Ils sont légion : Retz et la Rochefoucauld, deux adversaires politiques, deux rivaux de gloire littéraire ; Scarron, Molière, Boileau, trois maîtres, à des degrés divers, du comique et de la satire ; Mme de Sévigné, la reine du style épistolaire ; Cyrano de Bergerac, malgré son nom de ; consonance gasconne ; Bachaumont et son ami Chapelle, le bon buveur, qui doit son surnom au village de la Chapelle, devenu aujourd’hui un faubourg de Paris agrandi ; Patru, Chapelain, Conrart, les petits grands hommes de l’Académie naissante ; d’Aubignac, un auteur de pièces sifflées qui se venge en se faisant le législateur du Parnasse ; le galant abbé Cotin, ce martyr de la critique littéraire, d’autres encore, sans compter les peintres Lesueur et Lebrun, attestent la fécondité alors décuplée de la grande ville. […] C’est une harmonie secrète qui a fait déposer sa dépouille dans l’île des Peupliers, à Ermenonville ; et plus tard ériger, à Genève, sa statue dans l’île qui porte son nom. […] On peut suivre l’effet de ces excitations sur une femme claquemurée dans la banalité d’une petite ville de province, dans l’uniformité d’une vie casanière : Mme Bovary rêve de voitures qui l’emportent, au galop de quatre chevaux, vers de vagues pays à noms sonores. « Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. » Le rêve que raille le romancier, il le fait pour son propre compte, et il le réalisera en partie, quand il parcourra l’Egypte ou l’Espagne.
Les docteurs qui savent le grec — et leur nombre est des plus restreints — ne peuvent, faute de documents, tirer qu’un parti très modique de leur science : Jean Scot traduit le livre des Noms, attribué au faux Denys l’Aréopagite. […] Comparez ensemble les grands artistes du nord et ceux du midi, par exemple, pour prendre peu de noms et les plus frappants, d’un côté Shakespeare et Goethe, de l’autre, Le Tasse et Racine, vous trouverez que, tandis que chez les seconds l’assimilation des qualités antiques est complète, elle n’est jamais que très partielle chez les autres. […] On peut affirmer ce fait avec d’autant plus de certitude, que le triomphe du mouvement auquel on a donné le nom de « romantisme » se trouve correspondre à peu près avec le grand élan national de l’Allemagne au commencement du siècle et avec la période historique où, à la suite de Waterloo, l’influence anglaise a été le plus solidement établie.
S’il faut absolument adapter un nom propre au portrait peut-être idéal de cette précieuse, pourquoi ne prendrait-on pas celui de mademoiselle de Scudéry ? […] On me dit que je repousse en vain dans les nuages le véritable nom de la précieuse que Boileau avait en vue ; qu’il s’agit de madame de Sévigné dans la satire de 1693. […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander.
Cette édition, publiée sous les auspices de la Société de l’histoire de France, n’est pas seulement meilleure que celle qu’on possédait jusqu’ici, elle est la seule tout à fait bonne, digne d’être réputée classique et pour le texte que l’éditeur a restitué d’après une comparaison attentive des manuscrits, et pour les noms propres dont un grand nombre avaient été défigurés et qu’il a fallu rétablir, et pour les notes exactes et sobres qui éclaircissent les endroits essentiels, enfin pour la biographie de Commynes lui-même, laquelle se trouve pour la première fois complétée et éclaircie dans ses points les plus importants. […] Le nom de Tacite se présente ici naturellement avec l’image de Tibère s’enfermant dans l’île de Caprée ; mais le récit de Tacite est d’un caractère à la fois plus atroce et plus grand. […] Au reste, ç’a été un bonheur pour lui et pour nous qu’il ait eu, sur la fin de sa vie, des années de disgrâce : nous y avons gagné un grand historien, et lui un nom immortel.
On ne peut tout lire, sans doute, de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière et donner, à l’auditeur qui sort de là, l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original : mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au-delà, il en garde un souvenir propre, et qu’il attache à chaque nom connu une idée précisé. […] C’est ainsi qu’un guide en Suisse, pour l’ascension du Righi ou de toute autre montagne, vous conduit au meilleur endroit, un peu avant l’aurore, s’y place à côté de vous : et l’on voit tout à coup le soleil se lever à l’horizon et sa vive lumière elle-même développer par degrés l’immense paysage, dont le guide alors vous indique les hauts sommets et vous dénombre tous les noms. […] On passerait en revue tous les grands noms d’écrivains dans leur succession et leur génération naturelle.
