Et on ne peut plus ici opposer les apparences à une réalité sous-jacente, puisque les états de conscience, comme tels, sont ce qu’ils paraissent et ont les qualités qu’ils semblent avoir ; vous ne pouvez donc ramener les différences apparentes à une unité réelle, puisque ce serait ramener les différences d’apparence à l’unité d’apparence 11. […] Un son même n’est pas saisi en dehors de l’espace, dans le monde des esprits, dans le paradis : il est senti corporellement, comme quelque chose qui est plus ou moins voisin ou éloigné, qui a une direction, difficile peut-être à distinguer, mais pourtant réelle. […] La simplicité est une limite idéale, la complexité et même l’infinité est le réel : l’imagination seule s’efforce de la réduire en points et en atomes, comme aussi en monades. […] La stimulation dont nous ne sommes pas avertis est à celle dont nous sommes avertis comme celle-ci est à la représentation aperçue ; et le processus mental de l’aperception étant un jugement, la forme de l’acte de sensation peut aussi s’appeler un jugement. » C’est sur cette propriété que Riehl veut fonder « la conscience immédiate de quelque chose qui n’est pas appréhendé par le sens » ; et ce quelque chose qui n’est pas nous-mêmes constitue pour nous « le réel existant ». Il y a donc dans toute sensation une position du réel, une reconnaissance d’existence.
J’ai déjà dit que la logique le lui imposait ; peut-être sans qu’il le veuille, ses poèmes ont le plus souvent une continuité de son très réelle. […] La grâce et la force des œuvres de ce temps fut de cacher souvent la mesure arbitraire révélée par la seule rime, de la voiler sous l’ondulant tissu de vers réels, de vers inégaux et libres ayant d’une et de deux jusqu’à seize syllabes ou davantage19. […] Si, dans un poème, on les change sans repos selon les exigences du rythme, elles n’ont plus d’existence réelle puisqu’elles ne sont plus un nombre périodique, et leur nom, vainement conservé, ne peut servir qu’à faire confondre encore une fois les rythmes avec le chiffre des syllabes alignées. […] Le drame Ancæus est une étude d’harmonieuses plastiques motivées par une action simple, et non un réel conflit de sentiments humains. […] Il s’ensuit que, malgré le rythme réel de la plupart d’entre eux, les vers les plus spontanés paraissent eux aussi des mesures traditionnelles alternées et non les mouvements d’une voix libre combinés selon l’harmonie.
Ses descriptions de tempêtes, faites en mots nautiques plutôt que pittoresques, sont terrifiantes, par leur vérité minutieuse, pleines d’épouvantements réels, de faces livides de matelots, de bris de mâts, de colossales trombes d’eau balayant le tillac, des secousses brutales d’un assemblage de planches heurtées et défoncées par le choc entêté des vagues. […] Usher n’ont eu, que l’on sache, d’existence réelle, même approximative. […] Il posséda, à un degré aussi élevé que le héros des Deux assassinats ; la souveraine puissance raisonnante, démontra le principe de l’automate de Maelzel, découvrit le mystère judiciaire réel de l’assassinat de Marie Roget, déchiffra tous les cryptogrammes qui, à la suite d’un article, lui furent envoyés par des inconnus. […] Cet élément, qui se compose chez lui d’un peu d’impossible uni à beaucoup d’improbable, est inséré dans l’œuvre avec un soin infini, au moment où le lecteur a le plus perdu de son sang-froid et se trouve prêt à ne plus discerner le réel de l’irréel. […] En quittant entièrement le réel, il ôte à l’horreur tout le pénible et le dur.
Que s’il nous trouve un peu osé de venir rattacher si familièrement ses vues à sa personne et à ses motifs, il se rappellera que nous sommes plutôt pour la littérature réelle et particulière que pour la littérature monumentale. […] Un de mes amis, fort bon latiniste, a marqué, sur un exemplaire que j’ai sous les yeux, quelques contre-sens réels que M. […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond. […] Il n’y a pas d’originalité réelle, selon nous, dans son système ; mais il y a le contre-pied des positions prises par d’autres, contre-pied soutenu avec fermeté, suite et habileté.
