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1449. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Alors je connus pleinement l’idée d’une âme se mouvant dans un milieu lumineux, d’une extase faite de volupté et de connaissance, et planant au-dessus et bien loin du monde naturel. […] L’écrit philosophique « Art et Religion »bl dit le mal de l’existence individuelle, morcelant et opposant nos intérêts ; mais il exalte le retour à l’unité universelle, pleinement bonne, pleinement sainte, — et naturelle, — et bien heureuse. […] De là la réaction qui a commencé à se produire au siècle dernier : de là Rousseau : de là l’aspiration à la nature et le débordement de la sensibilité si longtemps contenue ; de là le grand essor de la musique, cette expression pure du sentiment, cette langue naturelle de l’homme ; de là enfin la révolution et la crise de la morale, ou plutôt d’une morale imaginaire et fausse. […] À la mélodie, il regagne la plus haute simplicité naturelle ; il lui rend la source où, en toute époque et toute tentative, elle se pourra renouveler et approcher au type de l’expression humaine le plus pur et le plus riche. […] Ce qui, dans le drame, nous apparut, immédiatement, au travers de l’action vivante, nous le saisissons ici, et comme le fond très-intime de cette action : et les émotions sont également précises que nous produisent, dans le drame, la force naturelle des caractères, ici, les motifs du musicien recréant l’être profond agissant en ces caractères.

1450. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Si, de plus, n’avaient pas été faites quelques observations fortuites, comme celle de la force attractive ou répulsive développée par le frottement de la résine, nous n’aurions eu aucun pressentiment de l’électricité, « de cette force qui, dit Nægeli, joue un si grand rôle dans la nature inorganique et organique, qui provoque les affinités chimiques, qui, dans tous les mouvements moléculaires des êtres organisés, a probablement une action plus décisive qu’aucune autre force, de laquelle enfin nous attendons les plus importants éclaircissements pour expliquer les faits physiologiques et chimiques encore à l’état d’énigmes. » Nos sens n’ont donc eu nullement pour « but » de nous procurer la connaissance des phénomènes naturels, ni de nous éclairer sur ce que Platon appelait leur « essence » intime. […] Il en résulte que nos sensations actuelles ne représentent pas distinctement tous les phénomènes de la nature : nous n’avons pas de réactifs spéciaux pour tous les agents naturels. […] On voit l’importance de la sélection naturelle dans le développement de la sensibilité. […] On peut bien admettre que le raisonnement est la forme naturelle de la synthèse logique, mais non de toute synthèse en général. […] N’est-il pas plus naturel de dire que je saisis la différence d’état produite par la stimulation nouvelle (comme une étincelle électrique) dans mon état précédent, dont j’avais une conscience spontanée et générale ?

1451. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Cet homme est sans morale, ou il est tourmenté par une espèce d’inquiétude naturelle qui le promène malgré lui. […] Quelquefois il erre soucieux, inquiet, promenant ses regards autour de lui, saisissant tout, renonçant à tout, prenant, quittant toutes sortes d’instrumens et de vêtemens jusqu’à ce qu’il ait rencontré celui qu’il cherche et que l’énergie naturelle et secrète ne lui désigne pas, car elle est aveugle. […] C’est qu’ici un sénateur fait adopter par autorité du sénat, un fils naturel qui succède au nom, aux armes, à la fortune, à tous les priviléges de la légitimité, et peut devenir doge. […] C’est que Le Quénoy répondit à un amateur éclairé qui le regardait travailler, et qui craignait qu’il ne gâtât son ouvrage pour le vouloir plus parfait : vous avez raison, vous qui ne voyez que la copie ; mais j’ai aussi raison, moi qui poursuis l’original qui est dans ma tête… ce qui est tout voisin de ce qu’on raconte de Phidias qui projettant un Jupiter, ne contemplait aucun objet naturel qui l’aurait placé au-dessous de son sujet ; il avait dans l’imagination quelque chose d’ultérieur à nature. […] La servante que nous avons trouvée sur les degrés de l’entrée est on ne saurait plus naturelle et plus vraie.

