Les jeunes Émile et Alfred s’étaient connus de bonne heure, avec quelque inégalité d’âge, l’un tout jeune homme, l’autre enfant ; ils se retrouvèrent après un intervalle, en 1814 ou 1815, dans un bal : quelques mots rapides, communicatifs, les remirent vite au fait de leurs goûts, de leurs rêves et de leurs essais durant l’absence, et le lendemain ils eurent rendez-vous, dans la matinée, pour se confier leurs vers. […] En un mot, il était bien des rêves ardents, prolongés, que son sourire ne permettait plus à son front. […] Il ne s’est réveillé que tard de son rêve, et pour maudire Dalila.
Enfin, si, en feuilletant dans les bibliothèques poudreuses du Vatican, à Rome, ou du palais Pitti, à Florence, les manuscrits du quinzième siècle, vos regards tombent sur une de ces poésies à la fois platoniques et amoureuses, où les vers, forts comme des muscles de géant, et les pensées, tendres comme des rêves de femme, respirent à la fois la virilité du buste de Brutus et la mélancolie des sonnets de Pétrarque ; et si vous demandez quel était ce poëte avec lequel la plus belle, la plus poétique et la plus chaste des femmes de son siècle, Vittoria Colonna, entretenait ce commerce de cœur et de génie qui consolait l’un de sa vieillesse, l’autre de son veuvage d’un héros ? […] Michel-Ange conçoit, imagine, rêve toujours un peu plus grand et un plus beau que nature. […] On voit, dans la suite de la vie de Michel-Ange, que ce tombeau, conçu, commencé, interrompu, repris, abandonné, presque achevé, jamais fini, fut l’œuvre capitale et favorite du grand artiste, le rêve, le réveil, l’espoir et le désespoir de sa vie, poëme de marbre dont les vicissitudes du sort déchiraient les pages à mesure qu’il les avait composées et qu’il s’efforçait de les réunir.
Mais, mieux avertis, nous lirons mieux ses Élégies, et, sachant quelle triste réalité y est pleurée et que ce ne sont point là souffrances en idée ni sanglots de rêve, « nous irons de confiance », si je puis dire, et nous compatirons avec plus de sécurité aux beaux désespoirs de notre Sapho bourgeoise. […] Il abhorre Paris ; rien ne pourra le changer. » Ou bien : « Valmore m’a avoué qu’il préférait toutes les chances désastreuses que nous éprouvons de faillite en faillite et de voyage en voyage, à rentrer jamais à la Comédie française qu’il abhorre. » Ou bien : « Valmore est tout à fait réveillé de ses beaux rêves d’artiste… Il veut nous emmener dans quelque cour étrangère ou essayer une direction théâtrale à Paris… » Ou encore : « Mon mari qui t’aime de toujours incline jusqu’à tes genoux toutes ses fiertés d’homme… » (Cela, c’est tout à fait l’accent « Delobelle », ou, mieux, le style « Delmar » : vous vous rappelez l’étonnant cabot-pontife de l’Éducation sentimentale ?) […] … Les rêves tristes du passé n’existent plus pour moi.
Sur le pâle buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; Et ses yeux ont toute la semblance de ceux d’un démon qui rêve, Et la lumière de la lampe glissant sur lui, jette son ombre sur le sol ; Et mon âme hors de cette ombre qui gît flottante sur le sol, Ne sera soulevée, jamais plus, En ces artifices, les plus apparents, Poe se montre l’homme de toutes les ruses littéraires, habile à composer et à stiller d’une main sûre la délicate émotion qui transporte le lecteur hors de lui-même, et le charme en une vie étrangère plus intense et plus belle. Par l’intérêt, il sait saisir, abandonner, reprendre, tromper, stupéfier et accabler, allumer la cupidité, la cruelle joie de la chasse à l’homme, la soif de vengeance et la soif d’aventures, les effrois de l’horreur et la douceur lointaine du rêve. […] La continuelle malchance qui le poursuivit et l’accabla, qui le contraignit, homme de rêve noblement inapte à toute tâche mercantile, aux mesquines coquineries de la vie besoigneuse, lui interdisant de dépenser sa fougue en de belles débauches et son inconstance en des caprices somptueux, le fit ne remplir de sa carrière que la part idéale, incomplètement et au prix de quelles souffrances !
