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1388. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Mais remarquez : si à toutes leurs qualités ils avaient ajouté la faiblesse de lire les livres dont ils devaient parler, leurs décisions eussent été moins tranchantes et leurs considérations moins originales ; ils eussent été des critiques de moyen ordre ; mais leur influence sur moi eût été la même et même se serait prolongée plus longtemps ; j’aurais relu, après leurs conversations, avec un esprit nouveau. […] Il faut, à mon avis, mettre entre les mains des écoliers les historiens littéraires, ceux des historiens littéraires qui ne font pas de critique — puisque tous en font, ceux, jusqu’à nouvel ordre, qui en font le moins — et les leur faire lire avant les auteurs ; ou il faut faire aux écoliers un cours d’histoire littéraire, comme on leur fait un cours d’histoire et les prier de ne lire que les auteurs dont, dans ce cours d’histoire littéraire, il leur aura déjà été parlé.

1389. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

La sœur Emmerich, dans l’ordre de la mysticité, vaut tête d’homme, mais de femme, il n’y en a plus ! […] il ne faut pas qu’on l’oublie, et j’avoue que j’ai un fort plaisir à le répéter aux écrivailleuses endiablées de cette époque superbement plate, puisqu’elle accepte leurs extravagantes prétentions, c’est qu’il faut que Dieu s’en mêle, par voie extraordinaire et par grâce surnaturelle, pour qu’une femme, en génie, vaille un homme… Dans l’ordre humain, cela ne s’est jamais vu.

1390. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Comme tous les livres de cet ordre, qui tentent tous les esprits, même les plus débiles, parce qu’ils n’exigent pas de composition résolue, accusée, sévère, il doit périr et périra, et ce qu’il a de style ne le sauvera pas. […] Il l’est à la façon d’un homme qui a eu, dans l’ordre du temps, l’héroïque initiative d’écrire l’histoire qu’il a écrite, — le premier de tous et à la première heure, les pieds et la main encore dans les flammes de cette histoire qui, désormais, dans le souvenir des hommes, ne s’éteindra plus !

1391. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

J’ai recueilli dans cet ordre d’idées une opinion, que je considère comme infiniment précieuse et qu’il eût été cruel d’abandonner à l’oubli : c’est celle d’un directeur d’institution qui, dans un discours de distribution de prix, parlant de l’enseignement des langues vivantes, prétendait avec un bel accent de conviction patriotique, que leur étude était d’un mince intérêt pour la France, attendu qu’elle avait tout à perdre et rien à gagner en étudiant les œuvres étrangères !! […] C’est là une hallucination d’ordre spécial, qui engendre les plus sublimes héroïsmes comme les plus monstrueuses stupidités ; c’est le mépris de la réalité au profit de l’idéal, poussé jusqu’à ses limites extrêmes.

1392. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elles les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient.

1393. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Pendant les années d’agitation et d’angoisses qui suivirent la Révolution de février, et où la fièvre démocratique, chauffée au feu des imaginations méridionales, propageait, dans nos campagnes, sous leurs formes les plus brutales, toutes les théories communistes, Roumanille, fils d’un jardinier et modeste employé dans une imprimerie d’Avignon, renonçant aux douces familiarités de sa muse bien-aimée, se mit à écrire, en provençal, de petits livres populaires qui firent plus, dans nos départements, pour la cause de l’ordre et du bon sens, que toutes les publications.

1394. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.

1395. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Les Journaux seuls peuvent offrir des ressources sûres pour retablir l’ordre & repousser les usurpations ; presque tous sont aujourd’hui dévoués aux corrupteurs du goût & de la morale : il n’y a guere que l’Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l’on ose les combattre & les ridiculiser, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aussi patriotiques que littéraires, sont-ils souvent exposes aux persécutions de l’amour-propre des Auteurs blessés de leurs censures, &c…..

1396. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Le grand homme en tout ordre est celui qui, en vertu de lui-même et par suite de son accord avec l’âme des générations contemporaines ou postérieures, sans limites de temps, parvient à gagner à sa personne ou aux manifestations sensibles qui l’expriment, un nombre, proportionnel à sa gloire, de partisans, de croyants, d’admirateurs, qui, reconnaissant en lui leur type exemplaire, amplifient pour ainsi dire et répandent son être en consentant à faire ses volontés, à éprouver ses émotions, à concevoir ses pensées, à ressentir ses croyances.

1397. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

L’ordre gothique, au milieu de ces proportions barbares, a toutefois une beauté qui lui est particulière140.

1398. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Cet abrégé se fait lire avec plaisir, quoiqu’il y ait peu d’ordre, & que l’auteur n’ait presque eu en vue que de compiler ce qui regardoit les Solitaires de Port-Royal & leurs amis.

