» Voltaire parlait des aménités littéraires de son temps ; qu’aurait-il dit de celle-là ? […] Boileau n’en parle pas dans son Art poétique, ou, s’il en parle, dans le passage où il réprouve le merveilleux chrétien en poésie, c’est avec dédain. Voltaire en parle dans quelques lettres à des savants italiens, mais il ne l’avait évidemment pas lu tout entier (chose difficile), et on a vu plus haut qu’il en parle comme d’une monstruosité poétique. […] C’est lui qui m’a fait épeler le Dante, c’est à lui que je dois le droit de le comprendre et d’en parler aujourd’hui. […] Écoutons dans quelques belles pages cette voix d’Ozanam si digne de parler des choses de l’esprit.
Caro en parle à peine. […] L’Essai sur le français tel que le parlent ceux qui ne parlent pas français est aussi écrit d’une façon très fine d’ailleurs. […] L’Irlande, dont il parle, a disparu. […] Il cherche à parler par le souffle du vent et la vague. […] Qu’ils le fassent sans parler de lui.
Les personnages parlent trop, mais ils parlent si bien ! […] Pourquoi donc parlerait-on vilainement de mon cas ? […] … Christ a parlé pour ceux qui veulent vivre parfaitement. […] Le meunier a bu trop d’ale et veut parler à toute force. […] Quand on ne peut plus parler à l’âme, on essaye encore de parler aux yeux.
Ce sont deux races qui ne parlent pas la même langue. […] Le reste appartient à d’autres temps et à d’autres hommes, il ne m’appartient pas d’en parler. […] Ainsi parlait le juste ! […] C’est le vieillard lui-même qui parle et qui raconte leur agonie presque muette. […] Depuis l’Évangile, qui avait ainsi parlé ?
J’aime ainsi ces jeunes… Cette nuit encore, je leur ai parlé de Baudelaire… C’est leur prototype… Albert Giraud, entre autres, y croit comme un nègre du Sénégal à son manitou. […] Le volume me semble le vitrail dont il parle dans une pièce d’un volume antérieur, intitulée : Résignation. […] à peine se dit-il triste dans quelques vers (La Blessure étoilée, les Vaines rencontres) ; c’est « le beau roi Charles IX » et Henri III qu’il fait parler et pleurer.
Au lieu de rendre des arrêts par prétention, au lieu de se borner à omettre, dans un dictionnaire inconnu du public et déjà démodé quand il paraît, les mots de figure trop étrangère, elle agirait dans le présent, et les formes refusées ou bannies par elle seraient proscrites de l’écriture et du parler. […] Indulgente pour les déformations spontanées, œuvre de l’ignorance, sans doute, mais d’une ignorance heureuse et instinctive, elle admettrait avec joie les innovations du parler populaire ; elle n’aurait peur ni de gosse, ni de gobeur et elle n’userait pas de phrases où figure kaléidoscope 113 pour réprouver les innovations telles que ensoleillé et désuet 114. […] Devenus les esclaves de la superstition scientifique, nous avons donné aux pédants tout pouvoir sur une activité intellectuelle qui est du domaine absolu de l’instinct ; nous avons cru que notre parler traditionnel devait accueillir tous les mots étrangers qu’on lui présente et nous avons pris pour un perpétuel enrichissement ce qui est le signe exact d’une indigence heureusement simulée.
Les décisions des gens du métier, bien que sujettes à toutes les illusions dont nous venons de parler, ne laissent point d’avoir beaucoup de part à la premiere réputation d’un ouvrage nouveau. […] Le plus grand effet des préjugez que les peintres et les poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d’un poëme ou d’un tableau sur la foi d’autrui, aiment mieux en passer par l’avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n’ont pas mis l’enseigne de la profession à laquelle l’ouvrage ressortit. […] Ils ne jugent pas en hommes doüez de ce sixiéme sens dont nous avons parlé, mais en philosophes spéculatifs.
Ne soyons pas dupes des apparences : il y a des cas où c’est le langage imagé qui parle sciemment au propre, et le langage abstrait qui parle inconsciemment au figuré. […] Habile à parler, prompt à critiquer. […] Je n’ai pas à parler ici du travail manuel, du rôle qu’il pourrait jouer à l’école. […] Et c’est pourquoi il a parlé toute sa vie. […] Nous parlons du changement, mais nous n’y pensons pas.
