Dans le poème dont il a commencé la traduction, et qui, nous le reconnaissons, est un travail cyclopéen de philologie et de difficulté d’expression, il n’a pas su distinguer ce qui appartenait à l’esprit hindou de ce qui ne lui appartenait pas, et, cette distinction faite, combien il restait peu à Valmiki de puissance réelle, de sens des choses de l’âme, de vrai génie !
Vauvenargues16 [Le Pays, 10 octobre 1857] I Le service très réel que M.
Malgré des malheurs très réels, je ne sache rien de moins touchant que ces deux êtres, et malgré les efforts qu’ils font pour introduire dans l’amour la haute philosophie et la littérature, je ne sache rien de plus ennuyeux et de plus pédant que leur langage.
et aussi quelle revanche de la vie mystique sur la vie réelle !
Seulement, sans rien préjuger sur la conclusion qui doit briller pour l’Angleterre à travers les faits que le livre de Mgr Salvado expose, est-il téméraire d’affirmer qu’indépendamment de l’état sans vie et sans réelle efficacité de ses missions protestantes, elle souffre au plus profond de son intérêt colonial, du principe religieux qu’elle représente et qu’elle s’efforce de propager ?
Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?
Il y a celui qui fait rire et celui-là qui ne fait que sourire, et c’est celui qui ne fait que sourire qui est le comique supérieur, aussi humain, aussi réel que l’autre, mais idéalisé et donnant un plaisir plus noble et plus profond que le comique qui fait rire.
On a dit qu’au lieu de demander simplement au poète ce qu’il a fait, et surtout ce qu’il a voulu faire, elle lui demande, préférence insidieuse, ce qu’il n’a voulu faire ni fait, et qu’ainsi on n’est jamais jugé sur son œuvre réelle, et que la Justice (la Justice qui n’est pas aveugle, car elle serait infirme, mais qui ferme les yeux pour mieux voir,) étrangle tout, et l’œuvre et l’auteur, et elle-même, avec son bandeau !
C’était le naturel d’un être qui n’en était pas moins réel parce qu’il était naturel et divin… On lui reprochait sa manière de voir et de représenter les choses.
Sue, et donne même la clef de son talent, lequel cache, comme sa personne, sous les affectations volontaires, je ne sais quelle force native et commune, mais n’a jamais de distinction vraie, ni de réelle originalité.
Théophile Gautier a imités dans ce roman sans vie et sans passion réelle, — monument d’archaïsme, dont l’idée ne pouvait venir qu’à un littérateur de décadence, très-habile, si l’on veut, et très-rompu aux choses du langage, mais dépourvu entièrement d’invention puissante et de toute originalité !
Serait-ce parce que nous nous efforcerions d’autant plus de paraître grands, que nous aurions moins de grandeur réelle ?
Le seul mérite réel que je reconnaisse dans ce livre c’est le sentiment et la peinture du malheur. […] Non seulement les faits n’y sont pas racontés, mais les idées substituées aux faits ne sont pas l’interprétation réelle de tous les faits omis. […] N’est-ce pas l’ivresse de la douleur et le mépris de la vie réelle ? […] Hugo et de Vigny par l’animation brutale mais réelle de ses personnages. […] Se mêler au mouvement réel des affaires serait profaner la majesté divine de sa pensée ; mais il se tient prêt à distribuer ses conseils.
Les pensées les plus généreuses de Ruskin sont presque toujours gâtées par des songeries mystiques qui en détruisent peu à peu toute la valeur réelle. […] Ni la santé ni la maladie ne semblent avoir d’influence réelle bien marquée sur la qualité de la production littéraire. […] Plus ils choquent notre sensibilité et plus ils ont de valeur réelle. […] C’est une communion à la fois mystique et réelle, sous les espèces du métal. […] Mais celle des académies adverses, rêvées ou réelles, l’est-elle beaucoup moins ?
Il voudrait avoir le pouvoir réel, celui de l’argent ; et laisser à l’aristocratie le pouvoir du rang et des manières, qu’il ne songe pas à lui contester. […] L’héroïsme, très réel pourtant, de l’Anglais sur le champ de bataille, est bien dépassé par l’héroïsme du pionnier isolé au sein des forêts et du marin sur l’Océan. […] Il sera fixé sur la valeur réelle d’hommes, tels que Bunyan et Dryden, et les inscrira dans sa mémoire à la vraie place qu’ils doivent y occuper, bien au-dessus d’autres noms que le préjugé ou la sottise aura portés jusqu’à lui, tel que celui du lourd, pédantesque et grossier Butler, par exemple. […] Abominables, mais non stériles et vulgaires, car il y a une force réelle dans ces fantaisies monstrueuses, et cette sorcière Sycorax était si puissante qu’au dire de Prospero, qui lui rend pleine justice, elle pouvait arracher à la lune le gouvernement de sa propre sphère et faire à son gré le flux et le reflux. […] Fitzgerald, que cette forme de plaisanterie accuse chez celui qui l’employa une dépravation réelle.