1452. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

C’est avec le même mépris de toute opposition et de toutes criailleries systématiques, opposition et criailleries devenues banales et communes2, c’est avec le même esprit d’ordre, le même amour du bon sens, que nous repoussons loin de cette petite brochure toute discussion, et sur les jurys en général, et sur le jury de peinture en particulier, et sur la réforme du jury devenue, dit-on, nécessaire, et sur le mode et la fréquence des expositions, etc… D’abord il faut un jury, ceci est clair — et quant au retour annuel des expositions, que nous devons à l’esprit éclairé et libéralement paternel d’un roi à qui le public et les artistes doivent la jouissance de six musées (la galerie des Dessins, le supplément de la galerie Française, le musée Espagnol, le musée Standish, le musée de Versailles, le musée de Marine), un esprit juste verra toujours qu’un grand artiste n’y peut que gagner, vu sa fécondité naturelle, et qu’un médiocre n’y peut trouver que le châtiment mérité. […] Delacroix. — Nous savons que nous serons compris d’un petit nombre, mais cela nous suffit. — Ce tableau est si harmonieux, malgré la splendeur des tons, qu’il en est gris — gris comme la nature — gris comme l’atmosphère de l’été, quand le soleil étend comme un crépuscule de poussière tremblante sur chaque objet. — Aussi ne l’aperçoit-on pas du premier coup ; — ses voisins l’assomment. — La composition est excellente ; — elle a quelque chose d’inattendu parce qu’elle est vraie et naturelle ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ P. […] La sainte Thérèse, telle que le peintre l’a représentée, s’affaissant, tombant, palpitant, à l’attente du dard dont l’amour divin va la percer, est une des plus heureuses trouvailles de la peinture moderne. — Les mains sont charmantes. — L’attitude, naturelle pourtant, est aussi poétique que possible. —  Ce tableau respire une volupté excessive, et montre dans l’auteur un homme capable de très-bien comprendre un sujet — car sainte Thérèse était brûlante d’un si grand amour de Dieu, que la violence de ce feu lui faisait jeter des cris… Et cette douleur n’était pas corporelle, mais spirituelle, quoique le corps ne laissât pas d’y avoir beaucoup de part. […] — Outre que le modèle est très-beau et très-bien choisi, et très-bien ajusté, il y a, dans la couleur même et l’alliance de ces tons verts, roses et rouges, un peu douloureux à l’œil, une certaine mysticité qui s’accorde avec le reste. — Il y a harmonie naturelle entre cette couleur et ce dessin. […] Brascassat, qui, homme d’esprit et de talent comme il l’est, ne doit pas ignorer que dans la galerie des Flamands il y a beaucoup de tableaux du même genre, tout aussi faits que les siens, et plus largement peints, — et d’une meilleure couleur. — L’on parle trop aussi de Saint-Jean qui est de l’école de Lyon, le bagne de la peinture, — l’endroit du monde connu où l’on travaille le mieux les infiniment petits. — Nous préférons les fleurs et les fruits de Rubens, et les trouvons plus naturels. —  Du reste, le tableau de M. 

1453. (1924) Critiques et romanciers

Elle essaye de parfaire une « histoire naturelle » ou une botanique des esprits. […] Ce qu’il demande, c’est au bout du compte le naturel. […] Sans aucun doute, un style naturel vaut mieux. […] Ne feignons pas de croire que le style naturel soit exactement spontané, surtout à notre époque. […] Les Histoires naturelles sont, à cet égard, son chef-d’œuvre.