Que ces modes soient passagères ou que quelques-unes soient durables et répondent à quelque réel besoin des générations nouvelles, c’est une autre question. […] D’abord une action dramatique, dans la vie réelle, n’est jamais isolée, est mêlée à toutes sortes d’actions accessoires, indépendantes, indifférentes : une histoire s’entrelace avec d’autres histoires, se déroule au milieu du train-train de la vie journalière. […] Par exemple, dans la vie réelle, la cour que fait un homme à une femme se compose d’une foule de petites démarches et de menus propos ; tout cela devra être résumé dans une « déclaration » : voyez celle de Tartufe. « C’est l’habileté de l’auteur dramatique de ramasser dans une seule circonstance frappante tous les détails similaires qu’il néglige ou, pour mieux dire, qu’il supprime absolument. » De même, l’auteur dramatique ne saurait peindre ses personnages que par quelques traits choisis et caractéristiques. […] Cette convention, c’est qu’un fait auquel le public ne fait pas attention n’existe pas pour lui ; que tous les faits qu’il a bien voulu admettre comme réels le sont par cela seul qu’il les a admis, fût-ce sans y prendre garde.
Par bonheur les puissances surnaturelles viennent en aide à ces déshérités pour la cessation de leurs peines et le triomphe de la justice31 à moins que ce triomphe ne se voie assuré par reflet d’un hasard, apparent ou réel. […] Ces influences, nous les tenons pour plus apparentes que réelles. […] Les griots n’ont pas un plus mauvais rôle que les autres indigènes, encore que dans la vie réelle ils bénéficient d’une très relative estime. […] Quant à celle de Marama (Le sounkala de Marama) c’est une vision de rêve et non pas un revenant réel.
Enfin, il a publié les Jeudis de Madame Charbonneau, qui ont fait un bruit terrible ; il a, pour la première lois, eu un succès réel, — de scandale, qu’importe ? […] Mais enfin M. de Pontmartin est meilleur juge de sa situation que nous ; il en dit trop pour qu’il n’y ait pas du vrai dans ses doléances, et il se présente dans tout son livre comme si mécontent, si battu de l’oiseau, si en guerre non seulement avec nous autres gens de lettres, mais avec les personnes de sa famille, avec les nobles cousines qui ont hérité d’un oncle riche à son détriment, avec les amis politiques qui lui ont refusé un billet d’Académie pour une séance publique très-recherchée, avec ses paysans mêmes et les gens de sa commune qui ont traversé indûment son parc et à qui il reproche jusqu’aux fêtes et galas qu’il leur a donnés, qu’il est impossible de ne pas voir dans tout cela une disposition morale existante et bien réelle, celle de l’homme vexé, dépité. […] Je ne sais pourquoi, peut-être est-ce parce qu’elles sont rares, mais ces rencontres me plaisent toujours ; j’y gagne, j’y apprends de ces gaies et folles nouvelles qui autrement courraient risque de ne m’arriver jamais, j’entends de ces mots spirituels que toute la méditation ne donnerait pas, je m’y aiguise ; je crois même voir, sauf quelques rares exceptions, une bienveillance réelle à mon égard sur ces visages fins et travaillés.
. — La sensation et ses éléments sont les seuls événements réels de la nature. — Sensations rudimentaires et infinitésimales. — Le système nerveux n’est qu’un appareil de complication et de perfectionnement. — Présence des événements moraux élémentaires dans tout le monde organique. — Leur présence probable au-delà. — Double échelle et échelons correspondants du monde physique et du monde moral. […] Mais nous savons que la sensation ordinaire est un composé, qu’elle diffère de ses éléments, que ces éléments échappent à la conscience, qu’ils n’en sont pas moins réels et actifs, et, dans cette pénombre inférieure et profonde où naît la sensation, nous trouverons peut-être le lien du monde physique et du monde moral. […] À la vérité, nous ne pouvons concevoir les deux événements que comme irréductibles l’un à l’autre ; mais cela peut tenir à la manière dont nous les concevons et non aux qualités qu’ils ont ; leur incompatibilité est peut-être apparente, non réelle ; elle vient de nous et non pas d’eux.
