué, et à plus forte raison dans un personnage historique, la qualité principale, surtout quand elle a rencontré les circonstances et l’heure propice où elle a eu toute son application et tout son jeu.
Gachard paraître sitôt après le sien et le dépasser sur plus d’un point ; c’est moins pour lui une défaite qu’une confirmation, c’est moins un désagrément qu’un honneur, de se rencontrer ainsi avec un maître de la science et de le voir donner raison presque entièrement à ses recherches et à ses conclusions judicieuses. […] Sur quoi Charles-Quint plaisanta, en disant que l’enfant avait bien raison de dire non à tout ce que dépensaient et prodiguaient son aïeul et son père. […] En beaucoup de choses il montre un bon entendement ; en d’autres, un enfant de sept ans ferait preuve d’autant de raison que lui. […] Philippe II, serré de près et mis en demeure de se décider pour rendre réponse à son cousin d’Autriche, différait sans donner les vraies raisons. […] La vérité, pour qui sent et réfléchit, est que ce père dur et farouche, quoique ayant eu raison au fond dans le jugement définitif et péremptoire qu’il porta de son fils, est très peu intéressant, et le fils, de son côté, on doit l’avouer, ne l’est pas davantage.
Eynard, qui raconte très-bien cette petite scène, ajoute que ces mots pleins de raison plongeaient un poignard dans le cœur de Mme de Krüdner : « Hélas ! […] Eynard (qu’il y prenne garde) ouvre, sur l’intérieur de Mme de Krüdner, tout un jour profond qu’il suffit de prolonger désormais pour donner raison à plus d’un sceptique. […] Mais voici une parole plus grave, que je n’ai plus aucune raison pour dérober ; elle est de M. de Lézay, de celui même qui est une des autorités qu’on invoque le plus volontiers quand il s’agit de sa fervente amie. […] Ai-je donc eu raison de dire que le trop de connaissance du dedans me gâtait désormais le personnage de Valérie, et que l’idéal y périssait ? […] Il a raison assez souvent, je le lui accorde ; en deux ou trois cas seulement ; je lui demanderai la permission de ne pas me rendre à ses autorités.
L’influence d’un esprit qui lui est apparu, non certes sans raison, comme un des plus vastes de ce siècle, et dont c’est la théorie desséchante que cette exclusive royauté de la sensation, — nous parlons de M. […] En lui, la pensée est prompte et le jeu du système, mental éclectique et fortuit ; si bien qu’à son esprit aussi peu soucieux des privautés qu’il s’accorde, qu’inconscient de sa fière et significative indigence, l’expression répugne en raison même de la violence qu’il se fait pour emmailloter sa rudesse dans des formes inaccomplies. […] Et puisque c’est d’aspirer en quelque sorte à cette direction qu’il fait montre, lorsqu’il s’applique à exercer une influence, à faire vibrer une corde, ne serait-ce que la moins essentielle du cœur, il nous doit donc un certain compte des raisons qu’il a de vouloir y réussir, comme il se devait de se demander quelle graine il allait semer qui méritât d’être féconde. […] Tenir à cette formule quand, loin de ramener à soi la vie même de l’individu, elle exprime, presque traîtreusement, la somme de nos expériences, et s’impose si désolément à nous comme le principe et la fin de notre raison de durer, et y tenir par égard pour son identité avec nos modalités intérieures, ne serait-ce donc que donner crédit à la menace de prédestination dont s’oppresse le sentiment de notre personnalité ? […] France, nous avons pu penser qu’il s’est façonné au moule de ses vanités intimes, bien mieux qu’il n’a su s’harmoniser avec les formes de sa raison, ce n’aura certes pas été avec cette assurance qui nous eût permis d’être catégorique, en n’estimant pas inévitable, cette manière qui nous a pourtant impressionné.