1454. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

» La même sagacité qui le dirigeait dans les recherches historiques primitives, il la portait dans ces investigations d’histoire naturelle ; nous pourrions, si l’on nous pressait, fournir des preuves. […] Adonné à la famille comme un Racine qui se serait retiré un peu trop tôt, converti, vers 1810, aux idées religieuses et à la pratique chrétienne, père, époux, ami, il se livrait de bonne foi aux sentiments humains régularisés, aux habitudes naturelles et pures ; il y plongeait comme en pleine terre. […] Dans la tragédie en particulier, quel art insensible pour concilier le simple et le noble, l’expression libre, naturelle, par moments familière, et l’expression idéale ! […] non pas ; mais il croyait surtout à la religion naturelle en littérature. […] Ces preuves, je l’avoue (et je parle ici d’après ma plus vraie pensée, indépendamment de ma fonction d’avocat naturel), me paraissent fort satisfaisantes et de celles dont les critiques sagaces n’hésitent pas à se prévaloir d’ordinaire en cet ordre de conjectures.

1455. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il portait, au sein des États-généraux, des ressentiments naturels contre la caste qui l’avait proscrit, et un attachement intéressé pour celle qui l’avait adopté. […] Jusqu’ici tous ceux qui les aiment avaient tourné leurs regards vers la Grèce comme vers leur patrie naturelle. […] Au reste, le progrès des sciences naturelles, plus que le christianisme, a dû nécessairement agrandir pour les modernes le spectacle des phénomènes de la nature. […] On sait que cet auteur est noble, grave, imposant ; mais qu’à l’exception de quelques morceaux, il est trop rarement simple, facile et naturel. […] On permet à l’éloquence un peu de travail, de lenteur et d’austérité ; mais tous les mouvements de la poésie doivent être vifs, naturels et gracieux.

1456. (1881) Le roman expérimental

Donc, si la physiologie se constitue aujourd’hui, il est naturel que le roman expérimental en soit seulement à ses premiers pas. […] Comme il le déclare : « Toute la philosophie naturelle se résume en cela : connaître la loi des phénomènes. […] Et, quand l’événement aura eu lieu, tout le monde le trouvera naturel. […] On a repris dernièrement, à la Comédie Française, Le Fils naturel, de M.  […] Moi, je reste froid devant Le Fils naturel.

1457. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Pourquoi, demande Mill, ces agents naturels ont-ils existé à l’origine plutôt que d’autres ? […] Le cercle qu’ils décrivent n’est pas naturel, mais artificiel. […] Car, lorsque je constate un événement, je l’isole artificiellement de son entourage naturel, et je le compose artificiellement d’éléments qui ne sont point un assemblage naturel. […] Nous nous efforçons de démêler des lois, c’est-à-dire des groupes naturels qui soient effectivement distincts de leur entourage et qui soient composés d’éléments effectivement unis. […] Il en est ainsi dans toutes les sciences, en géologie, en histoire naturelle, en physique, en chimie, en psychologie, en histoire, et l’accident primitif étend ses effets dans toutes les parties de la sphère où il est compris.

1458. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il préférait à tout les miracles naturels et les études sur l’organisme des animaux. […] Il avait de l’expérience et un bon sens naturel. […] Le récit simple et naturel coule comme l’haleine attiédie d’un vieillard sur la lèvre. […] Le bon naturel de ces enfants se développait de jour en jour. […] Mais combien ce site étranger a de charmes par sa beauté naturelle !

1459. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Pourquoi, demande Mill, ces agents naturels ont-ils existé à l’origine plutôt que d’autres ? […] Le cercle qu’ils décrivent n’est pas naturel, mais artificiel. […] Car, lorsque je constate un événement, je l’isole artificiellement de son entourage naturel, et je le compose artificiellement d’éléments qui ne font point un assemblage naturel. […] Nous nous efforçons de démêler des lois, c’est-à-dire des groupes naturels, qui soient effectivement distincts de leur entourage et qui soient composés d’éléments effectivement unis. […] Il en est ainsi dans toutes les sciences, en géologie, en histoire naturelle, en physique, en chimie, en psychologie, en histoire, et l’accident primitif étend ses effets dans toutes les parties de la sphère où il est compris.