Faisons une fable de cette vue primitive et que notre oeuvre soit une simple copie du réel. […] Notre acteur parlera, car le personnage réel parle, mais longuement et languissamment. […] Son oeuvre a la vie des objets réels, puisqu’elle est, comme eux, complexe et particulière ; mais elle n’a pas leurs défaillances et leur désordre, puisque l’idée intérieure qui l’a construite lui communique sa plénitude et son unité.
De même que les stratégistes et les joueurs d’échecs supérieurs dédaignent les rencontres réelles où l’imprévu altère la beauté des calculs et satisfont leurs aptitudes logiques, par la solution de problèmes factices, M. […] Par d’adroites combinaisons de choses réelles, en éliminant tout ce qui dans l’art et la nature, était pour lui dénué d’émotion agréable, il a créé des visions et des perceptions artificielles, qui, élaborées de propos délibéré, se sont trouvées en harmonie parfaite avec ses facultés réceptives et les aptitutes de son style. […] Assurément cette phrase peut rivaliser avec les pigments qu’elle décrit : « Des branches de corail, des ramures d’argent, des étoiles de mer ajourées comme des filigranes et de couleur bise, jaillissent en même temps que de vertes tiges supportant de chimériques et réelles fleurs, dans cet antre illuminé de pierres précieuses comme un tabernacle, et contenant l’inimitable et radieux bijou, le corps blanc, teinté de rose aux seins et aux lèvres, de la Galatée, endormie dans ses longs cheveux pâles ».
Je ne saurais souffrir, à moins que ce ne soit dans une apothéose ou quelque autre sujet de verve pure, le mélange des êtres allégoriques et réels. […] Le mélange des êtres allégoriques et réels donne à l’histoire l’air d’un conte, et pour trancher le mot, ce défaut défigure pour moi la plupart des compositions de Rubens. […] Le peintre de genre de son côté regarde la peinture historique comme un genre romanesque, où il n’y a ni vraisemblance ni vérité, où tout est outré ; qui n’a rien de commun avec la nature ; où la fausseté se décèle et dans les caractères exagérés qui n’ont existé nulle part, et dans les incidents qui sont tous d’imagination ; et dans le sujet entier que l’artiste n’a jamais vu hors de sa tête creuse ; et dans les détails qu’il a pris on ne sait où, et dans ce style qu’on appelle grand et sublime, et qui n’a point de modèle en nature, et dans les actions et les mouvements des figures, si loin des actions et des mouvements réels.
De fait et dans les contrées que Babou nous a peintes, ce paganisme est-il aussi réel, aussi visible qu’il nous l’a montré en ses nouvelles ? […] Babou n’a pas appuyé beaucoup sur ce caractère, mais ses traits sont si justes et si pénétrants à la fois que nous avons eu quelque chose d’aussi réel qu’un portrait pris sur le vif d’un homme, et qui sait ? […] Ce n’est pas tout, enfin, que d’avoir expliqué Balzac par une faculté unique, l’imagination, — comme on pourrait expliquer Shakespeare, — et montré avec une ingéniosité profonde que le monde qu’il a créé n’a été le vrai qu’après coup ; que quand le monde réel a été frappé et façonné par cette invention toute-puissante !
Il eut une existence considérable, mais sans influence politique réelle, quoiqu’il se flattât d’en avoir. […] Bien que Villars semblât suffisamment connu, j’ai pensé qu’il y avait lieu de se servir, en sa faveur, des pièces positives et authentiques imprimées depuis quelques années, pour rétablir et maintenir les grandes lignes de son mérite réel, dans lequel laissaient comme une brèche ouverte les jugements de Saint-Simon et de Fénelon20.
Béranger, le poète, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes. […] Comme, après un certain laps de temps, la vérité minutieuse et toute réelle est introuvable, comme elle l’est même souvent déjà entre contemporains, il faut ou se condamner à un scepticisme absolu et fatal, ou se résigner à cette grande manière qui nous reproduit bien moins l’individu en lui-même que les idées auxquelles il a contribué, et qu’on personnifie sous son nom.
Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?
Car, ayant fait abstraction de tout ce qui est personnel, accidentel, le raisonnement vaut dès lors pour tous les cas particuliers, innombrables, réels et possibles, qui rentreront dans le cas général qu’on aura examiné. […] Je conseillerai donc, si l’on veut apporter quelque récit à l’appui d’un conseil ou pour preuve d’une thèse, de n’entreprendre point de faire parler les animaux et les arbres, et de n’imaginer rien qui soit hors des conditions de la vie commune : que la fable soit un conte, une anecdote, enfin une petite scène du monde réel ; cela aura plus d’intérêt et un tour plus moderne.