Il n’entend point parler de supériorités viagères. […] Les deux tiers avaient à peine ouï parler de la guerre de 1870 ! […] Tel paysan ne sait ni lire ni écrire, à qui tout parle dans la campagne. […] Là, il a parlé. […] Il parlait et racontait sa vie au hasard de son émotion.
J’ai oublié de vous parler du mariage de Lamartine. […] Et je ne parle plus seulement des vers, aussi magnifiquement épandus chez l’amant d’Elvire qu’ils sont d’ordinaire courts et grêles chez l’ami de Mme du Châtelet : je parle du sentiment. […] Parlerai-je du style de Jocelyn ? […] Il nous parle, ô mortels, mais c’est par ce seul sens. […] C’est un étrange mystère que la souffrance des petits enfants, pour ne parler que de celle-là.
Le Journal des Débats parlera. — Que dis-je ? il a parlé par la voix de M. […] Prudhomme : « Monsieur, voulez-vous parler de Dozainville ? parlons de Dozainville ! […] Cet art, après avoir parlé longtemps avec succès la langue de M.
Nous ne parlons pas nos rêveries. […] Jamais ils n’ont parlé tout à fait la même langue que le vulgaire. […] Ne parlons pas toujours des mots et des phrases. […] Je parle d’une poésie de l’avenir. […] — On n’a pas le droit de parler ainsi.
Tourgueniev nous parlait de Tolstoï, encore inconnu chez nous. […] Il me parla de la mort longuement. […] Que suppose-t-il, le geste de cet opérateur dont je parlais tout à l’heure ? […] Il se met à parler politique avec une nervosité singulière : « Ah ! […] Je veux parler de l’impérialisme.
Elle parlera peu. […] puisque personne ne veut Lui parler, je Lui parlerai, moi ! […] Vous me parlez d’encens, je vous parle d’amour ! […] il doit parler ! […] On a espéré qu’il parlerait ; et, en effet, n’ayant plus rien à ménager, il parle.
Ils subissent l’ascendant invincible du Dieu qui leur parle. […] Les filles de Gorgibus parlaient ainsi. […] Un seul goût a régné : le désir de parfaitement parler. […] Et savez-vous ce qu’il faisait dans les forêts dont il parle si souvent et si bien ? […] Ils parlent trop bien et trop pour des hommes troublés d’un sentiment profond.
Cette fois, je ne vous parlerai pas de la peinture. […] Mais plutôt parle-moi de mon glorieux fils, dis-moi s’il a été le premier à la guerre ! […] De même le fleuve irrité contre Achille : « Le Xanthe parla ainsi et se rua sur lui, tout bouillonnant de fureur, plein de bruit, d’écume, de sang et de cadavres. […] Cela fait un singulier contraste avec le style moderne qu’elle emploie lorsqu’elle parle en son propre nom ou fait parler des personnages cultivés. […] Hérodote vivait encore à l’époque de la guerre du Péloponèse ; il en parle dans son livre VIl, 137, et dans son livre, IX, 73.
Mais ne parlez pas de l’engendrer, car c’est avec votre intelligence encore que vous en feriez la genèse. […] Et il est incontestable que, couramment, lorsque nous parlons de désordre, nous pensons a quelque chose. […] Comment parler alors d’une diversité incohérente qu’un entendement organiserait ? […] Mais ce n’est plus alors de l’univers dans sa totalité que nous devrons parler. Pourquoi en parlerions-nous ?
On a parlé aussi d’une autre circonstance. […] A côté des satisfactions fort douces qu’il y recueillit, il ressentit bien des ennuis, bien des gênes, sans parler de celles qui tenaient à sa situation personnelle. […] Rejetés de la terre, qui n’était plus tenable, ils émigrèrent ailleurs ; ils essayèrent (c’est Leopardi qui parle) des perspectives chrétiennes et de l’autre vie, comme consolation dernière. […] Parlez-moi de vos études et aimez-moi toujours : adieu de tout cœur ». […] Leopardi parle d’ailleurs avec dégoût, dans l’une de ses lettres, de la infame gelosia de bibliotecarii, insuperabile a chi non sia interessato a combatterla personalmente.