1460. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Karr contiennent d’ordinaire une fable touchante et naturelle qui, réduite à sa plus simple expression, ne suffirait pas pour remplir les deux volumes. […] » — L’école romantique contenait dans son sein quelques adeptes, partisans de la vérité absolue, qui rejetaient le vers comme peu ou point naturel. […] Adieu lu bottine grise, la robe de toile et le chapeau de paille parfumé d’une fleur naturelle. […] Il trouvait naturel d’être beau, élégant, riche, plein de génie, et de soulever autour de lui l’admiration et l’amour. […] Cette joie un peu grossière, mais franche et naturelle, semble de mauvais ton.

1461. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Je voudrais, dans le jeu et dans la diction des comédiens, plus d’éclat, plus d’emportement, plus de panache, et, si j’ose dire, moins de naturel ; ou, si vous voulez, un naturel moins raisonnable et moins bourgeois. […] Pourquoi la curiosité si naturelle de Psyché est-elle un crime ? […] Mais enfin elle doit bien se douter de l’effet qu’elle produit sur lui, et il est naturel qu’elle en profite pour sauver son enfant. […] Ils appellent ça « christianisme supérieur » et « aspiration transcendante ». — « Voilà, aurait pu dire quelque contemporaine de l’abbesse de Jouarre, bien des affaires pour une coucherie. » Revenir à la loi naturelle avec ce fracas, voilà qui n’est guère naturel ! […] s’il pouvait mourir de mort naturelle ! 

1462. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il ne saurait y avoir d’art dans ce qui est produit au hasard ou par hasard — et rien de ce qui est naturel n’est artistique. […] Il tient à la pente naturelle de son intelligence qui est moraliste, construite pour étudier les mœurs et observer l’homme. […] Cet écart dérangeait les habitudes du public qui trouve toujours naturel l’héritage de la spécialité paternelle. […] La forme scénique est son naturel moyen d’expression, et rarement vit-on peut-être ailleurs le don du théâtre aussi nettement caractérisé que chez lui. […] Au fait c’est fort naturel : M. 

1463. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

On ne souffre en prose, au nom du goût et du naturel, mots consacrés, rien de ce que les ouvriers en vers mettent en œuvre. […] Lamartine a bien raison de dire que le style naturel est le génie des ignorants ! […] « Il faut se renfermer le plus possible dans le simple naturel ; ne pas faire grand ce qui est petit, ni petit ce qui est grand. […] « Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur et on trouve un homme. […] « — Et cette persuasion doit-elle empêcher qu’on y représente l’événement de la manière la plus naturelle ? 

1464. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

comme c’est plus rapide, plus beau, plus naturel ! […] Il est enfant naturel et adore sa mère. […] La scène est tout bonnement adorable de finesse, de vérité, de naturel ironique. […] Dupuis est plus naturel que la nature même. […] Au professeur d’histoire : — Je pioche mes sciences naturelles.

1465. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Toute personnification intense des forces de la nature, par la pente naturelle de la rêverie, devient donc anthropomorphique. […] L’homme dans son milieu naturel n’est pas vulgaire. […] Qu’un objet soit naturel ou artificiel, peu importe, il sera poétique dans la mesure où il pourra nous inciter à la rêverie. […] Elle est aussi la plus naturelle. […] Telle est bien l’impression que donne cette allure souple et naturelle de la pensée qui se laisse aller à l’inspiration.

1466. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

En termes de chimie, regne se dit par métaphore de chacune des trois classes sous lesquelles les chimistes rangent les êtres naturels. […] Souvent les anciens ont expliqué par une histoire fabuleuse les éfets naturels dont ils ignoroient les causes ; et dans la suite on a doné des sens allégoriques à ces histoires. […] Il y a en éfet je ne sai quoi d’oposé à l’ordre naturel, de nomer une chose par son contraire, d’apeler lumineux un objet parce qu’il est obscur ; l’antiphrase ne satisfait pas l’esprit. […] Toutes les fois qu’il y a de la diférence dans le raport naturel qui done lieu à la signification empruntée, on peut dire que l’expression qui est fondée sur ce raport apartient à un trope particulier. […] Ainsi en général le sens abstrait est celui par lequel on s’ocupe d’une idée sans faire atention aux autres idées qui ont un raport naturel et nécessaire avec cette idée.

