C’est ainsi que le cheval attelé à un manège refuserait certainement d’avancer si on ne prenait la précaution de lui bander les yeux.
On renonça à pénétrer dans le détail de la structure de l’univers, à isoler les pièces de ce vaste mécanisme, à analyser une à une les forces qui les mettent en branle et on se contenta de prendre pour guides certains principes généraux qui ont précisément pour objet de nous dispenser de cette étude minutieuse.
Ne vous croyez pas obligés de prendre des airs consternés, parce que les choses ne vont pas de la façon que vous croyez la meilleure.
Ils prirent à tâche de le prémunir contre les favoris et de décider son inclination pour quelque maîtresse qui augmentât leur crédit.
J’ai fait même quelques observations qui vous prouveront l’intérêt que je prends à la réputation que vous méritez….
Il prit le vent & l’enflure pour de la verve ; & ses contemporains se trompèrent également.
Elle prit, au plus vîte, ce petit homme dans son tablier, remit sa culotte, le porta au bord de la rivière & fit venir un bateau pour le transporter chez lui.
C’est un parti qu’il faut nous décider à prendre, si nous commençons à craindre que l’attention ne se lasse, et surtout qu’à voir ainsi défiler triomphalement tant d’auteurs, le sentiment des distinctions et des distances qui les séparent ne finisse par s’y abolir.
Les artisans nez avec du genie ne prennent point pour modeles les ouvrages de leurs devanciers, mais la nature même ; et la nature est encore plus féconde en sujets differens, que le genie des artisans n’est varié.
La mandragore de Machiavel, l’une des meilleures comédies qui aïent été faites depuis Terence, et qu’on ne prendroit jamais pour une production d’esprit née dans le même cerveau, où sont écloses tant de refléxions si profondes sur la guerre, sur la politique, et principalement sur les conjurations, est demeurée en Italie une piece unique en sa classe.
Je parle de cette hauteur qui consiste dans la noblesse des sentimens du coeur, et dans une élevation d’esprit, et qui fait mettre un juste prix aux avancemens où l’on peut aspirer, comme à la peine qu’il faut prendre pour y parvenir, sur tout quand il est question de les solliciter auprès de personnes qu’on ne croit pas être des juges compétens du mérite.
Il est trois heures ; et ma mère, la petite-fille de Regnard, n’a pas encore pris son café au lait !!!
Sous la pression de tant de détails, elle prend l’aspect d’une vaste nomenclature, abordable, sans doute, à l’énergique personnalité des gens spéciaux qui cherchent les informations dont ils ont besoin à travers toutes les broussailles, mais elle doit, par son continuel entassement et par sa sécheresse, repousser cette masse flottante de lecteurs qui, en fin de compte, est le véritable public.
IV Mais ceci — qu’on y prenne bien garde !
Auguste Nicolas était déjà connu par ses Études philosophiques sur le Christianisme, qui firent tant d’impression quand elles parurent, son talent ayant cela de particulier et de supérieur dans sa mesure qu’il touche juste et vous prend où il a touché.
Il a réussi, comme réussiront toujours les livres vrais dans les sociétés décadentes qui meurent de leurs mensonges, chez qui la langue littéraire est usée à force d’avoir servi, et où les esprits, brûlés par les piments d’une littérature à ses dernières cartouches et à ses dernières balles mâchées, reviennent aux livres qui apportent la sensation rafraîchissante du naturel, du primitif et du simple… Bien avant Cladel, madame George Sand avait eu l’idée de cette littérature de terroir ; mais elle ne pouvait y entrer que comme un bas-bleu qu’elle était, un bas-bleu armé de toutes pièces prises à l’arsenal de toutes les bêtises philosophiques, philanthropiques et démocratiques de ce temps, et gâtant tout de son bas-bleuisme et de ses préfaces explicatives.
On raconta que, dès sa première jeunesse, allant à Thespies dans la plus grande chaleur de l’été, il fut pris de fatigue et de sommeil25.
« Sachez, illustrissime seigneur, écrit le Tasse au cardinal Albano, à Rome, que je suis à Turin, à la cour du marquis d’Este, auquel j’ai un désir infini de m’attacher à cause de ma dépendance de son illustre famille et de mon affection pour son beau-frère ; il désire aussi me prendre à son service ; mais telle est l’instabilité de mon caractère et de ma fortune, que rien, dans ces engagements, ne peut paraître stable, à moins qu’une autre main ne stipule pour moi plus que je ne peux garantir moi-même. […] Le Tasse s’était vivement attaché à ce jeune homme ; il lui communiquait les vers qu’il composait encore dans sa prison, et lui permettait d’en prendre des copies sous ses yeux. […] Ses amis de Naples prirent congé de lui aux portes de Capoue. […] « Quelques jours après, le Tasse m’ayant fait le plaisir de me venir voir, comme cela lui arrive souvent, je lui montrai cette note dont il fut ravi, et ayant pris la plume il écrivit dessous : Divin !
qu’il est doux, disait-il quelque part, dans la retraite (d’un soir d’hiver), à travers le trou de sa serrure, de guetter le monde tel qu’il est fait, de voir tout le remuement de cette Babel et de ne point sentir la foule. » Mais il avait trop de sensibilité, de patriotisme, de mouvements humains et chrétiens pour en restera cet état de spectateur amusé, et il s’échappait à tout instant en élancements et en effusions douloureuses qui peuvent sembler aujourd’hui toucher à la déclamation, mais qui, à les bien prendre et à les saisir dans leur jet, étaient surtout des à-propos éloquents. […] Frappé de bonne heure des beautés d’Homère et mécontent des infidélités de Pope, il s’appliqua (lady Austen encore, à l’origine, l’y poussant) à faire en vers blancs une traduction complète et fidèle de L’Iliade et de L’Odyssée, ce qui lui prit de bien longues années.