Et cette pensée affichée de conquête et d’entreprise ne s’appliquait pas seulement aux Indes ; il avait certainement visé alors, du côté de l’Europe, plus haut et plus loin en tous sens qu’il ne pouvait atteindre et étreindre ; il avait eu ses fumées d’orgueil, ses rêves de toute-puissance. […] Ses livres préférés, c’était Commynes, c’était Thucydide ; et si, à l’article de la mort, la pensée du jugement dernier n’avait tant préoccupé et offusqué son imagination espagnole et sombre ; s’il avait pu, lui aussi, rêver son rêve de Champs Élysées, c’est avec ces politiques consommés et parfaits qu’il eût aimé à se figurer la rencontre et les entretiens d’au-delà.
On pense à sa pensée, on rêve au rêve ; on se moque de tout, de la vie, de l’art, de l’amour, des femmes qui sont là et qui se moquent bien de la moquerie !
Bernardin de Saint-Pierre est dépassé dans ses rêves d’harmonie céleste : Jean Reynaud est devenu le prophète et le saint Jean-Baptiste du système dont M. […] Pour moi, quand je suis seul à contempler ces millions de mondes, cette ordonnance merveilleuse, connue dans de certaines limites et pressentie par-delà ou ignorée, il me semble que je n’ai pas besoin d’amasser tant d’autorités, tant de noms propres ou d’idées accessoires au service de mes rêves ; et tout en concevant qu’il y a autant de manières de sentir, d’être affecté et d’adorer, qu’il y a d’intelligences et de regards, je crois qu’il en est une non moins légitime, et je ne la cherche que dans cette contemplation même et dans ce qu’elle a d’auguste.
Combien de fois, en rêve, une personne se présente, cause avec nous, trouve ses expressions à merveille comme une âme distincte de nous, nous étonne par ce qu’elle dit, nous apprend souvent un secret graduellement, et nous qui écoutons, nous passons par toutes les alternatives d’attente et de surprise, comme si cela ne s’agitait pas en notre esprit et par notre esprit, auteur du drame ! C’est cette faculté, chez nous en jeu dans le moindre rêve, qui, chez les saintes du moyen âge (Brigitte, Élisabeth, etc.), se dirigeant tout à fait sur la Passion de Jésus-Christ, et comme éclairée alors de faveurs singulières, amenait tant de tableaux exacts, vivants, qui la reproduisaient dans des détails infinis.
Vos espoirs pour demain sont irréalisables et vos moyens puérils ; mais, si vous confondez, ange enfant, le rêve avec la vie, du moins vos rêves sont des sourires de beauté et dissipent les songes des réformateurs vils, cauchemars écrasants pour tout esprit un peu noble.
» En exposant de la sorte les incertitudes, il semble que Napoléon lui-même, au plus haut de son rêve, se complaise à les laisser planer, et que, dans son dessein préconçu de commencer par une de ces choses, il les embrasse toutes dans le lointain à la fois. […] Je ne dirai pas qu’il se dégoûta de l’Égypte, ce puissant esprit ne se dégoûtait pas ; mais, quand un de ses rêves favoris lui échappait, il avait la faculté de prendre son esprit, comme il disait, et de le porter ailleurs.
Il va se dévorer, se ronger, en attendant, entre les deux rêves. […] Ce que voulait M. de Chateaubriand dans l’amour, c’était moins l’affection de telle ou telle femme en particulier que l’occasion du trouble et du rêve, c’était moins la personne qu’il cherchait que le regret, le souvenir, le songe éternel, le culte de sa propre jeunesse, l’adoration dont il se sentait l’objet, le renouvellement ou l’illusion d’une situation chérie.
Chevreau, sur cette poésie qui fut leur premier rêve fraternel, que l’un cultive et embrasse toujours, et que tous deux aiment encore5. […] Un autre poète de l’île Bourbon (car cette race de créoles semble née pour le rêve et pour le chant), M.
Sous Louis XVI, la femme, la jeune femme qui écrit ou qui rêve, est sentimentale, d’un sentimentalisme qui tient à la fois de Jean-Jacques et de Berquin, qui s’embellit de Florian ou de Gessner, et s’enchante de Bernardin. […] À celles-ci il faut des idées avant tout, des sentiments, je ne sais quoi de métaphysique et de raffiné ; elles ont lu les Méditations de Lamartine, et elles soupirent ; elles aiment l’esprit, et elles s’en vantent ; elles s’éprennent et se passionnent pour des orateurs ; elles sont femmes à se trouver mal si elles ont rencontré, sans être prévenues à l’avance, le grand poète de leur rêve.
