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2092. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Maurice Talmeyr : Quel que soit l’imprévu, cependant il y a des fatalités générales, et ils tombent tous, à la longue, dans une détérioration morale poussée jusqu’à la décomposition, Est-ce le goût de rabaissement et de la déchéance ? […] Henri Lavedan dans : Leur cœur (chez Kolb) continue la galerie de tableaux délicatement touchés qui représentent les mœurs, plus encore, la morale de notre temps. […] Maurice Barrès ; je suis très loin de voir là le but de son livre, mais notre siècle n’aurait-il été profitable qu’aux animaux, qu’il aurait bien mérité de la morale et de la philosophie. […] Nous avons pour nous le droit ; nous avons pour nous la justice, et le sentiment de la justice et du droit nous donnera cette force morale qui commande la victoire. […] La ressemblance morale n’est pas moins frappante que la ressemblance physique, à ceci près que, pour l’obtenir, M. 

2093. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

La lettre à Chamillart du 27 mars 1703, où on lit ces mots, est capitale pour la connaissance morale de Villars ; elle met à nu son cœur à ce moment, et elle nous le découvre même avec une naïveté qui, ce me semble, ne saurait manquer de plaire.

2094. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

… » On croit entendre un personnage de Térence, transportant et appliquant à un cas moderne cette morale délicate à la fois et indulgente. — Je continue ce portrait tout composé de traits à bâtons rompus, et qui rentre assez dans le genre du modèle.

2095. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Ce monde est celui de la susceptibilité morale et de l’honneur.

2096. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

C’est un épicurien, non point par les livres seulement, comme le serait un savant de la Renaissance, comme l’a pu être Gassendi, le dernier et le plus distingué de ceux-là, mais un épicurien pratique, dans la morale et dans la vie.

2097. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

La morale scrupuleuse en est exclue dès le titre, et il n’en faut pas parler.

2098. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Pascal luttait contre Montaigne, d’une part, pour montrer à cet indolent et à ses pareils les épines de l’oreiller et l’incertitude du néant ; il luttait contre Descartes, d’autre part, pour montrer à ce superbe et à sa bande le creux et la stérilité morale de leur démonstration métaphysique.

2099. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Ce n’est pas ce qui nous occupera chez Bayle ; nous ne saisirons et ne relèverons en lui que les traits essentiels du génie critique qu’il représente à un degré merveilleux dans sa pureté et son plein, dans son empressement discursif, dans sa curiosité affamée, dans sa sagacité pénétrante, dans sa versatilité perpétuelle et son appropriation à chaque chose : ce génie, selon nous, domine même son rôle philosophique et cette mission morale qu’il a remplie ; il peut servir du moins à en expliquer le plus naturellement les phases et les incertitudes.

2100. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

. — « En l’appliquant à la morale, à la politique, à l’économie politique, on est parvenu à suivre dans les sciences morales une marche presque aussi sûre que dans les sciences naturelles.

2101. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — C’est pourquoi, pour se faire une première idée de l’esprit, il faut se représenter une de ces trames, et poser que, connue par deux procédés différents, la perception extérieure et la conscience, elle doit apparaître forcément sous deux aspects irréductibles, mais d’inégale valeur, c’est-à-dire morale à l’endroit et physique à l’envers. — L’événement primordial ainsi dégagé et déterminé, il faut maintenant avec lui construire le reste.

2102. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Peut-être amusèrent-ils le public plus qu’ils ne l’édifièrent, et y regarda-t-on les aventures plutôt que la morale : cette proscription de l’amour n’avait aucune chance de succès, et il faut peut-être venir à notre siècle incrédule et curieux pour que cette conception mystique soit pleinement comprise en son étrange et déraisonnable beauté.

2103. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Peut-être tend-elle trop à développer les vertus actives qui rapportent : on sent dans cette morale un peu terre à terre une femme que la vie a battue et rapetissée.