1399. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Troisième journée. Tout s’explique » pp. 234-240

Lui que j’avais comblé de biens, pour qui j’ai inventé l’ordre du grand chroniqueur !

1400. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.

1401. (1925) Dissociations

On dit que l’idiotie et certaines formes de démence font de l’homme des brutes, mais ce qui caractérise la bute animale et normale, c’est précisément l’ordre et l’activité dans l’ordre. […] Le miracle, c’est l’ordre. […] Le sentiment des promeneurs qui s’asseyaient sous les arbres à une date de l’année où généralement on ferme avec soin ses fenêtres, est de cet ordre. […] Mais, quoi qu’il arrive, il ne faut pas croire que la prolongation du service militaire puisse n’avoir de conséquence que dans l’ordre militaire. […] En intermède, un monsieur décoré de plusieurs ordres magnétise la jeune Égyptienne qui, soudain atteinte de lévitation, s’élève et plane devant les spectateurs ébaubis.

1402. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Ponsard me permettre aussi d’ajouter que sur Goethe et les Allemands, tout en ayant raison peut-être dans le cas particulier, il n’a pas été juste pour l’ensemble : Goethe est un si vaste esprit et un critique d’un ordre si élevé, qu’il est mieux de ne pas prononcer son nom dans une grande assemblée littéraire que de ne l'amener uniquement que pour y rattacher une raillerie et un sourire.

1403. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Avertissement de la première édition Je continue de mettre ordre de mon mieux à ce que j’appelle mes affaires littéraires.

1404. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). » pp. 506-509

La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont le pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville, et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices, que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses.

1405. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Par toutes ces considérations, messieurs, la commission conclut à proposer l’ordre du jour.

1406. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Avant de parler de cette révolution, l’ordre chronologique nous oblige à passer en revue plusieurs événements qui affligèrent le parti honorable.

1407. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Le talent particulier qu’il a eu de mettre à la portée de tout le monde les matieres les plus abstraites, de revêtir de la clarté & des agrémens du style les sujets les plus ingrats ; de répandre dans ses Ouvrages les connoissances les plus étendues sans affectation, avec ordre & dans la plus grande précision ; de dominer, par l’aisance de son esprit, tout ce qui se présentoit sous sa plume, dans les genres les plus opposés & les plus difficiles ; lui assure la gloire d’une intelligence prompte, fine, profonde, & celle du mérite rare d’avoir su communiquer aux autres, sans effort, ce qui paroissoit, avant lui, au dessus de la pénétration du commun des Lecteurs.

1408. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Cette heureuse clarté, son plus solide appui, Et que l’Etranger même admiroit malgré lui ; Cet ordre lumineux, le nombre, & la cadence, Semblent abandonner nos Vers, notre Eloquence.

1409. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

— Il est difficile de démêler, même pour nous, la part de chacun dans cet ouvrage, signé dans l’ordre alphabétique, cependant M. 

1410. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

La comédie ne fut d’abord qu’un tissu d’injures adressées aux passants par des vendangeurs barbouillés de lie ; mais Cratès, à l’exemple d’Epicharmus et de Phormis, poètes siciliens, l’éleva sur un théâtre plus décent et dans un ordre plus régulier.

1411. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité.

1412. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

Ainsi encore, nous avons noté sur l’intuition tout un passage qui doit renverser de fond en comble, pour les esprits naturellement déducteurs, ce que la philosophie nous donne pour vrai depuis Bacon, et replacer à son vrai rang dans l’ordre des grands faits de la pensée le mysticisme si insolemment dégradé.

1413. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Mais il a rendu susceptibles de nous enthousiasmer des notions qui, chez les penseurs de même ordre, étaient glacées ou insupportablement délayées.‌

1414. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Cette tradition ôte tout crédit à la précédente, d’après laquelle les poèmes d’Homère auraient été corrigés, divisés et mis en ordre du temps des Pisistratides.

1415. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Ils disent encore qu’Eschyle fut le premier poète tragique, et Pausanias raconte qu’il reçut de Bacchus l’ordre d’écrire des tragédies ; d’un autre côté, Horace qui dans son art poétique commence à traiter de la tragédie en parlant de la satire89, en attribue l’invention à Thespis, qui au temps des vendanges fit jouer la première satire sur des tombereaux.

1416. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Les trois formes de gouvernement se succédèrent chez eux conformément à l’ordre naturel ; l’aristocratie dura jusqu’aux lois Publilia et Petilia, la liberté populaire jusqu’à Auguste, la monarchie tant qu’il fut humainement possible de résister aux causes intérieures et extérieures qui détruisent un tel état politique.