Le prêtre qui doutoit de la présence réelle, et qui a vû l’hostie qu’il avoit consacrée devenir sanglante entre ses mains durant l’élevation, paroît penetré de terreur et de respect. […] Le peintre suppose que le souverain pontife fut trop persuadé de la présence réelle, pour être surpris des évenemens les plus miraculeux qui pussent arriver sur une hostie consacrée.
Albalat, dont l’Art d’écrire… eut un réel et mérité succès, auteur de la Formation du style, qu’il s’agit pour M. de G… de réfuter. […] Albalat affirme que, dans le style, il y a une partie de métier à apprendre, une partie de procédés à savoir, tout un côté positif, réel.
Avec un talent très réel et très élevé, avec une individualité très profonde, le croira-t-on ? […] Il en a fait pour le soulagement réel de son âme.
Ajoutons que, non seulement elles sont possibles, mais qu’elles furent réelles. […] L’intelligence, d’autre part, cultivée à l’excès, transforme la vie réelle en vie de représentation. […] Sans point fixe, pas de comparaison possible : le mouvement, même réel, est impossible à constater. […] Je parle de la bigamie simple, de celle qui ne se complique pas de crimes réels. […] Il rendra des services même aux transports en commun, des services très limités, mais réels.
La dame avait raisonné juste sur un fait réel, car la barrière était effectivement ouverte et par conséquent l’ascenseur aurait dû être à l’étage. […] Il ne peut pas en être ainsi dans des sociétés moins évoluées qui n’ont que des coutumes, les unes justifiées par un besoin réel, la plupart dues au simple hasard ou à une extension irréfléchie des premières. […] En voici un autre, qui met peut-être mieux en relief son unité, son individualité, la netteté avec laquelle il se découpe dans la continuité du réel. […] Pour que nous nous sentions à notre aise, il faut que l’événement qui se découpe à nos yeux dans l’ensemble du réel paraisse animé d’une intention. […] Elle était réelle, mais d’une réalité qui n’était pas sans dépendre de la volonté humaine.
Eh bien, il faut le dire, ce ne sont pas là des caractères réels, ce sont de pures caricatures. […] une copie du réel, ou une imitation du vrai ? […] car c’est à ce prix seulement que vivent d’une vie réelle les créations de l’artiste. […] Maintenant, au contraire, vous voulez être absolument réel et, comme dit M. […] Ils voudront faire plus frappant, sauf à faire moins réel.
Si dans la plaine de Tortose il fonça sur des simulacres, il croyait au péril réel. […] Il a ce qu’il voulait, un sujet de torture réel, moins déchirant que ses images flottantes. […] Ce brusque détour d’Auguste Comte, qui partage encore aujourd’hui ses disciples, offre des analogies avec celui de Tolstoï en ce qu’il va du réel au mysticisme, au lieu que celui de Renan va du mysticisme au réel. […] Nous avons là les ligues réelles où se cristallisèrent tant d’image brillantes. […] Il sait inventer de réels détails qui fixent la pensée attentive.
Tout semble tellement relatif qu’on ne sait plus ce qui a une valeur réelle. […] L’action seule touche à la réalité, ou plutôt, l’homme n’est réel que pour autant qu’il agit. […] Rêver l’idéal pour échapper au réel, descendre dans le réel pour oublier l’idéal : il se pourrait que ce fussent, en effet, les seules alternatives auxquelles se résolve la sagesse humaine. […] Ce qu’il sent réel, ce ne sont pas les grandes masses d’idées et les théories spéculatives qui hantent la méditation de M. […] Il n’est de volontés réelles que celles librement soumises à une loi consentie.
si c’est là le cours réel de ces veines enflées ?
Frédéric Saisset, de très réelles qualités, le plus souvent dissimulées et gênées par des hésitations, des indécisions, des appréhensions, et l’on sent trop que le poète doute de soi-même et ne parvient pas à se libérer de certaines influences malgré des efforts continuels, mais sans hardiesse.