1467. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Que ce soit sous l’Empire dans le silence du journalisme politique, ou sous la Restauration comme frère cadet du journalisme politique, le journalisme littéraire est le langage naturel de la critique littéraire. […] Le passage de l’un à l’autre assouplit le goût, l’habitue à réaliser de plus grandes différences, l’oblige à des voyages, à des confrontations, à un polyglottisme naturel. […] Et c’est très naturel. […] Dans le monde des romans il est naturel qu’il y ait pour M.  […] Elle va par là dans la voie la plus facile, la plus naturelle.

1468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Ainsi viennent de jeunes pâtres dont la voix est naturelle.

1469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Que de naturel et de grâce dans Emma et Eginard !

1470. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

C’est par l’extrême facilité, l’élégance native, la recherche du naturel, que se recommande le vers de M. 

1471. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

L’élégance du style, la noblesse, l’agrément & la variété des images, la finesse & la solidité des réflexions toujours amenées par les faits, une marche naturelle & rapide dans la narration, une liaison & une netteté dans les événemens, un coloris proportionné au sujet, feront toujours de l’Histoire de l’ancien Peuple de Dieu un Ouvrage intéressant, instructif, propre à plaire, autant qu’à féconder l’imagination.

1472. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Il y regne de la gaieté, du comique de situation, du naturel & de la vivacité dans le dialogue ; l’intrigue en est bien conduite, & le style éloigné de toute affectation.

1473. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Sans être sublime comme l’Auteur de Cinna, sans être naturel & tendre comme celui de Phédre, il s’est fait un genre particulier qu’il ne doit qu’à lui-même, & il excelle dans ce genre.

1474. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Si on leur pardonne quelques négligences qui donnent quelquefois de l’agrément au style, & certaines longueurs qui refroidissent, par intervalles, le Lecteur, on conviendra que c’est ce que nous avons de mieux pour le naturel, les graces, & la simplicité.

1475. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Il étoit naturel que l’Oracle, si vivement attaqué dans son sanctuaire, se déchaînât contre le Profanateur de ses mysteres.

1476. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Pour y parvenir avec succès, il commence par établir & prouver que cette maladie est accidentelle, contagieuse, & non naturelle à l’homme ; qu’elle n’a point existé de tout temps, puisque les Médecins de l’antiquité n’en ont point parlé, & que ce n’est que vers le milieu du sixieme Siecle qu’elle a été apportée dans nos contrées, comme la peste & la lepre l’ont été plusieurs fois, sur-tout durant les croisades.

1477. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 419-421

Peut-être a-t-on eu raison de lui reprocher trop de penchant à la critique, trop d'affectation à combattre certaines traditions accréditées par la multitude & le poids des témoignages, trop de facilité à tourner les textes à l'appui de ses idées, trop de complaisance dans les tableaux qu'il trace des abus qui lui déplaisent, trop d'amertume dans les censures ; mais en convenant de quelques-uns de ces défauts, il n'en est pas moins vrai, que si une plus longue carriere lui eût permis d'exécuter l'Ouvrage en entier, il auroit eu la gloire de nous avoir laissé une Histoire aussi estimable par la recherche des faits, leur ordonnance & leur variété, que par le mérite du style, qui est simple, aisé, naturel, & piquant, sans jamais s'éloigner de l'élégance & de la pureté, qui sont le partage d'un excellent Ecrivain.

1478. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

Cette affectation ôte au Lecteur le seul plaisir qui puisse le captiver, celui du naturel & de la variété.

1479. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

Laferrière, un jeu naturel ; — et le public, cette attention soutenue, si préjudiciable aux bonnes digestions.

1480. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Argument » pp. 1-4

Principes du droit naturel.