Il était né à Fontenay-en-Vexin, en 1639, et il ajouté un nom de plus à la liste déjà si brillante des poètes normands. […] Elles nous suffisent pour découvrir déjà en Chaulieu un sentiment de fierté qu’il eut toujours depuis, ce que Saint-Simon appelait de l’audace, mais qui méritait un meilleur nom, et qui partait de ce sentiment réfléchi par lequel un esprit indépendant se juge soi-même et les autres. […] On a beau dire et vouloir dissimuler les noms, c’était là plus ou moins, à l’origine, le rôle de Chaulieu : Accort, insinuant, et quelquefois flatteur, il nous l’avoue lui-même.
« Nous sommes comme les rivières, qui conservent leur nom, mais dont les eaux changent toujours. » C’est le grand Frédéric qui écrivait cela à d’Alembert, pour lui exprimer le changement qu’opère le temps dans les sentiments et dans les pensées de chaque individu. […] Cambacérès est représenté finement et gaiement, d’une façon tout à fait spirituelle et amusante : le seul nom d’Alcibiade, qui lui est appliqué, est de trop. […] » Si M. de Lamartine raconte cela, il a une de ces illusions et de ces exagérations de souvenir qui lui sont familières : car il est impossible que je lui aie dit une telle chose, n’ayant jamais l’habitude de mêler ainsi le nom de Napoléon à tout et de le prendre pour mesure de mon admiration : ce serait la première fois que j’aurais usé de ce langage.
Et parmi ceux-là, quel plus beau nom, quelle plus belle renommée à choisir d’abord que celle de Portalis, l’oracle du Conseil d’État de 1800 et l’une des lumières civiles du Consulat ! […] Âgé de près de soixante ans, presque entièrement aveugle, d’une physionomie sérieuse et fine qu’éclairait un demi-sourire, d’une parole facile, claire, élégante et même fleurie, d’une discussion tempérée et lumineuse, d’une vaste mémoire, consulté en sa maison ou apporté au Conseil sur sa chaise curule comme un vieillard homérique, il nous rend avec originalité ces personnages de l’antique Rome dont Cicéron a célébré les noms, les P. […] Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.
Quelques-unes d’entre elles, étaient pourtant signées de noms illustres, tels ceux de Burne-Jones, de Watts, de Leighton, de Alma Taderna. […] L’art moderne a d’autres origines, et qualifier de ce nom l’art préraphaélite ne peut être qu’une méprise d’un moment. […] Pour l’artiste moderne, digne de ce nom, l’œuvre picturale est un tout qu’anime et que vivifie la circulation de l’atmosphère.
René, Manfred, Werther, Jocelyn, Olympio, Lélia, Rolla, voilà ses noms ; j’en citerais bien d’autres. […] Le nom de M. […] Rien de plus aisé qu’un nom à faire ou à défaire ; le dictionnaire est riche, et le dictionnaire manquant, on peut inventer.
Gustave Kahn C’est un nom à retenir que celui de M.
Le plus connu & le plus estimé est son Journal littéraire, qui parut d’abord sous le titre de Bibliotheque universelle, puis sous celui de Bibliotheque choisie, enfin sous le nom de Bibliotheque ancienne et moderne, & qui forme en tout 82 volumes.
Une Latinité simple & pure lui a fait un nom parmi les Poëtes Latins modernes, & sur-tout parmi ceux de l’Université.
Il y a aujourd’hui un Libraire du même nom, qui s’est exercé dans la Poésie légere, mais qui ne paroît pas doué du talent nécessaire pour y réussir.
Ce ne sont que des noms obscurs, des titres d’Ouvrages dont on n’a jamais entendu parler, des dates, & d’autres choses semblables, qui ne supposent que des recherches inutiles pour les trois quarts.
Au-dessus des lois il y a la morale, et c’est on son nom que se commettent les pires iniquités. […] Qui redira encore leurs noms, à ceux qui sont tombés au pays de Diambour, dans les champs de Dialakar ? […] Je n’ai pas besoin de citer des noms que vous savez. […] Il a bien voulu, afin de me rendre service, manquer à la charité chrétienne et rayer sur la liste des prédicateurs les noms de ceux « qui ne comptent pas ». […] Pour ce qui est de celle de la première moitié de ce siècle, on a coutume de la résumer dans un grand nom.
Cependant les grands noms demeurent, intacts et royaux, au fronton des œuvres transmises. […] Or il est des saints innombrables qui n’ont point de nom, ni d’anniversaire, dont le visage passe rapidement. […] Il pourra mettre un nom sur l’odieuse figure qui remplit ses rêves et son réveil. […] Noms charmants de ses héroïnes, aussitôt vous chantez dans la mémoire. […] Au nom des prophètes les plus pacifiques combien d’êtres se sont égorgés !
