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906. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

L’époque du règne de Néron sous lequel parut ce poème national redoublait sa puissance sur l’esprit des Romains. […] La petitesse de cette circonstance leur a paru indigne de la haute poésie. […] Mais son autorité vous paraît-elle trop légère ? […] Le plus ingrat de tous paraîtra toujours surprenant. […] Comparez quelques-uns des êtres fictifs entre eux, leur différence vous paraîtra fort distincte.

907. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

En revanche, il l’était peu de sa mère, fille pourtant du célèbre sculpteur Dubois, mais qui paraît avoir été une personne assez insignifiante, étroite de cœur et d’esprit ; elle ne lui avait guère laissé de tendres souvenirs. […] Il y a telle scène, Grimm nous l’assure et paraît le tenir de bon lieu, qu’on lui fit recommencer vingt fois ; le miracle est qu’il y consentit. […] Le libertinage de Piron montre tout et ne cache rien ; il n’est que ce qu’il paraît, et c’est bien assez ; il dégoûte et n’allèche pas. […] Il fit imprimer, par manière d’amende honorable, sa traduction du De profondis, qui parut dans le Mercure avec une lettre de lui (avril 1765). […] Rousseau, fâchécomme tout… Cet endroit du texte m’avait paru suspect ; Rousseau ne doit pas être fâché, mais charmé de la défaite de Voltaire.

908. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Qu’on se rassure pourtant : Cléon ne meurt pas ; il se transforme en vivant, il se perfectionne, il fait presque tout ce qu’il a dit qu’il ne fera pas, et son portrait, longtemps après retrouvé, ne paraît plus à nos yeux surpris qu’un des profils évanouis de notre jeunesse. […] L’ouvrage posthume de Mme de Staël sur la Révolution parut ; il l’émut vivement et lui causa un véritable enthousiasme. […] dirons-nous, et dira comme nous quiconque ne se règle pas sur le paraître. […] Il m’est impossible d’y rien noter de juvénile, si ce n’est peut-être une certaine forme condensée, un enchaînement parfois si serré qu’il peut paraître obscur, en un mot une légère exagération de la maturité. […] Je coupe court et je me résume en répétant que si l’Abélard qu’on a (la vie imprimée) est plus parfait comme ouvrage, l’Abélard-drame, qu’on aura un jour, paraîtra une plus vraie et plus entière expression du talent que nous nous sommes ici efforcé de peindre.

909. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Des deux mémoires que nous venons de distinguer, la première paraît donc bien être la mémoire par excellence. […] Mais ou l’on se borne à traduire ainsi le fait psychologiquement constaté en un langage physiologique qui nous paraît encore moins clair, ou c’est toujours à une métaphore qu’on revient. […] À ce moment précis, la mémoire, au lieu de faire paraître et disparaître capricieusement ses représentations, se règle sur le détail des mouvements corporels. […] Cette difficulté ne paraît pas avoir suffisamment frappé les théoriciens de l’aphasie sensorielle. […] Parmi les nombreuses variétés d’aphasie décrites par les cliniciens, on en connaît d’abord deux (4e et 6e formes de Lichtheim), qui paraissent impliquer une relation de ce genre.

910. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVI » pp. 183-185

Il y a un certain article 17 (voyez-le, sur la concession, je crois, faite aux petits séminaires de fournir des sujets au baccalauréat) qui paraît aux purs universitaires très-compromettant pour l’Université et même destructif. […] Cousin, qui a tant fait pour donner l’impulsion philosophique d’il y a vingt-cinq ans, paraît être celui encore qui travaille le plus à imprimer aux études littéraires cette impulsion philologique nouvelle.

911. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Buloz et le Messager de Paris. »

Quoi qu’il en soit, la presse a de certaines lois et coutumes qui sont assez généralement observées entre ceux de ses organes qui comptent pour quelque chose, et le Messager nous paraît ne pas s’en être douté. […] Fonder, à une époque de dissolution et de charlatanisme, une entreprise littéraire élevée, consciencieuse, durable, unir la plupart des talents solides ou brillants, résister aux médiocrités conjurées, à leurs insinuations, à leurs menaces, à leurs grosses vengeances, paraître s’en apercevoir le moins possible et redoubler d’efforts vers le mieux, c’est là un rôle que les entrepreneurs de la Revue (pour parler le langage du Messager) doivent s’honorer d’avoir conçu, et où il ne leur reste qu’à s’affermir.

912. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Paul Chalon »

De loin, leur jeunesse paraît plus fleurie, plus avide de vie et de lumière  parce qu’ils ne jouissent plus du soleil ; et leur tendresse paraît plus tendre  parce que leur cœur ne bat plus.

913. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

Armand Silvestre Jamais poète ne parut plus dégagé des préoccupations prosodiques contemporaines que M.  […] Catulle Mendès écrivait, quand il parut : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie.

914. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Dois-je déclarer d’ailleurs, pour excuser l’ambition de ce titre d’Histoire, que je n’ai point prétendu compléter ni résumer les travaux antérieurs qui ont paru sur cette matière ? […] Peut-être même sera-ce le principal défaut de ce travail que ma foi y paraîtra superstitieuse et que j’aurai abaissé mes dieux en les supposant si occupés de moi.

915. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Où cet Auteur paroît véritablement original, c’est dans ses Lettres à M. […] Son Commentaire sur la Henriade, qui n’a paru qu’après sa mort, est le meilleur Livre de critique littéraire qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens, pour leur former le jugement & le goût.

916. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Gibert nous paroît, sans contredit, plus estimable, dans ses Jugemens des Savans sur les Auteurs qui ont traité de la Rhétorique. […] Gibert paroît capable de bien écrire, quand il est animé.

917. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 369-371

Ce Livre fut accueilli par les Philosophes, & condamné par le Parlement de Paris aussi-tôt qu’il parut. […] Toussaint, il n’est pas inutile d’observer qu’il a paru, il y a quelques années, un Essai sur les mœurs du temps, par M.

918. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Dîner au son du cor et du hautbois ; promenade au belvédère, avec un arc-en-ciel qui paraît juste comme à point nommé pour décorer le fond du paysage ; collation rurale dans le bois, à l’entrée de la grotte. […] Même quand les réponses eussent paru faibles dans une autre bouche, elles devenaient gracieuses et distinguées dans la sienne ; on était prévenu pour lui, et sa personne agréait toujours. […] Il baissa la tête sous la tourmente ; il ne paraît pas avoir eu la pensée d’émigrer. […] De tous ses titres d’autrefois, celui d’homme de lettres était le seul qui lui fût demeuré en propre et auquel il parût tenir. […] [NdA] Mémoires de Daniel de Coenac. — La princesse de Conti s’y montre sous sa première forme, avant sa conversion ; elle n’y paraît pas sans quelques défauts.

919. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

M. de Longueville, outre la disproportion de son âge, avait le tort de paraître aimer Mme de Montbazon ; les deux rivales n’eurent pas de peine à se haïr. […] Il paraît bien réellement qu’à dessein ou non, on se trompait. […] La confession finale de Mme de Longueville, que nous lirons, ne nous paraîtra que la traduction chrétienne des Maximes. […] M. le Prince, qui lui demanda cet éloquent office pour la mémoire de la Palatine, n’eut pas l’idée, à ce qu’il paraît, quelques années auparavant, de lui exprimer le même désir à l’égard de sa sœur. […] En effet, dès qu’elle parut : « Ah !

920. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Dans l’Aminta du Tasse, comme dans les Églogues de Virgile, le poète paraît d’autant plus parfait qu’il est moins tendu ; il semble se complaire à racheter la simplicité du sujet par l’inimitable perfection des images, des sons et des vers. […] Cependant la douce intervention de Léonora et de sa sœur Lucrézia paraît avoir suspendu ou tempéré l’effet du mécontentement de leur frère. […] Ce coup parut abattre son courage ; il s’adressa au duc de Ferrare pour prévenir ce larcin de sa gloire et de sa fortune. […] Le Tasse néanmoins, consterné d’une publicité qui lui dérobait les bénéfices de son œuvre, et qui la faisait circuler avant la dernière perfection qu’il y apportait encore, parut accuser injustement la cour de Ferrare de connivence ou d’indifférence dans cette affaire. […] Ce ne fut que plus tard que la sollicitude changea de caractère, et qu’une aigreur cruelle parut succéder dans ce prince à la pitié.

921. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Mais le duo parut devenir un trio, jusqu’à ce qu’il redevînt un duo par l’absence éternelle d’un des acteurs. […] Mme de Staël n’avait point attendu le voyage long et incertain de M. de Sabran, elle avait donné ordre à son libraire de vous expédier cet ouvrage au moment où il paraîtrait. […] Les ressorts par lesquels il maintenait un pouvoir si démesuré, quelque violents qu’ils nous parussent, étaient modérés, si on les compare à l’effort dont il avait besoin et à la résistance qu’il éprouvait. […] Elle n’avait point paru gravement malade. […] Mais, en totalité, il pouvait avoir paru beau dans sa jeunesse à une femme transplantée en Italie, qui cherchait la forme de la force dans un protecteur de sa faiblesse.

922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ainsi, avant qu’aucun modèle eût paru, on savait à quelles conditions un écrit est un modèle. […] Il n’est pas une époque où cet à-propos paraisse plus manifestement une loi de l’esprit français, qu’au lendemain de la gloire de Balzac. […] En France, outre les obligations que lui eût imposées son rang, la température lui paraissait troubler la liberté de son esprit, et mêler un peu d’imagination à la méditation des vérités qui ne veulent être perçues que par la raison. […] Trop occupé de l’éloigner comme cessation violente d’un état où le bien lui paraissait l’emporter sur le mal, il ne songea pas à la méditer comme le commencement d’une autre vie. […] Mais l’originalité d’un écrivain qui, différant des autres hommes par le caractère, l’humeur, la condition, ne fait attention qu’aux points qui le rendent semblable à tout le monde, et fonde la vérité sur cette ressemblance, me paraît d’un ordre plus élevé.

923. (1774) Correspondance générale

Le cinquième me parut traîner. […] Le Baron paraît vivement touché de me posséder. […] Vous recevrez incessamment deux exemplaires de l’ouvrage de l’abbé Raynal qui a déjà paru en France et qui doit paraître incessamment ici. […] Cela vous paraît bien ridicule ; eh bien ! […] Je serais bien aise que nous paraissions tous deux avec quelque décence.

924. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

À ces jeunes gens si avides d’exploits, la vie, la société et les mœurs de leur temps paraissaient donc impraticables. […] Ils s’étonnaient de ne plus porter ni l’épée ni la cape, et la coupe de leurs redingotes leur paraissait horrible. […] Afin d’augmenter notre émoi, Dieu même lui paraît propice. […] La fructification des chairs nous paraîtra auguste, sacrée, très charmante. […] Il aura réhabilité et embelli des parties, des fonctions et des actes qui paraissaient honteuses.

925. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

L’Irlande paraît à peine dans le poème de M.  […] Que si cette distinction paraissait à M.  […] Cette fois-ci encore, M. de Chateaubriand a sacrifié l’être au paraître. […] Il a paru d’abord vouloir justifier le prédécesseur de M.  […] Mais à quelles conditions l’histoire paraît-elle sur le théâtre ?

926. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 249-251

Les Philosophes qui lui ont prodigué de si grands éloges, n’ont pas fait attention que, s’il paroît se prêter à quelques-unes de leurs idées dans ses Ouvrages historiques, il annonce des maximes bien opposées dans ses Sermons, où la Religion est présentée dans toute sa pureté, dès qu’il ne s’agit que de morale. […] Le tableau qu’il trace de la piété de son Héros, nous a paru réunir la plus grande noblesse à la plus grande simplicité.

927. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Qu’on suppose que Rabelais ait voulu s’envelopper, pour ne point paroître attaquer si directement ce qui aiguisoit son humeur satirique : étoit-ce d’un tissu de pensées triviales, de propos obscènes, d’expressions basses, qu’il devoit former le voile destiné à cacher ses allégories ? […] Rabelais seroit actuellement plongé dans l’oubli, s’il n’eût pas passé toutes les bornes ; moyen assuré d’entraîner la multitude & de paroître merveilleux aux Esprits communs.

928. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il paraît avoir été peint il y a cent ans ; mais il est bien plus vieux encore pour la manière que pour la couleur. […] L’enfant qui recueille sur des tablettes les dernières paroles de Socrate me paraît très beau et de caractère, et de couleur, et de simplicité, et de lumière.

929. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Parocel » pp. 255-256

… cet ange est tout à fait goguenard, et le Christ paraît assez convaincu de la justesse de sa remontrance. […] Cette pusillanimité a paru indigne de Dieu à M. 

930. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il fut le premier et longtemps l’unique maître de ce fils adoré (fils naturel, je le crois), dont l’éducation ainsi resta presque entièrement privée et qui ne parut au collège que dans les classes supérieures. […] Jusqu’alors il avait été plutôt timide et d’une allure toute poétique ; il commença de s’émanciper, et ces vives années de son adolescence purent paraître très-dissipées et très-oisives. […] Par un généreux mais décevant instinct, il s’en alla accoster d’emblée, en littérature comme en politique, ceux surtout qui étaient dehors et qui lui parurent immolés, Bonneville ou Granville, comme Oudet et Pichegru. […] En 1832, ses œuvres complètes, et pourtant choisies encore, parurent pour la première fois, et vinrent déployer, en une série imposante, les titres jusqu’alors épars d’une renommée qui dès longtemps ne se contestait plus. […] « Un ouvrage intitulé la Napoléone et dirigé contre le Premier Consul a paru il y a deux ans.

931. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Et si nous revenons à l’Art, Beethoven nous paraît aussi amené, par cet Esprit, dans la voie où il se devait rencontrer au seul Initié de son Art, au seul devant lequel il pût se pencher, respectueusement, au seul qui lui donnât la révélation de sa plus secrète nature intime. […] Le voilà devant lui, à nouveau, ce monde, et tel qu’il était en la Symphonie Pastorale ; tout lui paraît illuminé par son bonheur intime ; c’est comme s’il écoutait les sons même de l’Apparence, qui gracieux ou rudes, se mènent, devant lui, dans une danse rythmée. […] Le thème, étrangement simple, du morceau final, utilisé ailleurs encore par Beethoven, lui paraissait pouvoir servir à ce but comme une forme fondamentale ; mais ce qu’il construit sur ce thème, dans la suite du développement mélodique, appartient encore trop à ce genre (si particulièrement élargi et développé par Beethoven) du cantabile sentimental de Mozart, pour que le morceau entier puisse déjà nous paraître comme un résultat acquis dans la voie que nous considérons. […] (Continuation de l’étude dont les 8 premiers chapitres ont paru). […] Une première version de ce texte était déjà parue dans le journal Le Gaulois en 1876, au moment de l’ouverture du festival de Bayreuth.

932. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Et à ce qu’il paraît, le libertinage n’était pour rien dans la possession de ses malades : c’était seulement pour le docteur, un moyen d’arriver à la connaissance complète de l’être qu’il traitait. […] La pièce paraît destinée à un succès, et Porel, tout guilleret, les yeux émerillonnés, s’écrie : « Ça va ! […] » Et il sort de sa bouche un flot de paroles colères, qu’il termine ainsi : « Oui, cet homme me tue… me rend tout impossible… je ne vous parlais pas de ce journal, parce que je voulais en faire un livre… mais je sens que, lui là, je ne pourrai jamais le faire… Vous me paraissez un galant homme. […] Tous les chefs-d’œuvre anciens, où les critiques voient du soleil, de la chair illuminée de lumière, m’ont paru bien tristes, bien blafards, bien noirs, et d’un artifice d’art bien surfait. […] Un étonnant paysage de Rousseau : le Marais dans les Landes, paysage qui fait paraître simplement gentillets les paysages de Daubigny, de Troyon et autres.

933. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce mot qui paraîtrait abject et sacrilège aujourd’hui aux plus vils des courtisans d’un trône, paraissait sublime alors ; c’était la dévotion à la tyrannie. […] Son premier mouvement fut de prendre une bougie pour éclairer le lecteur ; elle fit ensuite réflexion qu’il était plus convenable de s’asseoir, et de faire tous ses efforts pour paraître attentive à la lecture. […] Elle a refusé d’obéir à un infâme caprice du roi ivre, qui, à la suite d’une orgie, lui avait ordonné de paraître nue aux yeux de ses compagnons de débauche. […] Mardochée paraît à leur voix, les chants cessent. […] Esther, suivie de ses compagnes, paraît à la dernière scène de cet acte devant le roi.

934. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Et la thèse de chacun paraît également défendable. […] Edmond de Goncourt paraît avoir été moins un artiste et un poète qu’un analyste et un psychologue. […] « Le beau, déclarent-ils formellement, est ce qui paraît abominable aux yeux sans éducation. […] Au point de vue de l’art, toute critique nous paraîtrait frapper dans le vide, et toute discussion nous semblerait oiseuse. […] Sa santé y paraît intacte, sa raison en équilibre.

935. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Le tome Ier de cet ouvrage parut en 1733, il y a cent vingt ans. […] C’était l’heure où commençait à paraître l’Encyclopédie, où la congrégation des philosophes allait régner sans partage, et où le monde était jeté bien loin des études silencieuses. Durant les années de sa retraite au Mans, le docte religieux avait successivement publié les huit premiers volumes de son Histoire littéraire de la France (1733-1748) : le 9e, qui était de lui encore, ne parut qu’après sa mort, en 1750. […] Un inconvénient, en effet, d’une histoire littéraire ainsi composée, c’est que le caractère personnel des rédacteurs, leur talent doit s’effacer pour ne laisser paraître et se développer que leur savoir, leurs recherches, et les résultats qui en ressortent : tout ce qui serait une vue un peu vive, une idée neuve un peu accusée, tout ce qui aurait un cachet individuel trop marqué semblerait jurer avec la circonspection et la méthode de l’ensemble. […] Fauriel, plus circonspect, dit également : « Il y eut, à ce qu’il paraît, entre le milieu du xiie  siècle et les commencements du xiiie , un grand mouvement dans la littérature française. » Ce fut le beau moment des trouvères.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Le silence surtout lui paraît un grand remède, et le seul dans les instants même qu’on ne peut dérober au monde. […] Il n’y a rien dans ces lettres de Fénelon à Mme de Grammont qui paraisse excéder pour le fond ce que le bon sens délicat du directeur chrétien le plus éclairé peut conseiller et prescrire. […] Il ne manque pas d’ajouter que « la lèpre de l’orgueil, de l’amour-propre et de toutes les autres passions de l’esprit, si nous n’étions point aveugles, nous paraîtrait bien plus horrible et plus contagieuse ». […] J’ai parlé d’images : en voici une qui me paraît du plus vif et du plus joli Fénelon. […] Les passions d’autrui paraissent infiniment ridicules et insupportables à quiconque est livré aux siennes.

937. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il avait des facultés naturelles très remarquable pour la poésie et le bel esprit : « C’était, a dit de lui l’exact et honnête abbé de Marolles, l’un des plus beaux naturels du monde pour la poésie, et de qui les bons sentiments de l’âme égalaient la gaieté de l’humeur. » Tallemant lui reproche une outrecuidance et une habitude de vanterie qui est un des caractères de la littérature de ce temps-là ; mais Saint-Amant ne paraît point avoir poussé ce défaut aussi loin qu’un Scudéry, et il n’en resta pas moins avant tout un bon vivant. […] Si, comme on peut le croire, dans le paysage probablement décrit d’après nature par Saint-Amant, il y avait en effet un coin de ruine mal famé, où l’on montrait encore de loin avec effroi ce qu’il appelle le squelette d’un amant qui s’était pendu par désespoir, je ne vois pas pourquoi il ne l’aurait pas conservé : mais autre chose est ce trait trop important pour être omis dans un paysage de ce caractère, et qui n’en occuperait dans tous les cas qu’un côté funeste et maudit, autre chose est la limace et le crapaud qu’il s’amuse à nous montrer dans la strophe suivante sur les parois de la cave ou du souterrain effondré du château : Le plancher du lieu le plus haut Est tombé jusque dans la cave, Que la limace et le crapaud Souillent de venin et de bave… Ce qui paraît d’autant plus choquant que cette cave, ainsi présentée de si laide façon, devint chez lui tout aussitôt la grotte sacrée du Sommeilq : Là-dessous s’étend une voûte Si sombre en un certain endroit, Que, quand Phébus y descendroit, Je pense qu’il n’y verrait goutte ; Le Sommeil aux pesants sourcils, Enchanté d’un morne silence, Y dort, bien loin de tous soucis, Dans les bras de la Nonchalence, Lâchement couché sur le dos, Dessus des gerbes de pavots. […] Un de ces ouvrages, le poème ou idylle héroïque de Moïse, parut à la fin, dédié à la reine de Pologne (1653). […] Les vers sont mous et lâches comme le seraient des vers de Scudéry ; l’auteur ne paraît pas se douter de l’art d’écrire en vers sérieux. […] [NdA] Saint-Amant ne paraît pas avoir été marié.

938. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cette musique de Pygmalion paraît avoir occupé quelque temps l’imagination d’Halévy. […] Je n’ai pas assez étudié les nombreuses notices consacrées, depuis le XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe, aux membres de l’ancienne Académie de Peinture et de Sculpture31, pour prétendre en mesurer le mérite et en indiquer la valeur précise ; mais ce qui me paraît vrai et certain, c’est que dans ce genre de notices dont les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, etc., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau. […] Quatremère de Quincy me paraît avoir le premier conçu ce genre dans toute son élévation et sa sévérité, sinon avec tout son agrément. […] Gondoin n’avait encore que seize ans… » L’orateur n’avait pas dit cela ; mais un orateur, comme un acteur, est ce qu’il paraît être. […] Le seul défaut (et je le lui ai dit à lui-même) que me paraissaient avoir ces premières et tout d’abord agréables notices d’Halévy, c’était d’offrir un peu trop de fleurs, un peu trop de luxe dans l’élégance : il n’avait à se corriger que de cela.

939. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Cervantes nous dit nettement et clairement ce qu’il a voulu ; son livre (il nous explique pourquoi dans la Préface) n’a pas besoin, pour paraître au jour, de tout l’appareil de sonnets laudatifs et de témoignages pompeux qui s’étalent en tête des écrits du temps ; il n’a besoin non plus, chemin faisant, d’aucun attirail d’érudition sacrée ou profane, et il peut se passer de ces notes et commentaires de toutes sortes qui encombrent d’ordinaire les marges ou qui chargent la fin des volumes, et qui produisent de si belles listes d’auteurs cités. […] La première partie du roman, qui parut en 1605, semble d’abord avoir dû être définitive ; l’auteur pouvait s’y tenir sans la continuer. Le succès fut si vif que Cervantes se décida à donner une suite ; il mit dix ans avant de la faire paraître : Le Sage a bien mis vingt ans à finir le dernier volume de Gil Blas. […] G. de Lavigne que l’ouvrage du continuateur n’est nullement méprisable et qu’il n’est difficile à lire aujourd’hui que parce que la place est prise et que chaque lecteur a dans l’esprit la suite si agréable de Cervantes, c’est tout ce que vraiment on pourrait faire ; je viens, dans mon désir d’impartialité, d’essayer de lire quelques chapitres de ce Don Quichotte d’Avellaneda ; tout ce que j’en ai vu me paraît lent, logique et lourd ; on ne peut s’empêcher de dire à chaque instant : « Ah ! […] Ce livre si divertissant de Don Quichotte, du moment qu’on entre dans les vues de l’auteur et dans l’esprit qui l’animait pendant sa composition, change tout à fait d’aspect, selon Sismondi, et ne lui paraît plus fournir qu’un texte à des réflexions sérieuses : « L’invention fondamentale de Don Quichotte, dit-il (et cette explication depuis a fait loi), c’est le contraste éternel entre l’esprit poétique et celui de la prose.

940. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Edouard Lefebvre de Behaine, premier secrétaire d’ambassade à Berlin, en a disposé une seconde édition qui doit prochainement paraître, et il y a joint divers morceaux ou chapitres très-développés qui avaient été publiés par l’auteur dans la Revue des Deux Mondes ; le tout formera une Histoire diplomatique du Consulat et de l’Empire presque sans interruption et sans lacune, depuis 1800 jusqu’en 1814. […] Celui-ci, interpellé soudainement sur un sujet aussi délicat, répondit avec un peu d’embarras qu’aucune instruction de sa Cour ne l’autorisait à traiter d’un mariage entre une princesse de Naples et le fils de l’Impératrice : « Il ne pouvait donc soumettre à la reine que ses opinions personnelles ; il lui semblait que, dans l’intérêt de sa maison et de ses peuples, elle devrait favoriser une semblable union ; Eugène de Beauharnais avait toute l’affection de l’Empereur, et de grandes destinées semblaient promises à ce jeune homme. » La reine demeura quelque temps sans répondre : un sourire amer parut un moment sur ses lèvres ; elle semblait agitée intérieurement par des réflexions pénibles ; enfin elle rompit le silence et dit, comme avec effort, qu’elle n’avait aucune objection à élever contre la personne du jeune Beauharnais : « Mais il n’avait pas encore de rang dans le monde ; si, plus tard, la Providence l’élevait à la dignité de prince, les obstacles qui s’opposaient aujourd’hui à une pareille alliance pourraient être écartés. » Le moment une fois manqué ne revint pas. […] Lefebvre, me paraît être un homme jeté dans un moule tout différent. […] Créé membre de l’Institut par suite du décret qui introduisait au sein de l’Académie des Sciences morales une nouvelle section (politique, administration et finances), il parut plus surpris encore que flatté de cet honneur. […] Armand Lefebvre le comprit ; il ne visa point à une concurrence impossible avec l’historien national et populaire ; seulement, par provision, pour sauvegarder son droit et réserver l’originalité de ses vues, il se hâta de publier les trois volumes qu’il avait tout prêts, et qui parurent de 1845 à 1847 ; ces volumes comprenaient les événements politiques et diplomatiques accomplis depuis 1800 jusque dans l’été de 1808, c’est-à-dire depuis les premiers jours du Consulat jusqu’au drame espagnol de Bayonne.

941. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Il est naturel et il paraît juste qu’au moment même où l’unité de la France s’accomplit et se consomme en tous sens par l’immense réseau des communications et par une facilité, pour chacun, d’un déplacement à la minute, et presque d’une omniprésence universelle, il y ait un sentiment de résistance sur quelques points, un reploiement sur soi et un suprême effort de quelques fidèles pour sauver les vieilles mœurs ou du moins les vieilles chansons, pour les préserver et les clôturer, s’il est possible, pour leur assurer même, comme par défi, et grâce à un stimulant nouveau, une sorte de regain et de renaissance. […] Pour moi, une pièce qui me paraît touchante de forme et de sentiment est celle que M.Luzel a consacrée à la mémoire de Brizeux, l’amoureux de Marie, le barde qui s’est écrié en l’un de ses meilleurs chants, voulant exprimer d’un mot sa terre natale : Ô terre de granit, recouverte de chênes ! […] Il déteste peut-être un peu trop l’Anglais (le Saxon) comme au temps du combat des Trente ; il paraît trop persuadé que son pays est, à tous égards, le premier du monde, sa langue, la plus belle de toutes : en prose, cela s’appellerait des préjugés et des entêtements ; c’est bon à chanter, non à dire. […] Je passe à un Breton français et des plus français, à Boulay-Paty, mort il y a juste un an, et dont les Poésies posthumes viennent de paraître réunies par les soins d’un ami60. […] En 1830 parurent ses Odes nationales, au profit des victimes de la Révolution de juillet.

942. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Presque tous nos meilleurs comédiens ont voulu s’essayer dans le rôle de Tartuffe, et il ne paraît pas qu’aucun d’eux y ait jamais remporté un entier succès. […] Mais il me paraît de toute évidence que le second Tartuffe, l’homme du monde, l’homme d’esprit, l’aventurier de haut vol, ne croit ni à Dieu ni à diable. […] « Tartuffe, disais-je, n’a aucune finesse… Pour être un goujat et un drôle, il n’en est pas moins un simple d’esprit… C’est par les artifices les plus grossiers, les plus voyants, les plus faciles à percer, qu’il a séduit Orgon. » — Mais, au contraire, Tartuffe paraît fort intelligent en ceci, qu’il a su approprier ses moyens de séduction à la sottise de l’homme dont il a fait sa dupe. […] Et cette noblesse, Dorine elle-même ne paraît pas la mettre en doute, lorsqu’elle dit à Marianne : Vous irez par le coche en sa petite ville… D’abord chez le beau monde on vous fera venir. […] Son second geste, le mouchoir tendu à Dorine, me paraît très conforme au caractère qu’il a ou qu’il se donne, et au rôle qu’il joue dans la maison.

943. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mme du Châtelet, qui ne voulait point paraître trop tendre, riait pour s’empêcher de pleurer. Voltaire fondait bonnement en larmes, « car il n’a pas de honte, lui, de paraître sensible ». […] Ce soir-là, Mme du Châtelet ne fit point de géométrie ; Voltaire ne ferma point l’œil de la nuit, et il parut presque aussi touché le lendemain matin qu’il l’avait été la veille. […] « Enfin le bon Voltaire, dit-elle, vint à midi ; il parut fâché jusqu’aux larmes de l’état où il me vit ; il me fit de vives excuses ; il me demanda beaucoup de pardons, et j’eus l’occasion de voir toute la sensibilité de son âme. » Depuis cet instant, Voltaire fit tout pour qu’elle oubliât la triste scène dont il était bien honteux. […] Collé, qui passe pour caustique, parle mieux de Mme de Graffigny mourante : « Sa mort m’a été très sensible, écrit-il dans son Journal ; elle était du petit nombre des personnes que je m’étais réservé de voir depuis que je ne vais plus dans le monde. » Il paraît que, dans le monde et dans les salons, Mme de Graffigny ne portait qu’un esprit assez ordinaire et même commun ; elle n’avait toute sa valeur et son mérite que dans l’intimité.

944. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Le duc de Reichstadt, qui allait avoir vingt ans, élevé avec beaucoup de soin par des hommes instruits qui avaient cultivé en lui ses nobles instincts et qui les avaient fortifiés par des études positives, n’avait encore paru que dans les réunions de la famille impériale et les fêtes de la Cour. […] Blanc eut beau se jeter à ses pieds, exprimer son désespoir, son besoin d’embrasser sa femme et ses enfants, le général parut impitoyable et donna ordre de le rembarquer et de le remmener à terre. […] Non, la France ne saurait renier celui qui justifia si bien les grandeurs déjà commencées de l’histoire, et qui montra de sa présence et de sa personne, dans ces diverses contrées du monde où il parut, que la renommée lointaine ne mentait pas. […] En effet, après le premier moment passé, il dédaigna toujours les justifications et les apologies : « Je ne puis paraître vouloir me justifier, disait-il ; je ne veux surtout pas laisser croire que j’en sens le besoin. » Le gouvernement de Juillet ne fut jamais bien pour Marmont ; d’anciens camarades maréchaux mirent peu d’empressement et de bonne volonté à le servir. […] La maladie dont il mourut, restée assez obscure, paraît avoir tenu aux organes de la circulation et du cœur.

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