1481. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Là-dessus, comme il est naturel, on se hâte de prendre les vingt volumes de Carlyle, critique, histoire, pamphlets, fantaisies, philosophie ; on les lit avec des émotions fort étranges, et en démentant chaque matin son jugement de la veille. […] Quelques-uns sont ichthyophages et usent des harengs salés, s’abstenant de toute autre nourriture animale, hormis des animaux morts de mort naturelle, ce qui indique peut-être un sentiment brahminique étrangement perverti. […] Mais la tâche n’est point finie là ; cette hiérarchie n’est point un arrangement artificiel et extérieur, mais une nécessité naturelle et intérieure. […] Le positivisme, appuyé sur toute l’expérience moderne, et allégé, depuis la mort de son fondateur, de ses fantaisies sociales et religieuses, a repris une nouvelle vie en se réduisant à marquer la liaison des groupes naturels et l’enchaînement des sciences établies. […] Il faut que le critique à son âme naturelle et nationale ajoute cinq ou six âmes artificielles et acquises, et que sa sympathie flexible l’introduise en des sentiments éteints ou étrangers.

1482. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il l’a fait sans y viser, dans des lettres pleines de naturel, de crudité, de passion, de grossièreté quelquefois, de bon sens bien souvent, d’humeur et de sel de toute sorte. […] Petits esprits, je n’aime pas qu’on dise cela des autres, surtout quand ces autres composent toute une classe et un groupe naturel : c’est une manière trop abrégée et trop commode d’indiquer qu’on est soi-même d’un groupe différent. […] Montaigne, en ses Essais, au chapitre xxxive , qui a pour titre : « D’un défaut de nos polices », avait dit : Feu mon père, homme, pour n’être aidé que de l’expérience et du naturel, d’un jugement bien net, m’a dit autrefois qu’il avait désiré mettre en train qu’il veut ès villes certain lieu désigné auquel ceux qui auraient besoin de quelque chose se pussent rendre et faire enregistrer leur affaire à un officier établi pour cet effet : comme « Je cherche à vendre des perles ; Je cherche des perles à vendre ; Tel veut compagnie pour aller à Paris ; Tel s’enquiert d’un serviteur de telle qualité ; Tel, d’un maître ; Tel demande un ouvrier ; Qui ceci, qui cela, chacun selon son besoin ».

1483. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Après 1800, engagé déjà dans les hautes fonctions de l’État, il se prêtait plus fréquemment qu’il n’était naturel à la polémique avec Geoffroy, avec Mme de Genlis, avec Legouvé et d’autres encore. […] En 1804, à la veille de l’Empire, causant avec lui aux Tuileries, pensant tout haut, exprimant son impatience des injustices de l’opinion parisienne à ce moment, son ennui des résistances qu’il éprouvait dans ses vues de la part même de quelques-uns de ses proches, le premier consul disait ces paroles qui renferment une trop haute et trop soudaine définition personnelle pour ne pas être recueillies : Au reste, moi je n’ai point d’ambition… (Et se reprenant :) ou, si j’en ai, elle m’est si naturelle, elle m’est tellement innée, elle est si bien attachée à mon existence, qu’elle est comme le sang qui coule dans mes veines, comme l’air que je respire. Elle ne me fait point aller plus vite ni autrement que les mobiles naturels qui sont en moi… Je n’ai jamais eu à combattre ni pour elle ni contre elle ; elle n’est jamais plus pressée que moi ; elle ne va qu’avec les circonstances et l’ensemble de mes idées