. — Il a fait les choses, res, d’où vient, réel, réalisme ; les choses, c’est-à-dire ce qui ne peut être autrement que cela n’est. […] L’actuel n’est pas le vrai.Le vrai est immuable, le réel ou actuel est changeant. […] elles ne peuvent trouver place dans la vie réelle, elles y descendent, au contraire ; mais alors elles cessent de tirer leur intérêt d’elles-mêmes ; s’appelant superstition, elles deviennent curieuses physiologiquement par leur rôle âcre et positif, à cause des mouvements, des actions qu’elles excitent, et qui sont des faits réels, de l’ordre naturel, logique, habituel. […] Mais la vie réelle n’est pas du tout apte à éveiller en lui cette inspiration, et bien moins apte encore à la nourrir uniformément. […] Il peindra des bourgeois, des soldats, des prêtres, des princes selon la société de son temps, personnages grotesques, bizarres mais simples, et il mettra la mort au milieu de ce monde réel, contemporain ; et jamais idée plus claire, plus saisissante et plus symbolique n’aura été rendue par la peinture, grâce à la réalité de tout, ce qui devait y être réel, à la pensée profonde qui saisit les faits dans leur exactitude.
Anonyme Il faut dire que le commandant Bertout est plus philosophe que poète, au sens réel de ce dernier mot ; il faut ajouter qu’il est plus encore un homme d’action qu’un philosophe.
C’est le poème de la « chasse au bonheur », à laquelle Stendhal, timide, contraint et correct dans la vie réelle, se livre frénétiquement sous les noms de Julien Sorel et de Fabrice del Dongo. […] Le fond réel et vivant de leur foi, c’est qu’il y a une puissance souveraine qui a les yeux sur l’homme, qui veille sur lui, et qui, dans le conflit universel de l’iniquité et de la justice, réserve à la justice le dernier mot. […] Je lui reprocherais d’avoir porté sur un mal réel, dont il n’appartiendrait pas à un esprit vulgaire d’éprouver l’alarme, un diagnostic faux. […] L’accuser de n’avoir pas traité chastement son sujet ni respecté assez la pureté réelle et légendaire de l’héroïne serait inique. […] Ses drames accusent le sens réel de l’histoire, la connaissance lucide de tout le tragique de l’humanité.
Et puis certains caractères peut-être ne doivent pas être trop vrais, trop réels. […] Je m’imagine que c’est la haine de tout lieu commun qui a détourné du théâtre un des talents les plus foncièrement dramatiques et les plus réels à la fois, M.
Mais le couronner de moitié avec l’auteur d’un autre ouvrage franchement et ardemment protestant, et cela quand il y a à côté, dans le même concours, un livre de talent réel mais pénétré de l’esprit catholique, bien plus important dans une pareille question que le talent, c’est en vérité plus fâcheux que d’obéir simplement à des impressions personnelles, la plus vulgaire des appréciations ; car c’est révéler qu’on a cédé à des doctrines fortes ou faibles, enchaînées ou éparses dans des esprits plus éclairés que résolus ; c’est démentir, par le fait, la signification de son programme de 1849, et donner à croire à ceux-là qui ne tiennent pas les Académies pour des héroïnes intellectuelles, que ce qu’il y avait de courageux — d’implicitement courageux dans ce programme — n’était que la bravoure bientôt refroidie d’un poltron d’idées révolté ! […] Le livre de Martin Doisy, qui, de tous les ouvrages soumis au jugement de l’Académie, répondait seul sans réplique aux prétentions de l’Économie, fille de la Philosophie, par le tableau de tous les biens réels et possibles faits au monde par l’économie, fille de la charité, n’a été l’objet que d’une mention honorable.
Mais le monde antique « fermé », sans lien réel avec l’en-dehors, ne pouvait adopter une conception qui suppose admise la solidarité entre nations et « la plus large des communautés. » Il semble qu’Henri IV, à l’aurore du monde moderne, conçut le premier l’idée d’une juridiction dont les États de l’Europe auraient à invoquer l’autorité, pour régler leurs conflits. […] Les hommes d’élite ne sont-ils point les représentants réels des peuples ?