2104. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Ils sont rares, ceux pour qui Victor Hugo a été l’éducateur, le directeur de la vie intellectuelle et morale.

2105. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il dit fort poliment à Tatiana qu’il n’est pas son fait, et après quelques lieux communs de morale paternelle, il se retire, fort satisfait de ce qu’il croit un trait de galant homme, après avoir mortellement blessé un pauvre cœur.

2106. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Son éducation avait été des plus soignées pour les arts d’agrément, et on lui avait tout appris, hormis la morale.

2107. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Treize mois de Bastille, une carrière brisée, dix-sept ans d’un exil contraint, dix autres années d’un exil soi-disant volontaire, une disgrâce perpétuelle, dans laquelle il mourut en 1693, telles furent les suites de cette grave faute morale et littéraire, qui, par le malheur et les résultats, a fait comparer la destinée du pauvre Bussy à celle d’Ovide.

2108. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

. ; il l’applaudit, il la gourmande, il essaie de la contenir dans les voies de la morale et de la raison ; il se donne du moins à lui-même et à tous les honnêtes gens la satisfaction d’exprimer tout haut ses sentiments sincères, et, à certains moments plus vifs, il est entraîné, il s’avance et se compromet auprès des principaux personnages, jusqu’à mériter pour un temps prochain leur désignation et leur vengeance.

2109. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

En ce qui est de la morale commune et appréciable à tous, ce sont des sentences roides, bizarres, stoïques, telles que celles-ci : Le bien même est souvent un moyen d’intrigue.

2110. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

L’héroïsme que comporte le sacrifice de la passion au devoir lui apparaît recéler une beauté morale, dont elle veut parer son âme.

2111. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

tenez, il faut en revenir à Kant : toutes les fois qu’il avait essayé d’échafauder un système, l’ayant senti s’écrouler, il a conclu qu’il n’y avait que la morale, le sentiment, du devoir.

2112. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Ses vers ont de la force, de la précision, & en plusieurs endroits on voit un grand fond de morale philosophique.

2113. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

c’est affaire d’énergie, de résistance morale plus que de force physique ».

2114. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Chez l’homme seulement, chez les meilleurs d’entre nous surtout, le mouvement vital se poursuit sans obstacle, lançant à travers cette œuvre d’art qu’est le corps humain, et qu’il a créée au passage, le courant indéfiniment créateur de la vie morale.

2115. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière doit au burlesque Scarron les révérences d’Agnès, le sermon d’Arnolphe, la Matrone et ses discours31 ; il lui doit la morale et le comique amenés naturellement par le motif qui a déterminé son choix, et par ses ridicules précautions pour éviter le malheur qu’il redoute. […] Partout elle eut, en paraissant, le plus grand succès ; plusieurs personnes, et Jean-Jacques surtout, lui reprochent son immoralité ; plusieurs autres vantent l’utilité de sa morale : voilà un grand procès à juger ; mais voyons auparavant Boccace, dont George Dandin est tiré. […] On ne peut douter encore que Molière n’ait pris, dans la seconde nouvelle, les divers caractères de ses personnages ; la sotte vanité de George Dandin, la morgue de monsieur de Sotenville, l’affectation de madame de Sotenville à soutenir qu’une femme, à qui elle a donné le jour, ne peut trahir son devoir, et le dédain offensant d’Angélique pour son époux ; par conséquent, la morale de la pièce, oui, la morale, il est peu de comédies, je pense, qui en présentent une plus utile à l’humanité. […] Mais que si la plus grande décence, et surtout pendant la scène du rendez-vous, ne prouve pas au spectateur que vous êtes sincère, en disant à votre mari, après l’avoir battu : « Rendez grâce au ciel de ce que je ne suis pas capable de quelque chose de pis », la pièce, loin d’être morale, devient d’une immoralité révoltante ? […] Depuis ce moment, Molière, occupé sans relâche à faire de Baron un grand acteur, ne néglige aucune occasion de lui donner aussi des leçons d’amabilité, de générosité et de morale, surtout lorsqu’il peut les rendre plus frappantes par l’exemple70.