Je lui parlais, il me parlait, nous nous entendions à demi-mot ; mais je n’osais pas lui demander son nom, de peur de paraître ignorer ce qu’on devait supposer que je connaissais. […] Aristote, semblable au mathématicien dont il parle, ne reconnaît d’autre agrément que la vérité. […] Aristote écrivait, pensait, parlait quatre cents ans avant la naissance de Jésus-Christ. […] Je classe toujours à part la véritable aristocratie dont j’ai d’abord parlé. […] Plus tard, nous dirons pourquoi, quand nous parlerons des révolutions.
Après que Fingal aura dévasté le champ de bataille, place-moi sous quelque pierre mémorable qui parle de ma renommée aux temps à venir. […] Connal, ne me parle plus d’armes ni de combats : ma gloire est morte. […] Tu parles, et tes nombreux guerriers obéissent ; ton acier retentit et les ennemis tremblent. […] C’est Ossian qui parle. On le verra tantôt historien, tantôt acteur dans le poëme, et parler de lui, tantôt à la première, tantôt à la troisième personne.
Je ne parle pas de ceux qui n’ont été que de misérables libellistes, inventant et calomniant. […] Il n’y avait que lui pour parler de lui-même. […] Sainte-Beuve n’avait jamais parlé de cela à personne, et je pourrais me tromper sur l’écriture bien ancienne des trois mots manuscrits qui me feraient croire que cette brochure est de son père. […] Sainte-Beuve quand il la reçut, et dont il parla jusqu’à la fin de sa vie avec reconnaissance : c’est celle que lui écrivit M. le duc Pasquier le lendemain de la mort de sa mère. […] Sainte-Beuve aimait à parler du chancelier : il en eut assez souvent l’occasion, dans les derniers temps de sa vie, quand l’ancien secrétaire du duc, M.
L’invention m’en semble même selon l’art, et je n’y ai rien trouvé qui me donne scrupule, sinon que vous y introduisez la Renommée comme une divinité qui pénètre dans les choses futures, quoique sa fonction ne soit que de parler des événements présents ou passés. […] À parler de bonne fois, elles ont plus de vertus que les hommes, et si elles sont un peu plus dans la bagatelle, l’innocence s’y conserve toujours et la pureté des mœurs n’en souffre aucune atteinte. […] Mais ceux de Clermont paraissent avoir été les plus autorisés (pour parler avec Fléchier) qui se soient jamais tenus, même en aucun temps précédent, et du moins ils sont les derniers qui nous représentent avec éclat toute la solennité et l’étendue de pouvoir inhérentes à cette institution. […] C’est ainsi que dans les Grands Jours, il parle des habitants des monts « qui ne menacent de rien moins que de brûler ceux qui leur font quelque déplaisir, et qui, étant toujours sous la neige, ne laissent pas d’avoir souvent recours au feu pour se venger ». […] [NdA] Boileau parlait de M. de Caumartin, l’élève de Fléchier, quand il disait dans sa satire xie (1698) : Chacun de l’équité ne fait pas son flambeau ; Tout n’est pas Caumartin, Bignon, ni Daguesseau.
Les Latins, et je parle des meilleurs, n’atteignirent jamais à de certains accents de cette muse première, même lorsqu’elle fut sur le déclin : nous l’avons vu une fois de Virgile par rapport à Apollonius ; nous l’entrevoyons ici d’Horace à l’égard de Moschus bien moindre. […] » Qu’on énumère maintenant ce qui nous reste de ces neuf maîtres, sans parler de tant d’autres qui les suivaient de près, et qu’on calcule, si l’on ose, la part du naufrage. […] mais parle-lui bien bas, de peur qu’éveillant celui qui dort à côté, tu ne déchaînes sur moi ses jalouses colères. […] Il nous a parlé une fois de son petit pied, de sa sandale élégante, ce qui ne gâte rien. […] Le poëte se représente dans la situation d’un messager qui vient annoncer à celle-ci la mort de ses fils, croyant que c’est là tout son malheur ; mais tout d’un coup, et tandis qu’il parle, il est témoin de la mort des filles restées auprès de leur mère.
Ne lui parlez pas trop de Descartes, de ces génies qui viennent faire table rase et renouveler les méthodes du monde. […] Pour Gui Patin, on peut parler tout haut et faire comme lui-même. […] Quand je parle de Juvénal, c’est toujours d’un Juvénal en belle humeur et qui a lu son Rabelais. […] Si nous parlons de la religion ou de l’État, ce n’est qu’historiquement, sans songer à réformation ou à sédition. […] Il parle en un endroit de « M.