Athènes par-delà l’appelle ; il y aspire comme le dévot musulman au pèlerinage de La Mecque ; mais, en attendant, Rome et Naples, avec leurs monuments, leur ciel et leur petite société d’élite, lui suffisent, le possèdent et lui tiennent lieu de tout ; grands souvenirs, beautés naturelles, c’est pour lui tout ensemble « ce qu’il y a de mieux dans le rêve et dans la réalité ». […] Ce que rêve Courier à cette date, ce n’est pas de noyer tout le genre humain, quoique détestable, mais de faire une arche de quelques personnes d’élite et d’y vivre entre soi.
Il ne se refuse à aucun rêve, pourvu que le rêve rentre tant soit peu dans ses vues, et il s’y livre désormais avec méthode à la fois et une sorte de délire : on est en plein dans le mysticisme de la nature.
Et dire, qu’au milieu du vague de tout rêve, il est tellement réel, il est tellement présent, que dans le cauchemar, je resouffre de ce que j’ai souffert. Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible.
Dans les Esquisses morales, Mme Stern ne s’occupe pas seulement de la femme ; elle jette aussi des vues sur l’homme, sur son éducation, dans laquelle elle remplace le catholicisme et sa tradition, qui éveille trop tôt l’enfant du beau rêve de la nature (n’est-ce pas joli ?) […] Il paraît que la purgation n’éveille pas trop tôt du beau rêve de la nature.
Aussi, tournant le dos à ce qui lui aurait écrasé les yeux s’il l’avait regardé, il a, ce myope, courbé sa vue basse sur des imperceptibilités scripturaires, et il a donné des points et virgules pour base aux mauvais rêves qu’il a faits. Seulement, il faut le répéter, que sont pour nous, les fils de l’Église, les rêves de ce dernier des protestants, qui a rongé et réduit à n’être qu’un homme le Jésus-Christ auquel Luther et Calvin croyaient encore ?
Mais, chers messieurs, sachez donc que nous parlions alors comme nous n’avons jamais fait depuis ; que, pleins de rêves et d’espérances ou de généreuses colères, nous parlions beaucoup plus et beaucoup mieux qu’aujourd’hui ; et que, lorsqu’on avait le tact de ne prendre la parole et de ne la garder qu’à propos, M. de Chateaubriand était le premier à se plaire à nos discours et à nous en savoir gré en s’y mêlant.
Je citerai, comme échantillon, celle-ci : RÊVE D’UNE FEMME.
Il sait l’artiste à fond, sous toutes ses formes, dans toutes ses applications, dans ses pensées les plus secrètes, dans ses procédés les plus spéciaux, et dans ce qu’il fait et dans ce qu’il ne fera jamais, et dans ses rêves et dans son impuissance, et dans la dépravation de ses facultés aigries, et dans le triomphe de son génie harmonieux, et dans le néant de son œuvre, et dans le sublime de ses misères.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Et, sous prétexte d’exprimer des nuances de sensation et de sentiment qui, si on les presse, s’évanouissent comme des rêves de fiévreux ou se ramènent à des impressions toutes simples et notées depuis des siècles, ils font de la langue française un je ne sais quoi qui n’a plus de nom.
Si quelques poèmes, emplis d’un lointain parfum d’arbres et de mers, nous montrent les étés des grandes îles de rêve, presque toujours le poète se promène dans une fastueuse allée de forêt, dans la forêt Île-de-France, aussi belle et peuplée de songes que la mystique forêt des Ardennes.
Saint-Pol-Roux, la Procession qu’imagina son rêve, — et mon ravissement au spectacle des splendides reposoirs que son art sincère édifia… Il sera celui qu’il a défini, le Poète : l’entière humanité dans un seul homme, — car il marche, hautain, à la conquête de l’avenir, en semant, avec le geste large des forts, à la volée, le bon grain d’où naîtront des fleurs éternelles comme les pierreries.
Armand Silvestre est surtout une musique ; comme la musique, elle est perceptible aux sens et à l’âme plutôt qu’à l’entendement ; on dirait que cet artiste s’est trompé sur l’espèce d’instrument que la nature avait préparé pour lui : il semblait fait pour noter ses sensations et ses rêves dans la langue de Schumann, et M.
Il ne s’est jamais fait scrupule de brutaliser notre optimisme, de meurtrir notre rêve d’idéal. […] Elle avait son style, parce qu’elle avait son monde d’idées et de rêves. […] Pierre Lebrun nous profite, à nous tous qui avons le malheur de barbouiller du papier avec les images de nos rêves ! […] On ne voit plus la beauté du monde, parce qu’on a épuisé dans le rêve le trésor des illusions, qui est notre meilleure richesse. […] Barrès semble nous dire : Homme, je suis le rêveur du rêve universel.