C’est lui qui portera le plus fièrement, chez nos arrière-neveux, le nom des Dumas. […] Je suis, à mon âge et avec mon nom, frappé d’une espèce de réforme ! […] Écoutez ce récit : Laurent Saint-Rieu et Annette Le Guarneck (ces noms fictifs pourraient être remplacés par des noms véritables) se marient. […] Legras, une autre discrétion : il n’a pas prononcé le nom de Cronstadt. […] Le vieux Nestor agite les noms des héros dans un casque.
Il sait le nom des plantes ; voire, il abuse un peu de sa jolie science. […] Ces velléités, en cas de réussite, on les qualifie d’un nom qui plaît, l’inspiration. […] Elle a un autre nom : l’Intruse. […] Si elle l’était, on lui refuserait le nom de « véritable épopée ». […] Un jour, l’un de ces architectes — son nom nous manque, tant pis !
J’ai choisi ces noms entre des centaines. […] S’il triomphe un jour, en défendant des thèses contraires à toute son histoire, c’est l’aristocratie qui triomphera sous son nom. […] Aucun faste d’ailleurs dans cette habitation marquée à son nom comme un service d’argenterie. […] Dans El Verdugo, il va jusqu’à écrire les lettres initiales et finales du nom d’un général qui a réellement commandé dans la province où se passe l’action. […] Il avait lu et très bien lu Hegel et Kant dans le texte même, pour ne citer que ces deux noms.
On croit communément qu’il est l’Auteur des Mélanges d’Histoire & de Littérature, publiés sous le nom de Vigneul de Marville.
Jacques-François Blondel, Professeur Royal d’Architecture, renouvelle aujourd’hui la gloire de ce nom, ou, pour mieux dire, il ajoute infiniment à sa célébrité, par des Ouvrages qui, par leur nombre & leur mérite, surpassent ceux des autres Blondels, qui ne sont pas ses parens, comme il a eu la modestie de le declarer dans une Feuille périodique.
Quoiqu’il ait été de l’Académie Françoise, on ne se souvient plus ni de ses Poésies, ni de ses Traductions, ni de ses Histoires : son nom auroit vraisemblablement subi le même sort, sans ces deux vers de Boileau.
On lui attribue une Production infame, connue sous le nom d’Aloïsia Toletana ; mais s’il est assez vraisemblable qu’il ait pu ramasser les ordures qui font la base de cet horrible Ouvrage [le plus dangereux pour les mœurs qui ait paru en aucune langue], il n’est guere croyable qu’un homme qui écrivoit si mal en François, ait été capable d’orner de toutes les graces de la belle Latinité ces Dialogues orduriers.
Il donna cette Piece sous le nom de Tragi-Comédie, genre qu’on ne connoissoit pas encore en France, & titre qui ne convenoit point à ce Drame, où il n’y avoit rien de comique.
Qui ne seroit pas étonné de voir son nom supprimé au bas de cet Article, qui lui appartient en entier ; tandis qu’on y voit si exactement figurer celui de tant d’Ecrivains obscurs, qui sont allés s’ensevelir dans ce vaste Sépulcre !
On ne se souvient de son nom, que parce qu’il tient aux événemens de sa Secte, dans laquelle il eut beaucoup de crédit.
MADAME DE LONGUEVILLE Les noms de Mme de La Fayette et de M. de La Rochefoucauld, auxquels on s’est précédemment arrêté, semblent en appeler un autre, lié naturellement au leur par toutes sortes de relations attrayantes, de convenances et de réverbérations plus ou moins mystérieuses : Mme de Longueville, dans sa délicate puissance, est encore à peindre. […] Ce qui était plus éloquent que les phrases de M. d’Autun, c’étaient, à cet anniversaire de Mme de Longueville, Mlles de La Rochefoucauld qui pleuraient leur père ; c’était Mme de La Fayette, qu’au sortir de la cérémonie Mme de Sévigné visitait et trouvait en larmes ; car Mme de Longueville et M. de La Rochefoucauld étaient morts dans la même année : « Il y avoit bien à rêver sur ces deux noms ! […] Elle était proprement de ces esprits fins que Pascal oppose aux esprits géométriques, de ces « esprits fins qui ne sont que fins, qui, étant accoutumés à juger les choses d’une seule et prompte vue, se rebutent vite d’un détail de définition en apparence stérile, et ne peuvent avoir la patience de descendre jusqu’aux premiers principes des choses spéculatives et d’imagination, qu’ils n’ont jamais vues dans le monde et dans l’usage. » Mais, géométrie à part, l’usage même, le monde et son coup d’œil, sa finesse et ses élégances, le sang de princesse dans toutes les veines, une âme féminine dans tous ses replis, cette vocation, ce point d’honneur de plaire qui est déjà une victoire, de belles passions, de grands malheurs, une auréole de sainte en mourant, l’entrelacement suprême autour d’elle de tous ces noms accomplis, de Condé, de La Rochefoucauld et de Port-Royal, cela suffit à composer à Mme de Longueville une distinction durable, et lui assure dans la mémoire française une part bien flatteuse, que nul renom d’héroïne ne surpasse, que nulle gloire, même de femme supérieure, n’effacera. […] si du sein du monde sérieux où elle est entrée, elle pouvait sourire à l’effet, au charme de son nom seul sur ceux qui la jugent elle y sourirait. […] Elle trouva enfin à s’embarquer à bord d’un vaisseau anglais, et y fut reçue sous le nom d’un gentilhomme qui s’était battu en duel.