1417. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

44 Ses prévôts y seraient pour régler la cérémonie et pour ranger l’assistance. » Car il faut que tout, même les choses mortuaires, soient en bel ordre, et dans une telle cour, une douleur non compassée messiérait. « Jugez si chacun s’y trouva. » Le prince sanglota et les courtisans se mouchèrent, chacun avec son geste propre, « en son patois », chacun tâchant de prendre la note du monarque. Proclamations, ordre et marche du cortège, maintien de circonstance, La Fontaine a marqué chaque détail en fidèle historiographe, et il n’y a que Saint-Simon, témoin oculaire, qui puisse le bien commenter. […] 63 Au reste, il y a des seigneurs de différents ordres et de différents caractères. […] Saint-Simon prend à peu près le même ton quand il conte « avec quel enchantement Dangeau se pavanait en portant le deuil des parents de sa femme, et en débitait des grandeurs », ou comment, étant devenu grand maître d’un ordre ridicule, il en faisait les cérémonies avec une majesté postiche, parmi les moqueries de toute la cour. — D’autres, avec des prétentions moindres, n’ont pas de moindres ridicules. […] La civilisation, en instituant l’égalité, le bien-être et l’ordre, a diminué l’audace et la noblesse de l’âme.

1418. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Des considérations d’un autre ordre ont influé sur l’auteur. […] Voilà donc trois grands ordres de choses successifs dans la civilisation, depuis son origine jusqu’à nos jours. […] Le génie, qui devine plutôt qu’il n’apprend, extrait, pour chaque ouvrage, les premières de l’ordre général des choses, les secondes de l’ensemble isolé du sujet qu’il traite ; non pas à la façon du chimiste qui allume son fourneau, souffle son feu, chauffe son creuset, analyse et détruit ; mais à la manière de l’abeille, qui vole sur ses ailes d’or, se pose sur chaque fleur, et en tire son miel, sans que le calice perde rien de son éclat, la corolle rien de son parfum. […] Enfin, il se décide brusquement ; par son ordre, Westminster est pavoisé, l’estrade est dressée, la couronne est commandée à l’orfèvre, le jour de la cérémonie est fixé. […] Du reste, les comités de lecture ne sont qu’un obstacle de second ordre.

1419. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Puis, créature d’un ordre plus rare, en toi fusionneront la délicatesse et la brutalité de la nature : tu écriras des sonnets mystiques, et tu feras sauvagement l’amour…” » Le poème étant posé avec cette puissance se développe merveilleusement. […] Cette conclusion de l’œuvre est une trouvaille poétique de premier ordre, que traverse un sentiment sublime comme une lumière éblouissante de l’Infini. […] Je ne crois pas, pour trois raisons, que cette formule puisse suffire à la poésie française de l’avenir, et ce sont ces trois raisons que je voudrais exposer ici : elles sont d’ordre psychologique, social et métaphysique. […] Sully Prudhomme a eu des sentiments métaphysiques de cet ordre, et cela va confirmer notre thèse. […] * *   * Il est utile cependant, avant de nous engager dans l’étude de ces questions particulières, de faire une brève remarque d’ordre générai.

1420. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Les lois du monde ne changent pas : elles suivent un ordre invariable et constant. […] Un ordre nouveau commence où tout un peuple ressentira la souffrance d’un de ses membres, et tout l’univers la souffrance d’un peuple. […] Derrière eux se pressait une phalange où brillaient bien des noms de premier ordre : c’était le siècle d’Auguste du roman. […] un ordre si exact, sous un air d’abandon et de négligence ! […] Dans l’ordre des lettres, les femmes n’ont pas le rire gaulois.

1421. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il incline pour l’ordre politique avant tout, pour la raison d’État, et, tout en se conservant sceptique, il se prépare à être très-romain. […] On n’avait à compter dans chaque ordre qu’avec les initiés et les profès. […] Naudé avait toujours admiré et vénéré Campanella (ardentis penitus et portentosi vir ingenii, comme il l’appelle sans cesse), Campanella novateur et investigateur en toutes choses, en philosophie, en ordre social, conspirateur et chef de parti un moment239, et qui du fond d’un cachot obscur retraçait et rêvait sa Cité du Soleil. […] Étant autrefois à Rome, il avait été consulté et avait donné son avis sur des manuscrits de l’Imitation de Jésus-Christ que les bénédictins revendiquaient pour un moine de leur Ordre, Gersen  ; il n’était pas de leur avis, et avait jugé les manuscrits quelque peu falsifiés. […] Courier, avec son fameux pâté sur le manuscrit de Longus, sut ce que c’est que d’avoir affaire à des pédants antiquaires et chambellans ; Naudé, si prudent, si modéré, apprit bientôt à ses dépens ce que c’est que d’avoir affaire à des pédants, de plus théologiens, surtout à un Ordre tout entier et à des moines.