Activité toujours en exercice, activité réglée par un sentiment juste du réel, de l’utile et du possible, voilà le fond, selon Gervinus, de la morale de Shakespeare. […] Voilà encore qui est excellent : « Nous confessons n’avoir jamais compris où commençait le réel comparé au vrai. […] Somme toute, Phèdre, selon Sainte-Beuve, est manquée complètement, malgré quelques réelles beautés de détail et de style. […] Ce qu’ils voyaient était très réel : Racine est vrai. […] Mettons, si l’on y tient, que Shakspeare est réaliste et que Racine est réel, et voilà encore qui m’est égal.
Nous devrions profiter de ce que nous habitons un monde imaginaire, pour y réaliser ce rêve irréalisable dans le monde réel : de nous aimer les uns les autres, ou d’en avoir l’air, devant ceux qui nous regardent. […] Toute cette partie du livre est pleine d’une réelle beauté, et ce n’est pas sans émotion qu’on lira ces pages où l’on voit le médecin épiant la mort sur lui-même et parlant aussi posément de sa mort et de la science que Socrate au milieu de ses disciples. […] Là n’est pas le roman que je ne veux point déflorer par une analyse qui ne saurait qu’en amoindrir le réel intérêt, d’autant que c’est surtout par le détail, par la délicatesse du sentiment que vit Tendresse de mère, dont le titre dit assez le sujet. […] Édouard Rod est d’un grand intérêt, d’une réelle émotion ; voyant que rien ne peut vaincre la passion de son mari, la femme de Michel Tessier, malgré l’amour qu’elle ressent encore pour lui, lui conseille le divorce, ce divorce contre lequel il vient de s’élever si éloquemment à la tribune. […] » Cet adieu n’est-il pas à la fois une politesse à ceux que l’on quitte, et la netteté de sa forme une protestation réelle contre certain galimatias d’inversions, de préciosités, de néologismes et d’intentions perdues qui tueraient plutôt la langue française qu’ils ne la régénéreraient ?
Une bonne analyse des procédés naturels du style commencerait à la sensation pour aboutir à l’idée pure, — si pure qu’elle ne correspond à rien, non seulement de réel, mais de figuratif. […] « La description est la peinture animée des objets. » Il veut dire que, pour décrire, il faut se placer comme un peintre devant le paysage, soit réel, soit intérieur. […] Mais comment en est-on arrivé à considérer comme un péril toute réelle innovation en art ou en littérature ? […] Là il travaille sur des faits réels et non plus sur des faits créés par sa logique ou celle de Lycurgue. […] Au bout de trois mois d’exercices — une demi-heure par jour — ces petits garçons comprennent déjà fort bien et s’expriment avec une réelle facilité.
Il en est peu dont l’influence ait été plus réelle. […] Pourtant cette influence est très réelle. […] Il s’y raconte avec une très réelle ingénuité. […] Tout cela marque un retour très réel à la simplicité. […] Il eut sur un cercle choisi une influence réelle.
Ainsi soutenus, le monstre impossible et le grotesque littéraire entrent dans la vie réelle, et le fantôme de l’imagination prend la consistance des objets que nous touchons. […] Tout son effort est de les rendre visibles, de dégager les types obscurcis et altérés par les accidents et les imperfections de la vie réelle, de mettre en relief les larges passions humaines, d’être ébranlé par la grandeur des êtres qu’il ranime, de nous soulever hors de nous-mêmes par la force de ses créations. […] Les événements et les sentiments de la vie réelle ne s’arrangent pas de manière à former des contrastes si calculés et des combinaisons si habiles. […] Dès lors on rentre dans le monde réel, on se laisse aller à l’illusion, on jouit d’un spectacle varié, aisément déroulé, sans prétention morale.
Il s’en faut que les avantages réels, dans cette lutte, soient toujours de son côté. […] Il n’y a rien aujourd’hui de plus réel et de plus positif. […] Dans la vie réelle, c’était ici une impression passagère qui ne faisait que glisser sur la sérénité de l’âme. […] Le résultat réel de son livre n’en est pas moins de rendre la pauvreté odieuse en même temps que la richesse enviable ; et je me demande encore une fois ici ce que devient son impartialité si vantée. […] La fantaisie, en bouleversant les conditions ordinaires du réel, transforme nos jugements et change le cours de nos impressions.
Tantôt elle reflète le monde réel dans sa nudité prosaïque.
Cela ne changea pas le sens de l’évolution du langage, mais plutôt prévint certains excès et certaines déviations : on consulta moins les fantaisistes répugnances de la délicatesse précieuse, et davantage les exigences réelles de la pensée aspirant à se rendre intelligible.
. — Cette badauderie maladive, cette envie de la personne réelle et du morceau vivant, d’autres exhibitions sans doute la satisfont davantage : c’est elle que l’industrieux tenancier des Folies-Bergère exploite si intelligemment lorsqu’il laisse voir, sur, dirai-je sa scène, Mlle de Pougy ou Mlle de Presles.
Au nom des croyances réelles ou prétendues du grand nombre, l’État se croit obligé d’imposer à la pensée des exigences qu’elle ne peut accepter.
Bien que le motif réel de la mort de Jésus fût tout religieux, ses ennemis avaient réussi, au prétoire, à le présenter comme coupable de crime d’État ; ils n’eussent pas obtenu du sceptique Pilate une condamnation pour cause d’hétérodoxie.
Filles à soldats Nul effort ne parviendrait à mettre dans la revue que je commence un ordre réel.
Quiconque les lira avec attention [& tout le monde devroit s’empresser de les lire], y apprendra à éviter les écueils, à respecter les regles, à préférer le naturel au bel-esprit, les beautés réelles & solides au feu brillant & aux pensées recherchées, l’éloquence de tous les temps à celle du moment.
Vous voyez que je vous abandonne de bonne grâce les philosophes qui ont eu des torts réels avec vous ; abandonnez-moi de même les mauvais poètes.
Impuissant qu’on n’aurait pas même le courage de détester, si on ne pensait à l’avenir, au mal affreux que des esprits comme lui ont commis pourtant dans leur impuissance, Tallemant des Réaux est déjà — dans la première moitié du xviie siècle — une expression très vive et très nette de cet individualisme que Descartes représente dans la philosophie, Robinson Crusoé dans la vie romanesque, l’idéal de la vie réelle, Jean-Jacques Rousseau plus tard, et même Béranger.
Pour un esprit comme le sien, pour un esprit jeune alors, animé, plein de sève, et par-dessus tout cela poétique (il venait de publier un volume de vers), c’était une charge, mais non une charge d’âme, que de continuer Sismondi, — Sismondi, l’historien érudit, si l’on veut, mais l’historien sans vie réelle, sans mouvement, sans chaleur, et l’un des écrivains de cette belle école grise de Genève qui, pour le gris, le pesant et le froid, a remplacé avantageusement Port-Royal !
Béranger venait de nier la présence réelle, c’est-à-dire d’un coup tout le Christianisme dans son dogme générateur, et le concubinat, passé presque à l’état d’institution, avait eu l’ambition du sacrement.
Nous qui croyons que la vie des hommes fait leur pensée et que les livres sont, pour qui sait les entendre, la confession forcée de toute conscience, nous voulons marquer aujourd’hui les influences de la naissance sur le talent réel d’un homme qui, même comme talent, a péri par son origine.
… Ou il doit recommencer sérieusement, ce qui ne manquerait pas de hardiesse, la comédie de Molière, cette comédie des Précieuses, qui n’a point passé comme le temps qu’elle a peint, et dans laquelle tout est resté aussi vrai et aussi réel que cet éternel bonhomme que Molière met partout, ce Gorgibus qui est Chrysale ailleurs, et Orgon, et même Sganarelle ; car Sganarelle, c’est Gorgibus avec quelques années de moins et une… circonstance de plus ; ou bien — ce qui serait beaucoup plus crâne encore — il doit être, ce livre, la défense enfin arborée des Madelon et des Cathos contre les moqueries de Molière, la négation des ridicules mortels qu’il leur a prêtés, et la cause épousée par un spiritualiste du xixe siècle de ces idéales méconnues qui tendaient à s’élever au dernier bien des choses, et voulaient des sentiments, des mœurs et une langue où tout fût azur, où tout fût éther !
… Assurément, on ne doit rien entreprendre que dans la mesure de ses forces, mais, si on n’en activait pas, si on n’en provoquait pas le développement et le jeu par la difficulté du but qu’on se propose, en aurait-on la mesure réelle ?
Matérialiste autant qu’il puisse l’être de doctrine et d’inspiration première, Weill, qui n’est pas un philosophe à une philosophie, mais un philosophe à plusieurs, n’est pas seulement matérialiste par le fond réel de son livre ; il prétend être encore spiritualiste par l’intention et par le détail.
C’est le caricaturiste le plus grandiose et le plus idéalement réel qui ait jamais existé, dans quelque littérature que ce soit.
Si sa popularité, disent les hommes de son temps, fut monstrueuse, elle l’est encore après sa mort, et il faudrait s’en étonner, si les hommes n’étaient pas toujours les mêmes : lâches devant la force brutale qu’ils prennent pour la force réelle, mais qui ne l’est pas !
Mais l’honneur de la pensée n’est-il pas de traverser le milieu épais et physique pour saisir ce qu’il y a de vie, de force réelle et de vraie beauté morale, dont les nations, voyez-vous !