2116. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

On y rencontre plus de substance morale que dans tel ou tel roman psychologique et ennuyeux. […] Il est impossible que tant de force morale ait été dépensée en vain. […] Alourdis par les ans, comblés d’honneurs, constellés de décorations, éteints par la bureaucratie, ils avaient passé l’âge de la souplesse physique, de la force morale, de la vigueur intellectuelle. […] Ce n’est pas leur faute s’il nous reste encore, çà et là, un peu de santé morale. […] Telle est la tragédie morale et sociale que M. 

2117. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Elle est rare dans les littératures du Midi ; les Italiens, au moyen âge, faisaient une vertu de « la joie », et vous voyez que ce monde chevaleresque, tel qu’il a été inventé par la France, élargit la morale jusqu’à la confondre avec le plaisir. […] En fait d’amour et de satire, il a de l’expérience et il invente ; en fait de morale et de philosophie, il a de l’érudition et se souvient.

2118. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Cette religion est complète, parce qu’elle est vraie ; entre son dogme et son culte, elle scelle profondément la morale. […] En effet, dans la poésie nouvelle, tandis que le sublime représentera l’âme telle qu’elle est, épurée par la morale chrétienne, lui jouera le rôle de la bête humaine.

2119. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Le mien, à moi, c’était Tacite, la haute politique et la haute morale dans la haute poésie de l’action et du style. […] XXVIII C’est pendant ce même voyage à Paris que je connus un de ces hommes qui, par leur puissante originalité, ne peuvent se grouper avec personne, mais qui forment à eux seuls un genre de grandeur morale et intellectuelle qu’on ne peut classer dans aucune catégorie.

2120. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Si l’on veut prêcher la morale avec la poésie, et faire de ses poèmes un enseignement, qu’on enseigne au moins le sublime et non le demi-sublime. […] Maintenant mon vol peut veiller ou dormir, je puis me reposer sur les vagues de l’éther ou les fendre : je suis entré dans l’Éternel. » Dans la Montée, ce qui s’affirme c’est un souci constant d’arriver à la vie morale la plus riche, la plus profonde et la plus haute.

2121. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Cette liaison que la morale chrétienne réprouve, mais que les mœurs du xviiie  siècle n’expliquent que trop, eut pour conséquence le salut de plus d’un Bordelais. […] C’est bien Calvin qui dirige ses sbires dans la coulisse, c’est bien l’Inquisition huguenote qui met le feu au bûcher ; mais cette grandeur morale, ce prestige de la vertu, Servet ne les eut jamais. […] Et le poète est doublé d’un linguiste : le Trésor, mené à son terme, vaudra le Dictionnaire étymologique de la langue française, et si Littré est entré à l’Académie comme linguiste, bien que philosophe, Mistral peut y entrer, la tête haute, comme poète et comme linguiste, car il est, lui, croyant, dont l’œuvre admirable est inattaquable et au point de vue de la foi et au point de vue de la morale. […] Infligeant à tous les réformés de tous les temps la même injure, elle répète une phrase honteuse de Rohrbacher, les accusant en bloc et en détail de prêcher l’utilité et la justice de l’assassinat, accusation impudente, qui frelate, inconsciemment peut-être, mais pas moins criminellement pour cela, les vraies doctrines morales du protestantisme, les seules qui soient des doctrines dans cette religion qui n’est qu’une morale. […] O muthos dêloi oti… semble dire le poète avec le fabuliste grec, et je ne sais rien d’agaçant comme cette morale intempestive dans la forme littéraire où la personnalité de l’auteur doit le plus s’effacer.