Le Brun s’est frotté la tête, a dressé ses chevaux, froncé le sourcil, rongé ses doigts, ébranlé par ses cris les solives de son plancher, et, dans un enthousiasme qu’il a pris pour divin, a fait sortir avec effort de son cerveau rebelle une ode de trente-trois strophes seulement, qu’il a envoyée aux Délices. […] Les strophes les plus exécrables qu’on puisse citer d’alors sont de lui, du chantre et du pensionné de Calonne : et à la fois, oubliant ces gages publics qu’il avait donnés si récemment encore, il se proclamait un républicain de tous les temps ; il prenait son humeur invétérée pour des principes.
Cela même portait le jeune poëte de Thèbes à prendre pour unique objet de ses chants ce qui pouvait surtout animer et servir la Grèce entière, le culte de ses Dieux protecteurs et l’émulation fortifiante de ses jeux guerriers. […] La défaite des Perses, cette défaite trop voisine et trop sanglante pour la perspective du théâtre, prend une sorte de grandeur fatale et mystérieuse, en apparaissant au loin dans Suse.
Il ne cesse à chaque mouvement de prendre son point d’appui sur le niveau d’alentour.
Quand Scott, duquel M. de Vigny était évidemment préoccupé, s’amuse à faire grimacer ses figures, il ne prend guère cette liberté qu’avec des êtres fantastiques.
Quand l’Assemblée eût été moins sage, moins logique et moins rationnelle qu’elle n’a été, quand le parti Mounier et Lally eût pris le dessus par impossible et fait avorter les conséquences législatives du jeu de paume, qu’aurait-on gagné, je le demande ?
La paix qui l’environne semble insulter au tumulte de son âme ; l’uniformité des jours ne lui présente aucun changement même dans la peine ; la violence d’un tel malheur au sein de la retraite, est une nouvelle preuve de la funeste influence des passions ; elles éloignent de tout ce qui est simple et facile, et quoiqu’elles prennent leur source dans la nature de l’homme, elles s’opposent sans cesse à sa véritable destination.
La tragédie racinienne ne peut jamais prendre que les trente-six dernières heures d’une action ; donc jamais de développements de passions.
Il produit les espèces comme il les trouve dans la nature, dans la même confusion, dans le même isolement : comme il faut un ordre, il prend la première division venue, animaux sauvages, animaux domestiques, les gros d’abord, les petits ensuite.
Il nous dit, se peignant sous le nom de Saint-Clair : « Il était né avec un cœur tendre et aimant ; mais, à un âge où l’on prend trop facilement des impressions qui durent toute la vie, sa sensibilité trop expansive lui avait attiré les railleries de ses camarades.
Son romanesque philosophique et socialiste est encore, à le bien prendre, une des formes de sa bonté.
Différent, ils le soupçonnent méprisant et, voulant imiter ce qu’ils devinent, se fabriquent des partis pris : cependant qu’il n’est pas sorti de sa générale bonté, même pour les fustiger, ces petits.
Prenons leçon de ce chaste.
Il n’y a que des barbares ou des gens à courte vue qui puissent se laisser prendre à des objections superficielles comme celles que fait naître au premier coup d’œil la multiplicité des emplois scientifiques.
Depuis qu’on est inondé d’Ecrits philosophiques, les vices semblent se multiplier & prendre un caractere qui les rend encore plus odieux.
— et par un geste qui lui était habituel, croisant sa redingote sur le ventre, comme on sangle un ceinturon, il prenait congé de nous, et allait porter la triomphante nouvelle du quartier Notre-Dame-de-Lorette au faubourg Saint-Germain, en tous les logis de sa connaissance encore mal éveillés.
* Du côté de l’aurore, L’esprit de l’Orestie, avec un fauve bruit, Passait ; en même temps, du côté de la nuit, Noir génie effaré fuyant dans une éclipse, Formidable, venait l’immense Apocalypse ; Et leur double tonnerre à travers la vapeur, À ma droite, à ma gauche, approchait, et j’eus peur Comme si j’étais pris entre deux chars de l’ombre.
Mais quelle différence de l’écrivain qui les combattit avec l’écrivain qui prit leur défense ?
Sans prendre à la lettre cette hypothèse, qui n’est après tout qu’une comparaison, nous pouvons nous en servir comme d’un moyen commode de représenter les phénomènes observés.
Pour arriver à la jouissance de cette beauté suprême, les chrétiens prennent une autre route que les philosophes d’Athènes : ils restent dans ce monde afin de multiplier les sacrifices, et de se rendre plus dignes, par une longue purification, de l’objet de leurs désirs.
S’il ne s’est point plongé dans les idées du jour, c’est qu’il leur a été supérieur : nous prenons sa puissance pour sa faiblesse ; son secret et le nôtre sont renfermés dans cette pensée de Pascal : « Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent les hommes en naissant ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent dans cette même ignorance d’où ils sont partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît.