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938. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Si jamais l’âme de l’homme a pu être comparée à un courant d’eau changeant et rapide, c’est assurément de nos jours : les grands poètes de notre âge, en particulier, sont de grands fleuves, et M. de Lamartine est le plus large et le plus beau de tous. […] Cette Histoire des Girondins, qui a si fatalement réussi, était un grand piège que le poète se tendait à lui-même avant de le tendre aux autres. […] M. de Lamartine, comme tous les grands poètes, a plusieurs âmes, il a dit même quelque part qu’il en avait sept (le nombre n’y fait rien) ; et certes il a prouvé, en des heures fameuses, que l’énergie, la force, une soudaine vigueur héroïque qui se confond dans un éclair d’éloquence, ne lui sont pas étrangères. […] Le mot de médiocre appliqué à Fontanes poète est injuste, et il l’est doublement de la part de M. de Lamartine, qui semble en ceci se venger des sévérités de Fontanes, son précurseur. M. de Lamartine est un grand poète, Fontanes n’était qu’un poète distingué ; c’est le mot que M. de Lamartine aurait dû trouver s’il cherchait tant soit peu ses mots, et si sa plume n’était pas à la merci du premier qu’elle rencontre.

939. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Elle sépare, en lui, le sociologue et le poète. […] C’est le poète qui parle, semble-t-il, plutôt que son héroïne. […] « Il restera le poète de la pureté », dit M.  […] Le poète la combine avec un très vif sentiment de la nature. […] Le poète se lamente et s’indigne, comme M. 

940. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Comme l’impression que ces imitations font sur nous est du même genre que l’impression que l’objet imité par le peintre ou par le poëte feroit sur nous : comme l’impression que l’imitation fait n’est differente de l’impression que l’objet imité feroit, qu’en ce qu’elle est moins forte, elle doit exciter dans notre ame une passion qui ressemble à celle que l’objet imité y auroit pu exciter. […] Cette impression superficielle faite par une imitation, disparoît sans avoir des suites durables, comme en auroit une impression faite par l’objet même que le peintre ou le poëte ont imité. […] Nous écoutons donc avec plaisir les hommes les plus malheureux quand ils nous entretiennent de leurs infortunes par le moïen du pinceau d’un peintre, ou dans les vers d’un poëte ; mais, comme le remarque Diogene Laerce, nous ne les écouterions qu’avec repugnance s’ils déploroient eux-mêmes leurs malheurs devant nous. Le peintre et le poëte ne nous affligent qu’autant que nous le voulons, ils ne nous font aimer leurs heros et leurs heroïnes qu’autant qu’il nous plaît, au lieu que nous ne serions pas les maîtres de la mesure de nos sentimens ; nous ne serions pas les maîtres de leur vivacité comme de leur durée, si nous avions été frappez par les objets mêmes que ces habiles artisans ont imitez.

941. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

. — Béranger et M. de Lamartine, chacun de leur côté, et cette fois sans qu’on puisse y soupçonner de la complaisance, ont déjà donné à l’auteur ce brevet de poète : je ne fais qu’ajouter après eux mon apostille bien sincère. […] Blanchecotte procède de Lamartine et de Mme Desbordes-Valmore ; tout en restant originale, elle a, comme ces deux poètes, une tendance à écouter tout ce qui chante en elle, à le traduire avec abondance et facilité. […] [Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887).]

942. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

[Les Poètes maudits (1884).] […] C’est un poète pénible. […] [Poètes d’aujourd’hui (1900).]

943. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

On découvre ensuite dans la hiérarchie des anges, doctrine aussi ancienne que le monde, mille tableaux pour le poète. […] Le poète chrétien est le seul initié au secret de ces merveilles. […] Ne faisons pas l’injure aux poètes de penser qu’ils regardent l’Ange des mers, l’Ange des tempêtes, l’Ange du temps, l’Ange de la mort, comme des Génies désagréables aux Muses.

944. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Saint-Pavin, qui lui est supérieur en vivacité, en hardiesse, a du prix comme poëte. […] Il eut du Chaulieu dans ses mœurs, dans sa vie de bénéficier assez licencieux ; son tour exquis, railleur, ne rappelle pas mal cet autre abbé poëte, Mellin de Saint-Gelais. Il hanta fort Des Barreaux dans sa jeunesse : on l’a même voulu rattacher au poëte Théophile. […]  » Ce serait trop demander pourtant au lecteur d’aujourd’hui que de me suivre en détail près de chaque poëte de cette famille, de cette coterie. […] Dans une ode de l’élégant poëte Maynard, ce survivant de l’école de Malherbe, on lit une plainte toute pareille, et qui, à chaque génération, trouverait son écho.

945. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il est à la fois poète, astronome, agriculteur, financier, chimiste ; il a du temps pour toutes les recherches, des yeux pour tous les livres. […] Louis XIV n’aimait pas le gaulois ; ses poètes et ses architectes ne tirent que du grec. […] De poète, il se fait député, ambassadeur, ministre. […] Je ne dirai point « que le poète se fasse moraliste, qu’il dogmatise, qu’il enseigne !  […] Vous avez en lui un grand poète : peut-être en feriez-vous un ministre médiocre.

946. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

C’étoit du choix des pieds qu’avoit fait le poëte, par rapport au sujet exprimé dans ses vers, que naissoit la beauté ou la convenance de la mesure, et par conséquent celle du rithme. […] " " outre ce que j’ai dit, le decorateur a ordinairement plus de part que le poëte, dans l’ordonnance de l’appareil de la scene. " ainsi l’auteur étoit chargé comme crateur, d’inventer la fable ou l’action de sa piece, de donner comme philosophe à ses personnages les moeurs et les caracteres convenables et de leur faire débiter de bonnes maximes. En qualité de poëte, l’auteur étoit chargé de faire des vers bien mesurés, d’en prescrire le mouvement plus ou moins vîte, et d’en composer la melodie dont dépendoit en grande partie le succès de la tragedie. Pour être surpris de ce que dit Aristote sur l’importance de la melopée, il faudroit n’avoir jamais vû representer des tragedies, et pour être étonné qu’il charge le poëte de la composition de la melodie, il faudroit avoir oublié ce que nous avons remarqué, et promis de prouver, comme nous le ferons ci-dessous, sçavoir, que les poëtes grecs composoient eux-mêmes la déclamation de leurs pieces, au lieu que les poëtes romains se déchargeoient de ce travail sur les artisans, qui, n’étant ni auteurs ni comediens, faisoient profession de mettre au théatre les ouvrages dramatiques. […] Ovide qui étoit un poëte latin, et qui par conséquent ne composoit pas lui-même la déclamation de ses pieces dramatiques, dit dans une même phrase où il parle d’un de ses ouvrages qu’on representoit sur le théatre avec succès, notre carmen et mes vers.

947. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Après ces premiers conseils dont nous ne pouvons rien citer, on en trouve d’autres à un jeune poète, dans lesquels, si le sujet est moins ignoble, l’auteur n’en continue pas moins son éternelle et implacable ironie. Pour être poète, dit le terrible et opiniâtre railleur, qui ne se déferre jamais de sa plaisanterie effrayante de vulgarité, il faut d’abord « ne pas croire à Dieu et lire la Bible pour y prendre des métaphores ; — ne rien savoir, puisque les plus beaux génies de ce temps n’ont pas, en connaissances, de quoi couvrir une pièce de six pence au fond d’une cuvette ; — traiter tous les auteurs comme des homards, dont on choisit le meilleur dans la queue et dont on rejette le reste au plat ; — avoir toutes prêtes des comparaisons comme le cordonnier a ses formes ». C’est dans ces conseils à un jeune poète que Swift pose, toujours sans rire, la nécessité des bouts rimés pour que la poésie soit florissante, et demande une banque pour la poésie, la poésie étant, dit-il, d’autant de valeur et chose aussi réelle que nos fonds, puis une corporation de poètes, et enfin l’entretien d’un poète par famille, indépendamment du fou et du chapelain, qui ordinairement ne font qu’un.

948. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Transfiguration, dit le poète. […] C’est le secret du poète, et qui m’échappe. […] Un poète ! un poète ! […] Ce poète modèle, oiseau rare, c’est M. 

949. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Joseph Delorme était un pseudonyme, un jeune poète imaginaire dessiné sur le type de Werther. […] Ce jeune homme a gardé son cœur, et il a près de vingt ans, et ce cœur est sensible, aimant ; c’est le cœur d’un poète. […] Les plus grands poètes sont ceux qui ont le plus aimé de l’amour de l’âme. […] Je n’aurais pas osé les décrire, ce jeune homme est plus poète que moi ! […] Mettez votre confiance en Dieu ; c’est ce que j’ai fait, moi, poète de cabaret et de mauvais lieux, et un tout petit rayon de soleil est tombé sur mon fumier.

950. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Oui, Michel-Ange, dans ses bronzes et dans ses marbres, est encore plus poète que Dante dans ses vers ; et combien cependant n’est-il pas plus surhumain de manier le bronze ou le marbre que la plume ! […] Phidias en est le révélateur, et notre poète Ronchaud en est le traducteur en langue vulgaire, mais en langue idéale : il fallait un poète pour traduire ainsi Phidias ! […] Ainsi j’ai parcouru maintes fois Rome ; ainsi j’ai visité les mers et les montagnes ; ainsi j’ai lu les sages, les historiens, les poètes ; ainsi j’ai visité Athènes. […] Le poète, au contraire, et j’entends par poète tout homme qui crée des idées, en bronze, en pierre, en prose, en paroles ou en rythmes ; le poète remue ce qui est impérissable dans la nature et dans le cœur humain. […] Lisez le Phidias de M. de Ronchaud, et vous comprendrez la grandeur du monument dans la grandeur du poète.

951. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Il faut peu de ces pièces pour assigner, je ne dis pas le rang du poëte, mais la qualité et la portée de l’inspiration, et ce qui s’appelle la région d’un esprit. […] Deux grandes pièces dans le volume donnent une plus haute idée du souffle et de la faculté du poëte dans les sujets extérieurs : le Fragment, qui nous montre les chrétiens aux lions, et surtout le morceau intitulé le Poëte, c’est-à-dire Homère. […] Serait-ce qu’aujourd’hui une certaine élévation d’idées, chez le poëte, se prête moins qu’autrefois à la pratique et aux conditions du drame ? […] Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte de premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé. […] Du Principe de la Poesie et de l’Éducation du Poëte 1841.

952. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Le poète nous apprend que sa bien-aimée, paysanne comme la Marie de Brizeux, avait dix-huit ans et se nommait Anne-Marie… Le poète semble bien croire que, si l’amour est bon, la mort est meilleure. […] Au reste, je n’essayerai pas de chercher l’ordre et la suite de ces petites pièces détachées qui composent l’Amour breton, ni de rétablir le lien que le poète a volontairement rompu.

953. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Sainte-Beuve Si l’on considère aujourd’hui le talent et les poésies d’Hégésippe Moreau de sang-froid et sans autre préoccupation que celle de l’art et de la vérité, voici ce qu’on trouvera, ce me semble : Moreau est un poète ; il l’est par le cœur, par l’imagination, par le style, mais, chez lui, rien de tout cela, lorsqu’il mourut, n’était tout à fait achevé et accompli. Ces trois parties essentielles du poète n’étaient pas arrivées à une pleine et entière fusion. […] Il devait être de la multitude des poètes qu’elle emporte pour un ou deux qu’elle laisse vivre ; il ne pouvait, en effet, comme les deux seuls hommes qui de nos jours ont bénéficié de leurs vers, attendre le bon plaisir de la renommée et la forcer à la longue de coter ses rimes au marché.

954. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Redonnel, Paul (1860-1935) »

Louis-Xavier de Ricard De poète plus moderne que Paul Redonnel il n’y en a certes pas, — et pourtant il est en même temps la survivance, en ses qualités intimes d’artiste, des troubadours de la grande époque — supposez […] Je salue en deux sortes de poèmes une sincérité égale : dans les uns, le poète, ému de sa merveilleuse diversité, exprime avec fougue ou en souriant chacun de ses aspects, chacun de ses moments, se réjouissant surtout à ce qu’il y a d’extrême en lui. […] Je ne parlerai donc pas autrement de cette œuvre, et ne veux en trancher aucun détail ni fragment, pas plus que je ne puis offrir un pouce de la stature, ni un seul jour de l’âge du poète.

955. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Alexandre Vinet Plus est grand le vice du sujet (La Divine Épopée), plus nous admirons la puissance du poète qui parvient presque à le faire oublier. […] Philarète Chasles Poète des derniers temps, qui semble enivré de sons et de lumière, de pensées métaphysiques qu’il transforme en images et de créations gigantesques qui le séduisent et le ravissent, nul ne ressemble plus à […] [Les Poètes français, sous la direction d’Eugène Crépet (1861-1863).]

956. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Le divin poète, impénétrable aux autres hommes, revit en lui ; il est juste qu’on le respecte en lui… Voilà la folle illusion qui allume le zèle des homéristes ; mais le plaisant est que le public ait si longtemps servi cette même illusion… Combien peu de gens savent la langue grecque ! […] Il est vrai que l’auteur ne conduit pas son action avec finesse ; il l’interrompt même par des amours épisodiques d’assez mauvais goût ; mais, à travers ces défauts, je vois le grand poète, je vois un homme illustre, digne d’être envié à sa nation. […]  » L’abbé ne se paye pas de ces mots d’école et de ce galimatias ; le poème épique, selon lui, sans tant de façons, c’est tout uniment celui dans lequel le poète raconte l’action, de même que tout poème dans lequel les personnages parlent et agissent est plus ou moins du genre dramatique. […] Il rabat de cette pompeuse définition de Mme Dacier, et se borne à définir la fable du poème, « le tissu ingénieux des événements et des motifs, qui conduisent à l’action que le poète s’est proposé de célébrer ». […] Enfin, l’abbé de Pons ne voyait à l’art du danseur qui bat des entrechats, comme à celui du poète qui accouple des rimes, qu’un même genre de plaisir étroit, celui de la difficulté vaincue.

957. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Méléagre vivait cent ans environ avant Jésus-Christ ; charmant poète lui-même, auteur d’idylles et d’épigrammes amoureuses remplies de grâce ou de flamme, il réunissait toutes les conditions pour réussir à un travail qui demandait une main heureuse. […] J’en citerai une moins connue que les autres, et qui les résume ; elle est d’un poète nommé Thymoclès, dont on n’a que ces quatre vers. […] Supposons donc que l’on soit devant une suite de tableaux que le poète décrit et s’attache à caractériser l’un après l’autre, comme étant l’expression vivante des personnages représentés ; on arrive ainsi devant un tableau de Philoctète à Lemnos. […] Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier. […] Le nom de Léonidas n’a point sombré, et les dons mêmes des Muses me préconiseront pour tous les soleils à venir. » Il se promettait hardiment l’immortalité ; il se chantait à lui-même son Exegi monumentum ; chaque poète est sujet à se le chanter.

958. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Les regles de la poësie latine gênent moins le poëte que les regles de la poësie françoise. […] Le poëte y dépeint en phrases imitatives et en vers élegans le soldat qui gravit contre une brêche et qui veut sur les monceaux de piques de corps morts, de rocs, de briques, s’ouvrir un large chemin. […] C’étoit à l’oreille du poëte à chercher quel étoit le mélange de ces sons le plus propre à produire une harmonie agréable et convenable au sens des vers. […] Si le poëte se détermine en faveur des syllabes bréves, les regles lui prescrivent alors d’en mettre un plus grand nombre. […] Mais puisque le poëte ne sçauroit faire faire cette besogne par d’autres, comme le peintre fait broyer ses couleurs, il nous convient d’en parler.

959. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Béranger qui aurait autant aimé qu’on n’admirât pas si fort André Chénier (c’est une petite faiblesse chez un grand poëte), se faisait volontiers sous cape l’écho de ces inventions très-flatteuses pour l’éditeur. […] Il a même emprunté à Millevoye ce trait malicieux qui termine une Épitre à un poëte amateur ; ce dernier avait demandé bonnement à Latouche une préface en vers pour mettre en tête de son recueil de poésies, et le malin introducteur mystificateur lui disait : Imprimez-les vos vers et qu’on n’en parle plus ! […] Ce sont d’humbles post-scriptum à ce qu’on imprime à Paris. — Jules Lefèvre est un poëte qui mérite des égards, de la considération : il a quelque chose d’élevé, le culte de la muse et des nobles sentiments ; mais on n’a jamais rien vu de plus fatigué ni de plus manqué en général que ses efforts poétiques. […] — Un autre poëte, moins docte, plus facile et souvent aimable, Ulric Guttinguer, connu de nous pour avoir chanté autrefois notre lac, et qui vient aussi de rassembler ses vers en un seul volume sous ce titre : Les Deux Ages, cite, dans sa préface que nous avons sous les yeux, un passage de Jules Lefèvre, en l’accompagnant d’éloges qui prouvent au moins que tout n’est pas épine dans le sentier : il accorde sans hésiter à son confrère non-seulement la conscience poétique noble et puissante (ce qui n’est que juste), mais encore le génie intime et pénétrant. — Nous ne nous chargeons que de noter en courant : les Aristarques de l’avenir décideront.

960. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Étienne, poëte comique distingué sous l’empire et organe spirituel de l’opposition libérale dès les débuts de la Restauration, pouvait sembler avoir rempli sa tâche ; mais M. […] Soumet était un poëte habile, rompu à l’art des vers, mais pauvre d’idées et infecté de faux goût. […] Soumet, nous dit-on, dans la vie privée, avait de l’esprit, de la grâce, une sorte de courtoisie romanesque qui se conciliait d’une manière assez aimable avec les vanités du poëte et de légers ridicules. […] — Jules de Rességuier, un poëte assez agréable et très-maniéré, a fait autrefois, dans une pièce adressée à Soumet, ce vers qui peint en un trait le défaut de celui qu’il croit louer : Et c’est peu qu’ils soient beaux, tes vers, ils sont charmants !

961. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Sainte-Beuve Elle et lui, Lamartine et Madame Valmore ont de grands rapports d’instincts et de génie naturel : ce n’est point par simple rencontre, par pure et vague bienveillance, que l’illustre élégiaque a fait les premiers pas au-devant de la pauvre plaintive ; toute proportion gardée de force et de sexe, ils sont l’un et l’autre de la même famille de poètes. […] Rien ne manque à ce charmant jardin d’un autre âge… [Les Poètes français, recueil par Eug.  […] Elle était en sympathie avec toute la nature ; ce fut son don précieux, et c’est par là qu’elle fut poète… [Discours prononcé à Douai, pour l’inauguration du monument de Marceline Desbordes-Valmore (le 13 juillet 1896).] […] Marceline fut donc poète par la force expansive de sa sensibilité.

962. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Le poète rentre alors sous la loi commune. […] D’une manière générale, il a donné trop d’importance au personnage politique du poète. […] On dira que le poète était bien vieux alors ? […] Peintre ou poète, le plus grand d’entre eux ne sait jamais tout ce qu’il a mis dans son œuvre, et c’est par là justement qu’il est grand, et vraiment poète ou peintre. […] Combien de poètes, et d’auteurs dramatiques, et de romanciers, la presse, depuis cinquante ans, n’a-t-elle pas dévorés !

963. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Encore faudrait-il chercher pour ce sage poète un titre plus honorable, si l’on veut, mais un peu différent. […] Elle parla « aux poètes comme on parle à des citoyens, à des héros ». […] En effet, soyez un jeune poète, faites des vers. […] Ils eurent des instincts plutôt que des études ; ils furent des poètes et non des théoriciens. […] Quel est le poète qui a dit : « La critique est aisée ? 

964. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ce grand poète occupe dans son art le même rang que Sophocle dans le sien. […] Une bonhomie fine, un abandon mesuré, dans les rapports du poète comique avec son public, ne sont pas choses mauvaises. […] Comment être poète dans ces conditions ? […] Un poète médiocre en aurait fait un sot. […] Si Shakespeare se contentait de pleurer, pendant que Voltaire paraît pleurer, Shakespeare serait un mauvais poète .

965. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Elles sont pour les êtres passionnés qui demandent aux poètes de leur faire éprouver toutes les délices et toutes les souffrances du cœur. Elles sont pour les jeunes poètes, désireux d’apprendre comment on se représente, comment on traite artistement un sujet. […] — Il est singulier, dis-je, que les talents distingués, et surtout les poètes, aient si souvent une constitution débile. […] Il avait soigneusement rangé sur une table, les uns près des autres, tous les médaillons des jeunes poètes de la France. […] Il a Schiller pour poète et pour second.

966. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

Maurice de Faramond est certainement un poète intéressant ; il a, ce qui est la plus belle qualité du poète, une note personnelle, et cela nous promet, de sa part, un curieux développement. […] Lo poète nous les montra dans leurs occupations quotidiennes, dans leurs ordinaires joies, dans leurs naturelles douleurs.

967. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

Albert Giraud Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays. […] Albert Mockel Un poète exquis, M.  […] De clairs paysages de nature jeune, un crépuscule sur un bois d’avril, des plaintes d’oiseaux parmi les branches, une forêt effeuillée par la brise, des processions pieuses de jeunes filles dans un lointain discret, et puis les sanglots et les joies d’une âme fraîche et calme, voilà tous les aspects qu’a présentés, à notre vue, le poète du Lis dans son récent ouvrage.

968. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

On avouera du moins que le purgatoire offre aux poètes chrétiens un genre de merveilleux inconnu à l’antiquité87. […] Poètes chrétiens, les prières de vos Nisus atteindront un Euryale au-delà du tombeau ; vos riches pourront partager leur superflu avec le pauvre ; et pour le plaisir qu’ils auront eu à faire cette simple, cette agréable action, Dieu les en récompensera encore, en retirant leur père et leur mère d’un lieu de peines ! […] Les poètes paraissent aussi en avoir quelque idée (Æneid.

969. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une série de Six Poètes, série de six feuilles, avec le portrait du poète accompagné d’un paysage ou d’une fleur. […] Au-dessous du poète, des branches d’arbres toutes remplies d’oiseaux roses. […] Une série de cinq poétesses. […] Issé (une poétesse). […] Un dessin de poète.

970. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Souvent aussi la tradition orale conserva les légendes non versifiées, jusqu’à ce qu’un poète s’en emparât. Mais ce poète, plus ou moins éloigné des événements, qui le premier les chanta, quelle forme leur donna-t-il ? […] Le poète qui a fait cela n’était pas un coloriste, mais jamais dessin ne donna plus l’illusion de la vie par la sure netteté des lignes. […] Ils n’ont pas fait une phrase d’artiste, et peu de vers de poète. […] Mais le meilleur, le plus complaisant des enchanteurs, c’est Dieu : il a toujours un miracle au service du preux en danger, ou du poète dans l’embarras.

971. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Après avoir été le plus cité et le plus traduit des poètes anciens, Horace en est aujourd’hui un des plus délaissés. […] Je n’oserais dire qu’il ait toujours entièrement senti, à mon gré, les poètes, les romanciers, les dramatistes. […] Jaurès est un orateur-né, doublé d’un rhéteur habile, et qui a aisément une imagination de poète : ce qui fait bien des affaires. […] Alphonse Daudet a été, dans un coin de tous ses livres, le poète affectueux des petites gens et des humbles destinées. […] À un seul moment, le poète estompe les objets.

972. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il dirait volontiers avec ce personnage de Montesquieu, dans les Lettres persanes : « Voici les poètes dramatiques, qui, selon moi, sont les poètes par excellence et les maîtres des passions… Voici les lyriques, que je méprise autant que j’estime les autres, et qui font de leur art une harmonieuse extravagance. » Il y a là, certainement, une lacune dans la manière dont M.  […] Je demande un poète aimable, proportionné au commun des hommes, qui fasse tout pour eux, et rien pour lui. […] On sent à ces derniers mots que c’est bien Voltaire qui parle, c’est-à-dire un poète amoureux de son art, et qui, dans un moment d’admiration, serait capable d’applaudir même son rival, et de lui sauter au cou en l’embrassant. […] c’est ce mouvement propre au poète que je ne sens jamais dans le spirituel critique. […] La manie et la gageure de tous les René, de tous les Chatterton de notre temps, c’était d’être grand poète ou de mourir.

973. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Tout poëte est un critique ; témoin cet excellent feuilleton de théâtre que Shakespeare met dans la bouche d’Hamlet. […] Ces problèmes obsédaient dans le désert Jérôme, cet homme de l’antre, cet Isaïe du Nouveau Testament ; il interrompait les préoccupations de l’éternité et l’attention au clairon de l’archange pour méditer sur telle âme de païen qui l’intéressait ; il supputait l’âge de Perse, rattachant cette recherche à quelque chance obscure de salut possible pour ce poëte aimé du cénobite à cause de sa sévérité ; et rien n’est surprenant comme de voir ce penseur farouche, demi-nu sur sa paille, ainsi que Job, disputer sur cette question, frivole en apparence, de la naissance d’un homme, avec Rufin et Théophile d’Alexandrie, Rufin lui faisant remarquer qu’il se trompe dans ses calculs et que, Perse étant né en décembre sous le consulat de Fabius Persicus et de Vitellius et étant mort en novembre sous le consulat de Publius Marius et d’Asinius Gallus, ces époques ne correspondent pas rigoureusement avec l’an II de la deux cent troisième olympiade et l’an il de la deux cent dixième, dates fixées par Jérôme. […] Il touchera par un point au poëte, et par l’autre au prophète. […] Cet homme solaire, ce sera tantôt le savant, tantôt le voyant, tantôt le calculateur, tantôt le thaumaturge, tantôt le navigateur, tantôt l’architecte, tantôt le mage, tantôt le prophète, tantôt le héros, tantôt le poëte. […] L’astronome s’ajoute au philosophe ; le législateur est l’exécuteur des volontés du poëte ; le libérateur armé prête main-forte au libérateur pensant ; le poëte corrobore l’homme d’état.

974. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Or, non-seulement nous admirons autant l’éneïde quand nous sommes des hommes faits, que nous l’admirions durant l’enfance, et quand l’autorité de ceux qui nous enseignoient pouvoit en imposer à une raison qui n’étoit pas encore formée ; mais notre admiration pour ce poëte va en augmentant à mesure que notre goût se perfectionne et que nos lumieres s’étendent. […] Cinq cens ans après Virgile et dans un siecle où le latin étoit encore la langue vulgaire, on parloit de ce poëte avec autant de veneration que les personnes les plus prévenuës de son mérite en peuvent parler aujourd’hui. […] Enfin tous les peuples nouveaux qui se sont formez en Europe après la destruction de l’empire romain par les barbares, ont pris leur estime pour Virgile de la même maniere que les contemporains de ce poëte l’avoient prise. […] Dès que les peuples septentrionnaux ont eu des établissemens sur le territoire de l’empire romain, dès qu’ils ont sçu le latin, ils ont pris pour Virgile le même goût que les compatriotes de cet aimable poëte avoient toujours eu pour lui. […] Vous avez instruit ma jeunesse : n’est-ce pas vous qui m’avez expliqué Virgile quand mon pere voulut que je m’appliquasse à l’étude de ce poëte ?

975. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer ! […] Elle n’est jamais, pour sa tête de poète inspiré, l’horrible bonnet de soie noire fait pour des caboches d’institut ! Paul de Saint-Victor est un érudit au service d’un poète, mais c’est un poète. […] La première contiendra le théâtre grec : Eschyle, Sophocle, Euripide et Aristophane, auquel il joindra une Étude sur Calidâsa, le plus célèbre poète du théâtre indien ; la seconde série renfermera Shakespeare ; et la troisième, le Théâtre-Français, depuis ses origines jusqu’à Beaumarchais.

976. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Chaque plainte qui lui venait, chaque sourire passager, chaque tendresse de mère, chaque essai de mélodie heureuse et bientôt interrompue, chaque amer regard vers un passé que les flammes mal éteintes éclairent encore, tout cela jeté successivement, à la hâte, dans un pêle-mêle troublé, tout cela cueilli, amassé, noué à peine, compose ce qu’elle nomme Pauvres Fleurs : c’est là la corbeille de glaneuse, bien riche, bien froissée, bien remuée, plus que pleine de couleurs et de parfums, que l’humble poëte, comme par lassitude, vient encore moins d’offrir que de laisser tomber à nos pieds. […] le tendre poëte nous remet sur la mort de sa mère, sur ce legs de sensibilité douloureuse qui lui vient d’elle, et qui, d’abord obscur, puis trop tôt révélé, n’a cessé de posséder son cœur : Comme le rossignol, qui meurt de mélodie, Souffle sur son enfant sa tendre maladie, Morte d’aimer, ma mère, à son regard d’adieu Me raconta son âme et me souffla son Dieu Triste de me quitter, cette mère charmante, Me léguant à regret la flamme qui tourmente, Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main, Comme pour le sauver par le même chemin. […] Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie. […] que le poëte, dût-il beaucoup souffrir, fasse souvent ainsi !

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