Ce qu’on appelle le besoin du rêve, c’est le goût de l’inintelligible. L’humanité rêvera toujours, et d’instinct repoussera toujours toute doctrine qui se laissera trop comprendre pour permettre qu’on la rêve. […] On sent que ce sont là comme les rêves de Gil Blas entre deux affaires ou deux mésaventures. […] C’est de la Grandeur et décadence que fût sorti l’Esprit des Lois ; et, son beau rêve antique, il l’eût ordonné en un système. […] Ce qui, dans Monsieur le Duc, est rêve confus et entêtement féodal, est chez Montesquieu à la fois sens historique, sens sociologique, et sens commun.
Sont-ce là des chimères et des rêves ? […] Chapelain pourrait dire de lui comme de Molière : « Ce garçon sait du latin. » Sa meilleure pièce, peut-être, est celle qu’il appelle Utopie et dans laquelle il décrit son rêve de perfection : un morceau de dimension modeste, un bijou de métal précieux finement ciselé, une perle sertie dans l’or, une fleur à mettre parmi les plus fraîches au cœur d’un bouquet d’anthologie ; il a réalisé son rêve en l’exprimant. […] Il rêve la fraternité, la paix universelle, l’accession de tous au bonheur. […] Une des pièces les plus remarquables du volume est intitulée par le poëte Rêve parisien : c’est un cauchemar splendide et sombre, digne des Babels à la manière noire de Martynn. […] Elle a mérité une couronne académique pour son premier recueil Rêves et réalités.
L’édifice de nos chimères s’est effondre comme les châteaux féériques qu’on bâtit en rêve. […] Ce parti républicain, qui, plein des funestes erreurs qu’on répand depuis un demi-siècle sur l’histoire de la Révolution, s’est cru capable de répéter une partie qui ne fut gagnée il y a quatre-vingts ans que par suite de circonstances tout à fait différentes de celles d’aujourd’hui, s’est trouvée n’être qu’un halluciné, prenant ses rêves pour des réalités. […] Nous crûmes un moment que notre rêve allait se réaliser, c’est-à-dire l’union politique et intellectuelle de l’Allemagne, de l’Angleterre et de la France, constituant à elles trois une force directrice de l’humanité et de la civilisation, faisant digne à la Russie, ou plutôt la dirigeant dans sa, voie et l’élevant. […] « Sont-ce là des rêves ? […] Si un mouvement gallican de reforme dans le genre de celui que rêve avec tant de candeur, de sincérité, de chaleur d’âme le P.
C’est un rêve. […] Les soirs exquis n’ont plus d’oreillers pour mes rêves. […] Toute cette mise donnait l’impression d’une physionomie de bohème qui vit dans son rêve sans se soucier de ce qui se passe en dehors de lui. […] Parmi tous ces livres, il choisit le fruit de mes veilles et de mes rêves. […] ce rêve de l’affamé qui erre sur la grand’route !
Il s’occupe de géographie et rêve de voyages au centre de l’Afrique. […] Il ne saurait dire ; mais il sourit, on ne sait à quoi, à quelque chose qui est son rêve. […] Le poète des Chants du soldat demeurait, lui, fidèle à son rêve. […] Dans son cabinet de toilette, qui est un rêve, Mme Blandain empile dans une malle, qui est un autre rêve (oh ! […] Elle ne tarde pas à confesser ses sentiments au beau troubadour. « Je rêve, murmure-t-elle, un plaisir délicat.
Il raconte ce qu’il suppose, et l’on peut bien dire ce qu’il rêve. […] Parce que, bien qu’orgueilleux, il est vaniteux aussi ; parce qu’il est étrangement faible ; parce qu’il n’a jamais eu de volonté ; parce qu’il rêve sa vie au lieu de la vivre ; parce qu’il se rêve lui-même au lieu de se connaître, et parce qu’il a le don de ne pas voir les réalités comme elles sont. […] Mais quel rêve ? […] Il rêve, et cela l’amuse. […] Et il part avec son élève à la recherche de la jeune personne qui ressemblera le mieux à cette Sophie de ses rêves.
Meyer sera l’âme de la vie entière de ton amie, ou si je n’aurai fait qu’un petit rêve agréable, qui m’aura amusé pendant un mois ; ce sera l’un ou l’autre, et quelques moments décideront lequel des deux. […] Au contraire, on ne sait pas bien ; l’œil est encore humide, on a tourné la dernière page, et l’on rêve. […] disait l’abbé de La Tour. — Pour moi, dit la baronne. — On ne pense, on ne rêve que politique, continua l’abbé. — J’ai la politique en horreur, répliqua la baronne, et les maux que la guerre fait à mon pays me donnent un extrême besoin de distraction. […] bien oui, écrivait-elle un jour après la visite de quelqu’un de qui elle espérait beaucoup, votre ami l’abbé n’a pas répondu à mon rêve ; nous en causerons, je ne me décourage pas.