Alphonse Lemerre Après avoir fait représenter avec succès plusieurs comédies en vers… il s’est révélé sonnettiste d’une réelle originalité… Joséphin Soulary, le maître du genre, fait au dernier volume de M.
Il est une certaine classe d’esprits, & c’est le plus grand nombre, incapables de s’attacher à des lectures solides ; il leur faut des Livres qui ne demandent ni application ni étude ; mais le talent de les amuser n’a pas droit de prétendre aux honneurs dus aux talens réels & honorables.
Louis Malosse pour dire que, quelquefois, chez lui, le fragment épique s’élève aisément à la hauteur d’un poème philosophique et alors ne manque pas d’une réelle grandeur.
Plusieurs Ouvrages sur les Grains, aussi instructifs que bien écrits, assurent ses droits à la reconnoissance de tous ceux qui s'intéressent aux avantages réels de la Société.
La parfaite indifférence n’est qu’un instant de transition plus idéal que réel ; là où elle existe, elle révèle l’habitude prise et transmise héréditairement, l’organisation devenue automatique, comme pour les battements du cœur. […] S’il y a réel accroissement de plaisir, c’est qu’il y a excédent véritable, à moins d’admettre que je ne sois forcé de faire croître aussi la peine pour augmenter la jouissance consécutive. […] Dès lors, non seulement le plaisir n’a pas besoin d’un manque préalable pour exister, mais, lors même qu’il succède à un manque réel, comme dans beaucoup de plaisirs des sens, il n’en est pas moins par soi indépendant de cette négation, essentiellement positif. […] C’est le sentiment de cette diminution, de cette perpétuelle déchéance, où la volupté se trahit elle-même, qui est l’excitant réel du désir toujours renaissant, de la « faim » toujours renaissante. […] Le calcul algébrique des forces (mV2) n’est alors qu’un symbole abstrait du calcul philosophique des forces réelles, des causes.
Le culte des apparences, les préoccupations techniques certes étaient moins angoissantes et nous savons très bien comment, à l’exemple de tel ou tel animal qui peut tomber en sommeil s’il regarde longtemps un point fixe, les réalistes d’une part et, à leur suite, les esthètesac qui n’avaient d’yeux que pour les attitudes, d’oreilles que pour les mots, d’attention que pour les objets, ne se dédiaient ainsi à tout cet attirail que par un confus mais réel désir de somnolence. […] Libre donc à Paul Valéry d’évoquer sur le mode lyrique les frissons extraordinaires qui ont couru sur la moelle de l’Europe, les produits connus de l’anxiété qui va du réel au cauchemar et retourne du cauchemar au réel, libre à lui de prononcer l’oraison funèbre du Lusitania ba et d’entonner ses thrènes. […] Les projections réelles de leurs œuvres, nul ne saurait en mesurer la force, la lumière, les progrèsbj. […] Tout de même, n’est-ce point déjà pour l’esprit une victoire magnifique et quasi inespérée que cette liberté nouvelle, ce sursaut de l’imagination qui triomphe du réel, du relatif, brise les barreaux de sa cage raisonnable et, oiseau docile à la voix du vent, déjà s’éloigne de terre pour voler plus haut, plus loin. […] Ce développement sur les peintres surréalistes et la vue libérée présente les caractéristiques de l’écriture à la fois lyrique et critique des surréalistes ; l’idée du tableau comme ouverture creusée dans le mur du réel revient chez Breton, au début du Surréalisme et la peinture ; la porte qui livre passage à Crevel est devenue une fenêtre « dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne, autrement dit si, d’où je suis, « la vue est belle » […]. » cc.
L’on a dit que, dans une telle pensée de représailles, il imposa le nom de Bufonia à une plante peu aimable : l’exactitude du fait, l’intention réelle de l’allusion a été contestée. […] Il est un autre ordre de savants aussi positifs et plus philosophes (Cuvier le premier), qui semblent au contraire avoir vu chez Buffon tout ce qui est digne d’être loué, avoir fait la part des progrès réels que lui doit la science, du genre de création qu’il y a porté, des divisions capitales qu’il a entrevues. […] Cuvier, dont le jugement a fait loi pour les zoologistes contemporains, semble lui-même placer le mérite le plus réel de Buffon dans ses droits au titre d’auteur fondamental pour l’histoire des quadrupèdes.