Il fallait bien qu’il eût dans son amour-propre, et dans la manière dont il le portait, quelque chose qui choquait et offensait l’amour-propre des autres, pour qu’il ait excité, aux heures de ses succès militaires et de ses plus grands services, un déchaînement d’envie et une irritation telle qu’on en connaît peu d’exemples. « Mon fils, lui avait dit sa spirituelle mère quand il entra dans le monde, parlez toujours de vous au roi, et jamais aux autres. » Villars, a-t-on remarqué, ne suivit que la première moitié du conseil : il parlait constamment de lui devant tous et se citait en exemple dans les grandes comme dans les petites choses. — Après la paix de Riswick, le roi jugea à propos de l’envoyer à Vienne comme ambassadeur (1699-1701) ; le poste était important à cause de la question pendante de la succession d’Espagne, qui pouvait à tout moment s’ouvrir ; il s’agissait de négocier par précaution un traité de partage avec l’empereur, ce traité dût-il ne pas s’exécuter ensuite. Villars fit partir de Paris, à l’avance, un grand train conforme à son nouvel état de représentant du plus magnifique des rois : trois carrosses à huit chevaux, quatre chariots attelés de même, cinq ou six charrettes chargées de meubles, six pages, quatre gentilshommes, avec grand nombre de domestiques ; mais comme il avait su allier toute cette pompe avec un esprit d’exacte économie, il ne put s’empêcher de s’en vanter tout haut et de le raconter au roi et à tous : Il demanda à Sa Majesté (ce sont les mémoires qui parlent) ce qu’elle pensait que pouvait coûter la conduite d’un tel équipage de Paris à Vienne. […] Dès qu’on parle de Catinat, il y a à prendre garde : si le xviiie siècle, en le célébrant et en cherchant à préconiser en lui un de ses précurseurs, une des victimes du grand roi, a raisonné un peu à l’aveugle de ses talents militaires et les a exaltés académiquement, il ne faut pas tomber dans l’excès contraire ni trancher au détriment d’un homme qui eut ses jours brillants, dont l’expérience et la science étaient grandes, et dont le caractère moral soutenu, élevé, est devenu l’un des beaux exemplaires de la nature humaine. […] Venant de parler des autres généraux en vogue et en renom, et de Villars même, qui était alors sur le pied de conquérant, Mme de Coulanges, dans une lettre à Mme de Grignan (1703), écrivait : Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante : il ne me parle jamais de lui… C’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignan, j’aurais choisi celui-là. […] Si je parlais autrement à Votre Majesté, je n’aurais plus l’honneur de me conduire à son égard avec un esprit de vérité. » C’est comme un janséniste de la guerre que Catinat ; il y porte l’amour strict de la vérité, et une prudence, une patience opiniâtre.
Les muses étaient les filles de Mémoire. « On parlait pour dire vrai, on chantait pour dire plus vrai encore. » Mythos, qui plus tard a voulu dire fable, dans la langue homérique signifie discours et vérité. […] Quand on parle de vous, on commence toujours par le mais, et on finit par des éloges qui me charment. […] — Parlez-moi de votre vie de Pise. […] Elle vient de me parler de vous avec chaleur. […] Voici comment il en parlait, dans une lettre écrite sur la fin de sa vie à une dame russe : Il ne faut pas s’étonner si les Russes préfèrent les modèles étrangers tout faits aux essais des auteurs indigènes.
» C’est un Arabe qui parle d’un chrétien ; c’est un Troyen qui parle d’un Grec. […] J’en atteste le Christ, je n’en aurai nul chagrin. » Rodrigue entendit cela ; il commença de parler : « Vous avez mal fait, seigneur, de vous récuser ; car je serai toujours votre fils, et le fils de ma mère. […] A voir Rodrigue parler ainsi hardiment, tous disent avec admiration : « C’est lui qui a tué le comte orgueilleux ! […] Mon Cid parla bien et avec beaucoup de mesure : « Grâces te soient rendues, Seigneur père qui es là-haut ! […] » « Le roi, quand il eut entendu cela, commença à parler ainsi : « Oh !