Il veut suppléer à cette clarté qui tombe du ciel, des étoiles, de la conscience du cœur, par je ne sais quel jour faux qu’il emprunte à un système qui n’est pas même le sien, le système de la terreur justifié par le sophisme ; la beauté de l’homicide, l’innocence de la férocité, la vertu du crime, la sainteté de la guillotine politique, la légitimité de l’assassinat juridique de sang-froid, tout ce qui fait horreur aux hommes, tout ce qui fait resplendir d’une lueur sanglante, d’une tache de feu, les noms malheureux des hommes qui ont tué en masse ou en détail leurs frères innocents, il le comprend, il le justifie, il l’exalte, il le transfigure, il le divinise. […] Hugo en parlant du terrorisme : un nuage formé par quinze siècles, d’où sort un coup de tonnerre ; le coup de tonnerre qui ne doit pas se tromper, est une définition explicative, selon moi, mais nullement justificative, encore moins laudative : car le coup de tonnerre du terrorisme s’est dix mille fois trompé ; il a fait de la lueur, mais il a fait des cadavres, des victimes innombrables, pures, innocentes, augustes ; il a laissé dans toutes les âmes quelque chose de sinistre, pareil à une horreur chez les uns, à un remords chez les autres ; des noms abhorrés chez les bourreaux, des noms consacrés chez les victimes. […] Si l’auteur eût mieux réfléchi, il n’aurait jamais écrit ces deux noms sur la même ligne. Aussi, tout en gémissant sur le frère innocent et supplicié du fameux filou, quand on lit sous la même larme les deux noms accolés, on ne peut s’empêcher de faire un geste de tête en arrière, et de crier : « Oh !
Depuis ces jours, j’ai aimé ces deux génies précurseurs qui m’apparurent, qui me consolèrent à mon entrée dans la vie, Staël et Châteaubriand ; ces deux noms remplissent bien du vide, éclairent bien de l’ombre ! […] Tant que je vivrai, je me souviendrai de certaines heures de l’été que je passais couché sur l’herbe dans une clairière des bois, à l’ombre d’un vieux tronc de pommiers sauvages, en lisant la Jérusalem délivrée, et de tant de soirées d’automne ou d’hiver passées à errer sur les collines déjà couvertes de brouillards et de givre, avec Ossian ou Werther pour compagnon ; tantôt soulevé par l’enthousiasme intérieur qui me dévorait, courant sur les bruyères comme porté par un esprit qui empêchait mes pieds de toucher le sol, tantôt assis sur une roche grisâtre, le front dans mes mains, écoutant, avec un sentiment qui n’a pas de nom, le souffle aigu et plaintif des bises d’hiver, ou le roulis des lourds nuages qui se brisaient sur les angles de la montagne ; ou la voix aérienne de l’alouette que le vent emportait toute chantante dans son tourbillon, comme ma pensée plus forte que moi emportait mon âme. […] Il semble que le retour des Bourbons et de la liberté en France donnât une inspiration nouvelle, une autre âme à la littérature opprimée ou endormie de ce temps ; et nous vîmes surgir alors une foule de ces noms célèbres dans la poésie ou dans la philosophie qui peuplent encore nos académies, et qui forment le chaînon brillant de la transition des deux époques. […] Je ne pense pas qu’aucun poète romain ait reçu plus de marques de sympathie, plus de signes d’intelligence et d’amitié de la jeunesse de son temps que je n’en ai reçu moi-même ; moi si incomplet, si inégal, si peu digne de ce nom de poète ; ce sont des espérances et non des réalités que l’on a saluées et caressées en moi. […] Une douleur que vos vers ont pu endormir un moment, un enthousiasme que vous avez allumé le premier dans un cœur jeune et pur, une prière confuse de l’âme à laquelle vous avez donné une parole et un accent, un soupir qui a répondu à un de vos soupirs, une larme d’émotion qui est tombée à votre voix de la paupière d’une jeune femme, un nom chéri, symbole de vos affections les plus intimes, et que vous avez consacré dans une langue moins fragile que la langue vulgaire, une mémoire de mère, de femme, d’amie, d’enfant, que vous avez embaumée pour les siècles dans une strophe de sentiment et de poésie !