2122. (1927) Approximations. Deuxième série

De tels mots sillonnent la vie morale et y retentissent comme les noms de batailles sillonnent l’histoire. […] Dans les grandes scènes de Stendhal, dont la trame est tout entière psychologique et morale, l’introduction, la mention d’un objet matériel surprend notre esprit avec l’étrangeté toujours un peu brusque de l’horloge qui sonne l’heure ; si on compare Le Rouge et le Noir à une horloge sur laquelle les aiguilles de l’analyse se meuvent sans interruption, les objets matériels, les éclats de cette glace, sont les points de sonnerie, les points où le temps psychologique se signale, s’annonce lui-même. […] On a incriminé ce qu’il y a d’incertain dans la nature de Blaise Eydieu : c’est cette incertitude au contraire qui lui donne sa portée esthétique et morale. […] Le regard paraît créer ici une obligation quasi morale, — l’obligation du souvenir, et d’un souvenir qui tend toujours à réduire au minimum la part jouée par les éléments de hasard ; et c’est sans doute le fait que l’auteur sache à quoi chaque regard l’engage qui rend compte de cette impression d’une certaine absence d’ouverture, d’accueil, comme d’une anti-hospitalité, que laisse presque partout son œuvre. […] Dans la lettre à Gide du 4 janvier 1913 il dit : Il y a déjà une des vertus que l’Évangile enseigne dont je ressens la beauté, c’est l’humilité, ou plutôt le goût de l’humiliation152… C’est la prochaine étude morale que je compte écrire.

2123. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Sa faculté dominante est l’imagination passionnée délivrée des entraves de la raison et de la morale ; il s’y abandonne et ne trouve dans l’homme rien qu’il veuille retrancher. […] Elle est un don de la raison et de la morale, comme la crudité est un effet de la nature et de la passion. […] Il manie partout les passions effrénées qui les fondent, et il ne rencontre nulle part la loi morale qui les retient ; mais en même temps et par la même faculté il change les masques inanimés que les conventions de théâtre fabriquent sur un modèle toujours le même, en figures vivantes qui font illusion.

2124. (1932) Le clavecin de Diderot

En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] Les sciences sociale et morale se contentent de démonter théoriquement un monde, sans même songer à un nouvel et meilleur assemblage des pièces détachées. […] Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.

2125. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

… « Je n’ai aucune force morale en ce moment, et j’ai l’effroi d’écrire surtout à ceux que j’aime ; car, pour ne pas mentir, c’est bien triste à raconter. » « (13 août 1853)… Enfin, nous n’accomplissons en rien notre volonté ; une force cachée nous soumet à tous les sacrifices, et cette force est irrésistible. » « … Paris, qui a dévoré toutes nos ressources et nos espérances, devient de plus en plus inhabitable pour nous, et quelque coin de la province nous paraît déjà souhaitable pour cacher nos ruines et reposer tant de travail inutile.

2126. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Ces honorables représentants ou héritiers du xviiie siècle ne soupçonnaient pas la grande révolution morale qui allait s’opérer dans les esprits des générations naissantes.

2127. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Bien des passages de Mme de Staël (De Launay) viennent à l’appui de ce qu’a dû sentir La Bruyère ; ainsi dans une lettre à Mme Du Deffand (17 septembre 1747) : « Les Grands, à force de s’étendre, deviennent si minces qu’on voit le jour au travers : c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et dans le portrait de cette duchesse du Maine qui contenait en elle tout l’esprit et le caprice de cette race des Condés : « Elle, a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les Princes étoient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » 143.

2128. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Quelle éducation supérieure, quelle habitude des affaires, quelle expérience du gouvernement, quelle instruction politique, quel ascendant local, quelle autorité morale peut-elle alléguer pour autoriser ses prétentions à la première place   En fait de pratiques, c’est déjà le Tiers qui fait la besogne et fournit les hommes spéciaux, intendants, premiers commis des ministères, administrateurs laïques et ecclésiastiques, travailleurs effectifs de toute espèce de tout degré.

2129. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

VIII Voici encore une illusion d’optique morale qui périt au contact de l’analyse.

2130. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

VI « Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit ; en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France.

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