C’est pourquoi vous devez vous attendre que je ne vous en parlerai plus du tout. […] Je m’approchai d’elle, et lui parlai. […] Je lui parlai donc indifféremment ; mais sitôt que j’ouvris la bouche et que je l’envisageai, je pensai demeurer interdit. […] Les uns disaient que Taxile n’était point assez honnête homme ; les autres, qu’il ne méritait point sa perte ; les uns, qu’Alexandre n’était point assez amoureux ; les autres, qu’il ne venait sur la scène que pour parler d’amour. […] Il resterait toujours à savoir si ce procédé attentif et curieux, employé à l’exclusion de tout autre, est dramatique dans le sens absolu du mot ; et pour notre part nous ne le croyons pas : mais il suffisait, convenons-en, à la société d’alors, qui, dans son oisiveté polie, ne réclamait pas un drame plus agité, plus orageux, plus transportant, pour parler comme madame de Sévigné, et qui s’en tenait volontiers à Bérénice, en attendant Phèdre, le chef-d’œuvre du genre.
Il y est parlé, entre autres particularités, d’une certaine Oscine, à qui Amulem a offert, sans qu’elle ait accepté, d’être, en l’épousant, une des plus heureuses personnes de l’Asie 98. […] En retour, quand Prévost a eu à parler de lui-même et de ses propres livres, il l’a fait de bonne grâce, et ne s’est pas chicané sur les éloges. […] Il ne vaut pas grand’chose ; cependant on en lit 190 pages en fondant en larmes. » Ce n’est que de la première partie des Mémoires d’un Homme de qualité que peut parler mademoiselle Aïssé ; 190 pages qu’on lit en fondant en larmes, n’est-ce donc rien ? […] C’est qu’on y parle, deux pages plus loin, de la Bibliothèque des Romans de Gordon de Percel (Lenglet-Dufresnoy), en des termes qui ne s’accordent pas tout à fait avec ceux du nombre 47. […] Mais on doit croire que Prévost, alors en Angleterre, ne parla la première fois de la Bibliothèque des Romans que d’après quelques renseignements et sans l’avoir lue.
Ils ne chanteront ou ils ne parleront du cœur que s’ils ont plus de cœur que le reste des hommes. […] Aujourd’hui nous ne parlons que des lyriques hébreux, et principalement de David, le poète berger, le poète guerrier, le poète roi, le plus complet, le plus pathétique, le plus religieux de ces prophètes. […] On ne s’y entretenait que du géant, l’effroi de l’armée et du peuple ; on n’y parlait que des récompenses promises par Saül à celui de ses guerriers qui abattrait l’insolence du bâtard de Geth. […] Quelle justice parle au cœur en pareilles images ? […] L’Écriture, en effet, nous parle d’abord d’un petit berger, fils d’un nommé Isaï, de Bethléem, que les officiers de la tente de Saül ont entendu jouer délicieusement de la flûte sur la colline en gardant les brebis de son père.
Je ne parlerai pas du beau roman de mœurs ecclésiastiques où M. […] Et le langage que parlent tous ces hommes graves n’est pas non plus celui des laïques. […] Et souvent aussi la passion du pouvoir s’exaspère chez lui par l’absence des autres « divertissements » (pour parler comme Pascal), par les contraintes du célibat. […] Vous ne parlez pas comme un prêtre, vous parlez comme un laïque. […] Il parle de dignité personnelle ; mais « le prêtre est un être qui s’abandonne, se sacrifie, abdique ».
On pourrait remarquer encore d’autres ressemblances dans leurs manières d’écrire et jusque dans leur langue poétique, si l’on peut ainsi parler. […] Cependant lord Byron, né dans un pays d’habitudes oratoires, où l’on parle à toute occasion, et où trop souvent on écrit comme on parle, n’a jamais daigné faire un choix entre les idées qui se présentaient en foule à son imagination. […] Malheureusement ses personnages parlent et agissent trop comme des héros de roman. […] Son frère m’en parlait encore avec amertume, il y a quelques années. […] Voyez l’Apophrade (ce n’est pas aux clames que je parle).