Un nom que M. […] Hugo : Je nommai le cochon par son nom — pourquoi pas ? […] Victor Hugo, qui a toujours le coup de vent lyrique dans les cheveux, même quand il écrit en prose, nous dit, dans deux mots napoléoniens de préface, que « ce sont là les réalités et les fantômes vagues, riants ou funèbres que peut contenir une conscience, revenus, rayon à rayon, soupir à soupir et mêlés dans la même nuée sombre. » Cette conscience, qui se divise en deux tomes, porte deux noms différents : « Autrefois », — « Aujourd’hui ». […] Avec le nom de M. […] Je nommai le cochon par son nom, pourquoi pas ?
Ce crachat guérira les aveugles Victor Hugo, l’heureux joueur à la renommée qui faisait martingale depuis vingt ans, vient de perdre la dernière partie… Il s’appelait Victor, — et ce nom lui allait bien ! […] Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire ! […] … X Malgré son grand nom révolutionnaire, le nouveau roman de Victor Hugo, qui vient d’éclater comme le dernier coup d’un fusil qui crève, ne fait déjà plus de bruit. […] Quand Walter Scott, qui est le Shakespeare du Roman, et quand Balzac, pour lequel je cherche un nom qui puisse dire sa place, plus haute que celle de Walter Scott, nous donnent ces récits qui sont les vraies épopées de ce siècle, ils ne procèdent point par heurts et par tableaux détachés. […] S’ils avaient pensé à montrer dans leurs œuvres l’hydre de la Convention française, ils l’auraient ressuscitée dans une de ces journées terribles qui avaient leur monstrueuse beauté, et ils ne se seraient pas contentés de la nomenclature des noms de ses membres, avec des étiquettes tirées des mots qu’ils dirent et dont plus de moitié sont des platitudes et le reste des déclamations !
qui est le nom de la petite patrie tant aimée de l’auteur.
On donne ce nom, par métaphore, à des Recueils de Pieces qui n’avoient point été imprimées.
A peine son nom est-il aujourd’hui connu du commun des Littérateurs ; on a oublié du moins qu’il a été un des beaux esprits du siecle dernier ; cependant ses Ouvrages offrent plus de talent, une Littérature plus étendue que les Productions d’un grand nombre d’Ecrivains qui brillent dans celui-ci & sont destinés au même sort.
Il est très-vraisemblable que M. le Marquis de Dangeau, un des Seigneurs les plus accrédités à la Cour de Louis XIV, ait pu éclaircir beaucoup de faits, donner le nœud de certaines intrigues, & dévoiler les ressorts de la plupart des événemens de son temps ; mais une chose inconciliable, c’est de voir l’Auteur du Siecle de Louis XIV, tantôt le citer pour appuyer ce qu’il dit, tantôt rejeter son témoignage, en attribuant à un Valet de chambre imbécille les Mémoires qui portent son nom.
PRIVAT DE FONTANILLES, né à Tarascon, publia, en 1750, un Poëme Epique en dix Chants, sous le nom de Malthe ou l’Isle Adam, dont la Religion est l’action principale.
Avec les talens qu'il paroît avoir, il eût pu choisir un autre genre que celui auquel il s'est attaché ; mais enfin ses petits Romans, connus sous le nom de Nouvelles, ont un but honnête ; la morale y est mise en action avec intelligence, avec sensibilité, & c'en est assez pour le justifier d'y avoir consacré son temps.
André Gide, les Cahiers d’André Walter, parut en 1891, sans nom d’auteur, à la librairie de l’Art indépendant. […] André Gide, je n’avais plus oublié ce nom. […] A un « bon » confrère qui s’était approprié ces malices cousues de fil blanc, j’ai une fois répondu en énumérant des noms d’écrivains et d’artistes notoirement attachés aux opinions de droite, dont j’avais fait l’éloge. […] … Une première édition en a été tirée en 1922 à 70 exemplaires non mis dans le commerce et sans nom d’auteur (masque et domino, comme au bal de l’Opéra). […] On ajoutera que la même méthode pourrait faire conclure à la divinité littérale de Platon, auquel on ne donnait jusqu’ici ce nom de divin que par métaphore.