1422. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Son œuvre a l’ordre et la symétrie d’un traité en forme. […] L’Europe compte à elle seule cinq ou six langues qui depuis plusieurs siècles ont produit des œuvres considérables de tout ordre ; et nos yeux peuvent s’étendre de l’Europe à toutes les autres contrées, dont quelques-unes, sans rivaliser avec elle, valent bien du moins qu’elle les connaisse, ne serait-ce que pour y retrouver ses propres origines. […] Il divise tous les poètes en deux ordres : les poètes héroïques et les poètes comiques. […] Elle fait sourire la philosophie qui l’a cent fois résolue ; elle indigne la religion, qui croit, avec raison, qu’un doute de cet ordre l’ébranle et la ruine ; elle étonne le sens commun, qui ne se la fait pas, mais qui, lorsqu’on la lui pose, y répond, comme la religion et la philosophie, par une affirmation imperturbable : Oui, l’âme est distincte du corps. […] IV On le voit : si, dans l’ordre actuel des choses, l’âme est unie au corps, si elle n’en peut être matériellement séparée, elle peut du moins, selon Platon, se distinguer si parfaitement de lui qu’elle se fait une existence dans laquelle le corps n’est plus réellement pour rien.

1423. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

En grandissant eux-mêmes, en s’élevant toujours davantage vers un idéal que, par pitié, le sort toujours diffère, ils vous enseigneront comment on s’affranchit des accidentelles douleurs en en faisant la joie du souvenir ou l’ombre du lumineux bonheur… Eh bien, prendre la vie et en exprimer le sens en beauté par les correspondances que les divers ordres de la nature entretiennent entre eux pour maintenir l’universelle unité, voilà la poésie symbolique. […] Sous de spécieux prétextes d’hygiène, d’ordre et de confort, surtout de célérité, nos villes au cordeau sont devenues de monotones habitacles. […] Toutefois, comme il est difficile que des hommes sortent paisiblement, en bon ordre, chacun à son tour d’une maison qui va s’écrouler, ils se sont enfuis des églises ruineuses avec la triste unanimité d’un sauve-qui-peut. […] Ce n’est pas d’hier que cette funeste anomalie choque les vrais éducateurs et dans tous les ordres de l’esprit le besoin d’une réforme trouve des apôtres. […] Déesses au seul cœur, Nature et Mort jumelles, Car nul n’a plus que moi désiré le saint jour Où vous nous donnerez enfin l’ordre fidèle, Mort et Nature originelles, du Retour.

1424. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Dresde aura le cycle complet des œuvres de Wagner ; on commencera par Rienzi, vers le 20 août, dès la fin des Fêtes de Bayreuth ; on suivra l’ordre chronologique, et on terminera, vers la mi-septembre, par le Crépuscule des Dieux. […] Dans le même temps la reproduction de certains phénomènes naturels sous un ordre fixe détermine les âmes à concevoir cet ordre comme nécessaire, et forme ainsi à nouveau leur perception des choses. […] Au dessus des faits qu’on ne voyait plus, on vit l’ordre des faits. […] Le drame exige neuf voix de femme de premier ordre.

1425. (1887) George Sand

Elle se mit à lire énormément, mais avec une curiosité tumultueuse, sans direction et sans ordre. […] L’ordre et la succession psychologique de ses romans. […] La Providence a fait l’ordre admirable de la nature, les hommes l’ont détruit ; à qui la faute ?  […] Elle le quitte un instant pour donner des ordres. […] Au moins dans l’ordre de ses travaux personnels, elle ne voulait en ignorer aucun.

1426. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Dans la mémoire obscure de sa chair, dans sa durée inconsciente d’enfant et d’adolescent, tout cet ordre de sentiments s’était traduit par des bouleversements trop profonds pour que son âme n’en restât pas craintive et sa vie intérieure déséquilibrée. […] La beauté qui hait le mouvement, ses larges yeux aux clartés éternelles, appartiennent au même ordre que la froide majesté de la femme stérile. […] Les limites des deux arts sont moins tranchées théoriquement que Fromentin ne le dit, ou plutôt elles sont tranchées de façon singulière dans un ordre irréversible. […] Et peut-être nul orateur ne saurait-il mieux que ce tableau de Rubens conforter en l’accordant à l’ordre intérieur qu’est la religion de la Croix une âme écrasée par le poids d’un monde injuste et magnifique. […] Et telles pages de critique publiées par lui, comme son article sur Rousseau, sont réellement de premier ordre.

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