Il y chante son luxe et son bien-être ; le chant n’est guère propre à toucher ceux qui ne peuvent pas vivre de sa vie ; mais la nature y parle, et les vers sont écrits de verve. […] Voltaire a pourtant parlé de « la gravité chrétienne » au dix-septième siècle ; il a su la voir ; il ne l’a pas sentie. […] Dirai-je aussi que chez lui l’horreur du mal sent son voluptueux, devant qui l’on parlerait d’une opération douloureuse, plutôt que la mâle aversion d’un honnête homme, et que son amour du bien est surtout l’amour de l’ordre ? […] Voltaire parle des choses de l’esprit comme on en parle entre honnêtes gens qui songent plus à échanger des idées agréables qu’à se faire la leçon. […] Rousseau, parce qu’ils font trop parler d’eux.
Dupin, de venir lui parler plus amplement, et en toute autorité, de ce grand magistrat et citoyen, que son dévouement et sa mort ont fait sublime. […] Forcé de choisir entre tant de points de vue que présente la vie de M. de Malesherbes, j’en prendrais un sur lequel il m’a été donné de recueillir des renseignements précieux et confidentiels : je veux parler de son administration comme directeur de la Librairie durant treize ans. Les pièces les plus importantes, les principaux dossiers manuscrits relatifs à cette partie de sa vie et de sa conduite, sont sous mes yeux, et j’en pourrai traiter, non pas avec plus de justesse et d’équité (car la plupart des biographes en ont très bien parlé en général), mais avec plus de précision qu’on ne l’avait fait jusqu’ici. […] Dans un endroit des Cacouacs, il est parlé de la géométrie : Fréron, en rapportant cet endroit, a ajouté une note dans laquelle il cite un de mes ouvrages, pour faire connaître que l’auteur a voulu me désigner en cet endroit, quoique la phrase qu’il rapporte ne se trouve dans aucun de mes ouvrages. […] Enfin, monsieur, je croyais mon neveu digne des larmes du public, et je ne crois mon cousin digne que des larmes de ses amis : vous voyez combien je vous parle naturellement.
On a eu raison de soutenir, et c’est l’honneur de l’école doctrinaire, que le seul souverain légitime, le seul souverain absolu, ce n’est pas le prince, ce n’est pas le sénat, ce n’est pas la multitude, mais la justice et la raison, non pas la raison de tel ou tel homme, mais la raison en elle-même, telle qu’elle prononcerait si elle parlait et se manifestait tout à coup parmi les hommes. […] Lorsque la noblesse, dans les états généraux, forçait le tiers état à parler à genoux, ne préparait-elle pas elle-même contre elle-même de tristes représailles ? […] Quand M. de Tocqueville parle de l’égalité des conditions, il en parle comme d’un fait accompli, définitif, arrêté, dont il faut chercher les conséquences, mais qui en lui-même n’est plus un problème et laisse l’imagination humaine en repos. […] C’est principalement vers elle que l’esprit des moralistes de nos jours doit se tourner. » Sans doute il est bon d’éclairer l’intérêt et de montrer que le bien de tous peut se concilier avec le bien de chacun ; mais faut-il s’en tenir là et laisser aux siècles aristocratiques l’honneur de parler des beautés de la vertu, tandis que nous ne parlerons que de ses avantages ? […] Ce fut la mort qui lui fit le don de l’amour. » Ainsi parle le Père Lacordaire.
Je ne parle pas de la vignette peinte en vert, de la branche d’amarante, symbole de la vertu qui ne se flétrit jamais, des trois V, qui sont le chiffre de la maison de Sully. […] Toutes les fois qu’il a à parler de Henri III, il le dessinera ainsi en quelques traits où le signe d’effémination et d’infamie reparaîtra toujours. […] Rosny fut toujours d’humeur assez difficile et assez ombrageuse ; mais sa prudence précoce eut pourtant de la jeunesse ; il eut ses heures de bonne grâce, ses conversations avec les dames, son art de les entretenir et de les faire parler. […] À Auch, en 1578, pendant le séjour qu’y font la reine mère, la reine de Navarre et Henri, on voit Rosny qui, « n’oyant plus parler d’armes, mais seulement de dames et d’amour, devient tout à fait courtisan et fait l’amoureux comme les autres », chacun ne s’amusant alors à autre chose qu’à rire, danser et courir la bague. […] Sully eut, dans sa vie, deux femmes ; on a mal parlé de la seconde ; mais cette première est toute pure, gentille d’esprit, et telle qu’on peut se la figurer à souhait auprès de ce mari sérieux et sévère.