. — Antithèses et contrastes : elle les expédie à Abeilard par douzaines : contraste entre le monastère illuminé par sa présence et le monastère désolé par son absence, entre la tranquillité de la religieuse pure et l’anxiété de la religieuse coupable, entre le rêve du bonheur humain et le rêve du bonheur céleste. — En somme, c’est un air de bravoure, avec oppositions de forte et de piano, avec variations et changements de ton ; Héloïse exploite son motif, et s’occupe à y insérer toutes les habiletés et les réussites de sa voix. Admirez les crescendo et les roulades par lesquelles elle termine ses morceaux brillants ; pour enlever l’auditeur à la fin du portrait de la nonne innocente, elle ira chercher « la Grâce qui fait luire autour d’elle ses plus purs rayons, les anges qui de leurs chuchotements éveillent ses rêves dorés, les ailes des séraphins qui répandent sur elle leurs divins parfums, l’époux qui prépare l’anneau nuptial, les blanches vierges qui chantent l’hyménée1109 », bref toute la garde-robe du Paradis. […] À propos d’un nuage, il rêve à la vie humaine et fait une phrase.
La Révolution de Juillet interrompit brusquement nos rêves, et il me fallut quelque temps pour les renouer. […] Il est aisé de voir qu’un sentiment indécis entre la passion tempérée par le respect et l’amour innomé, le rêve triste de l’âme, sera l’accent de votre vie ; ce spiritualisme passionné, mais muet, comprenant le bonheur des autres, mais sans le profaner ou l’envier. […] Mais quand j’en ai longtemps échauffé ma pensée, Que la Prière en pleurs, à pas lents avancée, M’a baisé sur le front comme un fils, m’enlevant Dans ses bras loin du monde, en un rêve fervent, Et que j’entends déjà dans la sphère bénie Des harpes et des voix la douceur infinie, Voilà que de mon âme, à l’entour, au dedans, Quelques funestes cris, quelques désirs grondants Éclatent tout à coup, et d’en haut je retombe Plus bas dans le péché, plus avant dans la tombe ! […] « Ainsi Virgile est surtout sensible à la fraîcheur profonde d’un doux paysage verdoyant et dormant ; au murmure des abeilles dans la haie ; au chant, mais un peu lointain, de l’émondeur là-bas, sur le coteau ; au roucoulement plus voisin du ramier ou de la tourterelle ; il aime cette habitude silencieuse et tranquille, cette monotonie qui prête à une demi-tristesse et au rêve.
Du rêve, du symbolisme. […] Et Tristan (N’est-ce pas un long rêve, une longue extase ? […] Ainsi, Wagner et Tolstoï, forcés à des règles détaillées du renoncement, les donnent différentes, suivant la différence de leur race et de leur esprit, et la différence des désirs égarant leurs paroles, dans le vain rêve cruel de la vie égoïste. […] Elle se projette, sans arrêt, en multiples images, rêves que, volontairement, nous rêvons.
Ce serait un chaos de représentations, un vrai rêve sans lien ; et c’est en effet au rêve que M. […] Toutes ces séries restent d’abord flottantes et discontinues dans son imagination, sa vie étant un rêve. […] Le rêve d’éternité intemporelle, fait par Kant, est une simple idée dont rien ne peut garantir la valeur.
Revenir en deçà sur quelques points, c’était le rêve de l’agronome et aristocratique Mirabeau. […] Mirabeau toujours préoccupé de l’idée que Vauvenargues n’est pas ambitieux, qu’il est philosophe par tempérament et par choix (il le juge trop sur la mine, et par le dehors), qu’il est porté à l’inaction et au rêve, le presse souvent et dans les termes d’une cordiale amitié de se proposer un plan de vie, un but, de ne plus vivre au jour la journée : « Nous avons besoin de nous joindre, mon cher ami ; vous appuieriez sur la raison, et je vous fournirais des idées. » Vauvenargues décline ce titre de philosophe auquel, dit-il, il n’a pas droit : Vous me faites trop d’honneur en cherchant à me soutenir par le nom de philosophe dont vous couvrez mes singularités ; c’est un nom que je n’ai pas pris ; on me l’a jeté à la tête, je ne le mérite point ; je l’ai reçu sans en prendre les charges ; le poids en est trop fort pour moi.