1484. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’abbé Le Grand ne fait pas cette remarque, d’ailleurs très naturelle et judicieuse. […] Enflé des éloges que lui méritent ses succès précoces, obéissant à son naturel ingrat, et souffrant sans doute aussi de l’indolente incapacité de son père, qui ne sait point profiter de son aide, le Dauphin se laisse entraîner par les grands et se révolte contre le roi. […] Duclos historien n’a qu’un procédé, il n’est qu’un abréviateur ; il l’est avec trait, je l’ai dit, quand il a affaire à l’abbé Le Grand ; il l’est avec un certain goût et avec un adoucissement relatif quand il a affaire à Saint-Simon ; dans l’un et dans l’autre cas pourtant, il n’a pas toutes les qualités de son office secondaire, et il ne porte au suprême degré ni les soins délicats du narrateur, ni même les scrupules du peintre qui dessine d’après un autre, et de l’écrivain qui observe les tons : il va au plus gros, au plus pressé, à ce qui lui paraît suffire ; c’est un homme sensé, expéditif et concis, et qui se contente raisonnablement ; il a de la vigueur naturelle et de la fermeté sans profondeur ; nulle part il ne marche seul dans un sujet, et jamais il ne livre avec toutes les forces de sa méditation et de son talent une de ces grandes batailles qui honorent ceux qui les engagent, et qui illustrent ceux qui les gagnent.

1485. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

— Et c’est sur cette base-là, ajoute-t-il, qu’a été élevé ensuite tout mon édifice. » Ce fut à la campagne, à la maison d’Athée qui lui venait de sa mère, qu’il éprouva une autre vive impression de lecture ; il vient de parler des jeux de son enfance : J’y ai joui aussi bien vivement, nous dit-il, dans mon adolescence, en lisant un jour dans une prairie à l’âge de dix-huit ans les Principes du droit naturel de Burlamaqui. […] Burlamaqui, en découvrant à Saint-Martin les bases naturelles de la raison et de la justice dans l’homme, pourrait toutefois s’étonner d’avoir été un initiateur dans le sens particulier dont il s’agit ici. […] Il démêlait très finement le naturel et la portée des femmes, et, tout en les estimant à quelques égards meilleurs que l’homme et en les entendant volontiers dans leurs confidences, il les jugeait dangereuses là où elles l’étaient, et ne se laissait point consumer ni absorber : La femme a en elle un foyer d’affection qui la travaille et l’embarrasse ; elle n’est à son aise que lorsque ce foyer-là trouve de l’aliment ; n’importe ensuite ce que deviendra la mesure et la raison.

1486. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

On pourrait s’étonner, après cela, de l’extrême facilité et de l’ouverture naturelle avec laquelle il prit la Révolution française, si l’on ne savait combien les idées chères à certains esprits l’emportent auprès d’eux sur les intérêts et les agréments. […] Il avait déjà parlé à une précédente séance et obtenu quelques amendements qu’il demandait sur ces expressions exagérées, faire nos idées, créer nos idées, etc., qu’il voulait qu’on réduisît à leur juste valeur et sans préjudice pour la faculté intérieure naturelle qui seule avait réellement ce pouvoir. […] Tous nos profits, tous nos revenus, devraient être le fruit de notre travail et de nos talents ; et ce renversement des fortunes opéré par notre Révolution nous rapproche de cet état naturel et vrai, en forçant tant de monde à mettre en activité leur savoir-faire et leur industrie.

1487. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il y a de lui une page bien naturelle, où il pense tout haut, et qui est toute l’histoire du Pot au lait : Le 28 avril 1737. — J’ai été nommé par le roi ambassadeur en Portugal ; tout mon dessein, en acceptant pareil emploi, a été de me rendre digne et de me mettre à portée des places du ministère, où mon ancienneté au conseil pouvait naturellement m’élever dès que je ne démériterais pas, à plus forte raison si je montrais du mérite et du courage. […] Il a dit d’une manière piquante, et qui se rapporte bien à sa première timidité et gaucherie naturelle : Je ne veux pas être loué, mais approuvé seulement ; voilà l’aliment de mes succès, et si je vivais tout de suite avec des gens dont je sentisse l’approbation continuelle et pas autre chose ni moins, je ne sais pas jusqu’où j’irais. […] Il était naturel que le petit-fils du comte d’Argenson, ayant à choisir dans les papiers de son grand-oncle, ne fît point porter précisément les extraits sur ce qui était au désavantage de son aïeul : mais l’omission eût mieux valu qu’une altération qui fausse jusqu’à un certain point la physionomie des deux hommes et le sens des caractères.

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