Ici Joinville a des instincts d’historien : il sent qu’on ne peut rien comprendre à une expédition en Égypte si l’on n’a une idée du Nil, et il nous en fait au début une description qui est célèbre à la fois par quelques traits fidèles et par un mélange d’ignorance et de crédulité : « Il nous convient premièrement parler du fleuve qui vient d’Égypte et de Paradis terrestre… » C’est ainsi que plus tard il parlera des Bédouins, et cette fois en des termes plus exacts ; et aussi des mamelouks, qui jouaient déjà un grand rôle à cette époque. […] Nous avons affaire en sa personne à un homme qui parle sincèrement de lui-même, et c’est pour cela que nous l’écoutons si à plaisir et que nous l’aimons. […] Il est impossible de parler de Joinville sans citer (fût-ce pour la centième fois) cette page qui est sa plus douce gloire : Mainte fois advint qu’en été il (le roi) allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, et s’accotait à un chêne et nous faisait seoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient à faire venaient lui parler, sans embarras d’huissier ni d’autres gens. […] » Et ceux-là se levaient qui avaient partie, et lors il disait : « Taisez-vous tous, et on vous délivrera l’un après l’autre. » Et lors il appelait monseigneur Pierre de Fontaines et monseigneur Geoffroi de Villette, et disait à l’un d’eux : « Délivrez-moi cette partie (expédiez-moi cette cause). » Et quand il voyait quelque chose à amender dans le discours de ceux qui parlaient pour autrui, il le corrigeait lui-même de sa bouche.
Personne mieux que moi ne peut comprendre, ma chère Louise, ce que vous avez dû sentir à Heidelberg ; je ne peux pas y songer sans la plus vive émotion ; mais je ne veux pas en parler ce soir, cela me rend trop triste et m’empêcherait de dormir. […] Mme de Sévigné, qui raconte ceci, paraît en conclure avec le commun de la Cour que la nouvelle Madame est « tout étonnée de sa grandeur », et qu’elle parle en personne qui n’est pas accoutumée à un si grand entourage. […] La dévastation et les incendies célèbres qu’entraînèrent ces luttes d’ambition lui causèrent des peines inexprimables : « Quand je songe aux incendies, il me vient des frissons… Toutes les fois que je voulais m’endormir, je revoyais tout Heidelberg en feu ; cela me faisait lever en sursaut, de sorte que je faillis en tomber malade. » Elle en parle sans cesse, elle en saigne et en pleure après des années ; elle en garda à Louvois une haine éternelle : « J’éprouve une douleur amère, écrivait-elle trente ans après (3 novembre 1718), quand je pense à tout ce que M. […] Elle parle de tout indistinctement comme un homme, n’est jamais dégoûtée en paroles, et n’y va jamais par quatre chemins quand elle a à exprimer quelque chose qui serait difficile et embarrassant pour toute autre. […] Je n’en finirais pas si je voulais énumérer toutes les raisons graduelles et insensibles qui ont amené l’espèce de déraison finale dont Madame est saisie toutes les fois qu’elle a à parler de Mme de Maintenon ; car il n’est pas de termes qu’elle n’emploie à son égard.
Là, dans mon centre, j’aime infiniment mieux entendre parler un autre que de parler moi-même ; volontiers je tombe dans le silence du bonheur, et, si je parle, ce n’est que pour payer mon billet d’entrée. […] Dans ces volumes agréables et d’une lecture variée, Beyle parlait de la peinture et de mille autres choses, de l’histoire, du gouvernement, des mœurs. […] Quand il ne fait que se prendre corps à corps aux adversaires du moment, à ceux qui parlent de Shakespeare sans le connaître, de Sophocle et d’Euripide sans les avoir étudiés, d’Homère pour l’avoir lu en français, et dont toute l’indignation classique aboutit surtout à défendre leurs propres œuvres et les pièces qu’ils font jouer, il a raison, dix fois raison. […] Je n’ai point parlé de son livre De l’amour, publié d’abord en 1822, ni de bien d’autres écrits de lui qui datent de ces années. […] Longtemps je n’ai dû qu’à lui (et quand je dis je, c’est par modestie, je parle au nom de bien du monde) le sentiment italien vif et non solennel, sans sortir de ma chambre.